•  

    Sare, un concentré d'identité basque

     

    Par Philippe Bourget (Texte original) ; Céline Fion (adaptation web)
     

    La silhouette morcelée de Sare se découpe sur fond de Pyrénées et de montagne de la Rhune. Le village préserve, tant dans son bâti que dans ses traditions, l'héritage du Pays basque. 

    Maison labourdine, à Sare

    Les pans de bois des maisons labourdines ne sont colorés que depuis le XIXe siècle. Ce rouge caractéristique était la couleur des coques de bateaux. 

    Enfoncée dans la Navarre espagnole, Sare partage trente six kilomètres de frontières avec la nation de Cervantès. Cette situation particulière fit autrefois du village un haut lieu de la contrebande ; les robustes gaillards du pays affrontaient les pentes pyrénéennes à pied pour faire tourner leurs lucratives affaires. Le village doit aussi sa richesse au courage de marins qui rejoignirent l’Atlantique tout proche pour embarquer sur des baleiniers ou pêcher la morue, principalement aux XVIe et XVIIe siècles.

    Sare, élevage de porcs

    Un parcours de 2h, ponctué de panneaux d’interprétation ludiques, emmène les visiteurs à la découverte du porc basque. 

    Un riche patrimoine historique et un environnement privilégié

    Sare combine le rouge et le blanc des traditionnelles maisons basques (etxe) à balcons, le vert tendre des nombreuses prairies abruptes et le noir qui s’invite en taches sur le corps des porcs de la race Pie Noir. Dans le village, morcelé en quartiers champêtres, l’on peut admirer une Herriko extea, mairie à arcades du XVIIe siècle, une eliza (église) entourée de tombes à stèles discoïdales, des ponts médiévaux, ainsi que de magnifiques demeures des XVIIe et XVIIIe siècles. La richesse du patrimoine est complétée par la splendeur du cadre qui invite à des randonnées nature, en empruntant notamment les nombreuses boucles qui démarrent de la Galtzada, voie médiévale de charme.

    dt160_sare_pottoks_3_jds.jpg

    Chemise à carreaux, béret noir, foire aux pottoks et montagnes au loin; Sare est un concentré d'identité basque. 

    Us et coutumes

    En plein Labourd, entouré par les Pyrénées et la montagne de la Rhune, Sare défend l’âme et l’identité basques. Entre Euskal Biskotxaren Erakustokia (Musée du gâteau basque), matchs de rebot (variante de pelote basque, en équipe) et foire aux pottoks (race primitive de chevaux), le village célèbre son patrimoine. C’est cette entité de caractère qui servit de modèle à Pierre Loti lorsqu’il créa le village d’Etchézar, pour son célèbre roman Ramuntcho. Nombre de traditions sont encore perpétuées bien au-delà du folklore comme celle de la transmission de la maison à un héritier désigné par le propriétaire lors de son 55e anniversaire.

     

    Photos-Villes du Monde 2:  Sare, un concentré d'identité basque

     

     

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    Strasbourg : la petite France

     

    Par Jean-Marie Steinlein et Dominique Roger
    source : Détours en France n°173, p. 32
     

    À Strasbourg, l’Ill est bien plus qu’une rivière, elle s’apparente à une « alma mater » qui enlace son cœur dans ses deux bras et lui procure la forme d’une île.

    Le quai de la Petite France à Strasbourg


    Parfaitement conservée, la pittoresque Petite France ne fut pas toujours un but de promenade où s’extasier devant tant de romantisme. Pêcheurs, tanneurs et meuniers y travaillèrent âprement, loin d’imaginer, qu’un jour, on se damnerait pour un café sur le quai de la Petite France.

    La passerelle de l'Abreuvoir à Strasbourg


    Sur les bords de l'Ill face au quai des Bateliers, la cathédrale et la passerelle de l'Abreuvoir. Une facette d'un Strasbourg intime.

    Petite France, drôle de nom pour « l’île strasbourgeoise ». Le quartier tire son nom du « mal français », la syphilis, que les mercenaires de Charles VIII venaient soigner à leur retour des campagnes d’Italie dans un hôpital proche. La Renaissance, tardive, débute en Alsace dans les années 1520-1525. Les plus anciennes maisons à pans de bois et encorbellements datent de la fin du XVIe siècle.

    Place Benjamin Zix à Strasbourg


    La place Benjamin- Zix, dessinateur de l’épopée napoléonienne. De vélos en canaux, on aime son petit air hollandais.

    Place Benjamin-Zix, la maison des Tanneurs (voir encadré)– convertie en une bonne table, tabernacle dédié à la déesse choucroute ! – comporte des galeries, fermées au premier étage, ouvertes au second, qui étaient utilisées pour le séchage des peaux. C’est là que se réunissait la corporation des tanneurs. Longtemps, cette enclave parcourue par l’Ill fut extrêmement pauvre, et son urbanisme, laissé quelque peu à l’abandon. Il faut attendre les années 1970 pour que le quartier commence à sérieusement se transformer. L’interdiction à la circulation automobile donnera le feu vert à l’installation d’une petite « campagne en ville » où les Strasbourgeois viennent pour le charme romantique des petits jardins et pour y établir, dans les tavernes et les bonnes tables, leurs « stammtischs » (tables d’hôtes) dominicales (L’Ami Schutz, le Lohkas ou La Cambuse tenue depuis plus de trente ans par Babeth Lefebvre ...).

    Excursions sur l'Ill


    La Petite France se découvre lentement, au fil de l’eau. Les excursions sur l’Ill sont toujours instructives.

    Des histoires d'eaux

    L’emprise aquatique est très présente à la Petite France, et longtemps on pensait que c’était la Bruche qui ceinturait Strasbourg, et non l’Ill. La Bruche, qui vient du massif vosgien, était censée avoir un débit supérieur. C’est pourquoi l’on trouve encore aujourd’hui au pied des Ponts-Couverts... un quai de la Bruche. À l’entrée, l’Ill se divise en cinq bras, l’un partant vers le nord appelé canal du Faux-Rempart, et quatre autres bras qui vont se rejoindre à la sortie de la Petite France. L’eau a conditionné les activités de ce quartier de meuniers et de tanneurs. Ainsi qu’une troisième activité à laquelle on pense moins : les bains de vapeur. Rue du Bain-aux-Plantes, on prenait soin de son hygiène tout en se délassant. On se baignait dans des bains abrités, dans des cuveaux avec une eau améliorée parfois de soufre, de soude ou de plantes. Certains bains étaient à ciel ouvert. Avec le principe de précaution voulu par la municipalité, les bains Mathis, extérieurs, ont fermé à partir de 1957.

    Le passage Georges-Frankhauser à Strasbourg


    En face des Ponts-Couverts, le barrage Vauban (qui n’a pas été construit par Vauban) se traverse par le passage Georges-Frankhauser. Et comme l’art est partout à Strasbourg, pensez à jeter un œil derrière les grilles : une quarantaine de statues, dont des originaux en plâtre du palais des Rohan, sont exposées.

    L’ancien et l’actuel se côtoient

    Avec l’électricité, les glacières s’installent dans le quartier de la Petite France afin de bénéficier de la force hydraulique. Le bâtiment de l’une d’entre elles a été transformé en hôtel de luxe, le Régent Petite France, qui a conservé l’ancien appareillage restauré de ses glacières. En plein cœur du quartier, les Ponts-Couverts, trois ponts enjambant l’Ill et quatre tours fortifiées, et le barrage Vauban composent avec l’hôtel du Département et le musée d’Art moderne et contemporain un ensemble architectural où l’ancien et l’actuel se côtoient dans une belle harmonie. Les Ponts-Couverts ont constitué l’élément défensif qui a permis de protéger Strasbourg contre une éventuelle attaque fluviale. Louis XIV fera de la ville une place forte et d’importants travaux seront confiés par Vauban à son ingénieur général, Jacques Terrade. Les fermetures des vannes de ce barrage provoquaient l’inondation du sud de la ville, bloquant ainsi l’avancée de l’ennemi. Depuis les travaux de rénovation du barrage Vauban, il est possible d’accéder à nouveau à la terrasse panoramique : vue majestueuse sur la cathédrale et la « grande île », classée au patrimoine mondial de l’Unesco.

     

    Photos-Villes du Monde 2:  Strasbourg : la petite France

     

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    Albi : ville rose au patrimoine mondial de l'Unesco

     

    Par Philippe Bourget
    source : Détours en France n°167, p. 38
     

     La « petite » provinciale, fille cadette de Toulouse pour la couleur de son bâti, nous montre de quelle brique elle se chauffe depuis que sa cité épiscopale figure au patrimoine mondial de l'Unesco.

    Albi

    Autour de la cathédrale-château fort, gigantesque vaisseau dressé au-dessus du Tarn, la brique des hôtels particuliers, chère aux marchands de pastel, retrouve un éclat ardent.

    Le saviez-vous ?

    La cathédrale Sainte-Cécile d'Albi est la plus grande cathédrale de briques au monde avec ses 113 mètres de long et ses 35 m de large.

    Albi bénira longtemps ce jour de juillet 2010 quand l'Unesco a inscrit la cité épiscopale à la liste de son patrimoine mondial.

    Cité épiscopale

    Le Palais de la Berbie. Ancien palais épiscopal jusqu’en 1905 et la loi de séparation de l’Église et de l’État, cette forteresse édifiée à partir du XIIIe siècle en impose par ses dimensions et sa remarquable conservation. Elle abrite depuis 1922 le musée Toulouse-Lautrec, créé à l’initiative de la mère du peintre postimpressionniste.

    Toulouse-Lautrec revisité

    C'est dans le palais de la Berbie, ancienne résidence des évêques d'Albi (XIIIe siècle), au pied de la cathédrale, que le public redécouvre depuis l'an dernier un musée d'art entièrement repensé.  Onze ans de travaux ont été nécessaires pour offrir un écrin nouveau, plus aéré, à l'enfant du pays, Henri Toulouse-Lautrec, dont on peut voir par ailleurs la maison natale, l'hôtel du Bosc, rue... Toulouse-Lautrec. Le chantier a restitué un quart des volumes du palais. La visite est donc double. On redécouvre d'un côté les célèbres affiches et lithographies de l'artiste, son univers de maison closes et de nuits parisiennes ( ne pas rater le tableau Au salon de la rue des Moulins) et, dans les étages supérieurs, la collection d'art moderne. On s'approprie, de l'autre, le monument restauré, sa salle palatiale, ses galeries historiques, l'aile Stainville et la galerie d'Amboise, dans laquelle de rares peintures Renaissance ont été exhumées. La Berbie et ses jardins sur le Tarn sont le « petit Louvre » d'Albi.

    Jardin du palais épiscopale

    Témoins de l’esprit renaissant, les jardins à la française du palais de la Berbie et leur jolie vue sur le Tarn. Un coin de verdure dans la ville rouge.

    Balade en ville

    La balade en ville, un classique du genre, permet d'en rendre compte. Rénové et piétonnisé dans les années 2000, le rectangle de la place Vigan demeure l'antichambre du centre historique. L'agitation du Grand Café Le Pontié, à midi, les conciliabules « tendance » de l'Épicurien, restaurant voisin à la mode, en témoignent. Depuis la place, un éventail de rues s'enfonce dans le ventre rouge brique de la cité. Brique fine d'entre colombages dans les maisons à encorbellements des rues Puech-Berenguier, Saint-Julien, de la Croix-Blanche... ; brique en mille-feuille des nombreux hôtels particuliers, étendards des réussites commerciales dans le négoce du pastel, quand la plante inondait l'Albigeois au XVIe siècle. Hôtel Reynès, maison Enjalbert, hôtel de Gorsse, hôtel de ville... ; ils illustrent le niveau d'opulence atteint grâce au pigment bleu.

    Rues d'Albi

    1 et 2 - Dans le cœur de la ville historique, dans le quartier Castelnau, des rues piétonnes  offrent à la vue des promeneurs leurs maisons traditionnelles en brique rouge à colombages.

    Le périmètre Unesco

    Cathédrale Sainte-Cécile

    La plongée dans le périmètre Unesco propulse au chevet de l'immense cathédrale Sainte-Cécile. Ce secteur sauvegardé a retrouvé son vernis. La place Sainte-Cécile a été reduit aux piétons et dégage la façade rose pâle du palais épiscopal de la Berbie, dans lequel le musée Toulouse-Lautrec s'est agrandi.

    Cathédrale Sainte-Cécile

    À deux pas, une aile de l'ancien couvent des Annonciades (XVe et XVIe siècle) s'affiche depuis 2012 en musée de la Mode. Les quatre quartiers historiques, Castelnau, Castelviel, Saint-Salvi et Les Combes, s'imbriquent autour de la cathédrale. Castelnau se hausse du col, bien que situé en contrebas. Castelviel conserve sa patine médiévale. Saint-Salvise blottit autour de son cloître. Les Combes dévalent vers le Tarn et son Pont-Vieux, aux huit arches jetées sur la rivière depuis le XIe siècle.

    Pont-Vieux à Albi

    Fondé en 1040, le Pont-Vieux d'Albi est un robuste ! Il continue 10 siècles après sa construction à remplir le rôle pour lequel il fût construit : faciliter la circulation intra-urbaine. Long de 151 mètres, il est constitué de 8 arches. Il doit sa bicolorité aux travaux d'élargissement de la chaussée effectués en 1820 avec de la brique, matériau largement utilisé dans la région dû à l'abondance de glaise. Entre le XIVe siècle et le XVIIIe siècle, le pont portait des maisons qui furent détruites vers 1770 pour permettre le passage des charrettes.

     

    albi_coucher_soleil_loic_bourniquel.jpg

    Église Sainte-Madeleine à Albi.

     

    Photos-Villes du Monde 2:  Albi : ville rose au patrimoine mondial de l'Unesco

     

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    Les incontournables de Nancy

     

    Par Vincent Noyoux et Clio Bayle
    source : Détours en France n°179, p.64
     

    Nancy demeure peu connue des Français. Une injustice ! Entre architecture classique et Art nouveau, la ville abrite un patrimoine d'exception, particulièrement bien mis en valeur.

    1 - La place Stanislas

    La place Stanislas

    À elle seule, la place Stanislas, classée à l'Unesco, constitue une raison suffisante de découvrir la ville de Nancy. Qu'on la contemple par un beau soir d'été ou par une pluvieuse matinée d'automne, elle provoque le même ravissement. Rien n'est plus harmonieux que ce carré de pavés clairs, clôturé de pavillons d'un classicisme élégant, de grilles d'or et d'un arc de triomphe. L'opéra de Lorraine, l'hôtel de ville et le musée des Beaux-Arts se partagent cet écrin du XVIIIe siècle, bâti entre 1751 et 1755 par Stanislas Leszczynski. La statue du roi de France n'ayant pas survécu à la Révolution, c'est le bon roi Stanislas qui trône, depuis 1831, sur la place qui porte son nom. Le dernier duc de Lorraine montre du doigt l'arc de triomphe, ou arc Héré, qui sépare la place « Stan » de la place de la Carrière.

     

    La place Stanislas vue du sommet de l'arc Héré

    2 - Une architecture d'exception

    Le palais du Gouvernement, place de la Carrière

    Le palais du Gouvernement de la place de la Carrière.

    Nouvel émerveillement devant d'autres places de la ville. La place de la Carrière d'abord, royale et tout en longueur. Une troisième, la place d’alliance prend de faux airs de place des Vosges. Les grilles de Jean Lamour, ornées de potences à lanterne, et l’hémicycle décoré de statues encadrant le palais du Gouvernement rappellent le faste de la place Stanislas.
    La Ville-Vieille ensuite ! Commençons par la basilique Saint-Epvre, cette église vibrante de mille couleurs : ses murs ont littéralement été remplacés par des vitraux (2 300 mètres carrés de sur- face !) de sorte que les voûtes ne reposent que sur des piliers. La merveille incontestable de la Ville-Vieille se trouve juste de l’autre côté de la place Saint-Epvre : reconstruit par le duc René II au tout début du XVIe siècle après la victoire sur Charles le Téméraire, l’ancien palais des ducs de Lorraine attire l’œil grâce à sa porterie à l’incroyable décor Renaissance mâtiné de gothique flamboyant.

    3 - La rue des Écuries et le parc de la Pépinière

    La rue des Écuries, Nancy

    La rue des Écuries a un cachet fou avec ses pavés moussus et ses passerelles donnant sur le parc de la Pépinière. Véritable poumon vert de Nancy, ce jardin public, aménagé par Stanislas pour élever de jeunes arbres, offre au visiteur des pelouses vallonnées, des allées de roses et même des singes et des paons.

    Parc de la Pépinière - Nancy

    4 - La piscine ronde de Nancy Thermal

    La piscine ronde de Nancy Thermal

    Voilà un siècle que les Nancéiens n’en finissent plus de faire des ronds dans l’eau. On les comprend : la piscine ronde de Nancy Thermal est un lieu unique. Voyez ce bassin circulaire sous une grande coupole blanche, entouré d’une balustrade en grès flammé garnie de fontaines et de mosaïques d’époque. Les cabines donnent toutes sur ce rond bleu qui a servi au décor du film Il y a longtemps que je t’aime de Philippe Claudel. À vos maillots de bain !

    5 - L'Art nouveau

    L'ancienne graineterie Génin-Louis et la brasserie Excelsior - Nancy

    1 - L’ancienne graineterie Génin-Louis est le seul bâtiment de Nancy dont la structure métallique est apparente, une technique fort récriée à son époque.
    2 - Issue de la collaboration des architectes Weissenburger et Mienville, de Daum, de Majorelle et de Gruber, la brasserie Excelsior a été bâtie pour promouvoir la brasserie de Vézelise

    Avant la Grande Guerre, l’esprit des bois a soufflé sur Nancy. Sous la férule d’Émile Gallé et des membres de l’École de Nancy, les maisons se sont ornées de courbes végétales, les vases se sont pris pour des fleurs, et les bijoux, pour des insectes de cristal. Foyer de l’Art nouveau, la ville a conservé d’admirables vestiges de ce mouvement qui voyait « l’art dans tout » et voulait « l’art pour tous ».

    La villa des Clématites à Nancy

    La villa Les Clématites, à deux pas du musée de l‘École de Nancy et de l’établissement thermal, était louée aux curistes.

     

    Photos-Villes du Monde 2:  Les incontournables de Nancy

     

    Pin It

    1 commentaire
  •  

    Rodemack, l'histoire à fleur de pierre

     

    Par Détours en France
    source : Hors Série - Les plus beaux villages de nos régions 2012, p.60
     

    Située à quelques encablures de la frontière luxembourgeoise, en Moselle, cette cité médiévale doit sa spectaculaire résurrection au dynamisme de ses habitants à partir des années 1970.

    Panorama

    Rodemack est sanglée de fortifications : une ceinture parfaitement conservée de près de 900 mètres de long aménagée en promenade). Aussi le coeur de la cité s'organise t-il en un entrelacs de ruelles.

    Au Pays des Trois Frontières, il y a des vocations que l’on ne peut cacher. Au point de rencontre de la France, de l’Allemagne et du Luxembourg, Rodemack la Mosellane ne pouvait que devenir une place forte. Les façades des maisons et les entrées des caves affichent les signes distinctifs de l’habitat rural lorrain traditionnel. Une belle plongée dans une histoire des plus agitées.

    « La petite Carcassonne lorraine ! »

    En découvrant Rodemack, situé aux frontières de la France, de l’Allemagne et du Luxembourg, on comprend mieux pourquoi elle a hérité de ce surnom. Ce bourg médiéval, qui fut jadis la place forte des seigneurs de Rodemack, puis des margraves (seigneurs) de Bade, se blottit derrière 700 mètres d’impressionnantes murailles percées de meurtrières et ponctuées de tours rondes.
    L’ensemble est dominé par un château, remanié au fil des siècles avant d’être démantelé en 1821. Si ces vestiges ne présentent que peu d’intérêt architectural, le site offre un beau point de vue sur le village.

    Porte de Sierck

    Voici la porte de Sierck et ses deux tours. Tout au long des murailles, de semblables édifices peuvent être admirés.

    C’est par la majestueuse porte fortifiée de Sierck, élevée au XVIe siècle, que l’on pénètre dans Rodemack intra-muros. À l’intérieur s’alignent le long des ruelles pavées de jolies maisons au crépi gris et aux fenêtres cintrées caractéristiques de l’habitat rural lorrain. L’église Saint-Nicolas (fin XVIIIe) vaut le coup d’oeil pour son harmonieuse simplicité.

    Eglise Saint-Nicolas

    Ici, rien de spectaculaire, non, mais il y flotte un doux parfum légèrement suranné avec ses vieilles enseignes, son relais de poste télégraphe, sa distillerie communale, son ancien lavoir et ses bildstocks (petits calvaires). Il faut notamment flâner, au pied des remparts, dans son jardin d’inspiration médiévale, espace clos foisonnant de plantes condimentaires, médicinales et aromatiques.

    Jardin

    Ces jardins aménagés font le plaisir des touristes, et la fierté des habitants !

    Il y a 40 ans, Rodemack était une ruine

    « Le village était à l’abandon. Intra-muros, c’était un désert, il ne restait quasiment plus une maison habitée, détaille Franck Czachor, le secrétaire de mairie. La renaissance date des années 1970, grâce à une population nouvelle et jeune qui s’est passionnée pour le patrimoine exceptionnel de Rodemack. Ces habitants ont monté un collectif, qui est devenu l’association Les amis des vieilles pierres pour la sauvegarde de Rodemack. »

    Notre Dame

    Perchée en haut du village, la chapelle Notre-Dame (1658) aurait été bâtie par les Rodemackois au sortir de la guerre de Trente Ans, afin de faire les louanges de la Vierge qui les sauva des grandes épidémies et leur apporta la paix. 

    Objectif d’alors : défricher et lancer des chantiers de restauration pour remonter ou restaurer les fortifications. « Le collectif a fait bouger les choses en remettant en valeur le village. À chaque fois que je retombe sur d’anciennes photos, j’ai du mal à retrouver l’endroit exact, tant ça a changé ! C’est le jour et la nuit : les anciennes ruines sont désormais des maisons appréciables et l’on se déplace de loin pour voir le village… »

    La consécration

    En 1987, Rodemack entre dans le prestigieux cercle des « Plus beaux villages de France ». « Aujourd’hui, on ne restaure plus, mais on entretient. La difficulté reste de maintenir et de créer des commerces… Mais ce qui fait la force du renouveau de Rodemack, c’est son dynamisme associatif. D’autres villages dans la région ont le même potentiel, ou plus, mais des acteurs locaux ont porté haut nos couleurs, en témoigne notre fête médiévale, parmi les plus importantes de Lorraine ! » 

    Une forte importante place forte

    La première forteresse de Rodemack est élevée au XIIe siècle par les seigneurs de Rodemack. En 1492, ces vassaux du comte de Luxembourg voient cependant leurs biens confisqués pour félonie – l’empereur Maximilien d’Autriche leur reproche de s’être alliés aux Français – au profit du margrave de Bade qui en fait une forteresse militaire d’importance. C’est de la moitié du XVIe siècle que date la Maison des Baillis, juste en dessous du château, face à l’office de tourisme.

    Le bourg passera ensuite aux mains de la France et de l’empire germanique, jusqu’à son annexion officielle à la France en 1769. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, Rodemack, par sa situation, est au carrefour de bien des conflits. En 1815, le général Hugo (père de Victor), gouverneur de Thionville, y réussit à contenir l’armée prussienne, au cours des Cent-Jours.

     

    Photos-Villes du Monde 2:  Rodemack, l'histoire à fleur de pierre

     

    Pin It

    1 commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique