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    11 octobre 1962

    Ouverture du concile Vatican II

     

     

    Le pape (*) Jean XXIII ouvre le concile Vatican II le 11 octobre 1962, dans la basilique Saint-Pierre de Rome.

    Élu pape le 28 octobre 1958, à 76 ans et onze mois, Angelo Roncalli ne devait être qu'un pape de transition après le pontificat flamboyant et tourmenté de Pie XII. En portant leur choix sur lui, les cardinaux qui l'avaient élu voulaient se donner le temps d'une transition avant d'élire un pape d'action.

    Mais le nouvel élu, replet et bonhomme, provoque d'emblée la surprise en annonçant un aggiornamento (« mise à jour ») de l'Église catholique, autrement dit un grand concile en vue d'adapter l'Église au monde moderne. C'est le 21e concile oecuménique (planétaire) depuis les origines de l'Église. 

    Aucune entreprise comparable n'avait été menée depuis le concile de Trente, trois cents ans plus tôt, qui avait lancé la (Contre-)Réforme catholique. Son retentissement mondial est d'autant plus important que les catholiques, en ce milieu du XXe siècle, représentent un quart environ de la population mondiale, laquelle s'élève alors à 3 milliards d'êtres humains.

    André Larané

    Ouverture du concile Vatican II le 11 octobre 1962 en présence de 2500 évêques (DR)

    L'autorité pontificale contestée

    Au XIXe siècle, l'Église catholique, tétanisée par le souvenir de la Révolution française, avait fait alliance avec la bourgeoisie et s'était assoupie sous l'effet du conservatisme dominant, tant en politique que dans les relations sociales.

    Pie IX, après une rupture avec les libéraux et la perte des États pontificaux, s'était replié sur la cité du Vatican et avait entrepris de renforcer le pouvoir du Saint-Siège sur l'Église catholique et ses évêques. C'est ainsi qu'il avait réuni un concile dans le palais du Vatican, à Rome : Vatican I.

    Ce concile oecuménique - le premier depuis le concile de Trente - avait été interrompu par la guerre franco-prussienne et l'invasion de Rome par les troupes italiennes mais il avait eu le temps de proclamer en 1870 l'infaillibilité pontificale.

    À la fin du XIXe siècle, le vigoureux Léon XIII, successeur de Pie IX, réagit à la laïcisation des sociétés européennes et à la montée du prolétariat ouvrier. Il publie l'encyclique sociale Rerum Novarum (1891) et inspire le ralliement des catholiques français à la République. Mais son effort d'ouverture est suivi par une longue parenthèse marquée par les deux guerres mondiales, la tragédie nazie et le réveil du tiers monde.

    Le 25 octobre 1958, suite à la mort du pape Pie XII, le conclave se réunit dans la chapelle Sixtine pour élire son successeur.  Il réunit cinquante-trois cardinaux seulement, dont près de la moitié sont octogénaires. Après trois jours de conciliabules et onze tours de scrutin, il porte à défaut de mieux le patriarche de Venise sur le trône de saint Pierre. 

    Homme simple et souriant, sans artifice, Angelo Roncalli relève le nom d'un antipape, Jean XXIII, et s'en justifie en arguant de son affection pour saint Jean Baptiste et l'apôtre Jean. Mais il va secouer l'Église de la façon la plus inattendue qui soit.

    Moins de trois mois après son élection, le 25 janvier 1959, à l'issue d'une célébration dans la basilique Saint-Paul-hors-les-murs, il prononce un discours de clôture devant dix-huit cardinaux et, au détour d'une phrase, annonce « trois événements de la plus haute importance » :  la réunion d'un synode du diocèse de Rome, un concile oecuménique (planétaire) et une révision du code de droit canon.

    Sur le moment, personne n'y prête attention et il faudra près de trois ans avant que s'ouvre enfin le concile annoncé. D'aucuns, en particulier à la Curie (le gouvernement pontifical), espèrent le réduire à un petit tour de piste sans conséquence... 

    Aggiornamento

    Réunis au grand complet dans la basilique Saint-Pierre de Rome pour la séance plénière d'ouverture, les 2500 évêques venus du monde entier se voient confier la mission d'adapter l'Église au monde moderne, intégrer une réflexion religieuse dans les mouvements d'idées et réconcilier toutes les chrétientés.

