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    Espoir de guérison pour les enfants

    allergiques

     

    Au Québec, plus de 100 000 enfants ont des allergies... (PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE)

     

    Au Québec, plus de 100 000 enfants ont des allergies alimentaires. La prévalence des allergies a triplé en 10 ans.

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

     
     
    SOPHIE ALLARD
    La Presse
     

    « Quand notre enfant reçoit un diagnostic d'allergie alimentaire sévère, ça bouleverse la vie familiale, on vit soudainement avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête », confie Marie-Julie Croteau, mère d'un garçon de 12 ans allergique aux arachides et aux noix. Au Québec, il n'existe aucun traitement préventif, à part l'évitement. C'est appelé à changer sous peu, se réjouit-elle.

     

    Médecine:  Espoir de guérison pour les enfants allergiques

    Au Québec, plus de 100 000 enfants ont des allergies alimentaires. La prévalence des allergies a triplé en 10 ans.

     

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

     

     

    Dès l'an prochain, le CHU Sainte-Justine pourrait ouvrir la première clinique canadienne d'immunothérapie orale, aussi appelée désensibilisation alimentaire. Il faut d'abord obtenir le feu vert de la direction et amasser les fonds nécessaires. « Aux États-Unis, environ 10 % des allergologues administrent ce traitement. De plus en plus de données s'accumulent pour démontrer son efficacité », explique le Dr Philippe Bégin, allergologue au CHU Sainte-Justine. Il a suivi une formation de deux ans à l'Université Stanford sur l'immunothérapie orale.

     

     

    UNE POSSIBLE GUÉRISON

     

    « Le traitement consiste en l'administration, sous forme de poudre, de quantités infimes de l'allergène. On augmente cette dose très progressivement sur plusieurs mois afin d'amener une désensibilisation. Selon les études actuelles, le traitement fonctionne dans 80 à 85 % des cas », indique l'expert. Une médication quotidienne permet de réintégrer l'allergène dans le régime alimentaire. Il peut s'agir de noix, de moutarde, de soya, d'oeufs, etc.

     

    «Au bout de cinq ans, 50 % des enfants perdent leur allergie. On peut alors parler de guérison. Plus on commence le traitement jeune, plus les chances de guérison sont élevées. 

    »

    Le Dr Philippe Bégin
    Allergologue au CHU Sainte-Justine

    Cette avancée s'annonce comme un soulagement pour de nombreuses familles. Au Québec, plus de 100 000 enfants ont des allergies alimentaires. La prévalence des allergies a triplé en 10 ans.

     

    « Vivre avec un enfant allergique, c'est un combat au quotidien. Faire l'épicerie, aller au restaurant, voyager : tout devient un casse-tête, dit Mme Croteau. C'est sans compter l'anxiété que vit l'enfant. Toujours en état d'alerte, mon fils a de la difficulté à participer à certaines activités sociales, comme un voyage organisé par l'école, une fête d'anniversaire. » Le risque annuel de réaction accidentelle est de 15 %.

     

    À LA RECHERCHE DE FONDS

     

    Parce que le traitement est novateur, il faut en mesurer l'impact sur la vie des enfants et des familles avant d'obtenir un financement à long terme des instances publiques. Aussi, la clinique mise d'abord sur les dons du public. Une campagne de financement est organisée par des parents réunis sous la bannière Bye Bye Allergies. « C'est une initiative spontanée des parents, dit le Dr Bégin. L'objectif est d'assurer les deux premières années d'opération de la clinique. Dans un contexte de coupes, on doit miser d'abord sur la philanthropie. » On souhaite amasser 500 000 $ et traiter 200 enfants en deux ans.

     

    Sophie Beugnot a lancé cette collecte de fonds, d'abord à petite échelle, il y a deux ans. Elle a réussi à amasser 25 000 $. « C'était encore embryonnaire, mais je croyais beaucoup en ce traitement. J'avais lu beaucoup sur le traitement et les travaux aux États-Unis. Le Dr Bégin n'était même pas revenu de Stanford. »

     

    Le fils de Mme Beugnot, âgé de 8 ans, est allergique aux arachides. « Mon but n'est pas de le voir manger des sandwichs au beurre d'arachides, mais de le mettre à l'abri des expositions accidentelles, dit-elle. Quand il aura 14 ou 15 ans, je n'aurai plus le contrôle. Certains jeunes ne traînent pas leur Epipen et prennent de gros risques. J'aimerais qu'il soit désensibilisé avant l'adolescence, pour qu'il soit libre et en sécurité. »

     

    L'immunothérapie orale est prometteuse, mais néanmoins risquée. « Elle n'est pas à la portée de l'allergologue moyen. Il faut une expertise, l'équipe doit être bien formée, souligne le Dr Bégin. Le risque est calculé, mais ça prend des parents motivés. » Il croit que la clinique pilote pourra servir de levier à une pratique généralisée qui permettra éventuellement de protéger enfants et adultes des dangers potentiels de leur assiette.

     

     

    Médecine:

     

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    Zika : selon un expert, il faut déplacer

    les JO de Rio

     

    Un expert de santé publique canadien suggère de repousser ou de déplacer les JO prévus en août 2016 à Rio de Janeiro afin d’éviter que l’épidémie de Zika ne devienne mondiale. Il craint que le virus atteigne des pays dans lesquels les systèmes de santé ne pourront pas faire face.

     

     
     

    Rio de Janeiro est au cœur de l’épidémie de Zika. La ville peut-elle décemment accueillir 500.000 personnes du monde entier sans risque ? © marchello74, Shutterstock

    Rio de Janeiro est au cœur de l’épidémie de Zika. La ville peut-elle décemment accueillir 500.000 personnes du monde entier sans risque ? © marchello74, Shutterstock

     
     

    La question mérite d’être posée, alors même que le Brésil traverse une crise politique majeure et une grave récession qui ont quelque peu masqué l’épidémie de Zika : peut-on envoyer un demi-million de visiteurs au Brésil en ce moment ? Pour Amir Attaran, professeur de santé publique, la réponse est clairement non. Il en explique les raisons dans un commentaire paru dans la Harvard Public Health Review. Dans cet article, il plaide en faveur du déplacement ou du report des Jeux olympiques en raison du risque de dissémination du virus Zika dans le monde.

     

    Apparu au Brésil l’an passé, le virus Zika a désormais été détecté dans 50 pays, le Brésil restant le pays le plus touché. Le virus Zika est transmis par les moustiques Aedes aegypti et conduit à des symptômes légers tels que de la fièvre, des douleurs, de nombreuses personnes infectées ne présentant pas de symptômes. Mais le virus Zika est responsable d’anomalies chez des bébés qui naissent avec une tête anormalement petite et un cerveau insuffisamment développé. Il est aussi associé au syndrome de Guillain-Barré, une maladie neurologique grave qui peut conduire à la paralysie et au décès.

     

    En février, l'OMS a déclaré que le virus Zika était désormais « une urgence de santé publique de portée internationale ». Aussi pour Amir Attaran, qui s’exprime dans The Guardian, le maintien des Jeux est insensé et va à l’encontre des principes d’éthique, étant donné les risques sanitaires : « Est-ce que c’est ça que les Jeux olympiques représentent ? »

     

    Car l’État de Rio est loin d’être épargné par l’épidémie. Au contraire. Il a enregistré 26.000 cas suspects de Zika, le plus grand nombre des États du Brésil, avec une incidence de 157 pour 100.000, le quatrième taux du pays. Rio n’est pas du tout à la marge de l’épidémie, mais bien en plein cœur.

