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    Mer d’Aral 

    Témoignage d’un internaute

    Après avoir vu le film « Une Vérité qui dérange » réalisé par Al Gore, et consulté le dossier consacré à la mer d’Aral sur le site dinosoria,   nous avons décidé de profiter de nos vacances en Ouzbékistan, pour aller vérifier ce qui était dit concernant la mer d’Aral.

    Dossier de Pierre A.  FRADIN

     

    Arrivée à Moynak

    Après plus de 3 heures d’une route chaotique au revêtement quasiment inexistant, nous arrivons à Moynak, ancien port de pêche.
    L’atmosphère s’épaissit, le silence est partout, quelques hommes marchent au bord du chemin. Heureusement des enfants sont là,  bien vivants, ils rient et courent le long de la voiture. Notre guide Shknosa, nous traduit leurs paroles. Ils ne demandent pas des bonbons, mais de l’eau !

    mer d'aral

    Désolation à Moyrak. © Pierre A.  FRADIN

    Au détour d’un chemin poussiéreux, nous comprenons que nous sommes au bord de la Mer d’Aral. C’est la désolation : du sable à perte de vue, sur lequel pousse une végétation malingre.
    Ici et là, quelques flaques d’eau saumâtre entourées de croûte de sel.

    Aridité et carcasses rouillées

    Le pire c’est l’amoncellement de carcasses rouillées de bateaux abandonnés en vrac au détour des dunes arides, autant de bateaux morts qui témoignent des conséquences de la bêtise humaine. Une coque a bien été repeinte récemment en blanc, pourquoi ? Peut- être pour témoigner et pour résister au temps et ne pas se trouver enfouie à jamais dans ce néant.

    aral

    © Pierre A.  FRADIN

    Nous partons ensuite pour le nord de ce port fantôme, où il existe un promontoire sur lequel est construit un ancien monument à l’abandon, à la gloire des morts de la  Seconde Guerre mondiale.
    Du haut de ce promontoire, nous avons une vision panoramique de ce qu’était ce bord de plage.
    Aujourd’hui subsiste un « tombant » de sable qui s’érode. Des blocs de la falaise jonchent cet ancien fond sableux. Plus de trente espèces de poissons d’Ouzbékistan ont disparu.

    Mer d'Aral

    Un bord de plage aride © Pierre A.  FRADIN

    Au loin, au niveau de la ligne d’horizon, il est possible de voir le profil d’une sorte d’étang, pauvre poche d’eau où des hommes immergés jusqu’à la taille essayent de pêcher. Mais que peuvent-ils bien pêcher dans cette mare nauséabonde ?

    Le village de Moynak  semble à l’abandon. Des familles, les anciens pécheurs trop pauvres pour partir, survivent dans une misère totale, dans cette ville fantôme.
    Il semble qu’ils soient purement et simplement abandonnés : les laissés pour compte de la culture intensive du coton.

    Mer d'Aral

    © Pierre A.  FRADIN

    La pollution est partout dans cette ville. Des transformateurs au pyralène rouillés, éventrés, sont abandonnés le long des rues. La poussière et le sable recouvrent tout.

    Un homme rencontré sur place, à voix basse nous dit qu’il existe beaucoup d’enfants anormaux ici mais qu’ils sont cachés à l’intérieur des maisons.
    20 000 personnes vivent encore ici sur les 48 000 habitants d’origine.

    Vozrozhdeniya

    A l’origine, il y avait des milliers d’îles mais aujourd’hui il n’en subsiste que deux : Vozrozhdeniya et Barsakelmes.

    Mer d'Aral

    Bateau échoué sur la mer d'Aral © Pierre A.  FRADIN

    L’ancienne île de Vozrozhdeniya, « île de la Renaissance » »  actuellement devenue une péninsule à cause du retrait des eaux, est balayée par les mêmes vents. Cette île était en fait utilisée comme décharge des déchets toxiques en tout genre.
    En effet, le site soviétique d’Aralsk 7, sur l’île de Vozrozhdeniya a servi, jusqu’à sa fermeture en 1992, pour divers essais d’armes atomiques et bactériologiques. Les scientifiques soviétiques ont expérimenté un cocktail d’agents biologiques telles que la brucellose, la peste ou la tularémie.

