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    LA MÈRE ET L’ASSASSIN, ALEXANDRA ECHKENAZI

     

    https://avenues.ca/

     

    PENDANT 15 ANS, ALEXANDRA ECHKENAZI A ÉTÉ JOURNALISTE AUX FAITS DIVERS AU JOURNAL LE PARISIEN. DEPUIS QUELQUES ANNÉES, ELLE EXERCE LE MÉTIER DE SCÉNARISTE ET DE ROMANCIÈRE. C’EST EN LISANT LE JOUEUR DE BACCARA – UNE HISTOIRE ROMANCÉE SUR LA NAISSANCE DE JAMES BOND SORTIE EN 2017 – QUE J’AI CONNU ALEXANDRA ECHKENAZI. IL A DONC FALLU ATTENDRE SIX ANS POUR QUE JE RETROUVE SA PLUME DANS SON TOUT NOUVEL OPUS, LA MÈRE ET L’ASSASSIN.

     

     

    Livres à Lire 4:  LA MÈRE ET L’ASSASSIN, ALEXANDRA ECHKENAZI

     

    Quel joli titre de polar! Mais également quelle intrigue habilement ficelée! Le roman débute sur une scène révélatrice: Morgane Le Dantec, la mère, se tient à côté du corps de Glenn Bennec, l’assassin. Elle tient dans ses mains une arme à feu, ses mains sont tachées de sang, elle a tenté de le réanimer. En vain!

    Une évidence? Sommes-nous en présence de la mère et de l’assassin? Peut-être!

    Trois mois plus tôt, Glenn Bennec, professeur d’éducation physique dans un collège malouin, est arrêté pour le meurtre d’Océane, la fille de 17 ans de Morgane Le Dantec. Toutes les preuves mènent au verdict de culpabilité du prévenu. On l’accuse du meurtre de la jeune fille, et aussi d’avoir caché le corps de sa victime. Mais un vice de procédure force la justice à libérer le suspect et à suspendre l’accusation. Voilà qui vient nourrir chez la mère de la victime un besoin de vengeance inéluctable.

    La policière chargée du convoi qui transportera le prévenu à sa sortie de prison, Nina Kaminski, ne peut s’empêcher d’émettre des doutes sur toute cette affaire. Malgré le fait qu’elle est enceinte et que sa hiérarchie a peu de confiance en elle, la jeune policière tentera de découvrir ce qui s’est passé lors du meurtre de la jeune Océane. Et celui du prévenu.

    Il y a tellement de questions sans réponse, mais aussi beaucoup d’éléments à éclaircir. Où est le corps d’Océane? Pourquoi l’a-t-on tuée? Serait-il possible que la fille et la mère aient eu le même intérêt pour le jeune professeur de sport? Que s’est-il réellement passé le soir de la disparition d’Océane? Voilà autant d’énigmes qui parsèment l’enquête de la policière et qui la poussent à remettre en question certaines incohérences dans l’instruction de départ.

    Ce qui est remarquable dans ce roman, c’est la capacité de la romancière à amorcer son histoire par une scène tout ce qu’il y a de plus explicite : une victime et une personne qui tient une arme. Puis, nous démontrer dans le développement de son intrigue que cette évidence cache un arsenal de doutes, de scénarios possibles et d’incertitudes factuelles. Voilà tous les ingrédients d’un thriller psychologique regroupant tout ce qu’il faut pour vous tenir en haleine jusqu’à la dernière page.

    Bien sûr, le lecteur de polars en nous se laissera prendre au jeu, formulera ses propres hypothèses et tentera de résoudre les deux meurtres. En contrepartie, l’auteure dissémine sur notre route des indices dont on doit tenir compte, et quand nous pensons détenir la clé de l’intrigue, un revirement vient tout remettre en cause. Quel plaisir de lecture!

    En plus de ce jeu entre l’auteure et le lecteur, Alexandra Echkenazi a utilisé une structure romanesque qui sert bien la construction de l’intrigue. Tout au long du roman, elle exploite une temporalité à trois niveaux: ce qui s’est passé avant la disparition d’Océane; la journée où le suspect a été relâché; les jours suivant son assassinat.

    De chapitre en chapitre, l’auteure ajoute un peu plus de certitudes à l’incertitude du départ. Graduellement, chacune des pierres que retourne la policière nous rapproche d’une finale surprenante

    Même si, à un certain moment, nous avons le sentiment de l’avoir trouvée.

