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    Auberge de Peyrebeille

     

     
     
    L'auberge de Peyrebeille, au début du XXe siècle
     

    L'auberge de Peyrebeille est située sur la commune de Lanarce en Ardèche. Elle se trouve à environ 5 km du bourg, à la limite des communes de Issanlas et Lavillatte, sur la N 102, au croisement de la D 16, sur un plateau balayé par la burle.


    Elle est plus connue sous le nom de L'Auberge rouge. Au cours du XIXe siècle, elle fut le lieu d'une affaire criminelle, dite « l'affaire de l'Auberge rouge », ayant pris en raison du contexte politique de l'époque, des proportions incroyables. Ainsi en est-on arrivé à prétendre qu'elle avait été le théâtre d'une cinquantaine de meurtres, de nombreux viols et de perversions en tout genre. Finalement, les tenanciers de l'établissement, les époux Martin et leur valet Jean Rochette ont été condamnés à mort et guillotinés. Mais en vérité, seule la mort d'un client, Jean-Antoine Enjolras, est clairement établie alors que son cadavre a été retrouvé dans la nature et que rien ne prouve qu'il ait été assassiné à l'auberge.

     

     
     
    Intérieur de l'auberge de Peyrebeille
     
     

    Phénomènes Inexpliqués:  Auberge de Peyrebeille

     
    L'auberge de Peyrebeille à Lanarce (direction Aubenas)
     

    Pendant près de vingt-trois ans, aux alentours des années 1805-1830, les époux Pierre et Marie Martin (née Breysse), d'anciens fermiers pauvres devenus propriétaires et tenanciers de l'établissement, auraient détroussé plus de cinquante voyageurs avant de les assassiner. À leur mort, leur fortune fut évaluée à 30 000 francs-or (ce qui correspond à environ 600 000 euros d'aujourd'hui). Les assassinats eurent lieu avec la complicité de leur domestique nommé Jean Rochette, surnommé « Fétiche », ainsi que de leur neveu, André Martin. Le teint hâlé de Jean Rochette le fera décrire à tort dans la littérature romanesque comme un mulâtre originaire d'Amérique du Sud. En fait, il était bien d'origine ardéchoise. Leur cupidité et le fort caractère de Pierre Martin, qui le fait craindre dans le voisinage, attireront sur eux l'attention des gens du lieu et les conduiront à leur perte. La presse donna alors différents surnoms à « l'auberge de Pierre Martin », tels que « l’auberge rouge », « l’auberge sanglante », « l’ossuaire » ou le « coupe-gorge ».

     

    L'affaire débuta le 26 octobre 1831. Ce jour-là, on découvrit le cadavre d’un homme sur les bords de l’Allier, à quelques kilomètres de l'auberge. Le crâne fracassé, le genou broyé, il s'agissait du maquignon Antoine (ou Jean-Antoine) Enjolras (ou Anjolras), qui, ayant perdu sa génisse en chemin, aurait cessé les recherches de sa bête et fait halte à l'auberge le 12 octobre 1831. Selon le témoin Claude Pagès, le cadavre aurait été transporté sur une charrette par Pierre Martin, « Fétiche » le domestique et un inconnu depuis l'auberge jusqu'à la rivière.

     

    Le 25 octobre, le juge de paix Étienne Filiat-Duclaux se rendit chez les Martin pour enquêter sur la disparition de l'« homme à la génisse ». Pierre Martin et son neveu furent arrêtés le 1ernovembre 1831. Jean Rochette ne fut arrêté que le lendemain. Marie Martin ne fut arrêtée que plus tard car les autorités n'imaginaient pas au départ qu'une femme pût être une meurtrière.

     

     
    Le four à pain de l'auberge
     
     
    Meurtres en série à l'Auberge Rouge
     

    Le 18 juin 1833, le procès des « quatre monstres » s'ouvrit aux assises de l'Ardèche à Privas. Cent neuf témoins furent appelés à la barre (témoins indirects, relayant essentiellement les rumeurs de l'époque : la femme aubergiste ferait manger aux clients pâtés et ragoûts accommodés avec les meilleurs morceaux prélevés sur les cadavres ; certains paysans auraient vu des mains humaines mijoter dans la marmite de la cuisine ; d'autres rapportèrent avoir vu les draps du lit ou les murs tachés de sang ; d'autres racontèrent que des fumées nauséabondes s'échappaient fréquemment des cheminées, les aubergistes auraient brûlé le corps de leurs victimes, dont des enfants, dans le four à pain de la cuisine ou en faisant croire qu'ils étaient morts de froid dans la neige sur le plateau), mais le procès s'enlisa et on pensa même à prononcer l'acquittement des accusés.