    Les Pères conciliaires viennent pour un tiers d'Europe mais l'Amérique latine fait une entrée en force au concile (22%), avec l'Amérique du Nord (13%), l'Afrique noire (10%) et l'Asie (10%). Fait inédit : des représentants de différentes confessions chrétiennes non-catholiques ont par ailleurs été invitées à la cérémonie en qualité d'observateurs. 

    Dans son allocution inaugurale, le pape dénonce l'enseignement du mépris et témoigne de son ouverture aux autres religions et en particulier aux juifs.

    Sa volonté de réforme trouve un écho dans les propos du théologien dominicain Yves Congar, le 14 octobre 1962 : « Il n'y a rien à faire de décisif tant que l'Église romaine ne sera pas sortie de ses prétentions seigneuriales et temporelles. Il faudra que tout cela soit détruit. Et cela le sera ».

    Effectivement, le même jour, le cardinal Achille Liénart, évêque de Lille, demande devant l'assemblée des Pères conciliaires que soit reportée la désignation des commissions et des groupes de travail. C'est un premier coup dur pour la Curie qui avait préparé les listes de postulants de façon à garder la haute main sur les discussions. 

    Non seulement le concile ébranle les velléités centralisatrices de l'administration pontificale mais il adapte aussi la communication de l'Église au monde moderne afin que soit mieux perçu le message de l'Évangile. C'est ainsi que les langues usuelles se substituent peu à peu au latin dans les offices religieux. Les prêtres renoncent à la soutane. Dans les églises, lors des messes, l'officiant fait désormais face aux fidèles et ne leur tourne plus le dos...

    L'un des textes majeurs de Vatican II, Gaudium et spes (« La joie et l'espoir »), promulgué le dernier jour du concile (8 décembre 1965), est présenté par les commentateurs comme l'antithèse du Syllabus de Pie IX (8 décembre 1864). Dans un souci de compréhension du monde moderne, il exprime la solidarité de l'Église avec tous les mouvements qui concourent à protéger et rehausser la dignité de l'individu, y compris les mouvements socialistes.

    La fraction conservatrice de l'Église manifeste des réticences à l'égard de ce texte mais c'est surtout la reconnaissance de la liberté religieuse (le droit pour chacun de choisir sa religion) et la réhabilitation du peuple juif naguère considéré comme « déicide »(collectivement responsable de la mort du Christ) qui suscitent son ire. Il s'ensuivra un schisme autour de Monseigneur Lefebvre  

    Surtout, l'Église catholique rompt avec une hiérarchie pyramidale et renforce le rôle des évêques et des synodes nationaux. Elle obtient des gouvernements liés par un Concordat au Saint-Siège qu'ils renoncent peu à peu à leurs prérogatives dans la nomination des évêques. Enfin, le concile adopte le principe de la liberté de conscience religieuse, à l'initiative de l'évêque auxiliaire de Cracovie Karol Wojtyla, futur Jean-Paul II.

    Fait remarquable, le monde suit avec attention les travaux du concile. En marge de ceux-ci, Jean XXIII publie le 11 avril 1963, en pleine guerre froide entre les États-Unis et l'URSS, l'encyclique Pacem in terris (Paix sur la terre), qui confirme l'attention portée par l'Église aux problèmes sociaux et à la paix. 

    Le vieux pape, qui passait quatre ans plus tôt pour bonnasse, apparaît désormais sous un jour charmeur et charismatique. L'émotion est grande quand il s'éteint le 3 juin 1963, jour de la Pentecôte, rongé par un cancer de l'estomac. L'ONU met son drapeau en berne à New York. Le concile est suspendu mais reprend ses travaux dès le lendemain de l'élection de son successeur et les poursuivra  jusqu'au 8 décembre 1965.

    Sans surprise, le 21 juin 1963, le nouveau conclave élit l'archevêque de Milan Giovanni Battista Montini, qui devient pape sous le nom de Paul VI.

    Le pape Jean XXIII sur la sedia gestatoria, lors d'un consistoire à Saint-Pierre de Rome

    Béatification

    Avant de clore le concile Vatican II, les participants tentent mais en vain de proclamer la sainteté de Jean XXIII par acclamations. Le pape Paul VI s'y oppose par crainte que l'autorité pontificale ne soit battue en brèche par cette entorse à la pratique habituelle.

    C'est seulement en septembre 2000 que le « bon pape » Jean a été déclaré bienheureux par Jean-Paul II, en même temps que Pie IX, dernier pape à exercer un pouvoir temporel.

    Cette béatification rend hommage aux qualités humaines de l'un et l'autre pape en faisant abstraction de leur action à la tête de l'Église, action contestée à plusieurs titres en ce qui concerne Pie IX.

     

    Vatican II, 50 ans après

    Devant quelques centaines d'évêques et des milliers de fidèles, le pape Benoît XVI a célébré le 11 octobre 2012 le cinquantenaire du concile. Non sans une pointe d'amertume. « Les dernières décennies ont connu une désertification spirituelle. Ce que pouvait signifier une vie, un monde sans Dieu, au temps du concile, on pouvait déjà le percevoir à travers certaines pages tragiques de l'histoire, mais aujourd'hui nous le voyons malheureusement tous les jours autour de nous. C'est le vide qui s'est propagé », a estimé le pape.

    Le président du conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, Rino Fisichella, en a appelé à une « analyse lucide » : « Nous apparaissons fatigués, incapables de proposer l'Évangile, faibles dans notre conviction de la Vérité qui sauve, nous avons perdu la crédibilité. Nos communautés, répétant des formules obsolètes, ne communiquent pas la joie. La nostalgie pour les temps passés ou l'utopie des rêves ne servent pas; »(d'après Le Monde, 13 octobre 2012).

     

    Éphéméride du Jour 4:  Ouverture du concile Vatican II - 11 octobre 1962

     

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    10 octobre 680

    Les musulmans se déchirent à Kerbela

     

    Le 10 octobre 680, à Kerbela (ou Kerbala), en Mésopotamie, des soldats arabes massacrent une petite troupe conduite par Al-Hussein (ou Husayn), l'un des petits-fils du Prophète de l'islam.

    Le drame survient moins de cinquante ans après la mort de Mahomet. Il va en résulter une scission irrévocable de l'islam entre sunnites et chiites.

    Une fête au goût de sang

    Scène de la fête de Moubarram (Iran), DR

    Les chiites commémorent chaque année le drame de Kerbela à l'occasion de la fête de l'Achoura, le 10e jour du mois musulman de mouharram.

    Cette commémoration donne lieu à de grands pèlerinages dont le principal se déroule comme il va de soi à Kerbela (Irak actuel).

    En Iran, au cours de cérémonies spectaculaires, les taziyeh, des troupes d'acteurs rejouent sur les places le drame de Kerbela et se flagellent jusqu'au sang pour exprimer leur douleur.

    Moawiya vainc Ali

    Les tensions au sein de l'islam ont débuté avec l'assassinat du calife Ali, époux de Fatima, fille du Prophète. Le rival d'Ali, Moawiya, a pris à son tour le titre de calife, devenant le chef de tous les musulmans... et le fondateur heureux de la dynastie des Omeyyades.

    Moawiya obtient dAl-Hassan, fils aîné d'Ali, qu'il renonce à ses droits sur le califat. Il s'exécute mais son frère cadet Al-Hussein persiste quant à lui à rejeter l'autorité de Moawiya...

    La bataille de Kerbela (ou Kerbala), en 680 (XXe siècle)

    La revanche du fils d'Ali

    Après la mort du calife Moawiya en 680 et l'avènement de son fils Yazîd, Al-Hussein se rend avec une petite troupe de fidèles de La Mecque à Koufa, où l'attendent les partisans d'Ali, qualifiés de chiites, d'un mot arabe qui signifie... partisan.

    C'est comme cela que, sur la route, à Kerbela, Al-Hussein rencontre l'armée du gouverneur omeyyade, ibn-Ziad. Ce dernier ne fait pas de quartier. Il attaque sans scrupule la petite troupe. Al-Hussein est tué ainsi que 72 de ses partisans. Sa mort consomme la rupture entre musulmans sunnites et chiites. Les premiers se réfèrent à la sunna (mot arabe qui désigne la tradition musulmane), les seconds se définissent comme les partisans d'Ali, gendre du prophète, d'où leur nom.

    Les sunnites restent largement majoritaires dans le monde musulman. Mais les seconds sont majoritaires en Mésopotamie et en Perse (aujourd'hui l'Irak et l'Iran) et fortement représentés au Liban. Leurs descendants continuent de se combattre, souvent avec la plus extrême violence, comme en Irak.

    André Larané

     

    Éphéméride du Jour 4:  Les musulmans se déchirent à Kerbela - 10 octobre 680

     

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    9 octobre 43 av. J.-C.

    Fondation de Lyon

     

     

    Le 9 octobre de l'an 43 avant notre ère, Lucius Munatius Plancus, ancien officier de César, proconsul en Gaule, fonde sur la colline de Fourvière, au-dessus du confluent du Rhône et de la Saône, une colonie promise à un destin exceptionnel sous le nom de Lugdunum puis Lyon.

    Yves Chenal

    Une colonie romaine

    Au cours des mois qui suivent l'assassinat de César, ses généraux se rebellent contre le Sénat. Celui-ci, pour occuper Lépide et Plancus, qui commandent les légions de Gaule, leur ordonne de fonder une colonie sur la colline qui domine le confluent de la Saône et du Rhône.

    Il s'agit de remplacer Colonia Julia Vienna (aujourd'hui Vienne, Isère), colonie fondée par Jules César plus au sud, sur le territoire des Allobroges, et victime d'une révolte gauloise.

    Le choix du nouveau lieu s'explique par la présence de nombreuses routes en relation avec les différentes régions de la Gaule. Des Gaulois sont déjà installés à proximité, dans un village du nom de Condate, sur la « presqu'île », entre la colline de la Croix-Rousse et l'actuelle place Bellecour.

    C'est à Lucius Munatius Plancus que revient en définitive le travail. Le 9 octobre de l'an 43 av. J.-C., il trace le decumanus, axe est-ouest de la future ville, sur l'emplacement de l'actuel musée gallo-romain. Le site bénéficie d'un panorama superbe sur la vallée des deux fleuves et les Alpes.

    La ville porte d'abord le nom de Colonia Copia Felix Munatia, bientôt modifié en Copia Lugdunum. Le nom Lugdunum, que portent plusieurs villes d'origine gauloise, renvoie au suffixe celte dunum, qui évoque une éminence fortifiée (comme dans Châteaudun), et au dieu Lug, auquel un culte était rendu sur la colline de Fourvière. Les trouvailles archéologiques laissent penser que ce culte prenait entre autres la forme de très importants banquets. Lugdunum, plus tard transformé en Lyon, signifierait donc en gaulois : la « colline du dieu Lug ».

    La colonie romaine orne ses monnaies d'un génie à côté d'un corbeau sur une motte, d'après un calembour héraldique, de lukos (corbeau en latin !), et dunum (colline) !

    Lugdunum, capitale des Gaules

    Sous le règne d'Auguste, héritier de Jules César, son gendre Agrippa divise la « Gaule chevelue », c'est à dire la Gaule conquise par César, en trois provinces : Lyonnaise, Aquitaine, Belgique. Sur le littoral méditerranéen, la Narbonnaise, plus anciennement romanisée, demeure province sénatoriale.

    En 16 et en 14 av. J.-C., l'empereur Auguste, de passage en Gaule, fait construire à Lugdunum le premier théâtre des Gaules, aux dimensions modestes (4500 places). La ville devient la capitale commune aux trois Gaules. Plusieurs empereurs y séjournent et le futur empereur Claude, fils de Drusus, beau-fils d'Auguste, et d'Antonia, fille de Marc-Antoine, y naît le 1er août de l'an 10 av. J.-C..

     

    Le sanctuaire des trois Gaules

    La nouvelle cité reçoit une parure monumentale particulièrement riche : d'abord le théâtre puis le sanctuaire des Trois Gaules, inauguré par Drusus le 1er août de l'an 12 avant JC, ainsi qu'un amphithéâtre associé à ce sanctuaire et construit en 19 de notre ère, enfin l'odéon, petit théâtre réservé à la musique et la récitation poétique, érigé peu après le milieu du IIe siècle.

    Si la plupart de ces monuments se retrouvent dans d'autres villes romaines, le sanctuaire des Trois Gaules tient une place à part. Il s'agit d'un très imposant autel entouré de tribunes.

    Sur ces gradins sont gravés les noms des soixante peuples gaulois qui envoient chaque année, le 1er août, des délégués pour le culte rendu à Rome et Auguste, mais aussi pour discuter des problèmes politiques des Gaules. Notons que 27 de ces peuples ont pour centre urbain un actuel chef-lieu de département : Parispour les Parisii, Vannes pour les Vénètes...

     

    Éphéméride du Jour 4:  Fondation de Lyon - 9 octobre 43 av. J.-C.

     

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    8 octobre 451

    L'Orient se divise au concile de Chalcédoine

     

    Le 8 octobre 451, tandis que l'Occident romain est mis à sac par les Huns, un grand concile s'ouvre à Chalcédoine, en face de Constantinople, sur la rive asiatique du Bosphore (aujourd'hui Kadiköy). Il va traiter de querelles théologiques très subtiles mais qui auront, pour les chrétiens d'Orient, des conséquences importantes et encore d'actualité.

    Chalcédoine est le quatrième et dernier des grands conciles oecuméniques qui mettent en place les structures de la chrétienté, après Nicée (325) : Constantinople (381) et Éphèse (431).

    Marie Desclaux

    Concile de Chalcédoine (451), icone byzantine

    Subtilités théologiques

    Marcien, qui vient de succéder à son beau-père Théodose II à la tête de l'empire romain d'Orien, a convoqué à Chalcédoine plusieurs centaines d'évêques orientaux et deux légats du pape en vue d'effacer le souvenir malheureux du précédent concile, convoqué à Éphèse (Asie mineure) deux ans plus tôt, en 449. Ce concile, qui ne sera plus connu que sous le nom de « brigandage d'Éphèse », s'était séparé sans pouvoir se mettre d'accord sur la nature du Christ. 

    À Chalcédoine, les évêques conciliaires arrivent enfin à s'accorder sur une définition qui a l'heur de convenir à l'évêque de Rome, le pape Léon 1er. Ils établissent la double nature humaine et divine du Christ dans une parfaite fusion. Ils réaffirment aussi le dogme de la Sainte Trinité (un Dieu en trois personnes, le Père, le Fils et le Saint Esprit).

    – Condamnation de l'arianisme

    En conséquence de quoi, le concile renouvelle la condamnation de l'hérésie arienne prononcée au concile de Nicée et qu'ont adoptée des peuples germains comme les Goths et les Vandales. Cette hérésie fait du Christ un simple relais entre les hommes et Dieu.

    – Condamnation du nestorianisme

    Le concile renouvelle aussi la condamnation du nestorianisme, ou doctrine de Nestorius, ancien patriarche de Constantinople, qui établit une stricte distinction entre les natures humaine et divine du Christ. 

    Cette doctrine jugée hérétique va donner naissance à l'église syrienne orientale. Elle va être très active en Orient et jusqu'en Mongolie et en Chine. Des communautés nestoriennes subsistent en Irak comme en Inde.

     
     - Condamnation du monophysisme

    Il condamne également le monophysisme, doctrine inspirée par un moine d'Alexandrie, Eutychès, qui ne veut voir dans le Christ que la nature divine. 

    Cette doctrine séduit les chrétiens coptes d'Égypte ainsi que les chrétiens d'Arménie et certaines communautés du Proche-Orient. Aujourd'hui encore, elle a cours dans l'Église copte d'Éthiopie et l'Église syrienne de l'Inde.

    Querelles de préséance

    Au concile de Chalcédoine, les évêques orientaux complètent leur travail en mettant à égalité le patriarcat de Constantinople et le siège papal de Rome :
    « Les pères en effet ont accordé avec raison au siège de l'ancienne Rome la préséance, parce que cette ville était la ville impériale ; mus par ce même motif, les cent cinquante évêques aimés de Dieu ont accordé la même préséance au très saint siège de la nouvelle Rome, pensant que la ville honorée de la présence de l'empereur et du sénat et jouissant des mêmes privilèges civils que Rome, l'ancienne ville impériale, devait aussi avoir le même rang supérieur qu'elle dans les affaires d'Église, tout en étant la seconde après elle; en sorte que les métropolitains des diocèses du Pont, de l'Asie (proconsulaire) et de la Thrace, et eux seuls, ainsi que les évêques des parties de ces diocèses occupés par les barbares, seront sacrés par le saint siège de l'Église de Constantinople ».

    L'évêque de Rome, autrement dit le pape Léon 1er, n'apprécie guère de voir que le patriarche de Constantinople soit ainsi élevé à son niveau et s'empresse de rejeter ce 28ème et dernier canon des conclusions du concile (« Voeu pour la primauté du siège de Constantinople »). La rupture entre l'orthodoxie et le catholicisme romain est déjà dans l'air.

    Plus grave, avec des conséquences plus immédiates, la condamnation du monophysisme heurte les habitants des régions orientales (Syrie, Égypte). Restés fidèles à l'hérésie, ils commencent à prendre leurs distances avec Constantinople.

    Deux siècles plus tard, lorsque les Arabes musulmans attaqueront ces régions, ils trouveront devant eux des communautés peu combatives, sinon accueillantes, car peu disposées à défendre l'empereur grec.

     

     

    Éphéméride du Jour 4:  L'Orient se divise au concile de Chalcédoine - 8 octobre 451

     

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    7 octobre 1337

     

    Début de la guerre de Cent Ans

     

    Éphéméride du Jour 4:  Début de la guerre de Cent Ans - 7 octobre 1337

     

    Le 7 octobre 1337, à l'abbaye de Westminster, le roi d'Angleterre Édouard III lance publiquement un défi à son cousin le roi de France. Il conteste la légitimité de Philippe VI de Valois et revendique la couronne de France pour lui-même. C'est le début de la guerre de Cent Ans.

     

    Montée des revendications

    Edouard III (13 novembre 1312 ; 21 juin 1377) en costume de grand-maître de l'Ordre de la Jarretière (1430, William Bruges, Garter Book, British Library)

    L'accession au trône de Philippe VI de Valois, après la mort sans postérité du dernier fils de Philippe le Bel, n'avait pas été sans susciter de contestation.

    À peine élu, le nouveau roi de France avait tenté de consolider son autorité en écrasant au Mont Cassel, près de Lille, le 23 août 1328, les Flamands insurgés contre leur comte, Louis de Nevers.

    Là-dessus, il avait rappelé au roi d'Angleterre Édouard III qu'il devait lui rendre hommage pour ses possessions de Guyenne et de Gascogne. Selon les règles féodales, ces provinces relevaient en effet de la monarchie française, qui était censée les avoir confiées aux Plantagenêts en qualité de fiefs.

    Les choses se gâtent dès lors très vite. Le comte de Flandre prend le parti du roi de France dans la querelle qui s'amorce. Or les bourgeois flamands tirent leur prospérité de la laine anglaise qu'ils importent en abondance et dont ils font des draps qu'ils vendent dans toute l'Europe.

     

    Éphéméride du Jour 4:  Début de la guerre de Cent Ans - 7 octobre 1337

    Édouard III punit la Flandre en imposant l'embargo sur les exportations de laine anglaise le 12 août 1336. Mis en difficulté, les drapiers flamands se soulèvent contre leur comte sous la direction de l'un des leurs, Jacob van Artevelde, un marchand de Gand charismatique et éloquent. Ce dernier suggère au roi d'Angleterre de revendiquer pour lui-même la couronne de France...

    Philippe VI de Valois, loin de calmer le jeu, prononce le 24 mai 1337 la confiscation de Bordeaux et du duché de Guyenne.  !

    Un intrigant français à Londres

    Le roi d'Angleterre est aussi encouragé à la guerre par Robert d'Artois. Après la mort du comte Philippe d'Artois à la « bataille des éperons d'or », ce colérique féodal a été privé de la succession au profit de sa tante Mahaut.

    Beau-frère du roi Philippe VI de Valois, il intrigue sans trêve pour recouvrir ses droits et n'hésite pas à produire de faux documents. Son épouse et ses fils sont incarcérés à Château-Gaillard. Lui-même doit s'enfuir et va chercher une revanche à Londres... Ce personnage haut en couleur est au coeur de la saga historique de Maurice Druon : Les rois maudits.

    C'est ainsi qu'à Westminster, Édouard III défie publiquement Philippe VI qu'il appelle « Philippe de Valois, qui se dit roi de France ». Quelques mois plus tard, en janvier 1338, chez ses alliés flamands de Gand, il prend publiquement le titre de « roi de France ».

    Le conflit va rebondir avec une guerre de succession ouverte en Bretagne par la mort du duc Jean III.

    De désastre en désastre

    Le roi d'Angleterre a d'abord l'avantage sur son cousin et rival, Philippe VI. La flotte française est détruite dans le port flamand de l'Écluse, en aval de Bruges, le 24 juin 1340. Quelques années plus tard survient à Crécy le premier affrontement terrestre...

    René Castillon

     

    Éphéméride du Jour 4:  Début de la guerre de Cent Ans - 7 octobre 1337

     

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