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    Châteauneuf-en-Auxois, vestige

    médiéval en Bourgogne

     

    Par Détours en France
     

    Dominant le canal de Bourgogne et la vallée bocagère de l’Auxois, c’est l’un des rares châteaux de la région à avoir préservé son dessin médiéval. Modeste et fier, il attend qu’on veuille bien s’en apercevoir.

     

     

    Vue de Châteauneuf-en-Auxois, village médiéval en Bourgogne

     

    « Le ciel est bas aujourd'hui : c'est désert », vous souffle-t-on en guise d’excuse à l’entrée du château. « Quand il fait beau, les gens nous remarquent, du canal ou de l’autoroute, ça leur donne envie de monter voir. » Étrangement, le village magnifiquement médiéval de Châteauneuf, à la proue d’une des souples collines de l’Auxois, est aussi peu connu que facilement repérable. Pourquoi tant de discrétion ? Châteauneuf ne fut classé qu’en 1894 : la mode « historiciste » étant passée, on se contenta de consolider. Le résultat est moins spectaculaire qu’une reconstitution, mais authentique. Ainsi château fort et village sont-ils restés « dans leur jus », jusqu’à l’arrivée des premiers touristes : « Les voitures n’arrivaient pas toujours à le monter, notre sacré raidillon ! » Quitte à grimper à pied, c’est bien par cette route, au sud, qu’il faut impérativement s’approcher. Comment manquer la soudaine apparition de ce vertigineux à-pic maçonné, qui vous toise avec un salut de sa tour en poivrière et un clin d’œil de son unique balcon ? Le seigneur de Chaudenay (à quelques lieues au sud) fit ériger en 1132 un château neuf sur cette terre, qu’il offrit à son fils vers 1175.

     

    Une forteresse contre les Écorcheurs 

     

    Vue aérienne du château de Châteauneuf-en-Auxois, labellisé Les Plus Beaux Villages de France, Bourgogne

    Il n’y eut d’abord que le donjon, et un hameau sans paroisse : au tournant du XIVe siècle, les seigneurs de Châteauneuf furent inhumés à l’église voisine de Vandenesse, où l’on voit leurs tombes gravées. Mais peu après, le système défensif s’organisa : enceinte irrégulière à fortes tours demi-rondes, fossé sec taillé dans le roc et doublé d’une contrescarpe, courtines couronnées de galeries volantes en bois, aujourd’hui disparues, tout comme le pont-levis du châtelet d’entrée... On y mit les moyens, car la Bourgogne était alors la proie de ces bandes de mercenaires désœuvrés qu’on appelait les Écorcheurs... Au XVe siècle, la dernière châtelaine de la famille, pour filer le parfait amour avec son intendant, empoisonne son mari. Mal lui en prend : elle est arrêtée, jugée et brûlée vive à Paris. Le duc Philippe le Bon confisque le château pour l’offrir aussitôt à son frère d’armes, son conseiller, son avocat et son négociateur favori : Philippe Pot, très riche seigneur de la Roche. Châteauneuf doit à celui-ci nombre d’améliorations, comme le logis Renaissance orienté sud-ouest ; ou encore la chapelle, où est exposée une copie du gisant polychrome du maître des lieux, avec ses porteurs endeuillés.

     

    Des décors médiévaux

     

    Logis des hôtes, château de Châteauneuf-en-Auxois, Bourgogne

    Le logis d’origine se visite également, juste assez transformé par ses habitants successifs pour leur offrir un confort décent : il est touchant ainsi de retrouver, à côté des décors moyenâgeux restitués, ceux d’un modeste nid d’amour campagnard aménagé dans le donjon au XVIIIe, avec cette baie grande ouverte au sud. Quant au village médiéval qui se blottit derrière les remparts : « Pas une construction n’est moderne [...], on voit toutes les maisons noircies par le temps, flanquées de tourelles élancées [...], les fenêtres et les portes sont cintrées en ogive [...], les petites vitres en losange garnissent encore les ouvertures [...], des armoiries variées couvrent des murs consolidés par de vieux lierres ; oh, il y a là de quoi faire pâmer d’aise un antiquaire ! ».

     

    Patrimoine français - 3:  Châteauneuf-en-Auxois, vestige médiéval en Bourgogne

     

     

    Patrimoine français - 3:  Châteauneuf-en-Auxois, vestige médiéval en Bourgogne

     

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    Grand site des Deux-Caps, nez à nez

    en Côte d'Opale

     

    Par Hughes Derouard
     

    Blanc-Nez et Gris-Nez forment le Grand site des Deux-Caps, et c’est justice que l’avancée qui forme la rive française du pas de Calais soit officiellement reconnue pour la beauté et l’authenticité de ses paysages. Car sur le Nord de la France, on se fait souvent des idées fausses. Bienvenue donc sur la Côte d’Opale!

     
     
    La Baie de Wissant vue de Saint Pô
    De Boulogne-sur-Mer à Calais, la Côte d’Opale a les yeux rivés sur la mer, sur le « pas » qui la sépare de l’Angleterre.
     

    À l’entrée de la Manche, le cap Blanc-Nez culmine à 133 mètres au-dessus de la mer. L’immense masse de craie est livrée aux intempéries et aux phénomènes d’érosion depuis 170 millions d’années. Malgré la présence de boules de grès dur protégeant, en pied de falaises, de l’attaque du flot, les parois cèdent inéluctablement du terrain.

     

    Le « plat pays » possède ses reliefs

     

    Entre les caps Blanc-Nez (133 m) et Gris-Nez (45 m), le littoral du Nord ne laisse pas de surprendre : c’est entre deux éminences bien marquées que la plage court, ininterrompue sur une dizaine de kilomètres. Quant aux « ciels bas et lourds », vous constaterez que des lumières surnaturelles ne cessent de baigner la côte. Au point qu’au cap Gris-Nez, lorsque les vents de nord-ouest nettoient l’atmosphère, l’air devient si cristallin qu’il laisse voir à l’oeil nu les falaises de l’Angleterre, à plus de trente kilomètres.

     

    Le Cap Blanc-Nez, sur la côte d'Opale (Hauts-de-France)
    Le cap Blanc-Nez.

     

    Mais il serait absurde de cacher que les perturbations venues de l’Atlantique se montrent ici particulièrement violentes. Comme elles remontent la Manche, les vents sont canalisés par les reliefs des Cornouailles britanniques et de la Bretagne, puis par les falaises de l’île de Wight et celles du pays de Caux, contre lesquelles ils rebondissent, jusqu’à se trouver contraints dans le goulot du pas de Calais. L’air s’y comprime. Le vent prend de l’altitude, se refroidit, et l’humidité accumulée pendant le long séjour au-dessus de la mer se libère en pluie. Mais les dépressions passent d’autant plus vite qu’elles frappent brutalement. Aux grains les plus violents succèdent des éclaircies éblouissantes, qui donnent des airs d’Irlande aux campagnes du Nord. Alors, sous des éclairages fous — et surtout si le ciel est encore gris de plomb — le vert des pâtures devient luminescent. Les murs de brique rousse et les toits de tuiles paraissent d’or. Les crépis badigeonnés au lait de chaux éblouissent comme de la neige fraîche.

     

     
    Gris-nez

     

     
    baie de Wissant
    Entre le cap Gris-Nez (sur la photo du haut) et le cap Blanc-Nez, le sentier longe les falaises et joue aux montagnes russes. Le sommet du Gris-Nez est occupé par le CROSSMA (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage en Manche), sentinelle veillant sur la fluidité du trafic maritime du pas de Calais, là où le chenal/channel est le plus étroit (28 kilomètres de largeur) et l’un des plus fréquentés du monde. Sur la photo du bas, vue plongeante sur la baie de Wissant, station balnéaire qui voit son trait de côte reculer de manière alarmante.

     

    La randonnée des Deux-Caps est d’autant plus tentante que, exactement à mi-chemin, le superbe village de Wissant offre toutes les commodités pour une halte confortable. Une route conduit au sommet du cap Blanc-Nez, aménagé pour le décollage des parapentes. Le sentier qui gravit doucement la pente en longeant la côte permet justement d’apprécier le ballet des ailes. Elles passent si près de la falaise que vous entendrez le sifflement du vent dans les suspentes... auquel répond le cri des mouettes. Au large, l’horizon est surligné d’un épais trait blanc : les falaises de Douvres, de l’autre côté de la Manche.

     

     
    trail au cap Blanc-nez
    Trail au cap Blanc-Nez

     

    Par le sentier du littoral, vous allez descendre vers la plage et trouver, cinq kilomètres plus loin, le gros village de Wissant, l'une des plus belles stations balnéaires de France, qui regroupe ses petites maisons blanches à toits de tuiles au milieu des dunes. Des canots de pêche posés sur des remorques que tirent des tracteurs stationnent, attendant l’heure de la marée : car les pêcheurs du pas de Calais ne possèdent pas de port. Arrêtez-vous pour déguster une carbonade arrosée d’une bière légère, et reprenez la route en longeant la plage du Chatelet que débordent d’immenses étendues de bouchots. En repérant le clocher de Tardinghem, perché sur une butte, vous saurez que vous avez couvert les trois quarts du chemin. Bientôt vous serez au sommet du cap Gris-Nez, à la frontière entre la mer du Nord et la Manche.

     

     
    vue sur Gris-Nez
     
     

    Caps sous protection

     

    Classés Grand site des Deux-Caps en 1978, et labellisé Grand Site de France en 2011, les caps Blanc-Nez et Gris-Nez, ainsi que la grande baie de Wissant, enregistrent depuis 2007 une vaste opération d’aménagement (renaturation écologique) ayant pour objectif la protection d’une des zones naturelles les plus riches – et fragiles – de cette portion du littoral s’étendant sur 23 kilomètres. Dans ce cadre, un nouveau sentier de randonnée relie le Cran d’Escalles à la Dover Patrol.

     

    Patrimoine français - 3: Grand site des Deux-Caps, nez à nez en Côte d'Opale

     

    Patrimoine français - 3: Grand site des Deux-Caps, nez à nez en Côte d'Opale

      

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    L'île de Sein, mythique et résistante

     

    Par Dominique Roger
     

    Au large de la pointe du Raz, une simple ligne se dessine à l’horizon, comme si la terre hésitait une ultime fois à émerger avant de plonger définitivement dans l’Atlantique. Sein, c’est une île mythique et résistante... peut-être la légendaire ville d’Ys.

     
     
    det_hs-ile-sein-aerien_br.jpg
    Sein est noyée au milieu des cailloux : d’un côté, la pointe du Razet le raz de Sein, de l’autre les roches et les hauts-fonds de l’interminable chaussée. Pour les navigateurs, c’est l’île de tous les dangers. 

    La dernière terre avant l'Amérique

     

    La géographie des lieux n’est pas banale, c’est certain ! Située à l’extrême ouest du Finistère, c’est la dernière terre avant l’Amérique ! Selon la légende, l’île serait une épave du royaume d’Ys, englouti dans la baie d’Audierne. Absolument plate, avec une altitude moyenne d’1,50 mètre au-dessus du niveau de la mer, elle est protégée par des plages de galets et, autour du port, par de fortes digues.

     

    Chapelle
    La modeste chapelle Saint-Corentin (XVIIe siècle - XXe siècle) bâtie par l'abbé Yves Marzin.

     

    On s’y déplace à pied : elle mesure 1,8 kilomètre de long et 500 mètres dans sa plus grande largeur. Le vélo y est même interdit dans le bourg en été... cela entraînerait des risques de collision, car, pour protéger les Sénans du vent, les ruelles sont étroites et sinueuses. 

     

    Ici, on ne résigne pas

     

    Ici, les risques font partie du quotidien et on ne se résigne pas, l’histoire l’a démontré. En juin 1940, la plupart des hommes valides sont allés rejoindre cet aventurier de Général qui, depuis Londres, appelait à continuer le combat. À eux seuls, ils représentaient le quart des effectifs des résistants de la première heure ! Entre le 24 et le 28 juin, 141 sont partis, soit quasiment tous les hommes valides, sur les bateaux de pêche, mais aussi la vedette des Ponts et Chaussées et le petit caboteur qui servait à approvisionner l’île.

     
    Pêcheur

    À la demande des femmes, le curé et le boulanger sont restés sur l’île. En souvenir de leur héroïsme, l’île a été l’une des cinq communes de France à être décorée de la croix de la Libération. Le général de Gaulle est venu en personne, en 1960, inaugurer le monument aux Français libres qui célèbre cette épopée moderne.

     

    L'abri de Sein se transforme en cantine

     

    Pecheur
    À Sein, la pêche est quotidienne...

     

    Et pour celui qui veut approcher le quotidien des Sénans, impossible de faire l’impasse sur le musée de l’Abri du marin. Ici, l’Abri du marin fut d’un grand soutien pour la population : en juin 1940, pour aider les femmes des marins partis en Angleterre, l’Abri de Sein se transforme en cantine pour les enfants. Les Sénanes y venaient chercher des travaux à domicile (couture, tricot ou dentelle), afin de compléter leurs maigres ressources. Aujourd’hui, il présente toute l’épopée de la France libre comme la vie quotidienne des générations passées.

     

    La pointe du Raz annonce le continent

     

    Pour mieux appréhender les réalités quotidiennes, nous grimpons les 250 marches du phare. Il émet 4 éclats toutes les 25 secondes, qui portent à 27,5 milles, soit 51 kilomètres. Du haut de la tour, par temps clair, la vue est époustouflante !

     

    Le phare d'Ar Men
    Ar-men, l'un des plus célèbre phares français, émet quatre éclats toutes les vingt-cinq secondes, au-dessus de l'une des passes maritimes les plus dangeureuses au monde.

     

    À l’ouest, on devine, à cause des nombreux remous, les écueils de la chaussée de Sein ponctuée par le phare d’Ar-Men et les roches affleurant à la surface de l’eau. Et dire que c’est là que Jacky et ses amis vont pêcher tous les matins ! De l’autre côté, c’est la pointe du Raz et le cap de la Chèvre qui annoncent le continent.

     

    Port

    Au pied du phare, on trouve l’usine de dessalement d’eau de mer et les génératrices d’électricité fonctionnant au fioul : l’île n’est pas raccordée électriquement au continent en raison des courants trop puissants et des fonds rocheux du raz de Sein qui endommageraient vite les câbles. 

     

    Patrimoine français - 3:  L'île de Sein, mythique et résistante

     

    Patrimoine français - 3:  L'île de Sein, mythique et résistante

     

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    Les plus beaux villages de Haute-Loire

     

    Par Philippe Bourget
     

    La moitié des 10 « Plus Beaux Villages de France » d’Auvergne se trouve dans ce département. Découverte de Pradelles, Arlempdes, Lavaudieu, Blesle… et du petit dernier, récemment labellisé, Polignac. Près du Puy-en-Velay, il a été admis dans le célèbre cénacle en septembre 2021.

     

    Polignac, la puissance d’une seigneurie

     

    Polignac en Haute-Loire

    La vue proposée par le site dit assez du potentiel dont il dispose. Qu’on l’aperçoive depuis la statue Notre-Dame de France, sur le rocher Corneille, au Puy-en-Velay, ou qu’on le découvre en l’approchant par la route, Polignac, c’est d’abord – et surtout – un château. Immense, conquérant, il domine le bourg et ses environs depuis un plateau volcanique de 3 hectares, une plateforme basaltique où se dresse un donjon rectangulaire de 32 mètres de haut. Une forteresse médiévale en majesté, qui appartient depuis plus de 900 ans à la même famille, les Polignac, puissante seigneurie installée ici dès la fin du XIe siècle. Le village, point de rencontre des Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle venant de Cluny et de Lyon (GR765), juste avant leur arrivée au Puy-en-Velay, agglomère un ensemble de maisons en pierre volcanique couleur bronze.

     

    Arlempdes, « premier » des châteaux de Loire

     

    Village d'Arlempdes en Haute-Loire

    À 30 minutes au sud du Puy-en-Velay, Arlempdes surgit comme un nid d’aigle au creux de la vallée naissante de la Loire. Le mont Gerbier de Jonc n’est qu’à une vingtaine de kilomètres et le fleuve coule ici en une impétueuse rivière, traçant son sillon dans le basalte volcanique. Là, au sommet d’une éminence inattaquable, se dresse un château-forteresse ruiné, le premier du val de Loire. Rien à voir avec les demeures Renaissance du fleuve royal, accueillants et prestigieux palais égrenés entre Blois et Angers… Dans cette Loire primaire où l’on pense d’abord à se défendre, les Montlaur occupent cette place forte dès le XIIIe siècle. Méfiants, ils transforment le verrou rocheux en baronnie imprenable. Les fragments de murailles et la chapelle castrale en pierre rouge font corps avec la roche au dessus d’un village de poupée surmonté par le clocher-mur de l’église romane. Le petit amas de maisons aux toits rouges se découvre après avoir franchi une poterne en basalte du XIe siècle. En bas, tout en bas, la Loire file dans son canyon, léchant sans jamais l’user cette relique médiévale magnifique.