    Mer d'Aral

    © Pierre A.  FRADIN

    La population semble avoir perdu tout espoir. Ce coin d’Asie Centrale n’intéresse plus personne malgré les effets d’annonces des médias. La mobilisation générale semble déjà lointaine et les fonds récoltés ne sont sûrement pas arrivés jusqu’à Moynak.

    Lac Aidarkul

    Les rares circuits touristiques proposent une étape au lac Aidarkul. Voilà un lac de 15 000 kilomètres carrés, en perpétuelle expansion à cause du barrage non fermé, qui laisse une surface inexploitée.

    lac aidarkul

    Lac Aidarkul. © Pierre A.  FRADIN

    La première idée qui m’est venue à l’esprit est pourquoi ne pas y installer la population de Moynak qui agonise au bord d’une mer de sable ?
    Est-ce une utopie de penser qu’il est encore temps de sauver ces gens d’une mort certaine ?

    Pierre A.  FRADIN  (04.01.2008

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  • Mer Rouge

    La mer rouge est l’une des mers les plus chaudes du globe. C’est un long bras de mer qui sépare la péninsule arabique du continent africain.
    Ouverte sur l’océan Indien par le détroit de Bab al-Mandab, la mer Rouge baigne au nord la presqu’île du Sinaï par les golfes de Suez et d’Aqaba.
    L'ouverture du canal de Suez en 1869, qui relie la mer Rouge à la Méditerranée, a renforcé l'importance stratégique de cette mer.
    La mer Rouge est un lieu très touristique. C’est au sud de la péninsule du Sinaï, en Egypte, que se révèle la beauté de ses fonds sous-marins.
    Les stations balnéaires de Na’ama ou de Charm el-Cheikh, en Egypte sont très réputées pour pouvoir s’adonner à la plongée sous-marine.

      

      

    Géologie et géographie de la mer Rouge

    Longue de 1 900 km du nord au sud, la mer Rouge est ceinturée sur ses rives africaine et arabique de montagnes escarpées.
    Les eaux turquoise sont entièrement entourées de déserts et de montagnes.

    Beauté des fonds sous-marins de la mer Rouge (Site de l'auteur)

    La mer Rouge est née de l’éloignement des trois plaques africaine, arabique et somalienne.

    L’origine de son nom est méconnue. Peut-être est-ce le Grec Ptolémée qui a baptisé ainsi cette mer à cause des terres rouges qui la bordent.
    Peut-être est-ce en fait une mauvaise traduction de l’hébreu Yam Suph, en anglais Sea of reeds « mer des roseaux », qui serait devenu Read Sea.

    Mais, il se peut également que son nom lui vient de la couleur rouge que prend l’algue Trichodesmium erythraeum en mourant.

    Plus de 300 espèces de requins vivent en mer Rouge (Site de l'auteur)

    Sa superficie est de 438 000 km² pour une température moyenne de 25°C et qui peut largement dépasser 30°C.

    Mer rouge. © Emme Interactive

    La mer Rouge occupe la dépression de la Rift Valley. L’activité tectonique des fonds continue à se manifester par des évents hydrothermaux. La mer Rouge est toujours une zone de risques sismiques importants.

    Charm el-Cheikh, en Egypte. © Emme Interactive

    La mer Rouge ne reçoit l’apport d’aucun fleuve et les précipitations y sont quasi inexistantes. C’est la mer d’Oman par le biais du golfe d’Aden qui compense les pertes par évaporation.

    Le canal de Suez

    Le Canal de Suez mettant en relation la Méditerranée orientale et la mer Rouge, à travers le territoire égyptien, a été réalisé de 1859 à 1869, sous la direction du Français Ferdinand de Lesseps, et nationalisé par l’Égypte en 1956.

    Le canal, qui ne compte pas d’écluses, a une longueur de 195 km. Le trafic est de l’ordre de 270 Mt par an (dont une part importante de produits pétroliers).

