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    Versailles : entrez dans les pas du Roi

     

    Par Hugues Dérouard
    source : Hors série Collection Versailles
     

    Quiconque découvre le château pour la première fois éprouve forcément une admiration mêlée de surprise : tout y est symbole. De l’avenue de Paris, remontez vers le Domaine. Les détails de Versailles se dévoilent peu à peu...

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    Entre 1631 et 1634, Louis XIII fait construire à Philibert Le Roy un petit pavillon de brique et de pierre, couvert d’ardoises. Il s’agit de la partie construite en U qui entoure encore aujourd’hui la cour de Marbre. Les trois fenêtres cintrées qui s’ouvrent sur un balcon indiquent la Chambre du Roi, au centre parfait du Domaine.

    Ce n’est pas un palais, c’est une ville entière, superbe en sa grandeur, superbe en sa matière

    Charles Perrault

    On a toujours entendu parler de Versailles. Dans les livres, scolaires ou romans de cape et d’épée, puis dans les journaux, à la télévision, au cinéma... Alors, arpenter la large ave­nue de Paris, qui file, rectiligne, vers le château, nous prépare à découvrir ce lieu que l’on porte en soi depuis long­temps. Encadrée par deux vastes bâti­ments jumeaux, les Écuries Royales, édifiées entre 1679 et 1680 lorsque Louis XIV décida d’installer défini­tivement à Versailles sa Cour et son gouvernement, l’avenue débouche sur la place d’Armes. La Grande Écurie, à droite, était réservée aux six cents che­vaux du roi, mais aussi aux écuyers, palefreniers, pages et musiciens. Y résonne aujourd’hui le bruit des sabots des lusitaniens de l’Académie du Spectacle Équestre de Bartabas. À gauche, la Petite Écurie, dirigée par le pre­mier écuyer, abritait carrosses, voitures, chevaux d’attelage...

    La place d'Armes

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    L’ensemble sculpté La Paix de Jean-Baptiste Tuby a repris sa place sur la guérite de la grille Royale, devant l'aile nord et la Chapelle Royale.

    Vous voici ensuite sur l’immense place d’Armes, aussi grande que la place de la Concorde, à Paris. Jadis, le roi y pas­sait en revue les régiments de son armée, et l’on pouvait y louer chapeau et épée, accessoires indispensables pour s’ap­procher du château. Version contemporaine : des vendeurs ambulants vous y proposent aujourd’hui des souvenirs bon marché. Envahie par les cars de tou­ristes, cette place devrait, dans le cadre du projet du Grand Versailles, retrou­ver son espace au sol originel... Puis, vous franchissez la grille d’Honneur. Toute dorée et surmontée des Armes de France, elle date de l’époque Louis XVIII, les ornements de l’originale ayant été détruits à la Révolution. Trois cours en pente douce se succèdent, très hiérar­chisées. Tout d’abord, la cour d’Honneur (l’avant­cour ou cour des Ministres), bordée à gauche et à droite de rampes qui longent les ailes des Ministres. Le château apparaît, splendide et com­plexe. Car il ne s’agit pas d’un château monolithique.

    Les différentes cours

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    L’horloge de la cour de Marbre à masque d’Apollon a retrouvé le lustre de son état originel. La couleur « bleu de roi » est fidèle à son état premier, tout comme les dorures. Elle est située juste au-dessus de la Chambre du Roi.

    Le « cœur » demeure toujours le pre­mier bâtiment de Louis XIII, mais agrandi, et auquel se sont juxtaposés de nombreux bâtiments. La ville elle aussi s’est rapprochée... À gauche, l’aile Vieille ouvre l’aile du Midi. À droite, le bâtiment Gabriel ouvre sur l’aile du Nord, avec, à son départ, l’imposant chevet de la Chapelle Royale, le point culminant de tout le Domaine. Est­-ce pour affirmer que la monarchie est de droit divin ? « Notez cependant qu’elle n’est pas au centre », précise Béatrix Saule, conservatrice. Entre la cour d’Honneur et la cour Royale s’élève la grille Royale, une reconstitution de la clôture monumentale de quatre-vingts mètres de longueur, terminée en 1682, qui fut détruite pendant la Révolution. Sa dorure a nécessité... cent mille feuilles d’or ! Si vous voulez ensuite accéder à la cour de Marbre, il faut être muni d’un ticket d’entrée. Cette si belle cour, la plus ancienne, pavée de marbre blanc et noir où se reflète le palais, marque les limites du château de Louis XIII. Bien sûr, ses façades ont été remaniées par la suite par Le Vau et Hardouin-Mansart et embellies de statues, de vases et de bustes.

    Le cœur du bâtiment

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    Donnant sur le parterre du Midi, la façade du Grand appartement de la Reine.

     

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    Parmi les statues en bronze des deux bassins du parterre d'eau symbolisant fleuves et rivières de France, La Nymphe à la perle d'Etienne Le Hongre.

    Les trois fenêtres du premier étage donnent sur un balcon supporté par huit colonnes de marbre: elles indiquent la Chambre du Roi, épicentre du château, en plein dans l’« axe du soleil ». Inutile de préciser que rares étaient ceux qui pouvaient accéder à cette cour de Marbre ! Aucun carrosse n’était d’ailleurs autorisé à y pénétrer... Avant d’entreprendre la visite intérieure du château, il serait judicieux, pour en avoir une autre perception, de vous diriger vers les jardins pour observer la façade qui s’apprécie différemment. Le château s’étend sur six cent quatre-vingts mètres. Son toit est plat, couronné par une balustrade portant vases et trophées. Le Vieux-Château de Louis XIII est entouré d’une sobre « enveloppe de pierre », réalisée par Le Vau en 1668. Le corps central comprend, au rez-de-chaussée, la galerie basse. Au premier étage, la terrasse a laissé place à la galerie des Glaces. À gauche, l’aile du Nord abrite l’Opéra et la Chapelle. À droite, l’aile du Midi et son hémicycle. Au-delà, il y a les jardins, les bosquets, les fontaines...

    Nous vous souhaitons une belle visite de Versailles.

     

    Art et Culture 3:  Versailles : entrez dans les pas du Roi

     

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    Maincy, dans l'ombre de Vaux-le-

    Vicomte

     

    Par Dominique Roger - Hugues Derouard - Mélanie des Monstiers
    source : Hors Série - Les plus beaux villages de nos régions 2013, p. 56
     

    Tout près de Melun, en Seine-et-Marne, Maincy a une histoire et un patrimoine bâti qui se confondent avec l’un des chefs-d’oeuvre de l’architecture du Grand Siècle : le château de Vaux-le-Vicomte. Maincy mérite une étape découverte.

    Pont du moulin

    Le pont en bois des Trois-Moulins qui enjambe l'Almont a servi de modèle au peintre Paul Cézanne qui séjournait alors à Melun, pour son Pont de Maincy. Ce tableau datant de la fin de l'année 1879 est actuellement exposé au musée d'Orsay, à Paris.

    L'héritage du XVIIe siècle

    Structure du village

    L’habitat s’organise autour de courées où les ouvriers et les employés du domaine logeaient, regroupés par corps de métier. Ces maisons déclinent les matériaux typiques de l’Île-de-France : la meulière, le gypse et le grès. Mais l’on trouve aussi de beaux murs de calcaire blond à joints « beurrés » de plâtre, souvent renforcés par des chaînages d’angle en pierre de taille. 

    Le saviez-vous ?

    La construction du château de Vaux-le-Vicomte monopolisa 18 000 ouvriers !

    Les toits assez pentus sont couverts de tuiles briardes ; leur teinte rouge orangé ajoute une note de couleur à un paysage dominé par une palette allant du beige au brun.

