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    16 janvier 27 avant JC

    Octave reçoit le titre d'Auguste

     

    Le 16 janvier de l'an 27 av. J.-C., le Sénat romain décerne à Octave le surnom d'Augustus (Auguste) habituellement réservé aux divinités.

    Ce titre honorifique désigne celui qui agit sous de bons auspices. Il récompense le petit-neveu et fils adoptif de Jules César pour avoir restauré les formes de la République sénatoriale et pacifié le pays en mettant fin aux guerres civiles qui l'ensanglantaient depuis un siècle.

    Trois jours auparavant, Octave avait habilement démissionné de toutes ses fonctions et le Sénat, désemparé, l'avait supplié de revenir ! Et c'est ainsi que le sénateur Lucius Munatius Plancus, qui avait trahi Marc Antoine au profit d'Octave à la veille de la bataille d'Actium, suggère de décerner à ce dernier le surnom Auguste.

     

    Statue équestre d'Octave en bronze, mer Égée (1er quart du 1er siècle ap. JC, musée national d'Athènes), photo : André Larané

    Né 36 ans plus tôt, Octave (qui a pris le nom d'Octavien après son adoption par César) a usé sans scrupules de toutes les ressources de son esprit rusé pour défaire les assassins de César et éliminer ses propres alliés. Il a témoigné dès ses jeunes années d'une habileté politique qui lui a permis de l'emporter sur de fortes personnalités, des hommes mûrs et des guerriers tels que Brutus, Antoine et Cicéron.

    Il possède désormais un pouvoir quasiment absolu grâce au cumul à vie des plus hautes fonctions de la République.

    Avec l'arrivée au pouvoir d'Octave, la République romaine va évoluer en quelques années en principat (avec un homme tout-puissant à sa tête) sans que ses structures traditionnelles aient été en apparence modifiées ! Cette transformation progressive de Rome en un « empire » qui ne dit pas son nom suscite des regrets y compris chez les proches d'Octave, comme Agrippa, le héros de la bataille d'Actium.

    André Larané

     

    Éphéméride du Jour 4:  Octave reçoit le titre d'Auguste - 16 janvier 27 avant JC

     

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    15 octobre 1582

     

    Naissance du calendrier grégorien

     

     

    Les Romains, les Portugais et les Espagnols qui se couchèrent le soir du jeudi 4 octobre 1582 eurent le privilège de se réveiller le lendemain vendredi, non pas un 5 octobre mais un... 15 octobre.

    La raison de cette anomalie est que le pape Grégoire XIII avait décidé de supprimer les dix jours suivant le 4 octobre 1582 pour rectifier une bonne fois pour toutes les erreurs du calendrier antérieur et permettre l'entrée en application de son propre calendrier.

    Auparavant, les Européens s'en tenaient au calendrier julien, ainsi nommé d'après Jules César, premier grand ordonnateur de la mesure du temps. Depuis Bède le Vénérable, un moine de l'époque de Charlemagne, ils avaient pris par ailleurs l'habitude de compter les années à partir de la naissance du Christ.

     

    Réunion de la commission papale (registre de Sienne)

    Ultimes ajustements

    Vers la fin du Moyen Âge, des astronomes et des savants comme Robert Grosseteste ou Roger Bacon s'aperçoivent que l'année calendaire dépasse l'année solaire de... 11 minutes 14 secondes (il ne s'agit pas vraiment d'une découverte car le Grec Hipparque avait déjà mesuré la durée véritable de l'année solaire... un an avant la réforme de Jules César).

    La Terre tourne autour du Soleil en 365 jours 5 heures 48 minutes et 46 secondes (environ) alors que l'année julienne compte 365 jours et 6 heures en tenant compte des années bissextiles.

    Le cumul de cette avance conduit au XVIe siècle à un décalage de dix jours entre l'année solaire et l'année calendaire de sorte que le 1er janvier « julien » coïncide avec le véritable 11 janvier « solaire ».

    Le décalage pose des problèmes aux savants de l'Église qui doivent établir chaque année le comput (ou calendrier des fêtes) et déterminer en particulier la date de Pâques, principale fête chrétienne (elle célèbre la résurrection de Jésus-Christ, trois jours après sa mort sur la croix). En conséquence, en 1563, le concile de Trente confie au Saint-Siège le soin de réformer le calendrier.

    L'objectif est d'une part, de raccourcir les années calendaires pour les mettre en accord avec les années solaires, d'autre part, de supprimer l'avance prise par le calendrier sur les saisons depuis la réforme de Jules César.

    La réforme de Grégoire XIII

    Né le 7 janvier 1502 à Bologne sous le nom de Hugo Boncompagni, monté sur le trône de Saint Pierre à 70 ans, le pape Grégoire XIII se rallie à l'avis des savants réunis en commission, notamment le médecin romain Aloisius Lilius, le jésuite Christophe Calvius de Bamberg, le théologien Vincenzo Laureo et le juriste Séraphin Olivier.

    Il décide le 24 février 1582 de supprimer désormais trois années bissextiles sur cent afin de mettre le calendrier en concordance avec l'année solaire par une opération dite « métemptose » - ou équation solaire -.

    Il attribue 365 jours, et non 366, à trois sur quatre des années de passage d'un siècle à l'autre. Les années en 00 ne sont pas bissextiles sauf les divisibles par 400 : 1600, 2000, 2400...

