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    Poulpes, seiches et calmars prolifèrent

    étrangement

     

     

    Depuis plus d'un demi-siècle, les populations de céphalopodes prolifèrent dans l'ensemble du monde marin. Les activités humaines ne serait pas l'unique facteur responsable de ce phénomène, qui ne serait pas sans conséquence sur les autres espèces aquatiques.

     

     
     

    Une sépiole, de la famille de seiches, supion, casseron, chipiron, etc., d'environ 4 cm, photographiée vivante pour préserver sa couleur, puis relâchée sur le plateau continental belge. Les sépiolidés font partie des céphalopodes dont les populations sont en forte hausse depuis les années 1950. © Hans Hillewaert, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    Une sépiole, de la famille de seiches, supion, casseron, chipiron, etc., d'environ 4 cm, photographiée vivante pour préserver sa couleur, puis relâchée sur le plateau continental belge. Les sépiolidés font partie des céphalopodes dont les populations sont en forte hausse depuis les années 1950. © Hans Hillewaert, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

     
     

    Sur les soixante dernières années, les populations de 35 types de céphalopodes, comprenant les poulpes, les seiches et les calamars, n'ont cessé d'augmenter dans les mers du monde. Si les chercheurs admettaient déjà l'existence de variations au sein et entre les espèces de ce groupe animal, « le fait d’observer un accroissement régulier sur de longues périodes dans trois groupes différents de céphalopodes partout dans les océans du monde est remarquable », déclare Zoë Doubleday, chercheuse à l’université d’Adélaïde, en Australie, et auteur principal de l'article paru dans le journal scientifique Current Biology.

     

    Pour analyser l'abondance des céphalopodes dans le monde, les chercheurs se sont basés sur des séries de données issues de prises de pêche et de captures par échantillonnage scientifique, entre 1953 et 2013, dans l'hémisphère nord (69 % de la surface totale étudiée) et dans l'hémisphère sud (31 %). Les animaux prélevés sont pour 52 % des calmars, 31 % des poulpes et 17 % des seiches et autres supions, casserons ou sépioles.

     

    Que ce soit dans les collectes des pêcheurs ou des scientifiques, les résultats montrent que les populations de céphalopodes ont significativement augmenté au cours des six dernières décennies. Pour les auteurs de l'étude, ceci suggère que les tendances ne sont pas uniquement dues à des facteurs liés à la pêche. D'autres processus communs à une large gamme d'environnements côtiers et océaniques à grande échelle seraient également impliqués, comme des changements biochimiques ou climatiques, les céphalopodes étant connus pour y être très sensibles.

     

    Des températures marines élevées, par exemple, pourraient accélérer les cycles de vie des céphalopodes, et donc accroître leur nombre – à condition que la gamme thermique optimale de l'espèce ne soit pas dépassée et que la nourriture ne soit pas limitée, soulignent les chercheurs.

     

    Connus pour avoir une croissance rapide et une espérance de vie courte, les céphalopodes ont des physiologies extrasensibles qui pourraient leur permettre de s’adapter plus rapidement que d’autres espèces marines, notamment en réponse à la surpêche qui diminuent les stocks de poissons. © F. Lamiot, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0
    Connus pour avoir une croissance rapide et une espérance de vie courte, les céphalopodes ont des physiologies extrasensibles qui pourraient leur permettre de s’adapter plus rapidement que d’autres espèces marines, notamment en réponse à la surpêche qui diminuent les stocks de poissons. © F. Lamiot, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.

     

    L'acidification des océans favoriserait aussi

    les céphalopodes

     

    Autre hypothèse pouvant expliquer la croissance des populations de céphalopodes : l'épuisement mondial des stocks de poissons, dû à la surpêche, diminuerait la prédation sur les céphalopodes et réduirait leur compétition pour les ressources nutritives, comme cela est observé dans certaines régions sans que les mécanismes ne soient encore clairement identifiés.

     

    D'autres facteurs environnementaux pourraient conférer un avantage concurrentiel aux céphalopodes par rapport aux autres animaux marins, comme l'évolution des systèmes actuels, l'augmentation des phénomènes météorologiques ou encore l'eutrophisation (ou acidification) de leur environnement induit par l'augmentation des émissions de dioxyde de carbone dans l'atmosphère.

     

    Pour les chercheurs, la profusion de ces prédateurs voraces est susceptible d'impacter les populations de leurs proies que sont des poissons et des invertébrés marins. Un accroissement des populations de céphalopodes peut aussi profiter à leurs prédateurs, dont fait partie l'Homme, ajoutent-ils.

