Sous l'appellation rhinocéros, on trouve : le rhinocéros noir, le rhinocéros blanc, le rhinocéros indien, le rhinocéros de Sumatra et le rhinocéros de Java.
Aujourd’hui, les animaux pourvus d’un nombre impair de doigts (ongulés périssodactyles) comme le rhinocéros sont en plein déclin. Ils ne comptent plus que trois groupes : les chevaux, les tapirs et les rhinocéros. Pourtant, pendant toute la première partie du cénozoïque (de – 55 à – 25 millions d’années), ce groupe a connu une diversité que l’on ne peut maintenant imaginer.
Dans la famille des rhinocérotidés, il ne reste que 5 espèces de rhinocéros dans le monde qui sont toutes en danger d’extinction.
Les rhinocéros africains
On trouve deux espèces de rhinocéros en Afrique : le rhinocéros blanc et le rhinocéros noir. En réalité, ce n’est pas la couleur de leur peau qui les caractérise, car ils sont tous les deux gris.
À ce propos, la petite histoire m'a été envoyée par Sebastien Grocolas, un internaute averti :
La distinction sémantique entre rhinocéros noir et rhinocéros blanc vient d'un malentendu entre Africains du Sud et Britanniques. En effet, les premiers distinguaient le rhinocéros blanc et le rhinocéros noir grâce à leurs lèvres. Les Africains du Sud employèrent le mot “wide” (qui signifie large en anglais) pour qualifier les lèvres du rhinocéros blanc et les différencier de celles du rhinocéros noir, qui sont, elles, pointues. Les Britanniques comprirent “white” (qui signifie blanc en anglais) au lieu de “wide”, et c'est la nomination des Britanniques qui est restée. Les lèvres du rhinocéros noir sont pointues et largement amovibles. Elles lui sont très utiles pour la préhension des feuillages.
L’autre différence essentielle est leur régime alimentaire. En effet, tandis que le rhinocéros blanc est herbivore, le rhinocéros noir, lui, est phyllophage c’est-à-dire qu’il se nourrit de feuilles. Il apprécie les bourgeons ainsi que les rameaux d’acacias. Ces rameaux épineux peuvent paraître indigestes, mais son épaisse couche cornée qui tapisse sa bouche lui permet de les manger sans problème.
Le rhinocéros blanc est le plus gros mammifère terrestre après l’éléphant. Il est moins irritable que son cousin et charge rarement. Le rhinocéros noir est capable de charger à 50 km/h. Il n’est pas agressif de nature et sort de son indolence qu’en cas de danger.
Tous les rhinocéros sont myopes ; ils chargent donc à l’aveuglette en se repérant au bruit et à l’odeur.
En effet, ils ont une excellente ouïe. De même, leur odorat est exceptionnel. C’est pourquoi ils marchent le nez levé pour mieux capter les odeurs.
Ces deux espèces de rhinocéros sont des solitaires. Par contre, on peut rencontrer des femelles et leurs jeunes en petits groupes. Dans la réserve de Ngorongoro, en Tanzanie, des rhinocéros se sont organisés en clans de quelques dizaines d’individus. C’est un phénomène très rare.
Les rhinocéros ne sont pas de grands romantiques. À la saison des amours, le mâle grogne et charge tout en déféquant et en envoyant des jets d’urine. Cette cour bruyante et malodorante semble pourtant au bout d’un moment amadouer la future mariée.
Le couple reste ensemble pendant quelques jours puis le mâle repart.
Après une gestation d’environ 16 mois, un unique petit naît. Il restera auprès de sa mère pendant environ 2 ans. La reproduction des rhinocéros est faible puisqu’une femelle ne met bas que tous les 3 à 4 ans.
On ne peut pas parler d’agressivité entre congénères. Les mâles se battent rarement. Quand deux mâles se croisent, la corne sert à montrer le rang de l’individu. Ils se heurtent avec afin de tester la force de l’autre.
Chaque rhinocéros possède son territoire qui peut aller jusqu’à 90 km². Le rhinocéros noir parcourt son domaine chaque jour en empruntant toujours les mêmes sentiers et aux mêmes heures. C’est un grand casanier qui a horreur d’être bousculé dans sa routine.
Les rhinocéros africains possèdent deux cornes. Ces cornes sont en kératine, la même matière que nos ongles. Elles ne sont pas rattachées au squelette du crâne. Si elles se brisent par accident, elles repoussent en deux ou trois ans. Ils affûtent leurs cornes contre les arbres.
Le rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis)
Ce rhinocéros possède une seule corne. C’est le plus grand des rhinocéros asiatiques avec ses 1,8 m de haut pour 2 tonnes. Sa peau forme des bourrelets qui lui donnent une apparence cuirassée.
Le rhinocéros indien est plutôt solitaire. Il se nourrit principalement d'herbes, mais aussi de roseaux, et de fruits. C’est un bon nageur qui peut traverser des rivières pour brouter sur d’autres pâturages.
Le rhinocéros indien est un bon nageur. By Wintermute 23
La période de gestation dure de 462 à 491 jours. Le petit reste avec sa mère jusqu'à la naissance du suivant. Un seul petit est mis au monde environ tous les 3 ans.
Femelle rhinoceros indien et son bébé. By Wintermute 23
On le trouve en Inde et au Népal. Cette espèce survit dans 8 réserves indiennes, 5 en Assam et 2 Népalaises. Il en reste moins de 1500.
Le rhinocéros de Sumatra (Dicerorhinus sumatrensis)
C’est le plus petit de tous les rhinocéros. C'est le seul rhinocéros asiatique portant deux cornes. La corne antérieure mesure en moyenne 25 cm et la postérieure, moins de 10 cm. La postérieure peut-être absente chez les femelles.
