• Salers, un tempérament volcanique

     

    Ce bourg au coeur du Cantal, juché sur sa planèze basaltique, semble défier le temps : sous cette ossature architecturale faite de pierre de lave, se cache un tempérament de feu !

    Village campagnardAu-dessus de la Maronne, rivière prenant sa source au Roc des Ombres. Salers prouve que la Haute-Auvergne n’a pas produit que du fromage et des volcans, mais aussi des villages d’exception.

    Rêvons un peu… Attablés au bistroquet ouvrant sur la place Tyssandier-d’Escous et la maison dite du Bailliage, l'écrivain Henri Pourrat cause du pays avec son ami Alexandre Vialatte, « écrivain notoirement méconnu » comme il se définissait. Le premier de dire que Salers est pour lui un « songe obscur de palais, de fontaines et de jardins suspendus ». Le second de répondre : « L’Auvergne… C’est un secret plus qu’une province. Elle vous tourmente toujours d’un tendre songe. C’est quand on l’a trouvée qu’on la cherche le plus. »

    Son charme saisonnal

    Surgi du milieu du vert des pâturages, Salers en impose, avec ses enchevêtrements de toits de lauze et de tourelles qui griffent le ciel. L’été, le soleil farde de rose les façades, l’air devient léger, les terrasses sont envahies par la foule. Au retour des mauvais jours, la belle redevient austère, digne sous la pluie qui fait luire les toitures et assombrit la pierre. Et c’est peut-être sous cet aspect-là qu’elle est la plus attachante, noble sans artifices, chaque mur vibrant d’Histoire.

    Architecture1 - La porte de Beffroi faisait partie du système de défense du village.  Ce bourg qui comportait à l'origine quatres portes, n'en contient plus que deux : la porte de Beffroi et la porte de la Martille.
    2 - Le charme de Salers oppère, les touristes affluent et déambulent dans les rues du bourg.

    Salers a conservé une partie de ses fortifications du XVe siècle. La porte du Beffroi et celle de la Martille rappellent les périodes troublées de la guerre de Cent Ans, quand la cité devait se défendre contre les Anglais et contre les Routiers, ces bandits qui terrorisaient les campagnes.

    Son histoire : le Roi-Soleil

    Du château des barons de Salers, il ne reste rien, rasé sous l’ordre de Louis XIV en 1666. Heureusement, la vindicte du Roi-Soleil contre certains nobles auvergnats un peu trop rebelles à son autorité a épargné la ville. C’est un émerveillement de la découvrir préservée, avec ses hôtels particuliers des XVe et XVIe siècles : ils sont les témoins de la richesse de la cité et de ses magistrats, membres du bailliage des Hautes-Montagnes d’Auvergne, sorte de tribunal royal.

    Architecture atypiqueAu fil des ruelles, vous pourriez observer les linteaux sculptés et les portes d’entrée cloutées et ornées de motifs des maisons de la Renaissance cantalienne. Tout est en osmose avec l'architecture du bourg, une alchimie qui créer son charme redoutable.

    À la fin du XVe siècle, Salers devient le chef-lieu de bailliage des Hautes-Montagnes d’Auvergne. C’est alors que les familles bourgeoises, et notamment la petite noblesse de robe, font élever des logis à tourelles. À l’arrière-plan, la porte de la Martille, sur la partie occidentale de l’ancienne fortification.

    Lieux emblématiques

    Maisons du Bailliage, de la Ronade, de Flogeac : les plus belles sont rassemblées sur la place Tyssandier-d’Escous et forment avec la fontaine qui orne son centre un beau décor de cinéma. Tourelles en encorbellement, fenêtres à meneaux, portes en ogive composent un ensemble Renaissance harmonieux, qui se répète au fil des ruelles et de vos découvertes. Passez sous la porte du Beffroi pour descendre par la rue du même nom jusqu’à l’église Saint-Mathieu (XVe siècle).

    PanoramaNotez les toitures lourdes de leurs lauzes taillées en écaille de poisson et équipées de barres à neige. À près de 1 000 mètres d’altitude, le Haut Pays enregistre des températures hivernales parmi les plus rigoureuses du Cantal.