    L'église Saint-Etienne

    Par la rue du Pavé-de-l’Église, rejoignez l’église Saint-Étienne. L’édifice porte la marque du Grand Siècle inscrit dans le sillage de Nicolas Fouquet, qui ordonna la création du château de Vaux-le-Vicomte. C’est à son architecte de prédilection, Louis Le Vau, que le surintendant des finances sous Louis XIV confie le soin d’agrandir et d’embellir le sanctuaire de Maincy.

    Eglise Saint-Etienne

    Un premier sanctuaire, déjà consacré à saint Etienne, occupait la place de l'église actuelle. Son clocher est élevé sur ce qui fut une tour de défense aux contreforts restés très apparents. Les quatre gargouilles sont un vestige du XIIIe siècle

    Du caractère primitif de l’édifice (vers 1200), il fait table rase pour imposer une décoration de style Louis XIII. D’autres modifications, de moindre importance, seront effectuées à la fin du XIXe siècle et jusqu’au début de la Première Guerre mondiale. Le collatéral gauche est flanqué d’un porche ouvert élevé sur un perron conférant à l’église une certaine originalité.

    La maison des Carmes

    Quant à la maison des Carmes, elle est acquise par Fouquet pour y installer les ateliers de tapisseries de Maincy, qui deviennent en 1660, sur autorisation royale, une manufacture privée placée sous la direction de Charles Le Brun : 300 ouvriers y oeuvrent sous la houlette de 19 tapissiers-liciers flamands. À la chute du surintendant, Louis XIV transfère savoir-faire et matériel à Paris : la Manufacture royale des meubles de la Couronne (plus connue sous le nom de manufacture des Gobelins) était née.

    La douce folie d'un courtisan : Nicolas Fouquet

    Né en 1615, Nicolas Fouquet, descendant d’une fortunée famille de magistrats angevins, a gravi, sous la protection du cardinal Mazarin, tous les échelons le menant à la maîtrise absolue des finances de l’État. Ivre de richesse, assoiffé de pouvoir, il décide de se faire édifier un château digne de sa charge sur sa terre de Vaux.

    Château de Vaux-le-Vicomte


    En 1656, devant sa seigneurie réunie, il ordonne de raser le manoir féodal, le village de Vaux et les hameaux de Jumeaux et de Maison-Rouge. Fouquet engage trois génies créateurs : l’architecte Louis Le Vau, le peintre-décorateur Charles Le Brun et le jardinier et paysagiste André Le Nôtre.

     

    Les jardins du château


    En cinq ans, temps record, le terrain marécageux cède place à un véritable palais en grès de Fontainebleau et pierre de taille de Creil, rehaussé par la magnificence des jardins, le premier tracé à la française créé par Le Nôtre.

    Le château de Vaux-le-Vicomte valut à son ambitieux propriétaire Nicolas Fouquet, surintendant des finances de Louis XIV, de monter si haut qu'il se brûla les ailes.


    Le 17 août 1661, Fouquet offre une fête au jeune Louis XIV. Le faste déployé blesse l’orgueil du roi. Il lui faut la tête de ce faquin. Arrêté par d’Artagnan, Fouquet est jugé et condamné à la prison à vie. Sauvé à plusieurs reprises du désastre, le château, classé Monument historique, appartient aujourd’hui à la famille de Vogüé. Depuis 2012, Jean-Charles et Alexandre ont succédé à leur père Patrice de Vogüé à la direction du domaine.

    Les Trois-Moulins

    Sur le cours de la tranquille Almont, le pont des Trois-Moulins vous dira sans doute quelque chose. Paul Cézanne, qui séjourna à Melun de 1879 à 1880, réalisa une toile intitulée Pont de Maincy, que l’on suppose datée de la fin de l’année 1879. L’oeuvre est importante car elle marque un tournant décisif dans l’expression de l’artiste qui rompt avec l’impressionnisme.

    Pont

    Ce pont de bois a été construit à l’emplacement d’un ancien gué par le colonel Johnson, lors de son acquisition du château du Coudray, belle maison de campagne du début du XIXe siècle. Le lieu accueille désormais un centre pour enfants en difficulté. 

