• Archéologie: Rituel inca : Les sacrifices d’enfants

     

    Rituel inca : Les sacrifices d’enfants

     

    Cinq siècles après le sacrifice de trois enfants par des prêtres incas sur un sommet argentin, des archéologues les ont retrouvés intacts en 1999.
    Immortalisées dans la glace, ces trois petites momies figent un moment de l’histoire des Incas et de leurs rituels.

    Cette découverte archéologique a été faite à 6 739 mètres d’altitude, au sommet du Cerro Llullaillaco, dans les Andes, par Johan Reinhard.
    C’est le site archéologique le plus haut du monde.

    Le détail de la découverte a été décrit par Johan Reinhard. Toutes les photographies sont de Maria Stenzel.

     

    Le sacrifice inca

    Chez les Incas, les sacrifices d’enfants ne servaient pas seulement d’offrande aux dieux. Les petits suppliciés étaient considérés comme des ambassadeurs de l’au-delà.
    Parfois, les familles faisaient don de la vie de l’un de leurs enfants, mais parfois, le sacrifice leur était imposé.

    En un siècle d’histoire, l’Empire inca s’est étendu sur environ 4 000 kilomètres. Au moment de la conquête espagnole, en 1532, les Incas, basés à Cuzco, au Pérou, représentaient plus de 12 millions de sujets.

    Les sacrifices d’enfants faisaient partie du besoin d’unification. Les prêtres obtenaient des enfants de tout l’empire et récompensaient les familles par des fonctions gratifiantes ou des biens matériels.
    Les sacrifices étaient des évènements unificateurs. Les jeunes victimes étaient souvent emmenées à Cuzco pour des célébrations avant que des processions ne les conduisent jusqu’aux sites de leur immolation.

    Il ne faut pas croire que les Incas pratiquaient les sacrifices humains à tour de bras. Ils étaient plutôt rares.
    Les enfants étaient considérés comme plus purs que les adultes. Ceux qui étaient sacrifiés étaient honorés.
    Ils devenaient les représentants du peuple, vivant pour l’éternité parmi les dieux. Ils étaient déifiés comme les dieux honorés.

    Des témoignages rédigés après la conquête espagnole nous ont un peu éclairés sur ces rituels. Il y avait des pèlerinages de plusieurs mois. Il a été rapporté que parfois les enfants sacrifiés étaient brûlés vifs, étranglés, assommés ou enterrés vivants, ce qui est arrivé à la momie surnommée la Vierge des glaces, découverte en 1995.

     

    Momie inca. Vierge des glaces

    La Vierge des glaces exhumée en 1995. © Maria Stenze

     

    Les trois enfants du Llullaillaco ne portent aucune blessure apparente et semblent paisibles.

    Un garçonnet condamné à l’éternité

    Le garçon trouvé au Cerro Llullaillaco était âgé d’environ 8 ans. Il porte une tunique assez grande pour lui permettre de continuer à grandir après sa mort. Les sandales sont destinées à son voyage dans l’autre monde.

     

    Momie inca du Cerro Llullaillaco

    Garçonnet inca du Cerro Llullaillaco. © Maria Stenze

     

    Avec lui, les prêtres ont déposé une offrande plus prisée que l’or : un collier en coquilles de spondylus.
    Ces coquilles incarnaient l’eau, ressource très précieuse dans les régions arides des Andes.

    Dans la sépulture ont également été retrouvées des figurines : deux hommes et trois lamas.

    Les Incas n’ont laissé aucune interprétation écrite de la signification des objets placés près des victimes.
    Les seules brides d’explications nous sont parvenues par les Espagnols et certaines découvertes archéologiques.

    Le garçon a été retrouvé à 2 mètres de profondeur. Sur son bras gauche, un lance-pierres et deux paires de sandales l’accompagnent dans son voyage sans retour.

    Ses genoux, repliés en position fœtale, sont maintenus par une corde. Il porte des mocassins et des socquettes en fourrure blanche. Un large bracelet d’argent couvre son poignet droit.

    Une fillette élue des dieux

    Outre le garçon, l’équipe a exhumé deux autres corps gelés. Il s’agit de deux fillettes. La première momie est une jeune fille d’environ 14 ans. Des statues et des céramiques sont disposées à ses côtés.
    La jeune fille porte une coiffe, identique à celle qui décore l’une des figurines féminines en argent retrouvées à ses côtés.

     

    Momie d'une fillette inca

    Momie d'une fillette inca. © Maria Stenze

     

    Les deux coiffes sont composées de plumes blanches fixées à une calotte de laine. Curieusement, une tunique d’homme couvre la partie droite du corps.
    De telles tuniques correspondent à un statut social élevé.

    Pour les archéologues, il se peut que son père ait souhaité que les vêtements utilisés lors du rituel l’accompagnent au royaume des dieux.
    Cette tunique était sans doute une offrande.

    Le visage de la jeune fille est paisible. Elle a certainement été plongée dans l’inconscience avant sa mort.
    Comme pour les autres momies gelées, les organes et l’ADN sont intacts.

    Des morceaux de feuilles de coca sont placés sous son nez. Ces feuilles, sacrées pour les Incas, ont dû être placées après sa mort.

    Une petite momie emmaillotée

    Les Incas plaçaient les corps et les offrandes dans des niches naturelles qu’ils creusaient jusqu’à 3 mètres de profondeur.
    C’est dans l’une d’elles que l’équipe a retrouvé la troisième momie qui a été frappée par la foudre à plus d’un mètre de profondeur.

     

    Momie d'une fillette inca

    Momie de la fillette inca. © Maria Stenze

     

    C’est une fillette d’environ 8 ans partiellement brûlée, mais dont le visage est resté intact. La fillette sent encore la chair brûlée quand les archéologues l’exhument.

    À ses côtés ont été déposés divers objets, dont des statues, des poteries, des sacs emplis de nourriture et un sac de coca fabriqué avec les plumes d’un oiseau, peut-être amazonien.

    V.Battaglia (28.01.2006)

     

    Archéologie:  Rituel inca : Les sacrifices d’enfants

     

    Pin It

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :