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    La société secrète chinoise comme institution du contre pouvoir...

     

    Triades Etendard Hong 


    L'Etendard de la Triade Hong

    Depuis des millénaires, et encore probablement de nos jours, la société chinoise prend modèle sur l’ordre confucéen donc sur un pouvoir unique et très fortement hiérarchisé. 
    L’empereur, ou celui qui est à la tête de l’état, donc de cette pyramide soit disant monolithique, est le représentant du "Mandat Céleste" (Tian Ming), principe essentiel et absolu, sans lequel la Chine serait un vaste chaos éclaté en de multiples factions rivales et livré à toutes les turpitudes.

    C’est du moins toujours ce qui a été affirmé depuis l’Empereur Jaune, Qin Shihuangdi, fondateur de la dynastie Qin en 221 avant notre ère. Cette dynastie, Qin se prononçant Tchin, a donné son nom occidental actuel à la Chine... 
    Par la suite quelle que soit la couleur de l’empereur, ou de ses successeurs, rouge pour Mao et gris pour Deng, le principe demeure intangible. Il se matérialise dans une bureaucratie omniprésente et toute puissante qui se veut et se doit la courroie de transmission entre ce "Mandat Céleste, le dirigeant en place, et la multitude du "Peuple aux cheveux noirs", donc les Chinois.
    Rien ne peut être entrepris ni réalisé qui ne soit décidé ou autorisé par cette bureaucratie qui constitue donc un immense pouvoir d’encadrement et de contrôle des activités humaines de tout ordre : commerce, fiscalité, affaires militaires ou civiles, agriculture, justice, économie, religion, éducation, loisirs, rapports avec l’extérieur, rien ne doit et ne peut échapper à la sagacité des cohortes de fonctionnaires qui s’efforcent avant toute chose de conserver la cohésion de l’édifice.

    Cette cohésion se maintient grâce à deux facteurs apparemment contradictoires, l’interventionnisme et le conservatisme. Rien ne peut se faire sans qu’un ou plusieurs fonctionnaires interviennent mais cette intervention consiste principalement à vérifier que ce qui se fait ne met pas en cause l’ordre établi dans la société, reflet de l’ordre cosmique.
    Il convient donc avant tout de consentir à effectuer de multiples efforts pour que surtout rien ne change. 
    Dans ce contexte très particulier la société secrète chinoise représente donc, en tant que seule opposition cohérente, une institution à part entière. Son but essentiel est, en effet, d’opposer à ce mandat céleste (Tian Ming) une "rupture de mandat" (Ge Ming) qui, habituellement, se doit d’aboutir à une révolution.
    La très longue histoire de la Chine est donc émaillée de ces multiples "ruptures de mandat" occasionnées, avec plus ou moins de chance ou de réussite, par ces fameuses sociétés secrètes.

    Les romans populaires, souvent interdits par le pouvoir, comme les "Trois Royaumes", le "Voyage en Occident" ou "Au bord de l’Eau" ne cessent de s’y référer.

     

    Quelques sociétés secrètes qui révolutionnèrent la Chine...

     

    A coté des milliers de sociétés secrètes chinoises qui, justement, demeurèrent secrètes en agissant dans l’ombre, et parmi lesquelles on retrouve bon nombre de corporations, de guildes, de confrérie, desociété d’entraide on trouve quelques sociétés secrètes beaucoup moins discrètes qui modifièrent le cours de l’histoire de la Chine ou, du moins, firent parler d’elles d’un bout à l’autre de l’empire ou du monde.

     

    Depuis le second siècle de notre ère...

     

    Dès le second siècle de notre ère des praticiens taoïstes créent le Tianshi Dao (Tao des Maîtres Célestes), une organisation religieuse qui revendique la terre pour ceux qui la cultivent. Cela aboutit à la communauté des "Cinq Boisseaux de Riz" (Wudumi Dao). 
    Les biens de chacun étaient mis en commun et chaque famille devait fournir à la communauté cinq boisseaux de riz par an. De 190 à 215 cette communauté s’érigea en état dans le Sichuan et opéra une sécession de fait avec l’empire.

    Mao cita souvent cette communauté comme exemple bien qu’il poursuivit toujours avec acharnement les descendants des "Maîtres Célestes" et fit interdire les pratiques taoïstes. 
    A la même époque, sous les Han, d’autres taoïstes connus sous la dénomination de "Turbans Jaunes" créèrent le mouvement du Tao de la Paix Suprême (Tai Ping Dao).
    En 170 ce mouvement fut à l’origine du soulèvement de la plupart des provinces orientales. Il fut réprimé mais aboutit à la chute de la dynastie Han.

     

    La guerre de l’opium et les Tai Ping

     

    Peu après la guerre de l’opium (1840- 1842) Hong Xiuquan (Hong Sieou Tsiuan), à partir de la Société des Adorateurs de Dieu (Pai Chang Ti Houei) reprend le flambeau des Maîtres Célestes en lançant l’insurrection de la Grande Paix (Tai Ping). De 1850 à 1868 les Tai Ping, qui reprirent le nom des "Turbans Jaunes" firent vaciller le pouvoir impérial.
    Cette révolution coûta à la Chine plusieurs dizaines de millions de morts et ne fut matée que grâce à l’intervention des puissances occidentales, France et Grande Bretagne en particulier, qui mirent en place plusieurs corps expéditionnaires dont " l’Armée toujours victorieuse" dirigée successivement par, l’américain Frederick Townsend Ward, le français Henry Burgevine, l’anglais John Holland et l’écossais Charles Georges Gordon. 
    Ce dernier se rendit célèbre sous le nom de "Chinese Gordon" (Gordon le Chinois) et obtint de l’empereur lui-même le privilège de porter la tunique jaune et la toque à plume de paon des mandarins de premier rang, donc des conseillers qui pouvaient directement demander audience à l’empereur ainsi que le titre de Titou (général commandant d'armée ).
    Par la suite il se rendit encore célèbre, sous le nom cette fois-ci de Gordon Pacha, en défendant Khartoum où il fut tué en 1885.

     

    Sociétés secrètes en Indochine et menées antifrançaises... 
    Les Pavillons Noirs...

     

    Les derniers Tai Ping ayant échappé au massacre se réfugient dans la région de Canton où ils créent le mouvement des "Pavillons Blancs" et en Indochine ou ils se nomment alors "Pavillons Noirs".

    Ces "Pavillons noirs" regroupent alors diverses sociétés secrètes vietnamiennes comme les Nghia Hoa (Justice et Concorde), le Thien-dia-hoi (Société du Ciel et de la Terre), le Luong-huu-hoi (Société des Amis) et le Nhon-hoa-duong (Groupe de Vertu et d’Equité) et entrent en rébellion ouverte contre les Français.
    Cette révolte des Pavillons noirs durera jusqu’en 1916 et se terminera, le 14 février, une semaine jour pour jour avant l’attaque allemande sur Verdun, par l’assaut contre la prison de Saigon. La plupart des meneurs seront tués, les autres capturés et déportés.

    Plusieurs sociétés secrètes vietnamiennes dont le Phat-te (société pour la distribution des secours) continueront le combat contre les français puis les américains, jusqu’à l’indépendance.
    Ces sociétés seront, ensuite, contraintes de s’expatrier dans la diaspora vietnamienne.

     

    Le Lotus Blanc et le premier empereur Ming...

     

    Toujours en Chine, la société du Lotus Blanc (Bailian Jiao) créée au XII e siècle en réaction contre l’occupation mongole des Yuan (1277 1368) et originellement composée d’une trilogie légendaire comprenant un patriarche bouddhiste, un maître initié taoïste et un poète ne cessa d’entretenir des révoltes contre l’envahisseur. 
    A tel point que le général Zhu Yuanzhang, d’origine paysanne mais issu du "Lotus Blanc", monte sur le trône et fonde la dynastie des Ming en 1368.

    Le caractère Ming, composé des caractères Soleil et Lune signifie"clarté", "illumination" et demeurera un des signes de ralliement des sociétés secrètes. Il demeure toujours présent dans le salut des pratiquants de Kung-fu Wushu (art chevaleresque ou "martial" chinois) lorsque le poing et la paume se rejoignent.
    La paume représente le Yin de la lune et le poing le Yang du soleil. Les quatre doigts étendus de la main gauche signifient l’adage bien connu des sociétés secrètes "Entre les quatre mers tous les braves sont frères".