Les petits naissent avec une fourrure dense qui devient brun-rougeâtre chez les jeunes adultes. Les rhinocéros de Sumatra donnent naissance à un petit à la fois avec un intervalle de 3-4 ans entre chaque naissance.
Autrefois, il était répandu en Birmanie, en Thaïlande, au Vietnam, au Cambodge, dans la péninsule malaise, les îles de Sumatra et de Bornéo et en Indonésie. Aujourd'hui, on n'en compte que quelques centaines d'individus vivant dans des réserves.
Le rhinocéros de Sumatra est le plus petit des rhinocéros. By Nicolaitan
En 2003, une maladie a tué tous les rhinocéros dans un centre de reproduction de Malaisie, l'un des derniers endroits où étaient préservés ces animaux en voie d'extinction. C’est malheureusement ainsi que c’est achevé un programme de protection mis en oeuvre en 1987 pour tenter de sauver l'espèce.
Il a fallu cinq ans d'efforts aux spécialistes du Zoo de Cincinnati pour que des rhinocéros de Sumatra s'accouplent en captivité et pour mener à terme la grossesse de la femelle. Un exploit scientifique qui pourrait aider à ralentir le déclin de cette espèce qui ne compte plus que 300 individus dans le monde.
Ces deux nouvelles vous montrent à quel point cette espèce est condamnée malgré la ténacité de quelques personnes. Cette fois encore, les braconniers ont gagné et bientôt, le rhinocéros de Sumatra apparaîtra dans la longue liste des genres éteints.
Le rhinocéros de Java (Rhinoceros sondaicus)
Il ne possède qu'une seule corne de petite taille qui est absente chez les femelles. Le rhinocéros de Java a des bourrelets de peau donnant l'apparence que son corps est constitué de plaques comme une armure.
Il préfère la forêt tropicale humide dense contenant des mares de boues. Il se nourrit de feuilles, de jeunes pousses et de fruits.
Il n'en reste aujourd'hui qu'une cinquantaine dans la réserve d'Udjung Kulon à Java et une quinzaine dans le sud du Vietnam.
Le massacre des rhinocéros
C’est uniquement pour leur corne que les rhinocéros africains ont été décimés. Quelques chiffres pour bien souligner l’ampleur du massacre :
En 1970, 65 000 rhinocéros vivaient en liberté en Afrique
En 1980, on n’en comptait plus que 14 800
En 1988, il n’en restait plus que 3 000
En 2004, les derniers survivants sont protégés dans des réserves hautement surveillées.
Huit trafiquants de cornes de rhinocéros ont été arrêtés au Népal en décembre 2005. Ils s'apprêtaient à vendre leur triste butin. Depuis plusieurs mois, le WWF surveillait l'activité des trafiquants de cornes et soutient l'action antibraconnage des autorités du parc national de Chitwan.
Ces arrestations représentent un réel succès pour anéantir le braconnage. Ce dernier est à l'origine de la baisse de 30 % de la population de rhinocéros népalais au cours des cinq dernières années.
Les pays d’Asie sont les premiers responsables de cette extermination. Les cornes ont de soi-disant vertus aphrodisiaques et le produit est vendu sous forme de poudre. Bien évidemment, ce remède miracle est un pur attrape-nigaud.
La disparition des rhinocéros dans une région déséquilibre tout l'écosystème. Cet herbivore vit en partenariat avec plusieurs espèces. Le pique-boeuf se perche sur son dos et le débarrasse des parasites.
Le héron garde-boeuf a également besoin de cet ongulé pour trouver ses proies préférées : les criquets et les sauterelles. Enfin, les bousiers qui sont des insectes se nourrissent essentiellement de leur crottin.
Un très léger espoir subsiste quant à l’avenir des rhinocéros. On a constaté un léger repeuplement dans des réserves d’Afrique du Sud. Le marché des cornes de rhinocéros est en baisse en Asie, mais cela n’est pas un facteur d’espoir dans la mesure où cette baisse ne provient que du fait qu’il n’y a quasiment plus d’animaux en liberté à massacrer.
Le rhinocéros reste menacé par le braconnage. By Six legs
En Afrique où il est très protégé, on observe également une reprise de la reproduction.
Tout ça reste très fragile et le problème est que même si l'on arrivait à augmenter la population des rhinocéros en captivité, les remettre en liberté serait les envoyer vers la mort à coup sûr.
On le nomme « renne » en Europe et « caribou » en Amérique du Nord. Il s’agit en fait du même animal (Rangifer tarandus) qui parcourt inlassablement les régions froides de notre planète. Ce mammifère qui porte des bois imposants parcourait déjà durant la préhistoire les steppes arides et froides. En effet, le renne, tel que nous le connaissons aujourd’hui, n’a subi pratiquement aucune mutation depuis le paléolithique supérieur. Selon le continent sur lequel il s’est fixé, le renne a connu un destin différent : vie sauvage pour certains ou domestication pour d’autres.
Le renne : un survivant de l’ère glaciaire
Le renne est apparu sous sa forme actuelle il y a plus d’un million d’années dans la zone du détroit de Béring, alors en partie asséché. De là, les rennes se sont dispersés vers l’est et vers l’ouest pour peupler l’ensemble des zones arctiques du pôle Nord.
Le renne a côtoyé le mammouth et le rhinocéros laineux. Contrairement à eux, le renne a survécu aux changements climatiques successifs de l’ère quaternaire. Les scientifiques attribuent cette survie aux faibles exigences alimentaires du renne.
