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    QUELQUES JALONS D'UNE HISTOIRE DES TSIGANES

     

     

     

      

     


     

    L'origine Indienne des Tsiganes a été déterminée dès la fin du XVIII° siècle par la langue. Elle a été corroborée par la chronique persane d'Hamza d'Ispahan, au milieu du X° siècle, qui fut reproduite et embellie, un demi-siècle plus tard par le poète Firdousi. D'après ces textes mi-historiques, mi-légendaires, quelques milliers de Tsiganes (appelés alors "Zott", "Rom" ou "Dom") auraient été envoyés par un roi de l'Inde à son cousin le roi de Perse pour exercer auprès de lui leur talent de musiciens.


    Après un assez long séjour en Perse (l'Iran actuel) les Tsiganes poursuivent leur migration, divisés en deux branches: l'une se dirigea vers le sud-ouest jusqu'en Egypte; l'autre vers le nord-ouest par l'Arménie et les contreforts du Caucase. La Grèce les accueillit à partir du début du XIV° siècle. On les trouve aussi dans une contrée comparable au delta du Nil nommée "La Petite Egypte". C'est pourquoi, les Tsiganes furent souvent appelés en France "Egyptiens", en Espagne "Egitanos" puis "Gitanos", en Angleterre "Egypsies" puis "Gypsies".
    Les longues guerres entre les Byzantins et les Turcs rendent leur condition très inconfortable, ils cherchent alors plus à l'ouest des terres plus tranquilles. Nouvelle migration vers: la Hongrie, l'Allemagne jusqu'à la Baltique, la Suisse. L'été 1419, les tribus apparurent sur le territoire de la France actuelle à Chatillon-sur-Chalaronne, dans la Bresse, à Maçon, à Sisteron. En 1427, à la Chapelle Saint-Denis
    aux portes de Paris.


    Entre temps, en 1422, on avait vu des Tsiganes sur les routes d'Italie avec l'espoir d'obtenir du Pape des lettres de protection, d'une portée universelle, dont ils pourraient se prévaloir dans tout le monde chrétien. Les Tsiganes fréquentèrent les Pays-Bas, de France ils descendirent en Espagne, se posant en pèlerins de Compostelle, atteignirent l'Andalousie dès qu'elle fut libérée de la domination arabe. Les voici bientôt au Portugal. Dans les premières années du XVI° siècle, ils apparurent en Ecosse et en Angleterre... Des pays Balkaniques, des tribus remontèrent en Pologne, en Lithuanie, en Russie du Sud. Toute l'Europe ayant été sillonnée par ces infatigables voyageurs, ce fut le tour du Nouveau Monde. Ils ne s'y rendirent pas toujours de bon gré. Le Portugal, pour se débarrasser d'un certain nombre de Ciganos, les expédia au Brésil. Des gypsies, passagers de bateaux anglais, découvrirent les possessions britanniques d'Amérique du Nord, la Jamaïque, les Barbades, la Virginie. Quelques bohémiens participèrent à la colonisation de la Louisiane (un siècle plus tard, leurs descendants parlaient encore le français). Seul dans le monde entier, l'Extrême-Orient ne les attire que très exceptionnellement.


    Au début, les Tsiganes bénéficiaient d'un accueil sympathique et d'une large hospitalité. Mais l'insistance à se faire entretenir lassa les bonnes volontés, les villes fermèrent leurs portes et les campagnes devinrent hostiles. Les Tsiganes "font peur", aussi les a-t-on accusés de toutes sortes de maux. Des méfaits réels, principalement d'ordre alimentaire (la maraude), mais aussi le vol de chevaux, de larcins furtifs et même de crimes imaginaires comme l'enlèvement d'enfants. Ces accusations ne sont pas inspirées par du racisme, notion relativement récente. Il s'agit de l'incompréhension mutuelle entre le monde nomade et le monde sédentaire.


    Les plaintes affluèrent et les gouvernements réagirent plus ou moins sévèrement.. D'abord la Suisse en 1471, puis l'Espagne en 1499, le Saint Empire Germanique en 1500, la France en 1539. Des actes furent signés par tous les états d'Europe. Il s'agit ou bien d'expulsion pure et simple, ou bien le plus souvent, de l'alternative: ou se sédentariser ou quitter le pays dans un certain délai. Ce qui montre qu'en général ce n'était pas le Tsigane qui était visé en tant que tel, mais le nomade. La peine la plus fréquente était celle de la galère, puis venaient la mort et la flagellation surtout en Allemagne. Aux Pays-Bas, de véritables battues ont été organisées au milieu du XIX° siècle.


    Dans les anciennes provinces roumaines (Moldavie et Valachie), les Tsiganes furent réduits en esclavage depuis le milieu du XV° siècle jusqu'au milieu du XIX° siècle; non par mesure pénale, mais paradoxalement parce qu'on appréciait leur habileté en de multiples formes d'artisanat. Souvent lorsqu'on a essayé de sédentariser des tribus tsiganes, celle-ci ont préféré vendre à leurs voisins tout ce qu'on leur donnait et se sauver pour vivre sous la tente ou dans de pauvres huttes de boue et de feuillage.


    En ROUSSILLON, les Gitans se sédentarisaient ou nomadisaient à leur guise.
    Maquignons expérimentés, en relation avec les Gitans espagnols, ils fréquentèrent assidûment les foires comme celles de Nîmes et de Baucaire, se répandaient dans tout le Midi de la France. Un grand point d'attraction en Provence: les Saintes Maries de la Mer (en Camargue). Depuis le milieu du XIX° siècle, les Tsiganes se sont mêlés aux pèlerins qui vénèrent les reliques de Sainte Marie-Jacobé et Sainte Marie-Salomé. Ils y prient surtout Sainte Sara servante présumée des deux Maries.
    Depuis le milieu du XIX° siècle se faufilèrent en France les sinti-piémontais, leur professions étaient celles du spectacle. Les arts du spectacle étaient également représentés par des Tsiganes musiciens des pays danubiens et de Russie. En 1867, un orchestre tsigane hongrois, avec violons, contrebasse et cymbalum, obtint un succès immense. Aux environs de 1900, des orchestres tsiganes hongrois se produisaient dans une quantité de cafés et restaurants. Ainsi grâce à la musique et aussi à la danse, les Tsiganes ont jouit d'un incomparable prestige. Citons les deux grands représentants de la musique tsigane: le Manouche Djengo Reinardt et le Gitan Manitas de Plata.


    Le génocide tsigane: l'Allemagne s'était, depuis le XVI° siècle montrée particulièrement inhospitalière. Les Tsiganes n'étaient pas considérés comme des Aryens, mais comme un mélange de races inférieures et comme des asociaux. Enfin, ce fut "la solution finale", les Tsiganes par milliers, hommes, femmes et enfants furent internés dans des camps de concentration. Marqués sur le pyjama rayé du triangle noir des asociaux, parfois d'un "Z", tatoué sur l'avant bras d'un numéro matricule, ils vivaient dans une effroyable misère, destinés au fours crématoires, à moins d'être encore assez résistants pour pouvoir travailler.


    D'après un texte de Fr de Vaux de Foletier
    dans "Monde Gitan" N° spécial: Les Tsiganes

    du site:  http://www.cultures-tsiganes.org/cultures_tsiganes/index_cultures.htm

     

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    Galette des rois : date, recettes, origines...

    L'Epiphanie 2016 de A à Z

     
     
     

    Galette des rois : date, recettes, origines... Tout savoir sur l'Epiphanie 2016

    La galette des rois arrive chaque année après les fêtes de Noël et de la Saint-Sylvestre. Mais quand la déguste-t-on exactement ? Pourquoi associe-t-on l'Epiphanie à la galette des rois ? D'où vient la tradition de la fève ? Et surtout : brioche ou frangipane, quelle est la vraie recette de la galette des rois ?

     

     

    La galette des rois 2016, c'est quand exactement ? Chaque hiver, après le passage à la nouvelle année, c'est la même question qui revient. Et bien d'autres suivent : d'où vient la galette des rois ? Quelles sont les origines de l'Epiphanie ? Est-ce une fête païenne ou religieuse ? Et quelle est la vraie recette de la galette des rois (ou la meilleure) ? Bien des explications ont été apportées sur cette fête célébrée chaque année depuis la nuit des temps. Les voici. 

     

    SOMMAIRE

     

     

     

    On sait, dans l'imaginaire chrétien, que la galette des rois fait référence aux trois rois mages qui, guidés par une étoile, se sont rendus à Bethléem, pour se recueillir devant la crèche où serait né Jésus, offrant à l'enfant de précieux présents. Mais on apprend vite, en se penchant sur la question, que l'Epiphanie (ou son équivalent) était déjà fêtée bien avant l'avènement de la religion chrétienne. Linternaute.com vous propose de faire le point.

     

    La date de l'Epiphanie et de la galette des rois

    Quand peut-on (enfin) manger de la galette des rois ? L'Epiphanie est traditionnellement fixée dans le calendrier chrétien le 6 janvier, soit douze jours après la naissance de Jésus selon la liturgie romaine. Le 6 janvier tombant régulièrement en pleine semaine, une réforme a transféré la date au second dimanche suivant Noël, soit, quasi-systématiquement, au premier dimanche de janvier. La galette des rois est donc découpée à cette date, en tout cas dans les pays qui n'ont pas de jour férié dédié à l'Epiphanie.

     

    En 2016, la galette des rois sera dévorée le dimanche 3 janvier, le 6 janvier "tombant" un mercredi. L'année suivante, la fête aura lieu le dimanche 8 janvier. En 2015, l'Epiphanie a eu lieu le dimanche 4 janvier, tandis qu'elle était repoussée au 8 janvier en 2014. La galette peut néanmoins se déguster durant la première quinzaine du mois de janvier. 

     

     

    Les origines de l'Epiphanie

    L'Epiphanie est le résultat d'une longue tradition remontant très loin avant la naissance de Jésus et résultant d'un mélange de traditions païennes et chrétiennes. A l'origine, il s'agissait dans l'antiquité de fêter le dieu Dionysos. Dieu de la vigne, du vin, mais aussi de la fête et des excès dans la mythologie grecque, Dionysos est intimement lié aux saisons et donc aux cycles de la végétation. La fête donnée en son honneur au milieu de l'hiver, et concomitante avec le solstice d'hiver, symboliserait sa résurrection, le retour de la lumière et donc la renaissance de cette végétation.

     

    On évoque aussi la fête païenne dite des "Saturnales" pour expliquer l'origine de l'Epiphanie. Cette fois, c'est le dieu Saturne qui était célébré par les Romains. Un temps associé à l'agriculture et aux semences, notamment grâce à une faucille qu'il porte à la main droite, ce dieu reste relativement mystérieux. "En sommeil" une grande partie de l'année, il renait chez les Romains au cœur de l'hiver, au "crépuscule de l'année", soit une période qui, cette fois, précède le solstice d'hiver. Il symboliserait plus généralement la protection des "liens" de la famille et de la cité.

     

    Dans les premières communautés chrétiennes d'Orient, au IVe siècle, on commence à associer cette fête à la période suivant la naissance de Jésus. L'Epiphanie est née et correspond à une "manifestation" dans le grec ancien. Autrement dit : après avoir fêté la naissance de Jésus stricto-sensu pendant Noël, les Chrétiens vont commencer à célébrer le "messie", c'est-à-dire le personnage providentiel qu'il représente. Il faut donc chercher des signes de cette messianité, soit les premières manifestations qui authentifient le Christ. Elles sont au nombre de trois dans les prémices de la chrétienté : certains évoquent le premier miracle réalisé par Jésus lors des noces de Cana, d'autres parlent de son baptême dans l'eau du Jourdain, mais au plus proche de sa naissance, la première "manifestation" de son caractère sacré est vite associée à la quête et à l'adoration des rois mages qui, eux-mêmes, reconnaissant le Messie peu de temps après sa naissance.

     

    Le 6 janvier, soit 12 jours après Noël, devient ainsi la toute première fête sacrée du calendrier liturgique. En Occident, l'Epiphanie va progressivement absorber les anciennes traditions romaines et païennes et on va petit à petit se réunir autour d'une galette pour la célébrer.

     

    Les origines de la galette des rois et de la fève

     

    Il faut remonter au XIIIe ou au XIVe siècle pour retrouver les premières traces du partage d'une galette lors de l'Epiphanie. Une galette, partagée en autant de portions que de convives plus une : la "part du pauvre", c'est-à-dire destinée au premier pauvre qui se présentait. On parle d'abord d'un gâteau doré et de forme ronde, une description qui peut rappeler le soleil et dont le culte des Saturnales. Pendant ces festivités de 7 jours, les excès étaient permis et il était d'usage d'offrir des gâteaux à son entourage. Une tradition qui, au Moyen-Age, est devenue celle du "gâteau des rois". Pour certains, l'appellation viendrait de la redevance qu'il fallait verser à son seigneur à la même époque. Redevance généralement accompagnée elle-même d'un gâteau.

     

    Quant à la fève, elle aurait précédé la galette puisqu'elle date elle aussi de l'empire romain. Il était d'usage en effet dans la Rome antique de tirer au sort le roi d'un festin grâce à un jeton noir ou blanc. Il est aussi dit qu'un roi était désigné par ce biais parmi les soldats d'une garnison ou dans une famille lors des Saturnales et qu'il pouvait ainsi, pendant une journée, réaliser tous ses désirs commander tout ce qu'il lui plaisait. Une légende rapporte également une autre origine de la fève : la légende de Peau d'âne, inspirée du conte de Charles Perrault. C'est ainsi en oubliant sa bague dans un gâteau destiné au prince que Peau d'âne aurait inspiré cette étrange coutume.

     

    Enfin, la tradition d'envoyer le plus jeune des convives sous la table pour désigner à qui revient chaque morceau de la galette serait arrivée à la même époque. Lors des Saturnales toujours, le maître de maison demandait en effet au plus jeune de la famille, censé être le plus innocent, de désigner à quel convive il doit distribuer la part qu'il tient en main. L'enfant est généralement surnommé Phébé (pour "Phœbus" ou "Apollon"), en référence à un oracle d'Apollon.

     

     

    La galette des rois : frangipane ou brioche ?

    Avant d'évoquer la recette de la galette des rois, encore faut-il savoir quelle galette des rois il faut choisir. De nos jours, la galette composée de pâte feuilletée et de frangipane semble s'être imposée dans l'imaginaire. Mais quelle l'authentique galette des rois est-elle la frangipane, la briochée ou le gâteau aux fruits confits ? A l'origine, les galettes des rois étaient de simples pains dans lesquels un haricot était utilisé en guise de fève. Mais progressivement, plusieurs régions ont ajouté à cette galette de pain sa spécificité.

     

    La brioche, encore en usage dans de nombreuses régions, notamment dans le sud de la France, serait donc la forme la plus traditionnelle de la galette des rois, puisqu'elle est la plus proche d'une boule de pain. Dans le Nord, mais aussi en Provence et dans le Languedoc, elle est devenue le "gâteau des rois", recouverte de sucre et de fruits confits. La frangipane quant à elle serait née au XVIIe siècle sous l'impulsion d'Anne d'Autriche et de son fils Louis XIV. La galette feuilletée serait ainsi née à Paris à tel point qu'elle sera un temps surnommée "la parisienne".

     

     

    La recette de la galette des rois

     

    La recette de la galette des rois moderne, la frangipane, peut effrayer les moins hardis en cuisine. Elle est pourtant des plus simples. Il s'agit d'associer une pâte feuilletée à de la frangipane, autrement dit un mélange de crème pâtissière, de beurre, de sucre et de poudre d'amandes. Il est généralement admis qu'une galette des rois frangipane, outre la pâte feuilletée, est composée environ pour un quart de beurre, pour un quart de sucre et pour un quart de poudre d'amande. Une composition basique à laquelle on ajoute des oeufs, du lait entier, et parfois du rhum, de l'amidon de blé ou de maïs, de la vanillé ou encore des amandes.

     

    Sur Internet, les recettes de galette des rois foisonnent avec plusieurs variantes, allant de l'ajout de chocolat ou de noix de coco, à la disposition de pommes.

     

    La fève de la galette des rois

     

    Dernier élément de la galette des rois, la fève est la touche finale d'une Epiphanie réussie. A l'origine, il s'agissait d'une fève alimentaire, c'est-à-dire d'un légume-grain qui était le plus consommé en Europe. La fève est une plante solide qui peut se développer dans n'importe quel terrain, ce qui explique sa popularité dès le Moyen-Age. Issue d'une grande plante aux fleurs blanches qui peut dépasser un mètre de haut, la fève est d'abord contenue dans une gousse. Chaque gousse donne entre 5 et 10 grains, qui peuvent être consommés crus ou cuits, verts ou noirs.

    Dès le XVIIIe siècle, les premières fèves en porcelaine apparaissent. Elles représentent d'abord l'enfant Jésus, pour reprendre la tradition chrétienne de l'Epiphanie. Mais à la révolution, les fèves vont prendre d'autres aspects, à commencer par celui du bonnet phrygien ou de la pièce en or. Après le second empire, cette fève en porcelaine se généralise et se régionalise, représentant toute sorte de personnages, d'objets ou de métiers. Au XXe siècle, la fève en plastique va encore multiplier les possibilités, transformant parfois l'objet en support publicitaire ou en figurine de dessin animé. La fève est ainsi devenue un objet de collection. Un musée situé à Blain, en Loire-Atlantique, y est consacré et rassemble des milliers de pièces. 

     

     

    Dans d'autres pays, les traditions de l'Epiphanie et des Rois mages

     

    Si l'Épiphanie n'a pas le même poids que Noël en France, la fête est très importante chez nos voisins. C'est notamment le cas en Espagne ou au Portugal, où l'on fête le jour des Rois mages. Les enfants reçoivent en effet leurs cadeaux le 6 janvier plutôt que la veille ou le matin de Noël. Le Père Noël est d'ailleurs un personnage secondaire pour les plus petits, qui préfèrent envoyer leurs lettres à Gaspard, Melchior et Balthazar. De grands défilés mettant en scène les Rois mages sur des chars sont organisés dans les villes et villages ibériques, mais aussi en Amérique Latine.

     

    Cette tradition de fête dans la rue est également respectée en Belgique et aux Pays-Bas, même si elle est en perte de vitesse. Ces deux pays furent des possessions de l'Espagne au XVIe siècle. Elle est souvent considérée en Europe du nord comme le coup d'envoi des préparatifs du carnaval, qui aura lieu un mois plus tard. Au Mexique, on célèbre la fête en dévorant la "Rosca", un gâteau en forme de couronne souvent glacé au sucre. Là aussi, on cache une fève pour désigner le roi.

     

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    Tibet

     

    Depuis l’occupation du Tibet par l’armée chinoise en 1950, la population a vécu une répression féroce.
    Emprisonnés, exilés, affamés ou torturés, les tibétains ont subi un véritable génocide culturel. Le dalaï-lama, exilé en Inde depuis 1959, continue à parcourir le monde pour que le Tibet ne soit pas une nation opprimée oubliée de tous.
    Communément appelé le « toit du monde, le Tibet est aujourd’hui une région qui a reçu le statut de région autonome.
    Mais sous cette appellation flatteuse, la population subit une sinisation (installation massive de Chinois à l’intérieur du Tibet ; rééducation des moines tibétains ; enseignement en langue chinoise) toujours plus pressante.

     

     

     Le Tibet avant l’occupation chinoise

     

    Le Tibet se situe aux trois quarts à plus de 3 500 m d’altitude. Ce pays est entouré de hautes chaînes (Kunlun, Alpes du Sichuan, Pamir, Karakorum et surtout Himalaya).

    Le Tibet constitue un État unifié à partir du VIIe s. Le roi Srong-btsan Sgam-po lui donne une organisation centralisée et fonde Lhassa, la capitale actuelle.

     

    Tibet

    Paysage du Tibet. By reurinkjan

     

    Des sectes lamaïques y sont créées après l’arrivée à Lhassa (1042) du bouddhiste indien Atisha.
    En 1207, le pays se soumet aux Mongols.
    Aux XVe-XVIe s, l’Église tibétaine est organisée sous l’autorité du dalaï-lama et du panchen-lama, seconde autorité religieuse du Tibet.

     

    Jeune tibétain

    Jeune tibétain à Sichuan. By utpala ॐ

     

    En 1751, les empereurs Qing établissent la domination de la Chine sur le pays. Les Tibétains chassent les Chinois en 1912 avec l’aide des Britanniques, mais le Tibet est à nouveau occupé par la République populaire de Chine en 1950.

     

     

     Le dalaï-lama

     

    C’est un titre conféré au XVIe s. par le souverain mongol Altan Khan au chef tibétain d’un ordre monastique bouddhique, porté depuis lors par le chef du bouddhisme tibétain.

     

    dalaï-lama

    Dalaï-lama. Tenzin Gyatso. By ZedZap.away,Van

     

    Le dalaï-lama passe pour être l’incarnation perpétuelle de l’esprit du bodhisattva Avalokiteshvara, patron du Tibet. Lorsqu’il meurt, l’esprit divin qui réside en lui descend de nouveau, après un intervalle d’au moins 49 jours, dans un enfant qui donne généralement, dès sa naissance, des marques de son origine surnaturelle.

     

    Dalai lama

    Le dalaï-lama à Tokyo. By Joi

     

    Le dalaï-lama actuel, Tenzin Gyatso, est considéré comme la quatorzième incarnation du bodhisattva Avalokitésvara.
    Il a été proclamé en 1940 souverain du Tibet, devenant dès lors le chef suprême de toutes les sectes bouddhiques de son pays. Les heurts avec les Chinois l’ont contraint à s’exiler en 1959. Il a reçu en 1989 le prix Nobel de la paix.

     

    Potala . Tibet. Residence du Dalai-lama

    Potala. Résidence historique du dalaï-lama. By mckaysavage

     

    Dans son livre « Mon pays et mon peuple », le Dalaï-lama témoigne de la répression de 1959 :

    « Des dizaines de milliers des nôtres ont été tués […]. Ils n’ont pas été seulement fusillés, ils ont été battus à mort, crucifiés, brûlés vifs, noyés, écorchés, enterrés vivants [….]. Ces meurtres ont été commis en public.
    La raison principale et fondamentale est qu’ils ne voulaient pas renoncer à leur religion. »

     

     

     L’occupation chinoise du Tibet

     

    Le Tibet représente une région stratégique pour les Chinois. Indépendant depuis 1912, le Tibet n’a pu résister à l’invasion de l’armée populaire chinoise en 1950.
    Dès 1952, la collectivisation des terres agricoles s’accompagne de violences. Ce processus a pour conséquence la destruction de l’économie agricole traditionnelle.

     

    Tibet

    Paysan tibétain. By reurinkjan

     

    Selon les opposants au régime de Pékin, 70 000 Tibétains seraient morts de faim entre 1959 et 1963, soit environ 3 % de la population totale.

    Combien de Tibétains sont morts depuis l’occupation chinoise ? Difficile à dire car le pays a été fermé au reste du monde jusqu’en 1989.
    Il est certain qu’une destruction systématique de la culture tibétaine est toujours poursuivie par les Chinois.
    Le génocide culturel ne peut être nié pas plus que les horribles exactions commises contre la population.

     

     

     La révolte de 1959

     

    En 1959, le Tibet oriental, la région de Kham, se révolte. Une répression féroce est aussitôt mise en place : bombardements, absence de soins aux blessés, enterrements vivants et tortures.

     

    Jeune tibétain

    Ce jeune tibétain symbolise la culture traditionnelle du Tibet. By utpala ॐ

     

    Le 22 mars, la prise de Lhassa tourne en véritable bain de sang. Entre 2 000 et 10 000 Tibétains meurent.
    Le dalaï-lama est contraint de fuir en Inde, accompagné de 20 000 compatriotes.

    Des centaines de milliers de personnes sont envoyées dans des camps et d’après les estimations, seulement 20% en sont ressorties vivantes.

     

    Tibet

    Portrait du Tibet. By reurinkjan

     

    Les moines sont les premières victimes de ces exactions. Ils représentent l’élite intellectuelle et religieuse du pays. A ce titre, ils représentent donc une menace et sont systématiquement déportés dans des mines de charbon pour y travailler dans les pires conditions.

     

     

    Un génocide culturel

     

    Pendant la révolution culturelle chinoise (1966-1969), la politique chinoise à l’égard du Tibet se durcit.

    La culture traditionnelle tibétaine est la cible principale. Les « gardes rouges » détruisent les autels voués à Bouddha, rasent les monuments d’une culture plus que millénaire.
    En 1969, sur 6 259 monastères, seuls 13 restent encore en fonctionnement.

     

    Bouddhisme au Tibet

    Philosophie bouddhiste au Tibet. By h.koppdelaney

     

    Les autres monastères sont transformés en hangars, prisons, casernes ou simplement rasés.

    Le gouvernement central veut éradiquer le bouddhisme et toute la culture traditionnelle tibétaine.

    Parallèlement, la population est soumise à un contrôle de la natalité qui se transforme en campagne de stérilisation forcée.

     

    Cérémonie religieuse au Tibet

    Cérémonie religieuse au Tibet. By jmhullot

     

    Cette stérilisation forcée au-delà du premier enfant doit-elle être considérée comme un but inavoué d’éradiquer le peuple tibétain ?
    On peut se le demander dans la mesure où les autres minorités implantées au Tibet ne sont pas soumises au contrôle de natalité.

     

     

     Les droits de l’Homme toujours violés

     

    En 1969, une nouvelle révolte à Lhassa est encore réprimée dans le sang.

    A partir de 1980, le régime chinois s’assouplie un peu et certains membres du parti communiste vont même jusqu’à admettre les erreurs de leur politique.

     

    Tibet

    Midui Glacier. By reurinkjan

     

    Mais, ces déclarations bien tardives n’empêchent nullement que les droits de l’Homme soient toujours violés.

    En 1984, le Tibet est à nouveau ouvert au tourisme international ce qui signifie pour le gouvernement chinois que des observateurs de la politique chinoise peuvent s’y rendre.
    Depuis, le tourisme s’est largement développé bien que le Tibet reste sous haute surveillance.

     

    Tibet

    Monastère de Tashilhunpo dans la région de Chigatse. By Ssppeeeeddyy

     

    En 1989, alors que le dalaï-lama reçoit le prix Nobel de la paix, une révolte éclate. Cette rébellion réprimée dans le sang aboutit à l’instauration de la loi martiale, qui reste en vigueur jusqu’en 1990.

     

    Tibet

    Le Tibet est un magnifique pays. By reurinkjan

     

    L’attribution en 1989 du prix Nobel de la Paix au 14e dalaï-lama provoque le mécontentement du gouvernement chinois. La situation se durcit à nouveau en 1995, notamment à propos du choix de la réincarnation du panchen-lama, deuxième personnage du bouddhisme tibétain.

    Pékin et le dalaï-lama présentant chacun un enfant différent. Depuis 1996, la sinisation et la répression des autochtones s’intensifient.

     

     

     Bilan de l’oppression chinoise

     

    Si les exactions ne sont plus aussi systématiques qu'elles ne l’étaient jusqu’en 1960, le bilan global de l’occupation chinoise reste effrayant.
    Il l’est d’autant plus que la communauté internationale ne semble pas s’en préoccuper. Le Tibet aurait-il été sacrifié au nom des intérêts financiers des puissances économiques occidentales ?

     

    Manifestation pour le Tibet libre

    Manifestation en faveur du Tibet libre aux Etats-Unis. By john faherty photography

     

    D’après le gouvernement tibétain exilé en Inde, 1,2 million de personnes, soit le quart de la population totale, aurait péri depuis 1950.

    Ces chiffres sont-ils exagérés ? Il ne semble pas car la Commission internationale des juristes a qualifié dans un rapport de 1959 les massacres perpétrés au Tibet par les autorités chinoises de génocide.
    Le Tibet, qui revendique avec légitimité son indépendance, vit depuis plus de 50 ans sous le joug d’une oppression sanglante.
    Les plus optimistes argumentent d’un développement économique de cette région. Mais, est-il admissible que l’on puisse sacrifier une nation au nom d’intérêts économiques ou stratégiques ?

     

    Yaks au Tibet

    Elevage de Yaks. By reurinkjan

     

    D’autant plus que ce soi-disant développement économique s’accompagne d’une destruction de l’environnement.
    Si personne ne réagit rapidement, le Tibet pourrait bien devenir une immense décharge chinoise avec notamment le stockage de déchets radioactifs et de nombreux essais nucléaires.

    Soulignons également le fait que la population ne bénéficie nullement du développement économique de la Chine puisque le Tibet est aujourd’hui la région qui connaît le plus bas niveau de vie.

     

    Manifestation en faveur du Tibet

    Manifestation en faveur du Tibet libre. By art_es_anna

     

    La faune sauvage n’est malheureusement pas épargnée avec une déforestation massive, une surexploitation des ressources minières qui entraînent la disparition des espèces : félins, hyènes, buffles sauvages …

     

    V.Battaglia (30.10.2006)

     

    Références

    La Mémoire de l'Humanité, les grandes tragédies; éditions Larousse 1994
    Tsering Shakya. The Dragon in the Land of Snows: A History of Modern Tibet Since 1947. Penguin 2000
    Atlas Géographique, éditions Atlas 2006

     

    Histoire Moderne:  Tibet

     

     

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    Corée du Nord

     

     

    Créée à l’issue de la Seconde Guerre mondiale avec le soutien de l’URSS, la Corée du Nord (en coréen Choson) est l’un des pays les plus impénétrables de la planète.


    Il est très difficile d’obtenir des informations fiables. De ce fait, le programme nucléaire de la Corée du Nord et l’essai déjà effectué peuvent inquiéter à juste titre.

     

     

    La création de la Corée du Nord et du Sud

     

    Jusqu’en 1945, la Corée ne formait qu’une seule nation. La Corée est libérée avec la capitulation du Japon, mais elle se trouve aussitôt, du fait de l’entrée sur son territoire des armées soviétiques et américaines, séparée en deux zones de part et d’autre du 38e parallèle.

    C’est le 16 février 1948 qu’est proclamée la République populaire de Corée du Nord.

     

    Coree du Nord

    Paysage de la Corée du Nord. By yeowatzup

     

    D’un côté, la Corée du Sud (en coréen Hanguk) a été dévastée par la guerre de Corée (1950-1953) et livrée à la dictature. Mais, soutenu par les Etats-Unis, le pays est devenu démocratique en 1980. Il a également commencé une importante ascension économique.

     

    De l’autre côté, la Corée du Nord est victime d’une terrible crise économique depuis 10 ans. Après la guerre de Corée (juillet 1953), la reconstruction économique du pays a été facilitée par l’aide de l’URSS et de la Chine.


    Ce pays possède d’abondantes ressources et notamment un sol riche en minerais.

     

    Corée du Nord

    Vue de la Corée du Nord depuis la Corée du Sud. By WanderingSolesPhotography

     

    Le gouvernement a d’abord mis l’accent sur le développement industriel mais s’est entêté sur la voie de la sur-militarisation.
    Depuis 1990, le taux de croissance de la population décline. En proie à la famine, la population lutte au quotidien pour sa survie. Le taux de mortalité infantile est estimé à 25% alors qu’il n’est que de 5% en Corée du Sud.

     

     

    Repères géographiques sur la Corée du Nord

     

    La Corée du Nord est située sur la côte est du continent asiatique. La frontière entre les deux Corées est marquée par le 38e parallèle.
    Collines et montagnes couvrent 80% du territoire. Les forêts couvrent 70% du pays. Le climat est rude avec des étés très chauds et des hivers très froids. La banquise apparaît au fond du golfe de Corée.

     

    Carte de la Coree du Nord

    Carte de la Corée du Nord . By Kokiri

     

    Continent : Asie
    Capitale : Pyongyang
    Superficie : 120 540 km²
    Pays frontaliers : Chine, Corée du Sud, Russie
    Principaux fleuves : Yalu, Tumen et Taedong
    Mers : mer du Japon, mer de Chine et mer Jaune

     

    Le culte de la personnalité en Corée du Nord

     

    Le régime politique est basé sur une République populaire à parti unique. Secrétaire général du parti communiste de Corée en 1945, Kim Il-sung a été élu secrétaire général du parti du Travail en 1946. Ce parti est né de la fusion du parti communiste avec le parti néo-démocratique et constitue une puissante organisation politique de masse.

     

    Kim Il-sung

    Mosaïque en hommage à Kim il-sung . By yeowatzup

     

    Dans ce pays, la vie politique et culturelle repose entièrement sur la personnalité du fondateur de la république populaire, Kim Il-sung et celle de son fils, Kim Jong-il.
    Le culte de la personnalité est poussé à l’extrême.

    D’immenses statues trônent un peu partout.

     

    Kim Il-sung

    Statue de Kim il-sung . By yeowatzup

     

    Véritable despote, au sens classique du terme, Kim Il-sung édifie un gigantesque palais de 240 000 m2 qui célèbre sa gloire et sa pensée. Il organise le culte effarant dont il est l’objet, l’étend à sa famille, dont il forge une biographie exemplaire mais totalement imaginaire.

     

    Dès 1974, Kim Jong-il devient l’homme du terrorisme d’État avec notamment l’attentat de Rangoon, en 1983, contre une délégation sud-coréenne.

     

    La Corée du Nord a fermé officiellement ses frontières par crainte d’une immigration trop forte !

     

    Le pays vit en vase clos. Par exemple, aujourd’hui, en Corée du Nord, nous ne sommes pas en 2006 mais en l’an 94 du Juché, d’après l’idéologie de Kim Il Sung.

     

     

    Une dictature absolue

     

    Kim Il-sung a organisé la société pour en avoir l’absolu contrôle. Chaque sujet nord-coréen a dû s’inscrire auprès de la sécurité d’État entre 1964 et 1969. Il est recensé dans une des 51 sous-catégories politico-sociales qui divisent les trois grandes classes de la société :

     

    Les « masses du noyau central », formées des héros du peuple et de leurs familles, notamment des pupilles de la nation, qui ont été élevés dans des écoles spéciales. Ces privilégiés vivent à Pyongyang. Ils sont les seuls à avoir droit à une information véritable, le reste de la population devant se contenter de ce que lui fait croire la propagande.

     

    Kim Il-sung

    Mosaïque en hommage à Kim iL-sung . By yeowatzup

     

    La deuxième classe sociale est celle de la « masse extérieure au noyau » : ces paysans, ouvriers et intellectuels n’ont pas d’engagement politique, mais appuient le régime sans réserve.

     

    Le troisième cercle est celui des « masses mélangées » c’est-à-dire de tous ceux qui se sont opposés au régime. Interdite d’université, soumise aux brimades lors des mouvements politiques, cette partie de la population ne peut s’établir dans la capitale, réservée aux bien-pensants.

     

    Coree du Nord. Collégiennes

    Collégiennes en Corée du Nord. By llee_wu

     

    Un réseau de camps de concentration complète le dispositif, ou les détenus ne touchent que des rations alimentaires minimales. L’exécution sommaire des opposants, ou supposés tels, est courante. Comme le dit François Godement dans la Renaissance de l’Asie, « la Corée du Nord apparaît comme la systématisation délirante des pires traits du stalinisme et du maoïsme ».

     

     

    L’échec de l’ostracisme

     

    À la mort de Kim Il-sung, en juillet 1994, Kim Jong-il a pris sa succession sans difficulté véritable. En 1998, il a été déclaré chef d’Etat à vie.

     

    La mort de Kim Il-sung, la famine nord-coréenne et les dissensions qu’elles semblent provoquer au sein du parti amènent les Nord-coréens à assouplir leur position. Ainsi, ils s’engagent dans le processus de réconciliation avec Séoul et cherchent à normaliser leur relation avec le reste du monde.

     

    Mausolée de Kim II-sung

    Mausolée de Kim II-sung. By ninjawil

     

    En 2000, Kim Jong-il intensifie ses efforts diplomatiques. Il tente de resserrer les liens avec ses anciens alliés que sont la Russie et la Chine.
    Des efforts diplomatiques sont aussi menés en direction des pays de l’Union européenne, pour rompre son isolement et attirer des investisseurs.

     

    La plupart des pays de l’U.E. (la France reste l’un des rares pays à ne pas avoir normalisé ses relations avec la Corée du Nord) ont fini par reconnaître le régime de Pyongyang.

     

    Kim Jong-il

    Kim Jong-il . © The Seoul Times

     

    Néanmoins, la situation des Nord-coréens ne s’est guère améliorée et les années de pénurie se succèdent. La Corée du Nord reste un des pays les plus pauvres du monde.

     

     

    La réunification des deux Corées

     

    En juin 2000, la rencontre entre Kim Jong-il et Kim Dae-jung dans la capitale nord-coréenne offre pour la première fois une réelle perspective de réunification de la péninsule.

    La Corée du Sud a adopté la position du Nord qui veut que « le problème coréen soit résolu par les Coréens », ce qui ne peut que déplaire aux États-Unis et à la Chine.

    Afin de souligner leur volonté commune, les deux États conviennent de créer un « téléphone rouge », de favoriser les rencontres entre familles séparées et de défiler côte à côte lors de la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques de Sydney (septembre 2000).

     

    Pyongyang . Coree du Nord

    Pyongyang . By yeowatzup

    Des projets sont mis en route comme le rétablissement de la voie ferrée reliant Séoul à Sinuiju au nord de la Corée du Nord. Mais le coût de la réunification, estimé à 500 milliards de dollars, risque de freiner le processus. De plus la volonté de la Corée du Nord reste sujette à caution.

    Depuis 2001, le projet est au point mort. L’administration Bush a durci le ton vis-à-vis du régime de Pyongyang, dans leurs négociations concernant notamment le gel du programme nucléaire nord-coréen.

     

     

    Le chantage nucléaire de la Corée du Nord

     

    L’armistice, signé en 1953 à Panmunjom, en mettant fin aux hostilités, devait aboutir à la signature de la paix et à la réunification de la péninsule. Elle n’a cependant jamais interrompu l’état de guerre larvée, entretenu par la politique agressive de la Corée du Nord.

    En septembre 1991, cependant, une détente diplomatique relative a permis l’entrée simultanée à l’O.N.U. des deux Corées.

    Signé en décembre 1991, un accord prévoit la réconciliation entre les deux républiques ennemies et la dénucléarisation de la péninsule.

    La Corée du Nord, affaiblie, craint, en cas d’une véritable réunification, de connaître le sort de la R.D.A. Elle multiplie les provocations, cherche à s’entendre directement avec les États-Unis, pour consolider son statut international, et pratique pour y parvenir le chantage nucléaire.