    Le "Lotus blanc" sera, par la suite, à l’origine de multiples autres sociétés secrètes dont les fameuses Triades qui, à leur tour, lutteront sans fin contre l’envahisseur étranger.

     

    Les Corps de Justice et de Concorde ou la révolte des Boxeurs

    L’un des mouvements les plus significatifs de cette descendance est celui des Yi Ho Tuan (Corps de la Justice et de la Concorde) qui, à l’origine se nommait "Poing de la Justice et de la Concorde" (Yi Ho Quan) et se composait, comme son nom l’indique de plusieurs sociétés secrètes basées sur le pratique de l’ "Art du Poing" (Quan Fa)... c’est à dire de la Boxe Chinoise plus communément connue sous le terme de "Kung-Fu Wushu" (Réalisation dans l’Art de la Bravoure).


    Ce qui valut à ce mouvement la dénomination plus occidentale de "Révolte des Boxeurs " - ou Boxers dans sa transcription anglo-saxonne à la mode de l’époque - donc des pratiquants de boxe. On y retrouvait donc :


    la Société des Grands Sabres (Dadao Hui), 
    la Société des Huit Trigrammes (Bagua Jiao) pratiquant la "Boxe" du même nom, 
    le Baguazhang (Paume des Huit Trigrammes), 
    les Poings de la Justice et de la Concorde (Yi He Quan) réputés pour leur maîtrise du Style de Saholin (Shaolinji Jia),
    la Société du Petit Couteau (Xiao Dao Hui) pratiquant les Styles du Nord (Peijia),
    la Société de l’Elixir d’Or (Jin Dan Hui) axée sur les pratiques du Daoyin et du Taijiquan ainsi que sur la magie.
    L'Ecole du Meihuazhang (Pieu de la Fleur de Prunier) a participé à cette révolte et fourni des effectifs nin négligeables.

    A l’origine les Yi Ho Tuan s’étaient donné pour but de "Renverser les Qing et de rétablir les Ming" (Fan Qing Fu Ming)... donc de chasser les Mandchous pour rendre le trône impérial à un empereur chinois. 
    Habilement manipulés par l’impératrice Cixi (Tseu Hi) et le Prince Duan, ils se retournèrent en fait contre les envahisseurs occidentaux et japonais et entreprirent le siège des légations à Pékin en 1900. 
    Les puissances mises en cause bombardèrent Pékin et envoyèrent un corps expéditionnaire qui écrasa le mouvement et contraignit l’impératrice à de nouveaux traités inégaux, exigeant une fabuleuse rançon en or qui mit la Chine à genou pour de longues années. Le vingtième siècle commençait bien.

     

    Sun Yat-Sen le premier président de la République Chinoise et le Société des Aînés et des anciens...

    Ce que l’on sait moins, par contre, est que le fondateur de la République de Chine, Sun Yat Sen était lui-même issu d’une société secrète la Société des Aînés et des Anciens (Ge Lao Hui) et plus particulièrement de la Loge de la Ligue Jurée (Tong Men Hui) qu’il mit largement à contribution pour conquérir le pouvoir en 1911.
    Son "modèle de gouvernement" fut calqué sur le fonctionnement de cette société. En 1912 il fut évincé du pouvoir par le génèral Yuan Shi-Kai qui, confucianiste acharné, n’avait pas de mots trop durs pour fustiger ces sociétés : Sectes vicieuses (Xie Jiao), sectes obscènes (Yin Jiao), pseudo religions (Wei Jia), sectes perverses (Yao Jiao), brigands sectaires (Jiao Fei), associations de brigangs (Hui Fei), tortues puantes (Fang Gui) etc étaient ses qualificatifs les plus poétiques pour les désigner.

    En 1914 la Chine fut encore secouée par le mouvement "Le loup blanc recrute" (Bai Lang Zhao Liang)qui se heurta aux troupes de Yuan Shi-Kai ce qui causa encore des millions de morts dans les provinces du Nord-ouest.

     

    Mao et les Piques Rouges...

     

    Malgré la répression, ou peut-être à cause d’elle, les sociétés secrètes jouèrent un rôle très important dans l’instauration du nouveau régime dont Mao fut, comme l’iceberg, la partie la plus visible.
    De nombreux dirigeants communistes comme Zhude (Chuh Teh), la "Vertu Rouge", le chef de guerre de Mao; Wu Yuchang; He Long, Li Da Zhao, un des fondateurs du marxisme chinois, étaient issus de la Société des Aînés et des Anciens (Ge Lao Hui) et rallièrent d’autres sociétés secrètes à la cause révolutionnaire... un célèbre discours de Mao du 12 juillet 1936 se terminait ainsi " Faisons renaître l’ancien esprit révolutionnaire des Ainés et des Anciens. Nous désirons accueillir avec enthousiasme les chefs de toutes les "Loges de la Montagne" (les sociétés secrètes). Que les frères des quatre points cardinaux nous envoient des représentants pour réaliser avec nous notre projet de sauver le pays. Que les Aînés et les Anciens et tout le peuple chinois s’unissent pour abattre le Japon et sauver le Chine. Longue vie à la libération nationale chinoise !".

    On ne saurait être plus explicite. De nombreuses sociétés secrètes rejoignirent le mouvement révolutionnaire...


    Le Tao de l’Unité fondamentale, qui se lisait aussi Voie de l’Unité Foncière (Yiguandao) qui représentait près de 30% de la population du Sichuan, mais également les sociétés descendant directement du mouvement des Yi Ho Tuan (Boxeurs) comme les Piques Rouges (Hong Jiang), les Epées rouges (Hong Jian), le Poing Rouge (Hong Quan) qui donnèrent à l’armée rouge son nom ainsi que de nombreux cadres.


    Qu’on le veuille ou non, sans les sociétés secrètes Mao n’aurait jamais pu prendre le pouvoir.

    Et qu'on le veuille ou non, également, une fois au pouvoir il a réussi à s'en débarrasser et à en débarasser la RPC.

    Avec le retour du capitalisme sauvage et un peu avec l'exemple de la Russie ces sociétés secrètes semblent à nouveau vouloir occupper le terrain tant dans les mégalopoles, dans le milieu des nouveaux milliardaires, que dans les campagnes où elles profitent de l'exaspération des couches sociales défavorisées.

     

    Le Guo Min Tang de Taiwan et les sociétés secrètes qui retournent leur veste...

     

    En face, les Japonais utilisèrent également les services de quelques sociétés secrètes comme la Société Hong des Cinq Continents (Wuzhu Hong Men) ou le Dragon Noir (Hei Long).

    Par la suite, jugeant avoir été trompées plusieurs des sociétés secrètes qui avaient amené Mao au pouvoir se tournèrent vers le Guo Min Dang de Taiwan.

    La Bande Verte (Qing Bang) puis le Yiguandao changèrent donc de camp peu de temps après la "libération" (Jiefang) et furent suivies du Grand Couteau (Daidao), des Lampes Rouges (Hong Gang), du Nuage Blanc (Baiyun Jiao), de la Dame au Boisseau (Doumutan) qui s’installèrent à Taiwan et dans la diaspora.

    Cela permit assez rapidement à la République Populaire de Chine de "dénoncer la collusion évidente entre les groupes contre-révolutionnaires liés au Guo Min Dang de Taiwan et certaines sectes antisociales et crapuleuses issues des anciennes sociétés secrètes".
    (Journal du Yangzi - Chang Jiang Bao du 15 mars 1952).

     

    Et quelques autres "Sectes" plus actuelles encore...

     

    La résurgence actuelle des "sectes" comme la "Réalisation du Centre" (Zhong Gong) créée par un ancien métallo, Zhang Hongbao ou la "Roue du Dharma" (Falungong ou Falun Dafa ) comptant déjà des dizaines de millions d’adeptes procède, simplement, de cette longue tradition d’opposition par principe au pouvoir.

    Ceci est d’autant plus significatif que le terme chinois Jiao désigne tant une société secrète qu’un secte ou, tout simplement, un mouvement sinon une association de fait.