    Alexandra Echkenazi nous offre un roman possédant les éléments que l’on recherche dans un thriller psychologique: un début déstabilisant, des personnages qui se retrouvent au bord d’un précipice vertigineux, une intrigue haletante ne nous laissant aucun «répit» et une finale à la hauteur de nos attentes, surprenante et crédible.

    Enfin, La mère et l’assassin est un roman terriblement efficace, tant par sa structure narrative que par la qualité de l’écriture. Ces deux éléments font en sorte que ce récit saura satisfaire les lecteurs les plus exigeants. L’écriture est ciselée, cinématographique, le rythme est rapide, les chapitres sont courts, tout est au service du développement de l’histoire. Dès les premières pages, l’action est présente, soutenue et vraisemblable. Un plaisir de lecture à recommander.

    Je fais le souhait que l’auteure ne prenne pas six autres années avant de nous offrir un nouveau roman. Et peut-être pourrait-elle nous revenir avec une histoire où nous retrouverons sa policière Nina Kaminski, une femme intrépide, un peu casse-cou, rebelle, avec un côté un peu iconoclaste. De quoi plaire aux amateurs et amatrices de polars!

    Bonne lecture!

     

    Livres à Lire 4:  LA MÈRE ET L’ASSASSIN, ALEXANDRA ECHKENAZI

     

    Livres à Lire 4:  LA MÈRE ET L’ASSASSIN, ALEXANDRA ECHKENAZI

     

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    Livres à Lire 4:  Couleurs de l'âme

     

    paru le 16 août 2023

     

    Alexandra est une jeune femme troublée par son passé qui mène une vie quelque peu tordue. Celle-ci est d’ailleurs compliquée par des hommes séduisants, une sexualité exaltante et des contrats incognito pour Shawn, un policier arrogant et enjôleur assurant sa protection – et avec qui elle a une relation pour le moins ambiguë… et torride.

    Elle réussit plutôt bien à tirer son épingle du jeu malgré les souvenirs tronqués, les absences temporaires et l’anxiété… jusqu’au jour où l’un de ses anciens amants est retrouvé mort. Elle est persuadée qu’elle a joué un rôle dans cette histoire, mais sa mémoire lui joue des tours.

    Lorsqu’une de ses enquêtes l’amène dans le bureau d’un brillant et extrêmement séduisant psychologue au passé trouble, elle en profite pour faire d’une pierre deux coups et tente de lever le voile sur ce qui s’est passé. Au fil de leurs rencontres, Alexandra tisse sa toile: elle a un but bien précis en tête et elle aime jouer avec le feu.

    Alexandra parviendra-t-elle à ses fins?

     

    Livres à Lire 4:  Couleurs de l'âme - Le piège

     

     

    Livres à Lire 4:  Couleurs de l'âme - Le piège

     

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    10 livres pour voyager autour du monde

     

    Ces dix livres d’ici et d’ailleurs nous transportent dans les rues et les paysages du Portugal, de l’Italie, du Japon et de la Thaïlande. Évadons-nous à peu de frais.

     

    Partir au loin ou pas ? Qu’importe ses projets de vacances, on a toujours des œuvres littéraires à portée pour se dépayser. De l’Afrique aux Caraïbes, en passant par l’Asie, l’Europe et le Grand Nord, ces dix bouquins permettent de voyager sans quitter son canapé ou son hamac.

     

    Livre Robert Lalonde

    Pas un jour sans train

     

    Existe-t-il manière de voyager plus romantique qu’un voyage en train ? Accompagné par d’autres voyageurs dont il ne peut que fantasmer l’existence, bercé par la lenteur de paysages qui se métamorphosent sous ses yeux, le passager échappe, l’espace de quelques heures ou de quelques jours, aux plans, aux distractions, aux courses, laissant toute la place à la pensée vagabonde. Robert Lalonde propose un hymne à la lenteur dans ce carnet entremêlant ses propres voyages à ceux de ses héros littéraires. À ses côtés, on monte à bord de l’Al Andalus, qui va de Saint-Jacques-de-Compostelle à Séville, et on traverse les douces collines et les teintes ocre reliant Salerne et Bologne, en Italie. On y accompagne aussi Virginia Woolf dans la banlieue grise de Londres, Gabrielle Roy dans l’express Paris-Nice et Nabokov, cueillant sur le quai d’une gare les premiers vers d’un poème. Un livre poétique qui capture, de texte en texte, la promesse fébrile d’un départ.