     

    Le lien entre l’infection par le Zika et les microcéphalies est avéré. © idé
    Le lien entre l’infection par le Zika et les microcéphalies est avéré. © idé

     

    Moins de piqûres de moustiques en hiver

     

    En mars, d’après le site Internet du Comité olympique, le président du CIO Thomas Bach, « a souligné l’étroite coopération entre le CIO et l’Organisation mondiale de la santé, laquelle a fait part de sa confiance dans la réussite des Jeux olympiques en août prochain et l’innocuité de leur environnement. » Le comité olympique a expliqué dans The Guardian : « Nous travaillons avec nos partenaires de Rio sur des mesures pour faire face aux mares d’eau stagnante autour des sites olympiques, où les moustiques se reproduisent, pour minimiser le risque que les visiteurs entrent en contact avec eux. »

     

    Certes, les Jeux auront lieu pendant la saison d’hiver au Brésil, lorsque les moustiques sont moins actifs et le risque de piqûres moins important. Les maladies liées aux moustiques déclinent pendant les mois d’hiver, de juillet à septembre, mais Amir Attaran souligne que Rio n’a aucune expérience d’un hiver avec le Zika. Le Zika est proche de la dengue, également transmise par le moustique Aedes aegypti ; il est possible que la transmission décline dans l’hiver, mais qu’elle ne disparaisse pas, comme c’est le cas avec la dengue. En plus, la dengue est particulièrement présente cette année à Rio : 8.133 cas dans le premier trimestre de 2016 contre 1.285 l’an passé. Pourtant la mobilisation pour lutter contre les moustiques est exceptionnelle.

     

    De plus, Amir Attaran rappelle que la souche brésilienne du Zika semble différente et plus dangereuse que le « vieux » Zika découvert il y a près de 70 ans. Par exemple, dans Rio, une étude récente montre que, chez les femmes qui ont eu le Zika pendant leur grossesse, des anomalies fœtales sont détectées chez 29 % d’entre elles. Les microcéphalies enregistrées au Brésil semblent particulièrement sévères.

     

    L’arrivée en masse des athlètes et des visiteurs à Rio, en provenance du monde entier, pourrait faciliter la transmission du virus dans des pays qui ne sont pas encore touchés. Pour le professeur de santé publique, des pays comme le Nigeria, l’Inde ou l’Indonésie ne disposent pas des ressources du Brésil pour combattre le Zika. Amir Attaran souligne qu’en 1976 les Jeux olympiques d’hiver ont été déplacés en Autriche, à cause de problèmes économiques dans la ville où ils avaient été attribués (Denver). Il suggère que des villes comme Londres, Pékin, Athènes ou Sydney qui possèdent déjà les infrastructures olympiques accueillent des épreuves sportives.

     

    À découvrir en vidéo autour de ce sujet :


    Avec le développement considérable du transport aérien, on pourrait penser que le risque de contamination planétaire par une maladie est élevé. Nous avons rencontré Jean-François Saluzzo, virologiste auprès de l’OMS, afin qu’il nous parle du phénomène de pandémie.

    Médecine:  Zika : selon un expert, il faut déplacer les JO de Rio + vidéo

     

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    Des champignons hallucinogènes pour

    combattre la dépression ?

     

    La psilocybine, une substance contenue dans certains champignons hallucinogènes, a donné de premiers résultats prometteurs sur une demi-douzaine de malades atteints de dépression résistant aux traitements.

     

     
     

    Étudiée depuis les années 1950, la psilocybine, la substance active de certains champignons hallucinogènes, entraîne des effets durables de bien-être psychique et de plénitude. Elle a été testée sur 12 patients souffrant de dépression ; les résultats montrent des améliorations de leur état. © elbud, shutterstock.com

    Étudiée depuis les années 1950, la psilocybine, la substance active de certains champignons hallucinogènes, entraîne des effets durables de bien-être psychique et de plénitude. Elle a été testée sur 12 patients souffrant de dépression ; les résultats montrent des améliorations de leur état. © elbud, shutterstock.com

     
     

    « C’est la première fois que la psilocybine a été testée dans le traitement potentiel des dépressions majeures », souligne le docteur Robin Carhart-Harris, de l’Imperial College de Londres qui a dirigé cette étude publiée dans la revue britannique The Lancet Psychiatry.

     

    La dépression est un problème majeur de santé publique qui touche des millions de personnes à travers le monde et qui, parfois, résiste aux traitements existants (médicaments antidépresseurs et psychothérapie). Selon les recherches, un patient sur cinq ne répond pas aux traitements actuels tandis que beaucoup de ceux qui voient leur état s’améliorer dans un premier temps font des rechutes par la suite.

     

    Les chercheurs ont commencé à étudier la psilocybine, la substance active de certains champignonshallucinogènes, dès les années 1950. En 2008, des scientifiques américains ont montré qu’elle entraînait des effets durables de bien-être psychique et de plénitude. Cela les a conduits à penser que l’hallucinogène pourrait aider certains malades souffrant d’anxiété face à un cancer ou à une dépression.

     

    Les chercheurs britanniques ont pour leur part testé la psilocybine sur 12 patients atteints de dépression modérée à sévère depuis plus de 15 ans en moyenne. Après un traitement de deux jours, les patients ont été suivis pendant trois mois. Selon eux, les effets psychédéliques ont été observés entre 30 et 60 minutes après la prise des gélules, avec un effet culminant deux à trois heures après. Une semaine plus tard, les 12 patients présentaient tous une amélioration et huit étaient en rémission. Au bout de trois mois, cinq étaient encore en rémission.

     

    La psilocybine contenue dans certains champignons hallucinogènes a montré des résultats encourageants chez certains patients souffrant de dépression. © gilaxia, istockphoto.com
    La psilocybine contenue dans certains champignons hallucinogènes a montré des résultats encourageants chez certains patients souffrant de dépression. © gilaxia, istockphoto.com

     

    La psilocybine a-t-elle des effets thérapeutiques ?

     

    Compte tenu du petit nombre de patients testés, les chercheurs avertissent qu’il ne faut pas tirer de conclusions « probantes » sur les effets thérapeutiques de la psilocybine mais que les recherches doivent se poursuivre.

     

    Le professeur David Nutt, qui a participé à l’étude, souligne que l’hallucinogène « cible les récepteurs de la sérotonine, comme la plupart des antidépresseurs actuellement disponibles, mais qu’il possède une structure chimique très différente et qu’il agit plus rapidement que ceux-ci ».

     

    Dans un commentaire joint à l’étude, le professeur Philip Cowen, de l’université d’Oxford, reconnaît que les résultats obtenus sur trois mois sont « prometteurs mais pas complètement convaincants ». Un autre spécialiste, Jonathan Flint, professeur de neurobiologie à l’université d’Oxford, estime de son côté qu’il est « impossible » d’affirmer à ce stade que la molécule est efficace sur la dépression.

     

    À découvrir en vidéo autour de ce sujet :


    La contrefaçon touche tous les secteurs, même celui des médicaments. Des copies imitent le nom et la forme des traitements existants mais ne contiennent pas de principe actif. Pire, certaines peuvent même être dangereuses. L’Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM) nous en parle durant cette vidéo.

     

    Médecine:  Des champignons hallucinogènes pour combattre la dépression ? + vidéo

     

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    Avancée montréalaise contre le cholestérol

     

     

    Un nouveau traitement pourrait réduire le risque de maladie cardiovasculaire de...

     

    Ma Presse

     

    Un nouveau traitement pourrait réduire le risque de maladie cardiovasculaire de milliers de Québécois, mais à quel prix ?

     

    Une nouvelle classe de médicaments miracles fait irruption en cardiologie. Les inhibiteurs de PCSK9 font des miracles pour abaisser le taux de cholestérol. Des milliers de Québécois souffrant d'hypercholestérolémie familiale pourraient enfin diminuer à un niveau acceptable leur risque de mourir d'une crise cardiaque. Mais ces médicaments coûtent cher, 7000 $ par année, contre 200 $ à 300 $ par année pour les statines généralement utilisées pour le cholestérol. Le coût au Québec pourrait atteindre des dizaines, voire des centaines de millions de dollars.

     

    « C'est une belle histoire montréalaise », explique Robert Dufour, directeur associé de la clinique de prévention cardiovasculaire à l'Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM). « C'est un chercheur de l'IRCM, Nabil Seidah, qui a découvert la PCSK9 en 2003. Par la suite, un groupe de Français ont communiqué avec lui parce qu'ils avaient trouvé une famille dont les membres avaient un taux de cholestérol élevé, mais n'avaient pas de problème avec les récepteurs de cholestérol comme on le voit souvent dans les cas d'hypercholestérolémie familiale. On s'est rendu compte que cette famille avait une mutation dans le gène de la PCSK9. »

     

    Cette découverte est importante au Québec parce que l'hypercholestérolémie familiale y est plus fréquente qu'ailleurs. Un Québécois sur 270 en souffre, contre un sur 500 dans le reste du monde, selon le Dr Dufour. « Et dans certaines régions comme au Saguenay, c'est une personne sur 80. »

     

    Les médicaments habituellement utilisés pour réduire le taux de cholestérol, les statines, ne sont pas toujours assez puissants pour l'hypercholestérolémie familiale, où les taux de cholestérol LDL peuvent dépasser 5 millimoles par litre, alors que la cible recommandée au Canada pour les patients à haut risque cardiovasculaire est de 2 mmol/L. De plus, plus de 10 % des patients sont intolérants aux statines, qui peuvent causer des problèmes musculaires ou tout simplement ne pas fonctionner.

     

     

    DEUX MÉDICAMENTS APPROUVÉS

     

    Deux inhibiteurs de PCSK9 ont été approuvés par Santé Canada : Praluen de Regeneron/Sanofi et Repatha d'Amgen. Un troisième, de Pfizer, s'en vient. « Santé Canada a accepté les inhibiteurs de PCSK9 pour l'hypercholestérolémie familiale et pour les patients chez qui les statines ne permettent pas d'abaisser suffisamment le taux de cholestérol », explique Jean Bergeron, chef du service de lipidologie au Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ), qui a participé à plusieurs études sur la question.

     

    «Mais aucun seuil de cholestérol LDL n'a été précisé. Il va revenir à chaque province de fixer ses propres critères en fonction de sa capacité de payer.

     

    Jean Bergeron,
    chef du service de lipidologie au CHUQ

    Les cardiologues québécois attendent avec impatience de voir si l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux du Québec (INESSS) recommandera le remboursement des inhibiteurs de PCSK9 pour d'autres patients que ceux qui souffrent d'hypercholestérolémie familiale. Selon le Dr Bergeron, la RAMQ accepte déjà de couvrir ce coût.

     

    « J'ai l'impression que les gouvernements vont attendre les prochaines grosses études cliniques » pour étendre l'utilisation au-delà de l'hypercholestérolémie familiale, estime Jean Grégoire, de l'Institut de cardiologie de Montréal, qui est coprésident des lignes directrices sur l'antilipidémie de la Société canadienne de cardiologie. « Jusqu'à ce jour, on n'a pas de preuve de l'impact de cette classe de médicaments sur la réduction des événements cardiovasculaires. »

     

    COÛTS POTENTIELS ÉLEVÉS

     

    L'inquiétude est toutefois palpable. Si les inhibiteurs de PCSK9 sont limités à l'hypercholestérolémie familiale, aussi peu qu'un millier de patients pourraient y avoir droit au Québec, selon le Dr Bergeron. Le coût serait donc de 7 millions. Mais la Sun Life, dans un document publié l'an dernier intitulé « Nouvelles thérapies contre le cholestérol - votre assurance-médicaments est-elle prête », chiffrait à 250 millions le coût potentiel au Canada, et 2,5 milliards en 2026. Aux États-Unis, les pharmacies CVS ont avancé l'an dernier, sur le blogue CVS Health, que les coûts pourraient atteindre 200 milliards US.

     

    Il faut dire que Sanofi n'a été particulièrement rassurante : son directeur de la R & D, Elias Zerhouni, a affirmé en 2015 à Bloomberg Businessweek que 6 millions d'Américains pourraient prendre l'inhibiteur de PCSK9, 10 à 30 fois plus que les cas d'hypercholestérolémie familiale. Un cardiologue de l'Institut de cardiologie, Martin Juneau, a envoyé à La Presse une présentation d'un influent cardiologue américain, Michael Davidson de l'Université de Chicago, où le Dr Davidson propose que tous les patients intolérants aux statines reçoivent des inhibiteurs de PCSK9, quel que soit leur risque cardiovasculaire.

     

    « Le Dr Davidson est un expert des lipides que je respecte, mais je préconise une utilisation plus sélective » des inhibiteurs de PCSK9, commente Steven Nissen, un cardiologue de la Clinique de Cleveland, en Ohio, qui a mené plusieurs études cliniques importantes sur les inhibiteurs de PCSK9, dont la dernière a été publiée en avril dans le Journal de l'Association médicale américaine (JAMA). « Pour moi, ce devrait être limité aux cas d'hypercholestorémie familiale ne pouvant être traités avec les statines. »

     

    L'étude du JAMA était accompagnée d'un éditorial prévoyant que d'autres études cliniques, qui se termineront d'ici deux ans, occasionneront un débat sur l'utilisation des inhibiteurs de PCSK9 pour tous les patients intolérants aux statines.

     

    Le débat risque d'être compliqué par la tendance générale à l'abaissement des cibles de cholestérol LDL. « Il y a plusieurs années, le seuil était de 2,5, dit le Dr Bergeron, du CHUQ. Là on est à 2. Il y a des études qui montrent des bénéfices à 1,4-1,5. Pour caricaturer, faudra-t-il se rendre à zéro ? »

     

    L'abc des inhibiteurs de PCSK9

     

    La proprotéine convertase subtilisine/kexine de type 9 (PCSK9) est une enzyme circulant dans le sang qui interagit avec les récepteurs du cholestérol, des protéines éliminant le cholestérol du sang. Si la PCSK9 est trop active, ces récepteurs ne font pas leur travail et le taux de cholestérol sanguin est élevé. Les inhibiteurs de PCSK9, qui rétablissent le bon fonctionnement de ces récepteurs, diminuant le taux de cholestérol, sont des « anticorps monoclonaux », une nouvelle classe de médicaments plus ciblés mais souvent cher, avec des coûts pouvant atteindre des dizaines de milliers de dollars.

     

    Coûts annuels

    Traitement aux statines: 200 à 300 $

    Traitement aux inhibiteurs de PCSK9: 7000 $

     

    Dépenses annuelles projetées au Canada

     

    Si les inhibiteurs de PCSK9 sont réservés aux patients souffrant d'hypercholestérolémie familiale prenant des statines et n'atteignant pas les cibles de cholestérol: 140 millions $

     

    Si tous les patients prenant des statines et n'atteignant pas les cibles de cholestérol reçoivent des inhibiteurs de PCSK9: 5,6 milliards $

     

    Note : Ces montants ont été calculés à partir de données populationnelles américaines et du coût des inhibiteurs de PCSK9

     

    Sources : Statistique Canada, CVS Health, Bloomberg Businessweek, Nature Biotechnology, Centre hospitalier de l'Université Laval, Institut de cardiologie de Montréal, IRCM

     

     

     

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    Virus Zika : un test de dépistage

    bientôt disponible

     

    Des chercheurs de Harvard ont mis au point un test de dépistage du virus Zika qui pourrait être disponible d’ici quelques mois. Il utilise des échantillons de sang et de salive et présente comme avantage d’être simple, efficace et peu coûteux.

     
     

    Des tests de dépistage du virus Zika existent déjà, mais ils le confondent parfois avec celui de la dengue ou du Nil occidental. © Jarun Ontakrai, Shutterstock

    Des tests de dépistage du virus Zika existent déjà, mais ils le confondent parfois avec celui de la dengue ou du Nil occidental. © Jarun Ontakrai, Shutterstock

     
     

    L'absence d'un test standard de dépistage du virus Zika (qui peut provoquer des malformations sur les fœtus) empêchait jusqu'à présent de mieux comprendre et contrer l'épidémie, selon les experts en santé publique.

     

    Un nouveau test de dépistage vient d'être mis au point. Il permet de détecter le virus « à des concentrations beaucoup plus faibles qu'auparavant », fait valoir dans son étude le Wyss Institute for Biologically Inspired Engineering de Harvard. Il a fonctionné sur des singes et pourrait coûter seulement un dollar par patient, selon les travaux publiés dans le journal Cell.

     

    Ce nouvel outil de diagnostic, qui peut être lyophilisé et stocké pendant un an, montre ses résultats « par un simple changement de couleur, si bien que même un œil peu entraîné peut facilement savoir si le virus Zika est présent ou non dans l'échantillon », selon les chercheurs.

     

    Les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont déjà approuvé deux tests, le Zika Mac-Elisa et le Trioplex Real-Time RT-PCR Assay. Cependant, ils sont compliqués à établir et confondent parfois Zika avec des virus similaires, comme celui du Nil occidental ou de la dengue. Le nouveau test pourrait être disponible dans les prochains mois et améliorera les dépistages actuels qui nécessitent des équipements spécialisés, disponibles seulement en zones urbaines.

     

    Le virus Zika est lié à la microcéphalie chez les nouveau-nés
    Le virus Zika est lié à la microcéphalie chez les nouveau-nés.© idé

     

    L'action du virus Zika sur le cerveau

     

    Une autre étude a par ailleurs révélé comment le virus attaquait le cerveau, détruisant ses cellules et provoquant la naissance de bébés avec des petites têtes, une maladie connue sous le nom de microcéphalie. Publiés dans le journal Cell Stem Cell, ces travaux ont été effectués par des scientifiques de l'école de médecine de l'université de San Diego (Californie, États-Unis).

     

    Ils ont trouvé que Zika activait dans le cerveau un récepteur immunitaire nommé TLR3. « Nous avons tous un système immunitaire qui lutte spécifiquement contre le virus, mais là le virus retourne ce mécanisme de défense contre nous », explique Tariq Rana, professeur de pédiatrie à cette école de médecine et principal auteur de l'étude.

    « En activant les récepteurs TLR3, le virus Zika bloque les gènes qui disent aux cellules souchesde se développer dans les diverses parties du cerveau », ajoute-t-il. « La bonne nouvelle c'est que nous avons des inhibiteurs TLR3 qui peuvent empêcher cela. » Davantage de recherches seront cependant nécessaires pour voir comment ce dernier mécanisme peut être utilisé pour empêcher les malformations du cerveau.

     

    À découvrir en vidéo autour de ce sujet :


    Le virus Ebola, qui peut infecter à la fois les Hommes et d'autres mammifères, est responsable d'épidémies chez l'Homme. Malheureusement, la maladie est fréquemment mortelle, c’est pourquoi l’Institut Pasteur travaille sur des solutions. Jean-Claude Manuguerra, responsable de l’unité de recherche et d’expertise Environnement et risques infectieux, nous en parle durant cette vidéo.

     

    Médecine:  Virus Zika : un test de dépistage bientôt disponible + vidéo

     

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