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Par Frawsy le 23 Mai 2016 à 13:59
Zika : selon un expert, il faut déplacer
les JO de Rio
Un expert de santé publique canadien suggère de repousser ou de déplacer les JO prévus en août 2016 à Rio de Janeiro afin d’éviter que l’épidémie de Zika ne devienne mondiale. Il craint que le virus atteigne des pays dans lesquels les systèmes de santé ne pourront pas faire face.
Rio de Janeiro est au cœur de l’épidémie de Zika. La ville peut-elle décemment accueillir 500.000 personnes du monde entier sans risque ? © marchello74, Shutterstock
La question mérite d’être posée, alors même que le Brésil traverse une crise politique majeure et une grave récession qui ont quelque peu masqué l’épidémie de Zika : peut-on envoyer un demi-million de visiteurs au Brésil en ce moment ? Pour Amir Attaran, professeur de santé publique, la réponse est clairement non. Il en explique les raisons dans un commentaire paru dans la Harvard Public Health Review. Dans cet article, il plaide en faveur du déplacement ou du report des Jeux olympiques en raison du risque de dissémination du virus Zika dans le monde.
Apparu au Brésil l’an passé, le virus Zika a désormais été détecté dans 50 pays, le Brésil restant le pays le plus touché. Le virus Zika est transmis par les moustiques Aedes aegypti et conduit à des symptômes légers tels que de la fièvre, des douleurs, de nombreuses personnes infectées ne présentant pas de symptômes. Mais le virus Zika est responsable d’anomalies chez des bébés qui naissent avec une tête anormalement petite et un cerveau insuffisamment développé. Il est aussi associé au syndrome de Guillain-Barré, une maladie neurologique grave qui peut conduire à la paralysie et au décès.
En février, l'OMS a déclaré que le virus Zika était désormais « une urgence de santé publique de portée internationale ». Aussi pour Amir Attaran, qui s’exprime dans The Guardian, le maintien des Jeux est insensé et va à l’encontre des principes d’éthique, étant donné les risques sanitaires : « Est-ce que c’est ça que les Jeux olympiques représentent ? »
Car l’État de Rio est loin d’être épargné par l’épidémie. Au contraire. Il a enregistré 26.000 cas suspects de Zika, le plus grand nombre des États du Brésil, avec une incidence de 157 pour 100.000, le quatrième taux du pays. Rio n’est pas du tout à la marge de l’épidémie, mais bien en plein cœur.
Le lien entre l’infection par le Zika et les microcéphalies est avéré. © idéMoins de piqûres de moustiques en hiver
En mars, d’après le site Internet du Comité olympique, le président du CIO Thomas Bach, « a souligné l’étroite coopération entre le CIO et l’Organisation mondiale de la santé, laquelle a fait part de sa confiance dans la réussite des Jeux olympiques en août prochain et l’innocuité de leur environnement. » Le comité olympique a expliqué dans The Guardian : « Nous travaillons avec nos partenaires de Rio sur des mesures pour faire face aux mares d’eau stagnante autour des sites olympiques, où les moustiques se reproduisent, pour minimiser le risque que les visiteurs entrent en contact avec eux. »
Certes, les Jeux auront lieu pendant la saison d’hiver au Brésil, lorsque les moustiques sont moins actifs et le risque de piqûres moins important. Les maladies liées aux moustiques déclinent pendant les mois d’hiver, de juillet à septembre, mais Amir Attaran souligne que Rio n’a aucune expérience d’un hiver avec le Zika. Le Zika est proche de la dengue, également transmise par le moustique Aedes aegypti ; il est possible que la transmission décline dans l’hiver, mais qu’elle ne disparaisse pas, comme c’est le cas avec la dengue. En plus, la dengue est particulièrement présente cette année à Rio : 8.133 cas dans le premier trimestre de 2016 contre 1.285 l’an passé. Pourtant la mobilisation pour lutter contre les moustiques est exceptionnelle.
De plus, Amir Attaran rappelle que la souche brésilienne du Zika semble différente et plus dangereuse que le « vieux » Zika découvert il y a près de 70 ans. Par exemple, dans Rio, une étude récente montre que, chez les femmes qui ont eu le Zika pendant leur grossesse, des anomalies fœtales sont détectées chez 29 % d’entre elles. Les microcéphalies enregistrées au Brésil semblent particulièrement sévères.
L’arrivée en masse des athlètes et des visiteurs à Rio, en provenance du monde entier, pourrait faciliter la transmission du virus dans des pays qui ne sont pas encore touchés. Pour le professeur de santé publique, des pays comme le Nigeria, l’Inde ou l’Indonésie ne disposent pas des ressources du Brésil pour combattre le Zika. Amir Attaran souligne qu’en 1976 les Jeux olympiques d’hiver ont été déplacés en Autriche, à cause de problèmes économiques dans la ville où ils avaient été attribués (Denver). Il suggère que des villes comme Londres, Pékin, Athènes ou Sydney qui possèdent déjà les infrastructures olympiques accueillent des épreuves sportives.
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Par Frawsy le 19 Mai 2016 à 17:27
Des champignons hallucinogènes pour
combattre la dépression ?
La psilocybine, une substance contenue dans certains champignons hallucinogènes, a donné de premiers résultats prometteurs sur une demi-douzaine de malades atteints de dépression résistant aux traitements.
Étudiée depuis les années 1950, la psilocybine, la substance active de certains champignons hallucinogènes, entraîne des effets durables de bien-être psychique et de plénitude. Elle a été testée sur 12 patients souffrant de dépression ; les résultats montrent des améliorations de leur état. © elbud, shutterstock.com
« C’est la première fois que la psilocybine a été testée dans le traitement potentiel des dépressions majeures », souligne le docteur Robin Carhart-Harris, de l’Imperial College de Londres qui a dirigé cette étude publiée dans la revue britannique The Lancet Psychiatry.
La dépression est un problème majeur de santé publique qui touche des millions de personnes à travers le monde et qui, parfois, résiste aux traitements existants (médicaments antidépresseurs et psychothérapie). Selon les recherches, un patient sur cinq ne répond pas aux traitements actuels tandis que beaucoup de ceux qui voient leur état s’améliorer dans un premier temps font des rechutes par la suite.
Les chercheurs ont commencé à étudier la psilocybine, la substance active de certains champignonshallucinogènes, dès les années 1950. En 2008, des scientifiques américains ont montré qu’elle entraînait des effets durables de bien-être psychique et de plénitude. Cela les a conduits à penser que l’hallucinogène pourrait aider certains malades souffrant d’anxiété face à un cancer ou à une dépression.
Les chercheurs britanniques ont pour leur part testé la psilocybine sur 12 patients atteints de dépression modérée à sévère depuis plus de 15 ans en moyenne. Après un traitement de deux jours, les patients ont été suivis pendant trois mois. Selon eux, les effets psychédéliques ont été observés entre 30 et 60 minutes après la prise des gélules, avec un effet culminant deux à trois heures après. Une semaine plus tard, les 12 patients présentaient tous une amélioration et huit étaient en rémission. Au bout de trois mois, cinq étaient encore en rémission.
La psilocybine contenue dans certains champignons hallucinogènes a montré des résultats encourageants chez certains patients souffrant de dépression. © gilaxia, istockphoto.comLa psilocybine a-t-elle des effets thérapeutiques ?
Compte tenu du petit nombre de patients testés, les chercheurs avertissent qu’il ne faut pas tirer de conclusions « probantes » sur les effets thérapeutiques de la psilocybine mais que les recherches doivent se poursuivre.
Le professeur David Nutt, qui a participé à l’étude, souligne que l’hallucinogène « cible les récepteurs de la sérotonine, comme la plupart des antidépresseurs actuellement disponibles, mais qu’il possède une structure chimique très différente et qu’il agit plus rapidement que ceux-ci ».
Dans un commentaire joint à l’étude, le professeur Philip Cowen, de l’université d’Oxford, reconnaît que les résultats obtenus sur trois mois sont « prometteurs mais pas complètement convaincants ». Un autre spécialiste, Jonathan Flint, professeur de neurobiologie à l’université d’Oxford, estime de son côté qu’il est « impossible » d’affirmer à ce stade que la molécule est efficace sur la dépression.
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Par Frawsy le 10 Mai 2016 à 14:59
Virus Zika : un test de dépistage
bientôt disponible
Des chercheurs de Harvard ont mis au point un test de dépistage du virus Zika qui pourrait être disponible d’ici quelques mois. Il utilise des échantillons de sang et de salive et présente comme avantage d’être simple, efficace et peu coûteux.
AFP
Des tests de dépistage du virus Zika existent déjà, mais ils le confondent parfois avec celui de la dengue ou du Nil occidental. © Jarun Ontakrai, Shutterstock
L'absence d'un test standard de dépistage du virus Zika (qui peut provoquer des malformations sur les fœtus) empêchait jusqu'à présent de mieux comprendre et contrer l'épidémie, selon les experts en santé publique.
Un nouveau test de dépistage vient d'être mis au point. Il permet de détecter le virus « à des concentrations beaucoup plus faibles qu'auparavant », fait valoir dans son étude le Wyss Institute for Biologically Inspired Engineering de Harvard. Il a fonctionné sur des singes et pourrait coûter seulement un dollar par patient, selon les travaux publiés dans le journal Cell.
Ce nouvel outil de diagnostic, qui peut être lyophilisé et stocké pendant un an, montre ses résultats « par un simple changement de couleur, si bien que même un œil peu entraîné peut facilement savoir si le virus Zika est présent ou non dans l'échantillon », selon les chercheurs.
Les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont déjà approuvé deux tests, le Zika Mac-Elisa et le Trioplex Real-Time RT-PCR Assay. Cependant, ils sont compliqués à établir et confondent parfois Zika avec des virus similaires, comme celui du Nil occidental ou de la dengue. Le nouveau test pourrait être disponible dans les prochains mois et améliorera les dépistages actuels qui nécessitent des équipements spécialisés, disponibles seulement en zones urbaines.
Le virus Zika est lié à la microcéphalie chez les nouveau-nés.© idéL'action du virus Zika sur le cerveau
Une autre étude a par ailleurs révélé comment le virus attaquait le cerveau, détruisant ses cellules et provoquant la naissance de bébés avec des petites têtes, une maladie connue sous le nom de microcéphalie. Publiés dans le journal Cell Stem Cell, ces travaux ont été effectués par des scientifiques de l'école de médecine de l'université de San Diego (Californie, États-Unis).
Ils ont trouvé que Zika activait dans le cerveau un récepteur immunitaire nommé TLR3. « Nous avons tous un système immunitaire qui lutte spécifiquement contre le virus, mais là le virus retourne ce mécanisme de défense contre nous », explique Tariq Rana, professeur de pédiatrie à cette école de médecine et principal auteur de l'étude.
« En activant les récepteurs TLR3, le virus Zika bloque les gènes qui disent aux cellules souchesde se développer dans les diverses parties du cerveau », ajoute-t-il. « La bonne nouvelle c'est que nous avons des inhibiteurs TLR3 qui peuvent empêcher cela. » Davantage de recherches seront cependant nécessaires pour voir comment ce dernier mécanisme peut être utilisé pour empêcher les malformations du cerveau.
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