    Il serait donc tout à fait possible de parler de la "secte" bouddhiste (Fojiao) ou de la "secte" taoïste (Daojiao) alors qu’il s’agit tout simplement du "mouvement" bouddhiste dans son ensemble ou du "mouvement" taoïste en tant que religion !

    Pour être plus précis encore et plus direct il convient de signaler que le catholicisme se nomme en Chine Tianzhujiao, littéralement le "mouvement", ou la "secte", du Seigneur du Ciel...


    Le Pape, comme le Dalaï Lama, ne sont donc, étymologiquement et suivant le dictionnaire utilisé par les sinologues, que des dirigeants, des patrons de "sectes" (Jiao).

     

    Une "Société" significative : la Triade

     

    C’est probablement grâce à Fu Mandchou et Bob Morane la plus connue des sociétés secrètes chinoises.
    Il s’agit, en fait de la "Société du Ciel et de la Terre" (Tian Di Hui) mais qui pouvait également, suivant les circonstances, se nommer encore "Trois Eléments Réunis" (San He Hui), "Société des Trois Points" (San Dian Hui), "Porte de Hong" (Hong Men), "Famille Hong" (Hong Jia) - qui en cantonnais se lit Hung Gar, nom générique d’un fameux style du Sud de l’Art du Poing issu du Temple de Shaolin -, "Bande de Hong" ou "Bande Rouge" (Hong Bang).


    Ces trois derniers noms démontrant l’attachement de cette société à la dynastie Ming et à son fondateur, un certain général Zhu Yuanzhang, dont le nom de règne fut Hong Wu, ce qui peut se traduire par le "Brave" ou le "Martial" sinon le "chevaleresque" Hong, sinon le "Guerrier Rouge".

    Il était issu des rangs de la Société du Lotus Blanc (Bailian Jiao) l’une des plus anciennes sociétés secrètes avec les Tai Ping.


    La légende raconte qu’il fut instruit au fameux Monastère de Shaolin dans le Hunan, près de Luoyang, qui fut le monastère qui reçut Boddhidharma, l’Illuminé, descendant du Bouddha et qui fut à l’origine profonde du Dhyana, donc du Channa et du Zenna, donc du Dhyan, du Chan et du Zen, excusez du peu !


    Le Chan et le Zen. Shaolin est donc considéré à la fois comme le berceau du Chan, donc du Zen, et des arts "martiaux" d’obédience bouddhiste.

    Lorsque le Maître Funakoshi, à partir d’Okinawa introduisit le Karaté au Japon, il fit publier le plan du Temple de Shaolin comme preuve de sa bonne foi. Son école, le Shotokan est toujours la plus pratiquée dans le monde et en France.


    Cette précision permet de situer d’entrer les rapports complexes existant en Chine, et par la suite au Japon, entre la philosophie, la religion, les arts "martiaux" et les sociétés secrètes.


    Les membres de la Triade se définissaient comme " Une confrérie éternelle net immortelle dont les frères naissent et meurent ensemble dans le respect des forces de la terre et de l’énergie céleste".

    On retrouve donc bien la triade Terre/Homme/Ciel chère à René Guénon !
    Le serment juré de la Triade, que l’on signait avec son sang est encore plus explicite

    Le Serment de la Triade :

    Il fut dévoilé par le Congrès d’Etude Chinoise de Leeds en Juillet 1965 dont le thème principal fut les société secrètes...

     

    Triade cité des saules
    Certificat d'appartenance à la Triade "Hong"

     

    "Pourquoi désirez-vous entrer à la Triade ?"
    "Afin de devenir un nouvel adepte au cœur d’airain qui désire être admis dans la Société du Ciel et de la Terre".

    "Comment pouvez-vous le prouver ?"
    "Par un quatrain qui dit : le cœur des évènements est encore brillant (Ming) car le soleil et la lune sont plein d’harmonie (salut avec le poing et la paume).

    L’Univers s’étend au delà de ses quatre mers (étendre les quatre doigts de la main gauche) et reçoit les trois rivières (abaisser l’auriculaire de manière à ce que trois doigts seuls soient étendus). 
    Dans cette unité (abaisser les trois doigts étendus et relever le pouce) tous les braves sont frères (Frapper le poing et la paume).
    Nous avons décidé de soutenir et protéger le trône de Zhu (premier empereur Ming) et de l’aider de toute notre puissance humaine."

     

    Triade cité des Saules
    Triade plan symbolique de la "Cité des Saules"

     

    "Pourquoi désirez-vous tant être reçu dans la Société du Ciel et de la Terre ?"
    "Pour renverser l’usurpateur Qing (le mandchou) et restaurer le Ming."

    "Comment pouvez-vous le prouver ?"
    "Par un autre quatrain. Nous devons rétablir l’origine du Ciel Antérieur et examiner les principes de l’ancienne écriture. 

    Le Qing s’est emparé de notre bien. Nous rétablirons le Ming en nous conformant aux instructions du Ciel. 
    Nous nous soulèverons par un beau clair de lune et élèverons les Cinq Bannières de la Chine qui balaieront les treize bannières mandchoues."

    "Quelles sont ces Cinq Bannières ?"
    "Au Nord est le Guerrier Tortue Noir, à l’Est est le Dragon Vert, au Sud le Phénix Rouge, à l’Ouest le Tigre Blanc et au centre la bannière impériale Jaune de Wang".

     

    Triade Autel de rituel


    Triade : l'autel du rituel Hong

    "Comment avec vous acquis votre expérience de l’art du combat (Wushu) ?"
    "Au Monastère de Shaolin j’ai appris l’art du Poing des Cinq Clans, le Hongjia (Hung Gar) ; le Tsaijia (Choi Gar) ; le Lijia (Li Gar) ; le Mojia (Mo Gar) et le Liujia (Lui Gar).

    Ce sont les frères Hong qui ont eu le dernier mot." 
    (Noms des principales écoles du poing issues du Shaolin du Sud... il est à noter que Hung Gar est toujours en bonne place. Il y a quelques années le Patriarche de ce style à Hong Kong a du se retirer officiellement et laisser sa place... en raison de ses activités au sein d’une société secrète très connue... Son successeur a été personnellement décoré par la Reine en raisons de "services rendus" à la Couronne Britannique.)

     

    "Comment pouvez-vous conclure ?"
    "Nous saluons le Ciel comme notre Père, la Terre comme notre Mère, le Soleil comme notre Frère, la Lune comme notre Sœur. Nous adorons l’autel des Cinq Ancêtres.

    Toute la famille de Hong est pour nous comme les parents vénérés d’un même sang.
    Nous jurons enfin de ne dévoiler nos rapports en aucune façon de ne jamais indiquer par quelque signe de doigt que nous connaissons la Triade.
    Si nous manquions à ce serment puissions nous être déchirés en mille menus morceaux et jetés aux chiens."

    Triade certificat de paiement
    Triade Hong : cerfificat de paiement

     

     

    Les Sociétés d’entraide en Chine...

    Il est toujours très difficile pour un occidental, et probablement pour un chinois et les autorités chinoises, d’opérer une franche distinction entre société secrète par essence subversive et société d’entraide... ou confrérie ( Tong ou Tang).

    Tout le monde sait, par contre, que ce système d’entraide fonctionne depuis des millénaires puisqu’il n’existe officiellement ni caisse de retraite ni sécurité sociale.
    Les individus ont donc toujours eu tendance à se regrouper au sein de très puissantes corporations qui jouent à la fois le rôle de syndicat, de société d’assurance, de conseil juridique et financier, d’agence matrimoniale, de banque privée et de société de protection.

    Le fameux système de la "tontine" qui consiste à jouer, chaque mois, le montant des pourboires laissés aux serveurs des restaurants et l’une des institutions gérées par ces "confréries".


    Chacun, du patron au plongeur en passant par la caissière peut ainsi gagner une somme confortable puisque le jeu peut regrouper plusieurs restaurants... ou plusieurs dizaines ou plus de restaurants, au bout de deux ou trois "gains" il est fort possible d’envisager l’ouverture d’un nouveau restaurant. La différence sera prêtée au taux légal le plus bas par la "confrérie", à condition que le restaurant accepte de se fournir exclusivement chez un "honorable commerçant" également "membre" de la "confrérie".