    Derrière son austère façade, des trésors insoupçonnables : des tapisseries d’Aubusson, deux tableaux du peintre espagnol Ribera et une imposante Mise au tombeau de la fin du XVe siècle, aux personnages grandeur nature d’un réalisme surprenant.

    Notre conseil !

    De retour dans la ville haute, poussez jusqu’au Musée de Salers, dans la rue des Templiers. L’histoire de l’agronome Ernest Tyssandier d’Escous (1813-1889), le héros local, vous y est contée : c’est lui qui créa la race bovine salers, officiellement nommée depuis 1852.

    La coutume régionale : le fromage !

    VacheSans vache, pas de fromage ! Ce bourg du Cantal perpétue les traditions et le savoir-faire de la fabrication du Salers, AOC depuis 1961 et AOP depuis 2003.

    Salers doit sa renommée à sa vache du même nom, belle rousse aux cornes en lyre qui offre une viande goûteuse et persillée, mais aussi à son fromage haut en saveur, l’un des plus anciens de France. Cousin du cantal, le salers est fabriqué de mai à octobre dans les burons, en respectant la période de mise à l’herbe du troupeau.

    FromageEn grosse fourme de 35 à 55 kg, il est affiné de trois mois à un an pour les plus vieux.
    Pour en savoir plus, rendez-vous chaque mercredi matin, jour du marché à Salers, ou visitez le musée du Fromage et de la vache salers. (voir ci-dessous)

     

     
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  •  Le Donjon volcanique d'Anjony

    Par Détours en France
    source : Hors Série - Châteaux de légende, 2012, p.28
    Publié le 20/08/2015

    Ce château fort tout en basalte est typique de l’architecture militaire de la Haute-Auvergne. Il vaut le détour pour ses fresques exceptionnelles et une histoire mouvementée qui mit aux prises deux familles de la région.

    Château

    Auvergnat et fier de l’être !

    Émergeant d’une forêt de châtaigniers, Anjony en impose avec son donjon haut de 40 mètres, encadré de quatre tours. Construit en 1439 par un compagnon de Jeanne d’arc, il appartient toujours à la même famille, une branche cadette des d’Anjony.

    Son architecture intérieure particulière

    Imaginez quatre étages, avec, pour chacun d’eux, une seule grande salle de 100 m2, trois petites pièces logées dans les tours et l’escalier à vis dans la quatrième. Et vous n’êtes pas au bout de vos surprises : autant l’extérieur est austère, autant la visite des salles révèle de splendides décors de la renaissance.

    ChapelleLes peintures de la chapelle – dite castrale ou oratoire car elle est incluse dans une tour –, datant du XVIe siècle, sont à fresques. Celles-ci représentent des scènes du Nouveau Testament et notamment de la Passion du Christ.

    Après le rez-de-chaussée, qui servait autrefois de cave à nourriture, voici le premier étage et sa salle basse, décorée de tapisseries. Remarquez la cheminée, impressionnante et la devise des d’anjony : Fides hic semper, « la foi ici et toujours ». Dans une des tours, la petite chapelle, décorée de fresques du XVIe siècle illustrant la vie du christ, abrite également une belle Vierge noire.

    La salle des Preux

    C’est au deuxième étage que vous attend le clou de la visite : la salle des Preux, allusion à une légende médiévale qui met en scène trois héros païens, trois héros chrétiens et trois héros juifs, représentant l’idéal de la chevalerie au Moyen Âge. Sur les fresques de la renaissance, admirablement conservées, amusez-vous à retrouver les preux de la légende : alexandre le Grand, Hector, Godefroy de Bouillon, Charlemagne, le Roi Arthur, le Roi David, Josué, Judas Maccabée.

    FresqueVoici Charlemagne représentéesur la fresque du château d'Anjony.

    Seul Jules césar manque à l’appel. De part et d’autre de la cheminée, deux personnages en costume renaissance : Marguerite de Foix et Michel d’anjony, qui a commandité ce décor, un des rares sur ce thème qui nous soient parvenus.

