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    Le mystère Angela Merkel

     


    C’est la femme la plus puissante du monde, selon le magazine Forbes. Elle fait partie de l’équation pour régler les confilts partout en Europe. Et parle à Poutine comme à Obama quand elle veut, c’est-à-dire souvent. Qui est Angela Merkel?

     

    Par Alexandra Szacka de la revue Chatelaine

     

     

    Société:   Le mystère Angela Merkel

    Angela-Merkel-Obama
    Photo: Doug Mills / The New York Times / Redux

     

    La chancelière allemande est une leader unique. Dévouée corps et âme à la politique, elle reste jusqu’à un certain point un mystère, y compris pour ses biographes. « Le problème, c’est qu’on ne sait pas vraiment à qui on a affaire », avoue l’un d’eux, le journaliste Günther Lachmann, rencontré à Berlin.

    Angela Merkel présente une image lisse et solide : toujours calme, sourire énigmatique, coupe de cheveux inchangée depuis des années et tenues invariablement composées d’un pantalon et d’une veste de couleur. Aucune fantaisie, aucune coquetterie, c’est comme ça que les Allemands l’aiment. Et ils l’aiment vraiment. Celle à qui ils ont donné le sobriquet affectueux de « Mutti » (maman) – même si elle n’a pas d’enfants – fêtera cet automne sa 10e année au pouvoir.

    Maîtresse de ses émotions, archi-­disciplinée et hyper travaillante, voilà comment la décrit Ulrike Guérot, directrice du bureau berlinois du Conseil européen des relations étrangères. « Elle est l’absence de vanité incarnée, précise-t-elle. Et puis, elle a une patience remarquable qui lui permet d’attendre que toutes les opinions se soient exprimées avant de prendre une décision. Une qualité essentielle à sa longévité politique. Les Allemands se sentent en sécurité avec elle. »

    N’ayant aucun penchant connu pour le luxe, Angela Merkel habite depuis des années, avec son mari – un professeur de chimie divorcé, père de deux enfants –, le même appartement berlinois, au bord de la Spree. La chancelière fait encore parfois elle-même ses courses et fréquente l’Opéra de Berlin sans jamais bénéficier de billets de faveur. D’ailleurs, elle n’a jamais, que l’on sache, trempé dans la moindre affaire de corruption. C’est peut-être ce qui explique un taux d’approbation qui ne descend presque jamais en deçà des 60 % et fait pâlir d’envie bien des chefs d’État occidentaux.

    Élue pour la première fois par le Bundestag (le Parlement allemand) le 22 novembre 2005, elle est devenue, à 51 ans, la toute première femme de l’histoire à occuper ce poste. Pourtant, cette docteure en physique quantique cumule tous les handicaps quand elle entre en politique, à l’âge de 35 ans. Femme et jeune de surcroît, elle a grandi en Allemagne de l’Est et ne dispose d’aucun réseau à l’Ouest. Angela Merkel saura tourner tous ces obstacles en avantages.

    Aînée de trois enfants (elle a un frère et une sœur), née Kasner, dans la ville de Hambourg, Angela est la fille d’une enseignante et d’un pasteur protestant d’origine polonaise aux sympathies de gauche. Elle n’a que quelques mois quand sa famille part s’installer en Allemagne de l’Est. À trois ans, elle déménage à Templin, petite ville de 14 000 habitants de la région de Brandebourg, à 100 km au nord de Berlin, où son père se voit attribuer un appartement de fonction dans un complexe abritant un séminaire et un foyer pour handicapés mentaux. Angela y passera toute son enfance et son adolescence.

    Dans cette Allemagne de l’Est socialiste, où la religion est tolérée mais suspecte, la fille du pasteur apprendra très tôt à garder les secrets, à observer le monde autour d’elle avant d’émettre une opinion ou de chérir publiquement les valeurs chrétiennes, transmises par la famille. Elle saura très jeune faire la synthèse entre les convictions intimes, les principes inculqués à la maison et les exigences du milieu ambiant. Un instinct de survie qui lui servira tout au long de sa vie. C’est ainsi que, contre l’avis de ses parents, elle s’inscrira, adolescente, dans les jeunesses communistes pour ne pas ruiner ses chances d’être admise à l’université.