     

    Art et Culture 3:  Maincy, dans l'ombre de Vaux-le-Vicomte

     

     

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    Cité de l'architecture et du patrimoine,

    un musée unique au monde

     

    Par Détours en France
    source : Hors Série - 40 visites privées pour redécouvrir le patrimoine, 2012, p.106
     

    Inauguré en 2007 au palais de Chaillot à Paris, le musée de la Cité de l’architecture et du patrimoine offre un extraordinaire voyage à la découverte des merveilles architecturales de l’Hexagone, du Moyen Âge à nos jours.

     

    Galerie des moulages

    Dans la galerie des Moulages de la Cité de l’architecture et du patrimoine (dont l’entrée est gratuite durant les Journées européennes du patrimoine), l’éclairage zénithal de la verrière, la charpente métallique et le rouge pompéien des murs forment un écrin parfait. Au fond, le portail de Saint- Pierre de Moissac.

    Un musée unique au monde

    C’est un musée comme il n’en existe aucun autre dans le monde. Dans l’aile est du palais de Chaillot, à Paris, le musée de la Cité de l’architecture et du patrimoine expose des centaines de copies à taille réelle d’oeuvres emblématiques du XIIe siècle à nos jours. Des portails des plus belles cathédrales aux claustras de Notre-Dame du Raincy, première église en béton, le panorama est vaste. L’idée ambitieuse est ancienne. Eugène Viollet-le-Duc, au XIXe siècle, avait élaboré un musée de Sculpture comparée qui visait à montrer combien les œuvres médiévales pouvaient rivaliser avec celles de la Renaissance et de l’Antiquité.

     

    Galerie architecture

    La galerie d’architecture moderne et contemporaine propose une réflexion sur les évolutions de cette discipline depuis 1850. Densification, émergence des problématiques urbaines, avancées techniques, nouveaux matériaux… autant de transformations qui sont évoquées et expliquées par des documents très variés.

    Dans l’ancien palais du Trocadéro (créé pour l’Exposition universelle de 1878), étaient présentés, dès 1882, d’exceptionnels moulages de plâtre de sculptures ou de fragments d’architecture – qui constituent aujourd’hui les collections de la galerie des Moulages. Dans les années 1930, Paul Deschamps, le directeur, élargit le concept du musée en créant une collection de peintures murales et de vitraux. Le musée des Monuments français naît ainsi en 1937 dans une aile du palais de Chaillot, édifice, lui, réalisé lors de l’Exposition internationale de Paris de la même année.

     

    Galerie des moulages

    Sur son fronton, on peut lire aujourd’hui encore les lignes de Paul Valéry, qui avertissent le visiteur : « Dans c es murs voués aux merveilles, j’accueille et garde les ouvrages de la main prodigieuse de l ’artiste égale e t rivale des a pensée. L’une n’est rien sans l’autre. » Après avoir été délaissé des pouvoirs publics, été touché par un incendie en 1997, puis avoir fermé pendant plusieurs années, le musée, établissement public sous la tutelle du ministère de la Culture, a rouvert ses portes.

     

    Galerie Architecture

    Au premier plan, maquette du centre culturel Tjibaou à Nouméa (Nouvelle-Calédonie), architecte Renzo Piano. Au fond, le claustra et les vitraux de l’église Notre-Dame du Raincy, oeuvre des Perret. Ci-dessous, un appartement de la Cité radieuse de Le Corbusier

    Il reprend les anciennes collections dans une parfaite muséographie tout en présentant, au deuxième niveau, une nouvelle galerie consacrée à l’architecture moderne et contemporaine. Le musée constitue le « coeur patrimonial » de la Cité de l’architecture qui intègre également l’Institut français d’architecture, chargé de promouvoir l’architecture contemporaine française, et la prestigieuse École de Chaillot.

    Galerie d’architecture moderne et contemporaine

    Créée pour l’ouverture de la Cité, cette superbe galerie (dont les baies vitrées offrent une vue privilégiée sur la tour Eiffel) explore l’architecture française, de la révolution industrielle à nos jours avec des centaines de maquettes, films et dessins. Parmi les reconstitutions grandeur nature, on s’arrêtera devant une portion du claustra et des vitraux de l’église Notre-Dame du Raincy, bâtie par les frères Perret en 1922 et surnommée « La Sainte Chapelle du béton armé », pour la couleur exceptionnelle de ses « murs de lumières », oeuvre du peintre Maurice Denis.

    Galerie Architecture

    Mais le plus époustouflant demeure la réplique exacte d’un appartement type de la Cité radieuse construite à Marseille au lendemain de la Seconde Guerre mondiale par Le Corbusier. Entrez, visitez : volume, lumière, matériaux… Vous êtes dans un appartement en duplex de quatre pièces, d’une surface

    Galerie des Moulages

    Au rez-de-chaussée de l’aile Paris, sous une charpente métallique retrouvée et une verrière offrant une lumière naturelle, se découvre une reproduction grandeur nature du portail sud de l’abbaye Saint-Pierre de Moissac. Un chef d’oeuvre de la sculpture romane, inspiré de l’Apocalypse selon saint Jean, avec son Christ en majesté. Mais ce n’est qu’un début. Une fois passé le portail, c’est une myriade de tympans, de statues sculptées, de trumeaux, de chapiteaux historiés...

     

    Galerie des moulages

    De nombreux exemples d’architecture religieuse du XIIe au XVIIIe siècle.

    Les merveilles de l’art religieux roman et gothique français sont réunies en une anthologie du patrimoine du xiie siècle à la Renaissance. Les architectures civile et militaire y ont aussi leur place avec, entre autres, l’arche de la porte du Gros-Horloge de Rouen ou la fontaine de Neptune de la place Stanislas de Nancy.

    Galerie des peintures murales

    En les présentant reproduites à l’identique, cette galerie révèle les beautés insoupçonnées des édifices religieux, de la période romane à l’aube de la Renaissance. Nous nous retrouvons d’un coup sous la coupole occidentale reconstituée de l’église romane Saint-Étienne de Cahors, édifiée entre 1090 et 1140. Les peintures murales gothiques, réalisées entre 1316 et 1324, traitent de la lapidation de saint Étienne, entouré des figures de prophètes.

    Peinture murale

    L’éclairage tamisé met en valeur la coupole de Saint-Étienne de Cahors.

    Plus loin, on pénètre dans la crypte, datant de la première moitié du XIIe siècle, de l’église Saint-Nicolas de Tavant, en Indre-et-Loire. À se demander si l’on est toujours à Paris, tellement on a l’impression, grâce à la pénombre et aux volumes parfaits, d’admirer l’original. Un peu plus loin, nous voici sous les voûtes du choeur de l’église Notre-Dame de Kernascléden, dans le Morbihan, qui reçut un riche décor peint au XVe siècle grâce aux Rohan, famille princière de Bretagne. Un chef-d’oeuvre du gothique flamboyant.

     

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    Château de Vaux-le-Vicomte, si Vaux m'était conté

     

    Par Détours en France
    source : Hors Série - Château de légende, 2013, p.44
     

    Curieux destin que celui de ce palais où s’est déroulée une terrible lutte de pouvoir entre un homme d’affaires ami des arts, un ministre jaloux et un jeune roi qui se cherchait encore. 

     

    Château

    Afin de modifier le petit château acheté en 1641, le surintendant des finances de Mazarin, Nicolas Fouquet, fait travailler à l’unisson un architecte, un peintre décorateur et un jardinier paysagiste. Le résultat est à la hauteur de ses ambitions… lesquelles le mèneront à la geôle. Une perspective de plus de trois kilomètres, de l'eau comme s'il en pleuvait (une rivière à même été détournée), quelques surprises... et la théâtralité propre aux jardins à la française.

    L'histoire d'un homme

    Le 17 août 1661, le surintendant Fouquet reçoit dans son nouveau palais de Vaux-le-Vicomte le jeune roi Louis XIV. Le château vient de sortir de terre et la fête est grandiose : le roi mange dans de la vaisselle en or massif, le feu d’artifce est signé du magicien torelli, on sert du cho colat aux 600 invités, Molière et Lulli signent leur première collaboration… on connaît la suite : ulcéré par tant de luxe ostentatoire, Louis XIV fait arrêter Fouquet quinze jours plus tard et incarcérer pendant vingt ans.

    Sculpture

    Ces amours portant une corbeille, attribués à Philippe de Buyster, illustrent les marmousets.

    Le surintendant a sousestimé la jalousie de colbert, son grand rival, et n’a pas compris qu’avec Louis XIV commence la monarchie absolue, qui ne soufre pas qu’on lui fasse de l’ombre. Vaux sera rendu à madame Fouquet dix ans après. entre-temps, Louis fera bâtir un château à sa propre démesure. Impressionnant ? Non. Vaux n’est pas Versailles. Il est élégant, charmant, séducteur. Il n’impose pas, il envoûte.

     

    Château

    Malgré les mésaventures, aujourd’hui, Vaux a retrouvé toute sa superbe et continue d’éblouir. L’ensemble est certes envoûtant, mais la façade est classique : entrée solennelle, hautes fenêtres et toiture dont la coupole centrale vient rompre la sévérité.

    Posé sur un socle entouré d’eau, il domine 33 hectares de jardins à la française : une mise en scène signée Le Vau, Le nôtre et Le Brun. Car Fouquet, en esthète avisé, a su s’entourer des plus grands. La façade est classique, ponctuée de hautes fenêtres, l’entrée solennelle sous son fronton ; quant à la toiture, son rythme sévère est allégé par la belle coupole centrale. Pour un peu, on s’attend presque à être reçu par Fouquet en personne sur les marches de son palais.

    Visite guidée

    Le Grand salon

    Après avoir franchi le vestibule, on atteint le Grand salon, placé sous la coupole. Il est ovale : une innovation pour l’époque, qui préférait les galeries. L’idée est directement inspirée par le baroque italien. La décoration prévue par Le Brun n’est pas achevée, Fouquet ayant été arrêté avant. Mais la famille Vogüé, actuelle propriétaire des lieux, ne désespère pas d’y parvenir un jour, car elle en possède les dessins, signés de Le Brun.

    Grand salon

    Le plafond en rotonde du Grand Salon, ovale, est resté inachevé : Le Brun y avait prévu une voûte -la première pour un édifice privé - célèste sur le thème du "palais du Soleil". Les sculptures portant un emblème en médaillon représentent le zodiaque et les saisons.

    Les appartements du Roi

    À gauche du Grand Salon, les appartements du Roi : comme il était d’usage à l’époque, les châtelains devaient réserver leur plus belle chambre à leur souverain de passage. Fouquet n’a pas lésiné sur les moyens : la chambre du roi resplendit sous les ors et un portrait de Louis XIV satisfait aux règles des usages à l’époque.

    Appartement du Roi

    Au plafond de la chambre du Roi, une peinture de « La Vérité soutenue par le Temps » symbolise l’histoire de Fouquet, tandis que les voussures gauche et droite figurent la puissance du roi et sa « haute valeur ».

    Mais regardez bien le plafond, peint par Le Brun comme il se doit : sous la corniche, une frise de palmettes et… de petits écureuils ! Fouquet l’avait choisi comme emblème, non pour le panache, mais parce qu’en patois local, écureuil se dit : « fouquet ». Même chez le roi, Fouquet montre qu’il est quand même chez lui ! L’ancienne antichambre a été transformée en bibliothèque : fin lettré, Fouquet possédait près de 27 000 volumes, dont de rares manuscrits persans.

    Les pièces d'apparat

    Situées à droite du Grand Salon, l'on y retrouve l’impertinent rongeur dans le salon d’Hercule : sur une tapis serie récemment restaurée il figure en bonne place, recouvrant la couleuvre, emblème de son rival colbert. 

    Le saviez-vous ?

    Le premier étage est celui de la famille Fouquet. Monsieur et madame ont chacun leur appartement. À noter : la chambre du surintendant est la seule du château à avoir conservé son décor d’origine, avec entre autres une magnifique tapisserie des Gobelins.

     

    Pièce d'apparat

    1- "Un portrait de Louis XIV préside au-dessus de la cheminée de la bibliothèque. Les meubles de cette pièce datent du XVIIIe siècle, le Roi l'ayant vidée de ces meubles après avoir fait emprisonner son propriétaire. On peut aussi apercevoir le plafond à voussures, caractéristique de toutes les pièces de réception du château. Il est l'œuvre du peintre Charles Le Brun." 
    2 - L'une des salles d'apparat qui ne manque pas de luxe et de décorations...

    Le château comptait autrefois 150 tapisseries : Le Brun avait créé, dans le village proche de Maincy, un atelier qui, après l'arrestation de Fouquet, déménagea à Paris et devint... la manufacture des Gobelins. 
    Autre sujet d’émerveillement : les plafonds, toujours de Le Brun, comme celui du salon des neuf Muses, un de ses chefs-d’oeuvre.

    La coupole

    « À Vaux, on montre tout, du soussol au plafond. » alexandre de Vogüé vous recommande vivement la visite de la coupole. L’occasion d’admirer la charpente, un chef-d’oeuvre à elle toute seule. Les travaux de la toiture viennent d’être terminés : ils ont nécessité un échafaudage de 110 tonnes, sur 40 mètres de haut et 50 de large, et la pose de 1 750 000 ardoises à l’aide de 1,5 tonne de clous en cuivre. De quoi donner le vertige !

     

    Façade

    Façade Sud, sur l’avant-corps central, alliance des ordres dorique et ionique, les statues féminines (Clémence, Justice, Renommée…) côtoient des écureuils (« fouquet » en patois local).

    « Les travaux ont été financés à moitié par la famille. Il a fallu vendre quelques trésors de la bibliothèque », rappelle alexandre : entre autres Le Cabinet du Roi (1723-1727), vingt et un volumes célébrant le règne du roi-soleil et illustrés par les plus grands de l’époque, une des plus belles ventes aux enchères de sotheby’s. Indirectement, Louis XIV a contribué à l’embellissement du château de celui qu’il ruina : un juste retour des choses !

    Un tour sous les combes

    Vous voilà sous les toits, grimpez encore une volée de marches pour atteindre le lanternon. La vue sur les jardins est merveilleuse. « Il faut bien comprendre que les jardins ont été conçus pour être une pièce supplémentaire du château, souligne alexandre. Il y a une véritable harmonie entre les deux, et les jardins ne sont pas du tout à négliger, même après deux heures de visites au château. »

     

    Les combes

    1- Vous devrez emprunter cet escalier en colimaçon afin d'atteindre les toits où une magnifique vue sur les jardins vous attend.
    2 - Un grenier dans un château ?
    3- Surgissant des toits, ces pinacles sont inspirés de l’architecture italienne.

    Encore moins cette année, qui célèbre les 400 ans de la naissance de Le nôtre. Détail amusant : le lanternon est couronné par une pomme de pin où fgure l’écureuil de Fouquet. Quo non ascendet ?, « Jusqu’où n’est-il pas monté ? »

    Des trésors éparpillés

    Chambre

    L’association Les Amis de Vaux-le-Vicomte compte 2 500 adhérents. Depuis trente ans, elle oeuvre pour retrouver, partout dans le monde, des pièces de mobilier, objets d’art, documents qui ont appartenu à Vaux ou ont trait à son histoire.

    Parmi les trésors désormais exposés au château, un portrait de madame Fouquet signé Le Brun, des lettres adressées à d’Artagnan sur la détention du surintendant à Pignerol, un rarissime manuscrit de La Fontaine. Et, cette année, la huitième tapisserie de la collection Barberini, retrouvée aux États-Unis.

     

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    La nécropole de la Basilique Saint-Denis

     

    Par Joël Chaboureau
    source : Détours en France
     

    La cathédrale gothique de Saint-Denis abrite un grand musée de sculptures funéraires. C’est en effet dans cette basilique dédiée au premier évêque de Paris que les rois de France ont trouvé une sépulture.

    Saint-Denis

    Une dernière demeure pas si tranquille que cela : durant la Révolution, la colère des Parisiens s’est reportée sur les tombes des monarques qui ont toutes été profanées. Que l’on se rassure, le lieu a retrouvé sa quiétude. Et même les soirs de célébrations au Grand stade, que ce soit lors des matchs ou des concerts géants, les vivats de la foule ne troublent pas la tranquillité du lieu. Qui se visite incognito hors des sentiers battus.

    Un trésor bien gardé

    Replongeons-nous dans l’âge mérovingien. A cette époque, Saint-Denis s’appelle La Franciade. C’est une grande foire où s’échangent, aux portes de Paris, des marchandises parfois venues de très loin.

    Saint-Denis

    Témoins ces milliers d’objets retrouvés dans les sous-sols au cours de fouilles qui avaient tout de pêches miraculeuses : un bonnet tricoté, une paire de patins à glace, une tablette d’écriture en ivoire, des statuettes à l’effigie du premier évêque de Paris, la tête tranchée reposant dans sa main… Car la légende de Saint-Denis veut qu’il ait parcouru 6 km, la tête coupée, avant de s’effondrer.

    C’est à cet endroit que l’on a d’abord construit une abbaye, puis une cathédrale fréquentée par des milliers de pèlerins.

    L’abbé Suger, un génial bâtisseur

    C’est sur l’emplacement de l’ancien édifice carolingien que l’abbé Suger, « l’inventeur » du gothique conçoit, à la fin du XXIè siècle, un bâtiment à l’élévation impressionnante, posé sur une forêt de colonnes et éclairé par des ouvertures immenses ornées de vitraux multicolores.

    Vitraux

     

    Vitraux

    Le style fait rapidement école et le nord de la France se couvre de bâtiments religieux à la modernité étonnante et qui rivalisent d’audace.

     

    Monarques endormis

    Au-delà de la beauté du lieu, c’est la nécropole royale – elle se visite tous les jours à 11 heures et 15 heures et le dimanche à 12h30 et 15 heures - qui donne à Saint-Denis tout son intérêt. 42 rois, 32 reines, 60 princes et princesses y ont reposé. Devenu musée, le site ouvre sur une première série de 70 « gisants », impressionnantes figures de calcaire aux yeux ouverts commandées par Saint-Louis à la mémoire de ses ancêtres.

    Trésor

    1 - Buste de Marie d'Anjou, épouse de Charle VII et ainsi Reine de France de 1422 à 1461.
    2- Tombeau de François 1er, de Claude de France et de leurs enfants.

    Il ne faut pas manquer la chapelle des Bourbons avec le petit cœur de Louis XVII conservé dans un vase de cristal rempli d’alcool. Dans une boîte posée en hauteur, des « parties du corps » du Roi Soleil rescapées des pillages successifs. Des mausolées célèbrent la mémoire des grands souverains à commencer par celui du bon roi Dagobert, le premier à être enterré ici.

    Sacristie

    Voici la sacristie de la basilique de Saint-Denis, lieu de cérémonie.

    Si le temps le permet, une escapade dans les environs permet de découvrir, à deux pas, une ancienne abbaye qui abrite aujourd’hui l’internat de la Légion d’honneur. 400 jeunes filles de 10 à 18 ans y apprennent les bonnes manières, en uniforme et loin des tentations du monde.

     

    Art et Culture 3:  La nécropole de la Basilique Saint-Denis

     

     

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