On connaît moins bien les ancêtres plus lointains du renne. Il est possible que ces derniers aient vécu en Amérique du Sud. Morenelaphus, qui vivait en Amérique du Sud, il y a cinq millions d’années, est peut-être l’un de ses lointains ancêtres.
Le renne était particulièrement répandu en Europe au paléolithique supérieur. Les nombreuses peintures rupestres le représentant témoignent de l’importance qu’il avait dans la vie de nos ancêtres.
Le renne a connu deux évolutions différentes. En Eurasie, le renne a été plus ou moins domestiqué. Il reste cependant quelques populations parfaitement sauvages.
En Amérique du Nord, il a pris le nom de « caribou » qui est d’origine algonquienne. Ce surnom vient du mot indien « xalibu » qui signifie « pelleteur ». En effet, le caribou se sert de ses sabots comme d’une pelle en creusant la neige pour trouver à manger. En Amérique du Nord, il n’a jamais été domestiqué.
Les différentes espèces de rennes
On rencontre le renne dans toutes les régions qui bordent le pôle Nord : Groenland, Canada, Alaska, Sibérie, Scandinavie … Selon la zone géographique, son mode de vie peut varier. Certains rennes sont capables de parcourir des milliers de kilomètres, tandis que d’autres sont grégaires. Ces différences ont un impact sur les caractéristiques physiques de l’animal. C’est pourquoi, on distingue plusieurs sous-espèces dont une éteinte.
Le Caribou des bois (Rangifer tarandus caribou) : Sa grande taille et son pelage plus foncé distinguent ce caribou de ses congénères. Un mâle pèse en moyenne 180 Kg.
Le caribou des bois ne se déplace pas en grands troupeaux. Ils vivent en petits groupes et sont extrêmement sauvages. Ils affectionnent les zones de plaine plantée de sapins et parsemée de marais. Certains habitent des zones montagneuses, à plus de 2 000 m d’altitude.
Le Renne de la toundra (Rangifer tarandus groenlandicus) : C’est le plus répandu puisqu’on estime sa population à environ 1,2 million d’individus. Un mâle pèse en moyenne 145 kg. Certains restent toute l’année dans la toundra, immense plaine où le sol reste toujours gelé en profondeur. La plupart se rassemblent en immenses hardes pour migrer l’hiver dans la taïga. Ces troupeaux, très mobiles, peuvent ainsi parcourir des milliers de kilomètres chaque année.
La forme de l’Alaska, appelée « caribou de Grant » est légèrement plus grande que la forme canadienne.
De tous les cervidés, c’est le caribou de la toundra qui possède la plus grande ramure.
Le Caribou de Peary (Rangifer tarandus pearyi) : On ne le rencontre que dans les parties les plus septentrionales du Canada, sur les îles de l’archipel arctique, où le climat est très rigoureux. Il y vit pendant plus de 6 mois dans l’obscurité. Sa taille est plus modeste. Un mâle pèse au maximum 70 Kg. Le pelage est clair, presque blanc.
Contrairement aux autres espèces, les bois sont presque verticaux. Cette espèce dont la population n’excède pas 3 000 individus est considérée comme étant en voie d’extinction.
Le caribou de Grant (Rangifer tarandus granti)
Caribou des îles Reine-Charlotte (Rangifer tarandus dawsoni) : cette espèce est éteinte.
On trouve le renne d’Europe essentiellement en Scandinavie, en Sibérie et en Islande. Il est morphologiquement très proche du caribou de la toundra. Un mâle pèse en moyenne 100 kg.
Il subsiste environ 1 500 rennes sauvages à l’est de la Finlande. Afin d’éviter toute reproduction avec les rennes domestiques pour préserver le patrimoine génétique, une clôture de 100 km a été construite dans la forêt.
Le renne d’Europe effectue des migrations mais il est encadré par les hommes qui vivent de son élevage.
Caractéristiques du renne
Le renne est capable de survivre à des températures de – 40°C. Pour cela, il bénéficie d’un manteau de fourrure constitué de deux couches :
De longs poils creux, appelés « jarres » qui retiennent l’air chaud
Un épais duvet de laine
A la fin de l’hiver, le renne mue et perd ses poils.
Le sabot du renne a la particularité de s’adapter à la saison. En été, la bordure de corne se rétracte et laisse place à des coussinets de chair qui facilitent la marche dans les marécages. L’hiver, le sabot prend une forme concave. Le bord devient coupant pour adhérer aux sols glissants. Enfin, les coussinets de chair se rétrécissent et sont recouverts par des poils.
Les lichens dont le renne se nourrit participent à la protection contre le froid. Ils sont très riches en sucres qui, en fermentant dans le rumen (une poche de l’estomac), produisent de la chaleur. La température interne est maintenue à 37°C.
Par ailleurs, le renne emmagasine beaucoup d’eau dans ses tissus ce qui lui sert d’isolant thermique.
Les sabots du renne font office de raquettes. Presque aussi larges que longs, ils servent à creuser pour trouver le précieux lichen mais également à propulser l’animal dans l’eau quand il traverse une rivière.
Le renne est capable de survivre à des températures de – 40°C. By Ianqui
Pour toutes les espèces, la femelle est plus petite que le mâle. Un renne peut vivre jusqu’à 15 ans et 20 ans en captivité.
Un renne peut courir à 80 km/h en vitesse de pointe.
La ramure du renne
Les bois peuvent atteindre 1,50 m d’envergure et peser jusqu’à 7 kg chez un mâle adulte. Ils sont constitués de:
Une tige centrale, appelée « merrain »
Plusieurs ramifications, « les andouillers »
Aucun individu ne possède la même ramure. Cette couronne est une véritable signature personnelle.
