• Argentavis magnificens

    Oiseau magnifique argenté, quel plus beau nom pouvait-on donner au plus impressionnant des oiseaux de tous les temps ?
    En effet, Argentavis magnificens qui vivait au Miocène supérieur, avait une envergure deux fois plus importante que l’albatros hurleur, le plus grand oiseau actuel.
    Argentavis magnificens planait au-dessus des plaines d’Argentine, il y a environ 10 millions d’années.

     

    Portrait d’ Argentavis magnificens

    Cet oiseau avait des ailes immenses par rapport à la taille de son corps. Bien que l’on ait retrouvé que quelques fossiles mais aucun squelette entier, on estime son envergure à près de 7,30 m.

    Un oiseau de cette taille ne volait sûrement pas en battant des ailes. Il devait conserver son énergie en planant.
    Il est fort probable qu’il devait s’élancer d’une hauteur et profiter des courants thermiques ascendants.

    L’albatros est très maladroit au décollage. Etant donné son envergure, on suppose qu’ Argentavis magnificens devait l’être tout autant.

    Albatros hurleur

    Albatros hurleur. By Tullis

    Pour la grande majorité des animaux qui ont disparu, les spécialistes ne font que des suppositions sur leur mode de vie. Ils ne peuvent se baser que sur le mode de vie de l’animal actuel le plus proche.

    Argentavis était plus étroitement apparenté aux cigognes qu’aux oiseaux de proie. Il proviendrait d’ailleurs de la même branche que les cigognes, se séparant d’elles au début du Tertiaire.

    Cependant, il possédait un bec crochu et très gros comme les vautours. Etait-il lui aussi un charognard ?
    Chez ses cousins modernes, ce bec puissant sert à déchirer les chairs.

    Au Miocène supérieur, les grandes plaines d’Amérique du Sud étaient riches en mammifères herbivores. La nourriture était donc abondante pour un prédateur aussi bien qu’un charognard.

    Pourquoi Argentavis magnificens a-t-il disparu ?

    Si l’on suppose qu’Argentavis magnificens était un charognard, on peut en déduire que toute modification climatique lui était préjudiciable.
    En effet, un changement du biotope a toujours un impact sur la faune. Herbivores et carnivores migrent ou disparaissent quand les ressources alimentaires ne sont plus suffisantes.

    Au Miocène, il y a eu de nombreux changements climatiques causés par la dérive des continents.

    Il y a environ 23 millions d’années, le climat commença à devenir plus chaud et plus sec. De grands changements au niveau des plaques tectoniques eurent des conséquences sur le climat à l’échelle de la planète, dans la distribution des chutes de pluie et donc dans celle de la végétation.
    Au début du Miocène, en Amérique du Sud, les ongulés se diversifièrent et s’adaptèrent à l’émergence des grandes savanes.

    Argentavis magnificens

    Illustration d'Argentavis magnificens. © kawa3104.hp.infoseek.co

    A la fin du Miocène, il y a eu une baisse constante des températures de la planète et une augmentation de la sécheresse.
    Le monde s’apprêtait à entrer dans une période plus froide d’alternance de glaciations et de phases interglaciaires.
    Dans le monde entier, commença une réduction considérable du nombre des espèces. Les herbivores ne pouvant s’adapter à ce nouveau climat et à cette nouvelle végétation, ils entraînèrent dans leur perte leurs prédateurs.

    Il est donc fort probable que le sort d’Argentavis a été étroitement lié à celui des premiers mammifères d’Amérique du Sud.

    V.Battaglia (30.05.2007

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  • Archæopteryx

    Archæopteryx lithographica est apparu au Jurassique supérieur (ère mésozoïque). L’évolution des oiseaux a explosé au Crétacé, période pendant laquelle sont apparus de nombreux groupes nouveaux. La plupart des groupes actuels existaient en fait dès la fin de cette période ou à l’Éocène.

    Archæopteryx « aile ancienne » est le plus ancien oiseau connu. Il y a environ 150 millions d’années, cet animal de la taille d’un corbeau vivait dans les îles tropicales, aujourd’hui la Bavière en Allemagne.

