•  

    Amazones

     

    De nos jours, une amazone désigne une femme qui monte à cheval avec les deux jambes du même côté. Cela montre à quel point le mythe des amazones a franchi les siècles. Le nom grec « amazones » signifie « celles qui sont privées d’un sein ».


    Cette appellation fait peut-être référence au fait que ces femmes se coupaient un de leur sein pour tirer plus facilement à l’arc.


    Une citation de l’historien grec du Ier siècle avant notre, Diodore de Sicile fait référence à de farouches guerrières qui pratiquent les arts de la guerre.
    Mais, le mythe des amazones nous vient principalement d’Hérodote, grand voyageur et très certainement le premier historien grec.


    Cependant, Hérodote croyait aux dieux et ses récits comportent de multiples références à des mythes et des légendes.


    Même si nombre de ses références historiques s’avèrent exactes, on ne peut que prendre du recul face à ses informations.


    Néanmoins, certaines découvertes peuvent nous amener à nous demander si les amazones ne sont pas un peu plus qu’un simple fantasme masculin.

     
     
     

     

    Les Amazones selon la mythologie grecque

     

    Peuple de femmes guerrières issu de l’union entre Arès, Dieu de la guerre, et la nymphe Harmonie, les Amazones habitaient une région à l’est de la mer Noire.

     

    Arès (Mars). By Smeerch

     

    Elles ne vivent qu’entre femmes et élèvent leurs filles pour en faire des combattantes et des chasseresses.

     

    Amazonomachie, 2ème moitié du IV° s. ap. J.-C., Turquie. Fragment de mosaïque de pavement, détail, une Amazone, marbre et calcaire, Musée du Louvre. By Antiquité Tardive

     

    Elles ne s’unissent avec des hommes que pour se reproduire. Mais, elles ne conservent auprès d’elles que les filles.

     

    Selon Hérodote, « une fille ne se marie pas avant d’avoir tué un ennemi. Certaines meurent et vieillissent sans avoir été mariées, faut de pouvoir remplir cette mission » (Histoires, livre IV).

     

    Hérodote

     

    Les Amazones vénéraient également Artémis, la virginale déesse de la chasse. Leur société matriarcale ne laissait qu’une place secondaire aux hommes, cantonnés aux travaux domestiques.

     

    Artemis. By Mary Harrsch .(Site de l'auteur)

     

    Les Amazones apparaissent à plusieurs reprises dans la mythologie grecque. L’épisode le plus connu concerne le 9e travail d’Héraclès (Hercule).

     

    La ceinture d’Hippolyté, reine des amazones :

     

    Admétè rêvait de recevoir un cadeau extraordinaire. Son père eut l’idée d’envoyer Héraclès auprès d’Hippolyté, la reine des amazones, et de lui prendre sa ceinture.

     

    Accompagné de Thésée et de Télamon, Héraclès se rendit sur le territoire des farouches guerrières.


    La reine ne fut pas insensible à la virilité du héros et accepta de lui donner la ceinture sans livrer bataille.


    Cette ceinture lui avait été offerte par Arès.

     

    Héraclès. By нσвσ

     

    Mais, cette histoire n’était pas du goût d’Héra, épouse de Zeus. La déesse prit donc la forme d’une amazone et incita les guerrières à se révolter contre Héraclès.


    Ce dernier pensa que Hippolyté l’avait trahi et la tua ainsi que de nombreuses autres amazones.

     

    Peu après cette malheureuse aventure, Thésée s’est rendu chez les amazones pour enlever leur nouvelle souveraine, Antiope, qu’il trouve à son goût.

     

    Thésée et les Amazones. Londres, British Museum

     

    En représailles, les Amazones quittent leur territoire et envahissent l’Attique. Elles sont repoussées par l’armée de Thésée.


    De l’union de Thésée et d’Antiope naît Hippolyte qui deviendra le héros de la pièce de théâtre de Racine, Phèdre.

     

    Dans l’Iliade, les Amazones sont citées à trois reprises mais les indications sont trop vagues pour accréditer leur réelle existence.