     

    Avec la baisse des stocks de poissons, les céphalopodes seraient même devenus une composante de plus en plus importante de la pêche mondiale, certaines pratiques montrant déjà des signes de surexploitation. Pour les auteurs, « il sera essentiel de gérer les stocks de céphalopodes de manière appropriée afin qu'ils ne subissent pas le même sort que beaucoup de leurs homologues ». Déterminer précisément les causes responsables de ce phénomène continuel est l'objectif des prochaines investigations scientifiques.

     

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    Tara Pacific : la plus vaste étude des

    récifs coralliens débute demain

     

     

    Actuellement, 20 % des coraux sont menacés de disparition d'ici à moins de 40 ans et leur biologie conserve encore des mystères. Demain, la goélette Tara quittera Lorient pour l'océan Pacifique et mènera durant deux ans et demi la plus grande campagne scientifique de ce genre. L'aventure a aussi un intérêt médical car les océanographes du bord s'intéresseront à une capacité étonnante des polypes du corail : leur longévité. L'approche est originale. Voici pourquoi.

     

     
     


    Dans ce film produit par Coral Guardian, une association protectrice des milieux marins, nous plongeons parmi de merveilleux coraux fluorescents. Un voyage étonnant que nous vous invitons à vivre en vidéo.

     
     

    Jamais une telle investigation scientifique sur le corail n'aura été menée dans l'océan Pacifique. L'animal, fixé, est certes facile à étudier mais l'ausculter sur 100.000 km demande d'importants moyens humains, techniques et financiers. Tara Expéditions, qui organise des missions scientifiques à but non lucratif depuis 2003, a trouvé la bonne équation. Entre 2009 et 2012, la goélette Tara avait passé plus de deux ans dans plusieurs océans et les biologistes du bord avait mené une vaste étude du plancton qui avait ramené « des trésors », comme nous l'avait expliqué Christian Sardet, grand spécialiste du domaine. Auparavant, l'expédition Tara Artic avait parcouru l'océan Arctique, où elle est retournée en 2013 (Tara a été imaginée par Jean-Louis Étienne, qui l'avait baptisée Antarctica). En Méditerranée, le navire était parti à la chasse des polluants en matière plastique.

     

    Ce samedi 28 mai, depuis Lorient (comme toujours), l'équipe lance Tara Pacific 2016-2018. Objectif : étudier de manière originale et approfondie les récifs coralliens, en se concentrant sur trois espèces et sur un poisson, afin de mieux comprendre leur évolution face aux variations climatiques et aux pressions anthropiques. La méthode est « transversale », consistant à analyser ces espèces à l'échelle de l'océan Pacifique entier, « où se concentrent plus de 40 % des récifs coralliens de la planète », explique l'équipe, ce qui n'a jamais été fait…

     

    S'ils ne couvrent qu'une infime partie de la superficie des océans (moins de 0,16 %), les récifs coralliens réunissent près de 30 % de la biodiversité marine. « Leur santé est donc cruciale pour la diversité des espèces qu'ils abritent mais aussi pour l'humanité, expliquent les organisateurs. Étudier un tel écosystème à l'échelle de l'océan Pacifique devient une priorité alors qu'une grande partie des récifs coralliens – véritables indicateurs de la santé des océans – tend à disparaître ces dernières années... »

     

    En cause, le réchauffement des températures des eaux de surface qui provoque un stress chez le corail et conduit à son blanchissement. « L’ampleur du phénomène et ses conséquences concrètes sur les récifs de la planète restent encore incertaines », rappelle l'équipe. Sont également concernés des facteurs humains comme la pollution, l'acidification des océans, les méthodes de pêchedestructives, les dégradations dues au tourisme de masse, les rejets de sédiments, etc.