     

    Coree du Nord

    L'armée de la Corée du Nord. © The Seoul Times

     

    Elle menace de se retirer, en mars 1993, du traité de non-prolifération nucléaire, après avoir refusé le contrôle de ses installations et construit un missile de moyenne portée, susceptible de porter une tête nucléaire, qui survole le Japon, en août 1998.

    Pyongyang souffle ainsi alternativement le chaud et le froid, d’autant plus facilement que, sur le plan militaire et diplomatique, la Corée du Sud dépend des Etats-Unis qui entretiennent 37 000 hommes et une artillerie atomique sur son sol.

    En annonçant, en décembre 2002, la reprise de son programme nucléaire gelé depuis 1994 par un accord avec les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud, la Corée du Nord ouvre une nouvelle crise avec Washington.

    Successivement, Pyongyang expulse les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (A.I.E.A.) chargés de contrôler ses installations, se retire du traité de non-prolifération (T.N.P.) et teste divers missiles à faible portée.

     

    Frontière entre la Corée du Sud et la Corée du Nord

    Frontière entre la Corée du Sud et la Corée du Nord. By mroach

     

    Grâce à l’intervention de la Chine, la Corée du Nord accepte finalement une rencontre multilatérale. Ainsi, en août 2003, débutent à Pékin des négociations entre la Chine, la Corée du Sud, la Corée du Nord, les États-Unis, le Japon et la Russie.

    Mais, une fois encore, la Corée du Nord annonce la suspension de sa participation en juin 2004.
    Elle fait ensuite monter d’un cran sa stratégie à haut risque et se proclame puissance atomique en janvier 2005.

     

     

    L'essai nucléaire de la Corée du Nord

     

    La Corée du Nord a procédé à un essai nucléaire le 9 octobre 2006, ignorant les multiples mises en garde internationales et un avertissement du Conseil de sécurité de l'ONU.

    Le régime communiste avait averti, dès le 3 octobre, qu'il procèderait à un essai nucléaire.

    Pyongyang avait alors invoqué «la menace extrême des États-Unis de déclencher une guerre nucléaire» ainsi que «les sanctions vicieuses» imposées par le Trésor américain contre des entités nord-coréennes accusées de blanchiment d'argent.

    Après une condamnation de l’ensemble des pays, y compris la Chine, Pyongyang serait prêt à abandonner son programme nucléaire et à négocier avec les Etats-Unis.

     

    Yalu . Coree du Nord

    Vue du Yalu, l'un des principaux fleuves . By Prince Roy

     

    Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et le Japon se sont réunis le 10 octobre 2006 pour continuer à discuter de la réponse du Conseil à l'essai nucléaire nord-coréen, sur la base de propositions américaines et japonaises de sanctions économiques.

    Le ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov a estimé que la bombe nord-coréenne avait une puissance de «5 à 15 kilotonnes» (5.000 à 15.000 tonnes) d'équivalent en dynamite, soit beaucoup plus que les 800 tonnes évoquées plus tôt par un responsable du Centre de recherche sismique de Daejeon (Corée du Sud).

    Les services de renseignement sud-coréens croient que l'essai a été mené dans un tunnel horizontal creusé dans une colline de la région de Hwadaeri, près de la ville de Kilju, dans la province de Hamgyong, à environ 300 km au nord-est de la capitale Pyongyang.

    Selon l'agence sud-coréenne Yonhap citant les services de renseignement, des activités anormales ont été observées dans une région accidentée de Corée du Nord, laissant à penser qu'un deuxième essai pourrait être en préparation.

    La Corée du Nord disposerait de 30 ou 40 kilos de plutonium, assez pour fabriquer sept bombes atomiques, a déclaré le responsable des services de renseignement sud-coréens.

     

     

    V.Battaglia (11.10.2006)

     

    Références bibliographiques

    Histoire De La Guerre Froide - Tome 2, De La Guerre De Corée À La Crise Des Alliances 1950-1963 Fontaine, André. Editions Seuil 1997
    Les conflits du XXe siècle, Mayer Shermer Heiferman, R.; Le Livre De Paris Odège 1977
    Atlas Géographique, éditions Atlas 2006

    Histoire Moderne:  Corée du Nord

     

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    Europe. Union européenne

     

     

    Utopie ou incompréhension ?

     

    Le 29 mai 2005 sera marqué pour longtemps par ce référendum qui a débouché sur un non massif à 55 % de la part des Français vis-à-vis de la constitution européenne. En 2008, les Irlandais ont rejeté à 53,4 % le traité de Lisbonne. Ce vote a replongé l'Union européenne dans une nouvelle crise.


    Est-ce un non à l’Europe ? Certainement pas.

     

    La Grande Europe est un idéal qui a pris naissance en France dès le 19e siècle. Cet idéal était fondé sur une Europe fédérée construite dans le respect des peuples.
    Cette dernière notion n’aurait-elle pas été occultée ces dernières années au profit d’une Europe purement économique ?
    N’est-ce pas cette absence de respect qui aujourd’hui rend méfiants, non seulement les Français mais une majorité d'européens vis-à-vis d’une Europe aux contours bien mal définis ?

     

     

     

    Quand l’Europe n’était qu’une utopie

     

    Unifiée pour la première fois par Charlemagne, l’Europe souffre jusqu’au 20e siècle du Traité de Verdun qui, en 843, a partagé le monde carolingien.


    Des conquérants comme Napoléon ou des dictateurs comme Hitler ont voulu réaliser une Grande Europe mais pas sur la volonté des peuples, seulement sur des monceaux de cadavres.

     

    Charlemagne

    Charlemagne. By Hühnerauge

     

    L’idée d’une Europe fédérée se développe à partir du 19e siècle. En 1850, Victor Hugo écrit : »Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les Etats-Unis d’Amérique, les Etats-Unis d’Europe, se tendant la main par-dessus les mers. »

     

    Malheureusement, la Première guerre mondiale vient interrompre ce bel idéal.

     

    De 1920 à 1940, rancoeurs et crises économiques ne font qu’exacerber le nationalisme dans la plupart des pays européens.


    Nul ne croit, et surtout pas les gouvernements, qu’une unification soit possible. Nul n’a la volonté, ni l’envie de la concrétiser.


    Il faudra attendre 1945 pour qu’à nouveau l’idée d’une Europe unie renaisse.

     

     

    La création d’une Europe unie

     

    En mai 1948, se tient à La Haye, le Congrès de l’Europe. Il rassemble 800 personnalités venues pour soutenir cet idéal fédératif.


    Les guerres ont ruiné l’Europe. Ce sont les Etats-Unis qui assurent la reconstruction de l’Ouest. Cependant, ils demandent que leur aide soit répartie au niveau européen.
    C’est de cette demande qu’est née l’Organisation européenne de coopération économique, devenue en 1960 l’Organisation de coopération et de développement économique.

     

    De Gaulle et Adenauer

    Charles de Gaulle et Konrad Adenauer en 1961. (Deutsches Bundesarchiv)

     

    N’est-ce pas ironique d’ailleurs ? Sans les Etats-Unis, l’Europe ne serait peut-être jamais née, du moins pas si tôt.

     

    Les gouvernements de l’époque savaient que l’avenir de l’Europe passait par l’édification d’institutions communes. C’était le seul remède pour lutter contre l’hégémonie des deux supergrands qu’étaient les Etats-Unis et l’Union Soviétique.

     

     

    Entre guerres et réconciliations

     

    De nombreux conflits ont opposé la France et l’Allemagne dans le passé. Paradoxalement, ce sont ces deux pays « ennemis d’hier » qui sont à la source de la fondation de l’Europe.

     

    C’est le différent franco-allemand sur la Sarre qui est à l’origine de la première institution communautaire. La Sarre est une région riche en mines de charbon et en aciéries. Elle est détachée de l’Allemagne en 1945. Bien sûr, Bonn cherche à la récupérer.


    En 1950, Robert Schuman propose de placer les productions françaises et allemandes sous l’autorité d’un organisme supranational : la C.E.C.A (communauté européenne du charbon et de l’acier) naît le 18 avril 1951.

     

    Europe. Affiche de 1957

    Affiche créée en 1957 destinée à promouvoir l'Europe

     

    Six pays y adhèrent : la France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas.
    L’Angleterre refuse de renoncer à ses prérogatives nationales.

     

    Le 25 mars 1957, les Six chefs de gouvernement des Etats membres de la C.E.C.A signent le traité de Rome qui créé la C.E.E. et l’Euratom (Organisation européenne de l’atome).

     

    Malgré les réticences du Général De Gaulle, la Ve République inaugure une ère nouvelle dans les rapports franco-allemands.


    Le traité franco-allemand est signé le 22 janvier 1963. Les deux pays s’affirment comme leader de l’Europe des Six.
    Les vieux démons pangermaniques, tant redouté par De Gaulle, ont été enterrés à jamais.

     

    Konrad Adenauer

    Konrad Adenauer en 1955. (Deutsches Bundesarchiv)

     

    Le mur de Berlin tombe en 1990 et Helmut Kohl réaffirme que l’avenir de l’Allemagne passe par l’Europe.

     

    En décembre 1991, l’Union européenne voit le jour à Maastricht aux Pays-Bas. Le Traité de Maastricht, du 7 février 1992, prévoit la création d’une monnaie commune, l’écu.


    Le Sommet de Maastricht a abouti à un accord pour une union de l’Europe des Douze en matière économique, monétaire, sociale et de défense.

     

    Plus rien ne semble pouvoir arrêter la machine européenne.

     

    Quand la machine se met à dérailler

     

    Le référendum du 29 mai 2005 est ce grain de sable inattendu qui vient enrayer le mécanisme si bien huilé.
    N’aurait-on pas oublié de consolider les fondations avant d’agrandir l’édifice ?

     

    6 en 1957, 9 en 1973, 10 en 1981, 12 en 1986, 15 en 1995 et 27 en 2009. Combien demain ?

     

    Léon Blum s’est déclaré favorable dans son ouvrage « A l’échelle humaine » à la constitution d’une puissance européenne supranationale.


    L’homme qui a été l’instigateur des 40 heures de travail hebdomadaire et des 15 jours de congés payés avait une vision sociale de l’Europe.

     

    Leon Blum

    Léon Blum. (photo prise avant 1945 par Harris & Ewing). Library of Congress

     

    En 1936, la France rêve d’une vie plus rose et surtout d’une meilleure qualité de vie.


    Ces aspirations sont-elles si différentes aujourd’hui ?

     

    Probablement pas même si le contexte social s’est grandement amélioré. Et puis surtout, il n’y a aucun Léon Blum sur l’échiquier politique actuel.


    Aucun homme n’a la capacité de fédérer le peuple et de donner un nouvel élan d’espoir, notamment à la nouvelle génération.


    60% de « non » chez les moins de 25 ans, c’est sans doute le chiffre le plus révélateur du mal être actuel.

     

    Europe. Affiche de 1957

    En 1957, l'Europe devait assurer l'essor économique des pays membres

     

    Si le « non » des Français ou des Irlandais reflète une fracture sociale et une peur du lendemain, il révèle également les lacunes de l’édifice européen.

     

    Le Livre blanc britannique qui a été rendu public par Tony Blair est clair : »Cette constitution énonce clairement que l’Union européenne n’est pas et ne sera pas un Etat fédéral. Elle confirme qu’elle constitue une association d’Etats et qu’elle n’a de pouvoir et de légitimité que dans la proportion où lesdits Etats veulent bien lui abandonner une parcelle de leurs prérogatives. » ; « Il s’agit simplement d’améliorer la coopération, en particulier dans le domaine diplomatique, tout en préservant la totale autonomie de décision des pays membres. »

     

    Les Etats-Unis d’Europe dont rêvaient Victor Hugo, Aristide Briand, Albert Camus ou André Philip sont relégués dans les mythes.

     

    Helmut Kohl

    Helmut Kohl en 1969. (Deutsches Bundesarchiv)

     

    L’exécutif fédéral européen, doté d’un véritable pouvoir économique et politique, ne verra jamais le jour ; pas plus qu’un Parlement représentant les peuples.

     

    Nous sommes très loin aujourd’hui de l’idéal européen basé sur le respect des peuples. Pourtant, le processus de construction européen doit continuer.


    Si la France tient une place importante au sein de l’Europe, sans elle, elle n’est rien.

     

    Qu’est ce qu’un petit pays d’à peine 60 millions d’habitants face aux géants de demain que sont la Chine et un jour peut-être l’Inde.


    Autant dire que face à une superpuissance comme les Etats-Unis, la France ne pèse pas lourd.

     

    Entre idéal social et réalité économique, notre pays ainsi que l’Europe devra trouver sa place.

     

    V.Battaglia (30.05.2005). M.à.J 12.2009

     

    Références et Crédit photographique

    La constitution européenne, éditions Larousse 1994
    Reformes Et Mutations De L'union Europenne; Stephanou, Constantin. Editions Emile Bruylant 1997
    Histoire De L'europe, éditions Seuil 1997

    Les photos qui proviennent des Archives Fédérales Allemandes (Deutsches Bundesarchiv) sont sous licence Creative Commons Attribution ShareAlike 3.0 Germany (CC-BY-SA).

    Histoire Moderne:  Europe. Union européenne

     

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