    « Elle était très douée, très talentueuse et très ambitieuse », dit Erika Benn, son ancienne professeure de russe, en me faisant visiter Templin et les endroits fréquentés par son illustre élève au cours de sa jeunesse. Elle s’honore particulièrement d’avoir préparé Angela à gagner, trois fois plutôt qu’une, les Olympiades de la langue russe, un concours linguistique pour les étudiants du secondaire, très valorisé en Allemagne de l’Est.

    « Dans notre club de russe, elle était imbattable, la meilleure ! » poursuit la professeure en montrant avec fierté une photo où l’on voit la jeune Angela, comme souvent, au dernier rang. Une discrétion naturelle qui allait lui servir plus tard…

     

    Diriger dans l’ombre


    Car la chancelière, malgré son goût évident pour le pouvoir, n’a jamais aimé se mettre en avant. Selon plusieurs, cette capacité de passer plutôt inaperçue, en dépit de ses réussites scolaires, jusqu’au doctorat en physique de l’Université de Leipzig, est l’un des principaux secrets de son succès. Ses atouts : retenue, prudence et habileté à survivre dans un milieu d’hommes, qu’elle a acquise en travaillant pendant 10 ans au laboratoire de l’Académie des sciences, à Berlin, où elle était la seule femme.

    C’est au moment de la chute du mur de Berlin que la jeune physicienne décide de se lancer en politique. Elle choisit l’Union chrétienne-démocrate (CDU), un parti de droite dirigé par le charismatique Helmut Kohl, qui lui confie rapidement des responsabilités importantes. Ministre des Femmes et de la Jeunesse, puis de l’Environnement et de la Sécurité nucléaire, elle grimpe vite les échelons à mesure que tombent autour d’elle… les hommes mêlés à des scandales politico-financiers pris la main dans le sac.

    Devenue secrétaire générale de son parti, la discrète Angela n’hésitera pas, en 1999, à donner le coup de grâce à son mentor, Kohl, empêtré dans une affaire de caisses électorales occultes. Elle publie un article qui fait l’effet d’une bombe dans l’un des principaux quotidiens allemands, qualifiant cette crise de tragédie pour son parti.

    « Pendant des années, elle a été sous-­estimée, affirme Klaus-Peter Sick, historien et politologue au Centre Marc Bloch, à Berlin. Comment quelqu’un sortant de nulle part pourrait-il constituer une menace? Voilà ce qu’on pensait d’elle. »

    Mais Angela Merkel sortait-elle vraiment de nulle part ? Dans la biographie La première vie d’Angela M., dont il est le coauteur, Günther Lachmann prétend qu’elle était beaucoup plus engagée dans les activités du parti communiste est-allemand qu’elle n’a bien voulu le laisser croire. « Beaucoup de gens ignorent à quel point elle en était proche au moment de l’effondrement de l’Union soviétique », m’a-t-il confié.

    Ces « révélations » n’ont eu que très peu d’impact sur l’image de la chancelière, qui, comme d’habitude, a réagi avec calme, sans faux-fuyants. « Si je n’en ai pas parlé jusqu’ici, c’est qu’on ne me l’avait pas demandé », a-t-elle déclaré. Les jeunesses communistes resteront le seul engagement à gauche dans la biographie officielle de la dirigeante.

    « Elle est comme une poêle Téflon, évoque en riant Ulrike Guérot, faisant référence aux nombreuses attaques dont Angela Merkel a été la cible tant en Allemagne qu’à l’international. Elle traverse une crise après l’autre et reste toujours fidèle à elle-même. »

     

    La reine de l’Europe


    Il y a longtemps qu’Angela Merkel est devenue incontournable, et pas seulement chez elle. Elle domine tous les débats européens et au-delà. Pour le meilleur et pour le pire. On la surnomme même « la reine de l’Europe ». Au plus fort de la crise de la dette grecque, en octobre 2012, elle a été accueillie à Athènes avec des images évoquant l’Allemagne nazie. Une photo la montrant affublée d’une moustache à la Hitler était sur toutes les pancartes brandies par une foule en colère. Même chose à Chypre en mars 2013.

     

    Société:   Le mystère Angela Merkel

    Angela-Merkel-foule
    Photo: Thomas Peter / Reuters / Corbis

    Ces réactions ne sont pas étonnantes, la chancelière s’étant opposée au délai supplémentaire que la Grèce réclamait pour mettre en place des réformes structurelles. Pour elle, pas question que l’Allemagne paie pour l’incurie de ses partenaires européens.

    Gardienne inflexible de l’orthodoxie financière, prête à tout pour réduire les déficits publics chez elle comme chez ses partenaires, elle a exaspéré plus d’un pays d’Europe aux prises avec une crise économique et financière. Plusieurs la qualifient d’égoïste qui ne pense qu’au bien de l’Allemagne.

    Mais son intransigeance a payé. Chez elle, notamment. Elle a réussi à assainir les finances publiques, à faire baisser le chômage et à relancer la croissance. L’Allemagne s’impose maintenant comme la première puissance européenne. Ce qui en retour contribue à l’aura de la chancelière.

    Selon une vieille anecdote, au début de la construction européenne, Henry Kissinger, alors secrétaire d’État américain, avait l’habitude de demander : « L’Europe ? Quel numéro de téléphone ? » Aujourd’hui, Barack Obama sait très bien que le seul numéro de téléphone qui compte en Europe est celui d’Angela.

    La crise ukrainienne a montré que, au-delà des questions économiques, plus aucun conflit en Europe ne peut se passer de sa médiation. « Sans Angela Merkel, il n’y aurait pas eu de sanctions européennes contre la Russie », affirme le financier et philanthrope George Soros dans un éloge publié par le journal allemand Frankfurter Rundschau, ajoutant que, contrairement à ce qu’ont dit les critiques, elle a alors agi en véritable politicienne européenne au lieu de protéger uniquement les intérêts de Berlin.

    On ne compte plus les coups de téléphone qu’elle passe à Vladimir Poutine. L’accord entre l’Ukraine et la Russie, signé en février à Minsk, n’aurait pu se concrétiser sans elle.

    Est-ce leur passé qui les rapproche (le maître du Kremlin a travaillé plusieurs années comme agent des services secrets soviétiques en Allemagne de l’Est) ? Est-ce la connaissance du russe de la chancelière, qui permet à celle-ci de s’adresser à Poutine dans la langue de Tchekhov ? Ou est-ce tout simplement parce qu’il sait qu’elle est la seule dirigeante européenne susceptible de demeurer aux commandes aussi longtemps que lui ? Reste qu’elle est l’un des rares leaders occidentaux qu’il respecte.

    Angela Merkel a tout de même ses détracteurs, qui vont jusqu’à l’appeler « Angie le serpent ». Au premier chef, son ancien mentor, l’ex-chancelier Helmut Kohl, qui n’a pas digéré sa « trahison » de 1999. « J’ai ouvert la porte à mon assassin, j’ai posé le serpent sur mon bras », dit-il dans sa biographie, sortie en 2014, n’hésitant pas à critiquer son ex-protégée pour son manque de vision à long terme.

    Pour d’autres, sa connaissance de la nature masculine a grandement servi la « Mutti ». « Elle sait comment s’y prendre avec les hommes prétentieux », observe le politicien conservateur bavarois Michael Glos, dans une interview accordée à Vanity Fair. « Elle connaît le meilleur moment pour abattre le coq, quand il fait le beau devant une poule. »

     

    Société:   Le mystère Angela Merkel

    angela-Merkel-Poutine
    Photo: Thomas Peter / Reuters

     

    Le goût du pouvoir


    Ses détracteurs comme ses admirateurs s’accordent toutefois à dire que c’est avant tout le sens des responsabilités qui anime Angela Merkel. Son absence de vanité, son détachement analytique et sa discipline remarquable feraient le reste. « Son goût du pouvoir est secondaire », plaide Klaus-Peter Sick.