    Il vous reste encore à découvrir le troisième étage, dédié à la salle d’audience, avec ses hauts plafonds à croisée d’ogives ; et, accessible par l’escalier d’une des tours, le chemin de ronde, ses mâchicoulis et ses meurtrières, par lesquelles on a de belles échappées sur la vallée de la Doire et le village de tournemire. tournemire et anjony, deux noms, deux familles que l’Histoire a longtemps opposées…

    Vendetta Auvergnate

    Les Tournemire et les Anjony, version Auvergnate des Capulet et des Montaigu ?
    L’histoire commence au XIIIe siècle quand un membre de la famille Johany, riche marchand de peaux du Cantal, achète à un Tournemire une tour, quelques terres et les droits féodaux qui vont avec. Les Johany font allégeance au royaume de France, tandis que les Tournemire ont les Plantagenêt comme alliés naturels.

    ChâteauCet étonnant donjon, vestige d’un château fort de montagne détruit au cours des siècles, est construit en basalte rougeâtre et couvert d’un toit de lauzes. Ses 35 mètres abritent cinq étages.

    À force d’intrigues, les Johany se font anoblir et évincent petit à petit les Tournemire. Pour marquer sa suprématie, Louis d’Anjony fait construire, en 1439, l’actuel château. Les dissensions entre les deux familles dureront deux cents ans, avec force provocations, échauffourées, exactions et meurtres, ponctués de quelques mariages de convenance.

    Le point d’orgue aura lieu en 1623, lors d’un combat qui opposera trois Anjony et trois Tournemire : les premiers y perdront la vie… mais les seconds finiront par quitter la région pour le Limousin.

     

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  • Vichy : le bel éveil de la Dame du Lac

    Par S. Brogrow et E. Saporta
    source : Détours en France 174
    Publié le 21/03/2016

    Pour réveiller l’énergie qui sommeille en elle, la ville thermale bat le rappel de ses élégances passées. Après avoir longtemps puisé à toutes ses buvettes, elle ouvre un nouveau front côté lac. Avec sa promenade de planches, la Genève d’Auvergne jouerait- elle les Deauville d’eau douce ?

    source des célestins VichyPlan ovale pour le pavillon de la source des Célestins qui fut dessiné par Lucien Woog dans le style Art nouveau néoclassique.

    On les voit d’ici : les crinolines claires, les gibus, les chapeaux à voilette et les uniformes chamarrés du Second Empire... On les voit comme fxés dans la pierre, reflétés par l’architecture de la ville, par sa coquetterie cérémonieuse, ses façades au maintien exemplaire, ses alignements bien élevés de villas et d’hôtels habillés de crème, de vieux rose ou de jaune poussin, où les reliefs semblent faits de guipure, et les ferronneries aux balcons, de rubans de dentelle bleue. On les voit même pour de bon, chaque année, tout un week-end de la fin avril, quand les fêtes Napoléon III mènent le bal en grand tralala au fil des parcs et des avenues.

    Ville de villégiature

    dt174_03_-_vichy-80lo.jpgPur style savoyard, qu'on attendrait plutôt du côté d'Annecy, pour le chalet des Roses et le chalet Marie- Louise, érigés avec d’autres aux abords du parc Napoléon III. Ces bâtisses hébergeaient l'empereur et sa suite. Certaines étaient reliées par une galerie souterraine.

    Évidemment, c’est un cliché que ce Vichy de villégiature balnéaire. Mais il reste cultivé avec soin pour estomper un autre souvenir amer et persistant : celui du régime de l’État français, entre 1940 et 1944. Qu’avait donc fait la ville pour mériter ce sort ? Elle s’était enrichie de quelque 250 hôtels et d’innombrables meublés, les uns assez fastueux pour y caser des ministères, les autres assez nom- breux pour en loger le personnel. Et, surtout, d’un des centraux téléphoniques les plus performants du pays ! Ce fut la fin d’un monde. 