     

     

    Mythes sur les Amazones

     

    Beaucoup d’auteurs, à différentes époques, ont écrit sur ce thème. Selon la coutume, ces femmes servaient dans l’armée pour une période déterminée durant laquelle elles conservaient leur virginité.


    Ensuite, elles pouvaient s’accoupler mais conservaient le pouvoir et toutes les responsabilités des affaires de l’Etat.

     

    Pour perpétuer la race, les Amazones se rendaient une fois par an, chez les Gargaréens, pour s'accoupler. Les nouveau-nés mâles étaient tués ou renvoyés chez leurs pères.

     

    Gros plan sur une amazone. Musée du Louvre. By Antiquité Tardive

     

    Pour être crédible, le mythe devait se dérouler dans une région inconnue des Grecs. A l’origine, ils situaient le peuple des amazones dans la région du Caucase.


    Mais, quand les Grecs colonisèrent cette partie du monde, ils ne trouvèrent aucune trace de ce peuple mythique.

     

    Cela n’était pas un problème. On révisa tout simplement la légende et on plaça le royaume beaucoup plus loin à l’est.

     

    Peinture des Amazones (Pierre-Paul Rubens) (Domaine public)

     

    Selon Hérodote, elles avaient migré en Scythie, près de l’actuelle mer d’Azov.

     

    Ce mythe n’est pas purement grec d’ailleurs. Bien après la fin de l’Antiquité, les amazones sont citées par plusieurs explorateurs dont Marco Polo.
    Mais aucune preuve n’est jamais venue étayer ces affirmations.

     

     

    Mythe ou réalité ?

     

    Y a-t-il un fond de vérité dans cette légende ? On sait que dans certaines sociétés anciennes, telle la société nomade des Kourganes en Russie, les femmes étaient traitées comme les égales des hommes.

     

    Il est bien sûr possible que le mythe provienne de descriptions déformées de ces pratiques, inconnues dans le monde grec.

     

    Le combat des Amazones et des Grecs, détail d'un vase attique, IVe siècle avant notre ère (Naples, musée national d'Archéologie). By Antiquité Tardive

     

    Il semble qu’il y ait eu des sociétés dans lesquelles les femmes participaient à l’art de la guerre.


    On a retrouvé un tombeau dans le sud de l’Ukraine qui contenait plusieurs squelettes de femmes enterrées avec des armes.

     

    Certains indices archéologiques semblent démontrer que des femmes, à cheval, ont guerroyé. Par exemple, les os incurvés d’une femme découverts dans une tombe du Kazakhstan attestent une vie passée à cheval.

     

    Détail du "sarcophage des Amazones" (Musée archéologique de Florence). By Antiquité Tardive

     

    Certains historiens pensent d’ailleurs que des tribus primitives et matriarcales seraient à l’origine du mythe des centaures.

     

    Il est probable que le mythe des amazones se fonde sur une certaine réalité. Pour les Grecs dont la société était dominée par les hommes, nul doute que les amazones représentaient un fantasme.


    Cette image inversée avait un impact incontesté sur l’imagination des hommes.

     

    Jusqu’à quel point ces cultures pratiquaient-elles le matriarcat ? Cela reste à découvrir.

     

    V.Battaglia (14.12.2006)

     

     

     

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    ADN et énigmes historiques

     

     

    Les progrès de la génétique et ses applications concrètes offrent des perspectives passionnantes. En effet, grâce à l’ADN, on peut aujourd’hui élucider certains mystères historiques.


    Des scientifiques viennent ainsi de démontrer que les maladies véhiculées par les poux avaient décimées la Grande Armée de Napoléon.


    La mort de Louis XVII a également pu être élucidée. De même, on sait de manière certaine que la célèbre Madame Anderson n’était pas Anastasia, l’une des filles du Tsar Nicolas II.