    Mais, en Allemagne, certains commencent à s’inquiéter. Assiste-t-on à un début de culte de la personnalité ? S’il y a un pays où l’on devrait s’en méfier, c’est bien celui-ci. Un film de fiction basé sur la vie d’Angela Merkel est en préparation. Et les analystes sont unanimes à penser qu’elle est devenue une figure qui transcende les partis, sans véritable concurrence, qu’on n’ose plus critiquer ou sur qui les critiques n’ont plus aucune prise.

    Une chose est sûre, Angela Merkel risque de rester encore longtemps à la tête de son pays. Elle n’a pas de rival connu à l’intérieur de son camp et elle a littéralement phagocyté le principal parti d’opposition, le SPD (sociaux-démocrates), en le faisant entrer dans la coalition avec les conservateurs et en adoptant plusieurs éléments de son programme, comme le salaire minimum. Tout porte à croire qu’elle briguera un quatrième mandat en 2017, un record absolu !

    Selon Klaus-Peter Sick, Angela Merkel partira seulement si elle le décide. « Mais c’est une femme de devoir et de responsabilité. Elle veut gouverner pour le bien du pays, c’est sa seule motivation, dit-il. Tant qu’elle pensera que l’Allemagne et l’Europe ont besoin d’elle, elle restera. »

     

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    Un comportement animal étonnant : des

    loups font la paix avec des singes

     

    En Afrique de l’Est, des canidés d'une espèce rare chasse ses proies en s'entourant de dizaines de singes. Pour se faire accepter des primates, les loups d’Éthiopie adoptent un comportement rassurant envers eux.

     

     
     

    Le loup d’Éthiopie ou loup d’Abyssinie, ancien nom désignant le pays, se nourrissent essentiellement de rongeurs, comme le rat-taupe géant, et augmentent leurs chances de capture en se faufilant parmi des primates. © Harri J, Wikimedia Commons, cc by sa 2.5

    Le loup d’Éthiopie ou loup d’Abyssinie, ancien nom désignant le pays, se nourrissent essentiellement de rongeurs, comme le rat-taupe géant, et augmentent leurs chances de capture en se faufilant parmi des primates. © Harri J, Wikimedia Commons, cc by sa 2.5

     
     

    « Je ne te dévore pas, mais aide-moi à manger. » Tel pourrait être le comportement qu’adoptent les loups d’Éthiopie (Canis simensis) envers des singes appelés géladas (Theropithecus gelada) vivant dans les hauts plateaux éthiopiens, indique une étude parue dans Journal of Mammalogy.

     

    Les auteurs de cet article démontrent les bienfaits réciproques de cette coexistence peu courante entre une espèce de prédateur carnivore et l’une de ses proies potentielles, toutes deux endémiques de la corne de l’Afrique. Pour ce faire, ils ont observé plusieurs des canidés tolérés plus d’une heure parmi un groupe de 200 primates, entre 2006 et 2011, sur le plateau de Guassa, au centre-nord du pays, à plus de 3.000 mètres d’altitude.

     

    Les résultats révèlent tout d’abord que dans 68 % des rencontres avec les loups d’Éthiopie, les géladas ne fuient pas. En outre, dans 11 % des cas, les singes ne se déplacent guère à plus de 10 mètres de la menace potentielle. En revanche, à la vue d’autres prédateurs, tels que des chiens, les herbivores s’éloignent sur de grandes distances et se réfugient sur des falaises. Quant aux loups, leur capture d’un rongeur parmi les géladas est couronnée de succès dans près de 67 % de leurs tentatives contre 25 % en dehors d’une troupe de primates.