    Vichy, la reine des villes d'eau

    Longtemps Vichy a fait profli bas. Les grands hôtels − à l’exception d’un seul, l’hôtel Aletti − ont été transformés en résidences. Certains ont laissé place à des constructions modernes, tout comme les thermes Callou ou le vieux Casino des Fleurs. « La reine des villes d’eaux somnole aima-blement au bord de l’Allier, écrivait Denis Tillinac, elle vit de nostalgie et d’eau tiède. » Mais elle a désormais décidé de faire de son passé un atout, en commençant par assumer le plus sombre. Si le cœur vous en dit, vous pouvez donc, en suivant le guide, faire le tour des hauts lieux de « Vichy-capitale ». À l’office de tourisme, dans l’ancien hôtel du Parc où logeait Pétain, on reconnaît que ce circuit est le plus demandé... On peut préférer explorer son âge d’or, le siècle qui vit la ville passer de 1 000 à 20 000 habitants entre 1830 et 1930. Sa croissance a produit un mélange de styles architecturaux qui est un vrai jeu de piste ! 

    dt174-vichy-lo.jpg1 - Dans les allées des parcs qui longent le lac d’Allier, de belles échappées en perspective. 
    2 - Le passage Giboin, une galerie marchande couverte, typique de l'architecture du Second Empire, où se mêlent poutrelles métalliques et verrières. 

    Du Second Empire, on reconnaît les ordonnancements haussmanniens sur les avenues du quartier thermal, mais aussi l’imbroglio des villas exotiques ou de style « néo » Renaissance, gothique, mauresque, anglais, byzantin...

    façade à Vichy.jpgAlignement impeccable des façades de la rue Alquié, avec ses bow- windows à l'anglaise. 

    Rue Clémenceau, près de l’église Saint-Louis, on repère au-dessus des vitrines du Monoprix une coupole et des arcades mauresques : un exemple d’Art nouveau entre cent. Plus loin se présente un étrange assemblage : sur une même place se côtoient l’hôtel des Postes, modèle d’Art déco très sévère, la mairie de 1935, toute de faux style Renaissance, jovial et fleuri, et l’imposant immeuble Arlequin de 1996 dont les balcons en forme de vagues laissent perplexe.
    Plus au sud est indiqué le Vieux Vichy. Les rues sont sinueuses et pentues, mais c’est l’Art déco qui domine, et le style médiéval, sauf exceptions, est factice. Le journaliste et écrivain Albert Londres est né là, dans une mai- son aux tourelles rouges (2/4 rue Besse). Une asso- ciation se bat pour la sauver de la ruine. L’église Saint-Blaise, à quelques pas, est une étrange pièce montée de béton des années 1930. Ne vous laissez pas rebuter, l’intérieur, tout en fresques, vitraux et boiseries, ferait un sacré décor dans un film ! 

    Quelques édifices emblématiques

    anciens bains lardyComme ils sont chanceux les étudiants du pôle universitaire Lardy de travailler dans le magnifique cadre des anciens bains Lardy. La source était protégée par une cloche de verre, surmontée d’un dôme hexagonal couvert d’écailles, terminé par un lanternon. 

    vichy casino-théâtre devenu opéraAu XIXe siècle, de nombreux édifices étaient destinés aux divertissements : Alcazar, Cercle international, etc. Seul reste le casino-théâtre, devenu opéra. 

    vichy le parc des sourcesCe petit kiosque aux lignes graciles est situé dans le parc des Sources. Il abrite une confiserie : à vous les pastilles Vichy, les bonbons Napoléon III... 

    Promenades le long du lac

    Dorénavant, c’est au bord du lac d’Allier que le tout-Vichy est incité à se promener le long du plan d’eau. C’est encore une idée de Napoléon III qui décida du premier barrage et fait aménager contre les crues la digue protégeant les trois vastes parcs arborés au sud. Dans sa forme actuelle de plus de 100 hectares, le plan d’eau a fêté son demi-siècle en juin dernier. La Rotonde, curieuse capsule très années 1960, abritant Yacht-Club et restaurant, ne fait plus grise mine à mi-longueur du lac.

    En amont, les berges et la plage, si appréciée l’été, viennent d’être réaménagées et largement replantées, avec tout le naturel possible ; et, en aval, la nouvelle esplanade qui déploie sur plus d’un kilomètre ses planches quasi deauvillaises entame sa seconde saison. L’an dernier on y croisait déjà des stars : si elles n’étaient que de papier − une exposition de portraits −, c’était tout de même un début !  