    De la sorte, les années 1700, 1800 et 1900 ont été privées du 29 février mais l'année 2000 l'a conservé. Cette modeste réforme ramène à 25,9 secondes l'écart avec l'année solaire (une broutille).

    Par ailleurs, le pape décide de rattraper les dix jours de retard depuis la réforme de Jules César. Le rattrapage se produit dans la nuit du 4 au 15 octobre de la même année...

    Mais nous sommes en pleine guerre de religion entre catholiques et protestants. Seuls les États acquis à la Contre-Réforme catholique adoptent le calendrier du pape. Ce sont les États pontificaux, l'Espagne et le Portugal.

    La France y vient deux mois plus tard, dans la nuit du 9 au... 20 décembre 1582, l'Allemagne du sud et l'Autriche en 1584, la Prusse en 1610, l'Allemagne du nord en 1700. La Grande-Bretagne, qui préfère être « en désaccord avec le soleil plutôt que d'accord avec le pape » ne se résout à la réforme que le 2-12 septembre 1752. Le Japon et la Chine y viennent en 1911, la Russie en 1918, la Grèce en 1923, la Turquie en 1923...

    Le 1er janvier 1622, le Saint-Siège complète l'aménagement du calendrier. Il décide que, partout dans le monde catholique, l'année calendaire commencera désormais ce jour-là, le 1er janvier. C'est un retour au choix de Jules César, délaissé à l'époque des barbares. L'empereur Charles Quint et le roi de France Charles IX avaient déjà mis en oeuvre cette mesure dans leurs domaines respectifs au cours du siècle précédent.

    En 1793, les révolutionnaires français tentent mais en vain d'abolir le calendrier grégorien auquel ils reprochent une trop forte connotation religieuse.

    Aujourd'hui, suite à l'expansion européenne des derniers siècles, le calendrier grégorien est reconnu dans le monde entier ou à peu près. Il a perdu par là même sa référence religieuse. À preuve le succès des célébrations de l'An 2000 sur toute la planète...

    Marie Desclaux
     
     
    Conséquences  du changement de calendrier

    Les historiens datent les événements d'un pays quelconque d'après le calendrier en vigueur dans ce pays à ce moment-là. C'est ainsi que les deux révolutions russes de 1917 sont baptisées d'après le calendrier julien en vigueur dans l'ancienne Russie. La révolution démocratique dite « Révolution de Février » s'est déroulée en mars selon le calendrier grégorien et la révolution bolchevique, dite « Révolution d'Octobre », en novembre.

    Il peut y avoir des discordances sur les dates. Par exemple, les traités d'Utrecht de 1712-1713 ne sont pas datés du même jour selon que l'on a affaire à un historien britannique ou à un historien français ou espagnol.

    Enfin, on peut noter que Cervantès et Shakespeare sont morts à la même date, le 23 avril 1616, mais à onze jours d'intervalle. Shakespeare est mort le 23 avril 1616 selon le calendrier julien « old style » en vigueur à cette époque en Angleterre ; et le 12 avril 1616 selon le calendrier grégorien « new style ».

     

    Éphéméride du Jour 4:  Naissance du calendrier grégorien - 15 octobre 1582

     

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    14 octobre 1066

    Guillaume le Bâtard conquiert l'Angleterre

     

     

    Le 14 octobre 1066, une petite armée féodale, à peine débarquée en Angleterre, bat les troupes du roi en titre. La victoire à Hastings du duc de Normandie Guillaume le Bâtardsur le roi Harold marque la naissance de l'Angleterre moderne.

    À noter qu'après le débarquement de Guillaume, toutes les tentatives ultérieures de conquête de l'Angleterre échoueront, dont celle de Louis, fils de Philippe Auguste, en 1215, celle de Philippe II et l'Invincible Armada en 1588 et celle de Napoléon en 1805.

    André Larané
     
    Bataille d'Hastings (1066) : l'infanterie saxonne fait front à la cavalerie normande sous une volée de flèches (tapisserie de Bayeux, droits réservés : Musée de Bayeux)

    Fils de Viking

    Le nouveau maître de l'Angleterre, Guillaume, est un robuste guerrier qui ne s'en laisse pas conter. Il descend d'un chef viking, Rollon.

    Cent cinquante ans plus tôt, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte (911), Rollon a obtenu du roi carolingien de Francie occidentale, le faible Charles le Simple, le droit de s'établir à l'embouchure de la Seine, en échange du baptême et de l'hommage de vassalité.

    Le duc Rollon et ses Vikings étendent très vite leur domination à l'ensemble de la région, à laquelle ils donnent leur nom, Normandie («pays des hommes du Nord»). Ils adoptent dans le même temps les moeurs féodales et la langue de leur pays d'adoption, la France.  

    Guillaume, un bâtard formé à la dure

    L'un des successeurs de Rollon, le duc Robert 1er le Magnifique (ou Robert le Diable), est un homme à poigne qui ne s'en laisse pas conter. Deuxième fils du duc Richard II, on le soupçonne d'avoir fait empoisonner son frère Richard III. Contre ses vassaux rebelles et leur protecteur le duc Alain de Bretagne, il s'allie au roi capétien Henri 1er, ce qui lui vaut de recevoir le Vexin français. 