    Archæopteryx est un vertébré qui se situe entre les reptiles pseudosuchiens dont il s'éloigne progressivement sans en être tout à fait détaché et les oiseaux dont il préfigure les caractéristiques. Mi-reptile, mi-oiseau, et bien que ses plumes et son squelette le trahiront plus tard, Archæopteryx se fera longtemps passer aux yeux des paléontologues pour un Archosaurien.

     

    Anatomie d’Archaeopteryx

    Archæopteryx était petit, son envergure atteignant 60 cm et son poids, 325 g. Il était couvert de plumes semblables à celles des oiseaux adaptés au vol, mais son squelette ressemblait fort à celui des petits dinosaures carnivores. Son cerveau était relativement développé.

    Ses membres antérieurs étaient emplumés, de même que sa longue queue. Son gros orteil était dirigé vers l’arrière, comme chez les oiseaux percheurs actuels. Cependant, ses dents acérées, ses griffes et ses vertèbres caudales ossifiées le rapprochent des petits théropodes carnivores.

    Archaeopteryx

    Archaeopteryx. © dinosoria.com

    D’ailleurs, les nombreuses ressemblances entre Archæopteryx et les théropodes carnivores ont convaincu les paléontologues que les oiseaux descendent d’un type de dinosaure qui a « appris » à voler.

    Reconstitution d’Archæopteryx

    Le squelette d’Archæopteryx suggère que des théropodes évolués fournirent au premier oiseau une tête mobile, des dents recourbées et tranchantes, un cou long et mince ainsi qu’un corps compact et une queue rigide.

    Il existe d’autres similitudes :

    • Des os creux
    • De longs bras qui peuvent se replier
    • Trois doigts porteurs à chaque pied
    • Des mains préhensiles à trois doigts et au poignet mobile

    La queue est composée de 23 vertèbres ce qui réduisait le poids de l’oiseau. Il possédait également des griffes cornées à l’avant des ailes.

    Archæopteryx est considéré comme un maniraptore apparenté aux dromaeosauridés, groupe auquel appartenait Velociraptor. D’ailleurs, son squelette ressemble étrangement à celui de Compsognathus, un coelurosaure.

    Il est classé dans la famille des Archaeopterygidae.

    Le vol

    Plusieurs théories ont été énoncées concernant la manière dont les premiers oiseaux ont pu prendre leur envol. Certains paléontologues pensent qu’Archæopteryx grimpait aux arbres en s’aidant de ses griffes, puis voletait pour redescendre au sol.

    Archaeopteryx

    Illustration Archaeopteryx. © F. Demongeot

    Mais, il pouvait également poursuivre des insectes en bondissant et dans ce cas, il battait des ailes pour se maintenir en l’air.

    Il est en tout cas peu probable qu’Archæopteryx ait pu voler très haut et très vite, car son bréchet (os de la poitrine) est trop réduit pour supporter les puissants muscles pectoraux qui sont nécessaires au vol.

    La conservation des plumes

    Fossilisé dans des sédiments extrêmement fins, Archæopteryx a laissé des empreintes de plumes clairement visibles autour du squelette.

    Archaeopteryx

    Archaeopteryx. © dinosoria.com

    Les plumes et la forme des ailes ressemblent exactement à celles des oiseaux actuels. Ses ailes étaient bien développées. Il possédait des rémiges (plumes des ailes) asymétriques avec des plumules à la base.

    Le chaînon manquant

    Lien entre les reptiles et les oiseaux, Archaeopteryx est une pièce maîtresse dans la théorie darwinienne. Son importance a été reconnue dès sa découverte en 1861. Entre Archæopteryx et les fossiles des différents groupes d’oiseaux, il y a un vide qui couvre la plus grande partie du Crétacé.
    Ce vide est partiellement comblé par quelques traces d’oiseaux dentés archaïques qui ont peu de rapport avec les oiseaux modernes.

    Deux sous-classes existaient au Crétacé :

    • Les énantiornithes, découverts en Argentine et décrits en 1981
    • Les odontornithes qui sont les premiers oiseaux marins

    Les origines des oiseaux font l’objet de grands débats. Certains prétendent que des oiseaux fossiles prétertiaires appartiendraient à des groupes modernes de charadriiformes (oiseaux marins) ou de gaviiformes (canards).
    D’autres disent que peu de lignées d’oiseaux ont survécu à la fin du Crétacé.