     

    La précédente mission de Tara Expéditions visait l’étude du plastique en mer Méditerranée. On voit ici de minuscules fragments parmi du zooplancton. © Christian Sardet, Tara Expéditions
    La précédente mission de Tara Expéditions visait l’étude du plastique en mer Méditerranée. On voit ici de minuscules fragments parmi du zooplancton. © Christian Sardet, Tara Expéditions

     

    La fragilité du corail reste incomprise

     

    Pour Romain Troublé, secrétaire général de Tara Expéditions, cette vaste recherche viendra compléter des travaux bien développés sur des sites spécifiques, comme en Australie. « La première attente est d'ordre fondamental, déclare Serge Planes, spécialiste du corail du Pacifique depuis 25 ans (laboratoire Criobe-CNRS) et directeur scientifique de Tara Pacific. Quelles sont les causes de la fragilité des coraux ? »

     

    Pour tenter de répondre à cette question, trois espèces largement distribuées seront étudiées :Porites lobata, Pocillopora mandrina et Millepora platyphylla. Il a fallu monter des protocoles, choisir une quarantaine de sites corallifères dans différentes zones biogéographiques, « sur la base de nos connaissances », indique Serge Planes, et monter des équipes d'une quinzaine de personnes (scientifiques et marins) remplacées tous les trimestres. « Toutes les compétences nécessaires sont réunies (virologie, bactériologie, systématique, génomique, etc.), du postdoctorant au scientifique senior », ajoute-t-il.

     

    Sur les îles, le revêtement des sols rend ces derniers imperméables, ce qui accentue le lessivage des sédiments. Ils s'accumulent en mer et étouffent les coraux (ici Millepora platyphylla). Revoir les politiques d'aménagement est l'une des pistes pour améliorer la conservation des coraux. © Pannini, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0
    Sur les îles, le revêtement des sols rend ces derniers imperméables, ce qui accentue le lessivage des sédiments. Ils s'accumulent en mer et étouffent les coraux (ici Millepora platyphylla). Revoir les politiques d'aménagement est l'une des pistes pour améliorer la conservation des coraux. © Pannini, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

     

    Quel bruit fait le corail ?

     

    Deux transects sont au programme pour passer à la loupe îles, îlots et archipels : l'un d'est en ouest sur 2016-2017 et un second, du sud vers le nord (2017-2018). Ces trajets permettront notamment d'observer les récifs des zones chaudes et à salinité forte et ceux de zones plus froides et moins salées. « Comment évoluent-ils par rapport à leur environnement physico-chimique ?, se demande Romain Troublé. On sait que dans certaines zones, des coraux subissent un irréversible phénomène de blanchissement. D'autres, ailleurs, sont capables de le surmonter ». Les tracés marins croiseront en outre des endroits à forte et faible activité humaine. Il n'est pas impossible que des coraux très isolés en souffrent indirectement, à distance, envisagent les scientifiques.

     

    Quelles sont les causes de leur résilience ou de leur non-résilience ? « Les coraux sont-ils notamment capables d'émettre des composés chimiques leur conférant une résilience à l'échelle du Pacifique ? Il semblerait que Millepora platyphylla, le corail de feu, serait plus résistant, mais cela reste à vérifier », souligne Serge Planes.

     

    En tout, une dizaine de paramètres dont « le bruit que font les coraux » seront relevés. « Nous allons forcément découvrir de nouvelles choses car nous regardons le problème différemment », annonce Romain Troublé.

     

    Après le départ de Lorient, la goélette Tara prendra la direction des États-Unis, puis du Panama et visitera l'Asie du Sud-Est (Japon, Taïwan, Chine, Corée du Sud) et le Pacifique Sud (Nouvelle Zélande). « On va essayer d'éviter les typhons », ironise Romain Troublé. Le bateau devrait être en Polynésie du 4 octobre au 6 novembre puis à Wallis et Futuna en décembre, avant de gagner la Nouvelle-Calédonie. L'équipe sera aux îles Fidji lors de la Conférence mondiale triennale sur les océans et les mers de 2017 organisée par les Nations unies. Tous les trois mois, les échantillons seront rapportés à la vingtaine de laboratoires partenaires (Arabie Saoudite, Australie, États-Unis, Europe, Japon, Nouvelle Zélande). Les premiers articles scientifiques devraient sortir courant 2018.

     

    L'expédition Tara Pacific va parcourir 100.000 km et récoltera 40.000 échantillons lors d'une étude à l'échelle de l'océan Pacifique. Le but est de comprendre la biodiversité des récifs mais aussi les résistances et les faiblesses du corail, de plus en plus touché par le « blanchissement », quand le polype expulse son algue symbiotique. © Terry Hughes, ARC Centre of Excellence for Coral Reef Studies

    L'expédition Tara Pacific va parcourir 100.000 km et récoltera 40.000 échantillons lors d'une étude à l'échelle de l'océan Pacifique. Le but est de comprendre la biodiversité des récifs mais aussi les résistances et les faiblesses du corail, de plus en plus touché par le « blanchissement », quand le polype expulse son algue symbiotique. © Terry Hughes, ARC Centre of Excellence for Coral Reef Studies

     

    Environnement:  Tara Pacific : la plus vaste étude des récifs coralliens débute demain + vidéo

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    Explosion du nombre de céphalopodes

    dans les océans

     

    Le réchauffement de la planète paraît profiter aux céphalopodes comme les... (PHOTO AFP)

     

     
    Agence France-Presse
    Washington
     

    Le réchauffement de la planète paraît profiter aux céphalopodes comme les poulpes, les seiches et les calamars, dont les populations se sont multipliées ces dernières décennies, selon une étude publiée lundi.

     

    «On sait très bien que les populations de céphalopodes peuvent varier de façon importante à l'intérieur de chacune des espèces comme entre les espèces», relève Zoë Doubleday, chercheuse à l'Institut de l'environnement de l'Université d'Adélaïde en Australie, principal auteur des travaux publiés par la revue Current Biology.

     

    «Mais le fait d'observer un accroissement régulier sur de longues périodes dans trois groupes différents de céphalopodes partout dans les océans du monde est remarquable», estime-t-elle précisant que leur nombre «a nettement augmenté ces soixante dernières années».

     

    Il y avait de plus en plus de spéculations sur le fait que ces animaux marins connaissaient une forte prolifération en réponse à un changement de l'environnement, d'après les tendances observées dans les pêcheries.

     

    Ces animaux sont connus pour avoir une croissance rapide, une espérance de vie courte et des physiologies extra-sensibles qui pourraient leur permettre de s'adapter plus rapidement que d'autres espèces marines.

     

    Pour cette étude, Zoë Doubleday et d'autres chercheurs ont rassemblé et analysé les taux de prises de pêche de ces animaux marins entre 1953 et 2013. Ils ont constaté que les populations des 35 espèces de céphalopodes observées augmentaient de façon continue.

     

    «Les céphalopodes sont des prédateurs voraces et adaptables et l'augmentation de leur nombre pourrait avoir un impact sur les espèces qui sont leurs proies, comme des poissons et des invertébrés qui ont une valeur commerciale», écrivent les auteurs.

     

    Mais «un accroissement des populations de céphalopodes peut aussi profiter à leurs prédateurs qui dépendent d'eux pour se nourrir ainsi qu'aux pêcheries», ajoutent-ils.

     

    Selon ces chercheurs, il est difficile de prédire l'évolution du nombre de céphalopodes à l'avenir surtout si les pressions exercées par les pêcheries continuent à augmenter.

     

    Ces chercheurs vont maintenant tenter de déterminer les facteurs responsables de cette prolifération. «Cela pourrait nous donner un éclairage encore plus important sur l'impact des activités humaines sur le changement des écosystèmes océaniques», juge Zoë Doubleday.

     

    Environnement:  Explosion du nombre de céphalopodes dans les océans

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    Des pluies extrêmes plus fréquentes

    dans le sud-est de la France ?

     

     

    Afin d’étudier l’évolution des pluies extrêmes entre 1958 et 2014 dans la région méditerranéenne du sud-est de la France, des chercheurs ont analysé, à l’aide d’un modèle statistique, deux jeux de données correspondant à des échelles spatiales différentes. Il en ressort que les pluies extrêmes ont connu une relative stabilité des années 1960 jusqu’au milieu des années 1980… suivie d’une augmentation jusqu’à nos jours.

     

     
     

    Dans les régions du sud-est de la France, les pluies extrêmes sont-elles devenues plus fréquentes que dans le passé ? Quelles sont les tendances pour le futur ? © alexkatkov, Shutterstock

    Dans les régions du sud-est de la France, les pluies extrêmes sont-elles devenues plus fréquentes que dans le passé ? Quelles sont les tendances pour le futur ? © alexkatkov, Shutterstock

     
     

    Il est maintenant avéré que le changement climatique global affecte le cycle hydrologique. Cependant, l’attribution de la variabilité régionale de ce cycle aux processus climatiques et météorologiques reste une question ouverte.

     

    La région méditerranéenne du sud-est de la France est particulièrement sensible aux épisodes de fortes pluies. Parmi les plus récents évènements mémorables, citons les crues gardoises de 1958 et de 1988 (Nîmes), les crues de l’Ouvèze (Vaison-la-Romaine) en 1992, de l’Aude en 1999, du Gard en 2002, du Nartuby (Draguignan) en 2010, de l’Hérault en 2013, 2014 et 2015, et l’inondation de Cannes au début du mois d’octobre 2015…

     

    Au regard de ces dates, les chercheurs s’interrogent : ces évènements de pluies extrêmes sont-ils devenus plus fréquents que dans le passé et qu’en sera-t-il dans le futur ?

     

    Un moyen de répondre à ces questions est d’étudier la tendance de ces fortes pluies. Depuis les années 2000, les études de tendances sur la région méditerranéenne du sud-est de la France se sont multipliées, mais avec des méthodologies et des zones d’études différentes. Elles ont conduit à des résultats contrastés qui n’ont pu être attribués jusqu’à présent aux différences de méthodologie ou à la variabilité du cycle hydrologique.

     

    Augmentation relative des maxima annuels de cumuls quotidiens de pluie entre 1985 et 2014 par rapport à la moyenne des maxima de la série, pour les données des pluviomètres (ronds) et pour les données Safran (carrés, échelle de 8x8 km2). Les plus fortes augmentations (jusqu’à 60 %) issues des données ponctuelles des pluviomètres sont observées sur l’arête des Cévennes. Cette tendance connaît néanmoins une forte variabilité entre stations pluviométriques et c’est pourquoi elle apparaît atténuée avec les données Safran. Inversement, dans la vallée du Rhône, cette variabilité entre stations étant plus faible, les augmentations issues des données Safran y atteignent des valeurs relativement fortes (de 20 à 30 %), comparables aux tendances ponctuelles. Une forte variabilité de la tendance est également observée à l’échelle régionale avec une augmentation statistiquement significative de 20 à 60 % des maxima annuels dans la moitié est de la région, incluant la pente des Cévennes et une partie de la vallée du Rhône (délimitée par le V en pointillé), mais sans aucune tendance significative dans le Massif central et le pourtour méditerranéen. © CNRS
    Augmentation relative des maxima annuels de cumuls quotidiens de pluie entre 1985 et 2014 par rapport à la moyenne des maxima de la série, pour les données des pluviomètres (ronds) et pour les données Safran (carrés, échelle de 8x8 km2). Les plus fortes augmentations (jusqu’à 60 %) issues des données ponctuelles des pluviomètres sont observées sur l’arête des Cévennes. Cette tendance connaît néanmoins une forte variabilité entre stations pluviométriques et c’est pourquoi elle apparaît atténuée avec les données Safran. Inversement, dans la vallée du Rhône, cette variabilité entre stations étant plus faible, les augmentations issues des données Safran y atteignent des valeurs relativement fortes (de 20 à 30 %), comparables aux tendances ponctuelles. Une forte variabilité de la tendance est également observée à l’échelle régionale avec une augmentation statistiquement significative de 20 à 60 % des maxima annuels dans la moitié est de la région, incluant la pente des Cévennes et une partie de la vallée du Rhône (délimitée par le V en pointillé), mais sans aucune tendance significative dans le Massif central et le pourtour méditerranéen. © CNRS

     

    Dégager les tendances passées, actuelles et futures

     

    Des chercheurs du Laboratoire d’études des transferts en hydrologie et environnement (LTHE/OSUG, université Grenoble-Alpes/CNRS/INPG/IRD), d’Hydro-Sciences Montpellier (HSM/OREME, CNRS/université de Montpellier/IRD) et du Centre national de recherches météorologiques (CNRM, CNRS/Météo-France) ont initié une collaboration dans le but de comparer diverses méthodologies utilisées pour détecter les tendances des pluies extrêmes, de fournir un diagnostic unique et consensuel pour la région méditerranéenne française sur la tendance passée de ces évènements et enfin d’estimer leur tendance future à l’aide de la modélisation du climatrégional (Med-Cordex : www.medcordex.eu).

     

    Les chercheurs du LTHE ont tout d’abord montré, sur le plan méthodologique, qu’il était indispensable de travailler dans un cadre probabiliste en utilisant un modèle de probabilité d’occurrence des forts cumuls quotidiens de pluie (ici, les maxima annuels de ces cumuls) pour filtrer les problèmes inhérents à l’échantillonnage de la pluie.