    Ambiance bord de mer à Vichy !

    1622724_289085624589669_2137854805_n.jpg

     

    On l’a surnommée « l’Ibiza du XIXème siècle », ou la « Deauville d’eau douce ».

    Reine des villes d’eau, la cité auvergnate n’en finit pas de se métamorphoser. La ville s'est à nouveau tournée vers sa rivière l'Allier.

    Une très belle promenade en planches de bois sur 1,5 km a été aménagée le long de l’eau. Un espace très prisé des promeneurs et des sportifs, tout comme les parcs classés remarquables et les plages. Vichy, « The place to be ? ». Oh, oui !

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  • Saint-Nectaire, un village de très bon goût

    Par Dominique Roger
    source : Hors Série - Les plus beaux villages de nos régions 2015, p.20
    Publié le 26/04/2016

    Saint-Nectaire, dans le Puy-de-Dôme, est connu de tous les gourmets, amateurs de fromages d’exception mais c'est surtout une cité au riche patrimoine. Il est l'un des plus beaux villages d'Auvergne.

    PanoramaSaint-Nectaire, dans son écrin du parc naturel des volcans d'Auvergne, est le village du goût et de l'art roman. À l'arrière-plan, le château de Murol et le massif du Sancy.

    Un premier contact qui séduit

    Le panorama se déploie sur tout Saint-Nectaire, le château de Murol et, en arrière-plan, le massif du Sancy. Juchée sur la butte du mont Cornadore, l'église Saint-Nectaire d'Auvergne surgit dans un paysage volcanique dans livrée de trachyte gris clair, où elle s'intègre harmonieusement au site naturel.

    EgliseSe mariant parfaitement au décor, l'église de Saint-Nectaire est l’une des cinq églises romanes majeures d’Auvergne. 

    Bien que ses dimensions apparaissent assez modestes, elle appartient aux cinq églises romanes de Basse-Auvergne dites "majeures", aux côtés de la basilique Notre-Dame-du-Port de Clermont-Ferrand, l'église Saint-Austremoine d'Issoire, la basilique Notre-Dame d'Orcival et l'église Notre-Dame de Saint-Saturnin. Ce sanctuaire roman du XIIe siècle a été édifié par les moines de La Chaise-Dieu.

    Des allures de cathédrale

    À cette époque, le sanctuaire était implanté dans un pays très peuplé, et il était protégé par des murailles et un château. Extérieurement, sa relative simplicité – trois chapelles rayonnantes à la base de la pyramide du chevet – ne laisse que peu augurer du trésor que le vaisseau de pierre abrite. La tribune à trois baies au-dessus du narthex, que surmonte un arc triomphal, lui confère des allures dignes d’une cathédrale.

    CathédraleDans un site exceptionnel se dresse l’église de Saint-Nectaire, joyau de l’art roman, construit en pierre gris clair (trachyte).

    On dénombre cent trois chapiteaux, œuvre d’un sculpteur auvergnat dans un style hérité de la tradition gallo-romaine. Les six colonnes du rond-point, dont certains chapiteaux ont conservé leurs couleurs d’origine, forment un catéchisme de pierre.

    Les colonnesCe livre de pierre, qui a conservé les couleurs d’origine, reflète une symbolique religieuse traditionnelle.

    Aux côtés des sujets évangéliques traditionnels (vie de Jésus...), l’illustration des miracles du saint patron et les épisodes de l’Apocalypse reçoivent un traitement iconographique original.

    ColonnesLes chapiteaux offrent l’essentiel des éléments décoratifs de l’intérieur roman. Prenez votre temps, il y en a 103 à admirer. 

    Mais le chapiteau le plus singulier concerne un personnage dénommé Ranolphe (Ranulfo). Ce supposé généreux donateur est représenté s’agrippant à la colonne de l’église ; un homme coiffé d’un casque s’escrime à l’extraire de la maison de Dieu en le tirant par sa tignasse, tandis qu’un ange vole à son secours en le retenant par le poignet et en lui tendant le glaive de l’Esprit saint.

    Vierge à l'enfantBelle dans sa simplicité : la Vierge à l’Enfant de l’église de Saint-Nectaire, aussi connue sous le nom de Notre-Dame du mont Cornadore (XIIe siècle), est en bois marouflé polychrome. 

    StatueDans le transept nord repose le trésor de Saint-Nectaire avec, outre une superbe Vierge à l’Enfant en bois marouflé polychrome (XVe siècle), le buste reliquaire de saint Baudime (XIIe siècle), compagnon de saint Nectaire, réalisé en bois et lames de cuivre doré. Le bras levé du saint est, lui, en argent repoussé.

    Les autres trésors de Saint-Nectaire

    Quittez le monde religieux roman pour rejoindre Saint-Nectaire-le-Bas et la ville thermale. Les eaux saint-nectairiennes sont soit froides et oligométalliques, soit chaudes et polymétalliques, carbogazeuses, bicarbonatées sodiques. Leurs bienfaits sont connus depuis l’Antiquité, mais seules les sources de Saint-Nectaire-le-Haut étaient exploitées.

    GrotteDans les grottes du Cornadore, grâce au curieux phénomène des fontaines pétrifiantes, par dépôt du bicarbonate de calcium, et à l’aide de moulages, sont réalisées des œuvres d’art. 

    En témoignent les grottes du Cornadore, des thermes troglodytiques renfermant un tepidarium (salle tiède), un caldarium (salle chaude), des baignoires et cuves de bains. Le premier établissement thermal, à but commercial et touristique, qui ouvrira ses portes est daté de 1810. Son propriétaire, Jacques Mandon, exploite alors la source du Tambour. On y soigne, de manière très rudimentaire, les affections rénales et les « utérines » (femmes stériles). 

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    Château du Haut-Koenigsbourg, le rêve fou d'un empereur

    Par Détours en France
    source : Hors Série - Châteaux de légende, 2013, p.24
    Publié le 11/08/2015

    Perché sur un promontoire rocheux au-dessus de la plaine d’Alsace et rebâti pour célébrer la grandeur de Guillaume II, empereur d’Allemagne, ce château est devenu,  un des monuments les plus visités de France.

    ChâteauSaccagée, ravagée jusqu’à être totalement détruite et tombée dans l’oubli : l’Histoire n’a pas été tendre avec cette imposante bâtisse dont la « troisième vie » – celle que vous avez devant vos yeux – ne lasse pas d’inspirer les uns et de faire s’émerveiller les autres.

    Quand Bodo Ebhardt, le Viollet-le-Duc allemand, accepte le chantier que vient de lui confer l’empereur Guillaume II, a-t-il conscience de l’ampleur de la tâche qui l’attend ? 

    Silence... Action !

    Aujourd’hui, la silhouette de grès rose qui interpelle le visiteur, à près de 750 mètres d’altitude, a tout d’un décor de cinéma, voire de dessin animé. Il a d’ailleurs inspiré Jean Renoir qui y a tourné La Grande Illusion. Et s’agissant de dessin animé, notons que Le Château ambulant lui doit beaucoup : son réalisateur, Hayao Miyazaki, est venu y faire des repérages.

    À l’abandon depuis plus de deux cents ans, le château du Haut-Koenigsbourg n’est plus que l’ombre de lui-même : toitures écroulées, murailles branlantes, donjon anéanti et partout la végétation qui a repris ses droits.

    Rasé... Rebati !

    Le Haut-Koenigsbourg tel que vous l’avez aujourd’hui sous les yeux en est à sa troisième vie. Son histoire est plutôt agitée : sa position stratégique, entre la France et l’Allemagne, sur les routes du vin, du sel et du blé entre l’alsace et la Lorraine, l’explique.

    Tout a commencé au XIIe siècle quand l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen fait construire un premier château. Il n’en reste quasiment rien aujourd’hui. Trois siècles plus tard et après être passé entre les mains de chevaliers brigands qui terrorisaient la région, le château est détruit.