     

    Puis, coup de théâtre. Laurent Chaze, un mendiant de la région qui aurait tout vu et entendu, raconta les faits. Ce soir-là, il fut chassé de l'auberge, faute de pouvoir payer son lit. Il se serait alors caché dans une remise d’où il n'aurait, en réalité, assisté qu'à l'assassinat d'un seul voyageur (Enjolras). S'il semble vrai que Chaze eût assisté à quelque chose d'anormal, il est aussi possible que son témoignage eût été « arrangé ». En effet, celui-ci s'exprimait en patois tandis que les audiences de la cour d'assises se déroulaient en français. La communication n'était alors pas très facile.

     

    L'avocat de Jean Rochette a, au cours de sa plaidoirie, implicitement accepté le fait que son client était un assassin en plaidant l'irresponsabilité de ce dernier, car il ne pouvait pas échapper à l'influence de ses maîtres. Cette plaidoirie a sans doute contribué à sceller le sort des accusés.

     

     
    Grosse pierre qui indique le lieu de l'exécution des époux Martin
     

    Finalement jugés coupables d'un seul assassinat (celui d'Enjolras), et acquittés pour tout le reste, le 28 juin, après sept jours d'audience, les époux Martin et leur valet Rochette furent tous les trois condamnés à mort. Après le rejet de leur pourvoi en cassation, puis de la requête en grâce auprès du roi Louis-Philippe, ils furent ramenés de Privas sur les lieux de leurs méfaits afin d'être guillotinés dans la cour même de leur auberge, par le bourreau Pierre Roch et son neveu Nicolas.

     

    Le voyage dura un jour et demi. L'ambiance le long du trajet était tellement malsaine que les ecclésiastiques accompagnant les condamnés demandèrent à être remplacés. L'exécution eut lieu le 2 octobre 1833, à midi, lorsque l'angélus de Lavillatte sonna. Une foule très importante assista à cette exécution (on parle de 30 000 personnes).

     

    Lorsque Rochette fut sur le point d'être exécuté, il cria : « Maudits maîtres, que ne m'avez-vous pas fait faire ! » Les dernières paroles du supplicié suscitent le doute quant à la vraie nature des aubergistes. Toutefois, beaucoup d'historiens pensent que la culpabilité des Martin dans l'« assassinat » d'Enjolras est loin d´être démontrée. Il semblerait que ce dernier soit simplement mort d'une crise cardiaque après avoir trop bu. Ceci expliquerait pourquoi l'épouse Martin essaya de lui faire boire une tisane.

     

    La cour a longuement évoqué des faits prescrits, car trop anciens. Des témoignages manifestement irrecevables ont été entendus. Ceux-ci ont influencé négativement le jury. En outre, le président de la cour d'assises, Fornier de Claussonne, a effectué un « résumé » des débats après les plaidoiries de la défense qui s'apparentait à un second réquisitoire. Il a sciemment ignoré les arguments apportés par la défense, qui a insisté sur le fait que le témoin principal était un clochard ivrogne et que son récit était, par moments, invraisemblable.

     

    Par contre, le neveu des Martin, André, fut acquitté et remis en liberté bien qu'il aurait peut-être participé à au moins un assassinat. De nombreuses pièces du dossier ont disparu des archives judiciaires. Les pages des livres d'état civil faisant état des étapes de la vie des époux Martin ont été arrachées. Le mystère de la culpabilité ou de l'innocence des époux Martin ne sera jamais éclairci, sauf à retrouver un jour les pièces du dossier qui dorment peut-être dans un grenier, si elles n'ont pas été détruites.

     

    Place dans le contexte politique et l'imaginaire collectif

     

     
    Arrivée des trois condamnés devant l'auberge, le 2 octobre 1833
     
     
    La charrette des condamnés arrivant sur le lieu d'exécution à Peyrebeille
     
     
    L’hôtel-restaurant modernisé aujourd'hui.
     