     

    Les géladas vivent en horde et se nourrissent principalement de graminées, de brins d’herbe et de jeunes pousses, parfois en creusant la terre, ce qui peut déloger des rongeurs par la suite capturés par des loups d’Éthiopie. © Donald Macauley, Wikimedia Commons, cc by sa 2.0
    Les géladas vivent en horde et se nourrissent principalement de graminées, de brins d’herbe et de jeunes pousses, parfois en creusant la terre, ce qui peut déloger des rongeurs par la suite capturés par des loups d’Éthiopie. © Donald Macauley, Wikimedia Commons, cc by sa 2.0

     

    La stratégie adaptative est profitable aux loups comme aux singes

     

    Pour les scientifiques, ce taux de réussite s’explique par le fait que les petits animaux, dérangés par les géladas qui se nourrissent de la végétation, sortent de leur terrier. Leur champ visuel et leur sens auditif pourraient aussi être diminués ou perturbés par la présence des nombreux singes, les exposant ainsi davantage aux carnivores. Pour se faire accepter des primates au fil du temps, les loups d’Éthiopie adoptent un comportement non menaçant et renoncent à chasser les petits des primates.

     

    Bien que non listés comme espèce en danger, les géladas ne se dénombreraient qu’entre 60.000 et 200.000 individus. Les loups d’Éthiopie sont encore moins nombreux : de 300 à 500 individus confinés dans des zones isolées de prairies et de landes afroalpines et figurent parmi les canidés les plus rares au monde. La stratégie adaptative observée avec les géladas augmenterait leurs chances de se nourrir et cette association interspécifique permet de mieux cerner les circonstances écologiques contribuant à la stabilité des groupes mixtes de prédateurs et de proies potentielles.

     

    Zoologie:  Un comportement animal étonnant : des loups font la paix avec des singes

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    Contre le cancer, les promesses...

    du magnolia

     

    Utilisé depuis des siècles dans les médecines traditionnelles chinoise et japonaise pour traiter l'anxiété, l'honokiol, issu de l’écorce de magnolia, agit sur des cellules cancéreuses in vitro et in vivo dans des modèles de souris.

     

     

    Le magnolia fournit de belles fleurs odorantes mais aussi une écorce renfermant une molécule qui semble détruire les cellules cancéreuses. © Marit & Toomas Hinnosaar, Flickr, cc by 2.0

    Le magnolia fournit de belles fleurs odorantes mais aussi une écorce renfermant une molécule qui semble détruire les cellules cancéreuses. © Marit & Toomas Hinnosaar, Flickr, cc by 2.0

     
     

    Les magnolias, appréciés pour leurs grandes fleurs colorées et parfumées, permettront-ils bientôt de combattre le cancer ? C’est ce que suggèrent de plus en plus d’études, dont une de l’université de l’Alabama à Birmingham, qui paraît dans la revue Oncotarget. Dans cette recherche, les scientifiques ont testé l’honokiol, l’un des principaux composés actifs de l’extrait de magnolia. L’honokiol est une molécule biphénolique de formule C18H18O2 présente dans l’écorce et les feuilles de l'arbre. Ses activités biologiques sont variées : anti-inflammatoire, anti-fongique, anti-oxydatif et anti-carcinogénique.

     

    Ici, les chercheurs se sont intéressés plus particulièrement au carcinome de la tête et du cou à cellules squameuses. Dans trois cas sur quatre, ce cancer, dont le taux de survie est de 50 %, serait causé par l’alcool et le tabac. Actuellement, le traitement de ce cancer implique la chimiothérapie et la chirurgie, mais ces interventions sont associées avec une grande toxicité, des résistancesau traitement et des problèmes d’élocution et de déglutition. C’est pourquoi le développement de nouvelles stratégies devient nécessaire.

     

    Les chercheurs ont donc testé l’honokiol sur des lignées cellulaires dérivées de cancers humains de la cavité orale, du larynx, de la langue et du pharynx. Dans tous les cas, le composé avait un effet sur les cellules : les chercheurs ont montré que l’honokiol diminue significativement la viabilité des cellules cancéreuses et induit leur apoptose (leur mort) dans ces différentes lignées.