     

    Pradelles, aux portes du Midi

     

    Village de Pradelles en Haute-Loire

    Aussi loin que l’on remonte, Pradelles fut une ville de passage. Aux confins des départements actuels de la Haute-Loire, de l’Ardèche et de la Lozère, elle marque la frontière entre le Velay et la Margeride, la haute vallée de l’Allier et le Languedoc. La table d’orientation, accessible depuis la rue des Pénitents, dévoile ce paysage de « contact », ouvert sur la montagne du Goulet, la forêt de Mercoire et le lac de Naussac. Rien d’étonnant à ce qu’elle fut, à 1 150 mètres d’altitude, une étape importante sur la route des marchands. Placée sur la voie Régordane reliant l’Auvergne au Languedoc, elle vit passer des générations de commerçants revenant du Midi avec du sel et du vin, ou s’y rendant chargés de grains et de fromages. Elle accueillit aussi quantité de pèlerins en route vers Saint-Gilles, depuis le fief voisin du Puy-en-Velay. Même Stevenson y passa avec son âne, un beau jour d’automne 1878. La petite ville a conservé les parures de ces temps fastes : place centrale entourée de demeures nobles à arcades, portes anciennes, fontaines, tours et portails… La balade dans les ruelles serrées pour se protéger du vent a un franc goût moyenâgeux.

     

    Lavaudieu, touché par la grâce

     

    Village de Lavaudieu en Haute-Loire

    À 12 kilomètres de Brioude, Lavaudieu (« La vallée de Dieu ») porte dans son nom les raisons de sa notoriété. L’abbaye bénédictine implantée ici depuis le Moyen Âge a fait de ce bourg et de la vallée de la Senouire dans laquelle il se trouve un haut-lieu du patrimoine religieux auvergnat. On y visite avec gourmandise l’abbaye, son abbatiale et son cloître. La première remonte aux XIe et XIIe siècles et fut initiée par le fondateur de La Chaise-Dieu. Elle abrite de belles peintures murales de l’Ecole Italienne (XIVe siècle). Le second est un magnifique exemple d’architecture romane parfaitement conservée, unique en Auvergne. Son réfectoire est orné d’une fresque byzantine du XIIe siècle. L’abbaye a abrité des moniales bénédictines jusqu’à la Révolution. Le village, lui, brille par ses maisons vigneronnes à pierres dorées et tuiles rondes, qui ajoutent au cachet. On peut aussi visiter la maison des Arts et Traditions Populaires, sur la place de l’église, rappel des us et coutumes quotidiennes et artisanales du territoire.

     

    Blesle, religieux et médiéval

     

    Village de Blesle en Haute-Loire

    Plus à l’ouest encore, à la frontière du Puy-de-Dôme, voici Blesle. Enchâssé dans la vallée de la Voireuze, ce village isolé a traversé les siècles sans dommage. Comme à Lavaudieu, tout part aussi d’une présence religieuse. Une abbaye bénédictine, fondée au IXe siècle, assure la notoriété du bourg. Fait curieux, les moniales n’étaient pas cloîtrées mais vivaient dans des maisons particulières du village. Ce sont celles-ci (et d’autres) que l’on découvre au cours de la balade. Beaucoup sont encore à pans de bois et à portes sculptées, renforçant le caractère médiéval de Blesle. L’église abbatiale, elle, affiche son beau décor roman sous une haute voûte. Les vestiges du château des barons de Mercoeur sont l'autre point d’intérêt du village. Le site, privé, ne se visite pas mais l’on peut admirer le donjon, les tours et le mur d’enceinte. À noter enfin : chaque année, mi-août, le village organise ses « apéros musique ». Trois jours de fête et de concerts dans le village et même les pieds dans l’eau, dans le lit de la Voireuze !

     

    Patrimoine français - 3:  Les plus beaux villages de Haute-Loire

     

    Patrimoine français - 3:  Les plus beaux villages de Haute-Loire

     

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    Que faire en Cornouaille ?

    8 sites incontournables

     

    Par Philippe Bourget
     

    Le cap Sizun et le Pays bigouden, parties ouest de ce grand territoire finistérien, comptent une palette chamarrée d’emblèmes bretons. Entre les rias, les ports, les cités de caractère, les pointes, les phares et les îles qui constituent son patrimoine, nous avons choisi huit lieux. Autant de sites emblématiques de l’identité d’une région marquée par sa force de caractère et son lien indéfectible avec l’océan.

     

    Cap Sizun, fervente péninsule

     

    La pointe du Raz : lande sauvage

     

    La pointe du Raz, Finistère, Bretagne

    « L’homme n’est pas fait pour vivre là, pour supporter la nature à haute dose. » Ainsi écrivait Gustave Flaubert à propos de la pointe du Raz. On adhère. Comment sinon vivre serein sur ce plateau rocheux où l’océan, les vents et la pluie vous étreignent et éreintent jusqu’à devoir crier pouce ? Bien sûr, l’été, il y a foule. Grand site de France, la pointe du Raz draine des flots d’autocars éparpillant leurs passagers sur la dernière poussée de l’Europe continentale – Espagne et Portugal exceptés. Au-delà, ce sont les ultimes soubresauts rocheux, les phares de la Vieille, Tévennec et Ar-Men, l’île de Sein et puis… plus rien, juste 3 700 km de houle jusqu’à Saint-Pierre-et-Miquelon. Mettre le pied sur cette lande désolée un jour de mauvais temps, quand le gris de la roche s’entremêle à celui du ciel, réveille de vieilles terreurs enfantines. Vite, un abri, loin du sémaphore et de l’oppressante statue de Notre-Dame-des-Naufragés ! La pointe du Raz est fascinante mais n’est guère humaine… Et même la grande plage de sable de la baie voisine des Trépassés – nom tragique – ne peut faire oublier la poignante déréliction des lieux.

     

    Pont-Croix : petite cité de caractère

     

    Pont-Croix

    Sur la ria du Goyen, fleuve côtier liant la ville à Audierne et à l’océan, Pont-Croix s’affiche en Petite cité de caractère sur le coteau nord du cours d’eau. Adorable bourg, jadis bastion des seigneurs de Pont-Croix et Rosmadec. Depuis le fond de vallée, les ruelles pavées de la Grande et de la Petite Rue Chère, grimpent au coeur de la cité en dévoilant de splendides maisons de granit aux murs percés de petites fenêtres. Maisons prébendales et du marquisat, vieilles échoppes médiévales, linteaux sculptés… les rues de la Prison, aux OEufs et de Rosmadec livrent un authentique patrimoine médiéval, jalonné de quelques galeries. Points d’orgue de la visite : l’ancien couvent des Ursulines, abritant désormais appartements et médiathèque, et la collégiale Notre-Dame-de-Roscudon. Celle-ci, bâtie aux XIIe et XIIIe siècles puis plusieurs fois remaniée, abrite sur son flanc droit un remarquable porche sculpté. L’intérieur présente de beaux vitraux et un Cêne du XVIIe siècle en bois.

     

    Le Goyen, évasion sur la ria

     

    Le Goyen

    11 km. C’est la distance de cet itinéraire en boucle qui longe depuis Pont-Croix les deux rives du Goyen et glisse jusqu’à son embouchure, à Audierne. 11 km d’évasion entre chemin de halage et sentier de versant, suivant le rythme des marées qui emplissent ou vident la ria. À mer montante, le spectacle est fascinant. Le puissant courant entrave le flux timide de la rivière, formant une écume blanche propulsée vers l’amont. Mouettes et cormorans se régalent de ce brassage dans lequel les poissons s’empêtrent. À mesure que Pont-Croix s’éloigne, le bourg apparaît comme un écrin de rivage. Un paysage romantique pour impressionnistes, dominé par les 67 mètres du clocher de la collégiale. Il faut une heure pour atteindre Audierne, après avoir longé des lagunes et une anse. L'agitation qui règne sur le port breton dénote dans cette balade plutôt silencieuse. Pont traversé, il convient de grimper à gauche jusqu’au château de Locquéran pour retrouver le sentier. Le retour est vallonné. En partie en sous-bois, il ouvre des vues nouvelles. Vierge de bateaux, le Goyen forme à pleine marée un estuaire olympien, troublé par les cris menaçants de choucas s’en prenant à une buse. Pont-Croix réapparaît. On rejoint la cité par l’ancien port et le pont, précédé de l’antique moulin à mer du XVIe siècle.

     

    Le ports-abris, ces secrets de côte

     

    Port-Abri dans la baie des Trespassés

    Ils s’appellent Le Vorlen, Bestrée, Feunteun Aod, Pors Loubous. Depuis Plogoff et la baie des Trépassés, on y accède par des routes anonymes, comme s’ils voulaient rester cachés. Au bout de quelques virages, la route descend subitement, découvrant la lande rocheuse et l’immensité océane. Voilà donc ces échancrures, à demi-protégées dans les falaises du Raz, seuls abris de fortune contre les violentes tempêtes. Les canots de mer y sont relevés par treuil, hauts sur les rochers, histoire d’échapper à la furie atlantique. Les ligneurs de bars s’y abritent. Les pêcheurs amateurs viennent y boire des canons dans des cabanons de bric et de broc. Jadis, l’abri de Bestrée fut le port de départ pour ravitailler les gardiens du phare de la Vieille. Un quai d’embarquement à peine moins secoué que le fanal planté au large.

     

    Quelques faits d'histoire

     

    Leur discrétion a valu à ces anses de connaître quelques faits d’histoire. Ainsi, en février 1944, Feunteun Aod accueillit un bateau en perdition, Le Jouet des Flots. À son bord, 32 résistants et aviateurs, recueillis après une tentative avortée de rallier l’Angleterre par la Manche. Parmi eux se trouvait Pierre Brossolette, héros de la Résistance. Il se suicidera un mois plus tard dans les locaux de la Gestapo parisienne, pour ne pas avoir à trahir ses secrets. Avant lui, le 22 décembre 1940, Honoré d’Estienne d’Orves avait débarqué dans le port-abri voisin, Pors-Loubous. Lui venait de traverser la Manche envoyé par de Gaulle pour organiser un réseau de renseignement dans l’ouest de la France. Son destin ne sera pas moins tragique : il sera fusillé par les Allemands en août 1941 au Mont-Valérien.

     

    Pays Bigouden

     

    Sainte-Marine , mère des lieux

     

    Sainte Marine

    Un petit port lustré, coqué, enrubanné du bleu pâle de l’Odet, bordé de pins frisés avec comme toile de fond les maisons roses.

    Ainsi parlait Victor Segalen de Sainte-Marine, au tournant du XXe siècle. Rien n’a beaucoup changé depuis. Il y a toujours le bleu pâle de l’Odet, prolongé rive gauche par le quai gris de Bénodet, dont l’écho des cloches de l’église parvient à nos oreilles. Les pins sont là, aussi, du côté de la rue des Glénan menant à la pointe de Combrit. Y trônent un fort (1862), un phare à tourelle rouge et une casemate (Ti Napoléon), ultime batterie contre les attaques anglaises. Le port est soigné, protégé des assauts de l’Atlantique par sa place en retrait de l’embouchure de l’Odet, la « rivière de Quimper ». La maison rose de l’Abri du Marin, construite en 1910 par Jacques de Thézac, est restée. Soucieux d’améliorer le sort des hommes de mer par l’éducation et les loisirs, il fut à l’origine des 15 abris ouverts sur le pourtour finistérien, de 1900 à 1952. Celui de Sainte-Marine, l’un des derniers à fermer en 1985, est désormais un musée. Du XVe à la fin du XVIe siècle, le merlu et le congre furent traqués. En complément, les marins transportaient les vins de Bordeaux vers la Manche et la mer du Nord. Vers 1850 vint le temps de la pêche aux crustacés. Elle fut supplantée par les bains de mer et les villégiatures, dont profita Zola.

     

    Eckmühl, phare princier

     

    Le phare d'Eckmühl

    Son nom est une intrigue. À la pointe de Saint-Pierre, à Penmarc’h, ce phare carré en granit de 64,80 mètres de haut porte le patronyme d’un village bavarois où eut lieu en 1809 une bataille napoléonienne, remportée par le maréchal d’Empire Louis Nicolas Davout contre l’armée d’Autriche. À sa mort en 1823, sa fille, Louise Davout, fit don de 300 000 francs pour la construction d’un phare, à condition qu’il porte le nom de ce bourg allemand, dont son père avait été fait prince. « Les larmes versées par la fatalité des guerres, que je redoute et déteste plus que jamais, seront rachetées par les vies sauvées de la tempête », disait-elle. Bâti de 1893 à 1897, le phare se dresse sur l’un des rivages les plus dangereux du sud Finistère, constellé de nombreux récifs. Depuis le sommet, accessible par les 307 marches d’un escalier dont la cage est recouverte d’opaline, il offre une vue grand-angle sur la baie d’Audierne. Son éclat blanc lancé toutes les 5 secondes porte jusqu’à près de 50 km. En 2007, les gardiens ont laissé la place à un système automatisé. Monument historique depuis 2011, il découvre à ses pieds le reste de la pointe de Saint-Pierre : le local du canot de sauvetage Papa Poydenot, embarcation centenaire classée monument historique ; le Vieux Phare rond de 1835, transformé en Centre de découverte maritime, avec expositions sur les phares et balises ; la chapelle fortifiée de Saint-Pierre, du XVe siècle ; le blanc sémaphore, à l’extrémité de la pointe.

     

    Pont-l'Abbé : surcroît d'estuaire

     

    Pont l'Abbé

    Encore une ville de fond d’estuaire ! Si Pont-l’Abbé n’échappe pas aux poncifs associés à cette situation (commerce maritime important au XIXe siècle, ville de marchés, de foires et d’artisans), elle le fait avec un supplément d’âme qui lui vaut d’incarner une forme de quintessence bretonne. Les costumes brodés les plus beaux, la coiffe la plus haute, la tristesse la plus grande face aux marins disparus, la révolte exemplaire du peuple contre les impôts royaux (les fameux Bonnets rouges, en 1675)… tout, ici, semble marqué du sceau de l’intensité. On le découvre en arpentant les deux rives de la rivière de Pont-l’Abbé, séparant le centre-ville du quartier populaire de Lambour. Le pont est ainsi inédit. À la fois barrage hydraulique et axe de passage, il a abrité au XIXe siècle l’une des plus grandes minoteries de France. De nos jours, il reste l’un des seuls ponts habités de France, avec ceux de Landerneau et de Narbonne. Prolongeant le pont, l’ancien château et sa tour du XVe siècle révèlent la puissance des seigneurs locaux. L’édifice fut dévasté par les Bonnets rouges, puis restauré. Le coeur de ville vaut une balade, notamment la place Gambetta, aire de marché (le jeudi) arborée entourée de maisons des XVIe-XVIIe siècles. On s’attardera devant l’église Notre-Dame-des-Carmes et son imposante rosace de plus de 7 mètres de diamètre (encore un excès local !). Et devant le célèbre monument Aux Bigoudens, tragique désespoir de femmes ayant perdu leurs maris et pères en mer…

     

    Loctudy, île-Tudy : face-à-face portuaire

     

    Vue aerienne de Loctudy

    L’un est célèbre pour ses « Demoiselles », les langoustines qui sont la spécialité du port. L’autre est connue pour sa pêche à pied et ses huîtres, ramassées et élevées à l’embouchure de la rivière de Pont-l’Abbé. Loctudy, fin de matinée. Bateaux hauturiers et côtiers sont au bercail, rangés à quai ou en bataille le long d’un ponton. Des filets sèchent. Les armements et poissonneries nettoient ou rangent leur matériel. Reine du port, la langoustine est surtout pêchée d’avril à octobre. Elle donne le La d’une criée où la vente s’effectue chaque matin en semaine à 6 heures. En face, avec ses maisons bâties jusqu’à l’ultime pointe, c’est l’Île-Tudy. Un port de tradition sardinière, antérieur à Loctudy. La pêche à pied a aussi fait la bonne fortune de l’Île-Tudy. Côté océan, les plages de l’Île-Tudy drainent les foules. Le village aux ruelles et maisons de charme passe de 700 habitants à 10 000 l’été. C’est le prix à payer quand on est séduisant.

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