    Pas un jour sans train, par Robert Lalonde, Boréal, 2021, 208 pages.

     

     

    Livre La plage

    La plage

    Avec ses contrastes vertigineux, ses trottoirs bondés, ses marchés aux odeurs enivrantes et ses tuk-tuk bruyants, Bangkok déstabilise souvent même le plus féru des voyageurs occidentaux. C’est le cas du routard Richard, protagoniste du roman La plage, qui ne s’y plaît guère. Lorsqu’il entend parler d’une île idyllique, habitée par une communauté de hippies qui vit de riz, de poisson et de marijuana, il met tout en œuvre pour s’y rendre. Dès les premiers jours, Richard se vautre avec satisfaction dans le mode de vie du groupe, fait de farniente, d’amour et d’eau fraîche. Le tout tourne sans surprise au cauchemar – la violence, l’appât du gain et la soif de pouvoir trouvant toujours leur chemin. Le portrait saisissant que dresse Alex Garland de la génération X n’a d’égale que sa plume immersive, qui permet aux lecteurs de se catapulter parmi les insulaires pour sentir la chaleur du soleil sur leur peau, pour goûter la fraîcheur du maquereau et pour entendre le doux clapotement des vagues. « Voyager, comme évasion, ça marche », dit justement Richard.

    La plage, par Alex Garland, Livre de poche, 1999, 474 pages.

     

     

    livre

    Highlands

    Plonger dans un roman de Fanie Demeule, c’est emprunter des détours inattendus, explorer la porosité des frontières entre fiction et réalité, voguer dans l’ambiance inquiétante et spectrale des songes et des pensées. Ici, l’écrivaine nous entraîne dans les Highlands d’Écosse, territoires inhabités et montagneux où la brume cache bien des secrets. Trois femmes – une doctorante, une mère en deuil et une survivante fuyant une relation toxique – devront, en parcourant ces paysages hostiles et trompeurs, apprendre à affronter les maux qui les rongent de l’intérieur. Tel un Petit Poucet soucieux de retrouver son chemin, Fanie Demeule sème derrière chaque pas de ses protagonistes les indices menant à un dénouement aussi étonnant qu’intelligent. À lire tant pour l’histoire passionnante que pour le décor mystérieux et dépaysant.

    Highlands, par Fanie Demeule, Québec Amérique, 2021, 185 pages.

     

     

    livre Le grand marin

    Le Grand marin

    Dans la pittoresque ville de Manosque, en France, une femme sent l’appel du large. Déterminée à renouer avec le vertige de l’inconnu et du danger, elle met le cap vers l’Alaska, vers le « bout du monde, sur la Grande Bleue, vers le cristal et le péril ». À Kodiak, dans cet état américain, elle monte à bord d’un bateau où, chaque jour, elle traverse l’aube glacée, des vents trompeurs et des vagues déchaînées pour ramener à bord morues noires, crabes et flétans. Au creux de la fatigue, de la peur et des doigts transis, elle forge une précieuse camaraderie avec un équipage d’hommes dont les âmes et les cœurs sont aussi affligés que les siens. Avec sa plume ciselée, Catherine Poulain capte avec brio les sensations de froid, d’épuisement et d’infinitude des sublimes horizons qu’elle met en scène. Un livre qui rappelle que voyager, c’est avant tout partir à la découverte de soi.

    Le Grand marin, par Catherine Poulain, Éditions de l’Olivier, 2016, 375 pages.

     

     

    Livre Paradis

    Paradis

    Au-delà de l’évasion et de la déconnexion, le voyage nous permet aussi de mieux comprendre le monde qui nous entoure, et de saisir l’ampleur des inégalités, des injustices et des rapports de pouvoir qui le sillonnent. L’écrivain d’origine tanzanienne Abdulrazak Gurnah – lauréat du Prix Nobel de littérature en 2021 – explore dans ce roman coup de poing les ravages du colonialisme et de l’esclavage dans la Tanzanie du début du XXe siècle. Yusuf, 12 ans, est vendu par son père, qui lui faire croire qu’il va séjourner chez son oncle Aziz. Quittant son petit village pour les promesses de la grande ville, l’adolescent se retrouve captif d’un riche marchand qui le contraint à effectuer mille et une tâches pour rembourser la dette de son père. Entraîné dans de riches – mais éprouvantes – aventures à travers une Afrique de l’Est à l’orée de l’impérialisme, le jeune homme devra apprivoiser sa liberté, et faire de difficiles sacrifices pour choisir entre traditions et progrès. Puissant.