     
    L'authentique auberge de Peyrebeille
     

    L'affaire de l'auberge rouge doit être replacée dans son contexte historique. Aux insurrections des Canuts de Lyon en 1831, répond celle des forêts royales en Ardèche. Le droit du ramassage du bois est restreint pour les paysans au profit des scieries. Certaines sont incendiées et leurs bois coupés. Les bandes de coupeurs opèrent de nuit dans un terrain qu'ils connaissent parfaitement et n'ont aucune peine à mettre la gendarmerie en déroute. Le préfet, inquiet, ordonne de faire revenir l'ordre. C'est dans ce contexte que le dossier des Martin est instruit.

     

    Leur procès a pour fond un règlement de comptes politiques. Car nul n'ignore l'appartenance du couple au clan des ultra-royalistes. Tous savent que Marie Breysse a caché un curé réfractaire, que Pierre Martin est un homme de main de la noblesse locale. On tient pour sûr qu'il a fait pression sur des propriétaires afin que ceux-ci cèdent leurs terres à bas prix aux nobles revenus d'exil. De plus, il est soupçonné de sympathiser avec les coupeurs des bois. Les aubergistes sont en butte au mécontentement général.

     

    La Justice, aux ordres, charge les accusés allant jusqu'à faire disparaître des pièces du dossier après le procès. D'autant plus facilement que l'imaginaire collectif de la population souhaite la culpabilité du couple Martin. Le procureur accorde du crédit à tous les témoignages allant dans le sens de l'accusation, comme celui du mendiant Chaze, qui va influencer les jurés.

     

    C'est ce contexte qui permet à l'affaire d'être sévèrement jugée. Les royalistes ardéchois sont visés à travers eux. D'autant que Louis-Philippe, successeur de l'ultra-conservateur Charles X après la Révolution de Juillet, sur rapport du procureur, refuse d'accorder sa grâce, donnant ainsi son aval à une justice partisane et aux rancœurs politiques locales.

     

    L'actuel bâtiment n'a été modifié que très légèrement depuis 1831 : il est un haut-lieu touristique de l'Ardèche et revendique le titre « d’authentique auberge de Peyrebeille ». Une terrasse a été bâtie au bout du corps de ferme : elle abrite aujourd'hui un musée que l'on peut visiter. Ce musée a conservé le mobilier de l'époque mais le décor a subi quelques aménagements. À l'est de l'auberge historique, un hôtel-restaurant et une station d'essence ont été implantés.

     

    Aussi fort qu'ait pu être l'impact sur l'imaginaire collectif, et contrairement à ce qu'affirment certaines sources erronées, l'Auberge Rouge n'est pas à l'origine de l'expression ne pas être sorti de l'auberge qui est antérieure aux crimes de Peyrebeille.

     

    Films

     

    L'affaire de l'auberge rouge inspira deux réalisateurs :

     

     

    Téléfilm

    L'épisode "L'auberge de Peyrebeille" de la série télé "En votre âme et conscience" (1969) de Guy Lessertisseur raconte le procès des aubergistes de Peyrebeille.

     

    Livres

     
    Les crimes de Peyrebeille - Lithographie de 1885 (Fonds Bibliothèque Municipale de Lyon)
     
     
    Les crimes de Peyrebeille - Lithographie de 1885 (Fonds Bibliothèque Nationale)

    Parmi les ouvrages les plus sérieux qui ont retracé les crimes perpétrés sur le plateau de Peyrebeille dans les années 1830, citons le livre de Félix Viallet et Charles Almeras : « Peyrebeille », qui conclut à la culpabilité des époux Martin. Paul d'Albigny rapporte dans son livre sur l'auberge rouge que le jour de l'exécution, un bal fut organisé devant l'établissement.

     

    On peut mentionner L'Auberge sanglante de Peirebeilhe, roman de Jules Beaujoint inspiré du fait divers paru en 1885, et illustré par Jose F. Roy. La même année, Victor Chauvet, fit paraître, dans le journal Lyon Républicain, un feuilleton Les crimes de Peyrebeille, il fut annoncé par une affiche de Jules Chéret. Il est à souligner que L'Auberge rouge, un roman de Honoré de Balzac, publié en 1831, n'a aucun rapport avec le fait divers de Peyrebeille.

     

    L'ouvrage de l'historien Thierry Boudignon « L'Auberge rouge », Éditions du CNRS, remet en cause la thèse officielle, et permet de penser que l'affaire de l'Auberge Rouge serait une terrible erreur judiciaire, basée sur des rumeurs, des témoignages douteux et la nécessité de « faire un exemple ». Il se base sur les documents des archives départementales et des archives nationales, analyse les procédures d'instruction, met en évidence que le patois fut un obstacle car le greffier interpréta en français plus qu'il ne traduisit les propos des Ardéchois. Il en déduit que l'objectif des magistrats fut d'élaborer un discours convainquant les jurés pour orienter leur décision. Des faits prescrits par la loi furent relatés afin de discréditer le couple, la non-recevabilité de certains témoignages n’empêcha pas la justice de s'y référer pour faire condamner les accusés.

     

    Sur le même thème, L'Auberge rouge : l'énigme de Peyrebeille, 1833, roman de Michel Peyramaure, paru en 2003, part de la réalité de l'époque qui considéra que justice était faite puisque les assassins avaient été guillotinés. Mais progressivement, l'auteur sème le doute en se demandant, d'après les témoignages rapportés par des chroniqueurs de l'époque, « si cette triple exécution n'a pas finalement été la plus grande erreur judiciaire du XIXe siècle ».

     

    Phénomènes Inexpliqués:  Auberge de Peyrebeille

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  • La corde magique du fakir

    Depuis des siècles, la corde magique utilisée par les Indiens est un classique de l’illusion. Les Occidentaux associent le tour de la corde au fakir. À nos yeux, le fakir n’est autre qu’un magicien qui est passé maître dans l’art de l’illusion.
    Or, cette association est impropre.

    La corde magique a une longue histoire en Asie. Les premiers témoignages ne proviennent pas d’Inde, mais de Chine.

    Aujourd’hui, nous connaissons une partie de la vérité sur le « secret » de la corde magique. Cependant, comme pour tous les tours de prestidigitation, le « truc » n’a pas été entièrement dévoilé.

    À notre époque, le public a changé et le tour également. Le fakir charme une corde comme il le ferait d’un cobra et un jeune garçon grimpe dessus.
    À l’origine, le tour de la corde magique était beaucoup plus spectaculaire et sanglant.

     

    Qu’est ce qu’un fakir ?

    A l’origine, le terme fakir, qui signifie pauvre ou humble en arabe, désigne un ascète mendiant de religion musulmane ou hindouiste.
    Concernant les hindouistes, en Inde, on ne parle pas de fakirs mais de sadhu. L’unique souci des sadhu est de connaître le samadhi, un instant d’union parfaite avec Brahma.

    Sadhu

    Sadhu sur les bords du Gange. By Naresh Dhiman

    Fakirs ou sadhu ont fait vœu de pauvreté. Ils pensent que la voie de l’ascétisme les mènera au salut de leur âme.
    Ils croient en la réincarnation
    Ces hommes peuvent mener une vie dans le total isolement ou voyager en groupes. Certains se soumettent aux pénitences les plus austères ou à des mortifications publiques.

    Sadhu

    Sadhu près du temple Jagdish. By Meanest Indian

    Outre leurs capacités à jeûner et à subir des mutilations, ils possèdent un grand pouvoir de suggestion. Grâce à leur formation de yogi, ils contrôlent parfaitement leur système nerveux.  Ce sont aussi d’excellents illusionnistes qui savent charmer leur public.

    Sadhu

    Sadhu en pleine méditation. By Jovika

    Ces hommes et les « exploits » qu’on leur prête sont bien évidemment aux antipodes du rationalisme occidental.
    Une chose est certaine, notre représentation simpliste du fakir est impuissante à rendre compte de la dimension spirituelle de ces hommes.

    Le tour de la corde ensanglantée

    C’est l’explorateur et géographe marocain Ibn Battuta (ou Ibn Batouta) qui parla en Occident pour la première fois de la corde magique. Entre 1342 et 1347, il assistait à un dîner donné à la cour royale, en Chine.
    A la fin du repas, les invités assistèrent à un spectacle. Voici le récit qu’en fit Ibn Batutah dans son journal de voyage :

    « Un des hommes saisit une boule de bois percée de plusieurs trous. Il y fit passer une corde et lança la boule dans les airs où elle disparut soudain.
    On ne voyait plus que la corde qui tenait en l’air sans qu’aucun support ne soit visible. Quand il ne lui resta plus qu’un petit bout de la corde dans la main, le magicien commanda à l’un de ses assistants de s’accrocher à l’extrémité et de grimper.
    Ce qu’il fit et on le perdit bientôt de vue.

    Son maître l’appela plusieurs fois. N’obtenant pas de réponse, il s’empara d’un couteau et furieux, grimpa à son tour.
    Soudain, on vit tomber une main coupée, celle du jeune assistant, puis un pied, puis l’autre main, l’autre pied et finalement la tête.
    Le magicien redescendit, des taches de sang sur ses vêtements.

    Au sol, il rassembla les morceaux du corps, donna un léger coup de pied et l’enfant se leva, bien vivant. »

    Personne ne crut à son histoire.

    L’affaire de la corde magique fut relancée en 1890 par un article du Chicago Daily Tribune. Des photos et un article écrit par un certain S.Ellmore firent sensation et les ventes du journal remontèrent immédiatement.
    Mais, quelques mois plus tard, le directeur du journal a reconnu que ce n’était qu’un canular. Toute l’opération avait été montée de toutes pièces pour battre les records de vente. Tout était faux et aucun journaliste ne s’était rendu en Inde pour enquêter sur cette histoire de corde.

    Les fakirs et leurs prouesses retombèrent dans l’oubli.

    Tour de la corde magique

    Représentation de la corde magique à l'époque coloniale . (DP)

    Quelques années plus tard, des soldats irlandais et anglais, en garnison à Upsala, en Inde, assistèrent à une représentation très semblable à celle que décrivit Ibn Battuta au XIVe siècle.

    Ce tour est bien réel et existe depuis fort longtemps. Le nombre de fakirs capables de le réaliser a toujours été très limité. On estime que, vers 1940, ils n’étaient plus que 5 ou 6  en Inde, et déjà d’un âge avancé.

    La vérité sur la corde magique "ensanglantée"

    Ce tour débutait toujours à la tombée de la nuit. Les assistants apportaient des lanternes qu’ils plaçaient à des endroits stratégiques. Le lieu de la représentation était choisi avec soin de manière à ce qu’un fil puisse être suspendu et camouflé, de préférence, avec du feuillage.

    Le fakir prend un panier d’osier, en retire une corde qu’il lance en l’air pour montrer qu’il s’agit d’une corde ordinaire.
    Tout en bavardant avec le public, il ajuste un solide crochet dans un des trous de la boule de bois, cachée dans la corde auparavant.
    Ce crochet est rattaché à un fil très mince, invisible dans l’obscurité.
    Le fil monte jusqu’à la corde horizontale suspendue à environ 18 m du sol.

    Quand les spectateurs lèvent la tête pour regarder la corde magique, ils sont éblouis par les lanternes.

    Le magicien ordonne au jeune garçon de grimper ce qu’il fait en protestant. Après avoir grimpé environ 10 m, l’enfant a dépassé le rayon d’action des lanternes et c’est ce camouflage naturel qui explique le miracle.

    Arrivé au sommet, il sort un crochet et s’en sert pour consolider la corde.

    La corde du fakir

    Schéma explicatif du tour de la corde (© Inexpliqué N°6)

    Le fakir continue son numéro en appelant l’enfant qui ne lui répond pas ou le fait d’une manière insolente. Furieux, le fakir sort un couteau et grimpe à son tour. Il fait semblant de se disputer avec l’enfant. Le public entend des cris puis des hurlements de douleur.
    Peu après, des morceaux de membres tombent sous les yeux horrifiés des spectateurs.

    Ce ne sont pas des membres humains mais ceux d’un pauvre singe, sacrifié pour l’occasion. Le singe a été habillé comme le garçon et les morceaux de membres dissimulés dans les larges habits du fakir.
    Le fakir les asperge de sang, avec une petite bouteille qu’il avait sur lui, et jette en dernier une tête coupée qui n’est qu’une reproduction en bois soigneusement peinte.

    Le public qui commence à en avoir assez du carnage n’a pas envie d’aller voir de plus près.

    Pendant ce temps, en haut, l’enfant se dissimule dans les larges vêtements du magicien. Il glisse les pieds et les jambes dans une sorte de brassière et s’attache solidement contre la poitrine du fakir.
    Ce dernier redescend. Arrivé au sol, il s’effondre en sanglots et les assistants se précipitent autour de lui pour le consoler.
    Cette scène mélodramatique détourne l’attention du public. L’enfant en profite pour sortir tandis que les assistants camouflent sur eux les restes ensanglantés.

    Les assistants se tiennent dos à dos afin que les spectateurs ne voient pas ce qui se passe au centre.
    L’enfant s’allonge, le magicien reprend ses esprits et prononce quelques formules magiques.
    Au moment crucial des incantations, les assistants s’éloignent.
    Il ne reste plus que le fakir qui donne un léger coup de pied au « cadavre » qui se lève bien en vie.

    Le fakir et sa corde

    Si le truc de la corde magique "ensanglantée" a été révélé, par contre, on ne sait toujours pas expliquer le tour de la corde "classique".
    Le fakir a toujours un panier d’osier avec lui, une corde et un enfant. L’homme lance un bout de corde en l’air et celle-ci demeure raide.
    L’enfant grimpe sur la corde et s’y tient suspendu.

    Corde magique du fakir

    Représentation de la corde magique à l'époque coloniale . (Library of Congress)

    Il y a quelques variantes. Le magicien « charme » parfois la corde avec une flûte comme pour un serpent.
    Par contre, sur toutes les vidéos, anciennes ou récentes, on peut remarquer que le magicien utilise toujours un grand panier d’osier rond qui ne bouge pas de place pendant tout le spectacle. Ce panier n'est surement pas purement décoratif, d'autant moins qu'il semble bien grand juste pour une corde.

    Video tour de la corde

    On a émis beaucoup de théories sur ce tour. Certains ont suggéré qu’elle est tenue par de minuscules câbles, d’autres que c’est une colonne vertébrale de mouton transformée en corde.
    Mais, on n’a toujours pas d’explication satisfaisante, et ce tour demeure une énigme.

    Video fakir et corde magique

    C’est d’ailleurs tout le charme de la magie. Le prestidigitateur détourne toujours l’attention du public au moment propice. Reste à découvrir où se situe le « truc ». Est-ce à l’intérieur du panier ou dans les airs ?

    Si vous pensez connaître la réponse, n'hésitez pas à me la faire parvenir.

    V.Battaglia (06.04.2008

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  •  Phénomène inexpliqué

     

    La Mary Celeste

     

    Dans les annales des disparitions en mer, le nom de la Mary Celeste est resté célèbre. Cette énigme qui n’a toujours pas été résolue contribue largement à entretenir le mythe des vaisseaux fantômes.
    L’histoire de la marine fourmille de mystères semblables à celui de la Mary Celeste. Des dizaines de navires ont été ainsi abandonnés, soudainement et sans raison apparente, par des équipages que l’on n’a jamais revus.

       

     

    La découverte de la Mary Celeste

    Le 5 décembre 1872, le cargo anglais Dei Gratia repère un brick qui dérive dans l’Atlantique Nord à mi-chemin entre les Açores et le Portugal.
    Le voilier zigzague curieusement et presque toutes ses voiles sont carguées. Le capitaine du cargo, David Moorehouse, s’aperçoit avec stupeur qu’il s’agit de la Mary Celeste.

    Fait du hasard, il a dîné à bord du voilier avec son capitaine, Benjamin Spooner Briggs, un mois plus tôt.
    Quelques jours après, la Mary Celeste appareillait pour Gênes avec une cargaison de 1 700 tonneaux d’alcool pur.

    A bord, en plus des sept hommes d’équipage, se trouvaient la femme du capitaine et sa petite-fille de deux ans.

    Le bâtiment ne répondant à aucun signal, Morehouse se décide à monter à bord avec trois hommes.
    Le vaisseau se révèle désert et sans canot de sauvetage. Dans les cales, ils découvrent la cargaison d’alcool et des vivres pour au moins six mois.

    Des indices insuffisants

    Morehouse s’étonne du désordre indescriptible qui règne dans la cabine du capitaine. Dans le carré des matelots, par contre, tout est en ordre. Le compas et les autres instruments de navigation sont cassés ou ont disparu.
    La dernière mention portée au journal de bord date du 25 novembre. Apparemment, le navire dérive depuis près de deux semaines et a parcouru environ 500 milles.

    La Mary Celeste

    La Mary Celeste

    Les avaries ne sont pourtant pas très importantes. Deux des écoutilles se sont rompues et un mètre d’eau environ a envahi la cale.
    Un tonneau d’alcool a été éventré et une entaille, faite à la hache, apparaît dans l’une des rambardes.

    Fait étrange, les six fenêtres des logements de l’arrière sont condamnées par de la toile et des planches.

    Un seul indice plaide en faveur d’un acte criminel : une épée rouillée est découverte sous une couchette.

    Autopsie d’une disparition

    Moorehouse ramène la Mary Celeste à Gibraltar pour être examinée par les autorités judiciaires.
    Les résultats sont décevants. Il n’y a que cette entaille longue de deux mètres juste au dessus de la ligne de flottaison qui peut faire penser à un acte criminel.
    Des traces rougeâtres relevées sur le bastingage sont analysées mais ce n’est que de la rouille.

    Malgré tout, faute d’explication suffisante, c’est l’hypothèse du crime qui est retenue. Les autorités décident que l’équipage s’est livré à une beuverie puis a assassiné le capitaine et sa famille avant de s’enfuir dans des canots.

    Commandant Benjamin Briggs

    Le Commandant Benjamin Briggs

    Cependant, les armateurs soulignent que le capitaine était très apprécié de ses hommes et que nul autoritarisme exagéré ne régnait sur son vaisseau.
    En outre, l’alcool contenu dans les tonneaux n’était pas buvable. Elle aurait provoqué des brûlures d’estomac et risquait même de rendre aveugle.
    Enfin, quand des hommes se mutinent, ils ne partent pas en laissant leur cantine et tous leurs effets personnels.

    Le mystère de la Mary Celeste fait le tour du monde. On finit par renoncer à éclaircir cette énigme et le vaisseau est vendu.

    La légende n’a fait que s’embellir de détails ajoutés après coup. Par exemple, c’est le cas de la prétendue découverte dans la cuisine du vaisseau d’un poulet encore chaud et de tasses de thé fumantes.
    De nombreuses solutions ont été proposées, de l’attaque d’un poulpe géant à l’intervention de nos amis extraterrestres.

    Une pieuvre géante attaquant un navire

    Une pieuvre géante attaquant un navire (illustration de 1809, Paris). Certains ont prétendu que la même chose était arrivée à la Mary Celeste

    La Mary Celeste s’est échouée une dernière fois en 1885 en emportant avec elle son secret.

    D’autres vaisseaux fantômes

    En 1840, un navire français, la Rosalie, est retrouvé errant sur les flots, voiles hissées et cargaison intacte mais déserté par ses marins.

    En 1850, le Seabird est découvert près du port de Newport avec seulement un chien à bord. Le café est encore chaud sur les fourneaux et les instruments de bord fonctionnent. Une odeur de tabac flotte même dans les cabines.

    En 1883, la goélette J.C Cousins s’échoue sur la côte américaine. Il n’y a personne sur le navire. Dans la cuisine, le poêle est encore tiède et la table mise. Le journal de bord qui date du matin même ne mentionne rien de particulier.

    En 1940, dans le golfe du Mexique, le yacht Gloria Colite est retrouvé en pleine mer alors que le temps est beau. L’équipage n’est plus là et les soutes sont pleines de vivres.

    En 1953, le Holchu est découvert dérivant entre les îles Nicobar et Andaman. Un repas semblait être sur le point d’être servi ; la radio fonctionnait et pourtant l’équipage s’est envolé sans envoyer le moindre SOS.

    Il est impossible de relater toutes les disparitions tant ces énigmes sont nombreuses y compris à notre époque. Des navires modernes connaissent encore ce type d’aventure.
    Nous n’avons aucune explication sérieuse pour expliquer ces abandons. L’absence totale de trace de lutte ou de violence exclut l’hypothèse d’actes de piraterie ou de mutinerie. La mer n’a toujours pas fini de nous fasciner.

     

     

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    Des machines qui pensent ?

     

    Une machine ne saurait penser comme un être humain. Du moins, c'est ce que nous croyons. Certains faits restent pourtant inexpliqués.

     

    Phénomènes Inexpliqués:  Des machines qui pensent ?

     

    Lors de l’expédition informatique de Londres en 1988, les enregistrements vidéos des agissements étranges d’un ordinateur Amstrad PC 1512 constituaient une véritable attraction. Alors qu’il n’y avait aucune source d’énergie à proximité, l’ordinateur se mettait en route tout seul. Il tenta même d’écrire un message sur l’écran puis s’arrêta au bout de 30 secondes.

     

    Un professeur d’économie qui vivait dans une demeure du 16e siècle reçut 300 messages énigmatiques sur le micro-ordinateur qu’il avait emprunté à la BBC.

     

    On les attribua à un certain Thomas Arden qui avait habité la maison quatre siècles plus tôt. Des linguistes étudièrent les messages et affirmèrent que la langue utilisée était conforme à celle parlée à l’époque de Harden.

     

    L’anecdote suivant est moins amusante. En 1981, Kenji Urada, un technicien japonais de la société Kawasaki, était en train de réparer une panne sur un robot industriel. Il fut subitement battu à mort par le bras mobile de l’engin.

     

    Défaillance technique ?

     

    En 1985, Théo Locher, a étudié le cas d’un ordinateur dans le sud de l’Allemagne. Cette machine appartenait à un programmeur de 47 ans. Elle se mettait de temps en temps à proférer des menaces sur son écran.

     

    Subitement, on pouvait lire : « tu vas mourir », « Accident », ou « Mort inéluctable ». Malgré les recherches, les experts en informatique ont affirmé qu’il n’y avait pas de supercherie.

     

    Enfin, on se rappelle encore qu’en 1989, un ordinateur foudroya le champion d’échecs russe Nikolaï Gudkov alors qu’il s’apprêtait à mettre la machine échec et mat pour la troisième fois consécutive.

     

    Le joueur a été électrocuté. La police soviétique a d’abord cru à un meurtre puis les experts ont pensé à un court-circuit, mais aucun problème n’a été décelé sur la machine. Cette mort n’a jamais été élucidée.

     

    V. Battaglia (05.2006)

     

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    Le poulet gelé de Pond Square

     

     

    Par une nuit très froide de janvier 1969, un automobiliste tombe en panne à Pond Square, dans Highgate, à Londres. Il remarque alors un gros oiseau blanc près d’un mur.

     

    Phénomènes Inexpliqués:  Le poulet gelé de Pond Square

     

    Le volatile était à demi déplumé et l’homme pensa qu’il avait été victime de maltraitances.

     

    Il regarda autour de lui, mais ne vit personne et quand il se retourna pour porter secours à ce volatile, il avait disparu.

     

    En 1970, en février, un couple vit un gros oiseau blanc atterrir à côté de lui. Il décrivit plusieurs cercles en courant puis disparut dans l’obscurité.

     

    De nombreux autres témoignages perlent de cet oiseau blanc, déplumé qui apparaît par de froides nuits d’hiver.

     

    L’histoire de ce volatile commence en mars 1626 alors que le philosophe Francis Bacon se promène dans les rues de Highgate, un jour de neige.

     

    Il remarque que l’herbe qui a passé tout l’hiver sous la neige est encore verte lorsqu’elle est exposée aux rayons du soleil.

     

    La neige aurait-elle des propriétés conservatrices ?

     

    Aussitôt, Bacon fait stopper la voiture à Pond Square et demande au cocher d’aller acheter un poulet dans une ferme voisine.

     

    Il le fait tuer et partiellement plumer puis vider. Ensuite, il farcit le corps du poulet avec de la neige puis le place dans un sac rempli de neige.

     

    Bacon venait d’inventer sans le savoir le principe de la congélation.

     

    Pendant cette expérience qui ne put aller à terme, il s’évanouit soudain. On le transporte chez un ami, mais meurt quelques jours plus tard.

     

    Depuis, l’étrange poulet déplumé a été souvent vu vers Pond Square. Tous les témoins parlent d’un gros volatile à moitié déplumé, moitié marchant, moitié volant, qui tourne en cercles avant de disparaître.

     

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs soldats l’aperçurent et un responsable de la défense civile leur expliqua que le poulet était un habitué des lieux.

     

    Il le croisait régulièrement en faisant sa ronde.

     

    Plusieurs personnes essayèrent bien de le capturer, mais à chaque fois, le poulet disparaissait aussi subitement qu’il était apparu.

     

    V.Battaglia (28.11.2006)

     

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