Les bois sont des excroissances osseuses du crâne qui se renouvellent tous les ans. Au début de la repousse, ils sont recouverts de « velours », une sorte de peau irriguée par de petits vaisseaux sanguins. Ce sont eux qui acheminent les substances nutritives nécessaires à la croissance de la ramure.
Une fois la croissance terminée, le sang cesse de circuler, le tissu se dessèche et se détache par lambeaux, dévoilant la nouvelle ramure.
Chez le mâle, la ramure commence à pousser au mois de mars et atteint son apogée à la saison des amours. Il la perd dès l’automne après la période de rut. La femelle conserve ses bois, d’une taille plus modeste, une grande partie de l’hiver.
La grande migration des caribous
En Amérique du Nord, les rennes peuvent parcourir jusqu’à 6 000 km par an. C’est la plus longue migration terrestre du monde animal.
À partir d’avril, quand le froid s’intensifie en Arctique, les caribous entament leur migration vers le nord. Ils profitent alors du bref été polaire. Dès juillet, ils refont le parcours en sens inverse.
Les caribous, tous sexes confondus, peuvent alors former de gigantesques troupeaux de 120 000 têtes qui s’étirent sur une file de 300 km de long.
Une fois arrivés, ils se dispersent en petits groupes.
Quand il se déplace, le caribou fait entendre un cliquetis, audible à plus de 100 m de distance. Ce bruit est dû au glissement des tendons sur les os de ses pattes. Ce bruit de castagnettes assure la cohésion du troupeau pendant la longue migration.
Des chercheurs ont montré que les routes traditionnelles de migration sont enseignées par les femelles âgées qui voyagent en tête du troupeau. Elles connaissent les bons pâturages et les aires d’hivernage. Quand ces femelles sont abattues par des chasseurs, le troupeau se désorganise et peut ne pas survivre. Donc, outre l’instinct, la transmission d’une génération à l’autre est primordiale.
Pour mieux connaître les itinéraires des caribous et donc les protéger, un important programme de suivi par satellite a été initié par le gouvernement du Québec. Pour cela, des animaux ont été munis de colliers radio-émetteurs.
Les prédateurs du caribou et les dangers de la migration
Les loups sont les principaux prédateurs des caribous. Dans certaines régions, le loup a été remplacé par le grizzli ou le lynx. Les meutes de loups suivent toujours les caribous pendant leur migration.
Les loups chassent en meute. Ils repèrent une femelle et son petit, les encerclent, puis isolent le petit de la mère. On estime qu’un seul loup tue entre 10 et 15 caribous par an.
Durant la longue transhumance, le caribou affronte le froid, la faim, les avalanches et les noyades.
By Mary Harrsch
L’été, le caribou doit faire face à un autre prédateur : l’oestre. C’est une mouche qui ressemble à un gros bourdon. Certaines espèces pondent sous la peau et d’autres déposent les œufs dans les cavités nasales. Quand les larves se métamorphosent en insectes adultes, elles perforent la peau, occasionnant de grandes souffrances à l’animal.
Durant tout l’été, les troupeaux sont harcelés par les mouches, les moustiques ou les varrons. Le bourdonnement incessant affole les animaux qui se mettent à courir pendant des kilomètres et cela jusqu’au bord de l’épuisement.
La constitution du harem
A la fin du mois de septembre, la saison des amours commence pour les caribous. Seuls les mâles les plus vigoureux pourront s’accoupler. L’objectif d’un mâle est de constituer un harem dont il sera l’unique reproducteur.
Pendant 2 à 3 semaines, les mâles s’affrontent en combats singuliers. Ce sont en quelque que sorte des tournois éliminatoires qui deviennent de plus en plus violents au fur et à mesure que les prétendants sont éliminés. Cependant, les combats ne sont jamais mortels et les blessures sont plutôt rares.
Le vainqueur s’approprie un groupe d’une quinzaine de femelles. Le mâle dominant reste au sein du harem le temps du rut puis repart.
Diriger et surveiller un harem n’est pas de tout repos. Le mâle doit avoir assez d’énergie pour les multiples accouplements mais aussi pour défendre ses femelles. Dès qu’il s’accouple avec l’une d’entre elles, les autres mâles tentent leur chance avec les belles esseulées.
A la fin de la période des amours, le chef du harem est sur les « genoux ». D’ailleurs, ce travail est si épuisant qu’un mâle ne dirige un harem qu’une fois dans sa vie.
Cette caractéristique permet aux caribous d’éviter toute consanguinité et de plus, les faons possèdent les attributs des plus forts. La résistance de l’espèce est ainsi assurée.
Pour séduire les femelles, le mâle possède une botte secrète : sa glande tarsienne. Située sur chaque patte arrière à l’intérieur du jarret, cette glande produit une sécrétion odorante irrésistible.
Le cycle de la vie
7 ½ mois après le rut, les femelles donnent naissance à leur petit. Elles mettent bas chaque année au même endroit même si la harde a changé d’aire d’hivernage.
Toutes les naissances ont lieu dans un laps de temps très court : une dizaine de jours échelonnés entre fin mai et début juin.
Les changements climatiques rendent les naissances des caribous de plus en plus difficiles. Autrefois, les femelles mettaient bas qu’une fois arrivées au terme de la migration de printemps. Aujourd’hui, la progression des troupeaux est ralentie par l’alternance de gel et de dégel. La nourriture devient donc plus difficile à trouver. De ce fait, beaucoup de bébés naissent en route et meurent noyés dans les rivières en crue.
Même à la fin du printemps, il fait très froid dans le Grand Nord. Le faon est léché dès sa naissance par sa mère pour éviter que son poil gèle. Au bout de trois jours, le jeune doit être capable de suivre le troupeau.
Le lait des femelles est quatre fois plus riche que celui d’une vache. Le faon tête toutes les 18 minutes pour grandir rapidement. A sa naissance, le bébé ne pèse que 6 ou 7 kilos mais un mois plus tard, il en pèsera déjà 26.
Si la femelle conserve ses bois durant l’hiver c’est parce que cela lui donne des avantages pour élever son petit. Elle peut creuser la neige pour trouver la nourriture, se défendre contre les prédateurs. De plus, les bois représentent une réserve de calcium. Le fœtus puise dans cette réserve si l’alimentation de sa mère n’en contient pas assez.
Le faon reste près de sa mère pendant près d’un an. Pour le retrouver au milieu du troupeau, elle dispose du larmier. C’est une glande, située sous l’orbite de l’œil, qui lui permet d’imprimer son odeur en frottant sa tête contre le corps du faon. Environ ¼ des faons meurent avant d’atteindre un mois. 50 à 80% des jeunes mourront avant leur première année. Heureusement, les femelles sont très fertiles et 90% d’entre elles ont un petit chaque année.
Également connu sous le nom de renard bleu, Isatis ou renard arctique, le renard polaire (Vulpes lagopus. Synonyme : Alopex lagopus) occupe le même territoire que l’ours polaire. La fourrure brunâtre du renard arctique en été se pare d’un beau blanc quand l’hiver arrive. C’est le seul mammifère de petite taille à vivre exclusivement dans les régions arctiques.
Portrait du renard polaire
Le froid glacial ne fait pas reculer le renard polaire devant les glaces. Il est parfaitement adapté à cet environnement hostile. Moins haut sur pattes que le renard roux, ses oreilles sont très courtes et ses soles plantaires sont recouvertes de poils serrés. Sa morphologie s’est adaptée au biotope.
Comme le caméléon, il est passé maître dans l’art du camouflage. Sa fourrure change de couleur selon la saison. Brunâtre en été, le renard arctique devient tout blanc l’hiver pour se fondre dans la neige puis il se fait gris bleu à la mauvaise saison ou gris fumé quand le soleil brille. Habitat neigeux ou toundra, ce renard se confond toujours dans son environnement.
Il faut un vent extrêmement violent pour que ce renard souffre vraiment du froid.
La population est plus ou moins dense selon les ressources. Dans les îles de la mer de Béring, on peut comptabiliser jusqu’à 15 spécimens au kilomètre carré.
Le renard polaire est un grand consommateur de rongeurs. By Squish_E
Le renard polaire peut être contaminé par la rage de la même manière que le renard roux. Cependant, la mortalité provient surtout du manque de nourriture au cours d’hivers particulièrement rigoureux.
Ses glapissements sont semblables à ceux du renard roux et il peut hurler comme la plupart des canidés.
L’habitat du renard polaire
Ce renard a colonisé l’intérieur du cercle polaire arctique, le Canada, le Groenland, la Russie et le nord de la Scandinavie.
C'est un grand consommateur de petits rongeurs polaires comme le lièvre arctique.
Il a cependant une nette préférence pour le lemming. Ce petit rongeur s’isole du froid en creusant des galeries. Le renard polaire épie ses déplacements sous la glace et le repère à l’ouïe. Dès que sa proie est repérée, il creuse un trou et plonge la tête la première pour saisir sa victime d’un coup de patte.
L’hiver, il peut se faire charognard et n’hésite pas à chaparder à l’ours polaire des lambeaux de chair de phoques. On le surnomme d’ailleurs le chacal du nord.
En cas de disette extrême, il subsiste en mangeant les crottes de l’ours polaire ou du bœuf musqué.
Tant que les rongeurs abondent, notre renard peut se constituer un garde-manger. C’est même impressionnant de voir la quantité de nourriture qu’il peut emmagasiner. On a retrouvé dans un garde-manger 36 petits pingouins, 4 bruants des neiges et un grand nombre d’œufs.
Le renard polaire est surnommé le chacal du Nord. By Izzie.whizzie
Quand ses proies favorites commencent à manquer, il se rabat sur les oiseaux qui nichent à terre tels les lagopèdes ou les oies.
C’est un parfait opportuniste qui peut aussi se régaler de baies, de poissons ou de mollusques. Il mange également des bébés phoques ou des crustacés.
C’est ainsi que ce renard peut, grâce à son opportunisme et sa fourrure épaisse, survivre à des températures proches de - 80 °C.
Mode de vie
Contrairement aux croyances, le renard n’est pas un animal solitaire. Selon les circonstances, il peut se montrer solitaire ou sociable, vivre en couple ou en groupe, défendre un territoire ou le partager.
Le renard polaire vit généralement en couple.
Le degré de sociabilité dépend surtout des ressources alimentaires. Dans les régions habitées par le renard polaire, ces ressources sont souvent limitées. De ce fait, un seul renard peut exploiter un domaine vital de plus de 3 000 hectares et parcourir de longues distances à la recherche de proies.
Par contre, quand les conditions sont favorables plusieurs couples peuvent s’installer les uns à côté des autres et former de grandes colonies.
Les accouplements ont lieu en avril. Après une gestation de 7 à 8 semaines, 2 à 8 petits naissent aveugles et sourds.
Le bébé renard nait sourd et aveugle. By Ber'Zophus
La femelle a pris soin de creuser un terrier pour mettre bas. Le couple s’occupe tour à tour des jeunes. Durant les premières semaines, la femelle ne quitte guère le terrier et c’est au mâle que revient la tâche de rapporter la nourriture.
Après une période d’allaitement d’environ deux semaines, les renardeaux percent leurs premières dents de lait. Leur mère les nourrit alors de viande à demi digérée qu’elle régurgite pour eux.
Dès 12 semaines, les jeunes commencent à sortir avec leurs parents pour amorcer leur vie d’adulte.
Protection du renard polaire
La beauté de sa fourrure lui a valu une chasse intensive. Cette chasse a failli provoquer son extinction, notamment en Scandinavie. En Suède, il est protégé depuis 1928. Par contre, ailleurs il est toujours chassé. En Russie, il est élevé dans des fermes. Il représente une importante source de revenus pour les Esquimaux du Canada.
Le renard polaire se montre très confiant et n’hésite pas à approcher les zones habitées pour trouver de la nourriture.
Parmi les 21 espèces différentes de renards, toutes souffrent des persécutions dont elles font l’objet de la part de l’homme. Seul le renard roux a réussi à résister à la pression humaine grâce à une adaptabilité hors du commun.
Grâce à sa ruse, le renard bien que pourchassé par l’Homme, a réussi à prospérer. La population urbaine de renards est d’ailleurs en forte augmentation. En effet, le renard est un canidé parfaitement équipé pour survivre dans un monde en constante évolution. Le renard roux (Vulpes vulpes) ou renard commun est l'espèce qui a su le mieux s'adapter dans tous les biotopes qu'il a colonisé.
Portrait du renard roux
Le renard roux habite l’ensemble de l’hémisphère Nord. Il est présent en Europe et en Asie mais également en Afrique et en Arabie. On compte plus de 40 sous-espèces de renards roux aux robes variées (renard charbonnier, renard d'Europe centrale, renard roux américain, renard du Caucase…). Le renard argenté (Vulpes vulpes fulvus) est également, malgré sa robe gris-argent, une sous-espèce de renard roux.
Il a été introduit en Australie par l’homme au 19e siècle. L’objectif était de lutter contre l’invasion des lapins, introduits par les mêmes colons européens mais également de pouvoir pratiquer la chasse. Cette population de renards s’est tellement bien acclimatée qu’elle est devenue une véritable menace pour la faune locale. Plusieurs espèces de kangourous ont déjà disparu à cause de ces carnivores, mais surtout de l’imprévoyance de l’Homme.
Un renard roux fait une petite sieste. By Kaibara 87
Il a été également importé en Amérique ou en Grande-Bretagne.
En moyenne, le renard roux mesure un mètre de long, queue comprise pour un poids moyen de 6,5 kg. Les plus grands individus peuvent peser jusqu'à 14 kg. La couleur de la robe varie du roux foncé au presque gris. L’extrémité de la queue est blanche quel que soit le sexe.
L’empreinte d’un renard laisse apparaître seulement quatre des cinq doigts dont il est pourvu aux pattes avant (présence d’un ergot). Quand il marche, le renard pose ses pattes arrière dans les traces de ses pattes avant, formant ainsi une ligne continue. Il peut courir à 50 km/h.
Le renard possède une longue mâchoire limitée dans ses mouvements latéraux. En effet, il ne peut mâcher sa nourriture. Ses pattes postérieures, petites et fragiles, sont munies de griffes semi-rétractiles. En hiver, elles se couvrent de poils plus longs et plus sombres ce qui donne l’impression que le renard porte des bottes.
La vue du renard est peu performante. Par contre, il apprécie très bien les distances, chose essentielle pour un prédateur. Il ne perçoit pas les couleurs. Son ouie est incroyablement développée. Il peut détecter le glissement d’un ver de terre dans l’herbe. De même, son odorat est extrêmement développé.
Le renard vit dans un terrier qu’il peut avoir creusé lui-même. Il occupe souvent d’anciens terriers de lapins ou de blaireaux. En ville, le renard roux s’installe dans les bâtiments désaffectés, les talus de chemin de fer abandonnés ou dans les caves.
Le renard roux dans nos villes
En Europe, on trouve en moyenne un renard tous les 100 hectares. Même s’il préfère vivre à la campagne, le renard a colonisé nos villes. On peut les apercevoir dans les faubourgs de Lyon, Rouen, Nice, Marseille et même à quelques kilomètres de Paris. Ils sont très nombreux dans les banlieues des villes anglaises, ou à Madrid, voire même à New York.
Le renard roux s’installe dans les cimetières, les terrains vagues, les parcs publics et les jardins privés. Nos décharges leur apportent toute la nourriture dont il a besoin.
Ils peuvent s’approcher très près de l’Homme si de la nourriture leur est offerte régulièrement. Malgré une mortalité importante due aux accidents de la circulation notamment, leurs effectifs ne cessent d’augmenter.
La vie sociale du renard roux
Le renard roux ne vit pas en meute mais n’est pas non plus un animal solitaire. En réalité, assez curieusement, nous savons mal interpréter son mode de vie. On sait que les renards peuvent vivre en groupes sociaux dominés par un couple dominant. La taille du territoire dépend des ressources et de l’habitat.
Sur chaque territoire appartenant à un mâle, vivent plusieurs femelles, la plupart du temps en groupe de trois ou quatre individus. Elles ne vivent pas réellement ensemble mais ont un contact permanent.
Le contact n’est pas seulement olfactif mais aussi vocal. Le long glapissement est plus fréquent chez la femelle.
Le vocabulaire du renard s’exprime également par différentes postures : attitude de soumission quand un renard a les oreilles couchées et la gueule ouverte en un sourire pincé. Si deux rivaux sont de mêmes rangs, chacun se dresse sur ses pattes postérieures avec les pattes avant posées sur les épaules de l’autre.
Les mâles peuvent se battre pour un territoire mais ce type d’affrontement est assez rare et jamais mortel.
En général, le mâle ne s’accouple qu’avec une seule femelle présente sur son territoire. A cette occasion, les renardes s’affrontent pour savoir qui va procréer. On sait que cette habitude peut être modifiée si le taux de mortalité est plus élevé. C’est le cas dans les régions où la chasse au renard perdure. Dans ce cas, le mâle s’accouple avec plusieurs femelles. Cela nous donne une bonne idée de l’adaptabilité de ce prédateur.
La reproduction du renard
Sexuellement mature vers 10 mois, la femelle n’est féconde qu’une fois par an pendant trois jours. L’hiver est la période du rut. Le mâle dominant porte alors une grande attention à sa partenaire. Il assure une sorte de protection rapprochée car il n’est pas question de s’occuper des rejetons d’un autre. Il est vrai que le père s’investit beaucoup pour apporter la nourriture à sa femelle et aux petits.
Après une gestation moyenne de 52 jours, la mère met au monde quatre ou cinq renardeaux, parfois plus.
Les petits ressemblent à des boules de poils de couleur noir-chocolat. Ils naissent dans un terrier. Quand cette tanière est vaste, la renarde cohabite avec un blaireau. Les petits restent aveugles pendant 12 jours. Après une période d’allaitement de deux semaines, les premières dents de lait apparaissent. La mère les nourrit alors de viande qu’elle régurgite.
Le jeu est très important dans l’apprentissage. Ces jeux leur permettent d’apprendre les gestes de survie.
A un mois environ, les jeunes sortent de leur abri avec prudence. C’est à trois mois que leur vie d’adulte va commencer. Les mâles doivent quitter le territoire pour trouver leur propre domaine. Ils deviennent alors des renards errants, parfois pendant un an. Les femelles peuvent, elles, rester sur le territoire familial plus longtemps. Parfois, elles y restent toute leur vie.
Le rôle du père est très important. Au cours des premières semaines, c’est lui qui apporte la nourriture. L’entrée de la tanière lui est interdite. Assez bizarrement, la femelle sort et se rend à un point de rendez-vous pour récupérer l’offrande. Keith Graham, naturaliste britannique, rapporte que quand une femelle est tuée par des chasseurs, le mâle apporte de plus en plus de nourriture au point fixé. Nous ne savons pas pourquoi il adopte ce comportement.
La longévité d’un renard ne dépasse pas trois ans dans son environnement naturel. En captivité, ils peuvent vivre jusqu’à 14 ans.
Le renard et la rage
Malgré le recul de cette maladie en Europe, la lutte contre sa propagation reste une priorité. Le renard roux est le principal vecteur de la rage, maladie transmissible par la bave. L’animal lui-même meurt dans le mois qui suit l’infection. Les premières épidémies européennes de rage touchèrent la Pologne en 1939, atteignant la France en 1968 et l’Italie en 1977. La Grande-Bretagne n’est pas touchée par cette maladie. Si en Europe, la maladie a reculé, par contre, en Amérique du Nord, elle est très répandue chez les renards, les chauves-souris, les loups, les coyotes ou les putois.
Par peur de la contamination, l’Homme a organisé une extermination en masse des renards et autres canidés qui a d’ailleurs conduit à l’éradication du loup en Europe.
Aujourd’hui, la vaccination offre un espoir aux animaux. Le vaccin est injecté dans des appâts qui sont ensuite éparpillés par avion. Cette méthode a obtenu d’excellents résultats en Europe et au Canada.
Le renard et l’Homme
Il faut comprendre que plus on tue de renards et plus ils se reproduisent vite et en grand nombre. Par exemple, on estime qu’environ 50 000 renards sont tués chaque année en Grande Bretagne. Cette tuerie n’affecte en rien l’effectif global.
Ce sont surtout les éleveurs qui s’opposent aux renards. Pourtant, les statistiques montrent clairement que les renards tuent très peu d’agneaux. La mortalité des agneaux n’est pas plus ou moins importante que la population de renards soit active ou non.
Il est à souligner que l’introduction volontaire de la myxomatose dans les années 50 pour lutter contre les lapins a privé le renard de sa proie favorite. De plus, le déboisement oblige les prédateurs à trouver ailleurs leur nourriture.
Le piège à loup ou « piège à mâchoire » est interdit bien qu’encore utilisé. De même, les appâts empoisonnés sont interdits. Le seul piège autorisé par la loi est le lacet. Cette méthode est cruelle car l’animal meurt étouffé après plusieurs heures d’agonie et de plus elle n’est pas sélective. Tout animal de même taille peut être pris au piège.
Il serait donc plus intelligent de réguler la population avec bon sens si besoin est et il est loin d’être prouvé que cette régulation est nécessaire plutôt que de faire preuve d’une barbarie totalement inutile et aujourd’hui injustifiée.
Avec sa physionomie qui exprime la malice et son opportunisme, le renard est devenu au fil des légendes le symbole de la ruse. Pour une fois, la fiction rejoint la réalité. L’intelligence du renard réside dans son extraordinaire capacité à tirer avantage de toutes les opportunités. C’est grâce à cette faculté que le renard, malgré l’hostilité de l’Homme, possède aujourd’hui la plus vaste répartition géographique.
Le renard : un canidé
Le renard appartient à la famille des Canidés. On compte 21 espèces de renards réparties en 5 genres
Le genre Vulpes : c’est le genre le plus important en nombre d’espèces. Il regroupe les « vrais renards » et notamment le renard du Bengale (Vulpes bengalensis) ; le renard roux ou renard commun (Vulpes vulpes), le renard polaire ou arctique (Vulpes lagopus. Synonyme : Alopex lagopus). On compte plus de 40 sous-espèces de renards roux aux robes variées (renard charbonnier, renard argenté…).
Le genre Otocyon : le renard à oreilles de chauve-souris (Otocyon megalotis). Ce genre est limité à l’Afrique australe.
Le genre Cerdocyon : Renard des Savanes, renard crabier qui vit en Amérique du Sud. Son nom provient de son mode alimentaire. En effet, il mange surtout des crabes et d'autres crustacés en saison humide.
Le genre Urocyon : Renard gris d'Amérique (Urocyon cinereoargenteus)
De tous les mammifères terrestres sauvages, le renard est celui qui possède l’aire de répartition la plus vaste. On le trouve des déserts les plus arides aux banlieues urbaines.
Le genre Vulpes est le plus adaptatif notamment dans l’hémisphère nord. Il est très diversifié en terme d’espèces en Afrique et au Moyen-Orient.
Renard et Goupil
Le renard est passé à la postérité au 12e siècle avec le Roman du Renart. Renart y est présenté comme le rusé adversaire des puissants incarnés par le lion et le loup. C’est à la suite de ce succès littéraire, repris par Maurice Genevois au 20e siècle, que le renard prendra son nom définitif. Il était jusqu’alors appelé Goupil.
De nombreux auteurs ont mis en scène le renard, notamment Walt Disney et son personnage de Robin des Bois.
Un ancêtre commun au renard
Le régime alimentaire diversifié du renard, animaux et plantes, lui vient sans doute de Hesperocyon, ancêtre de tous les canidés modernes qui vivait il y a environ 35 millions d’années en Amérique du Nord. La morphologie du renard a évolué. Doté de longs membres, le renard court sur les orteils pour aller plus vite. Il a choisi de chasser en solitaire. Tous les renards ont conservé leurs griffes semi-rétractiles.
Renards et chiens divergèrent il y a 5 à 6 millions d’années. Environ un million d’années plus tard, les renards du genre Vulpes se scindèrent en deux groupes.
C’est probablement de cette branche que sont issus le renard de Blanford, le renard du Bengale ou le fennec.
Dans l’autre branche dominait le renard roux. Il a sans doute donné naissance au renard à grandes oreilles, au renard du Tibet ou au renard polaire.
Le renard : un chasseur avisé
Le régime alimentaire du renard n’est pas très sélectif. Il intègre des ressources diverses en fonction du biotope. Difficile d’attribuer un comportement génétique commun à tous les renards. Chaque espèce s’adapte aux circonstances. Néanmoins, certaines constantes d’alimentation se retrouvent chez toutes les espèces.
Un renard partage rarement ses proies sauf avec ses petits. Quand la nourriture abonde, il stocke celle qu’il apprécie. Les renards sont omnivores. Ils mangent les fruits de saisons, des insectes (papillons, araignées…) de petits mammifères comme le lapin, les campagnols ou les rongeurs. Ils apprécient beaucoup les vers de terre. Par contre, ils ont une aversion pour les insectivores comme les taupes ou les musaraignes.
Un renard roux sur la piste d'un rongeur. By Wili hybrid
Les renards indiens du Bengale ingèrent des scarabées, des lézards, des rats, des scorpions, mais aussi des serpents et des oiseaux. Dans les régions les plus froides, les charognes ne sont pas négligées.
Un renard est capable de capturer une vingtaine de rongeurs en moins d’une heure. 42 % de leur alimentation sont constitués de protéines animales.
Techniques de chasse du renard
Quand il chasse de petits rongeurs, le renard mulote. Il avance silencieusement puis bondit à un mètre du sol pour retomber sur sa proie. Le mulotage est une arme redoutable.
Il utilise également l’affût pour chasser le lapin qui sort de son terrier.
Les renards sont également capables de « faire le mort ». Ils leurrent ainsi les oiseaux charognards. Si l’oiseau s’approche, le renard se redresse et bondit pour saisir l’animal par les pattes.
Le renard : sociable et solitaire
Selon les circonstances, le renard se montre sociable ou solitaire, vit en couple ou en groupe, partage son territoire ou non.
Tendresse pour ce couple de renards roux. By Law Keven
Contrairement aux croyances, le renard est capable de se construire une vie sociale élaborée. Le degré de sociabilité change en fonction de l’habitat et des ressources alimentaires. Ce qui est une autre preuve de leur intelligence. À quoi bon vivre en groupe de plusieurs dizaines de spécimens si la famine règne ?
Quand ils vivent en groupe, la structure sociale est basée sur un couple dominant comme chez le loup. Seul le couple dominant se reproduit ; les autres individus étant de rang inférieur.
De l’urine et des fèces placées sur des repères bien visibles constituent un marquage olfactif et visuel. Ce système de communication permet une cohabitation de plusieurs groupes dont les territoires se chevauchent.
Quelques combats peuvent se produire entre mâles solitaires, mais sont plutôt rares et se terminent sans blessure.
Le renard et l’Homme
En dépit de toutes les persécutions de l’Homme, le renard roux continue à prospérer. Sa discrétion lui a permis de s’acclimater à nos villes. Le renard urbain est un phénomène de plus en plus courant.
Par contre, les autres espèces sont très menacées. Par exemple, le renard des steppes est en voie de disparition et le renard du Bengale a beaucoup décliné.
V.Battaglia (10.2004). M.à.J 12.2007
Bibliographie
Renards, Keith Graham; éditions Nathan 1998 Le Renard, Artois Marc et Le Gall André, Hatier, 1988 Terre de Renard, Cahez Fabrice, G.Louis, 1993 Dictionnaire des Symboles; J.Chevalier et A.Gheerbrant. Bouquins, 1982