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    Les 150 ans de la guerre de 1870-1871, ce

    qu'elle a changé pour l'Alsace-Moselle

     
     
     

    Patrimoine français - 2:  Les 150 ans de la guerre de 1870-1871, ce qu'elle a changé pour l'Alsace-Moselle

     
     

    Ce 10 mai, c'est le 150e anniversaire de la défaite de 1871 et de l'annexion de la Moselle et de l'Alsace par l'Allemagne. Jérôme Prod'Homme fait un retour en arrière sur les causes du conflit et nous rappelle toutes les conséquences qu'elle a encore aujourd'hui pour une partie du Grand Est.

     

    La reddition de Napoléon III à l'empereur Guillaume 1er à Sedan le 2 septembre 1870

    La reddition de Napoléon III à l'empereur Guillaume 1er à Sedan le 2 septembre 1870 © Getty

     

    La guerre de 1870, où tout commence et se termine

     

    En cette année 1870 dans le monde, la France est l’autre grande puissance derrière la Grande-Bretagne qui vit le grand règne de la reine Victoria. Chez nous, le Second Empire est installé depuis 1852. Les colonies sont nombreuses. Les richesses aussi. Au Palais des Tuileries, à Paris, Napoléon III règne aux côtés de sa femme l’impératrice Eugénie.

     

    En Europe, une puissance émerge depuis quelques années, c’est le royaume de Prusse. C’est l’empereur Guillaume 1er qui règne. Le pays est dirigé par Otto Von Bismark. Et l’homme a un rêve : réunir les états allemands autour de la Prusse. Et pour y parvenir il va être ingénieux. Pour fédérer, rien de tel qu’une bonne guerre, et cette guerre, Bismarck va tout faire pour la provoquer.

     

    Un coup de génie de Bismarck puisque, partant de rien, la rumeur de l’humiliation française est considérée comme avérée. En France, l’opinion veut laver l’affront. Les Français sont persuadés de ne faire qu’une bouchée de la Prusse et de lui rabaisser son caquet. Tout le monde veut la guerre. La presse, la classe politique. Tout le monde. Le 19 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse. Elle est seule. Elle le paiera très cher.


    La France est mal préparée alors que l’armée prussienne qui a battu l’Empire d’Autriche, et plus récemment le Danemark, est habituée et prête. Elle va avancer, place forte après place forte, jusqu'à Paris où le 18 janvier 1871, dans la Galerie des Glaces du château de Versailles, est fondé l’Allemagne avec à sa tête Guillaume 1er. La France, battue à plate couture demande l’armistice. Le 10 mai la paix est signée.

     

    L'Alsace et la Moselle deviennent allemandes

     

    Avec la signature du traité de Francfort, ce 10 mai 1871, la France va devoir céder une partie de son territoire et verser 5 milliards de Francs Or au vainqueur. La France va perdre l'Alsace et la Moselle, une partie des Vosges avec les cantons de Saales et de Schirmeck, une partie de la Meurthe avec les arrondissements de Sarrebourg et de Château-Salin.


    Ce qui nous est resté de cette époque

     

    La France pleure l'Alsace et la Lorraine et va rendre hommage aux "provinces perdues" en nommant des rues, des places, des avenues du noms des villes tombées aux mains des Allemands. Partout en France, on voit fleurir des rue de Metz, boulevard de Strasbourg, etc...


    Des monuments aux victimes de la guerre sont érigés à Nancy, à Lunéville. Une ceinture de forts pour protéger d'une nouvelle invasion allemande voit le jour à la limite des nouvelles frontières : le fort d'Uxegney, le fort de Sanchey à Epinal, le Parmont près de Remiremont, le fort de Frouard à Nancy, le fort de Douaumont près de Verdun... Les remparts de Vauban sont modernisés et renforcés à Toul. Des garnisons militaires s'installent à Lunéville et Nancy. C'est la "ceinture de fer". Une imprégnation militaire qui se poursuivra bien après les deux Grandes Guerres.


    Les Alsaciens et Lorrains qui choisiront de rester Français, devront quitter la région. Ils vont choisir de partir vers Paris, l'Algérie ou encore les Etats-Unis. Les "optants" vont également quitter la zone occupée pour la partie de Lorraine encore française, vont y apporter leur fortune, leur savoir-faire et contribuer au développement de grandes entreprises : la verrerie Daum, les filatures vosgiennes, Berger Levrault...


    Metz devenue point stratégique de l'Allemagne, va  bénéficier du savoir-faire des urbanistes allemands : la gare monumentale de Metz, le quartier de la Neue Stadt ou quartier impérial, la grande poste, le Palais de l’intendance, le Palais du gouverneur, l’hôtel des Arts et métiers... les Allemands vont transformer la ville de Metz qui bénéficie encore aujourd'hui de cet embellissement.


    Nancy va également profiter de l'arrivée des "optants" qui ont besoin de logements. La ville va s'agrandir. Un nouveau quartier va voir le jour  au-delà de la gare. Nancy cède à la mode du moment, à ce courant artistique assez chargé et tout en volutes qu’est l’Art Nouveau. On voit naître les magasins réunis qui deviendront la Fnac et le Printemps aujourd’hui. La chambre de commerce est construite toute entière dans le nouveau style, L’Est Républicain s’offre un magnifique bâtiment couronné d’un phare, on construit des villas avenue Foch, Majorelle éblouit avec sa nouvelle maison, de même pour Eugène Corbin.


    L'université de Nancy se développe à cette époque, en cause le passage de l'université de Strasbourg sous le joug allemand. Et n'oublions pas la partie la plus connue : le régime du concordat, la sécurité sociale et les jours fériés supplémentaires en Moselle ou en Alsace.

     

    En conclusion

     

    Quand on est tentés de jouer chacun pour soi, pour sa ville pour son département, on doit toujours se rappeler que nos prédécesseurs voulaient œuvrer ensemble et séparés, rêvaient d'être à nouveau une seule terre. Et que c’est dans ces moments là, quand elle dépasse ses divisions, ses frontières internes, que la Lorraine est vraiment formidable et du coup, bien plus qu’une terre de passé et de conflits, elle devient terre d’avenir.

     

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