     

    Le cancer de la tête et du cou à cellules squameuses touche particulièrement des fumeurs
    Le cancer de la tête et du cou à cellules squameuses touche particulièrement des fumeurs. © Julie, Flickr, cc by 2.0

     

    L’honokiol cible le récepteur de l’EGF des cellules cancéreuses

     

    Les chercheurs ont aussi testé l’honokiol sur des tumeurs implantées dans des souris, avec des résultats similaires : l’administration orale d’honokiol (à une dose de 100 mg/kg de poids corporel) a inhibé de manière significative la croissance de cellules cancéreuses greffées chez la souris. Il y avait une induction de l’apoptose, sans signe apparent de toxicité chez les souris.

     

    Du point de vue moléculaire, l’honokiol semble utiliser différentes voies biochimiques, mais ici les chercheurs ont montré que l’honokiol bloque le récepteur de l’EGF (epidermal growth factor). Une recherche précédente avait indiqué que ce récepteur de l’EGFR était surexprimé dans 90 % des cancers de la tête et du cou à cellules squameuses. Ce récepteur est donc une cible pour des thérapies contre ce cancer. Actuellement, le cetuximab, et d’autres médicaments comme le gefitinib (commercialisé sous le nom d'Iressa) ciblent déjà le récepteur de l’EGF. Mais les faibles taux de réponse, la toxicité et la résistance à ces médicaments limitent leur utilisation. Or l’honokiol se lie plus fortement au récepteur de l'EGF que le médicament gefitinib.

     

    Les auteurs en concluent que l’honokiol apparaît comme une petite molécule bioactive intéressante pour traiter ce cancer ; elle pourrait être utilisée soit seule soit en combinaison avec d’autres médicaments disponibles. Le principal auteur, Santosh Katiyar, a déjà publié des travaux sur d’autres substances naturelles ayant un effet anticancer. Par exemple, ses travaux se sont intéressés au thé vert et aux proanthocyanidines des pépins de raisin.

     

    Botanique:  Contre le cancer, les promesses... du magnolia

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    Une nouvelle imagerie médicale combine

    laser et ultrasons

     

    De vieilles découvertes en physique peuvent soudainement révolutionner des technologies quand on les combine avec d'autres plus récentes. C'est ce qui est advenu avec l'effet photoacoustique qui, grâce au laser, fournit maintenant une nouvelle technique d'imagerie médicale appelée la tomographie photoacoustique ou PAT.

     

    Ce cerveau de souris a été imagé in vivo, sans agent de contraste, par microscopie photoacoustique (PAM). Les chercheurs ont utilisé l'hémoglobine dans les globules rouges du sang pour fournir le contraste (image de gauche). Les niveaux de saturation en oxygène dans l'hémoglobine dans le même cerveau de souris révèlent les artères et les veines corticales (image de droite). © Junjie Yao et Lihong Wang, WUSTL

    Ce cerveau de souris a été imagé in vivo, sans agent de contraste, par microscopie photoacoustique (PAM). Les chercheurs ont utilisé l'hémoglobine dans les globules rouges du sang pour fournir le contraste (image de gauche). Les niveaux de saturation en oxygène dans l'hémoglobine dans le même cerveau de souris révèlent les artères et les veines corticales (image de droite). © Junjie Yao et Lihong Wang, WUSTL

     
     

    2015 est l’année internationale de la lumière. Un bon exemple de l’importance des études portant sur les applications potentielles des technologies basées sur l’interaction matière-lumière peut être donné par une technique d’imagerie médicale originale qui se développe depuis le début du XXIesiècle. Il s’agit de la tomographie photoacoustique (photoacoustic tomography ou PAT en anglais). Elle est notamment développée par une équipe de recherche de l’université Washington de Saint-Louis (États-Unis), déjà connue pour la mise au point d’une nouvelle technologie appeléephotoacoustic flowoxigraphy (que l'on pourrait traduire par oxygraphie photoacoustique de flux en français). Cette technique d'imagerie médicale permet de mesurer le taux d’oxygène sanguin dans tous les vaisseaux en temps réel.

