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    Les tribulations des femmes à travers

    l'Histoire

    Antiquité : sous la férule masculine

     

     

    Comme chacun sait, « la femme est l'avenir de l'homme » (Louis Aragon) ! Mais on a tendance à oublier qu'elle possède aussi un passé. Penchons-nous donc sur le quotidien de ces filles d’Ève qui ont  participé à leur façon à la construction de nos sociétés...

    Isabelle Grégor
     

    « La Gitane de Zeugma », mosaïque, Ier siècle, musée archéologique de Gaziantep, Turquie.

    Une Préhistoire tirée par les cheveux

    Que sait-on des premières représentantes de l'espèce humaine ? Pas grand chose !

    « Deux Mères », Maxime Faivre, 1888, musée d'Orsay, Paris.

    Si Lucy, la petite Australopithèque sortie de terre en 1974 en Éthiopie, a été très vite consacrée grand-mère quelque peu poilue de l'Humanité, on se demande désormais si ces ossements ne sont pas finalement ceux d’un… grand-père.

    De quoi mettre fin au mythe de l'Ève africaine qui a renvoyé nos ancêtres féminines à leur foyer et à leur rôle de mère de famille.

    Les préhistoriens du XIXe siècle ont popularisé cette image des premières matrones occupées à cueillir des baies en attendant le retour de leurs mâles chasseurs qui les entraîneront par les cheveux au fond de la caverne...

    Mais d'une telle distribution des rôles, nous n'avons aucune preuve, si ce n'est les représentations à caractère sexuel qui montrent l'importance de la fonction reproductive.

    « Vénus de Kostenki » (Russie), 30 000-15 000 av. J.-C., musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg.

    Vénus de Willendorf, Dame de Brassempouy...

    Retrouvées dans toute l'Europe, ces sculptures paléolithiques caractérisées par une hypertrophie peu naturelle des seins et des fesses semblent confirmer cette hypothèse d'aïeules Pierrafeu cantonnées au rôle de mères assurant la survie du groupe.

    Mais pourquoi ces Ève n'auraient-elles pas pu s'adonner à une activité comme la taille des pierres, qui demande plus d'habilité que de force ? Les menottes colorées qui se sont posées sur les parois des grottes n'appartenaient-elles pas à de petites créatures ?

    Rien n'empêche d'imaginer que les Michel-Ange de la Préhistoire étaient en fait des artistes en jupons !

    Une hypothèse confortée par les recherches de la paléonthologue Marylène Patou-Mathis. Selon elle, les ossements et matériaux retrouvés dans les abris laissent supposer que les femmes pouvaient pratiquer la chasse et l'art tout autant que les hommes.

     

    « Création d'Ève », Guiard des Moulins,  Bible historiale, XVe siècle, BnF, Paris.

    Et Dieu créa la femme... Quelle catastrophe !

    On connaît l'histoire : trouvant mauvais pour le moral de l'homme de le laisser seul, Yahvé lui subtilisa sous anesthésie générale une côte et s'en servit pour modeler la femme, « la chair de sa chair ». Mais voilà que la Tentation, sous la forme d'un serpent, fait les yeux doux à Ève qui croque la pomme de l'Arbre de la connaissance. Sacrilège !

    Parce qu'elle a douté de Dieu, Ève est aussitôt expulsée du Paradis terrestre, entraînant dans sa chute son innocent compagnon. Elle paiera cette seconde de faiblesse en accouchant désormais dans la douleur.

    Cette version (Genèse, 2 : 21-22) a fait oublier le premier récit de la mésaventure (Genèse, 1 : 27) dans laquelle le couple est formé en une seule fois et placé sur un pied d'égalité dès sa création : « Mâle et femelle il les créa ».

    « Pandore », détail d'une céramique grecque originaire du sud de l'Italie, IVe siècle avant J.-C., musée archéologique de Catalogne, Barcelone, Espagne.

    On peut en tout cas y voir une forme de misogynie, comme dans le mythe de Pandore né à peu près à la même époque (VIIe siècle av. J.-C.).

    Victime, comme sa sœur biblique, de la curiosité, la première femme grecque a eu la mauvaise idée d'ouvrir la jarre contenant tous les maux de l'Humanité. Zeus, qui avait une dent contre Prométhée, a dû bien rire...

    Cadeau empoisonné, la femme prend ainsi place dans l'imaginaire occidental sous l'aspect d'un être séduisant, certes, mais aussi fourbe et indigne de confiance.

    Simone de Beauvoir l'a bien remarqué : « Quand ils veulent se venger des hommes les dieux païens inventent la femme » (Le Deuxième sexe, 1949). Heureusement que les poètes sont là pour nous donner un avis plus positif :
    « Si Dieu n'avait fait la femme,
    Il n'aurait pas fait la fleur »
    (Victor Hugo, « Les Femmes sont sur la Terre », 1856) !

    Statuette de femme nue debout, représentant peut-être la grande déesse babylonienne Nanaya, fille du dieu Lune, Mésopotamie, Babylone, IIIe siècle av. J.-C. - IIIe siècle ap. J.-C., Paris, musée du Louvre-Lens. Matériaux : albâtre, or et rubis.

    La femme du Croissant fertile, mère de l'Humanité

    À l'opposé de l'image de la femme soumise, transmise par les premiers préhistoriens comme par les exégètes de la Bible, les féministes des années 70 ont ébauché une vision de nos origines dominée par la figure de la Déesse Mère.

    Ainsi, selon la philosophe Élisabeth Badinter (L'un est l'autre, 1987), chez les chasseurs-cueilleurs comme chez les premiers agriculteurs, la femme garde le foyer et assure la stabilité de la communauté pendant que les hommes errent à la chasse ou vaquent aux champs. D'où sa primauté sociale qui se traduit par le culte de divinités féminines.

    Cette théorie reste difficile à prouver mais il semble acquis que c'est à la femme que l'on doit l'entrée dans le Néolithique : peu mobiles du fait de l’enfantement et des soins à prodiguer à leur progéniture, les femmes auraient en effet incité leurs compagnons à se sédentariser. Délaissant la chasse, elles se seraient aussi spécialisées dans le traitement des plantes et la fabrication artisanale, permettant le développement de l'agriculture.

    « Déesse nourrissant des caprins », Ougarit, Syrie, 1250 av. J.-C., musée du Louvre, Paris.

    Un changement semble s'amorcer au IIe millénaire av. J.-C., au cœur du Croissant fertile.

    Au nord de la Mésopotamie, l'Assyrie (XIVe-VIIe siècles av. J.-C.) se bâtit  sur la base de la cellule familiale monogame et de la réclusion des femmes.  

    L'homme doit-il s'absenter sur de longues périodes ? La société lui accorde alors le droit de prendre une seconde épouse, sous condition de l'installer dans un foyer différent, évitant ainsi crêpages de chignons et tracasseries de successions. Souhaite-t-il prendre sa retraite auprès de sa première femme adorée ?

    C'est simple ! Il divorce de la seconde et réintègre le foyer avec les enfants de la délaissée, dûment consolée par une indemnité de frais d'éducation... La femme mésopotamienne est en effet protégée par des textes de lois précis comme le célèbre code Hammourabi (1792-1750 av. J.-C.) dont près de 80 paragraphes la concernent.