    Qui dit confrérie dit confrères et probablement frères.

    Heu, en chinois confrérie se dit "Tang" !

    Cela explique des réussites exceptionnelles caractéristiques à la communauté chinoise et par extension asiatique.
    "Quand la marée monte les gros bateaux montent... et les petits aussi" a-ton coutume de dire.

    Ce fait particulier explique également la richesse de certaines "Associations" (Hui) qui possèdent des sièges dont la façade est en marbre et en bronze.

    Elles gèrent, bénévolement, les avoirs de centaines de membres qui leur font une totale confiance et pour cause.


    De la naissance au mariage jusqu’à la mort en passant par la vie professionnelle et familiale sinon des loisirs, ces "Sociétés" interviennent pour que le modeste individu d’origine chinoise ne se sente jamais isolé.

    Elles favorisent également le "petit commerce" et ce n’est un secret pour personne de savoir que le Chinatown du 13eme réalise pendant la fin de semaine un chiffre d’affaire identique aux Champs Elysées et grands boulevards réunis.


    La différence fondamentale est que dans le Chinatown du 13eme les agressions contre les biens et les personnes sont extrêmement rares voire totalement inexistantes.

    La police se demande pourquoi.


    Les quelques zonards qui se sont retrouvés badigeonnés de mercurochrome de la tête aux pieds savent pourquoi.

    Lorsqu’ils reviennent désormais au restaurant chinois on leur offre l’apéritif et le patron vient leur serrer la main.

    Tout est pour le mieux entre Terre et Ciel.

    A Belleville le problème est différent puisque les Asiatiques sont, au sein du quartier, en minorité par rapport à d'autres communautés.

    Il est probable que la communauté asiatique de Belleville en recherchant une meilleure intégration ait peu à peu abandonné les repères traditionnels et l'attache à ces fameuses et anciennes sociétés d'entraide jugées trop "chinoises" voire archaïques ou anachroniques et, ce faisant, ait peut-être un peu trop fait confiance aux instances officielles.

    Perdant une protection de terrain elles ont été victimes de rackets, d'agressions, de vols répétés, de menaces et d'intimidations que les pouvoirs publics ont du mal à faire cesser.

     

     

     

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    Ku Klux Klan

     

    De 1865 à nos jours, le Ku Klux Klan a provoqué la mort de plus d’une dizaine de milliers de personnes.
    Essentiellement racistes, les hommes du Ku Klux Klan organisent, au XIXe siècle et jusqu’à la moitié du XXe siècle, des exécutions avec de macabres mises en scène.
    De nos jours, les hommes du KKK se mêlent volontiers à des groupuscules paramilitaires d’inspiration néonazie.

    En juin 2005, un procès mettant en cause un ex-membre du Ku Klux Klan s’est déroulé aux Etats-Unis. Cet homme a été inculpé de plusieurs meurtres qui ont inspiré le film Mississippi Burning sorti en 1989. Le film retrace le meurtre de trois activistes des Droits Civiques tués en 1963 alors que le droit de vote pour les Noirs venait d'être voté.

    L’histoire du Ku Klux Klan

     

    Né à la fin de la guerre de Sécession, le Ku Klux Klan émerge à cause de la défaite et de l’humiliation des Etats du Sud.

    Cependant, cette histoire commence avec une mauvaise farce d’anciens officiers sudistes désoeuvrés. Un soir de Noël 1865, dans le Tennessee, des vétérans fondent une association de frères d’armes dont le nom, reprend le grec « kuklos » (cercle) associé au latin « lux » (lumière).

    Lors de ces chevauchées nocturnes, ces hommes parcourent la ville de Pulaski, affublés de draps blancs et de cagoules pointues.
    Fondamentalement racistes, les cavaliers-fantômes veulent effrayer les populations noires, accusées d’être responsables de la défaite comme de la crise économique.

    Ku Klux Klan

    Dessin du KKK paru dans le Harper's Weekly en 1874Licence

     

    Très vite, les cavalcades macabres sont imitées dans de nombreuses villes d’Alabama, de Georgie ou du Mississippi.

    Les clansmen multiplient les expéditions punitives, les pillages et les vengeances privées au nom de la supériorité de la race blanche.

    En quelques années, le Ku Klux Klan rassemble près de 500 000 membres.

    Ku Klux Klan

    Le symbole du KKK: une croix enflammée. © dinosoria.com

     

    Face aux grandes vagues d’immigrations qui arrivent d’Europe au XXe siècle, les membres du KKK s’en prennent ensuite aux catholiques, aux Juifs, aux homosexuels, aux alcooliques ainsi qu’aux « femmes immorales ». 
    En fait, le Ku Klux Klan s’en prend à tous ceux qui ne partagent pas leurs idées, leur religion et n’ont pas la même couleur de peau.

    En 1871, le Sénat met le KKK hors la loi. C’est une première page du Ku Klux Klan qui est tournée.

     Le Ku Klux Klan fait régner la terreur

    Dès 1866, on peut assister à des défilés nocturnes à cheval. Les hommes sont vêtus de blanc, portant de longues tuniques et des cagoules qui dissimulent leur visage.

    Arborant d’immenses crucifix, les membres du KKK pourchassent les hommes de couleur. Ils n’hésitent pas à torturer leurs victimes avant de les tuer : flagellation, émasculation, éventration de femmes enceintes, pendaison.
    Ils allument des bûchers et brûlent les victimes vivantes.

    Ku Klux Klan

    Gravure du Petit journal illustré sur les exactions du Ku Klux Klan

     

    Ces tortionnaires sont de vénérables notables dans la journée. Ils constituent l’élite des villes du Sud.
    Mais, la nuit, ils se transforment en bêtes sauvages.

    En 1871, 297 Noirs sont lynchés à la Nouvelle-Orléans et 200 dans le Mississippi.

    Au total, entre 1866 et 1914, 4 600 personnes, des Noirs en majorité, sont victimes de ces expéditions nocturnes.

     

    Le Ku Klux Klan plus fort que jamais

    De 1871 à 1915, bien que toujours actif, le KKK fait peu parler de lui. C’est un ancien prédicateur méthodiste, le révérend William Joseph Simmons, qui va le faire renaître de ses cendres.

    En 1915, bénéficiant de l’engouement du film « La Naissance d’une Nation », qui loue l’action du KKK, l’organisation se dote d’un nouveau programme plus fédérateur.

    La ligne de conduite est modifiée. Le groupe prétend alors défendre les vraies valeurs de l’Amérique, puritaine et patriote. 
    Il s’oppose aux vagues massives des nouveaux immigrants, notamment italiens, russes et juifs.

    Ku Klux Klan

    Photo d'une cérémonie du Ku Klux Klan prise dans les années 20. La cérémonie s'intitulait: "le baiser au drapeau américain".Licence

     

    En pleine guerre mondiale, le KKK attise la haine contre les catholiques, les pacifistes ou les bolcheviks.

    Dans les années 1920, il devient une véritable puissance politique avec 5 millions d’adhérents.
    Les exactions ne sont plus limitées au Sud mais s’élargissent à l’ensemble du continent américain.

    Défilé du Ku Klux Klan

    Défilé du Ku Klux Klan en 1928 à Washington. Licence

     

    Le KKK est surtout devenu une énorme machine financière qui enrichit ses dirigeants. L’implantation politique s’étend. 11 gouverneurs et de nombreux sénateurs sont initiés. Le KKK s’installe même à Washington et fait une démonstration de force en faisant défiler 30 000 cavaliers dans la ville.

     

    L’organisation du Ku Klux Klan

     

    Cette secte mêle une initiation chevaleresque, la religion et un ésotérisme de pacotille. La direction de l’Ordre revient à un « sorcier impérial » ou « empereur ».
    Il est soutenu par le « Cloncile impérial » et une assemblée législative « la Clonvocation impériale », composée de « Kloppers ».

    • Chaque Etat est dirigé par un « grand dragon »
    • Chaque district est dirigé par un « grand titan »
    • Chaque province est dirigée par un « grand géant »

    A cette hiérarchie, s’ajoutent les grades de « cyclope », « furie » et « goule ».

    Un langage secret soude les initiés. Les jours et les mois sont rebaptisés « mortel », « ténébreux », « terrible », « sanglant », « effrayant » …

    Ku Klux Klan

    Dessin paru dans le Pélerin en 1923Licence

     

    Les clansmen se rassemblent dans des « antres » ou « clavernes » où ils préparent leurs équipées sanglantes.
    Ils sont revêtus d’un uniforme blanc frappé d’une croix de Saint-André rouge sur la poitrine.

    Les nouveaux membres sont 100% américains, nés sur le sol des Etats-Unis, Blancs et protestants.
    Lors d’une cérémonie nocturne, le « Grand cyclope » les consacre avec un peu d’eau versée sur le front tout en prononçant la formule : « In mind, in body, in spirit and in life ».

     

    Le déclin du Ku Klux Klan

     

    Dans les années 30 et 40, le KKK fait l’objet de nombreux procès et de scandales financiers. Affaibli, il renaît pourtant dès la fin de la Seconde guerre mondiale.
    Sa xénophobie est encore plus exacerbée avec l’immigration continue et les revendications politiques des Noirs.

    Ku Klux Klan

    Scène de lynchage dans l'Indiana, en 1930, sous le regard indifférent des spectateursLicence

     

    Les lynchages reprennent mais également les attentats terroristes. Entre 1954 et 1966, le KKK fait exploser 70 bombes en Georgie et en Alabama et 30 dans le Mississippi.

    Ku Klux Klan

    Une cérémonie du KKK en 1941 dans le New Jersey à l'occasion de la rupture entre le Ku Klux Klan et la German-American Bund, une organisation nazie qui s'était affiliée au KlanLicence

     

    L’opinion publique commence à réagir et en 1966, alors que le Ku Klux Klan compte encore près de 60 000 membres, il est à nouveau rendu illégal.

     

    Le Ku Klux Klan aujourd’hui

     

    Ce groupe survit encore aujourd’hui, plus secrètement. Il compte environ 15 000 membres. Organisés en groupuscules paramilitaires, ils ont troqué les cagoules pour des armes plus perfectionnées.
    Leur doctrine simpliste se résume à la conviction que la race blanche est supérieure à toutes les autres.
    Les membres s’entraînent dans des camps militaires et organisent des attentats.

    Entre 1980 et 1986, on a comptabilisé près de 3 000 attentats, menaces ou meurtres. L' implantation de cette secte est limitée à quelques régions des Etats du Sud.
    Bien qu’il ne menace pas l’ordre social aux Etats-Unis, le KKK bénéficie néanmoins de gros moyens financiers qui lui permettent d’acheter un armement très sophistiqué.

    De plus, le Klan s'est allié à de nombreux autres groupuscules néonazis.

    Ce qui est plus inquiétant encore c’est que, selon un sondage récent, 11% de la population américaine se reconnaît dans ces idéaux racistes.
    La première puissance mondiale a décidément bien du mal à se débarrasser de ses démons.

    V.Battaglia (06.2005) M.à.J 24.11.2005

     

     

    Mythologie et Religion:  Ku Klux Klan

     

     

     

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    Secte : Un risque pour l’individu et
    la Société
     
     

    En 1977, pour la première fois en France, une secte était poursuivie pour escroquerie. En 1978, le suicide collectif de la secte de Jim Jones fait la une des journaux. En 1993, le siège de Waco se termine par la mort tragique des adeptes de la secte des davidiens. En 1994, l’immolation collective des membres de la secte de l’Ordre du temple solaire, rappelle les dangers du fanatisme sectaire.

    Autant d’exemples qui prouvent le danger pour l’individu de se faire piéger par l’attrait des sectes et de leurs gourous.
    Ce qui est encore plus grave c’est que certaines déclarations menacent la démocratie et les droits de l’homme.
    Il est donc impératif que les pouvoirs publics se montrent vigilants à l’égard des sectes.

     

     

    Secte et liberté individuelle

    Les sectes ont connu une nette augmentation depuis les années 1960. Ces groupements posent plusieurs problèmes.
    En premier lieu, ils sont accusés par les familles d’exercer sur leurs enfants une fascination néfaste.
    Il existe plusieurs associations de familles qui essayent de récupérer les jeunes pris dans cet engrenage.
    Cependant, il est difficile d’aller à l’encontre de la liberté de choix d’individus majeurs. Certaines familles ont tenté d’enlever leurs enfants et se sont retrouvées sous le coup de la loi.

    Pourtant, certaines sectes ont été compromises dans des trafics d’armes, des séquestrations, des escroqueries, des affaires de mœurs et jusqu’à des suicides collectifs et voire même des meurtres.

     

    Adepte d'un groupe satanique. Aujourd'hui encore, des messes noires sont célébrées

    Tous ces tragiques exemples ne peuvent que nous faire réfléchir. Doit-on, au nom de la liberté individuelle, accepter qu’un individu perde tout contrôle sur son existence ?
    Doit-on, toujours au nom de la liberté individuelle, occulter le risque qui pèse sur cette personne ?
    Tant qu’il n’y a pas de crime, il n’y a pas de délit. La simple intention ou éventualité qu’un délit puisse être commis n’a aucune valeur devant la loi.

    Tout le problème des sectes est là. A ce jour, la législation, dans la plupart des pays, a beaucoup de mal à contrecarrer les méfaits de ces groupements soi-disant « religieux ».

     

     

     

    Mythologie et Religion:  Secte : Un risque pour l’individu...

     

    Gourou Shoko Asahara invite les fidèles de la secte Aum à se recueillir. Cette secte a commis un attentat meurtrier dans le métro de Tokyo dans les années 1990

    Cependant, en France, depuis 1995, les groupements sectaires ont été soigneusement recensés. C’est le comportement des membres qui a été évalué afin de vérifier s’il ne portait pas atteinte aux droits de l’homme et à l’équilibre social.
    La Commission parlementaire a dénombré environ 200 associations regroupant plus de 400 000 adeptes.

    Parmi les sociétés les plus importantes, ont été répertoriées comme sectes :

    • Les Chevaliers du Lotus d’or (Mandarom)
    • L’Eglise de scientologie de Paris
    • Le mouvement raëlien français
    • Les Témoins de Jéhovah
    •  

    Les sectes et l’argent

    C’est une constante des sectes. Les adeptes sont vivement encouragés à se dépouiller de tous leurs biens matériels.
    Par exemple, l’Eglise de scientologie fait très chèrement payer ses cours, ses stages ou les livres de son fondateur.
    Il en est de même chez les raëliens dont le but est d’édifier une immense ambassade pour accueillir les extraterrestres, qui d’après le gourou Raël, ont créé la race humaine.

     

     

    Mythologie et Religion:  Secte : Un risque pour l’individu...

     

     

    Le gourou Raël

    ...

    Soulignons également l’admirable réussite économique du Révérend Moon de la secte du même nom.

    D’une manière générale, les membres des sectes sont régulièrement sollicités pour ouvrir leur porte-monnaie.

    L’Eglise de scientologie poursuivie pour escroquerie

    En 1977, cette secte s’est retrouvée devant les tribunaux français, accusée d’extorsions de fonds.

    Véritable entreprise, la secte est accusée d’utiliser l’apparence d’une association religieuse afin d’extorquer de l’argent aux adhérents.

    Face à ces accusations, les avocats de la secte ne nient pas la richesse du groupement. Mais, en s’appuyant sur le témoignage d’experts en psychiatrie, ils affirment que les responsables fournissent à leurs adeptes des services tangibles, faisant œuvre auprès d’eux de véritables psychothérapeutes.

    Les défenseurs ne se privent pas de souligner que les poursuites vont à l’encontre de la liberté religieuse garantie par la loi.

    Lors du verdict, la secte est reconnue coupable d’escroquerie. Les représentants en France sont condamnés à de lourdes amendes, assorties de peines de prison. 

    Un ancien adepte de la secte fait la grève de la faim pour dénoncer l'escroquerie dont il a été victime

    Cependant, le procès en appel sera beaucoup plus clément. L’argument de tolérance religieuse sera cette fois retenu.

    L’Eglise de scientologie poursuit aujourd’hui, à travers le monde, ses activités de conversion. Son fondateur, L.Ron Hubbard, décédé en 1986, a créé de toute pièce une doctrine qui affirme que l’homme est un être immortel dont l’âme ne cesse de se réincarner.
    S’inspirant du bouddhisme, suite à un parcours initiatique, les adeptes connaissent un état de béatitude.

    Cette secte est reconnue comme religion aux Etats-Unis.

     

    Une secte s’immole par le feu

    Le 19 avril 1993, la ferme-forteresse de Waco, dans le Texas fait l’objet d’un siège par les autorités américaines.
    Là, se sont retranchés depuis 7 semaines David Koresh et 95 de ses disciples.

     

     

    Mythologie et Religion:  Secte : Un risque pour l’individu...

     

    David Koresh

    La secte des davidiens réunit quelques milliers d’adeptes aux Etats-Unis. Elle fait partie de ces sectes qui prédisent que la fin des temps approche.
    Ces sectes réunissent généralement des personnes à l’équilibre psychique précaire.

    David Koresh, le gourou, se présente comme l’ »Agneau » dont parle l’Apocalypse de saint Jean, celui qui ouvrira les « Sept Sceaux », déclanchant la fin du monde.

    Outre le fait que Koresh a un droit sexuel sans limite sur ses adeptes féminins, les membres subissent une préparation paramilitaire.
    C’est à cause de cet aspect militaire que se produit le drame.

    En effet, la vaste ferme a été transformée en bunker et contient une extraordinaire quantité d’armes.

    Quant les agents fédéraux se présentent à la ferme, ils sont accueillis par des rafales de mitraillettes, tuant quatre policiers.

    Le FBI entreprend alors le siège de la ferme.

    Après de nombreuses tentatives de négociation et des méthodes psychologiques assez discutables, le FBI passe à l’offensive le 19 avril.
    Un char ouvre des brèches dans les murs, des gaz lacrymogènes sont lancés mais en quelques minutes les bâtiments sont en feu.

     

    88 davidiens, dont le gourou lui-même, périssent dans l’incendie.

    D’après les autorités, les gaz ne pouvaient pas provoquer un incendie. Ce dernier aurait été allumé de l’intérieur.

    17 enfants figurent parmi les victimes et l’opinion publique s’indigne. N’aurait-il pas mieux valu poursuivre le siège de Waco ? titre le New York times.

     

    Les médias sont montrés du doigt. 24 h sur 24 durant tout le siège, les télévisions fournissent le spectacle en direct.
    Des images d’une violence insoutenable sont diffusées telles les torches vivantes que sont devenus les davidiens.

    Ce voyeurisme morbide a certainement dû faire monter l’audimat.

     

    Le « suicide collectif » du temple solaire

    Le 5 octobre 1994, les restes de 48 membres de cette secte sont découverts dans les décombres de deux maisons incendiées, en Suisse. 5 autres seront découverts au Canada.

    C’est en 1984 que Luc Jouret fonde la secte du Temple solaire. C’est ainsi que commence, avec l’aide de Joseph di Mambro, une incroyable entreprise d’intoxication et d’extorsions de fonds.

     

     

    Mythologie et Religion:  Secte : Un risque pour l’individu...

     

    Luc Jouret

    On se demande comment Luc Jouret a pu influencer tant de gens. Cette secte qui mélange religion, ésotérisme et apocalypse, est plus qu’obscure quant à ses objectifs. Le gourou tient des propos incohérents.
    Ainsi, il écrit dans l’une de ses dernières lettres :

    « Selon un décret de la Grande Loge blanche de Sirius, nous avons fermé et fait éclater volontairement tous les sanctuaires des maisons secrètes afin qu’elles ne soient pas profanées par des imposteurs et des ignorants. »

     

    Au milieu des décombres, sont découverts des médicaments et des douilles de 22 long riffle. De nombreux adeptes ont une balle dans la tête, d’autres ont les mains liées derrière le dos.

    Ce suicide collectif ressemble plutôt à une exécution en masse. Les responsables, eux-mêmes, se sont suicidés après avoir assassiné les adeptes.

     

    Le plus incompréhensible c’est que les survivants de la secte qui étaient absents ont continué à croire que leurs camarades n’étaient pas morts mais avaient « réussi le grand départ ».

    Crédulité ou angoisse ?

    Le phénomène sectaire est très ancien et déjà présent dès les premiers siècles du christianisme.

    Pourquoi ce phénomène a t-il connu une recrudescence dans la seconde moitié du 20e siècle ?

    Certains y voient la conséquence de l’affaiblissement des grandes religions. Ne doit-on pas plutôt y voir un cri d’angoisse face à la déshumanisation de notre société moderne ? Insécurité sociale, chômage, absence d’espoir ne sont certainement pas étrangers à cet accroissement soudain.

     

    Secte du Temple solaire en 1983

    A l’inverse des représentants des religions constituées et des dirigeants politiques, les gourous savent offrir aux adeptes le réconfort et une explication rassurante sur le devenir de chacun.

    Contrairement à ce que l’on peut croire, les adeptes des sectes ont un très bon niveau scolaire et souvent une excellente situation. Ils n’ont rien à priori d’illuminés.
    C’est d’ailleurs bien ce qui rend ces sectes d’autant plus dangereuses.

    V.B (17.01.2006)

     

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    La Franc-maçonnerie
     

    Depuis près de trois siècles, la franc-maçonnerie est la société secrète dont on parle le plus. Cette société initiatique suscite beaucoup d’intérêt et pourtant, la franc-maçonnerie est très mal connue.
    En effet, elle masque aussi bien ses origines que ses buts. Malgré tous ces mystères, la franc-maçonnerie s’avère être plus une confrérie élitiste et discrète que réellement secrète.

     

     

    Les origines de la franc-maçonnerie

    Le terme « franc-maçonnerie » est ambigu car il désigne deux choses sensiblement différentes :

    Une société corporative dite « maçonnerie opérative » qui plonge ses racines dans le Moyen Age européen et sans doute bien au-delà. On sait aujourd’hui que la filiation entre francs-maçons et compagnons est très complexe.

    Une société de pensée dite « maçonnerie spéculative » qui est l’héritière directe de la première.

    La maçonnerie, d’abord opérative (bâtisseurs médiévaux), admet (XVIe-XVIIe s.) des membres étrangers à l’art de bâtir, avant de devenir spéculative lorsque est fondée, à Londres, en 1717, une « Grande Loge », dont les Constitutions demeurent la charte de la franc-maçonnerie universelle. Une longue querelle interne, origine d’une scission, prit fin en 1813 avec l’Act of Union, constitutif de l’actuelle Grande Loge unie d’Angleterre, tenue pour la Grande Loge mère de toutes les grandes loges du monde.

    Les Constitutions de James Anderson, fondateur de la Grande Loge de Londres .Edition originale 1723. (Photo © J.L Charmet Bibli. des Arts décoratifs)

     

    La franc-maçonnerie est introduite vers 1725 en France par des jacobites émigrés. Malgré quelques difficultés avec la police, les loges prennent une rapide extension, mais connaissent aussi une scission et des difficultés.

    En 1773 est fondé le Grand Orient, autorité centrale destinée à rétablir l’ordre. Au XIXe s., les deux grandes obédiences sont le Grand Orient et le Suprême Conseil du Rite écossais ancien et accepté, fondé en 1804.

    Tablier maçonnique d'Hélvétius, porté par Voltaire le jour de son initiation (Photo © J-L charmet-Musée du Grand Orient de France)

     

    La Grande Loge de France, fondée en 1894, conserve la formule du Grand Architecte de l’Univers qui n’est plus reconnu par le Grand Orient depuis 1877.

    En 1913, E. de Ribaucourt ressuscite une franc-maçonnerie régulière en France et constitue la Grande Loge nationale indépendante et régulière, qui prend en 1948 le nouveau nom de Grande Loge nationale française (G.L.N.F.), seule obédience française reconnue par la Grande Loge d’Angleterre.

    Ces scissions expliquent la diversité des rites maçonniques et des grades.

     

    L’esprit de la franc-maçonnerie

    Au XVIIe siècle, en Angleterre, les guerres de religion font rage. C’est dans ce contexte que des hommes épris de tolérance créent des espaces de libre échange où toutes les confessions peuvent se réunir.
    Les fondateurs emploient le vocabulaire et les usages des anciennes corporations de maçons. Ces hommes savaient alors tailler la pierre tendre appelée « free stone ».
    On les nommait donc « free stone masons » ou « freemasons » c’est-à-dire francs-maçons.

    Symboles maçonniques italiens, de l'époque des Carbonari (Photo © I.G.D.A Titus)

     

    Mais les nouveaux maçons ne sont pas des ouvriers bâtisseurs mais des « gentlemen ». Ils défendent avant tout des valeurs d’humanisme, de tolérance et de fraternité.

    Parmi les maçons célèbres, on peut citer Benjamin Franklin, Mirabeau, Jules Ferry, Winston Churchill (de 1905 à 1908), Montesquieu, Voltaire, Arthur Conan Doyle, Mozart, Louis Armstrong, Ford ou Citroën.

    Les fondateurs de la franc-maçonnerie moderne revendiquent l’héritage de tous les maçons qui les ont précédés.
    Ils ont ainsi élaboré un parcours initiatique menant du grade d’apprenti à celui de maître, à l’image des ouvriers bâtisseurs d’autrefois.

     

    L’initiation maçonnique

    Lors de l’initiation, le profane devient un initié. Le profane est reçu avec un bandeau sur les yeux et subit les épreuves de la terre, de l’eau, du vent et du feu. Il meurt alors symboliquement pour renaître franc-maçon et devient apprenti.

    Cette première phase peut durer de quelques mois à plusieurs années. Durant tout ce temps, l’apprenti doit garder le silence afin de comprendre les règles de fonctionnement de la loge.

    Quand il devient compagnon, il peut exercer son droit de parole. De là, il peut passer maître et approfondir son engagement.

    Un franc-maçon qui souhaite intervenir en loge place sa main en équerre sous sa george afin de maîtriser symboliquement sa parole (Gravure du XIXe siècle © Rue des Archives)

     

    Au 18e siècle, ces trois grades ont été enrichis d’une pyramide de hauts grades. Ainsi, le Rite Ecossais Ancien et Accepté, qui est le plus pratiqué dans le monde, comprend 33 grades, de l’apprenti au souverain grand inspecteur général.

    Plusieurs titres évoquent les Templiers comme « grand commandeur du temple » mais également les Rose-Croix « chevalier Rose-Croix ».

    Ce sont des emprunts mais il n’y a aucune filiation réelle entre les Templiers ou la Rose-Croix et la franc-maçonnerie.

    Tablier maçonnique de l'écrivain Joseph de Maistre (Photo © Archives Ed. Atlas)

     

    À la tête de chaque loge se trouve un vénérable, assisté d’un collège d’officiers. À la tête de chaque obédience se trouve un grand maître. Le grand maître de la Grande Loge de France est assisté d’un Conseil fédéral, celui du Grand Orient d’un Conseil de l’ordre, qui jouit de la réalité du pouvoir. Une fois l’an se tient la Tenue (ou Assemblée) de Grande Loge, appelée « convent », à la Grande Loge de France et au Grand Orient. Les obédiences féminines ou mixtes qui existent ici ou là ne sont pas reconnues.

     

    Les symboles de la franc-maçonnerie

    Cette société comporte de nombreux symboles qui doivent permettent aux membres de se comprendre au-delà des barrières sociales.
    Certains sont hérités de la kabbale ou de l’hermétisme mais la plupart proviennent des outils des tailleurs de pierre. L’équerre qui symbolise la rectitude morale ou le compas qui symbolise la maîtrise de soi.

    Sceau maçonnique de Pierre-Philippe Baudel, l’actuel président du Suprême Conseil et Grand Conservateur Général du Rite de Misraim (Musée du Grand Orient de France)

     

    L’inspiration biblique est rappelée par les deux colonnes qui ornent l’entrée des loges.

    On trouve également le soleil et la lune car les maçons travaillent de » midi à minuit ».

     

    Les actions de la franc-maçonnerie

    Les relations de la franc-maçonnerie avec l’Église catholique romaine ont toujours été difficiles. Plusieurs fois condamnée par les papes au XVIIIe et au XIXe s., la franc-maçonnerie semble bénéficier, depuis le concile Vatican II, de la part des catholiques, d’un préjugé plus favorable, Rome restant cependant réticente, notamment à l’égard des loges « anticléricales ».

    Il est vrai qu’au XIXe siècle, les francs-maçons français sont majoritairement anticléricaux. Ils participent, en France, activement au débat sur la laïcité à l’école.
    De nombreux hommes politiques sont alors francs-maçons.

    Les frères ont un engagement républicain et seront les victimes d’une « chasse aux sorcières ». En 1922, le parti communiste interdit à ses membres d’être franc-maçon.
    L’Eglise catholique excommunie les membres. Cette mesure ne sera d’ailleurs levée qu’en 1983.

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement de Vichy a lancé une campagne anti-maçonnique et a dissout les obédiences maçonniques françaises.

    Stephan Meyer, grand maître adjoint du Grand Orient de France, lors d'une commémoration de la libération des camps, en 2005 (Photo © Medhi-Fedouach-STF/AFP)

     

    De nombreux francs-maçons ont été déportés et sont morts en camps de concentration. A tel point, qu’à partir de 1945, la franc-maçonnerie décimée, mettra plusieurs dizaines d’années à reconstituer ses rangs.

    Les effectifs sont estimés aujourd’hui à plus de 6 millions, majoritairement aux Etats-Unis.

    Les loges, en France, sont pour la plupart des associations loi 1901 et il n’y a nul secret sur les noms des membres, déposés en Préfecture. Les loges maçonniques rassemblent plus de 120 000 personnes fédérées en différentes obédiences :

    • Le Grand Orient à tendance laïque
    • La Grande Loge plus spiritualiste
    • La Grande Loge féminine
    • Le Droit humain, obédience mixte la plus importante
    • La Grande Loge nationale française plus traditionaliste

    Il est certain que certains francs-maçons ont voulu utiliser leur appartenance à des fins politiques ou économiques. Certains ont eu des rapports houleux avec la justice. Ces écarts de conduite qui ne font que refléter notre société et non la franc-maçonnerie par elle-même sont autant de points négatifs qui jettent la suspicion sur une société profondément humaniste.

    V.B (20.06.2006)

     

     

    Mythologie et Religion:  La Franc-maçonnerie

     

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    Bouddha . Histoire et doctrine du bouddhisme
     

    Vers 560 avant notre ère, au nord de l’Inde, à la frontière de l’actuel Népal, naît Siddhârta Gautama Bouddha. Elevé dans un milieu princier, il décide à l’âge de 29 ans de renoncer au monde pour partir à la recherche de la Vérité.
    Méditant au pied du pipal, l’arbre sacré de l’Inde, Bouddha reçoit au bout de 49 jours l’Eveil (bodhi).
    Il comprend alors le mystère des souffrances du monde et annonce à ses disciples la « voie de la délivrance ».
    Le Bouddhisme est né et deviendra l’une des plus influentes doctrines religieuses de toute l’Asie.

     

     

    Mythologie et Religion:  Bouddha . Histoire et doctrine du bouddhisme

     

    Des républiques plus égalitaires

    Aux environs de 600 avant notre ère, des groupements humains se fixent au nord de l’Inde. Des villes émergent et deviennent des centres d’artisanat et de commerce.
    Dans les plaines du Gange, ce sont des monarchies qui voient le jour. Le roi possède un caractère sacré et gouverne en s’appuyant sur les prêtres hindous et les castes privilégiées.

    Par contre, près de l’Himalaya et au nord-ouest de l’Inde, des tribus se constituent en républiques.
    Le pouvoir y est exercé par l’intermédiaire d’assemblées représentatives. Plus égalitaires et beaucoup plus tolérantes, ces républiques sont le berceau des fondateurs des deux sectes hétérodoxes les plus importantes en Inde :

    • Bouddha et le bouddhisme
    • Mahâvîra et le jaïnisme

     

    La vie de Bouddha

    Le Bouddha, qui signifie litteralement, en pâli et en sanskrit « L’Eveillé » a tout d’abord été un personnage historique.