     

    Remarquablement, la PAT est une application d’un phénomène découvert au XIXe siècle parAlexander Graham Bell, l’inventeur du téléphone. Il s’agir de l’effet photoacoustique. Tout a commencé en 1880 quand Bell faisait des expériences pour transmettre des messages avec de lalumière recueillie par un récepteur fait de sélénium. L’ingénieur mit en évidence la génération d’ondes sonores sous l’effet de l’absorption de paquets d’ondes lumineuses dans le sélénium qu’elles chauffaient localement. Il montra aussi que le même phénomène se produisait avec d’autres matériaux et pas seulement avec de la lumière visible. Plus tard, John Tyndall et Wilhelm Röntge ont démontré que cet effet photoacoustique existait aussi dans les liquides et les gaz. Il faudra toutefois attendre l’essor de la technologie du laser pour que l’on réalise le potentiel de cet effet en médecine.

     


    Bien que les globules rouges se déplacent très rapidement, l’oxygraphie photoacoustique de flux permet d'observer le flux de globules rouges en temps réel grâce à des impulsions laser. © Lihong Wang, université Washington de Saint-Louis

     

    La tomographie photoacoustique, un complément

    de l'IRM

     

    De nos jours, on peut considérer l’imagerie basée sur l’effet photoacoustique comme une version améliorée de l'imagerie par échographique, notamment parce qu’elle permet de discriminer chimiquement la matière vivante. Ainsi, en excitant les tissus avec différentes longueurs d'onde, on peut déterminer si des globules rouges contiennent de l’oxygène ou non. Il est aussi possible de faire la différence entre plusieurs acides gras présents dans ces tissus. Les applications les plus intéressantes sont sans doute celles qui permettent de distinguer plus facilement des tumeurscancéreuses ou des plaques présentant un risque de rupture d'anévrisme.

     

    Comme le dit Lihong Wang de l'université Washington de Saint-Louis, l’un des pionniers de la PAT, ainsi que d’une technique voisine appelée microscopie photoacoustique (PAM), on a combiné de la physique très ancienne avec un concept d’imagerie moderne. Pour faire de la PAT et de la PAM on envoie en effet des faisceaux d’impulsions laser à travers des tissus biologiques. Ces impulsions laser génèrent des ultrasons que l’on peut détecter avec des capteurs adéquats. Un ordinateur et des algorithmes de traitement du signal permettent alors de reconstituer des images à haute résolution, par exemple de l’intérieur d’un cerveau humain en pénétrant à une profondeur d’environ 7 cm dans la boîte crânienne.

     

    Bien que la PAT et la PAM soient encore principalement utilisées dans des expériences de laboratoire, Wang et d'autres chercheurs travaillent sur des applications cliniques, par exemple l’étude de la trajectoire de cellules sanguines dans le cerveau. Les deux techniques sont aussi potentiellement complémentaires de l’IRM et de la tomographie avec PET Scan (Tomographie par émission depositrons ou TEP en français).

     

    À découvrir en vidéo autour de ce sujet :


    Le laser est né durant les années 1960, depuis il est petit à petit devenu incontournable dans beaucoup d’applications. Unisciel et l’université de Lille 1 nous expliquent durant cet épisode de Kézako le fonctionnement de cette invention révolutionnaire.

     

    Physique:  Une nouvelle imagerie médicale combine laser et ultrasons + 2 vidéos

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    Citations 2:  Citation d'Euripide - La Force de Réussir avec texte

     

    La Force de Réussir

     

    Le courage, c'est d'abord de remporter des victoires sur nous-même.  Nos plus grands obstacles sont nos peurs, ces excès de prudence qui balaient notre passion en la mitraillant de doutes...

     

    Une fois que nous avons décidé de voir le succès comme un droit plutôt que comme un privilège, nous avons la force d'agir et de réussir.

     

    J'établis que je mérite ce qu'il y a de mieux et que l'univers entier aspire lui aussi à ce que j'atteigne mes buts.

    Citations 2:  Citation d'Euripide - La Force de Réussir avec texte

     

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