     
     
     

     

    Les grognards de Napoléon décimés par les poux vecteurs de maladies

     

    C’est à Vilnius, au printemps 2001, qu’un charnier de milliers de squelettes a été découvert. Il s’agissait des restes des grognards de Napoléon, tombés quelques jours après le passage de la Berezina, pendant la retraite de Russie.

     

    Olivier Sutour, professeur d’Anthropologie, à l’Université de Marseille a étudié ces squelettes :

     

    « Il y avait 3 260 squelettes enterrés dans le fossé d’une fortification. En décembre 1812, la température est descendue à – 38°C. Le passage de Vilnius s’est soldé par la mort de 40 000 soldats.

     

    Sur le terrain, il ne restait que des os, des bouts de tissus et quelques bottes. Pas d’armes, très peu d’argent, et des boucles d’oreilles, classiques chez les grognards.

     

    J’ai surtout rapporté des mâchoires ainsi que des bouts d’uniforme avec de la terre autour. C’était à la demande du Pr Didier Raoult, spécialiste des maladies infectieuses.
    On espérait en effet y trouver des poux. »

     

    Les experts savaient déjà que les grognards véhiculaient des poux dans leurs vêtements. A l’époque, on ne savait pas que les poux transmettaient des maladies.

     

    Le lien entre cet insecte et le typhus ne sera établi qu’en 1909.

     

    Dans les restes ramenés de Vilnius, les chercheurs ont découverts cinq « squelettes » de poux dont trois ont la trace du germe de la fièvre des tranchées de la Première Guerre mondiale.

     

    Grâce aux analyses effectuées, sept soldats avaient conservé la trace de la fièvre des tranchées et trois autres avaient le typhus.

     

    Selon les spécialistes, au moins 30% de ces soldats sont morts d’une maladie transmise par les poux.

     

     

    Des traces de peste à Montpellier

     

    En 1997, lors des travaux du tramway, un cimetière médiéval a été mis au jour. Des chercheurs ont découvert dans la nécropole Saint-Côme et Saint-Damien, des milliers de squelettes, enterrés entre le Xe et le XVIe siècle.

     

    Des dents prélevées sur certains d’entre eux ont démontré que ces personnes étaient mortes de la peste noire.


    Cette terrible épidémie avait débuté à Marseille en 1348. La population de Montpellier avait également été décimée.


    Il ne s’agissait ni du typhus, ni de la maladie du charbon mais bien de la peste noire. En effet, des séquences d’ADN de Yersinia pestis, l’agent de l’une des formes de la peste, ont été retrouvées par les chercheurs.

     

     

    Anastasia a-t-elle survécue ?

     

    En 1984, la presse annonçait la mort d’une Américaine, Madame Anderson. Depuis 1920, cette femme avait suscité l’un des grands mystères de l’histoire. Etait-elle vraiment la grande duchesse Anastasia, fille du Tsar Nicolas II, seule survivante du massacre d’Iekaterinbourg ?

     

    Selon la version officielle, Nicolas II, sa femme et leurs cinq enfants ont été exécutés dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918.

     

    Tsar Nicolas II entouré de sa famille. Anastasia est assise à côté de son père

     

    Les corps ont été ensuite dépecés, arrosés d’acide et d’essence, puis brûlés. Les restes ont été jetés dans un puits de mine inondé.

     

    Cette version a toujours contenu des imprécisions et des récits contradictoires.

     

    Les traces du passage de la tsarine et de ses quatre filles auraient été retrouvées à Perm en août et septembre 1918, selon Kirsta, chef du contre-espionnage blanc.

     

    Le 17 février 1920, une jeune femme prétend être Anastasia Romanov. Elle dit avoir été sauvée du massacre par un soldat.
    L’inconnue devient Madame Tchaïkowski puis quitte l’Allemagne en 1929 pour les Etats-Unis, où elle prend le nom de Madame Anderson.

     

    La polémique sur son identité continue jusqu’à sa mort.

    Pourtant, dès 1928, un détective retrouve la trace d’une certaine Franziska Schanzkowski, ouvrière polonaise, qui a déjà fait deux séjours en hôpital psychiatrique.