    Le canal de Suez. By Stuart . (CC BY-NC-ND 3.0)

    Un canal entre le Nil, le lac Timsah et la mer Rouge, commencé par le pharaon Nechao (600 avant J.-C.), fut achevé par Ptolémée II, utilisé épisodiquement et remis en état sous l’empereur Trajan.

    Il s’ensabla définitivement au VIIIe s. L’expédition de Bonaparte fait renaître le projet.

    L’avènement du vice-roi Said (1854), dont Lesseps est l’ami, permet la création d’une compagnie, bénéficiaire d’une concession de 99 ans à dater de l’ouverture.

    Les eaux du parc naturel de Ras Muhammad (Site de l'auteur)

    Les travaux commencent en 1859 et sont retardés par des manœuvres de l’Angleterre, qui veut garder le contrôle de la route des Indes. Mais, après l’ouverture du canal (1869), l’Angleterre achète les titres du vice-roi Ismail Pacha (1875), ce qui est à l’origine de l’installation des Britanniques en Égypte (1882).

    Un statut international est fixé par la convention de Constantinople du 29 octobre 1888 : le canal doit être accessible en tous temps à tous les navires.

    Golf de Suez. By crew 116. (CC BY-NC-ND 3.0)

    Son rôle, après des débuts difficiles, se révèle capital, en raccourcissant les trajets maritimes vers l’Asie.
    Le traité anglo-égyptien de 1936 assurant à la Grande-Bretagne le contrôle militaire du canal est révisé en 1954, à l’issue d’une guérilla dans la zone du canal (1951-1953).

    Poisson. Mer rouge

    By Jennifer Reeve. (CC BY-NC-ND 3.0)

    La nationalisation de la compagnie du canal par Nasser (juillet 1956) et la guerre menée en octobre-novembre conjointement par Israël, la France et la Grande-Bretagne se soldent, après l’intervention de l’U.R.S.S. et des États-Unis, par l’évacuation totale des forces britanniques.

    Poisson. Mer rouge

    © Emme Interactive

    Le trafic est interrompu après la guerre « des six jours » (juin 1967) et ne reprend qu’en 1975 à l’issue de la guerre d’octobre 1973, qui permet à l’Égypte de retrouver la souveraineté sur les deux rives du canal. Le trafic israélien y est désormais autorisé.

    Tourisme en mer Rouge

    La mer Rouge abrite une vie marine très riche liée à la présence de nombreux récifs coralliens.
    Cependant, depuis les années 1970, ces récifs souffrent beaucoup du nombre trop important de plongeurs autonomes qui ne respectent pas cet extraordinaire environnement.

    Fonds marins. Mer rouge. © Emme Interactive

    Par irresponsabilité ou méconnaissance, ils arrachent ce qu’ils prennent pour des végétaux. Or, le corail est un être vivant.
    De même, la rose de mer que l’on peut voir à faible profondeur est en fait un ruban d’œufs déposé par la limace de mer.

    Rose de mer. © Emme Interactive

    L’engouement pour le poisson clown, après la diffusion du Monde de Nemo, a été une véritable tragédie pour ces poissons, prélevés de manière anarchique.

    Mer rouge. Rascasse

    Rasacsse volante. By Langman. (CC BY-NC-ND 3.0)

    Aujourd’hui, les plongées sont réglementées et la pêche interdite. Il était temps car ces fonds sous-marins exceptionnels ont été bien éprouvés par la pêche à l’explosif et la pollution par les hydrocarbures.

    Mer rouge

    © Emme Interactive

    C’est en Egypte que l’on trouve les plus beaux fonds sous-marins. La baie de Na’ama, les abords de Charm el-Cheikh et le magnifique parc naturel de Ras Muhammad sont réputés pour leurs récifs coralliens.
    Ces récifs forment de véritables îles sous-marines où les plongeurs côtoient des poissons aux teintes chatoyantes.

    Amphiprion akallopisos

    Amphiprion akallopisos (Poisson-clown à bande dorsale) . © dinosoria.com

    Les stations balnéaires se situent en Egypte, en Jordanie et en Israël. Le sud de la Mer Rouge (Soudan et Yémen notamment) est trop instable militairement et politiquement pour pouvoir profiter du tourisme.