    Paradis, par Abdulrazak Gurnah, Denoël, 2021, 282 pages.

     

     

    Livre DC 408

    Vol DC-408

    D’Antonio Tabucchi à Fernando Pessoa, en passant par Voltaire, nombreux sont les romanciers qui ont été inspirés par Lisbonne, ses bâtiments historiques en ruine, ses bouis-bouis effervescents, sa vie nocturne bouillonnante et la douce révolte qui y gronde en permanence. Dans Vol DC-408, Nicolas Chalifour met en scène Antoine, un écrivain en exil qui transforme un séjour au Portugal en véritable parcours romanesque. Dans le sillage d’un groupe de guérilleros en lutte contre le tourisme de masse et l’embourgeoisement, Antoine sera entraîné dans une multitude de missions aussi catastrophiques qu’éclatantes qui lui feront découvrir ce que la reine du Tage a de meilleur. À ses côtés, le lecteur quittera les sentiers touristiques pour entrer dans une Lisbonne résiliente, chaotique et presque magique.

    Vol DC-408, par Nicolas Chalifour, Héliotrope, 2019, 294 pages.

     

    livre Francine Ruel

    Petite mort à Venise

    Dans ce charmant roman de Francine Ruel, trois femmes se trouvent à la croisée des chemins : Mathilde, en deuil de sa mère, Anne, qui se relève avec peine d’un cancer du sein et Poppy, une vieille dame pleine de vie qui cherche à échapper à la morosité de sa résidence pour personnes âgées. Debout face au vide, elles prennent la décision de sauter et de réaliser l’un de leurs plus grands rêves. Ce fantasme, c’est Venise, son canal, ses gondoles, ses arômes. Déambulant à leur guise dans les petites rues de la ville flottante, les trois amies se laissent imprégner de l’histoire, de la culture et des parfums, s’arrêtent ici pour observer une somptueuse mosaïque, là pour déguster une gelato au son d’une musique baroque. Ensemble, elles savourent le doux et précieux goût de la liberté et s’engagent main dans la main sur le chemin du bonheur. Du bonbon pour tous les sens !

    Petite mort à Venise, par Francine Ruel, Libre Expression, 2018, 304 pages.

     

     

    Livre Gourmet solitaire

    Le gourmet solitaire

    Titiller ses papilles gustatives est l’un des meilleurs moyens de voyager sans prendre l’avion. Dans cette bande dessinée illustrée par le regretté Jirô Taniguchi, on parcourt les moindres recoins de Tokyo pour savourer – en mots et en images – les joyaux de la gastronomie japonaise. Pour le gourmet solitaire, chaque mets et chaque restaurant sont une occasion de replonger dans des souvenirs ou de réfléchir au monde qui l’entoure. Ainsi, un porc sauté sur du riz dans un quartier ouvrier lui rappelle les déjeuners qu’il partageait avec sa famille, enfant. Un match de baseball devient sitôt un prétexte pour réfléchir aux vertus tonifiantes du curry. À ses côtés, on découvre le « unagi-don », un bol d’anguilles grillées sur du riz, on goûte au « mamekan », des haricots noirs sucrés en gelée et on savoure la douce chaire des « takoyaki », des beignets de poulpe frits. Un livre qui invite à ralentir, et à prendre conscience de l’importance de nos choix quotidiens.

    Le gourmet solitaire, par Jirô Taniguchi et Masayuki Kusumi, Casterman, 2005, 200 pages.

     

     

    Livre Dany Laferriere

    Pays sans chapeau 

    « Je ne suis jamais allé à Port-au-Prince, mais je suis allé plusieurs fois au Pays sans chapeau », écrivait le chroniqueur Pierre Foglia dans les pages de La Presse, dans les jours suivant le tremblement de terre ayant dévasté Haïti en 2010. Car, par la pureté, la transparence, l’acuité sensible de ses mots, Dany Laferrière a permis à plusieurs Québécois de saisir la résilience, la souffrance, la violence d’une terre révoltée et brisée où les morts ne se comptent plus. C’est une enquête sur ces nombreux disparus que mène le protagoniste de Pays sans chapeau, un homme qui retourne chez lui après vingt années d’absence, pour y renouer avec l’odeur du café, la pauvreté, les liens qui s’entêtent à se préserver. Un roman émouvant sur le poids des mots et des souvenirs, et sur la compassion, qui ne s’effrite que dans le confort.

    Pays sans chapeau, par Dany Laferrière, Boréal compact, 2006 (d’abord paru en 1996), 276 pages.

     

     

    Livre Mange, Prie, Aime

    Mange, prie, aime

    Qui n’a pas déjà rêvé de tout plaquer pour aller vivre la dolce vita en Italie, méditer au fin fond de l’Inde ou tomber amoureuse sur un scouteur en Indonésie ? Des millions de personnes, si on en juge le nombre de lecteurs – sans cesse grandissant – du succès littéraire Mange, prie, aime. Dans ce roman d’émancipation, Elizabeth, 31 ans, quitte mari, maison et carrière pour partir seule sillonner le monde. Entre délices italiens, rigueur ascétique et recherche d’équilibre, elle reprend peu à peu goût à la vie. Sur le ton de la confidence, avec simplicité et autodérision, ce récit est un véritable baume de fraîcheur, qui donne envie de prendre les rênes de son destin, et d’aller voir ailleurs si on y est.

    Mange, prie aime, par Elizabeth Gilbert, Le livre de poche, 2009 (d’abord paru en version française en 2008), 506 pages.

     

    Livres à Lire 4:  10 livres pour voyager autour du monde

     

    Livres à Lire 4:  10 livres pour voyager autour du monde

     

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    Cultiver le désir et vivre aux éclats!

     

    Le dernier ouvrage de Frédéric Lenoir entraîne le lecteur dans l’univers du désir. Le comprendre pour mieux l’interpréter et le vivre au quotidien.

     

    Cultiver Le Desir Frederic LenoirCOUVERTURE DU LIVRE - FLAMMARION QUÉBEC

     

    Le désir, est-il ce sentiment cherchant une satisfaction instantanée ou plutôt cette émotion diffuse qui incite l’un à tendre vers l’autre? Si l’on tient pour acquis que l’objet du désir, une fois comblé, devient fade et fait place à un autre désir, l’être humain sera éternellement insatisfait. Ce qui est certain, c’est que le désir ne se définit pas en quelques mots et que le livre de Frédéric Lenoir est une ouverture aux multiples possibilités de son interprétation. Un livre que l’on parcourt avec curiosité du début à la fin, et que l’on referme avec la satisfaction des initiés.

    Philosophes, psychanalystes ou scientifiques ont tenté de comprendre le désir et ont forgé les différentes approches de la quête du désir et de l’amour à travers le temps. L’idée que le désir n’est pas essentiellement éphémère, qu’il se cultive pour une meilleure harmonie en soi et un bien être plus global, n’est-elle pas encourageante? Le philosophe et sociologue contemporain nous propose de repenser le désir, ce qui est plutôt audacieux à l’ère ou le numérique et le consumérisme nous fait oublier l’essentiel.  Un ouvrage accessible et passionnant.

    Cultiver le désir et vivre aux éclats!, Frédéric Lenoir, éditions Flammarion Québec

     

    Livres à Lire 4:  Cultiver le désir et vivre aux éclats! de Frédéric Lenoir

     

    Livres à Lire 4:  Cultiver le désir et vivre aux éclats! de Frédéric Lenoir

     

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    Les Agneaux de l’Aube

     

    Sonia Sarfati

     

     

    Chaque mois, nous vous recommandons une œuvre littéraire et vous invitons à la lire et à la commenter.

     

    Couverture Livre Les Agneaux De L AubeÉDITION LIBRE EXPRESSION

     

    LES AGNEAUX DE L’AUBE de Steve Laflamme
    (32,95 $, LIBRE EXPRESSION)

     

    De quoi ça parle?

    Cela commence par une mort très violente. Et possédant, quand mise dans le contexte d’autres meurtres du genre, un caractère rituel. Voici pourquoi le lieutenant-détective Guillaume Volta, chargé de l’enquête, va faire appel à Frédérique Santinelli. Professeure de littérature qui a déjà donné un coup de pouce aux forces policières, cette dernière possède toutes les connaissances nécessaires pour décrypter une lettre laissée par l’une des victimes de cette «série» d’homicides hors-normes, possiblement inspirée par l’œuvre d’un homme de lettres ayant été membre de l’Ordre hermétique de l’Aube dorée.

    Sauf qu’en plongeant dans ces eaux troubles, la jeune femme va éveiller ses propres démons. Ceux, cachés loin en elle, dont elle sait la présence mais ignore la nature: avec son accord, elle a autrefois subi un traitement qui lui a fait oublier les 18 premières années de sa vie et les raisons qui l’ont poussée à vouloir s’enlever la vie. Les traumas étaient tels qu’il en allait de sa santé mentale. Lui a-t-on dit. Mais soudain, les doutes pointent. Le désir de savoir aussi. La jeune femme se retrouve à marcher ainsi dans une nuit sans étoile ni lune, à la recherche de la lumière. Ou d’un trou noir. Au risque de se perdre pour mieux se trouver.

     

    Pourquoi vous aimerez ça

    Avec ses chapitres courts et son intrigue qui se pose ici sur Da Vinci Code de Dan Brown et là, sur Le silence des agneaux de Thomas Harris, pour faire son nid dans l’œuvre singulière de Steve Laflamme (Le chercheur d’âme, Sous un ciel d’abîme, Sans la peau), Les agneaux de l’Aube est de ces romans qui se déploient sur un rythme haletant et qui, malgré leur violence graphique, se lisent avec les yeux grand-ouverts non seulement sur les pages mais, aussi, sur l’écran. Impossible en effet de ne pas succomber à la tentation de faire des recherches en cours de lecture : l’Ordre hermétique de l’Aube dorée est-elle réalité ou fiction? Et ces hommes et femmes de lettres célèbres en ont-ils vraiment fait partie? À l’arrivée, des informations absolument fascinantes.

    Et puis, il y a ces personnages créés par une plume précise qui ne craint pas de plonger dans l’imperfection des hommes et des femmes. Frédérique Santinelli qui essaie d’avancer en traînant ce boulet qu’est son passé. Guillaume Volta qui voudrait bien mais ne parvient pas, une fois au boulot, à faire abstraction de sa vie personnelle. Ces (anti) héros sont fatigués. Ils ne cesseront de bûcher pour autant.

     

    Qui l’a écrit?

    Quand il écrit, Steve Laflamme privilégie le côté sombre de l’humain, donnant ainsi dans le polar et l’horreur. Quand il enseigne, Steve Laplante opte pour le côté sombre de la littérature, laissant une bonne place aux romans policiers dans son corpus. Son enquêteur Xavier Martel a rencontré Frédérique Santinelli dans Sans la peau. Joie: il la place ici sous les projecteurs.

     

    Extrait

    La femme à l’écran avait les yeux si rouges que Frédérique Santinelli pouvait voir les veinules se ramifier dans toutes les directions et persiller sa sclère. Elle éternuait et portait un mouchoir à son nez plus souvent qu’elle ne parlait. Au moins, le rendez-vous en ligne permettait à Frédérique de voir sa bouche, un luxe de plus en plus rare depuis un an et demi.
    — Si je comprends bien, finit par dire son interlocutrice virtuelle, vous avez une mémoire à tout casser.
    — Je dirais une mémoire artificielle, rectifia Frédérique.
    — Expliquez-moi ça.
    (…)
    — Je n’ai aucun souvenir d’avant mes dix-huit ans, renchérit Santinelli.
    — Vraiment?
    — J’ai vécu… un événement traumatisant qui m’a apparemment menée à l’hôpital pour un séjour de plusieurs mois. Du moins, c’est ce qu’on m’a appris, puisque je n’en ai gardé aucun souvenir. Quand je suis devenue majeure, on m’a, semble-t-il, convaincue qu’il valait mieux effacer mes dix-huit premières années. Pour remettre le compteur à zéro, en quelque sorte.
    — Comment peut-on faire ça?
    Santinelli se demanda si la question ciblait les enjeux éthiques d’une telle entreprise ou si elle en visait l’aspect technique. Elle choisit la plus simple des deux options.
    — On m’a administré un inhibiteur de la protéine kinase. C’était un traitement expérimental visant les victimes de syndrome de stress post-traumatique.
    À l’écran, la Dre Croteau fixait sa patiente d’un regard à la fois étonné et vaguement horrifié.
    — J’ai signé l’accord, vous savez, précisa Santinelli. (…) J’ai longtemps considéré la possibilité de fouiller mon passé. Chaque fois, on me l’a déconseillé. (p. 13 à 15)

     

    Livres à Lire 4:  Les Agneaux de l’Aube de Steve Laflamme

     

    Livres à Lire 4:  Les Agneaux de l’Aube de Steve Laflamme

     

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