    Haut-KoenisbourgDepuis le donjon sur base carrée, voulu par Bodo Ebhardt au moment de sa restauration et qui suscita de vives polémiques, la vue plonge sur cet édifice à l’architecture étonnante. Le mot d’ordre à l’époque : « Conserver, pas restaurer. »

    Les Habsbourg confient le site à une riche famille venue de Suisse, les Thierstein, qui en fait un modèle de défense moderne contre l’artillerie : l’âge d’or du Haut-Koenigsbourg. Deux siècles plus tard, la guerre de Trente Ans lui est fatal : assiégés par les Suédois, les occupants affamés finissent par se rendre. Le château est saccagé et tombe dans l’oubli.

    PiècesSa destruction n'a pas empêché de retrouver des petits bijoux décoratifs.

    Il faudra attendre le XIXe, le romantisme et son engouement concernant les ruines, pour que le rideau se lève enfin sur le troisième acte : la ville de Sélestat donne le château à Guillaume II. L’alsace vient d’être annexé à l’Allemagne, l’empereur cherche à asseoir sa nouvelle autorité : le Haut-Koenigsbourg va en être l’écrin. Il faudra seulement dix ans à Bodo Ebhardt pour accomplir le miracle : en 1908, le château est inauguré en grande pompe et sous la pluie.

    Visite guidée

    L'extérieur

    L’entrée du château se fait par la basse-cour, entourée de bâtiments : une auberge, des écuries, une forge, et même un moulin, car au Moyen Âge, le château devait pouvoir vivre en autarcie. De là, une rampe avec pont-levis mène à la cour intérieure, en passant devant un puits de 62 mètres de profondeur qui alimentait le château en eau douce.

    Façade

    L’architecture du lieu n’est pas facile à comprendre. Il faut dire que le château repose sur un éperon rocheux de 270 mètres de long sur 40 de large : partout, des murailles, des tourelles ; ici, une porte couronnée de lions, là une herse, un escalier à vis… et au-dessus, altier, le donjon, dont la reconstruction sur base carrée par Bodo Ebhardt suscita à l’époque de vives polémiques.

    L'intérieur

    L’intérieur du château a bénéficié du même souci de reconstitution.
    Le logis seigneurial est divisé en deux parties :

    • Le sud, autrefois réservé à la famille Thierstein, avec ses galeries en bois, une chapelle et une salle d’armes, présente aujourd’hui une collection d’armes blanches ;
    • Le nord, qui recevait les invités, abrite la chambre de l’impératrice, avec poêle et meubles d’époque.

    Ils ont été rassemblés, comme tous les autres objets, par une association qui, de 1904 à 1918, s’est efforcée de remeubler le site. Mais la pièce la plus spectaculaire est la salle du Kaiser, au cœur du logis.

    Salle Kaiser

    Bodo Ebhardt l’a consacrée à la gloire de Guillaume II afin de couronner ses ambitions politiques. Pour preuve, les peintures murales du plafond avec l’aigle impérial qui veille sur l’Alsace et la Lorraine, les nombreux « W » (initiale de Wilhelm-Guillaume), les statuettes aux armoiries des Hohenzollern…

    Les peintures ont été réalisées par Léo Schnug, un passionné d’histoire médiévale, et vous pourrez en admirer d’autres dans la salle des Trophées de chasse : à vous de découvrir la représentation de Bodo chassant les abeilles, symbole des nombreuses critiques que s’attira l’architecte.

    Le jardin

    Terminez par le jardin médiéval, inspiré de gravures de l’époque, avec ses carrés bordés de plessis, où les herbes « simples » côtoient les herbes « magiques », les plantes tinctoriales, celles qui nourrissent. De l’autre côté, le grand bastion, flanqué de deux tours, protège l’ouest, partie la plus vulnérable du château. Sa courtine a été aménagée en terrasse d’artillerie.

    La salle d'armeEn prévention d'une autre attaque... Voici la salle d'armes ! Hallebardes, arbalètes, cuirasses et côtes de maille : guerriers à vos armes.

    Ne vous privez pas du plaisir d’y monter : la vue y est fantastique, du Hohneck au Grand-Ballon, en passant par les ruines d’autres nids d’aigles, châteaux de l’Ortenbourg, de Ramstein, du Frankenbourg. En vigie au-dessus de la plaine d’Alsace, le Haut-Koenigsbourg retrouve sa raison d’être.

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