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30 octobre 1439
Le duc Amédée VIII devient pape
Le 30 octobre 1439, une poignée de pères conciliaires réunis à Constance proclament la déchéance du pape Eugène IV. Ils élisent à sa place le duc Amédée VIII de Savoie, 56 ans.
Le nouveau pape est intronisé l'année suivante sous le nom de Félix V. Mais son élection par une fraction seulement des cardinaux et son effacement ultérieur devant un rival font que l'Église catholique le considère comme le dernier des « antipapes » (ou papes concurrents du pape officiel) qui ont émaillé son Histoire, notamment lors du Grand Schisme (1378-1415).
Gabriel Vital-DurandUn duc favorisé par le destin
Selon Charles-Eugène, Maréchal-prince de Ligne, l'existence idéale consisterait à vivre « comme un page à dix ans, une jolie femme à vingt, un colonel de chevau-légers à trente, un gouverneur à quarante, un ambassadeur à cinquante, un homme de lettres à soixante, un duc à septante et... un cardinal à quatre-vingts ans »(Mémoires, vers 1790) ! Eh bien, c'est là le destin d'Amédée, huitième du nom, dit le Paisible, premier duc de Savoie.
Le futur pape naît à Chambéry le 4 septembre 1383. Son grand-père Amédée VI, le Comte Vert, puis son fils Amédée VII, le Comte Rouge, ont bien bataillé pour étendre la Savoie vers Berne, Lyon, Nice et Milan.
Leur comté, qui s'est constitué autour de Chambéry, fait partie du Saint Empire. Par les guerres et les mariages, il se présente comme l'une des plus puissantes principautés d'Europe occidentale.
Mais le jeune prince perd son père à l'âge de huit ans, en 1391, des suites d'un accident de chasse. De mauvaises langues évoquent un empoisonnement dont se serait rendue coupable la propre mère du défunt, Bonne de Bourbon, cousine du roi de France Charles V.
Le duc de Bourgogne Philippe le Hardi profite de la discorde entre la mère et la veuve pour précipiter le mariage de sa propre fille, Marie de Bourgogne, avec le jeune Amédée.
Les noces sont célébrées avec faste le 29 octobre 1393 à Chalons-sur-Saône. Les jeunes époux ont... dix et sept ans ! Sitôt après leurs noces, ils vont être séparés pour dix ans.
Un souverain éclairé
Amédée tombe sous la coupe de son beau-père, le duc de Bourgogne, qui garde l'oeil sur ses affaires pendant qu'il reçoit une éducation plutôt soignée.
Ensuite les jouvenceaux vont filer un amour de vingt ans qui donnera le jour à sept enfants. Marie meurt en couches en 1422. Quant à Amédée, il se révèle rapidement de taille à gérer son comté de Savoie. Il compense l'absence de dispositions militaires par des talents diplomatiques hors du commun.
Au septentrion, il consolide ses relations avec Berne. À l'ouest, il repousse la frontière jusqu'à la Saône et réussit par des manoeuvres habiles à prendre la succession des comtes de Genève et à s'installer au couvent des Dominicains de Plainpalais, tandis que son vidame réside en la Tour de l'Isle, une bastille plus imposante.
Il reste en bonne intelligence avec les évêques de Genève, notamment Jean de Brogny, et reçoit le pape Martin V en grande pompe à la cathédrale Saint-Pierre. Au Midi, il vient à bout des princes rebelles, les Grimaldi, les marquis de Saluces et de Montferrat. À l'Orient, il conquiert le val d'Ossola au Sud des Alpes et renforce ses positions en Valais. Il finit par reprendre le Piémont, qui s'était détaché de la Savoie un siècle plus tôt.
Amédée accueille le pape Benoît XIII à Nice en 1404 et invite l'empereur allemand Sigismond à Chambéry en 1416. Ce dernier s'acquitte de sa dette en élevant la Savoie au rang de duché. Amédée se pique de droit et de lettres. Il rédige les « Statuta Sabaudiæ » qui serviront de code civil au duché et fonde l'université de Turin.
Bonne chère à RipailleLe duc Amédée VIII de Savoie, qui ne craint pas le voisinage des clercs, fonde le prieuré de Ripaille en 1410, près du lac Léman, et y installe des chanoines réguliers de Saint Augustin qui relèvent de l'abbaye de Saint Maurice d'Agaune. Il fonde aussi l'ordre des chevaliers de Saint Maurice, qui prendra plus tard le nom des Saints Maurice et Lazare.
Le site de Ripaille est agrandi et modernisé. C'est un ensemble monumental qui comprend, outre le prieuré, un palais agrémenté de sept tours, un parc splendide et un port bien défendu avec des galères. Selon le chroniqueur, « si la demeure d'Amédée n'était pas indigne d'un roi ou d'un pape, celles de ses compagnons auraient pu être offertes à des cardinaux ».
Certains esprits forts ne manquent pas de suggérer qu'à défaut de la compagnie des femmes, l'on y fait bonne chère et mène grand train. Un adage du temps affirme d'ailleurs : « facere ripaliam, hoc est indulgere ventri » (faire ripaille, c'est soigner son ventre). De là nous vient l'expression populaire : « faire ripaille », synonyme de faire bombance.
La tiare pontificale, consécration suprême
Le 7 novembre 1434, le duc de 51 ans, au faîte de sa gloire et de ses succès, convoque sa cour et sa parentèle à Ripaille pour leur annoncer qu'il se retire dans son prieuré. Il laisse le pouvoir à son fils Louis, comte de Genève, sans abdiquer toutefois.
Son autorité morale ne fait que s'accroître et lorsque le pape Eugène IV vient à déplaire au Sacré Collège, les cardinaux, qui souhaitent se réunir en conclave à Bâle, s'arrêtent pour se refaire une santé... à Ripaille.
Ne vont-ils pas soudain s'aviser que leur hôte - en odeur de sainteté - pourrait bien être de taille à réconcilier la chrétienté déchirée par le Grand schisme d'Occident ?
Et voici notre grand homme élu pape. Il n'accepte la charge qu'après beaucoup d'hésitations, le 15 février 1440, et prend le nom de Félix V. Il est intronisé le 23 juillet 1440 dans la cathédrale de Lausanne.
Il prend Enée Piccolimini comme secrétaire, lequel deviendra Pie II. Las, Eugène IV s'accroche à la tiare. Le nouveau duc Louis Ier poursuit des chimères en Orient d'où son épouse, la séduisante Anne de Chypre, rapportera le Saint Suaire à Chambéry. Selon un chroniqueur, « elle est une femme incapable d'obéir unie à un homme incapable de commander ».
Coup de théâtre en avril 1449. Félix V, désabusé par les intrigues du Saint Collège et désormais tourné vers son salut éternel, abdique son pontificat en la cathédrale de Lausanne.
Avec le renoncement volontaire du dernier des « antipapes », c'en est bien fini du Grand Schisme d'Occident qui a déchiré et affaibli l'Église catholique pendant près d'un siècle.
Le pape Nicolas V, décidément bon prince, nomme son rival... évêque de Genève, légat pontifical et cardinal du Sacré Collège. Amédée meurt en 1451, respecté de tous bien qu'antipape !
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Pierre-Auguste Renoir (1841 - 1919)
Vivre pour peindre
de www.herodote.netPeindre encore et toujours. Renoir n’a jamais dévié de cette ligne de conduite. Son génie lui vaudra un succès durable ainsi que de nombreuses amitiés. Avec la reconnaissance, il acquiert les moyens d’une vie confortable. Il choisira de la partager entre Paris et Essoyes, le village natal de son épouse, où il passe tous ses étés. De son vivant, sa notoriété n’a cessé de grandir, dépassant les frontières et franchissant même l'Atlantique.
Loin de se complaire dans le style qui l’a fait connaître comme un grand artiste, l’impressionnisme, Renoir va poursuivre inlassablement ses recherches, ouvrant la voie à d’autres génies comme Matisse ou Picasso.
Vanessa MoleyLa peinture pour seul viatique
À l’instar de bien d’autres artistes, rien ne semble prédisposer Renoir à connaître un destin hors du commun.
àSon père, Léonard Renoir (1799-1874), est tailleur de pierres à Limoges et sa mère, Marguerite Merlet (1807-1896), couturière. Il voit le jour le 25 février 1841, un mois à peine avant la loi qui interdit d’employer des enfants de moins de huit ans dans les manufactures, usines ou ateliers.
Pierre-Auguste est le benjamin d’une fratrie qui compte déjà cinq enfants. À l’âge de 13 ans, il entre en apprentissage chez un peintre sur porcelaine avant d’exercer plusieurs métiers de décoration (peinture d’éventails, de stores…). Le virus de la peinture est déjà là. C’est à cette époque qu’il s’inscrit à l’école municipale gratuite de dessins et profite de son temps libre pour aller copier les maîtres au Louvre…
Renoir a vingt ans en 1861, l’année où une femme va pour la première fois devenir bachelière. Napoléon III et le Second Empire sont alors à leur apogée...
Son attrait pour la peinture s’affirme au point qu’il commence à fréquenter l’atelier du peintre suisse Charles Gleyre (1808-1874). Il va y rencontrer Alfred Sisley (1839-1899), Frédéric Bazille (1841-1870) puis Claude Monet (1840-1926), qui deviendront ses amis.
Une nouvelle étape est franchie l’année suivante puisqu’il entre à l’École impériale et spéciale des beaux-arts où il passe 2 ans. Ses efforts ne seront cependant pas récompensés car il n’obtient pas le prix de Rome. En 1863, il essuie un nouvel échec, au Salon officiel cette fois, qui refuse de l’exposer.
Renoir revient à la charge l’année suivante et l’une de ses toiles, La Esmeralda, figure parmi les œuvres offertes aux yeux du public. Fait plutôt rare, il détruira ce tableau par la suite, ne le jugeant pas assez réussi.
L'époque des rencontres
Quatre ans plus tard, en 1868, Renoir connaît son premier vrai succès au Salon officiel avec Lise. La même année, le marchand d'art Paul Durand-Ruel (1831-1922) lui achète pour la première fois une œuvre, Le Pont des arts.
Ce marchand va dès lors s'occuper de la diffusion de ses tableaux et le propulser dans le cercle des artistes les plus en vogue avec les expositions « impressionnistes » organisées dans sa galerie parisienne. Toute sa vie, il restera très lié au peintre.
L'exposition de 1876, sous les débuts de la IIIe République, présente 15 toiles de Renoir et celle de l’année suivante 21 ! Les critiques et le public accordent une attention particulière à La Balançoireet au Bal du Moulin de la Galette.
En 1880, année où l’enseignement secondaire public est ouvert aux filles, Renoir découvre l’île de Chatou. Il a 39 ans et séjourne à l’auberge Fournaise.
Il puise dans ce lieu l'inspiration pour commencer l’un de ses plus célèbres tableaux, Le Déjeuner des canotiers. Parmi les personnages figure Aline Charigot. Cette jeune couturière née à Essoyes, près de Troyes, va jouer un rôle déterminant dans la vie de Renoir. Elle sera d’abord son modèle avant de devenir sa maîtresse, puis son épouse. En 1885, elle va donner naissance à leur premier fils, Pierre.
En 1886, Renoir fait la connaissance de Berthe Morisot, elle aussi peintre, mais surtout organisatrice de dîners, qui lui fera rencontrer Stéphane Mallarmé (1842-1898). Le poète lui apportera un appui décisif quelques années plus tard…
Essoyes, là où le bonheur est source de création
Lassé de Paris, Renoir s’installe à Essoyes dans une modeste maison de deux pièces, sur la route de Loches. Dans ce havre de paix, il continue de peindre, s’attachant à rendre des scènes de la vie paysanne. En 1890, il épouse Aline Charigot à Paris. Deux ans plus tard, Stéphane Mallarmé apporte son concours à Renoir et l’État lui achète pour la première fois un tableau. Ce sera les Jeunes filles au piano, la première toile du peintre à intégrer les collections nationales.
En 1896, avec le fruit de cette vente, soit 4 000 francs, Renoir achète une maison avec dépendances à Essoyes, sur la grande route qui mène à Bar-sur-Seine (actuellement au 42 de la rue Auguste Renoir). L’année suivante, il est malheureusement victime d’une chute de vélo, un accident auquel l’entourage du peintre attribuera la polyarthrite rhumatoïde qui diminuera l’artiste le restant de sa vie.
Le tournant du siècle voit la renommée de Renoir atteindre un nouveau sommet puisque le musée de Lyon lui achète Femme jouant de la guitare (1896-97). C’est le premier achat par un musée de province d’une œuvre du peintre.
Très attaché à sa maison d’Essoyes, Renoir lui adjoint en 1907 un atelier et y passe désormais tous ses étés, une pratique qui va se perpétuer durant une trentaine d’années. La même année, sa notoriété franchit l’Atlantique. Le Metropolitan Museumde New York se porte en effet acquéreur de Madame Charpentier et ses enfants pour la somme record de 84 000 francs.
Toujours en 1907, Renoir achète à Cagnes le domaine des Collettes et y fait construire une maison. À 59 ans, Renoir a droit a une nouvelle consécration : la 9e Exposition internationale de Venise, tenue en 1910, lui réserve une salle entière. La carrière de Renoir atteint alors son acmé.
Les années suivantes seront marquées par un drame. En 1915, pendant la Première Guerre mondiale, son épouse décède à Nice alors qu’elle rentre de Gérardmer où elle a rendu visite à son fils Jean, hospitalisé suite à une blessure à la jambe.
Renoir continue d’inspirer de futurs grands noms de l’art. En 1917, Henri Matisse (1869-1954) lui rend la première d’une série de visites durant lesquelles il vient soumettre ses œuvres au regard du maître. Mais la fin approche.
En 1919, le 3 décembre, Renoir décède à Cagnes des suites d’une congestion pulmonaire. Il est enterré à Nice aux côtés d'Aline le 6 décembre. Trois ans plus tard, leurs enfants les feront inhumer tous deux, selon leur souhait, au cimetière d’Essoyes. Aujourd’hui, toute la famille Renoir repose dans ce village.
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À qui la chance
Ruisseau sur KM 60
Né à Laval en 1987, Samuel déménage à la campagne dans les Cantons de l'Est à l'âge de 2 ans. Il sera obnubilé très jeune par la nature qui l'entoure et trouvera rapidement l'usage du crayon pour exprimer sa fascination du monde ambiant.
Ils deviendront inséparables, à l'école, au travail, à la maison, chaque bout de papier trouve son sujet.Au terme de ses études secondaires, Samuel, quelque peu indécis quant à son orientation de carrière, décide de se consacrer à l’entreprise familiale sur la ferme et apprend le métier de boucher. Il découvre, à l’aide de cours privés, l’univers de la peinture à l’huile, un médium qu’il utilisera jusqu’à aujourd’hui. Quelques années plus tard, suite au succès de l’entreprise, le petit garçon dont l’imaginaire avait été marqué par les histoires des conquêtes de l’Ouest et des contrées sauvages refait surface en lui. Il répond à cet appel des bois et de l’aventure en complétant un DEP en protection des territoires fauniques à l’école forestière de La Tuque. Puis, par le biais d’emplois d’été et de voyages, il part à la découverte du territoire québécois, de sa faune, sa flore, des gens et paysages qui le composent. C’est l’inspiration bien nourrie qu’il retourne à l’atelier durant l’hiver coucher sur la toile les beautés sauvages qui l’ont séduit.
Un peu déçu par l’enseignement ministériel des arts actuels, il perfectionne son art en suivant des cours ici et là et par la lecture des maîtres. La pratique de son art est pour lui une insatiable quête de vérité, une question, un cri. Un jour, face à une question assez complexe, un de ses professeurs lui répondit tout simplement « peins ce que tu vois ». Cette phrase fut révélatrice et depuis, la pratique et l’observation de la nature demeurent pour lui la meilleure façon d’apprendre. Un œil exercé peut déchiffrer la subtilité des tons, des valeurs et des couleurs et un cœur réceptif traduit la poésie, l’essence du sujet. C’est ainsi qu’il peint ce qu’il voit, ce qui lui plait. Il faut voir autant avec les yeux de chair qu’avec ceux de l’âme. Pour lui, peindre, c’est de préserver ce contact
entre le corps et l’âme, la terre et le ciel, un lien qui tend à être rompu par nos sociétés superficielles.Ses toiles sont à la fois un émerveillement, une révérence face au sujet. Il peut s’effacer pour rendre hommage à la subtilité du plumage d’un oiseau en respectant le moindre détail et tantôt résumer en une masse la cime des épinettes embrasées par un coucher de soleil d’un seul coup de pinceau. Son âme s’inspire autant des brumes froides d’un sombre matin d’automne que de la chaleur d’un soleil de midi à son couchant à l’horizon ou que d’un cerf à l’orée des bois. Il s’inspire aussi de la culture et de la spiritualité amérindiennes parce qu’elles rejoignent son tempérament sauvage, libre. Mais jamais de gratte-ciel ou de béton, parfois une ferme ou un camp de bois rond, parce qu’il ne tolèrent l’homme, ou ne se tolère-t’il lui-même que seulement là ou celui-ci vit encore en symbiose avec la nature.
Il a souvent endossé le mandat de gardien au sein de ses emplois; gardien de territoires, gardiens de rivières. Par son art, sa nature de gardien tient à préserver la place de la nature qui est non seulement menacée par l’homme mais en voie d’extinction auprès de la tendance de l’art moderne et de donner suite, du mieux qu’il peut, aux générations de peintres qui lui ont rendu hommage dans toute sa splendeur et qui ont donné le seul sens louable au mot ART.
Formation
2016 - Session d’hiver à temps plein chez Synstudio; Étude de la forme humaine, anatomie avancée, dessin analytique, les bases de la peinture, reboot technique (Photoshop), Synstudio, Montréal
2014 - Atelier de portrait avec Juan Cristobal Pinochet, Québec
2013 - Cours de composition picturale 3 : La couleur 2
2013 - Cours de composition picturale 2 : La couleur, Atelier de Beauvoir, Sherbrooke
2012 - Cours de composition picturale 1 : Organisation spatiale dans l’espace, Atelier de Beauvoir, Sherbrooke
2011 - Cours de peinture et dessin d’observation; 2 cours complétés au Certificat en Arts visuels, Université de Sherbrooke
2009 - Formation avec l’artiste peintre Raymond Laperrière, Studio Madame Picwick, Sherbrooke
2009 - Formation en dessin traditionnel et Photoshop, Institut Desgraff, Sherbrooke
2006-2008 - Certificat de mérite, huile sur toile, Studio L’Art du verseau, Sherbrooke
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