    Les deux femmes ont une écriture semblable et toutes deux portent une cicatrice au majeur de la main gauche, détail révélée par la mère de Franziska.


    Malgré les faits, Madame Anderson refuse d’admettre l’évidence, tout autant d’ailleurs que ses partisans.

     

    Anna Anderson en 1955

     

    Un test ADN effectué en 1993 a démontré que cette Madame Anderson ne pouvait en aucun cas être Anastasia. Cette analyse de l’ADN a été effectuée sur les restes exhumés de la famille impériale ainsi que sur quelques cheveux de Madame Anderson.

     

    En 1970, une autre femme est morte en laissant derrière elle un manuscrit à n’ouvrir que 10 ans après.


    Dans ce document, publié en 1982, elle affirme être la grande duchesse Maria, sœur d’Anastasia. Cette fois encore, seule une analyse d’ADN pourra révéler la vérité.

     

     

    Louis XVII est-il mort au Temple ?

     

    Louis XVI est monté sur l’échafaud en 1793. Louis XVII a dix ans en 1795 et il vit incarcéré à la prison du Temple.


    C’est un enfant, affaibli et malade, qui meurt 8 mois plus tard de la tuberculose.

     

    Cet enfant a vécu un véritable enfer pendant plus de 6 mois. Il est emmuré, vit dans la pénombre, ne voit jamais personne et ne quitte plus son lit envahi par la vermine.

     

    Louis XVII au Temple, gravure du XVIIIe siècle (Musée Carnavalet, Paris)

     

    C’est Barras, qui, en 1794, rendra à l’enfant des conditions de détention décentes. Un médecin ne pourra que constater qu’il est trop tard.


    L’enfant est atteint de tuberculose et trop faible pour lutter contre la maladie.

     

    Portrait de Louis XVII, par le peintre David

     

    Dès lors, des rumeurs vont circuler, prétendant qu’il y a eut substitution d’enfant avant la séquestration.

     

    Les médecins de l’époque sont eux-mêmes convaincus que l’enfant mort au Temple, n’est pas Louis XVII.

     

    L’affaire du Temple a alimenté régulièrement la chronique depuis. Plusieurs personnes ont prétendus être Louis XVII.
    Le plus célèbre des prétendants est Naundorff, un horloger berlinois, qui débarque à Paris en 1833.


    Cet homme, condamné comme faux-monnayeur, est pourtant reconnu par plusieurs anciens serviteurs de la famille royale.
    Expulsé de France, il finit sa vie aux Pays-Bas.


    Il sera d’ailleurs l’inventeur d’un explosif que l’armée hollandaise utilise jusqu’en 1918 sous le nom de « bombe Bourbon ».

     

    Naundorff en 1845

     

    En avril 2000, à l’initiative de l’historien Philippe Delorme, deux professeurs de génétique humaine ont confirmé que l’enfant du Temple était bien le jeune Louis XVII.


    Le Dauphin est bien mort de la tuberculose à l’âge de 10 ans.

     

    Le cœur de Louis XVII, conservé dans une urne de cristal au Mémorial de France de Saint-Denis, a confirmé le lien familial.
    La comparaison entre l’ADN de ce cœur et le code génétique de Marie-Antoinette, établi notamment à partir de cheveux de la reine, a révélé que l’enfant mort au Temple était âgé d’environ 10 ans et était bien son fils.

     

     

    Quelle était la nationalité de Christophe Colomb ?

     

    Des universitaires de Grenade se sont lancés dans une enquête génétique pour trancher le débat sur la nationalité de Christophe Colomb.


    Etait-il Génois, Catalan, Portugais ou Français ?

     

    Les restes de son fils Hernando ont été exhumés. Les chercheurs doivent maintenant découvrir les descendants.


    A Barcelone, plus de 120 personnes, portant le nom de Colom ont accepté un prélèvement d’ADN. Dans les Pyrénées Orientales, 18 Colomb ou Coulom ont fait de même.