    Fils du chef de la tribu « républicaine » des Sakyas, Siddhârta Gautama appartient par son père à la caste des princes et des guerriers (ksatriya).

     

    La naissance de Bouddha. La reine Maya donne naissance au prince Siddharta, qui est sorti de sa hanche droite (Ve siècle avant notre ère, Nepal Museum, Katmandou)

    Il connaît le luxe princier mais préfère rapidement la contemplation aux jeux. Enfant très sensible, il s’élève bientôt contre l’injustice de la vieillesse, de la décrépitude et de la mort.

    A l’âge de 29 ans, il décide de renoncer au monde pour partir à la recherche de la Vérité.

    Marié à Yashodhara dont il a un fils, il quitte néanmoins son foyer. Il rencontre les plus grands maîtres brahmanes, des philosophes célèbres, mais reste insatisfait de leurs réponses et choisit de devenir ascète.

    Après six années de dures pénitences, il réalise la vanité de ces pratiques extrêmes et les abandonne pour aller s’asseoir sous un pipal. Il décide d’y rester jusqu’à ce qu’il atteigne son objectif.
    Au bout de 49 jours, il reçoit l’Eveil. Il résiste aux assauts des démons et peut ainsi comprendre le mystère des êtres et des souffrances de ce monde.

    Il devient ainsi l’ »Eveillé », l’ »Illuminé » : le Bouddha.

     

    Les huits grands événements de la vie de Bouddha. De la nativité à Lumbini à l'acquisition de l'illumination (VIe siècle avant notre ère, Sarnath)

    Il se rend à Bénarès, haut lieu du savoir à son époque, et près de là, à Sarnath, fait son premier sermon, appelé la « Roue de la loi » (dharma), devant cinq disciples.

    Avec ces cinq moines est fondée la première communauté bouddhique, ou sangha. Bouddha repart prêcher dans de nombreux villages et villes de l’Inde. Sa femme et son fils, Rahul, adoptent cette nouvelle foi.

     

    Bouddha meurt en 487 avant notre ère en encourageant les moines à poursuivre et à diffuser son œuvre.

     

    La foi bouddhique

    Cette histoire de la vie de Bouddha est racontée dans les sutras, textes bouddhiques, qui contiennent l’enseignement du maître.

    Pour les bouddhistes, cependant, ce n’est là qu’une des existences vécues par le Bouddha. Selon la cosmologie bouddhique, l’univers est sans limites. Il renferme d’innombrables mondes qui se détruisent et se succèdent sans cesse.

     

    Dans ces derniers vivent, meurent et renaissent inlassablement les dieux et les êtres vivants. Le Bouddha a ainsi connu plusieurs vies antérieures dans des mondes différents, avant de choisir de renaître dans le village de Lumbini.

     

    La prédication de la Roue de la Loi contient le noyau de la foi bouddhique. Le Bouddha y enseigne les quatre vérités nobles :

    • Le monde est plein de souffrances
    • La souffrance vient des désirs de l’homme
    • La renonciation au désir ouvre le chemin du salut
    • Ce salut n’est possible que si l’on suit la voie des huit principes

    Les huit nobles principes sont les suivants :

    • La compréhension juste
    • La pensée juste
    • La parole juste
    • L’action juste
    • Le moyen d’existence juste
    • L’effort juste
    • L’attention juste
    • La concentration juste

    En les appliquant, on entre dans la voie moyenne, celle de la vie équilibrée.

     

    Ce que le Bouddha veut montrer, c’est que ni la vie aisée de prince ni les privations de l’ascète ne servent dans la quête spirituelle de l’homme. 
    Chacun avec ses moyens peut atteindre la Vérité.

    La Roue de la Vie

    Le dragon est le dieu du Mal tibétain. Dans la mythologie bouddhique, la Roue de la Vie tourne comme notre univers dans le Cosmos.

     


    Les six secteurs qui la divisent montrent les six possibilités de réincarnation :

    • Le monde des dieux
    • En enfer
    • Chez les hommes
    • Chez les animaux
    • Chez les Titans
    • Chez les Pretas
    •  

    Le Bouddhisme : une réaction contre l’Hindouisme

    Contrairement à l’hindouisme de l’époque, le bouddhisme n’implique pas d’enseignement long et complexe. Ses principes sont faciles à comprendre et à appliquer. Il utilise des langues populaires et non la langue sacrée rituelle, le sanskrit.
    C’est une pensée ouverte à tous. A l’inverse, dans l’hindouisme de l’époque, les brahmanes ont le quasi-monopole des textes sacrés, et les rites ne sont accessibles qu’à de rares privilégiés.

     

    Le bouddhisme, comme le jaïnisme, né à la même époque, apparaît en réaction à ces pratiques, et s’adresse aux laissés-pour-compte du brahmanisme : les riches marchands socialement infériorisés, les agriculteurs et serviteurs méprisés, les femmes…

     

    Le Bouddha rejette la caste. Pour lui, le karman (l’action), d’après lequel la destinée d’un être vivant est conditionnée par ses actions passées, ses vies antérieures, n’est pas là pour justifier la place de chacun dans la société.
    Sa vocation est d’ouvrir aux humains la voie du salut, lesquels le trouveront dans la réalisation du nirvana parfait c’est-à-dire l’extinction totale des désirs.

     

    Les moines bouddhistes vivent dans des monastères qui deviennent des lieux d’enseignement concurrents de ceux des brahmanes. On y accepte toutes les castes et même les femmes.

     

    Les stupas de Borobudur. Forme sacrée du bouddhisme, les cloches symbolisent le reliquaire de pierre où furent recueillies les cendres du Bouddha après qu'il eut atteint le Nirvâna

    Bouddha s’est toujours opposé à ce qu’on le déifie. Les lieux de son dernier passage sur terre sont cependant devenus des centres de pèlerinage.
    Les fidèles vont notamment à Gaya, dans l’actuel Bihar. Le parc aux Daims, où il fit son premier sermon existe encore à Sarnath.

     

    Mahâvîra et le jaïnisme

    C’est en 539 avant notre ère que Mahâvîra naît à Kundagrama, en Inde. Comme le Bouddha, c’est un jeune prince issu d’une république, marié et père d’un enfant. Lui aussi, renonce à tout pour entamer une quête spirituelle.

    Il passe par une période d’extrême auto-mortification : il médite nu, sans bouger, ni boire…
    A 43 ans, il atteint la connaissance et devient Jina, le « Conquérant ».
    Il meurt à 72 ans, ayant fait de nombreux disciples, appelés les jaina.

    Il prêche l’obéissance à cinq règles :

    • Non-violence
    • Droiture
    • Honnêteté
    • Pauvreté
    • Chasteté

    Il rejette la caste et les Veda et popularise surtout l’idée de non-violence. Le jaïnisme a entraîné la vogue du végétarisme en Inde.

     

    Le bouddhisme Tibétain

    Les missionnaires bouddhistes ont importé leur doctrine en Chine au premier siècle de l’ère chrétienne.

    A partir du Vie siècle, l’empereur Wu Liang se convertit au bouddhisme. La doctrine se répand alors en Corée puis au Japon où elle est devenue religion d’Etat au VIIe siècle.

     

    Le bouddhisme a été introduit au Tibet au VIIIe siècle. Le dalaï-lama, le chef religieux et spirituel de la communauté tibétaine, est un véritable dieu vivant, un bodhisattva.

    Le bouddhisme demeure toujours la composante essentielle du nationalisme tibétain.

    Comme toutes les autres formes du bouddhisme, celui du Tibet repose sur la loi de la réincarnation (Samsâra) et sur celle de l’enchaînement perpétuel des causes et des effets (Karma).

     

    Les cérémonies bouddhiques tibétaines ont lieu dans des temples très ornés aux murs couverts de fresques.

    En 1959, l’armée chinoise envahit le Tibet. Depuis cette date, les monastères tibétains sont devenus des forteresses de résistance non-violente à l’occupation.

    En 1989, le prix Nobel de la paix a été attribué au dalaï-lama, en exil en Inde. Malgré les persécutions chinoises, le bouddhisme s’est conforté au Tibet.

    V.B (24.10.2005)

     

     

    Mythologie et Religion:  Bouddha . Histoire et doctrine du bouddhisme

     

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