    La mer Rouge est un véritable trésor de diversité. On y trouve plus de 200 espèces de coraux, plus de 300 espèces de requins, la raie, la murène, le dugong ou la rascasse volante.

    V.Battaglia (25.06.2006)

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    Mer des Sargasses

    La mer des Sargasses est une énorme masse d’eau qui se situe dans la partie occidentale de l’océan Atlantique Nord, au sud-est des Bermudes.

    Au temps de la marine à voile, la mer des Sargasses a constitué un piège redouté. Cette zone maritime était synonyme de disparition et de mort lente.

    Le fait que la mer des Sargasses soit à proximité de ce que l’on a appelé le triangle des Bermudes a bien sûr alimenté de nombreuses légendes.

    Cette mer est devenue le cimetière des bateaux perdus, un enfer immobile dont nul ne pouvait s’échapper.

      

      

    Configuration de la mer des Sargasses

    Ce sont les Portugais qui, pour la première fois au 15e siècle, font mention de la mer des Sargasses. Christophe Colomb en parle également lors de son premier voyage en 1492.
    La mer des Sargasses doit son nom à une algue géante de couleur brune, genre sargassum, qui flotte à la surface sous forme de paquets qui peuvent s’étendre sur de grandes superficies.

    Sargassum

    Sargassum sp. By Wildsingapore

    Cette masse d’eau a une superficie d’environ 5,2 millions de km². La profondeur maximale est de 7000 m.

    Cette mer  sans rivages est animée d’un mouvement anticyclonique généré par les trois courants qui la bordent :

    • A l’est, le courant des Canaries dirigé vers le sud
    • Au sud, le courant nord-équatorial dirigé vers l’ouest
    • Au nord-ouest, le Gulf Stream dirigé vers le nord-est

    Sous l’effet de la force de Coriolis, le mouvement de ces courants fait converger les eaux vers le centre de la mer des Sargasses.
    Au centre, le niveau de surface est supérieur d’environ un mètre à celui observé sur la côte Est des Etats-Unis.

    Des périodes sans vent peuvent durer pendant des mois. On comprend mieux pourquoi les marins craignaient tant cette zone. Les voiliers, empêtrés dans les algues, ne pouvaient s’en dégager faute de vent.

    En été, la salinité est plus importante car les pertes par évaporations sont plus fortes. L’eau chaude et salée qui se forme à la surface empêche les remontées d’eaux froides riches en nutriments.
    Le plancton est donc assez rare dans cette zone.

    Mer des Sargasses

    Un beau coucher de soleil sur la mer des Sargasses . By Cool Skipper

    Cependant, il ne faut pas croire que cette mer est vide. Les algues abritent une faune variée : anguilles, tortues, crabes ou poissons.

    La mer des Sargasses est également la zone où viennent se reproduire les anguilles d’Europe et d’Amérique.
    Vers 10-15 ans, les anguilles qui vivent dans les rivières d’Europe et de l’est des Etats-Unis entreprennent une longue migration.
    A l’issue de ce voyage, elles se reproduisent et meurent dans la mer des Sargasses.

    Réalité et mythes sur la mer des Sargasses

    Lorsque Christophe Colomb découvre les algues à la surface de l’eau, il pense que la terre n’est plus loin. Heureusement pour lui et ses hommes, cette erreur n’a pas eu de conséquences tragiques.

    Des dizaines de voiliers se sont perdus dans cette zone, piégés par les algues. Certains ont réussi à s’en échapper, non sans mal.

    L’histoire de l’Herat est un bon exemple de l’enfer vécu par les marins. Ce trois-mâts italien est parti de Gulport, dans le Mississippi, le 19 juillet 1912, pour Buenos Aires.

    Le voilier est victime d’une tempête qui l’entraîne dans la zone des Sargasses. Après la tempête, c’est le calme plat. Le navire est entouré d’algues ; la mer est recouverte de débris, troncs d’arbres et débris de bateaux.

    Il reste ainsi immobile pendant deux mois. Puis, le vent se remet à souffler mais rapidement, il tourne et ramène le voilier à son point de départ.
    L’attente dure à nouveau 4 mois. Alors que les marins se croient perdus et que les vivres sont épuisées, le vent se lève à nouveau et le voilier parvient enfin à se dégager du piège.

    Mer des Sargasses

    Illustration sur la mer des Sargasses. By J.S Clark

    L’ Herat est arrivé dans le port de Bridgetown sept mois après son départ.

    Les Anglais ont surnommé le lieu la « latitude des chevaux » en souvenir des équipages qui devaient sacrifier leurs montures apportées aux Conquistadors quand ils restaient bloqué trop longtemps.

    En 1884, le vapeur anglais Britannia a découvert dans les Sargasses un voilier avec des cadavres à on bord. Le navire était si rongé par les éléments naturels que l'identification a été impossible.

    De nombreuses légendes sont attachées à la mer des Sargasses. En 1968, le film fantastique Le Peuple des Abîmes (The Lost Continent de Michael Carreras ) met en vedette des naufragés perdus dans cette zone. Ils se retrouvent face à des crustacés géants, à des algues carnivores et rencontrent des descendants de conquistadors bloqués depuis des siècles dans cet enfer liquide.

    Les cimetières marins sont, comme il se doit, remplis de fantômes. Il existe d’ailleurs, dans le monde, d’autres cimetières marins moins connus, le détroit de Bass, situé entre l’Australie et la Tasmanie ou le cimetière des cap-horniers, situé entre le cap Horn et l’Antarctique.

    V.Battaglia (10.04.2008

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    Clark Petite est un surfeur californien et renommés photography vagues spécialisés dans l'océan. Comme on le voit, ces photos prises à Hawaii.

    Vraiment spectaculaire ..

     

     

    La Mer:  Vraiment spectaculaire

     

    Photo par Clark Petite

    Wave Crest

    Photo par Clark Petite

    Vague et le sable

    Photo par Clark Petite

    Vague orange

    Photo par Clark Petite

    Turquoise Blue Wave

    Photo par Clark Petite

           

     

     

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    Mer d’Aral

    La mer d’Aral, étendue d’eau autrefois grande comme le Portugal, est aujourd’hui un lac salé qui se dessèche au milieu d’un désert.
    Trente années de monoculture forcenée du coton, le détournement de deux fleuves aux fins d’irrigation qui alimentaient la mer d’Aral ont abouti à un désastre écologique sans précédent. Au Kazakhstan, une mer a failli mourir et tuer la population.

    Récemment, un documentaire diffusé sur Arte "Le retour de la Mer d’Aral : à quel prix ?" redonne un peu d'espoir quant à l'avenir de la mer d'Aral et de la population locale.
    Les gigantesques travaux entrepris commencent à porter leurs fruits. Peut-être qu'un jour, nous aurons le plaisir de pouvoir photographier une mer qui a repris vie parcourue par des bâteaux de pêche.

     

    L’inconscience humaine

    Autrefois, la mer d’Aral était alimentée par deux grands fleuves, le Syr-Daria et l’Amou-Daria qui maintenaient la mer à un niveau stable. De 64 000 Km², il n'en reste aujourd'hui qu'environ 30 000 Km².
    Au début des années 60, les économistes soviétiques, soucieux de rentabilité, décident d’intensifier la culture du coton en Ouzbékistan et au Kazakhstan.
    Pour irriguer les cultures, ils font détourner les deux fleuves. Non seulement la mer d’Aral n’est plus alimentée mais les deux fleuves sont également à sec.

    Carte géographique

    Des tonnes de défoliants déversés de manière anarchique sur les cultures ont achevé la catastrophe.
    Au fil des années, les produits chimiques balayés par le vent se sont dispersés dans les villages environnants.

    Une catastrophe écologique

    Depuis le début des années 60, la mer d’Aral a perdu 50% de sa superficie. L’environnement en est complètement bouleversé.
    Ses eaux, saturées de sel et de produits chimiques, ont tué toute la faune marine.
    Seules quelques crevettes arrivent encore à résister et une étrange raie mutante a fait son apparition.

    Le sable, gris et salé, emporté par le vent, empoisonne l’environnement jusqu’en Arctique.

    Mer d'Aral

    Des bateaux échoués sur une mer morte © Pierre A.  FRADIN

    Le climat s’est totalement transformé. Initialement, les températures oscillaient entre – 25°C en hiver à plus de 35°C en été.
    Aujourd’hui, il fait – 50°C à +50°C.

    La population vivait de la pêche. Inutile de dire que les 60 000 pêcheurs sont au chômage.

    L’eau potable est, elle aussi, devenue salée. L’abus d’engrais, de nitrate et de pesticides a pollué l’atmosphère.
    Le bétail se désaltère dans les mares toxiques et mange du fourrage passé au défoliant.

    Une mer qui tue

    L’ancien port prospère de Mouinak est devenu une ville empoisonnée. La vie y est devenue impossible à cause de la pollution de l’eau et de l’air.
    La population qui habitait près de la mer a dû fuir ces lieux pestilentiels où la mortalité infantile est de 118 pour 1 000. Un taux comparable à celui du Bangladesh.

    Il reste sur les 48 000 habitants de Mouinak, 20 000 personnes environ qui sont toutes atteintes de maladies graves : tuberculose, affection du sang, cancers …

    L’ancien port prospère de Mouinak est devenu une ville empoisonnée. (UNESCO)

    Les femmes font des fausses couches à répétition et mettent au monde des enfants malformés ou mort-nés. Leur lait est impropre à la consommation.

    A cet égard, le rapport de l'UNESCO est plutôt terrifiant.

    L’homme est un apprenti sorcier

    La seule solution réaliste serait de stopper l’agriculture intensive. Mais, c’est bien sûr la seule solution que les pouvoirs publics n’ont pas examiné.
    Les conséquences économiques passent avant l’environnement et la santé publique.

    Chaque année, la mer d’Aral continue à se rétrécir. Lorsqu’elle sera totalement desséchée, elle laissera place au plus grand désert du monde.

    Mer d'Aral

    Mer d'Aral © Pierre A.  FRADIN

    Le territoire de l’ex-Union Soviétique est un bel exemple de l’inconscience humaine :

    • 13% des terres sont saturées en sel ou en composés salés
    • En 1988, les statistiques officielles indiquaient que 10% de la nourriture consommée était impropre à la consommation à cause d’un niveau trop élevé de pesticides
    • En 1989, seulement 30% des eaux usées ont été traitées
    • Le lac Baïkal qui constitue 8% des réserves d'eau douce de la planète est en train de subir le même sort que la mer d’Aral. Ses eaux sont polluées à cause d’un complexe de cellulose installé sur ses rives

    Quand j’entends à la télévision que les pays industrialisés se réunissent pour « parler » d’environnement, je reste perplexe.
    Toute cette folie humaine ne me rend absolument pas optimiste sur le devenir de l’humanité.

    Découvertes archéologiques surprenantes dans la mer d'Aral

    Une découverte capitale a été faite lors de la mise en œuvre du projet pour sauver la Mer d’Aral : une implantation, datant du XIVème siècle après J.-C., couvrant un site funéraire qui pourrait remonter au IXème siècle après J.-C., dans un endroit qui, une dizaine d’années auparavant, était encore recouvert d’eau.

    Concernant les tombes, elles contiennent les dépouilles d’anciens guerriers. L’une des caractéristiques surprenantes de ces squelettes est leur taille : plus de 2 mètres – d’autant plus surprenante que la taille moyenne des ethnies de la région est bien en-deça de cette taille. Les anthropologues et les archéologues font des recherches pour trouver l’origine de ces mystérieux guerriers. (citation regard-est.com)

    Un sauvetage difficile

    Voici un résumé des principales actions qui ont été entreprises pour sauver la mer d'Aral.