     

    La réponse est attendue avant le 20 mai, date du 500e anniversaire de la mort du navigateur.

     

    V.Battaglia (19.02.2006)

     

     

    Sources principales

    Pour les articles sur les grognards de Napoléon, de la peste à Montpellier et de Christophe Colomb : Midi Livre du samedi 18 février 2006

    Pour les articles sur Anastasia et Louis XVII : La Mémoire de l’Humanité Editions Larousse

     

    Énigmes Historiques:  ADN et énigmes historiques

     

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    Robert Kennedy

     

     

    Quatre ans et demi après l’assassinat de John Kennedy, l’histoire répète sa tragédie avec le meurtre de son frère, Robert Kennedy.


    Ce 5 juin 1968, ce n’est pas seulement le candidat démocrate à la Présidence des États-Unis qui est frappé mortellement par les balles de Sirhan Bechara Sirhan, son meurtrier présumé. Robert Kennedy, comme son frère, représentait un symbole : celui de l’Amérique éprise de justice et de liberté.


    Officiellement, l’instruction contre le meurtrier présumé est close. Cependant, près de 40 ans après les faits, de nombreux doutes subsistent quant à la culpabilité de Sirhan et les mobiles réels de l’assassinat de Robert Kennedy.*

     
     
     

    Qui était Robert Kennedy ?

     

    Surnommé Bob, Robert Kennedy est né le 20 novembre 1925 à Boston. A 17 ans, il s'enrôle dans l'US Navy.


    Après quelques années dans l’armée, il intégrera les universités de Bates College et de Harvard.

     

    Il épaulera toujours son frère, John Kennedy. Ce dernier, une fois élu président, le nomme d’ailleurs Attorney General, l’équivalent de notre ministre de la Justice.

     

    Robert Kennedy et John Kennedy

    Robert Kennedy et John Kennedy. (DP)

     

    Robert Kennedy se révèle un farouche combattant contre la corruption et la grande criminalité. Il mène une lutte féroce contre la pègre, notamment contre Jimmy Hoffa, Sam Giancana ou Santos Trafficante.

     

    Très proche de son frère, il le conseille pendant la crise des missiles de Cuba et l’encourage à se positionner en faveur des droits civiques en 1963.

     

    Après l’assassinat de son frère, il démissionne de son poste.

     

    Il entame alors un nouveau combat mais cette fois-ci contre la pauvreté. Très charismatique, ses discours touchent le cœur des américains.


    Il n’hésite pas non plus à parcourir le monde et notamment le tiers-monde. La pauvreté devient son cheval de bataille.

     

    John Kennedy, J.Edgar Hover et Robert Kennedy

    John Kennedy, J.Edgar Hover et Robert Kennedy. (DP)

     

    C’est en 1964 qu’il se lance à nouveau dans la politique et obtient le poste de sénateur de l'État de New York.

     

    En 1968, il se présente comme candidat démocrate à l’élection présidentielle. Mais, alors qu’il vient de remporter les élections primaires de Californie, il est assassiné le soir même de cette première victoire.

     

     

    L’assassinat de Robert Kennedy

     

    Le 18 mai 1968, 18 jours avant que Robert Francis Kennedy ne soit assassiné dans l'office de l'Ambassador Hotel, à Los Angeles, le jeune immigré palestinien Sirhan B. Sirhan écrit dans son journal intime: « Ma détermination à éliminer RFK devient de plus en plus une obsession inébranlable. »


    Sirhan, d'abord ardent supporter de Robert Kennedy, s'est senti trahi par les déclarations du candidat en faveur de la livraison d'avions militaires à Israël. Ce jour-là, toute la page du journal de Sirhan est une longue litanie de formules autour du même thème: « RFK doit mourir... RFK doit être tué. »

     

    Sirhan B.Sirhan

    Photographie d'identité judiciaire de Sirhan B.Sirhan publiée par la police de Los Angeles. (DP)

     

    Lorsque Robert Kennedy est mortellement touché, le 5 juin, il vient de célébrer avec des supporters sa victoire aux primaires du Parti démocrate en Californie.