     

    Ce travail s’est différencié des précédents sur plusieurs points :

     

    • un terrain d’étude plus vaste qui incluait sept départements de la région méditerranéenne du sud-est de la France ;
    • une analyse à deux échelles spatiales pour évaluer les cumuls de pluie, une échelle ponctuelle (données issues de pluviomètres) et une échelle de 8x8 km2 (données Safran) ;
    • l’utilisation d’un modèle probabiliste avec lequel plusieurs scénarii d’évolution des fortes pluies ont été évalués, qui incluaient tous une période de transition précédée ou suivie d’une période d’augmentation ou de diminution des cumuls de pluie.

    L’étude a porté sur la période 1958-2014. Il s’avère qu’à l’échelle de la région, le scénario le plus probable est une stabilité jusqu’au milieu des années 1980 puis une augmentation jusqu’à nos jours des maxima annuels des cumuls quotidiens de pluie.

     

    Dans un futur proche, les chercheurs s’attacheront à vérifier la fiabilité de ces résultats, à s’assurer que les modèles climatiques régionaux reproduisent ces tendances pour ensuite estimer les tendances futures selon les différents scénarios d’émission des gaz à effet de serre et d’aérosols et enfin, à mettre en place une méthodologie permettant l’attribution de ces résultats aux processus physiques sous-jacents.

     

    Environnement:  Des pluies extrêmes plus fréquentes dans le sud-est de la France ?

     

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    Le tiers des espèces d'oiseaux d'Amérique

    du Nord seraient menacées d'extinction

     

    Seuls deux groupes d'oiseaux, les rapaces et les... (Archives, La Presse)

     

    Seuls deux groupes d'oiseaux, les rapaces et les oiseaux d'eau (canards, outardes), s'en tirent mieux que les autres, selon le rapport - et c'est bien parce qu'ils font déjà l'objet de mesures de conservation, soutient M. Price.

    ARCHIVES, LA PRESSE

     
    BOB WEBER
    La Presse Canadienne
     

    Le tiers de toutes les espèces d'oiseaux en Amérique du Nord risquent de disparaître si rien n'est fait pour les protéger, conclut la toute première étude continentale menée conjointement par le Canada, les États-Unis et le Mexique.

     

    Des 1154 espèces actuellement répertoriées en Amérique du Nord, de la péninsule du Yucatan jusqu'à l'île de Baffin, 432 sont considérées à haut risque de disparaître, soutient l'Initiative nord-américaine de conservation des oiseaux, qui a regroupé une quinzaine d'organismes sans but lucratif des trois pays.

     

    Selon Steven Price, de l'organisme Études d'oiseaux Canada, qui a contribué au projet, ce constat corrobore une tendance générale observée dans chacun des pays nord-américains depuis plusieurs années.

     

    Les oiseaux de mer seraient les plus menacés de tous, précise l'étude. Leurs populations ont diminué de près de 75 pour cent depuis les années 1950, et 57% de ces espèces seraient en voie d'extinction si rien n'était fait pour les protéger. Les espèces tropicales et sous-tropicales seraient presque aussi mal en point, selon l'étude. De plus, entre le quart et le tiers des espèces qui vivent près des côtes, dans les prairies ou sur les terres sèches seraient aussi menacées de disparaître.

     

    Même dans les vastes forêts boréales du nord des provinces canadiennes, environ 20 pour cent de toutes les espèces aviaires seraient menacées d'extinction.

     

    Seuls deux groupes d'oiseaux, les rapaces et les oiseaux d'eau (canards, outardes), s'en tirent mieux que les autres, selon le rapport - et c'est bien parce qu'ils font déjà l'objet de mesures de conservation, soutient M. Price.

     

    Les coupables sont bien connus: le développement immobilier, l'agriculture et l'industrie, la pollution, ainsi que les changements climatiques.

     

    Une étude de 2014 menée par la Société Audubon a conclu que 126 espèces d'oiseaux pourraient perdre près de la moitié de leur habitat naturel d'ici 2050 à cause des changements climatiques. Une autre étude, réalisée en 2015 à l'Université McGill, concluait que plus de 70 pour cent des forêts de la planète se trouvent à un kilomètre d'une route, d'un champ, d'une ville ou d'une autre activité humaine.

     

    Nature Canada, organisme aussi impliqué dans l'étude, demande plus de 80 millions $ pour la recherche et la conservation, ainsi que la création de réserves nationales de faune et d'aires marines de conservation. Certains organismes réclament que la moitié des forêts boréales du Canada fassent l'objet d'une protection particulière. Le Québec et l'Ontario se disent prêts à tenter d'atteindre cette cible.

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