    Il a de nombreuses concubines mais sa préférée est la fille d'un tanneur de Falaise, Arlette, qui donne naissance au futur Guillaume le Conquérant vers 1027.

    Le 13 janvier 1035, le duc Robert, qui a décidé de faire un pèlerinage en Terre sainte, réunit tous ses vassaux à Caen et leur fait solennellement jurer fidélité à son fils Guillaume, alors âgé de sept ans ! Les barons prêtent serment, et comme Robert meurt sur le retour, à Nicée, le 22 juillet 1035, voilà son jeune fils bâtard duc de Normandie...

    Pendant plusieurs années, le duché sombre dans l'anarchie. Dans la presqu'île du Cotentin en particulier, des seigneurs normands, attachés à leurs anciennes traditions et au paganisme, prennent les armes contre le nouveau duc. Guillaume et ses partisans font appel au roi de France Henri 1er, leur suzerain.

    Avec une force de caractère remarquable, le jeune Guillaume rétablit son autorité. En 1047, il bat les insurgés au val-des-Dunes, près de Caen, et impose enfin par les armes sa domination sur l'ensemble de la Normandie. Il s'empare même de la province voisine du Maine. Enfin, avec le concours du clergé clunisien, il proclame la «paix de Dieu» sur ses terres. Sous sa férule, la Normandie ne tarde pas à devenir la principauté la mieux administrée d'Europe, l'une des plus paisibles et des plus riches.

    La cousine Mathilde, sa première conquête

    Mais Guillaume a plus de mal à conquérir les faveurs d'une bien-aimée cousine, Mathilde de Flandre, fille du comte Baudouin IV, qui hésite à convoler avec un bâtard. Il use de violence pour s'emparer de la jeune fille et il semble que celle-ci ne lui en ait pas longtemps tenu rigueur.

    Le duc, qui a gardé un mauvais souvenir de sa bâtardise et veut s'affirmer comme un grand seigneur chrétien, va avoir huit enfants avec sa chère Mathilde. On ne lui connaît qui plus est aucun bâtard ni aucune maîtresse ou amante de rencontre ! Il fait aussi suffisamment confiance à sa femme pour lui confier la régence du duché pendant ses campagnes militaires.

    Le pape Léon IX, toutefois, rechigne à agréer le mariage de Guillaume et Mathilde pour cause de cousinage et aussi par méfiance à l'égard des Normands de Sicile qui menacent sa sécurité. Après maintes tractations, le couple obtient de son successeur Nicolas V qu'il valide leur union. Il promet en contrepartie de construire deux abbayes à Caen. Dédiées la première à la Sainte Trinité, la deuxième à Saint Étienne, elles sont plus connues sous le nom d'abbaye aux Dames et d'abbaye aux Hommes. Mathilde et Guillaume prévoient de se faire inhumer dans le choeur de l'église de leur abbaye respective.

    Caen est une ville nouvelle créée par Guillaume lui-même près du littoral de la Manche et non loin de sa ville natale de Falaise pour remplacer Rouen comme capitale de son duché. Une cité fortifiée d'environ neuf hectares, l'une des plus grandes d'Europe, est bâtie sur un piton rocheux, avec les deux fameuses abbayes de part et d'autre. Caen va grandir très vite et devenir la véritable capitale de l'ensemble des possessions anglo-normandes.

    Un trône convoité

    Le destin de Guillaume et Mathilde bascule avec la mort du roi d'Angleterre Édouard le Confesseur, le 5 janvier 1066.

    Ce pieux roi avait fait voeu de chasteté et était mort sans descendance.

    Les seigneurs anglo-saxons, qui dominent l'île depuis les invasions barbares, lui cherchent un successeur. Ils élisent l'un des leurs, Harold Godwinsson (la succession héréditaire est encore une exception à cette époque).

    Mais le feu roi d'Angleterre avait de son vivant promis la couronne à beaucoup de prétendants, dont Guillaume, qui était son neveu. Or, Harold, suite à un naufrage sur la côte normande, s'était un jour retrouvé prisonnier du duc. Pour retrouver sa liberté, il avait juré qu'il défendrait le jour venu les droits de celui-ci à la couronne anglaise. Sans le savoir, il avait juré au-dessus d'un coffre rempli de saintes reliques, ce qui rendait son serment irrécusable, du point de vue des témoins normands.

    Guillaume le Bâtard conteste donc avec force l'élection de Harold comme roi d'Angleterre. Il plaide ses droits auprès des cours d'Europe. Le pape Alexandre II lui donne raison et, pour preuve de son appui, lui fait envoyer un étendard consacré et des reliques.

    Sans attendre, le duc lance la construction d'une flotte de débarquement à l'embouchure de la Dive, près de Cabourg. De là, la flotte (un millier de navires) se dirige vers Saint-Valéry-sur-Somme et attend les vents favorables.

    La bataille de Hastings

    Apprenant qu'Harold a dû se rendre vers le Nord de son royaume à la rencontre d'envahisseurs norvégiens, Guillaume quitte enfin la Normandie pour l'Angleterre avec quatre à six milliers d'hommes, y compris des mercenaires bretons, français et flamands, et de nombreux chevaux. Le duc débarque le 29 septembre 1066 sur la plage de Pevensey, là même où Jules César débarqua avec ses légions onze siècles plus tôt.