     

    Des témoins ont aperçu Sirhan près de lui, tirant un coup de feu. D'après les indices recueillis, l'affaire semble parfaitement simple, même à ceux qui ont eu des doutes sur l'hypothèse officielle d'un tueur isolé dans l'assassinat de John Kennedy, En outre, lors de son procès, Sirhan avouera son crime bien qu'il affirme aussi avoir bu ce soir-là et ne plus se souvenir de rien.

     

    Cet assassinat semble donc n’être que l’acte d’un fanatique un peu déséquilibré. Pourtant, 30 après l’affaire va rebondir.

     

    Dans ses dernières déclarations, en 1997, Sirhan a en effet clamé pour la première fois son innocence.


    De plus, des personnalités comme l'historiographe du président Kennedy, Arthur M. Schlesinger Jr, ou l'écrivain Norman Mailer ont signé une pétition demandant qu'un grand jury de Los Angeles révise le procès.

     

    Enfin, des témoins présents dans l'office de l'hôtel ce soir-là pensent avoir vu d'autres tireurs. La publication, en 1987, des conclusions du FBI et de la police de Los Angeles va dans le même sens.

     

    Ces dépositions ont conduit plusieurs enquêteurs indépendants à réexaminer d'un peu plus près les événements. Il y a, par exemple, la question du nombre de balles tirées: le revolver de calibre 22 de Sirhan n'en contenait que huit; or certains enquêteurs soulignent que des photos prises sur le lieu du crime montrent que plus de huit balles ont été tirées; certaines se sont logées dans l'encadrement d'une porte ou dans le plafond. (Plusieurs pièces à conviction photographiques et l'encadrement de cette porte ont curieusement été détruits plus tard par la police de Los Angeles.)

     

    Assassinat de Robert Kennedy

    Un serveur soutient R.Kennedy mortellement touché. © Bill Eppridge Life Magazine

     

    Ensuite, il a été établi par le rapport d'autopsie du coroner Thomas Noguchi que la balle qui a tué Robert Kennedy a été tirée à moins de 8 cm de sa nuque, alors que la plupart des témoins soutiennent que Sirhan se trouvait à une distance comprise entre 30 cm et 2 mètres.

     

     

    Sirhan a-t-il agi seul ?

     

    Les sceptiques ne contestent pas que Sirhan ait tiré un coup de revolver ce soir-là, mais ils se demandent si c'est bien sa balle qui a tué Kennedy ou s'il y avait d'autres tireurs.

     

    Certains suggèrent même que le jeune homme a pu être attiré dans un piège, voire même hypnotisé.


    Cette thèse est défendue et argumentée dans un documentaire radio intitulé les Bandes magnétiques de l'affaire Robert Kennedy, dont l'auteur est Bill Klaber. Dans son émission de 1993, celui-ci met au jour de légères contradictions dans l'instruction et insinue que la police de Los Angeles s'est montrée négligente en ne suivant pas d'autres pistes.

     

    Robert Kennedy.United States Federal Government

     

    Il révèle aussi les relations épisodiques du jeune homme avec le thérapeute californien William Joseph Bryan Jr, un spécialiste de l'hypnose qui aurait pu être en rapport avec la CIA.

     

    Après le meurtre de Kennedy, Bryan a en effet dit à des amis qu'il avait hypnotisé Sirhan dans son cabinet. Cette déclaration avait suscité un flot de spéculations. De fait, lors de son procès, l'assassin présumé avait déclaré sous serment que la dernière chose dont il se souvenait, c'était d'avoir été assis dans un bar près d'une femme séduisante qui lui parlait de café et de sucre, et d'avoir vu une cafetière brillante mais il ne se rappelait plus rien jusqu'au moment où les coups de feu avaient été tirés, ce qui confirmerait l'idée qu'il n'était alors pas dans son état normal.