    À la nourrice coupable d'avoir laissé mourir un enfant, on coupera les seins ; à celle qui s'est attaqué aux organes génitaux masculins, on sectionnera la main. A-t-elle tué son époux ? Elle sera empalée et privée de sépulture. Les punitions ne sont pas à sens unique : les femmes sont aussi protégées du viol avec la peine de mort pour le coupable, et peuvent engager des actions en justice.

    Si le pouvoir suprême leur était refusé, les femmes de Mésopotamie, du moins celles qui n'étaient pas esclaves, n'étaient donc pas sans ressources et ne se sont pas contentées de tenir la maisonnée. Dans un pays où la grande déesse Ishtar symbolisait à la fois l'amour et la guerre, voir des femmes de caractère devenir scribes n'avait rien d'étonnant !

    Photographie d'un sceau cylindrique Akkadian antique dépeignant la déesse Ishtar et son sukkal Ninshubur, IIIe siècle av. J.-C., Institut Oriental de l'Université de Chicago, États-Unis.

    Va voir ma mère et dis-lui...

    L'amour filial n'a pas d'âge ! Voici le message que le sumérien Ludingirra demande à un courrier de transmettre à sa mère :
    Si tu ne connais point ma mère, laisse-moi te donner ses signes (d'identification) :
    Son nom est Shat-Ishtar,
    Une personnalité rayonnante,
    Une déesse splendide, une belle-fille adorable […].
    Ma mère est la lumière vive de l'horizon, une biche des montagnes,
    L'étoile du matin qui scintille […]
    Une parfaite statuette d'ivoire, pleine de charme,
    Un ange d'albâtre, sur un piédestal de lapis-lazuli […].
    Ma mère est la pluie en sa saison, l'eau pour le grain enfoui,
    Une riche moisson, une très bonne orge,
    Un jardin d'abondance, plein de délices […]
    Ma mère est une fête, une offrande pleine de réjouissance, [...]
    Un amant, un cœur aimant dont la joie est inextinguible,
    De bonnes nouvelles pour un captif retourné chez sa mère. […]

    (Samuel Noah Kramer dans L'Histoire commence à Sumer, 1975).

    « Le Livre des morts », papyrus de Nebqed, vers 1400 av. J.-C., musée du Louvre, Paris.

    Libres filles d'Isis

    « […] Chez les particuliers [égyptiens], l'homme appartient à la femme, selon les termes du contrat dotal, et […] il est stipulé entre les mariés que l'homme obéira à la femme » (Bibliothèque historique). Cette affirmation de Diodore de Sicile, au Ier siècle avant J.-C., montre l'étonnement des Grecs découvrant la relative liberté dont jouissait la femme sur les bords paisibles du Nil. Inimaginable au pays du terrible Zeus !

    Toutankhamon et son épouse Ankhesenamon, « Promenade dans le jardin », XIVe siècle av. J.-C., Ägyptisches Museum und Papyrussammlung, Berlin.

    L'Égypte lui préfère l'image d'Isis, sœur, épouse et mère idéale, qui savait associer douceur et fermeté. Son importance dans le panthéon égyptien, aux côtés d'autres déesses comme Nout (le Ciel), ou Hathor (l'Amour et la Beauté), montre à quel point la femme occupait un rôle essentiel dans les croyances, mais aussi dans la société.

    On peut s'en rendre compte en admirant les représentations de l'époque : on y voit des épouses assises aux côtés de leur cher et tendre, en toute égalité, des couples plein de tendresse, des familles harmonieuses. L'amour est ici un sentiment qui s'affiche !

    « Cuiller à fard en forme de jeune fille portant un vase », vers 1500 av. J.-C., musée du Louvre, Paris.

    La jeune épousée est assurée de ne pas voir arriver de concurrente sous son toit, la polygamie étant rare. Elle peut toucher l'héritage de son père, choisir son promis, divorcer et, en cas de veuvage, rester maîtresse de son destin.

    Cette relative autonomie a permis à certaines de suivre non seulement de hautes études mais aussi de se faire une place parmi l'intelligentsia en tant que scribe, inspectrice du trésor ou intendante des prêtres. Quel beau symbole de cette réussite que le parcours de Peseshet devenue première femme-médecin connue de l'Histoire (vers 2500 av. J.-C.) !

    Elle n'est pourtant pas la femme la plus célèbre de l'Égypte puisque Hatchepsout (XVe siècle av. J.-C.), Néfertiti (XIVe siècle av. J.-C.) et même la grecque Cléopâtre (Ier s. av. J.-C.) l'ont largement devancée. Quelle autre civilisation de cette époque peut se vanter de telles femmes de pouvoir ?

    Les hommes devant le métier à tisser, les femmes au travail !

    Au Ve siècle av. J.-C., l'historien grec Hérodote se penche lui aussi sur l'étrange distribution des rôles qui semble régner en Égypte.
    « Chez eux, les femmes vont sur la place, et s'occupent du commerce, tandis que les hommes, renfermés dans leurs maisons, travaillent à de la toile. [...]. En Égypte, les hommes portent les fardeaux sur la tête, et les femmes sur les épaules. Les femmes urinent debout, les hommes accroupis ; quant aux autres besoins naturels, ils se renferment dans leurs maisons; mais ils mangent dans les rues. Ils apportent pour raison de cette conduite que les choses indécentes, mais nécessaires, doivent se faire en secret, au lieu que celles qui ne sont point indécentes doivent se faire en public. Chez les Égyptiens, les femmes ne peuvent être prêtresses d'aucun dieu ni d'aucune déesse ; le sacerdoce est réservé aux hommes. Si les enfants mâles ne veulent point nourrir leurs pères et leurs mères, on ne les y force pas ; mais si les filles le refusent, on les y contraint » (Histoire, livre II).

    « Pénélope tissant »; l’une des cinquante gravures  illustrant un volume de l'Iliade et l'Odyssée, James Stow, (1770-1820), BnF, Paris.

    Peu d'Aphrodite... beaucoup de Pénélope !

    Rares sont les peuples qui ont représenté la femme avec autant de grâce : le déhanché de la Vénus de Milo et le drapé de la Victoire de Samothrace sont là pour témoigner de l'amour des Grecs pour le beau sexe.

    Aphrodite sur son cygne, médaillon d'un kylix (vase utilisé pour déguster du vin), vers 460 av. J.-C., British Museum, Londres.

    Mais ne nous y fions pas : la vie quotidienne des mères de famille est bien loin de l'image véhiculée par ces déesses libres et indomptables !

    Pour les descendantes de Pandore la fouineuse, les hommes grecs n'ont dans leur ensemble que méfiance et mépris, comme le montre cette sentence du poète Carcinos : « À quoi bon dire du mal des femmes ? N'est-il pas suffisant de dire : c'est une femme ? » (Ve siècle av. J.-C.).

    Ce manque d'égard va la suivre toute sa vie : considérée comme une éternelle mineure, la jeune fille, à peine sortie de l'enfance, passe un beau jour de la surveillance de son père à celle de son mari, que bien sûr il n'est pas question qu'elle choisisse elle-même. La voici de nouveau enfermée entre les quatre murs d'une maison dont elle ne sort que pour aller faire quelques courses qu'elle ne peut payer elle-même.

    Il lui faut s'en remettre à son époux, qu'elle croise d'ailleurs peu, voire demander l'argent à l'esclave qui ne la quitte pas. On attend uniquement d'elle qu'elle tienne bien sa maisonnée et surtout qu'elle enfante rapidement.

    Courtisane remettant son himation (vêtement ample) sous les yeux de son client ;  la lyre suggère une musicienne appelée pour un banquet. Intérieur d'un kylix, vers 490 av. J.-C., British Museum, Londres.

    Doit-elle préférer le sort des servantes ou même des prostituées, libres de leurs mouvements mais méprisées ?

    Pense-t-elle à ses sœurs spartiates, celles que l'on surnommait les « cuisses nues » à force de les voir s’entraîner au sport pour donner des enfants vigoureux à la cité ?

    Certes, elles pouvaient hériter et posséder des biens mais, comme les autres Grecques, seule la procréation leur donnait une chance de s'épanouir socialement.

    À l'image de Pénélope attendant des années le retour de son héros de mari devant son métier à tisser, la femme de la Grèce antique est reléguée dans son gynécée (appartement réservé aux femmes), et peu ont réussi à se faire un nom.

    Citons la poétesse Sappho (Ve siècle av. J.-C.), la savante Hypatie d 'Alexandrie (Ve siècle) et les reines Arsinoé (IVe siècle av. J.-C) et Cléopâtre (Ier siècle av. J.-C.) qui profitèrent des mœurs plus libres de l'Égypte.

    Mais chez les Grecs, la misogynie reste de mise, si l'on en croit ce témoignage de Socrate sur sa femme Xanthippe, modèle de l'épouse acariâtre : « En la gardant chez moi, je m'habitue, je m'exerce à supporter avec plus de patience l'insolence et les injures des autres » (Aulu-Gelle, Les Nuits antiques, IIe siècle).

    Pauvres âmes...

    « Bien souvent, je me suis dit, pensant à notre sort de femmes, que nous n'étions rien. Enfants, cœurs tout nourris d'insouciance douce, ainsi que les petits le sont toujours, nous connaissons à la maison les jours pleins de bonheur d'une tendre saison. Mais le bel âge vient, celui des épousailles. Un accord est conclu ; on nous chasse, on nous vend, loin des dieux du foyer et des parents chéris, l'une unie à un Grec, l'autre à quelque Barbare. Et dans une demeure où tout semble bizarre, étrange, et où l'épouse est parfois mal reçue, dès la première nuit notre vie est tissu, fixée à jamais, de force... Et, pauvres âmes, il faut prétendre encore être heureuses... » (Sophocle, extrait d'une tragédie perdue traduit par Marguerite Yourcenar).

    Éon (Aiôn),  dieu de l’éternité, et Tellus (Gaïa), déesse-mère,  entourée de quatre enfants, peut-être  les quatre saisons personnifiées, partie centrale d'une grande mosaïque de sol provenant d'une villa romaine de Sentinum, début IIIe siècle, Glyptothèque de Munich, Allemagne.

    Une sacrée équipe

    On ne s'ennuyait pas sur l'Olympe ! S'amusant à titiller les humains, hommes et femmes immortels y cohabitaient en toute harmonie. Vraiment ? Jalousie, rapts, adultères... Le monde divin ne reflète-t-il pas, avec outrance, le monde des pauvres mortels ?

    Le « Jugement de Pâris », fresque, détail, musée archéologique de Naples. Représentation des trois déesses : Artémis,  Aphrodite et Héra.

    À côté de l'image ancienne de la déesse-mère Gaïa, on retrouve dans le peloton de tête des déesses les archétypes féminins comme la jeune beauté inaccessible (Aphrodite), l'intellectuelle guerrière (Athéna), la sportive indomptable (Artémis), l'épouse possessive (Héra).

    Mais la mythologie n'oublie pas les autres représentantes de la société de l'époque, comme l'esclave Briséis, que se disputent Achille et Agamemnon. 

    Les allusions à Médée, la terrible princesse de Colchide (Géorgie) qui vient en aide à Jason contre l'avis de son père, nous prouvent par ailleurs que les Grecs savaient bien que d'autres peuples étaient plus généreux pour leur sexe faible. Ils ont ainsi donné vie aux sauvages Amazones qui font leur apparition dans l'Iliade.

    « Vestale portant le feu sacré », Jean Raoux, 1729, musée Fabre, Montpellier.

    À la fois femmes et combattantes, elles auraient été inspirées par les nomades des steppes dont l'habilité à cheval laissait rêveurs leurs contemporains hellènes. Omniprésentes dans les mythes, les femmes avaient également un rôle important à jouer dans le culte religieux.

    Régulièrement elles se regroupaient pour honorer les divinités qui les protégeaient au quotidien et lors des étapes importantes de leur vie, comme l'accouchement.

    À Athènes, elles se font même participantes actives lors des fêtes des Panathénées et certaines accèdent au rang de prêtresses ; à Delphes, c'est la Pythie qui joue un rôle capital dans l'Histoire du pays.

    Du côté de Rome vivaient les Vestales qui, à aucun prix, ne renonceraient à l'honneur d'entretenir le feu sacré. Seules à avoir les mêmes droits que les hommes, elles sont dotées d'un immense prestige.

    La preuve ? Ces vierges sacrées peuvent observer les spectacles depuis la tribune impériale et ont le pouvoir de gracier les condamnés à mort. Gare à celle qui faute ! Pour bien lui rappeler ses obligations, on l'emmurera vivante...

    Quand Athéna gagne, les femmes perdent

    Dans La Cité de Dieu, saint Augustin nous explique qu'il faut chercher l'origine du statut de la femme grecque dans la rivalité entre Neptune (Poséidon) et Minerve (Athéna).
    « Voici, selon Varron, la raison pour laquelle cette ville fut nommée Athènes, qui est un nom tiré de celui de Minerve, que les Grecs appellent Athéna. Un olivier étant tout à coup sorti de terre, en même temps qu’une source d’eau jaillissait en un autre endroit, ces prodiges étonnèrent le roi, qui députa vers Apollon de Delphes pour savoir ce que cela signifiait et ce qu’il fallait faire. L’oracle répondit que l’olivier signifiait Minerve, et l’eau Neptune, et que c’était aux habitants de voir à laquelle de ces deux divinités ils emprunteraient son nom pour le donner à leur ville. Là-dessus Cécrops assemble tous les citoyens, tant hommes que femmes, car les femmes parmi eux avaient leur voix alors dans les délibérations. Quand il eut pris les suffrages, il se trouva que tous les hommes étaient pour Neptune, et toutes les femmes pour Minerve mais comme il y avait une femme de plus, Minerve l’emporta. Alors Neptune irrité ravagea de ses flots les terres des Athéniens ; et, en effet, il n’est pas difficile aux démons de répandre telle masse d’eaux qu’il leur plaît. Pour apaiser le dieu, les femmes, à ce que dit le même auteur, furent frappées de trois sortes de peines : la première, que désormais elles n’auraient plus voix dans les assemblées ; la seconde, qu’aucun de leurs enfants ne porterait leur nom ; et la troisième enfin, qu’on ne les appellerait point Athéniennes » (La Cité de Dieu, Ve siècle).

    « Sarah présentant Hagar à Abraham », Adriaen van der Werff, 1699, Staatsgalerie im Neuen Schloss, Schleißheim, Munich.

    Femmes de la Bible

    Méfiez-vous de la femme ! Adam, Samson et Jean-Baptiste n'ont pas fini de regretter d'avoir croisé le chemin d'Ève, Dalila et Salomé. Mais avoir une forte personnalité ne signifie pas obligatoirement pour la femme biblique de jouer un rôle négatif, au contraire. Abraham serait-il devenu prophète sans le soutien de la vieille Sarah qui lui offrit sa servante pour qu'il puisse avoir une descendance ?

    « Salomé avec la tête de saint Jean-Baptiste », Lucas Cranach l'Ancien, 1530, Museum of Fine Arts, Budapest.

    Moïse aurait-il sauvé son peuple sans les conseils de sa sœur Myriam ? À côté de ces personnages pleins de sagesse on trouve de véritables casse-cou, cheftaines de guerre répondant aux noms de Déborah et Judith.

    Dans la vie de tous les jours, la juive des temps anciens est avant tout épouse et mère. Après avoir donné son consentement dans le choix du prétendant, elle en devient la propriété.

    En cas de mésentente insupportable, il peut même la répudier, oubliant alors le principe talmudique lui enjoignant : « Honore ta femme plus que toi-même ! ».

    La façon dont le Christ juge les femmes apparaît donc originale pour l'époque : loin de les éviter, il les accueille en laissant de côté tous les interdits qui affectent alors les relations entre les sexes.

    Les femmes du Nouveau Testament, en choisissant elles aussi de devenir disciples du Sauveur, sont vues comme égales des hommes au cœur d'une petite communauté mixte. N'ont-elles d'ailleurs pas été les premières à témoigner de la Résurrection ?

    Dans l'histoire de la religion chrétienne, elles n'ont cessé de jouer un rôle de premier plan, que l'on pense à l'adoration dont la Vierge Marie a été l'objet ou à l'influence capitale des saintes, des mystiques et surtout des nonnes dans la société, au fil des siècles. On se demande bien d'ailleurs pourquoi Dieu n'est pas représenté sous les traits d'une femme...

    Une reine qui ne manque pas d'arguments

    L'Ancien Testament se fait l'écho d'une rencontre entre deux grands souverains des temps bibliques, le roi juif Salomon et la reine du royaume de Saba, situé du côté du Yémen.
    « La reine de Saba entendit parler de la réputation de Salomon pour le nom du Seigneur et elle vint le mettre à l'épreuve par des énigmes. Elle arriva à Jérusalem avec une suite très importante, des chameaux portant des essences odoriférantes, de l'or en très grande quantité et des pierres précieuses. Elle vint trouver Salomon et lui dit tout ce qu'elle avait dans le cœur. Salomon lui expliqua tout ce qu'elle demandait ; il n'y avait rien de caché que le roi ne pût lui expliquer.
    La reine de Saba vit toute la sagesse de Salomon, la maison qu'il avait bâtie, les mets de sa table, l'habitation des gens de sa cour, la fonction de ses auxiliaires et leurs vêtements, ses échansons, et les holocaustes qu'il offrait dans la maison du Seigneur : elle en eut le souffle coupé.
    Elle dit alors au roi : « C'était donc vrai, ce que j'ai appris dans mon pays au sujet de tes paroles et de ta sagesse ! Je n'y croyais pas avant d'être venue et de l'avoir vu de mes yeux. Et on ne m'en avait pas dit la moitié ! Tu as plus de sagesse et de prospérité que ta réputation ne me l'avait laissé entendre ». […]
    Elle donna au roi cent vingt talents d'or, une très grande quantité d'essences odoriférantes et des pierres précieuses. Il n'arriva plus autant d'essences odoriférantes que celles que la reine de Saba donna au roi Salomon.
    Les bateaux de Hiram, qui apportèrent de l'or d'Ophir, amenèrent aussi d'Ophir une très grande quantité de bois de santal et des pierres précieuses. […]
    Le roi Salomon donna à la reine de Saba tout ce qu'elle souhaita demander, et il lui fit bien d'autres présents, comme seul pouvait en faire le roi Salomon. Puis elle s'en retourna dans son pays, elle et les gens de sa cour »
    (Le Livre des Rois, 10).

    « Salomon et la reine de Saba », Jan Erasmus Quellinus, XVIIe siècle, musée des beaux-arts, Lille.

    Quelles matrones !

    Songeons que Rome est née de l'enlèvement des Sabines. On comprend que le destin des jeunes filles de la République se limite au mariage et à la procréation.

    Disciples de la Grèce misogyne, les Romains ont cependant su faire évoluer la condition féminine. Faut-il en chercher l'explication du côté de leurs ancêtres étrusques ?

    Quelle ne fut pas en effet la surprise des archéologues découvrant au XIXe siècle fresques et sarcophages étrusques mettant en scène des couples représentés à égalité, tendrement unis. Des représentations qui témoignent d'un statut d'une modernité étonnante !

    « Sarcophage des époux de Cerveteri », VIe siècle av. J.-C, musée du Louvre, Paris.

    Toujours est-il que la femina romaine sort peu à peu de son rôle effacé. Elle peut même gérer sa fortune et quitter sa domus pour travailler aux côtés de son paterfamilias de mari artisan.

    La jeune mariée ne prend-elle pas le pouvoir sur la maison en franchissant son seuil : « Ubi tu Caïus, ibi ego Caïa  ; là où toi tu es maître, je vais être maîtresse » ? Cela en fit rire certains dont Caton qui déclara : « Nous, qui gouvernons tous les hommes, nous sommes gouvernés par nos femmes » (cité par Plutarque dans Vies des hommes illustres, Ier siècle).

    « Boadicée haranguant les Bretons », gravure de William Sharp, XVIIIe siècle, National Portrait Gallery, Londres.

    La République voit les matrones envahir les lieux publics, assister aux spectacles et aux débats du forum, créer des associations et s'immiscer dans les affaires politiques. Faut-il rappeler le rôle joué sous l'Empire par Messaline et Agrippine ?

    Plus loin, dans le désert syrien, c'est la reine de Palmyre Zénobie qui n'hésita pas à donner à son fils le titre d'empereur, au nez et à la barbe de Rome (IIIe siècle).

    Les femmes barbares ne sont pas en reste avec la révolte menée par l'Icène Boadicée (Ier siècle ap. J.-C.) dans la province romaine d'outre-Manche. Son exemple illustre l'importance sociale de la femme chez les Celtes, y compris aux époques anciennes comme l'atteste la Dame de Vix (Bourgogne), une princesse qui fut inhumée avec un véritable trésor (IVe siècle av. J.-C.).

    Dispute conjugale à la romaine

    Cicéron raconte à son ami Atticus à quel point son frère Quintus a du mal à vivre avec sa chère Pomponia...
    « J'en viens à ce que nous avions dit toi et moi à Tusculum au sujet de ta sœur. Je n'ai jamais vu quelqu'un montrer autant de douceur, autant de calme que ne le fait pour l'instant mon frère envers ta sœur. A un point tel que même s'il a une bonne raison de lui en vouloir, rien n'en transparaît. Voilà tout pour cette journée.
    Le lendemain, nous avons quitté la maison d'Arpinum. Nous avons dîné à Arx. Tu connais la propriété. A notre arrivée, Quintus a dit fort gentiment : " Pomponia, occupe-toi des femmes, moi, je vais recevoir les hommes ". Rien, à mon sens, ne pouvait être plus aimable, et cela ne concerne pas seulement les paroles, mais aussi la disposition d'esprit et l'expression du visage. Mais, elle, en notre présence, répondit : " Alors, moi, je suis de passage ici ! ", voulant dire par là, à mon avis, que Statius l'avait précédée pour s'occuper du dîner. Alors Quintus me dit : " Eh bien ! voilà ce que je dois subir jour après jour ". " Qu'est-ce que cette peccadille ? ", diras-tu. L'affaire n'est pas mince ; moi-même, j'ai été bouleversé ; la réponse de Pomponia (regard et paroles) avait été si déplacée et si acerbe ! J'ai caché mon chagrin. Nous nous sommes installés à table sans elle ; il n'empêche que Quintus lui a fait porter les plats. Elle les a renvoyés. Pourquoi s'étendre sur cette affaire ? [...]
    Quintus est resté à Arx et m'a rejoint à Aquinum le lendemain matin ; il m'a raconté qu'elle avait fait chambre à part et qu'au moment où elle s'apprêtait à partir, elle était toujours dans l'état d'esprit où je l'avais vue »
    (Cicéron, À Atticus, Ier siècle av. J.-C.).

    «  La Vierge de l'Annonciation », Antonello de Messine, 1477, palais Abatellis, Palerme.

    À l'origine du voile

    « Les femmes mariées, les veuves et les femmes assyriennes ne doivent pas avoir la tête découverte quand elles sortent dans la rue. » C'est ainsi que, dans une tablette de loi d'Assur (Irak) vieille de 3000 ans, apparaît la première mention de l'usage du voile féminin.

    Il s'agissait alors de différencier les mariées, qui s'en couvraient au moment de la cérémonie, des esclaves et prostituées qui couraient le risque de recevoir sur la tête une couche de goudron brûlant, en cas de triche. Si les Égyptiennes échappent au voile du fait d'un statut qui les met à égalité avec les hommes, aucune Grecque pubère ne se permettrait de l'oublier chez elle !

    Tête de femme voilée du type de « l'Aphrodite Sôsandra », Rome, IIe siècle ap. J.-C., musée du Louvre, Paris.

    Symbole de modestie et de respectabilité, il est pourtant quelque peu négligé par la suite dans la société romaine jusqu'à ce qu'un juif hellénisé, l'apôtre Paul, ne le recommande en lui donnant une dimension religieuse : « Toute femme qui prie ou prophétise tête nue fait affront à son chef. [...] L'homme, lui, ne doit pas se voiler la tête : il est l'image et la gloire de Dieu ; mais la femme est la gloire de l'homme. Car ce n'est pas l'homme qui a été tiré de la femme, mais la femme de l'homme » (Première épître aux Corinthiens, vers 55).

    Tout en reconnaissant donc aux femmes le droit de prier en public, il leur impose de se couvrir pour souligner leur vertu, s'inspirant peut-être du voile de dévotion utilisé par les Romains. Cette pratique va longtemps être conservée dans le cadre de l'Église et pour certains ordres de religieuses.

    Au VIIe siècle, on retrouve cette préconisation dans le Coran sous une autre forme : « Quand vous demandez quelque objet aux épouses du Prophète, faites-le derrière un voile [hidjab]. Cela est plus pur pour vos cœurs et pour leurs cœurs » (33, 53). On va ainsi délimiter le cadre privé de l'espace public puis, par extension, demander aux croyantes de « rabattre leurs voiles sur leurs poitrines » (24, 31) pour les protéger de toute offense.

    Pièce de tissu avant tout pratique pour lutter contre la chaleur et la poussière, puis accessoire de beauté, le voile est donc devenu un gage de respectabilité et de piété donnant aux femmes le rôle ambigu de victimes et gardiennes de la tradition.

     

    Histoire Ancienne:  Les tribulations des femmes à travers l'Histoire

     

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    Vierge de fer

     
     

    Histoire Ancienne:  La Vierge de Fer


     
    Vierge de fer du musée de la torture de Zielona Góra, en Pologne.

    Une vierge de fer, également appelée vierge de Nuremberg, est un instrument de torture ayant la forme d'un sarcophage en fer ou en bois, garni en plusieurs endroits de longues pointes métalliques qui transpercent lentement la victime placée à l'intérieur lorsque son couvercle se referme.

     

    Son existence réelle est toutefois sujette à caution :

    « Quelques instruments, d'un raffinement extravagant, comme la fameuse “vierge de Nuremberg”, ne semblent avoir jamais existé que dans l'imagination des peintres ou dans les baraques de la foire, où on les exhibe encore pour entretenir la haine de l'Ancien Régime. »

    — Remy de Gourmont, Promenades littéraires

     

     

    Antiquité

     

    On trouve dans l'Antiquité des méthodes de torture analogues :

    Si l'on en croit Saint Augustin, le consul romain Marcus Atilius Regulus aurait été supplicié à Carthage en -250 à l'aide d'un appareil ayant le même principe que la vierge de fer:

     

    « Les Carthaginois l'ayant enfermé dans une machine de bois fort étroite, où il était obligé de se tenir debout, et dont ils avaient hérissé l'intérieur de pointes déchirantes, de sorte qu'il ne pouvait se pencher d'aucun côté sans souffrir de cruelles douleurs. Ils le tuèrent ainsi en le privant de tout sommeil. »

     

    — Saint Augustin, La Cité de Dieu

     

    Nabis, dernier tyran de Sparte (de -205 à -192), connu pour sa cruauté, aurait fait construire une statue de ce genre qu'il appelait « La reine Apega » (du nom de son épouse) à qui il livrait les citoyens réticents à payer leurs impôts.

     

    Du Moyen Âge au xviiie siècle

     

    On ne trouve aucune trace d'un tel instrument de torture dans les documents antérieurs à la fin du xviiie siècle.

     

    Il existe par contre beaucoup de récits postérieurs, basés sur des on-dit ou des légendes, qui relatent la présence de tels mécanismes :

     

    « La tradition rapporte qu'avant Henri II, il existait dans les souterrains du Château de Pau une statue nommée la vierge de fer, horrible machine dont les bras armés de poignards et ramenés violemment sur son sein, perçaient de mille coups le malheureux qu'on lui livrait. On ajoute que Marguerite de Navarre, indignée de cette cruauté, obtint de son époux la destruction de la vierge de fer, dont le souvenir vit encore comme un épouvantail dans la mémoire des habitants. »

     

    — Antoine Jean-Baptiste d'Aigueperse, Œuvres archéologiques et littéraires

     

    L'emploi par la comtesse Élisabeth Báthory (1560-1614) d'une vierge de fer, pour saigner ses victimes afin de prendre des bains dans leur sang, est une pure affabulation contemporaine. L'existence d'un tel instrument de torture n'est mentionnée nulle part et, s'agissant des bains de sang, « Cette accusation est absente des procès-verbaux et des correspondances » et n'est soutenue par aucune preuve, ni aucun témoin lors de son procès.

     

    Sans plus de preuves, la présence de vierges de fer dans de nombreux châteaux et prisons d'Europe a été avancée par des auteurs du xixe siècle :

     

    « En Angleterre, on se servait, à la tour de Londres, d'un instrument de torture appelé : la fille du balayeur (the scavenger's daughter) »

     

    — F. Nork, Les mœurs et usages des Allemands et des peuples voisins

     

    « Anciennement, il y avait en divers endroits, dans les prisons, un instrument pour les exécutions secrètes, qui avait la forme d'une femme. Être exécuté à l'aide de cet instrument, s'appelle « baiser la Vierge ». »

     

    « …on trouvait encore d'autres appareils semblables à Vienne, Salzbourg, Prague, Breslau, Dresde, Berlin, Wittenberg, Schwerin, Cologne, Mayence, Francfort, ainsi qu'en diverses villes des pays rhénans »

     

    — Georges Verdène, La torture, les supplices et les peines corporelles et afflictives dans la justice allemande

     

    Origine du mythe

     

    Les historiens ont établi que le mythe avait été créé en 1793 par le philosophe allemand Johann Philipp Siebenkees (1759-1796), à partir d'une prétendue mention figurant dans une chronique de Nuremberg datée du xvie siècle, stipulant l'érection dans cette ville d'une vierge de fer (eiserne jungfrau) qui déchirait les mécréants avec de petites épées, les morceaux de chair étant ensuite donnés en pâture aux poissons. Siebenkees s'est probablement inspiré des manteaux de la honte (Schandmantel) médiévaux, parfois appelés « vierges », qui étaient faits de bois parfois doublé d'étain, mais ne contenaient pas de pointes. Il s'agissait d'un moyen de punition, courant à partir du xiiie siècle, comparable dans ses effets au pilori. La version anglaise, plus tardive, de cet instrument était la cape d'ivrogne (Drunkards Cloak), également appelé manteau espagnol, constitué par un tonneau percé de trous qui servait à punir les ivrognes au xviiie siècle.

     

    À partir du xixe siècle

     

     
    Vierge de fer à la droite des instruments de torture
     

    La vierge de Nuremberg

     

    Le dispositif le plus célèbre est la vierge de fer de Nuremberg. On n'en trouve pas de trace avant 1802, elle a donc été fabriquée au xixe siècle sur la base de la légende créée par Siebenkees et se présentait ainsi :

     

    « …une machine en fer de sept pieds de haut représentant une femme costumée comme l'étaient les bourgeoises de Nuremberg au xvie siècle. L'ensemble se composait de barres et de cercles en fer recouverts d'une feuille de tôle peinte. On ouvrait la machine sur le devant au moyen de deux battants ou volets roulants sur des gonds placés aux deux côtés. À l'intérieur de ces battants et dans le creux de la tête dont la partie intérieure attenait au volet gauche étaient des pointes très aiguës ou poignards quadrangulaires. Il y en avait treize à hauteur du sein droit, huit de l'autre côté, deux à la tête destinés à percer les yeux. La victime enfermée dans cette machine subissait le supplice du « baiser de la vierge » (Jungfernkuss) »

     

    L'original a été détruit dans les bombardements alliés de Nuremberg de 1944 et début 1945. Une copie en avait été achetée en 1890 par J. Ichenhauser de Londres pour le comte de Shrewsbury avec d'autres instruments de torture. Elle a été présentée à l'exposition universelle de 1893 de Chicago avant d'entreprendre une tournée en Amérique. Cet exemplaire a été vendu aux enchères au début des années 1960 et est maintenant exposé au Musée de la criminalité au Moyen Âge de Rothenburg ob der Tauber en Allemagne.

     

    La Mater dolorosa de Madrid

     

    Un Français, ancien surveillant du palais de l'Inquisition de Madrid sous le règne de Joseph Bonaparte, (de 1808 à 1813), a raconté avec force détails en 1835 à Liège, avoir vu dans ledit palais une machine représentant la Vierge Marie et dénommée Mater dolorosa qui enserrait les accusés dans ses bras garnis de poignards pour obtenir leurs aveux. Ce récit, très marqué par le romantisme morbide de l'époque, est extrêmement suspect « Car aucun narrateur de l'inquisition n'a jamais dit un seul mot de l'emploi d'un instrument semblable, et l'officier français qui prit de force le Palais de l'inquisition de Madrid ne savait rien de cette mystérieuse Vierge décrite par le surveillant. »

     

    La vierge de fer de Bagdad

     

    Selon deux articles publiés par le magazine américain Time en 2003, on aurait retrouvé au siège de la fédération olympique d'Irak, une vierge de fer qui aurait été utilisée par Oudaï Hussein, le fils aîné du dictateur irakien Saddam Hussein, pour punir les athlètes aux performances insuffisantes.

     

    Article de Wikipedia

     

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    HISTOIRE DE LA POMPE A ESSENCE

    Publié le 02/08/2012 à 14:56 par floralia
    Histoire de la pompe à essence

    Pendant la première décennie du 20ième siècle, un nouveau type de consommateur est né – l’automobiliste.

    Le rêve de tous est de posséder une voiture.

     

      

    La pompe à essence vint rapidement répondre à ce besoin et la pompe à restriction fut la première à faire son apparition.Ce type de pompe fut créé afin de pouvoir offrir un service de proximité. Bientôt le concept se répand sur toutes les routes nationales du pays.Il devint commun de voir une pompe à essence voisine du magasin général, du bureau de poste.

    Les pompes visibles, 1915-1925 "Visible pumps"

     

    À la fin des années 1910, la pompe à essence visible fut inventée et fabriquée pour l’automobiliste méfiant.

     

    Les consommateurs voulaient voir la quantité exacte d’essence qu’on pompait dans leurs réservoirs. Ces pompes furent construites avec un grand cylindre de verre permettant de voir la quantité de gallons d’essence pompés, d’où le nom visible.

    Pendant que les stations-services évoluèrent, certaines devinrent de véritables chefs d’œuvre alliant architecture et couleurs spectaculaires.

    Qualifiées de pompes à essence les plus impressionnantes, ces pompes mesuraient jusqu’à 10 pieds de hauts et suscitent encore de nos jours l’admiration et la convoitise des collectionneurs.

     

     

    Les pompes à cadran,1925-1935 "clock-face pumps"

     

     

    À la fin des années 1920, les premières pompes à mesures mécanique furent introduites. Parmi les première on trouva les pompes à cadran. Elles furent appelées ainsi à cause de leur indicateur rond de quantité ressemblant à une horloge.

     

    Durant cette période les stations de remplissage, se modernise et deviennent de véritables stations-services.

     

    Elles furent introduites par les compagnies pétrolières pour faire face à la crise.

     

    Elles cherchent à s'enrichir en proposant des services tels que vérifier l’huile moteur, à remplir le radiateur d’antigel, gonfler les pneus et nettoyer le pare-brise ...

     

    Les pompes à cadrans symbolisent donc définitivement le début de la station-service.

     

    Dû à leur production limitée, les pompes à cadran sont rares et très recherchées des collectionneurs.

     

    Les pompes « art-déco » années 1930 "art-deco computing pumps"

     

     

    Durant les années 1930, la pompe à essence vient à maturité. La compagnie Veeder-Root invente « l’ordinateur » pour la pompe à essence et l’ère moderne de la distribution d’essence débute.

    Avec la venue des ordinateurs, les manufacturiers de pompe à essence commence à travailler l’esthétique des pompes. Le style art-déco est omniprésent à cette époque et plusieurs superbes modèles de pompe à essence furent fabriquées durant cette décennie.

    L’architecture particulière des stations-service se marie bien souvent au design des pompes à essence qui les accompagnent. L’amour des gens pour l’automobile s’épanouit et l’essence s’achète à prix modique – service inclus. L’apparence était tout ce qui importait dans les années 1930 et les pompes à essence de cette époque symbolisent clairement l’époque « art-déco » vécue en Amérique.

     

     

    Les pompes aérodynamiques-moderne, 1940-1955
    (Streamline moderne gas pumps)

      

    Même si la deuxième guerre mondiale gêne le développement de l’industrie pétrolière de cette époque, l’étoile Texaco, le coquillage Shell, la rose blanche de Canadian Oil Companies, la feuille d’érable de Supertest et tout les autres logos des compagnies pétrolières sont des symboles reconnus pour leur qualité.

     

    Après la guerre, les pompes à essence et les automobiles vivent l’influence notable de l’industrie aéronautique de l’époque. Le style aérodynamique-moderne est à la mode et donne aux stations-service et pompes à essence une image et rapidité et d’efficacité.

    Cette époque fut la période de gloire des stations-service.

     

     

     

     

     Les enseignes émaillés étaient utilisées en abondance.

     

    Avec une industrie automobile maintenant florissante, la consommation d’essence vit un engouement sans précédent. Une visite à la station-service locale était un voyage en soi, un rituel social que personne ne déclinait.

     

     

    La pompe à essence de cette époque est maintenant devenue un icône du paysage d’hier.

     

     

     

    de: Floraliacenterblog.net
     

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    Karnak : découverte de superbes statuettes

    égyptiennes au temple de Ptah

     

     

    Le Centre franco-égyptien d'étude des temples de Karnak (CNRS, ministère des Antiquités d'Égypte) vient d'achever la fouille d'une favissa, une fosse découverte début décembre à proximité du temple du dieu Ptah, sur le site de Karnak, en Égypte. Le dégagement de la fosse a livré 38 statues, statuettes et objets précieux. Ce dépôt statuaire est exceptionnel, tant en raison de la quantité que de la qualité des objets de culte mis au jour. La méthode inédite d'enregistrement utilisée au cours de la fouille a permis de restituer virtuellement chaque étape de la découverte des statues avec une précision millimétrique.

     

     
     

    Parmi les somptueux objets sortis de terre, figure une statuette en pierre représentant la déesse Mout assise, consacrée par un certain Nespaoutytaouy, père divin et prêtre d’Amon-Rê. © CFEETK, CNRS

    Parmi les somptueux objets sortis de terre, figure une statuette en pierre représentant la déesse Mout assise, consacrée par un certain Nespaoutytaouy, père divin et prêtre d’Amon-Rê. © CFEETK, CNRS

     
     

    Le Centre franco-égyptien d'étude des temples de Karnak (Cfeetk) a été créé par le CNRS et le ministère des Antiquités d'Égypte pour étudier et restaurer le domaine d'Amon-Rê à Karnak (Louqsor). Depuis octobre 2008, un programme d'étude interdisciplinaire est mené sur le temple de Ptah, situé en limite septentrionale du temple d'Amon-Rê, en Égypte. Construit sous le règne de Thoutmosis III (env. 1479-1424 av. J.-C.), au cours de l'Égypte antique, ce temple a été restauré, agrandi et aménagé jusqu'au règne de l'empereur Tibère (14-37 ap. J.-C.). Il est consacré au dieu Ptah, divinité associée à la ville de Memphis.

     

    Le programme est entré dans sa deuxième phase et se concentre sur l'archéologie. Des fouilles ont récemment mis en évidence une favissa, une fosse ayant servi de dépôt pour des objets de culte, située deux mètres à l'arrière du temple. Les archéologues du Cfeetk y ont trouvé 38 statues, statuettes et objets précieux en calcaire, grauwacke, alliage cuivreux et fritte égyptienne, parfois recouverts d'or.

     

    Un dépôt statutaire datant de la 25e dynastie égyptienne

     

    Parmi ces objets cultuels qui étaient disposés autour de la partie inférieure d'une statue du dieu Ptah assis, se trouvent notamment :

     

    • 14 statues, statuettes et figurines d'Osiris ;
    • 3 statuettes de babouin ;
    • 2 statuettes représentant la déesse Mout, dont une couverte d'inscriptions hiéroglyphiques ;
    • 1 tête et 1 statuette fragmentaire de chatte (Bastet) ;
    • 2 bases de statuettes non identifiées ;
    • 1 plaquette et la partie supérieure d'une petite stèle portant le nom du dieu Ptah ;
    • plusieurs éléments d'appliques statuaires (iris, cornée, barbe postiche, coiffes, etc.).

     

    Une statuette de belle qualité (voir la vidéo ci-dessous) représentant un sphinx au corps de lion en position accroupie sur un socle rectangulaire anépigraphe figure parmi les plus belles trouvailles. La tête humaine porte le némès traditionnel (coiffe emblématique des pharaons) retenu sur le front par un bandeau horizontal sur lequel apparaît un uraeus (cobra femelle qui a pour fonction de protéger le pharaon contre ses ennemis). La statuette est complète, à l’exception du nez qui semble avoir disparu durant l’Antiquité.

     


    Une statuette de sphinx en calcaire blanc de petite dimension (l. : 50 cm ; L. 20 cm ; h : 30 cm) était disposée debout dans une fosse à l’arrière du temple de Ptah. © CNRS-CFEEETK, Kévin GUADAGNINI (MAEDI), YouTube

     

    La patte avant gauche, cassée, a été retrouvée positionnée sur la patte avant droite du sphinx et contre le bord de la fosse. Aucune inscription n’est visible à ce stade mais la restauration du sphinx débute seulement. L’œuvre semble être une réalisation tardive. L’étude des céramiques provenant de la fosse et des indices stylistiques devraient permettre de proposer une datation plus précise.

     

    Une petite tête de statue représentant probablement le dieu Imhotep a également été découverte dans la partie supérieure de la fosse tandis qu'une stèle votive fragmentaire a été trouvée en marge. D'après le matériel céramique trouvé dans cette fosse et les données épigraphiques, le dépôt statuaire remonterait aux VIIIe-VIIe siècles avant l'ère chrétienne, période à laquelle émerge la 25edynastie égyptienne.

     

    Une fouille reconstituée virtuellement en images

    de synthèse

     

    De par son ampleur et sa qualité, ce type de découvertes reste rare en Egypte. Une nouveauté vient par ailleurs renforcer son aspect exceptionnel : il s'agit de la méthode d'enregistrement utilisée au cours de la fouille. L'excavation des objets a en effet été documentée par un topographespécialisé en archéologie, qui a réalisé une succession de reconstitutions photogrammétriques par corrélation dense d'images depuis l'apparition du premier objet jusqu'à l'enlèvement complet des statues.

     

    Les archéologues au mois de décembre 2014, en plein travail à l’est du temple de Ptah à Karnak. Ils déterrent des objets jetés pêle-mêle dans une fosse, autour de la partie inférieure d’une statue en calcaire du dieu Ptah. © CFEETK, CNRS
    Les archéologues au mois de décembre 2014, en plein travail à l’est du temple de Ptah à Karnak. Ils déterrent des objets jetés pêle-mêle dans une fosse, autour de la partie inférieure d’une statue en calcaire du dieu Ptah. © CFEETK, CNRS

     

    Cette technique consiste à compiler, à l'aide de logiciels spécialisés, des centaines dephotographies prises sur le terrain pour restituer virtuellement en trois dimensions chaque étape de la découverte des statues. L'association de ces reconstitutions photogrammétriques avec des points topographiques très précis – à quelques millimètres près – donne la possibilité de localiser tous les objets a posteriori, d'étudier leur disposition en détail mais aussi de générer la vidéo de la totalité du dégagement de la fosse. Comme il est nécessaire d'enlever les objets du site de fouille très rapidement en raison de leur valeur, cette méthode permet une conservation optimale des données sur le site tel qu'il a été découvert.

     

    Tous les objets découverts sont en cours de restauration dans le laboratoire du Cfeetk. La fouille se poursuit et pourrait apporter des données supplémentaires permettant de mieux comprendre l'organisation des abords du temple de Ptah et la raison du creusement de cette exceptionnelle favissa.

    Histoire Ancienne:  Karnak : découverte de superbes statuettes égyptiennes au temple de Ptah + vidéo

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  • 10 février 1763

    La France renonce à Québec

     

     

    Le 10 février 1763, par le traité de Paris, la France met fin à la guerre de Sept Ans avec l'Angleterre, l'Espagne et le Portugal.

    Camille Vignolle

    La France évincée de l'outre-mer

    Le traité est négocié au nom du roi Louis XV par le Premier ministre, le duc Étienne de Choiseul. Il se solde par la quasi-disparition du premier empire colonial français.

     Perte de la Nouvelle-France

    La présence française en Amérique du Nord avait commencé de se racornir avec le traité d'Utrecht de 1713 et la cession de l'Acadie à l'Angleterre ; cette colonie nord-américaine allait plus tard donner naissance aux provinces de Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick. Lors du traité d'Utrecht, la France avait perdu aussi ses bases de pêche de Terre-Neuve et les territoires de la baie d'Hudson, très riches en fourrures, malgré les exploits réalisés par le Canadien Pierre Le Moyne d'Iberville et ses frères pour conserver ces territoires à la France.

    Avec le traité de Paris de 1763, la France cède cette fois à son ennemie la Nouvelle-France, principale implantation française en Amérique du Nord. Le roi George III la débaptise par la Proclamation royale du 7 octobre 1763 et elle devient officiellement « The Province of Quebec ». La France ne conserve dans le golfe du Saint-Laurent que le petit archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, dédié à la pêche à la morue.

    Le sacrifice de Montcalm devant la ville de Québec est passé par pertes et profits.

    – Perte de la Louisiane

    Un an avant le traité de Paris, la France avait secrètement cédé à l'Espagne la Louisiane occidentale, c'est-à-dire la rive droite du Mississippi (jusqu'aux Montagnes Rocheuses) ainsi que La Nouvelle-Orléans. Il s'agissait pour Paris d'offrir une compensation à son alliée malencontreusement entraînée dans la guerre de Sept Ans.

    Par le traité de Paris, la France cède à l'Angleterre ce qui lui reste de la Louisiane, autrement dit la rive gauche du Mississippi. Elle ne conserve plus dès lors en Amérique du nord que le petit archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon.

    Notons que l'Espagne restituera la Louisiane occidentale à la France en 1800. Trois ans plus tard, ce vaste territoire fera l'objet du « Louisiana Purchase » entre Napoléon Bonaparte et Thomas Jefferson. Il est maintenant recouvert par treize États des États-Unis.

    – Les Indes orientales

    Aux Indes, la France cède à l'Angleterre la quasi-totalité de ses possessions. Elle conserve tout juste cinq comptoirs qui feront rêver des générations d'écoliers : Pondichéry, Chandernagor, Yanaon, Karikal et Mahé. Triste épilogue de la brillante entreprise diplomatique de Dupleix.

    – Îles et comptoirs

    La France récupère Belle-Île ainsi que la Martinique, la Guadeloupe et ses comptoirs d'Afrique (Saint-Louis du Sénégal, Fort-Dauphin de Madagascar...).

    Elle conserve surtout Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti). C'est la seule colonie à laquelle tiennent les bourgeois de l'époque, y compris les « philosophes », en raison des riches plantations de sucre où travaillent les esclaves (l'île deviendra indépendante 40 ans plus tard).

    Commentaires hasardeux

    À propos du traité, Voltaire écrit au ministre Choiseul : « Je suis comme le public : j'aime mieux la paix que le Canada et je crois que la France peut être heureuse sans Québec ». Avec beaucoup de mépris et bien peu de clairvoyance, l'illustre « philosophe » évoquera plus tard dans Candide ces « quelques arpents de neige vers le Canada ».

    Le ministre, qui devait s'illustrer par la suite en achetant la Corse, affiche une opinion similaire et pense « ...qu'une colonie ne vaut que pour le gain qu'elle procure à la métropole ».

    Jean-Jacques Rousseau, quant à lui, écrit dans une lettre adressée à son ami Diderot : « Il est regrettable que nous n'ayons pu continuer de vivre en communauté avec ces sauvages, car sans doute nous eussent-ils enseigné ces vertus que j'ai vainement recherchées auprès de ceux que les conventions et l'usage me contraignent de nommer des hommes civilisés. »

    Le traité de Hubertsbourg

    Le 15 février 1763, c'est au tour de la Prusse et de l'Autriche de signer la paix à Hubertsbourg, en Saxe. Le traité reconnaît au roi de Prusse Frédéric II la possession définitive de la Silésie (cela en violation de toutes les règles antérieures de la diplomatie européenne, le roi n'ayant aucun droit dynastique sur la province).

    À l'issue de la guerre de Sept Ans, dont on peut dire qu'elle est la première guerre mondiale car elle s'est déroulée sur tous les continents, la Prusse devient ainsi le principal État allemand et l'Angleterre la première puissance coloniale. Les traités de 1763 dessinent pour un siècle et demi le paysage de l'Europe.

    L'âge d'or de la Marine royale

    Le recul colonial de la France au XVIIIe siècle a tenu à l'affaiblissement progressif de sa marine. Vers 1680, la France de Louis XIV pouvait aligner, grâce à Colbert et son fils Seigneulay, une flotte de guerre d'environ 200 navires, sans compter la flotte marchande. Ce fut l'âge d'or de la « Royale ». Elle faisait la loi sur les océans et les mers avoisinant son territoire et soutenait un empire colonial qui se développait régulièrement.

    Cinquante ans plus tard, la France ne dispose déjà plus que d'une flotte de guerre de 50 à 80 navires tandis que la Navy britannique compte 200 unités. C'est le résultat du désintérêt porté à la guerre maritime et du recentrage de l'effort militaire sur la guerre continentale. C'est aussi le résultat du traité de La Haye avec l'Angleterre négocié par l'abbé Dubois en 1718, sous la Régence. Cette politique pacifiste a été poursuivie à la majorité du roi Louis XV par son Premier ministre, le cardinal Fleury.

    Sur mer, en l'absence de guerre déclarée, la rivalité franco-anglaise se traduit par la guerre de course, mais les corsaires français, à l'exception de figures légendaires comme René Duguay-Trouin, sont bien en peine de suppléer aux insuffisances de la « Royale ».

    Lorsqu'éclate la guerre de Sept Ans, la Grande-Bretagne compense ses faiblesses militaires en tirant parti de sa supériorité navale. Celle-ci lui permet d'envoyer au Canada des troupes relativement nombreuses pour attaquer les unités françaises. C'est ainsi que survient le désastreux traité de Paris. Dans les années qui suivent, les responsables de la marine française tentent de se ressaisir, notamment avec le plan de réforme de 1763 du comte Charles-Henri d'Estaing. Sous les ordres de l'amiral de Grasse, la « Royale » allait s'illustrer vingt ans plus tard dans le soutien aux insurgés américains. Leur indépendance apparaît comme une revanche sur le traité de Paris.

     

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