A TABLE !
Les GI's mangent un repas chaud par jour. Les rations, ici conservées dans un emballage en carton, sont généralement composées de bœuf désydraté ou d'œufs, jambon et fromage.© Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA
Le journal d’Hitler
« Hitlers Tagbücher Entdeckt », titre la une du magazine allemand Stern : « Le journal intime d’Hitler a été découvert ».
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Un journal intime Les carnets, obtenus par le magazine grâce au journaliste Gerd Heidemann, font l’objet d’un dossier de treize pages dans l’hebdomadaire américain Newsweek et, pour 400 000 dollars, le London Sunday Times, acquiert le droit d’en publier des extraits en Angleterre. Les historiens sont sceptiques car nul n’a jamais entendu parler d’un journal intime tenu par Hitler.
Cependant, les carnets ont l’air authentiques et Newsweek écrit que leur découverte « empuantit l’histoire ». C’est donc la découverte historique du siècle. Enfin, on va connaître les pensées intimes d’un dictateur qui fut à l’origine de la guerre la plus meurtrière de l’histoire.
Histoire d’un faux En quelques jours à peine, la vérité éclate. Lors d’une conférence de presse donnée à Hambourg, le 25 avril, l’historien David Irving pose une question qui paraît élémentaire : l’encre des carnets a-t-elle fait l’objet de tests permettant de déterminer son ancienneté ? Les représentants du Stern doivent admettre que non.
Peu à peu, il apparaît que les carnets n’ont pour ainsi dire pas été soumis à de sérieuses vérifications historiques. Par exemple, personne ne peut expliquer pourquoi aucun membre de l’entourage d’Hitler n’ait eu connaissance de l’existence du journal. Une chose est sure : les deux hommes empochent près de 4 millions de dollars, versés par le Stern. L’expert en graphologie interrogé par Newsweek déclare que : »non seulement ce sont des contrefaçons, mais de mauvaises contrefaçons ».
L’écriture y est uniforme durant les douze années couvertes. Or, à partir de 1943, Hitler souffrait d’une paralysie accompagnée de tremblements. Il devint alors incapable de maîtriser le mouvement de sa main. Plus significatif : des experts allemands montrent que toutes les pièces, des rubans rouges de la couverture jusqu’à la colle utilisée pour la reliure, datent d’une époque postérieure à la guerre.
Sanctions et fascination morbide La révélation de ce faux conduit le rédacteur en chef du Stern à démissionner. Kujau et Heidemann sont emprisonnés. Sous la pression, Kujau avoue avoir créé les carnets de toutes pièces. Finalement, dans toute cette affaire, le plus consternant n’est pas l’escroquerie par elle-même mais bien la fascination perverse que les carnets ont exercé à l’époque sur de nombreux esprits. V.B (04.11.2005)
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Le Drame du Heysel
Quand le football devient un exutoire à la violence Le 29 mai 1985, lors d’une rencontre de football au Heysel, le stade de Bruxelles, des supporters anglais attaquent une tribune italienne. Rouant de coups les spectateurs, ils créent une véritable panique dans la foule, provoquant la chute d’un mur. En quelques minutes, des centaines de personnes sont piétinées.
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La folie des hooligans Le drame se produit 25 minutes avant le coup d’envoi du match qui oppose l’équipe de Liverpool à la Juventus de Turin pour la finale de la coupe d’Europe des clubs champions. Depuis une demi-heure, les supporters anglais balancent boites de boisson non alcoolisées et projectiles divers par-dessus le grillage haut de trois mètres qui les sépare de la tribune des Italiens. Soudain, des dizaines de hooligans se ruent sur ce grillage, qui cède. Aussitôt, c’est la panique. Les supporters italiens essayent de résister et d’échapper à leurs agresseurs, qui les coursent avec des barres de fer. Pour quitter au plus vite la tribune, certains Italiens n’hésitent pas à empoigner à pleine main les barbelés fixés au mur d’enceinte. C’est la panique la plus totale et au milieu des hurlements, un des murs qui est situé en contrebas cède sous la pression. C’est une véritable marée humaine qui vient s’écraser sur ce muret protégé par un grillage. Un quart d’heure après le début du drame, la police se décide à intervenir.
Le sport tue Le coup d’envoi du match est d’abord repoussé. Puis, les dirigeants de l’Union Européenne de Football (U.E.F.A) décident qu’il est impossible d’annuler la rencontre sous peine d’une émeute encore plus grave.
Le match se joue donc alors que des tentes sont installées à côté du stade pour soigner les premiers blessés et accueillir les cadavres. Les Italiens remportent le match par un but à zéro, 38 morts et 454 blessés. Le traditionnel tour d’honneur, coupe en main, n’aura pas lieu. Des mesures de sécurité avaient bien été prises mais c’était sans compter sur les 20 000 faux billets mis en circulation.
Qui est coupable ? Quelques temps après le drame, certains hooligans sont identifiés et 24 d’entre eux sont déférés devant les tribunaux belges. Mais, comme pour tous les drames, celui-ci est déjà retombé dans l’oubli et l’opinion publique a cessé de s’y intéresser. Parallèlement au procès, un autre drame se déroule. Sur le stade de Sheffield, la violence des hooligans provoque la mort de 95 personnes. Au final, 14 des hooligans du Heysel sont condamnés à 18 mois de prison ferme. Quels sont vraiment les coupables ? Les hooligans à la violence meurtrière ou une société incapable d’apporter aux plus démunis un autre exutoire que la violence à leur mal de vivre ? Les stades de football sont devenus de véritables terrains de guerre. Ce n’est d’ailleurs pas nouveau puisque dès 1880, de véritables émeutes se produisaient en Angleterre à l’occasion des matchs de football. Les hooligans anglais ont exporté leurs méthodes chez les autres supporters, notamment les Allemands et les Belges.
Sport ou guerre ? Les évènements du Heysel ne sont pas uniques. Au Pérou, en 1967, 320 personnes meurent à cause d’un but refusé au Pérou. La liste est assez longue, malheureusement. On peut se demander si le sport n’est pas devenu un alibi pour la haine et le besoin de violence. La violence sur les stades continue. Dernièrement en France, un arbitre a été roué de coups par les supporters mais également les joueurs. Où est le respect des règles de l’olympisme édictées par Pierre de Coubertin ?
La violence n'est pas un mode de communication A travers ce dossier, il ne s’agit nullement de faire le procès du football ou de tout autre sport. Ceux qui se rendent régulièrement sur les stades objecteront que les incidents sont rares en rapport avec le nombre de matchs joués chaque année. Cependant, il est primordial pour l’avenir du sport mais surtout celui de l’humanité de ne pas banaliser des comportements intolérables. Une famille doit pouvoir se rendre sur un stade sans aucun risque. Et ce risque à 0% n’existe pas actuellement. Depuis 20 ans, la société et les médias qui s’en font le relais banalisent agressions verbales et physiques. Insulter et agresser son professeur devient une habitude ; de même que de balancer des bouteilles sur les supporters adverses ou l’arbitre n’est plus considéré comme un délit mais comme des débordements propres au phénomène collectif de la foule.
V.B (12.01.2006)
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On connaît les atrocités commises par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Par contre, le rôle joué par des sociétés secrètes dans l'élaboration de la doctrine et l'avènement du régime hitlérien est plus méconnu.
Évoquées lors du procès de Nuremberg, en 1946, les relations du IIIe Reich avec l'occultisme et la magie noire n'ont pas été retenues par les juges.
Pourtant, ces relations permettent de mieux comprendre certaines thèses prônées par les nazis ainsi que les actions de quelques dirigeants du régime.
L'un des fondements de l'idéologie hitlérienne repose sur le pangermanisme. Cette doctrine vise à l'union économique et politique de tous les peuples d'origine germanique. À cette revendication d'une partie de la communauté allemande, les nazis rajoutent le mythe de la race pure.
C'est sur ce mélange que se greffent de nombreuses sociétés secrètes mêlant occultisme et extrémisme.
En cela, l'Allemagne des années 30-40 n'est guère différente de la Chine ou du Japon, pays où la politique et le militarisme, étroitement confondus, cherchent une justification idéologique dans une mythologie créée de toutes pièces.
La plus importante société secrète qui s'épanouit à cette époque en Allemagne est le groupe de Thulé, fondé en 1912.
Son nom vient de l’ultima Thule romaine, contrée mythique localisée dans le Grand Nord, dans une plaine entourée de montagnes de glace étincelantes, et habitée par une race supérieure.
Comme l’Atlantide, Thulé aurait sombré dans la mer, mais quelques-uns de ses habitants auraient échappé au cataclysme et engendré la race aryenne.
Les membres du groupe Thulé voient dans la race nordique et particulièrement parmi les Allemands, grands athlétiques, blonds, aux yeux bleus, les plus purs descendants des survivants de Thulé.
Les armes du groupe Thulé en 1919 : au glaive germanique est associé le svastika
Le pangermanisme se fonde sur des bases racistes, le mythe étant là pour légitimer cette ségrégation.
L’initiateur du groupe est l’Allemand Sebottendorf, et plusieurs de ses membres deviendront influents dans le gouvernement du IIIe Reich.
Parmi eux, citons Rudolf Hess, le second personnage du futur parti nazi, qui est l’inspirateur du manifeste de Hitler, Mein Kampf, rédigé alors qu’ils se trouvaient tous deux en prison après l’échec du putsch du 3 novembre 1923 à Munich.
Il y a également Alfred Rosenberg, théoricien de la doctrine raciale hitlérienne.
Alfred Rosenberg. (Bidarchiv Preussicher Kulturbesitz, Berlin)
Citons également Karl Haushofer, inventeur de l’idée de Lebensraum ; espace vital indispensable selon lui à l’épanouissement de la « race supérieure » allemande.
Karl Haushofer. (Bidarchiv Preussicher Kulturbesitz, Berlin)
C’est aux « armes » du groupe Thulé que Hitler emprunte l’emblème du IIIe Reich. La croix gammée est issue du « svastika », un ancien symbole solaire aryen.
Haushofer, qui a séjourné au Tibet, connaît bien les pratiques et les symboles du bouddhisme tibétain. Il est lié, en Allemagne, à des personnages douteux, plus sorciers que chamans, regroupés sous le nom de « Bonnets noirs », une des sectes religieuses du Tibet.
Cependant, l’emblème qu’il diffuse est inversé par rapport au sens réel du symbole oriental. La terminaison des rayons de la croix est orientée de sorte à former un cercle tournant de la gauche vers la droite. Le svastika, lui, pivote dans le sens contraire.
Ce n’est pas un hasard. La croix gammée affiche clairement un idéal maléfique qui est celui de la race des seigneurs alors que le svastika inspire une force positive.
(En haut, les symboles religieux ; en bas, la croix gammée et les armes du groupe Thulé)
Le svastika est un très ancien signe qui remonte à l’âge du bronze indo-européen. Il indique d’abord une rotation autour d’un axe, sans doute le déplacement de la voûte céleste autour de l’étoile Polaire. Puis, par association d’idées, il devient le symbole du Soleil.
Emblème religieux, il est utilisé par les bouddhistes, mais également par les Chinois, les Indiens, les populations d’Amérique du Nord et les peuples nordiques.
Le svastika dextrogyre (tournant vers la droite) est un symbole de l’illumination intérieure.
Pour les nazis, le svastika sénestrogyre (inversé) est un signe noir. C’est le symbole du paradis perdu de Thulé et de son peuple de surhommes aryens.
Le groupe Thulé a directement influencé certaines actions des dirigeants nazis. Rudolf Hess a ainsi tenté de négocier la paix avec l’Angleterre.
En effet, selon la doctrine prônée par Haushofer, seul un partage de l’Occident entre les Anglo-Saxons et les Germains est viable. L’Anglais n’est pas l’ennemi à abattre. C’est plutôt un adversaire avec qui il faut négocier les zones d’influence.
Hitler, lui-même, a cultivé un moment cette idée.
Il a d’ailleurs rencontré au début des années 30, à Wahnfried, dernière résidence de Richard Wagner, un autre grand admirateur de la légende nordique, un vieil Anglais du nom de Houston Stewart Chamberlain, affirmant avec autant d’ardeur que les nazis la supériorité des Aryens.
Mais, après des hésitations, Hitler a décidé de rompre avec l’Angleterre. Apparemment, c’est sur sa propre initiative que Rudolf Hess, se fait parachuter le 10 mai 1941, au sud de l’Écosse.
Débris du Messerschmitt avec lequel Hess se rendait en Grande-Bretagne. (Bidarchiv Preussicher Kulturbesitz, Berlin)
Il veut joindre le duc de Hamilton, membre du Parlement britannique afin qu’il serve d’intermédiaire dans les négociations de paix.
Hamilton transmit l’annonce de la visite de Hess, mais les négociations n’aboutirent sur rien, car Hess ne représentait que lui-même.
Hitler n’a jamais fait partie d’une secte. Par contre, il était très attiré par la magie noire et l’occultisme.
Il était superstitieux et demandait l’avis de ses astrologues avant de prendre une décision importante. Mais, mieux vaut pour eux, ne pas annoncer de défaites! Il n’a pas hésité à faire déporter ceux qui, en 1942-1943, lui ont prédit les premiers revers de l’armée allemande.
Il avait un conseiller astral, Eric-Jan Hanussen, qui était très influent. Trop au goût de Goebbels qui essaya de le discréditer.
Hitler a été condamné en avril 1924 à 5 ans de prison suite à l'attentat raté de Munich. Il ne fera que 9 mois de prison. (Bidarchiv Preussicher Kulturbesitz, Berlin)
Il est assez surprenant, voire affligeant, de constater qu’une idéologie aussi destructrice que celle des nazis n’était en définitive qu’un mauvais copier-coller d’un idéal religieux positif saupoudré de mythes sans aucun fondement.
V.Battaglia (17.08.2005)