     

     

    La thèse du complot

     

    Cette thèse, du complot qui fait intervenir plusieurs personnes autour d'un Sirhan sous hypnose s'appuie sur le témoignage suivant :

    Un policier, arrivé sur les lieux après le crime, a déclaré qu'un couple lui avait dit avoir vu un homme et une femme vêtue d'une robe à pois sortir de l'hôtel en s'écriant « Nous l'avons tué! Nous l'avons tué! »

     

    Un avis de recherche avait alors été lancé pour retrouver le couple, mais il avait été abandonné lorsque Sirhan avait été désigné comme suspect. Or, selon certains, la femme en robe à pois était celle qui avait parlé de café au jeune homme. Ce témoignage renforcerait donc la théorie d'un complot utilisant Sirhan sous hypnose ou non d’ailleurs.

     

    Nombreux sont ceux qui ne veulent pas aller jusqu'à suggérer que Sirhan a été hypnotisé mais qui restent embarrassés par les conclusions de l'autopsie.

     

    L’autopsie est formelle : la balle a été tirée de très près et par-derrière.

     

    Il est également prouvé que plus de huit balles ont été retrouvées sur les lieux du crime.

     

    On peut également se poser des questions sur la manière dont la police de Los Angeles a mené l'enquête.


    Ainsi, Jamie Scott Enyart, un photographe qui dit s'être trouvé dans l'office cette nuit-là et avoir pris un cliché de Kennedy en train de s'effondrer, a reçu une indemnisation de 450 600 dollars en 1996 parce que la police avait perdu les négatifs qu'elle lui avait confisqués.

     

    Il n'existe donc pas de photos connues prises au moment du tir, et la police de Los Angeles a reconnu en avoir détruit au motif qu'il s'agissait de « doubles ». Certains en ont déduit que des clichés décisifs avaient été éliminés pour verrouiller l'accusation contre Sirhan.

     

     

    Pourquoi avoir tué Robert Kennedy ?

     

    A supposer qu'il y ait eu d'autres tireurs, quel pouvait être leur mobile ? Plusieurs historiens ont fait remarquer que Robert Kennedy, malgré son caractère chaleureux, son intelligence, sa préoccupation sincère à l'égard des victimes des injustices sociales, avait aussi de solides ennemis en raison de ses positions fermes contre le crime organisé.

     

    Il menait également campagne contre l'engagement des États-Unis dans la guerre du Viêt Nam.


    Il ne s'était donc pas fait que des amis dans les milieux militaro-industriels et des services secrets.

    Le meurtre de Robert Kennedy est-il lié à celui de son frère, John Kennedy ? Il n’y a aucun doute que la Mafia soit mêlée au meurtre de John Kennedy, directement ou indirectement. Le fait que Robert Kennedy n’est pas eu le temps de pouvoir lutter contre cette même Mafia n’est certainement pas un hasard.

     

    Tombe de Robert Kennedy

    Tombe de Robert Kennedy. By Throwingbull . (CC BY-SA 3.0)

     

    De même, dans les deux affaires il existe un lien avec les intérêts de la CIA. Même si aucun rapprochement direct ne peut être effectué entre ses deux meurtres, les mobiles semblent très proches : lutte contre la criminalité et lutte contre les agissements de la CIA à l’étranger.

     

    On ne peut également s’empêcher de faire un rapprochement sur la méthode employée : un tireur isolé tout désigné comme meurtrier qui s’avère suffisamment fragile pour avoir été manipulé.

     

    Nixon remporta l'élection présidentielle de 1968 et l'engagement américain au Viêt Nam se poursuivit.

     

    L’idéalisme américain incarné par Robert Kennedy est mort avec lui. Il venait juste de promettre à ses supporters la promesse d’une ère nouvelle pour toute l’Amérique.

    V.Battaglia (30.01.2007)

     

    Références

    Chroniques du 20e siècle. Editions Chronique 2000
    Robert Kennedy. Encyclopédie Larousse 2005
    Les plus célèbres mystères de l’histoire, sélection du Reader’s Digest 2004

     

    Énigmes Historiques:   Robert Kennedy

     

    Pin It

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique