• Patrimoine français - 3: Les plus beaux villages des Cévennes

      

     

    Les plus beaux villages des Cévennes

     

     

    Par Philippe Bourget
     
     

    Pour entrer dans la catégorie des « villages remarquables », de nombreux critères sont pris en compte : esthétiques, patrimoniaux et culturels. Forts de leur géographie composée de schiste et de châtaigneraies et de leur histoire protestante, les bourgs des Cévennes ont des arguments à faire valoir ! Choisis pour leur notoriété ou découverts au gré du reportage, voici les six qui composent notre best of.

     

    Sainte-Énimie, la consacrée des gorges du Tarn

     

     
    Sainte-Énimie

    Ville-étape du canyon du Tarn, la commune dresse ses petites maisons médiévales au pied du plateau calcaire. Un carrefour marchand et religieux au coeur des causses, qui mérite bien mieux que le tourisme « traversant » de l’été. Les puristes opposeront que ce village des gorges du Tarn n’est pas dans les Cévennes. Tout juste ! D’un point de vue géographique, la commune fait partie des causses lozériens, « coincée » entre celui de Sauveterre au nord et de Méjean au sud. Mais Sainte-Énimie appartient à l’aire d’adhésion du Parc national des Cévennes. Et c’est un des « Plus Beaux Villages de France ». Alors nous l’avons joint sans état d’âme à notre sélection.

     

    La légende de sainte Énimie 

     

    En prime, le village doit sa réputation à sainte Énimie dont la légende, au VIe siècle, a infusé jusqu’à nos jours. « Cette femme très belle, très croyante, ne voulait pas se marier à un homme mais à Dieu. Elle lui a demandé de contracter la lèpre pour ne pas être séduite. Mais souffrant trop, elle l’a imploré de l’aider. Un ange lui a alors enjoint de se baigner dans la source de Burle. De guérisons en rechutes, elle comprend que Dieu lui envoie un message et décide de s’installer ici dans un ermitage, sous la falaise. Cet ermitage, on l’aperçoit depuis la source, résurgence du causse de Sauveterre formant au pied du village une vasque claire, avant d’aller se jeter dans le Tarn. Au-dessus de la fontaine, Sainte-Énimie a conservé ses attributs médiévaux.

     

    Génolhac, médiévale et camisarde

     

     
    Génolhac

     À première vue, son aspect disparate et peu restauré ne plaide pas en sa faveur. Si nous avons choisi Génolhac, c’est parce qu’il témoigne d’une double histoire : haut lieu de la révolte des camisards, le village était aussi ancienne ville-étape sur le chemin de Régordane, grâce à sa position favorable sur un axe majeur de commerce et de pèlerinage dès le Moyen Âge. Très fréquenté du Xe au XIIIe siècle, le chemin de Régordane reliait le royaume de France au Languedoc, du Puy-en-Velay jusqu’à Saint-Gilles. Marchands et pèlerins faisaient halte dans les hostelleries de Génolhac. À l’époque, Génolhac était une autoroute marchande : depuis le Gévaudan et le Massif central, des convois de charrettes et de mulets chargés de viande, bois, seigle, châtaignes ou tissus de lainevcroisaient ceux qui, depuis la Méditerranée, remontaient sel, soie, huile d’olive et vin. Au début du XVIIIe siècle, des soldats du Roi furent dépêchés dans les Cévennes pour mater la révolte des camisards. Parmi ces protestants irréductibles, leur chef local, Nicolas Joany, brûlera l’église en 1702 et détruira le couvent de Dominicains au début de l’année 1703. Un passé révolu car temple et nouvelle église cohabitent désormais sur cette terre qui, il y a vingt ans, accueillait encore deux boucheries : l’une tenue par un catholique ; l’autre par un protestant. Tout un symbole.

     

    La Guarde-Guérin, Halte-là !

     

     
    La Garde-Guérin

    Une apparition sur un plateau désert, comme un décor de cinéma. Le bourg moyenâgeux de La Garde-Guérin surgit là où personne n’imaginerait qu’un village puisse se déployer. À l’origine, La Garde-Guérin est née de l’existence du chemin de Régordane, une voie marchande et religieuse tracée entre Languedoc et Auvergne à travers les Cévennes. Un axe à risques, dont la portion située entre Villefort et la Bastide était considérée comme la plus dangereuse. Les « routiers » – des mercenaires voleurs et incendiaires –, faisaient régner une menace permanente sur les voyageurs. Dès le Xe siècle, des seigneurs locaux s’enquièrent de la sécurité sur cet axe et bâtissent des places fortes. La Garde-Guérin naît alors au coeur d’un plateau à 900 mètres d’altitude, dominant les gorges du Chassezac. La balade dans les ruelles transporte au Moyen Âge. On découvre le charme des venelles à rigole centrale, bordées de boutiques d’artisans. On observe les vestiges d’un château du XVIe siècle. On grimpe au sommet de la tour de garde, ouvrant la vue sur la forêt de toits et le canyon du Chassezac. On visite l’adorable église romane du XIIIe siècle et son clocher-peigne. Et on se dit que la restauration n’a pas dénaturé l’esprit de ce village.

     

    Saint-Jean-du-Gard, au pays des filatures

     

     
    Le jardin botanique de la Grande Rouge à Saint-Jean-du-Gard

    Bourg d’allure provençale, Saint-Jean-du-Gard témoigne avec sa Maison Rouge de l’identité cévenole, construite autour de l’agriculture, des filatures de soie et de la religion protestante. Une halte clé pour mieux comprendre le territoire. Une balade sur son marché un mardi, c’est l’assurance de se mettre un peu de Provence dans les yeux. Étals colorés, produits de saison, terrasses de bars de la tour de l’Horloge remplies… pas de doute, le Sud est là ! Ville historiquement combative (avec jardins partagés, accueil de migrants, épicerie solidaire…), Saint-Jean-du-Gard abrite plusieurs obédiences et oeuvres protestantes, l’Armée du Salut, l’Église évangélique libre, l’Église évangélique de Pentecôte. Ce tempérament offensif, elle le doit aussi à ses anciennes usines. Comme celle de la Maison Rouge, ancienne filature fondée au début du XIXe siècle, devenue la mémoire de l’identité cévenole. Le bâtiment, classé, a fonctionné jusqu’en 1965. Depuis 2017, il abrite un musée qui retrace l’activité de l’usine et celle des métiers cévenols : l’agriculture, l’artisanat, les foires et marchés, la vie domestique, l’habitat… «

     

    Banne, le village deux-en-un

     

     
    Banne

    À l’extrême sud de l’Ardèche, Banne dénote. Ce village de 650 habitants est coupé en deux. La partie basse, d’origine médiévale (« Le Fort »), ressemble à tous ces bourgs du Sud, tassés par instinct de survie sous un château protecteur aujourd’hui en ruines. La place du Fort et ses platanes, où campe une auberge de luxe, en sont l’épicentre. Une rue et des calades bordées de vieilles maisons aux toits de tuiles, tournées plein sud comme des tournesols, grimpent jusqu’au plateau. Le vent du nord vous y saisit sans crier gare. Au loin apparaissent le massif du Tanargue et la pointe du Ventoux. En bas s’étend la plaine ardéchoise, couverte de vignes. La partie haute du bourg est beaucoup plus récente. Séparée de la première par d’anciennes terrasses agricoles et des champs d’oliviers, elle est symbolisée par le  clocher pointu de son église néogothique, édifiée au XIXe siècle sur l’emplacement d’une église romane dont il ne reste rien. Au-dessus d’une nef courte et large, le clocher s’élève haut dans le ciel. Devant l’église, une belle fontaine matérialise une place où se tient chaque lundi après-midi, l’été, un marché de producteurs. L’occasion d’acheter fruits, légumes, miel, produits châtaigniers et huile d’olive de paysans souvent néoruraux, versés dans l’agriculture biologique.  Autour de l’église, rues et impasses laissent échapper des vues plongeantes sur la vallée et Banne-le- Bas.

     

    Thines, joyau des Cévennes d'Ardèche

     

     
    Thines

    Isolé dans une vallée reculée, ce village raconte la vie cévenole aux siècles passés. Où il est question de châtaignes et de schiste, d’exode rural et d’efforts pour maintenir le bourg en vie. D’où que l’on vienne, Thines ne laisse pas indifférent. Tout est rustique à Thines : la pierre de schiste des maisons au teint de rouille ; celle des calades sommairement taillées dans le socle rocheux ; la lauze des toits ; les croix de bois et de fer posées en mirador sur la vallée ; une boîte à lettres vintage de La Poste… Cela tranche avec l’église Notre-Dame de Thines, formidable exemple d’art roman aux sculptures d’une étonnante finesse – le portail et ses statues sont un modèle du genre. On n’entend que le chant des oiseaux et le bourdonnement de la rivière, en bas dans le vallon. C’est profondément réconfortant. Il n’y a que cinq habitants permanents au village.

      

    Patrimoine français - 3:  Les plus beaux villages des Cévennes

     

    Patrimoine français - 3:  Les plus beaux villages des Cévennes

     

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