    Après l’effondrement de l’URSS en 1991, l’aide internationale s’est précipitée dans cette région.
    Malheureusement , après de multiples rapports, les experts concluent que la mer d’Aral ne pourra pas retrouver son niveau initial.

    Les côtes ont reculé de plus de 120 km à certains endroits, et la mer d'Aral s'est séparée en deux bassins, la Grande et la Petite Aral.

    Mer d'Aral

    Mer d'Aral. © Pierre A.  FRADIN

    Des institutions internationales, dont la Banque mondiale, le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), l’UNESCO, l’Union européenne, ont accouru. Divers organismes ont été créés dont le Projet du bassin de la mer d’Aral (ASBP).

    Leurs propositions ont éveillé de grands espoirs chez les riverains.

    Il y a eut de nombreuses promesses non tenues. En effet, ces institutions ne possèdaient pas l’argent qu’il fallait pour résoudre un problème de cette ampleur.

    Il faut souligner le fait que la population du Kazakhstan a réuni, à la surprise générale, 2,5 millions de dollars pour construire elle-même un barrage de sable, de 14 kilomètres de long et de 30 mètres de large, qui a transformé en lac la mer d’Aral du Nord, près de la ville d’Aral’sk.

    L’entreprise, disent les responsables kazakhs, ne pourra être poursuivie que s’ils obtiennent les 15 millions de dollars qu’ils ont demandé à la Banque mondiale pour construire un barrage permanent.
    Il ne s’agit plus de sauver la mer d’Aral car l’Ouzbékistan, second exportateur mondial de coton, n’acceptera jamais de se priver de cette culture lucrative.
    Il s’agit maintenant d’éviter un désastre humain et social.

    Mer d'Aral

    © Pierre A.  FRADIN

    Les institutions internationales ont fourni à la population de l’eau saine et des équipements de santé. La Banque mondiale a financé la création de 25 stations pour contrôler la qualité de l’eau potable dans toute l’Asie centrale.

    Jusqu'à récemment, on pensait que la mer d’Aral disparaîtrait très probablement d’ici 25 ans. Les spécialistes se sont peut-être montrés un peu trop pessimistes.

    Un espoir pour la mer d'Aral

    Une dépêche du 3 décembre 2005 annonçait que des sources souterraines, jusqu’à présent insoupçonnées, fourniraient quatre milliards de mètres cubes d’eau par an.
    Cette eau providentielle prendrait sa source dans l’Himalaya, cheminerait dans les couches géologiques, et ressortirait au niveau d’une zone de fracture au fond du lac.

    Malheureusement, ces sources ne suffisent pas à combler l’assèchement en cours de la mer d’Aral.

    Au Kazakhstan, un espoir renaît avec les projets du président Noursoultan Nazarbaïev. Il est question de rehausser le niveau de la petite mer de 6 mètres, ce qui permettrait à l'industrie de la pêche de renaître, et à la ville d'Aralsk de redevenir un port. Ce projet estimé à 120 millions de dollars serait financé principalement par les revenus du pétrole du Kazakhstan.

    Mer d'Aral

    © Pierre A.  FRADIN

    Pendant l’été 2006, un barrage a permis à la mer de regagner plusieurs millions de mètres cubes d'eau sur ses rivages nord.
    Lors de la diffusion récente du documentaire sur Arte, nous avons eu la surprise et la joie de voir des bateaux de pêche remis à flot.
    Les rives kazakhs de la petite mer d'Aral ont repris vie et des camps de pêcheurs se réinstallent .
    Bientôt se seront des villages entiers qui se réorganiseront autour de la seule source économique de cette région : la pêche.

    Cependant, tout ne semble pas si rose. En effet, les journalistes font allusion à un scandale possible concernant le produit de cette pêche.
    Les poissons de cette mer sont-ils contaminés par les nombreuses années d’expérimentation nucléaire et bactériologique effectuée par l’Union Soviétique ?

    De plus, quand on lit le témoignage de Pierre A.Fradin qui s'est rendu sur place en 2008, on a quelques doutes quant aux nouvelles optimistes diffusées à la télévion.

    V.Battaglia (02.2005) M.à.J 13.07.2007

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