    Harold arrive à sa rencontre avec ses troupes, au total sept ou huit mille hommes. Il dispose d'une infanterie réputée, les Housecarls. Il s'agit de Danois armés d'une longue hache. Mais ceux-ci sortent fourbus de leur victoire sur les Norvégiens, à Stanfordbridge, le 25 septembre 1066. Le roi d'Angleterre attend l'assaut de Guillaume sur la colline de Senhac, dans les environs de Hastings.

    Le 14 octobre 1066, après un début de combat indécis, le duc de Normandie lance sa chevalerie (trois mille hommes) à l'assaut des lignes anglaises. Celles-ci résistent tant bien que mal aux chevaliers normands, pratiquement invincibles sur les champs de bataille.

    À la fin de la journée, Guillaume ordonne à ses archers d'abandonner le tir en cloche pour adopter le tir tendu. C'est ainsi qu'Harold est blessé à l'oeil par une flèche. Aussitôt, un groupe de chevaliers se ruent sur lui et l'achèvent. La mort du roi entraîne la dispersion de ses troupes et la victoire définitive de Guillaume.

    Sitôt après la victoire d'Hastings, le jour de Noël 1066, Guillaume est couronné roi d'Angleterre à l'abbaye de Westminster, à Londres, en présence d'un évêque anglais et d'un évêque normand. Les guerriers présents dans l'abbatiale lancent chacun des acclamations dans leur langue. À l'extérieur, les gardes normands, croyant à une bagarre, brûlent des maisons pour faire diversion. Toute l'assistance de l'église s'enfuit à l'exception des deux évêques et du duc, troublé, qui achèvent la cérémonie ! 

    Mathilde, qui n'a pu arriver à temps pour la cérémonie, est à son tour couronnée deux ans plus tard.

    La première bande dessinée de l'Histoire

    À Bayeux, en Normandie, on peut voir une célèbre broderie dite «tapisserie de la reine Mathilde», du nom de l'épouse de Guillaume. Elle raconte l'histoire de la Conquête sur 70 mètres de long et environ 50 centimètres de haut.

    Cette broderie a été commandée à des artisans saxons par l'évêque de Bayeux, Odon de Conteville, demi-frère du duc Guillaume, pour orner le choeur de sa cathédrale. C'est la première bande dessinée connue. Elle constitue un inestimable témoignage sur les moeurs et la mode vestimentaire de l'époque.

     

    Un réformateur hardi

    Le nouveau souverain a beaucoup de mal à imposer sa domination sur l'Angleterre, alors peuplée d'environ deux millions d'hommes de toutes origines : Celtes, Anglo-saxons, Danois, Normands... (l'Angleterre en compte aujourd'hui près de 60 millions).

    Il commence par construire une puissante forteresse sur les bords de la Tamise pour maintenir ses nouveaux sujets dans l'obéissance : l'actuelle Tour de Londres ! Il impose aussi une loi commune («Common Law») à l'ensemble de ses sujets.  Il lance la construction de cinq cents forteresses pour tenir le pays, divise celui-ci en comtés ou  «shires» et en confie l'administration à des officiers royaux ou «sheriffs»

    Guillaume ordonne par ailleurs un recensement des terres pour faciliter la collecte des impôts. Ce recensement, le premier du genre, est conservé dans un document célèbre, le «Doomsday Book»(en vieil anglais : le Livre du jugement dernier). Ce registre a été ainsi baptisé parce que l'on considérait qu'il était impossible de dissimuler quoi que ce soit aux enquêteurs... comme ce sera le cas au jour du Jugement dernier !

    Les conquérants normands, au nombre d'une dizaine de milliers seulement, se partagent les seigneuries anglaises. Ils éliminent la noblesse issue des précédents envahisseurs, les Angles et les Saxons, et ils introduisent leur langue d'adoption, le français. Unies et protégées par leur insularité, les différentes populations du royaume ne vont pas tarder à fusionner en un seul peuple.

    Amère vieillesse

    Le roi Guillaume (en anglais William) a une fin de vie difficile... Veuf et privé du soutien de Mathilde, la seule femme qu'il ait jamais aimée, il doit faire face à de multiples séditions, y compris celle de son fils aîné Robert Courteheuse. Celui-ci s'irrite que la couronne d'Angleterre ait été promise à son frère puîné, Guillaume le Roux (ou Guillaume Rufus), le préféré de Guillaume.

    Pressé de recueillir la Normandie et le Maine, ses héritages, Robert combat son propre père avec l'opportun concours du capétien Philippe 1er.

    C'est ainsi que Guillaume le Conquérant meurt en 1087, suite à une glissade de son cheval, en combattant le roi de France. Il est enterré dans la discrétion à Saint-Étienne de Caen, l'abbaye de son conseiller Lanfranc, un éminent théologien originaire d'Italie devenu après la conquête archevêque de Cantorbéry.

    Avec la fin de Guillaume débute une longue hostilité entre la France et l'Angleterre : pendant plus de 700 ans, les deux royaumes ne vont pratiquement jamais cesser de lutter l'un contre l'autre.

    Une succession agitée

    Guillaume est, après sa mort, surnommé le Conquérant mais lui-même refusait ce surnom car il se considérait comme l'héritier légitime de la couronne anglaise et non comme un usurpateur ou un conquérant.

    Sa descendance directe règne brièvement sur l'Angleterre.

    Le roi Guillaume II le Roux, encore célibataire, a du mal à s'imposer face aux barons. Après la mort de Lanfranc, il laisse vacant l'archevêché de Cantorbéry de même que maints autres sièges ecclésiastiques. Cela lui permet de s'en approprier les revenus. Face à la pression du clergé et du pape, il finit par nommer à la tête de l'archevêché un disciple de Lanfranc, l'abbé de Bec-Hallouin, Anselme, un saint homme plus tard canonisé. 

    Les relations entre l'archevêque et le roi se tendent très vite. Guillaume le Roux est tué le 2 août 1100 d'une flèche au cours d'une chasse, peut-être à l'instigation du troisième fils du Conquérant, Henri Beauclerc. Celui-ci devient roi d'Angleterre au nez et à la barbe de l'aîné, Robert Courteheuse, parti à la croisade.

    En 1106, le roi Henri Beauclerc trouve moyen d'enlever aussi à son frère le duché de Normandie. Mais il a le malheur de perdre ses propres fils dans le naufrage de la Blanche Nef, à la Noël 1120. À sa mort, le 1er décembre 1135, il lègue la couronne d'Angleterre à sa fille Mathilde mais elle est contestée par un cousin de celle-ci, Étienne de Blois. Il s'ensuit quinze ans d'anarchie avant qu'Étienne ne se résigne à désigner comme héritier le fils de Mathilde, Henri II Plantagenêt. Celui-ci ceint la couronne le 19 décembre 1154.

    Les îles britanniques : 2000 ans d'Histoire

     

    Éphéméride du Jour 4:  Guillaume le Bâtard conquiert l'Angleterre - 14 octobre 1066 + vidéo


    Cette série de 9 cartes illustre 2000 ans d'Histoire...

    Elle nous mène de la conquête romaine à nos jours en passant par les invasions successives (Angles et Saxons, Danois, Normands) et les péripéties du dernier millénaire : guerres dynastiques, assaut espagnol et révolutions, unification de la Grande-Bretagne, crises irlandaises...

    Bibliographie

    Pour une approche de cette histoire, je ne saurais trop recommander le livre célèbre d'André Maurois, romancier français très anglophile : Histoire de l'Angleterre. C'est un excellent ouvrage de vulgarisation.

     

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    13 octobre 1307

    Arrestation des Templiers

     

    Au matin du vendredi 13 octobre 1307, tous les Templiers de France, soit plusieurs milliers au total, sont arrêtés sur ordre du roi Philippe IV le Bel (le petit-fils de Saint Louis). 

    Cet acte de violence arbitraire met fin à un ordre original de moines-soldats, vieux de près de deux siècles, qui s'est illustré en Terre sainte et s'est acquis puissance et richesse, s'attirant ainsi la jalousie des féodaux et la convoitise des souverains.

     

    Un Templier au combat en Terre sainte (peinture murale de la chapelle de Cressac (Angoumois)

     

    Un ordre monastique prestigieux

    L'ordre du Temple est né en Terre sainte, en 1119, après la première croisade, à l'initiative du chevalier champenois Hugues de Payns qui voulait protéger les pèlerins se rendant à Jérusalem.

    Il est officialisé par le concile de Troyes, neuf ans plus tard, à l'initiative de Saint Bernard de Clairvaux.

    Le prestige des moines-chevaliers au manteau blanc frappé d'une croix rouge est immense pendant les deux siècles que durent les croisades... malgré la trahison du grand maître Gérard de Ridefort à la bataille de Hattîn, en 1187.

    La huitième et dernière croisade s'achève par la mort tragique du roi Saint Louis devant Tunis en 1270. 

    Dès lors, les dernières possessions franques de Terre sainte tombent définitivement entre les mains des musulmans.

    Ceux-ci s'emparent de Saint-Jean-d'Acre le 28 mai 1291 malgré la résistance héroïque des Templiers autour du grand maître Guillaume de Beaujeu.

     

    Le retour des Templiers en Europe (miniature du XIIIe siècle)

    Les Templiers se replient en Europe

    Au début du XIIIe siècle, l'ordre du Temple, chassé de Palestine, n'en dispose pas moins encore d'une force militaire impressionnante de quinze mille hommes, bien plus que n'aurait pu en lever n'importe quel roi de la chrétienté. Mais, de soldats, les Templiers se sont reconvertis en usuriers et ont complètement perdu de vue la reconquête des Lieux saints.

    C'est que de considérables donations ont rendu l'ordre immensément riche et l'ont transformé en l'une des principales institutions financières occidentales... et la seule qui soit sûre. Il gère ainsi, en véritable banquier, les biens de l'Église et ceux des rois d'Occident (Philippe le Bel, Jean sans Terre, Henri III, Jaime Ier d'Aragon...).

    Ses commanderies qui abritent les moines-soldats, avec aussi une vocation caritative, couvrent l'ensemble de l'Europe médiévale d'une véritable toile d'araignée. On peut voir au sud d'Angoulême, à Cressac, une chapelle rescapée de l'une de ces commanderies et ornée de peintures murales qui évoquent les croisades.

    L'opinion européenne commence à s'interroger sur la légitimité du Temple. Le roi Philippe le Bel lui-même a souvenance que les Templiers ont refusé de contribuer à la rançon de Saint Louis lorsqu'il a été fait prisonnier au cours de la septième croisade. Il entend aussi quelques méchantes rumeurs sur les moeurs prétendument dépravées et diaboliques des moines-chevaliers...

    Qu'à cela ne tienne. Suivant une idée déjà ancienne, évoquée par Saint Louis et les papes Grégoire X, Nicolas IV et Boniface VIII, Philippe le Bel souhaite la fusion de l'ordre du Temple avec celui, concurrent, des Hospitaliers afin de constituer une force suffisante pour préparer une nouvelle croisade à laquelle le roi de France et le pape Clément V sont très attachés.

    L'affaire est mise à l'ordre du jour de plusieurs conciles et l'on élabore même en 1307 un projet dans lequel Louis de Navarre aurait été grand maître du nouvel ordre. Son dramatique échec résulte de l'opposition obstinée du grand maître Jacques de Molay ainsi que de l'agressivité du ministre du roi, Guillaume de Nogaret.

    Le drame

    Déçu dans ses attentes, le roi de France presse le pape d'agir contre l'Ordre. Clément V ouvre une enquête le 24 août 1307 pour laver les moines-chevaliers de tout soupçon mais l'affaire traîne en longueur et Philippe le Bel prend l'affaire en main. Il décide d'arrêter les Templiers sous l'inculpation d'hérésie, sans prendre la peine d'en référer au pape.

    C'est ainsi que tous les Templiers de France sont arrêtés au petit matin par les sénéchaux et les baillis du royaume au terme d'une opération de police conduite dans le secret absolu par Guillaume de Nogaret. Ils sont interrogés sous la torture par les commissaires royaux avant d'être remis aux inquisiteurs dominicains.

    Parmi les 140 Templiers de Paris, 54 sont brûlés après avoir avoué pratiquer la sodomie ou commis des crimes extravagants comme de cracher sur la croix ou de pratiquer des « baisers impudiques ». L'opinion publique et le roi lui-même y voient la confirmation de leurs terribles soupçons sur l'impiété des Templiers et leur connivence avec les forces du Mal.

    Pour ne pas donner l'impression d'être désavoué, le pape choisit la fuite en avant et, le 22 novembre 1307, ordonne à son tour l'arrestation des Templiers dans tous les États de la chrétienté et l'ouverture d'une enquête sur leurs crimes supposés. 

    Le roi obtient de Clément V la suppression de l'ordre, au concile de Vienne, en 1312. Elle est officialisée le 3 avril 1312 par la bulle  « Vox in excelso », bien qu'il soit tout à fait exceptionnel qu'un ordre religieux soit purement et simplement dissous.

    Le 3 mai 1312, le pape affecte le trésor des Templiers à l'ordre concurrent des Hospitaliers, à l'exception de la part ibérique qui revient aux ordres militaires locaux. Le roi de France et ses conseillers plaident en faveur de cette solution, respectueuse de la volonté des nombreux bienfaiteurs du Temple.

    En 1313, sur la base de documents comptables, l'ordre de l'Hôpital restitue 200.000 livres au trésor royal pour solde de tout compte. Le successeur de Philippe, Louis X,  réclamera toutefois un supplément, estimant que son père a été floué. L'affaire est close en 1317, quand le nouveau roi Philippe V reçoit 50.000 livres supplémentaires.

    Avec l'affaire du Temple, la monarchie capétienne montre qu'elle entend suivre son intérêt politique et ne plus se comporter en vassale de l'Église.

    La malédiction du grand maître

    Au terme d'un procès inique, le grand maître des Templiers, Jacques de Molay, est lui-même brûlé vif à la pointe de l'île de la Cité le 19 mars 1314, ainsi que le commandeur de Normandie Geoffroy de Charnay. Une plaque rappelle le triste sort de cet homme qui ne sut pas réformer son ordre quand il en était temps.

    Une légende reprise par Maurice Druon dans son célèbre roman-fleuve Les rois maudits veut qu'à l'instant de succomber dans les flammes, Jacques de Molay ait lancé une malédiction à l'adresse du roi et du pape, les invitant à le rejoindre dans la mort avant la fin de l'année. Or, c'est pourtant ainsi que les choses vont se passer.

    Jean Brillet
     

    Éphéméride du Jour 4:  Arrestation des Templiers - 13 octobre 1307

     

     

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    12 octobre 1492

    Christophe Colomb atteint le Nouveau Monde

     

     

    Le vendredi 12 octobre 1492, à l'aube, les habitants d'une île des Bahamas découvrent depuis le rivage qu'ils ne sont pas seuls au monde. D'étranges créatures, venues avec le soleil levant, montées sur d'étranges embarcations, s'approchent du rivage... Les autochtones se doutent-ils que cette arrivée signe la mort prochaine de leur communauté et l'avènement d'un Nouveau Monde ?

    Après deux longs mois de mer, Christophe Colomb pose le pied sur la plage. Le navigateur génois croit de bonne foi avoir atteint l'Asie des épices et pour cette raison appelle « Indiens » (habitants de l'Inde) les premiers indigènes de rencontre.

    André Larané
     
     
    Les voyages de Christophe Colomb

     

    Éphéméride du Jour 4:  Christophe Colomb atteint le Nouveau Monde - 12 octobre 1492


    Christophe Colomb, entêté, habile et convaincant, a rallié les rois d'Espagne à son projet saugrenu. Il s'en est suivi la découverte inattendue d'un Nouveau Monde et une révolution dans l'Histoire : pour la première fois sont mises en contact toutes les sociétés humaines...

     

    Le voyage de l'imprévu

    Six mois plus tôt, Christophe Colomb (en espagnol, Cristobal Colon) a convaincu les souverains espagnols de le soutenir dans son projet fou d'atteindre l'Asie des épices en navigant vers l'Ouest, à travers l'Océan Atlantique.

    Fort de leur soutien et grâce à l'aide matérielle de deux armateurs, les frères Martin Alonzo Pinzon et Vicente Yanez Pinzon, Christophe Colomb a pu armer une caraque de 233 tonneaux, la Santa Maria, et deux caravelles, la Niña et la Pinta.

    Les caravelles désignent de petits voiliers mis au point par les Portugais dès le XIIe siècle et bien appropriés à la navigation hauturière (de haute mer). Elles mesuraient environ 25 mètres de long sur 8 de large, avec 3 mètres de tirant d'eau (enfoncement du navire sous la ligne de flottaison).

    À l'aube du vendredi 3 août 1492, les navires quittent la barre de Saltès. Ce lieu que surplombe le monastère de la Rabida est situé en Andalousie, à l'embouchure du rio Tinto et à proximité des villes de Huelva et Palos de la Frontera.

    Colomb s'embarque au pied du monastère de la Rabida

    Les 95 marins écoutent la messe avant de prendre la mer. Une bonne partie d'entre eux sont des repris de justice auxquels a été offerte une chance d'acheter leur liberté.

    Une trentaine sont des juifs convertis. On compte aussi des officiers de la Couronne. Le pilote a nom Juan de la Cosa. Curieusement, l'expédition n'emmène aucun ecclésiastique.

    Après une escale dans l'archipel des Canaries, possession espagnole, la flotille fonce vers le sud-ouest en suivant les alizés. Plus habitués au cabotage le long des côtes qu'à la navigation hauturière, les équipages s'inquiètent bientôt de l'absence de terre. Colomb minore les distances parcourues et tente de les rassurer en leur faisant croire qu'ils sont encore très proches du port de départ.

    Des algues apparaissent enfin et l'on peut croire qu'elles indiquent la proximité de la terre. Illusion. Il s'agit de la mer des Sargasses, à l'est des Antilles, seule mer sans côtes de la planète. Colomb refuse heureusement de chercher quelque île en ces lieux et préfère poursuivre droit vers l'ouest. Heureuse intuition.

    Le 10 octobre, les équipages sont à bout et sur le point de se mutiner. L'« Amiral »Colomb promet une récompense de dix mille maravédis au premier qui verra la terre. Dans la nuit du 11 au 12 octobre enfin, après 36 jours de navigation (au lieu des 15 escomptés), Rodrigue (Rodrigo) de Triana, qui fait office de vigie sur la Pinta, crie pour de bon : « Tierra » !

    Terre! Terre!

    Christophe Colomb découvre la Terre

    Les heures qui précèdent la fameuse découverte seront plus tard racontées par Ferdinand Colomb, dans une biographie de son père rédigée d'après les témoignages et documents de l'époque :

    « Dans l'après-midi du jeudi 11 octobre, tous eurent des signes certains du voisinage de la terre. Les marins de la Santa Maria aperçurent un jonc vert, et certain gros poisson d'une espèce connue pour ne jamais s'éloigner beaucoup des rivages. Ceux de la Pinta virent un roseau et un bâton (...). La nuit étant venue, après que les marins, selon leur coutume de chaque soir, eurent chanté le Salve Regina, l'Amiral leur recommanda de veiller cette nuit plus attentivement. (...) Il ajouta qu'ayant, lui, la certitude que cette nuit serait décisive, chacun d'eux devait en particulier faire bonne et attentive garde, car, outre la rente annuelle et viagère de trente écus que les rois avaient promise, celui qui le premier aurait vu la terre recevrait encore un pourpoint de velours. (...) Vers les deux heures après minuit, la Pinta, qui, comme à l'ordinaire, avait de l'avance sur les deux autres navires, fit un signal indiquant que la terre était en vue. Elle avait été aperçue en premier lieu, alors qu'on n'en était plus qu'à deux lieues, par un nommé Rodrigue de Triana. La rente promise ne fut pourtant pas attribuée à ce marin. Les rois catholiques crurent devoir la décerner à l'Amiral parce que, au milieu de la nuit, il avait vu cette lumière, qui semblait être le symbole de la clarté spirituelle apportée par lui dans les ténèbres de cette entreprise ».

    Les navires accostent sur une petite île des Bahamas que les Indiens Taïnos du cru appellent Guanahaní. L'île est, comme de juste, baptisée « San Salvador »(Saint Sauveur) par les Espagnols.

    Les marins, en descendant à terre, sont immédiatement bouleversés par... la nudité des pacifiques Taïnos, des Indiens du groupe des Arawaks. «Les hommes et les femmes sont nus comme au jour où leur mère les enfanta», note Colomb dans son rapport aux souverains espagnols.

    Malgré ou à cause de leur nudité, les femmes indigènes attirent les marins de Colomb. Cela leur vaudra de ramener en Europe, sans le savoir, une terrible maladie vénérienne, la syphilis. En contrepartie, les Européens amènent aux habitants de ce Nouveau Monde des maladies comme la rougeole qui vont les décimer en quelques années, plus sûrement que les arquebuses et les épées.

    Les navires ne s'attardent pas et poursuivent vers ce qui sera plus tard connu comme l'île de Cuba. Une homonymie des noms convainc Christophe Colomb qu'il est aux portes de l'empire chinois du Grand Khan.

    Dans la nuit du 20 au 21 novembre, Martin Alonzo Pinzon, qui commande la Pinta et ne s'entend pas avec Colomb, fausse compagnie à celui-ci. Il suit son propre chemin.

    Découverte d'Haïti

    Le 6 décembre 1492, Christophe Colomb et les deux bateaux qui lui restent arrivent en vue d'une nouvelle île que les indigènes appellent Ayiti (Haïti) ou Quisqueya.

    Les Espagnols la rebaptisent Isla española (dont on fera Hispaniola). L'île séduit les Européens par sa beauté et recèle quelques ressources aurifères dans le sous-sol et les rivières. Qu'importe. Elle est peuplée de près d'un million de Taïnos.

    Ils doivent, au moment où surviennent les Espagnols, faire face de leur côté à des attaques répétées des sauvages Caraïbes, qui enlèvent leurs femmes et leurs biens et dévorent leurs prisonniers.

    Dans la nuit de Noël, la lourde Santa Maria (233 tonneaux) s'échoue sur la grève, en un lieu proche de l'actuel Cap Haïtien, au nord de l'île. Deux jours plus tard, la Pinta de Martin Alonzo Pinzon pointe à l'horizon mais ne tarde pas à repartir de son côté car le capitaine nourrit le désir de revenir en Espagne au plus vite pour s'approprier le mérite de la découverte !

    Faute de pouvoir ramener tout son équipage en Espagne, l'Amiral fait construire un fort, la Navidad, avec les débris de la Santa Maria. Il laisse sur place une partie des équipages, soit 39 hommes.

    Le 4 janvier 1493, enfin, Colomb prend le chemin du retour avec la Niña en choisissant par une nouvelle et miraculeuse inspiration de remonter vers le nord, où il rencontrera des vents d'ouest favorables. Il utilise de fait le phénomène météorologique de la vueltaou volte, déjà bien connu des explorateurs portugais et sans doute aussi de lui-même.

    Après une difficile traversée, il aborde aux Açores où il est plutôt mal reçu par le gouverneur portugais.

    En février 1493, le navigateur arrive enfin en vue des côtes européennes, au niveau du Portugal. Il se rend en visite de courtoisie auprès du roi Jean II et lui demande quelque secours pour achever son voyage.

    Le 31 mars, c'est l'entrée triomphale de la Niña à Palos puis à Séville, où les habitants se pressent pour voir et toucher les sept Taïnos que Colomb a ramené des îles et que l'on qualifie aussitôt d'«Indiens» (car chacun croit que leur terre d'origine fait partie des Indes).

    Malchanceux, Martin Alonzo Pinzon suit Colomb à quelques heures d'intervalle. Il meurt quelques jours plus tard terrassé par la syphilis.

    À Haïti, les choses tournent très mal pour les hommes restés sur place. Plutôt que de se tenir tranquilles, ils tentent de soumettre la tribu du cacique (chef taïno) Caonabo. Ce dernier réagit en attaquant le fort et massacrant ses habitants. Mauvais début pour la colonisation.

     

    Commentaire : qui a découvert l'Amérique ?

    Qui a découvert l'Amérique ? S'agissait-il d'un homme, d'une femme, d'un enfant ? Nous n'en savons rien... mais nous pouvons affirmer avec certitude qu'il a vécu il y a environ 20 000 ans, qu'il est né quelque part en Extrême-Orient, qu'il avait les yeux bridés et la peau cuivrée, enfin qu'il a profité de la dernière période glaciaire pour traverser à pied sec, avec sa famille, le détroit de Béring qui sépare l'Asie du continent américain.

    Ce découvreur inconnu a engendré les premiers Américains, que l'on appelle communément Indiens, Peaux-Rouges ou encore Amérindiens. Bien après cette «découverte», mais avant Christophe Colomb, d'autres hommes venus de l'Ancien Monde ont à leur tour mis le pied en Amérique. Tous ont emprunté la voie maritime. Il en fut ainsi de quelques poignées de Vikings, peut-être aussi de pêcheurs basques, voire de navigateurs polynésiens. De prétendus historiens revendiquent même cet honneur au nom de leurs ancêtres chinois ou africains !

    Est-ce à dire que nous devons revoir à la baisse l'aventure de Christophe Colomb ? Bien évidemment non, car le navigateur génois a fait bien plus que ses prédécesseurs. Sans le vouloir, il a sorti l'Amérique d'un isolement de 20 000 ans et réunifié la planète. Après ses quatre voyages, les 80 millions d'Amérindiens (environ 15% de la population mondiale de l'époque) n'ont plus fait qu'un avec le reste de l'humanité... pour le meilleur et pour le pire.

     

    Éphéméride du Jour 4:  Christophe Colomb atteint le Nouveau Monde - 12 octobre 1492

     

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