    Archaeopteryx

    Archaeopteryx. © dinosoria.com

    Les fossiles d’oiseaux sont rares, car ils se conservent mal. Les fossiles donnent peu d’indications sur les relations avec les oiseaux modernes. Personne ne peut dire avec certitude à quoi ressemblaient les oiseaux préhistoriques.
    Les reconstitutions présentées se basent bien sûr sur les restes fossilisés, mais surtout sur l’image que nous avons de ces oiseaux à partir des restes découverts et des hypothèses engendrées par les études des espèces modernes apparentées.

    Archæoptéryx: « spécimen de Thermopolis »

    Le dixième spécimen découvert a fait l’objet d’une étude, publiée dans Science en décembre 2005.
    Les nouvelles données recueillies par les chercheurs confirment la filiation d’Archæoptéryx avec les dinosaures, mais l’éloignent des oiseaux modernes.

    Ce fossile a été appelé « spécimen de Thermopolis ». Il est de la taille d’une pie. Il provient d’Allemagne et aurait vécu il y a 150 millions d’années pendant la fin du Jurassique.

    Des dix spécimens, il apparaît comme le mieux préservé et permet ainsi de mieux percevoir des ressemblances avec les dinosaures théropodes, les Dromaeosauridés tel que Deinonychus, ses cousins les plus proches.

    Archaeopteryx

    Archaeopteryx. « Spécimen de Thermopolis » . © dinosoria.com

    Son premier orteil n’était pas inversé, à la différence des oiseaux modernes.
    Il était tourné vers l’intérieur, comme le pouce des êtres humains, indiquant que l’oiseau n’avait pas de pied pour se percher.

    Par ailleurs, son deuxième orteil était « hyperextensible », caractéristique des dinosaures théropodes tel que Velociraptor.
    L'oiseau était donc capable d'étendre son deuxième orteil.

    Enfin, il semble plus adapté pour vivre sur terre que dans les arbres, comme on le supposait.

    La classification du spécimen de Thermopolis reste donc encore une énigme. Les nouvelles observations brouillent la distinction entre les archéoptérygides et certains théropodes comme Velociraptor ou Deinonychus.

    Une chose est certaine, les nouvelles caractéristiques découvertes laissent penser que Archæoptéryx ressemblait moins aux oiseaux qu'on le pensait jusqu'à maintenant.

    V.Battaglia (03.2003) M.à.J 09.2009

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  • Andrewsarchus

    Les Condylarthres

    Parmi les condylarthres au régime carnivore, Andrewsarchus fut l'un des plus grands carnassiers.
    Son crâne pouvait sans doute atteindre 1 m de long. Sa taille et son poids devaient faire de lui un prédateur assez peu rapide. Il est d'ailleurs probable qu'Andrewsarchus était plus charognard que prédateur.
    Il était beaucoup plus grand qu'un ours grizzly.
    Il s'agissait d'un ongulé, membre de la famille des Mesonychidae.

     

    Les condylarthres

    Les condylarthres, des ongulés primitifs, étaient les mammifères les plus courants en Europe au début du Cénozoïque. Les ongulés actuels sont tous herbivores. Mais, parmi les ongulés primitifs, la morphologie de certains fossiles laisse penser qu'ils étaient omnivores comme les cochons ou les ours. Certains, comme Andrewsarchus mongoliensis, étaient même certainement des prédateurs actifs comme les hyènes.

    Certains condylarthres herbivores plus évolués sont les ancêtres possibles des rhinocéros et des chevaux. Parmi eux, Phenacodus matthewi, était un petit animal d'environ 60 cm à l'épaule.

    Phenacodus

    Phenacodus matthewi. Peinture de Heinrich Harder (1858-1935)

    Il était doté d'une longue queue et de membres terminés par cinq orteils. Il vivait en Amérique du Nord et en Eurasie au début de l'Eocène.

    Portrait d'Andrewsarchus

    Les mésonychidés apparurent au début du Paléocène mais Andrewsarchus mongoliensis vivait à la fin de l'Eocène en Mongolie.
    C'est le paléontologue R.C Andrews qui l'a découvert. En fait, seul un crâne a été retrouvé. Sa reconstitution n'est donc pas fiable à 100%. On représente souvent Andrewsarchus en train de dévorer des carcasses. On pense que ces moeurs devaient ressembler à celles d'un gros ours actuel. Opportuniste, il devait dévorer tout ce qui se présentait, y compris des charognes.

    Andrewsarchus

    Andrewsarchus. Capture issue de l'émission "Sur la Terre des Monstres Disparus". © BBC

    Andrewsarchus est le plus gros mammifère terrestre carnivore de tous les temps. A partir du crâne retrouvé qui mesurait 83 cm de long et 56 cm de large, on estime sa longueur totale entre 3 et 6 m.

    Il était également omnivore et avalait feuilles, baies et larves d'insectes. Son crâne fossilisé montre une dentition assez incroyable. Ses canines étaient longues, incurvées et pointues, assez semblables à celles des carnivores actuels.
    Aucun squelette de son corps n'a encore été retrouvé; on ignore donc la forme exacte de cet incroyable carnivore.

    Crane Andrewsarchus

    Crâne Andrewsarchus. By Ryan Somma

    Andrewsarchus semait la terreur dans les plaines. Cet énorme carnassier avait aux pieds de petits sabots et non des griffes. Ses plus proches parents modernes sont les ongulés comme le mouton. Ses mâchoires d'un mètre pouvaient tout broyer. Cet animal est le dernier d'une lignée mourante qui ne s'adaptera pas aux changements climatiques de l'Eocène.

    Etant donné la pauvreté des fossiles, la classification d'Andrewsarchus pose problème. Il a été incorporé dans la famille des Mesonychidae par Carroll en 1988.

    Classification: Animalia. Chordata. Synapsida. Therapsida. Mammalia. Mesonychidae. Andrewsarchus

    V.Battaglia (03.2004) M.à.J 09.2005

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  • Animaux préhistoriques

    Mammifères. Oiseaux

    Méconnus, les mammifères et oiseaux préhistoriques sont pourtant aussi passionnants que les dinosaures.

    Le Mésozoïque s'est achevé sur une extinction de masse planétaire. Il y a 65 Millions d'années, commence alors une nouvelle ère: le Cénozoïque.
    Chez les mammifères, c'est une véritable explosion. Toutes les grandes lignées, que nous connaissons aujourd'hui, se mettent en place.

    Ambulocetus

    Ambulocetus vivait, il y a 50 millions d'années (début de l'Eocène) au Pakistan. Son mode de vie amphibien représente une transition vers la vie exclusivement marine des cétacés modernes.

    Ambulocetus est une espèce intermédiaire dans l'évolution des Cétacés, entre des animaux terrestres comme Pakicetus attocki et des mammifères purement aquatiques, apparentés aux Cétacés, comme Basilosaurus.

     

    Ambulocetus natans (la baleine qui marche), encore quadrupède, se déplaçait à la fois sur terre et dans l'eau, vivant à la manière des crocodiles.
    Ses membres postérieurs permettaient une propulsion aquatique rapide par battements. Il marchait probablement en se dandinant très fort. Les pieds sont grands et les doigts se terminent avec des ongles.
    C'était un redoutable prédateur, guettant ses proies dans les eaux peu profondes.

    Ambulocetus

    A droite Ambulocetus natans,à gauche, Cynthiacetus. Exposition "Incroyables Cétacées"
    Grande Galerie de l'Evolution . Museum National d'Histoire Naturelle (Paris). By dalbera

    Les fossiles ont été découverts près des côtes de l'actuel Pakistan. La taille d'Ambulocetus natans est estimée à environ 3 m.

    Ambulocetus ondulait de bas en haut et non latéralement comme les crocodiles.

    Comme les cétacés actuels, il n'avait pas d'oreilles externes. Il guettait l'approche d'une proie en posant la mâchoire au sol pour détecter les vibrations. Le même mécanisme lui permettait d'entendre sous l'eau. Du moins, c'est ce que les paléontologues supposent.

     

    Les images sont des captures issues de l'émission "Sur la Terre des Monstres Disparus". © BBC 1996.2002

    Nos cétacés actuels ont une ouïe très fine. Pour trouver des proies et éviter les obstacles, ils se servent de l'écholocation. Mais, ce sont des mammifères entièrement aquatiques, ce qui n'était pas le cas d'Ambulocetus.

    Classification: Animalia. Mammalia. Cetacea. Archaeoceti. Ambulocetidae. Ambulocetus (Thewissen et al. 1996)

    V.Battaglia (10.2003). M.à.J 12.2007

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