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    Songe d’une soirée d’été

     


    Une bande d’amis sur une terrasse, c’est un condensé de la vie. On voudrait que ça dure toujours, surtout parce que l’on sait que c’est impossible.


    Crystelle Crépeau du magazine Chatelaine


    Une bande d’amis sur une terrasse, ça refait le monde et le redéfait. Les dernières nouvelles sont lancées à la hâte, s’entrecoupent dans l’empressement de tout dire, de mettre la gang à jour.

     

    Le chardonnay coule à flots, les éclats de voix gagnent en force, tout comme le désir de festoyer, d’oublier un peu les soucis quotidiens. Les actualités font place aux anecdotes. Récentes ou mille fois racontées, qu’importe. Après tout, «nos» histoires sont si riches et si drôles…

     

    Société:  Songe d’une soirée d’été

    Photo: iStock

     

    Puis la lumière descend, comme le vin dans les verres. On philosophe sur l’existence, le travail, la famille. Certains se replient dans le silence, en proie à la réflexion. Parfois le chagrin fait naître une confidence à un bout de la table pendant qu’à l’autre on se fait des promesses.


    Une bande d’amis sur une terrasse, c’est un condensé de la vie. En quelques heures, on célèbre, s’enthousiasme, rigole, s’anime, se fâche parfois, s’aime et s’entraide. On voudrait que ça dure toujours, surtout parce que l’on sait que c’est impossible.


    Tôt ou tard, certains quitteront le cercle, appelés par de nouvelles aventures, d’autres amitiés. Le groupe se redessinera, mais ne sera plus exactement le même… On souhaiterait graver ces moments, s’imprégner des voix, des rires et de ce sentiment de plénitude d’être si bien entouré.


    Pourtant, rien ne permet de penser que demain ne sera pas plus excitant, plus riche et plus enlevant. Bien sûr, changer, c’est faire le deuil de ce que l’on laisse derrière, que ce soit la maison qui a vu naître ses enfants ou de précieux collègues… Mais c’est aussi un joyeux pari sur la suite des choses.


    C’est à mon tour de quitter votre table, chères lectrices. Et de vous remercier de m’y avoir accueillie durant les dernières années. La chaise ne restera pas vide longtemps. En attendant, les réflexions, les belles rencontres et les découvertes se poursuivent dans ces pages, de même que toute l’inspiration nécessaire pour profiter de la vie à fond.


    Bon été entre amis!

     

     

     

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    Qui est la mère parfaite de l’Internet?

     


    Sur les médias sociaux, la mère s’incarne souvent en déesse de la perfection en respectant les paramètres stéréotypés de la féminité, soit une triade parfaitement équilibrée de mère aimante, de magasineuse compulsive et de chum de fille. Pourquoi en sommes-nous encore là, demande Marianne Prairie.


    Marianne Prairie du magazine Chatelaine

     

    Chaque saison voit la publication d’un article qui analyse l’influence des médias sociaux sur les mères. On tente toujours d’y cerner un peu mieux le phénomène des mamans vedettes de l’internet. La semaine dernière, Le Monde publiait un texte s’inquiétant de ses impacts insidieux dans « Le retour de la mère parfaite ». L’automne dernier, c’était « Le retour de la fée du logis » dans La Presse. Il y a un an, j’ai lu tout un essai sur la question du « retour des femmes éduquées à la maison » intitulé Homeward bound.

     

    Société:  Qui est la mère parfaite de l’Internet?

    Photo: iStock


    Dans chacun de ces articles, on est mystifié par le retour d’un modèle de femme qu’on croyait reléguée aux oubliettes : la mère de famille qui s’épanouit dans sa vie familiale et domestique. Sur Instagram, Pinterest ou leur blogue, ces mamans semblent tout faire avec bonheur et style, leurs magnifiques enfants à leurs côtés : des crêpes, un tissage décoratif, une sieste, un roadtrip, une fête d’anniversaire, une marche sur le trottoir, une classe à la maison, un souper de semaine. Ces supermères de l’Internet ont surtout un talent certain pour la photographie. Avec la bonne lumière, le bon cadre et le bon filtre, n’importe quoi peut avoir l’air inspirant et magnifique. On ajoute ensuite les bons mots-clics, qui traduisent à la fois l’émerveillement constant et un brin d’humour, et hop! C’est la recette de la famille parfaite. #réseauxsociaux101


    Dans ces mêmes articles de La Presse ou du Monde, on critique d’ailleurs cette mise en scène de soi, de ses enfants et des produits offerts gracieusement par des compagnies en quête de publicité. On dénonce la maternité léchée, d’apparence parfaite, standardisée, performante. On s’inquiète de l’impact de ces images sur la mère moyenne qui culpabilise de ne pas avoir le temps ou l’énergie ou les ressources (ou tout cela à la fois) pour faire un capteur de rêves ou un potager. Mais derrière ces façades idylliques, des témoignages de femmes dévastées par cette pression et des confessions de blogueuses qui avouent que leur vie n’est pas si idéale qu’elle n’en parait.

     

    Les coups de gueule et autres mouvements de résistance à cette glorification de l’art ménager reviennent aussi à intervalles réguliers. Il y a quelques mois, ma collègue Geneviève Pettersen a fait jaser sur les médias sociaux et le site de Châtelaine avec son ménage et ses images de #lavraievie. En 2013, j’adhérais à #realmamalife en expliquant qu’en ne voyant que des photos avantageuses sur le web, « J’en perds le sens du réel. » Le magazine Real Simple a aussi lancé #womenIRL (femmes de la vraie vie) sur Instagram.


    Il me semble qu’on est pris dans un genre de vortex, là. On réécrit les mêmes choses, on se repasse les mêmes réflexions, on ressasse les mêmes questions. Pendant ce temps, des femmes se rendent malades en regardant des « photoromans » de vedettes virtuelles. J’aimerais amener ça un peu plus loin, depuis le temps que ce sujet spin dans ma tête.


    D’abord, la mère parfaite est-elle déjà partie? En était-on vraiment venues à bout? J’ai l’impression qu’elle a seulement trouvé de nouvelles plateformes où s’incarner et que la multiplication des espaces pour se comparer entre femmes ne fait qu’exacerber le tout.


    Les mères ont toujours cherché une façon de briser leur isolement et valider si leur expérience de la maternité est « normale ». On peut combler ces besoins autant sur le perron de l’église, que sur les réseaux sociaux, que dans une activité de zumba maman-bébé. Dans tous les cas, on peut y trouver des amies ou être super complexée par la présence d’une mère qui semble parfaite. Sauf que dans le web, il y a encore plus de moyens de contrôler son image et son message. Le « normal » est plus facile à altérer.


    Et qu’on se le dise : le « normal » des vedettes, qu’elles soient des stars d’Hollywood ou des supermères de l’Internet n’a aucune commune mesure avec le nôtre. Demandez-vous comment elles peuvent gagner grassement leur vie sur Internet. Souvent, c’est en respectant les paramètres stéréotypés de la féminité, une triade parfaitement équilibrée de mère aimante, de magasineuse compulsive et de chum de fille.


    Ce sont des modèles. Des mannequins de la maternité. Pourquoi persister à se comparer alors? C’est une vraie question. Pourquoi on fait ça?!


    Le pire, c’est qu’on se compare aussi à leurs millions d’émules qui s’affichent aussi comme des mères parfaites et des ménagères comblées. À mon avis, c’est aussi dévastateur pour l’estime de soi. Si on peut se distancier un peu mieux du lifestyle des mères riches et célèbres du web en se disant que tout ça est inaccessible, c’est plus difficile de le faire avec des femmes qui ont le même code postal que nous. Trippent-elles vraiment ou suivent-elles la mode? Se sentent-elles enfin valorisées dans leur rôle rêvé de mère à la maison ou sont-elles complètement aliénées par la pression sociale? Difficile à dire. J’en connais personnellement dans les deux camps.


    Je reconnais la détresse et l’anxiété que subissent les femmes exposées à répétition à ces modèles magnifiés car je l’ai vécu moi-même. Ce qui m’inspirait dans les premiers temps de ma maternité est devenu un cauchemar. J’ai évité Pinterest pendant des années. J’ai arrêté de lire des blogues. Vendre du rêve, ça peut distraire, inspirer, motiver. Ça peut aussi avoir l’effet contraire. D’où l’importance de continuer d’y réfléchir collectivement, mais aussi d’avoir cette réflexion avec soi. Ces supermères, je les like ou pas?

     

     

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    L'auteure qui aimait les chats

     

    Violetta est une chatte de gouttière toute noire... (photo fournie par Chrystine Brouillet)

     

    Violetta est une chatte de gouttière toute noire que Chrystine Brouillet a trouvée à l'extérieur.

     

    PHOTO FOURNIE PAR CHRYSTINE BROUILLET

     
     

    Qu'ils soient auteurs, chanteurs, écrivains ou danseurs, de nombreux artistes vouent une véritable passion à leur animal de compagnie. La Presse a rencontré cinq personnalités pour en discuter. Cette semaine, l'auteure à succès Chrystine Brouillet nous présente sa chatte Violetta.

     

    « J’ai eu des chats presque toute ma vie »,... (PHOTO IVANOH DEMERS, Archives LA PRESSE) - image 1.0

     

    « J’ai eu des chats presque toute ma vie », confie l’auteure Chrystine Brouillet.

    PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

     

    Avez-vous toujours eu des animaux de compagnie ?

    J'ai eu des chats presque toute ma vie sauf peut-être quand j'ai vécu à Paris. À cette époque, j'avais du mal à subvenir à mes propres besoins ! Mais dès que j'ai pu en avoir un, j'ai sauté sur l'occasion et j'ai adopté Valentin.

     

    Est-ce que Valentin a été votre compagnon préféré ?

    Valentin a inspiré Les neuf vies d'Edward. Il y a deux ans, j'ai perdu Olympe que j'aimais tout autant que lui. Là, je vous parle et Violetta vient de passer derrière ma tête ! Ils sont si différents que c'est une découverte chaque fois. Certains sont plus réservés, d'autres plus débrouillards. J'ai été chanceuse, je n'ai eu qu'un seul chat qui n'était pas très intelligent. Disons que Pénélope n'était pas une lumière !

     

    Quel est le plus inspirant de vos chats ?

    Sans doute Valentin, mais aussi Léo, que j'ai beaucoup utilisé dans les romans de Maud Graham. Églantine a fait son apparition dans mes livres les plus récents et elle est inspirée d'Olympe. Alors je ne peux pas vraiment dire qu'un m'inspire plus que l'autre. C'est le plaisir de vivre avec eux et de les observer. Une maison sans chat, c'est pour moi comme habiter à l'hôtel. C'est apaisant un chat. Jules Renard disait : « L'idée du calme est dans un chat assis. » J'aime beaucoup cette image. Pour la psychorigide angoissée que je suis, c'est essentiel d'avoir un chat ! (rires)

     

    Vous avez perdu il y a peu de temps un de vos chats. Pensez-vous en adopter un autre ?

    Quand Olympe est morte, autant j'ai eu beaucoup de peine, autant Violetta était ravie ! Je ne pensais pas qu'un animal pouvait autant changer de caractère. Elle qui était si indépendante est devenue câline. Elle reste beaucoup plus à la maison. Elles ne se battaient pourtant pas beaucoup et Violetta protégeait Olympe quand elles étaient dehors. Elle l'a cherchée une semaine puis a eu l'air de dire « bon débarras ! ». Violetta est une chatte de gouttière toute noire que j'ai trouvée dehors. On suppose qu'elle avait 1 an de par sa dentition à l'époque. Elle était dans la cour et il faisait froid. Elle était sauvage, enceinte et affamée. Je l'ai nourrie et j'ai fini par la faire entrer à la maison. L'arrivée d'Olympe l'a rendue moins sauvage. Au début, quand je mettais la main sur elle, elle faisait la morte ! J'avais Violetta depuis trois mois quand je suis rentrée dans une animalerie et que j'ai vu Olympe, cette petite siamoise têtue de 750 g !

     

    Comment percevez-vous votre relation avec vos chats ?

    C'est différent avec chacun. Mais de manière générale, le rapport avec le chat est un rapport de séduction. Un chat va faire quelque chose pour te faire plaisir, pas pour t'obéir. Il faut les gagner et c'est à refaire régulièrement. Il faut ruser pour avoir leurs faveurs. Si je ne suis pas réveillée à 5 h, Violetta se charge de le faire en ronronnant autour de ma tête. Elle est très indépendante sinon, elle fait sa vie alors qu'Olympe était toujours avec moi. Violetta est une bonne copine, une complice. Elle se débrouillait avant que je la rencontre. Je ne m'inquiète pas trop pour elle. On est colocataires ! Avec Olympe ou Valentin j'avais un rapport plus matériel, car ils étaient plus nerveux et angoissés.

     

    Vous privez-vous de voyager pour eux ?

    Disons que certains séjours sont plus courts ! Je limite certains déplacements pour ne pas la laisser seule plus qu'une journée ou deux.

     

    Arrivez-vous à écrire sans chat autour de vous ?

    Je trouverais ça très curieux. Pour moi, ça fait tellement partie de la vie.

     

    Société:  L'auteure qui aimait les chats

     

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    Maman au boulot : Alisia Pobega

     


    Danseuse professionnelle et codirectrice artistique de la compagnie de danse contemporaine LIBERAME performance & films, Alisia Pobega a 38 ans, est la maman de deux filles de 8 et 2 ans.


    Marie-Hélène Proulx du magazine Chatelaine

     

    Société:  Maman au boulot : Alisia Pobega

    Alisia Pobega, maman deux enfants, danseuse professionnelle
    Photo: Louise Savoie


    Ce que je fais dans la vie


    Je suis associée avec mon mari, le chorégraphe Louis-Martin Charest, qui a fondé sa propre troupe. En plus d’être danseuse indépendante, j’enseigne le ballet. Dans mon domaine, il faut souvent multiplier les boulots pour joindre les deux bouts!


    Les qualités que ça exige

    En plus des aptitudes physiques et du sens du rythme, je crois qu’il faut des talents d’interprète, comme au cinéma. Afin d’aller au-delà de mouvements parfaits sur le plan technique, mais vides de sens… Pour moi, la danse doit raconter une histoire et, en ce sens, il faut d’abord comprendre les émotions des personnages avant de les traduire avec son corps.


    Je souhaite à mes enfants…

    De s’aimer elles-mêmes, autant que je les aime. Parce que moi, j’ai passé beaucoup trop de temps à me taper sur la tête. À ne pas me trouver assez belle, assez mince, assez bonne danseuse. Je ne veux pas qu’elles connaissent cette vie-là.


    Je suis particulièrement fière…

    De la manière dont je prends soin de mes amis. Même quand mon horaire est serré, je m’organise pour les voir régulièrement face à face, ne serait-ce qu’une heure, le temps d’un café entre deux cours de ballet. J’en ai fait une priorité dans ma vie.


    Mon conseil aux filles

    Choisissez un métier qui répond vraiment aux besoins de votre âme. Si c’est la danse, apprenez vite à composer avec la critique, car on en reçoit beaucoup de la part de ses profs…
    Une danseuse est sans cesse à la recherche de la perfection. Bien sûr, ça n’existe pas, mais cette quête est intéressante parce qu’elle nous plonge dans un état d’exploration perpétuelle.


    Je suis folle…

    Des robes d’été. J’en porterais à longueur d’année. Je les choisis amples, pour ne pas entraver ma liberté de mouvement. J’adore sentir la fluidité des tissus. Je trouve ça aussi féminin que les vêtements moulants. C’est peut-être parce que je vieillis? [Rires]


    Pourquoi je fais ce métier

    C’est le canal qui permet à mes émotions de se frayer un chemin jusqu’à la surface. Je suis obéissante par nature, du genre à suivre les consignes et à taire mes besoins. Mais sur scène, je me sens totalement libre. Indifférente au fait que des gens me regardent. Je m’autorise enfin à m’exprimer, à faire toutes les folies que je veux.


    Je garde la tête hors de l’eau…

    Grâce à mon mari. Ayant peu d’aide extérieure, nous avons appris à nous relayer auprès des enfants et sur le plan domestique. C’est un partenaire extraordinaire. Mais les rendez-vous d’amoureux sont rares et ça me manque. Je me console en me rappelant que c’est temporaire, le temps que les petites grandissent.


    Mon style

    Confortablement féminin. Selon les jours, tout en noir ou en gris, ou alors très coloré. J’aimerais avoir les moyens d’appuyer des boutiques indépendantes, mais, malheureusement, je n’achète que ce qui est en solde. Je fréquente donc les Gap, Banana Republic et Zara.


    J’ai renoncé…

    À poursuivre ma carrière aux Grands Ballets Canadiens. J’y ai dansé pendant 12 ans, mais c’est un milieu peu accommodant pour une maman… Je suis tombée malade à force d’essayer de concilier les deux. Je me sentais médiocre en toutes choses. Maintenant que je suis à mon compte, je danse moins que je le voudrais, mais ma vie est plus équilibrée.


    Mes produits chouchous

    Je suis fidèle au gel nettoyant Spectro depuis l’âge de 13 ans. Et je m’hydrate soir et matin avec la gamme à la vitamine E de The Body Shop. Je me refuserai toujours à la chirurgie plastique, mais je ne vais nulle part sans mon cache-cernes – pas même à l’épicerie!


    Une leçon que j’ai apprise

    Avoir des enfants m’a fait réaliser à quel point j’étais auparavant axée sur moi. Sans doute à cause de la nature de mon métier, qui oblige à traiter son corps aux petits oignons et à constamment se prioriser pour performer. Tout tournait autour de la danse. Mais quand ta petite pleure parce qu’elle a faim, pas le choix de sortir de ta bulle! C’est rafraîchissant.

     

    Société:  Maman au boulot : Alisia Pobega

    Photo: Louise Savoie


    J’ai beaucoup de difficulté…

    À dire non. Je voudrais toujours donner plus. S’il y a une fête d’amis, par exemple, je lève la main pour l’organiser, acheter le cadeau et faire le dessert. Mais je finis par brûler mes réserves. Par n’être plus présente, ni aux autres ni à moi-même. Et ne plus rien donner, finalement!


    Je suis zen…

    Quand je consulte mon iPad, couchée en cuillère avec mon chum. Ou quand je passe l’aspirateur… c’est si satisfaisant de voir tout de suite le résultat de ses efforts! Par ailleurs, j’adore préparer des gâteaux. Et que dire des soupes, le meilleur truc pour faire manger des légumes à mes filles sans qu’elles s’en aperçoivent.


    Une personne qui m’a marquée

    Ma grand-mère maternelle, morte l’an passé. Malgré une vie très difficile – ses parents ont été tués devant elle en Pologne, pendant la Deuxième Guerre mondiale –, elle était tout le temps de bonne humeur, aimante et reconnaissante. Comme elle, je voudrais arriver à me satisfaire de ce que j’ai, sans chercher à posséder toujours plus.


    Je ne me sépare jamais…

    De mon alliance, sauf sur scène. Elle symbolise l’engagement sérieux que nous avons l’un envers l’autre, Louis-Martin et moi. Et je porte toujours ma montre. Ça m’évite, quand je veux savoir l’heure, d’avoir à consulter mon téléphone et d’y trouver d’autres sources de distraction…


    Je suis une fan…

    Du site de la blogueuse canadienne Elaine Lui, laineygossip.com. C’est plein de potins sur les célébrités. Parfaitement malsain, mais ça me détend. [Rires] Ensuite, je vais beaucoup sur Instagram regarder des photos de cuisine. Ça me fait rêver. Ceci dit, j’ai accepté que ça ne ressemble pas à mon quotidien!

     

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    Témoignage: grands enfants du divorce

     


    On parle souvent de l’impact du divorce sur les enfants. Mais qu’en est-il quand, à 25, 30, 35 ans, on apprend que sa mère refait sa vie avec un autre ou que son père sacre son camp au moment de la retraite?


    Par Catherine Perreault-Lessard du magazine Chatelaine


    Ma mère a quitté mon père après 31 ans de mariage. Comme elle se confiait à moi depuis des mois, je savais que ça se tramait. C’est ainsi que je suis devenue, moi aussi, une enfant du divorce. À 25 ans.


    La nouvelle de la séparation de mes parents m’a d’abord soulagée. Ça faisait quelques années déjà que leur couple battait de l’aile. La simple idée de ne plus me retrouver prise en sandwich me plaisait bien.


    Mais cette douce allégresse a laissé place au désarroi le jour où j’ai compris que ma famille ne serait plus jamais la même. Qu’on ne passerait plus de temps ensemble tous les quatre, ma mère, mon père, mon frère et moi. Qu’on ne se verrait plus à la maison familiale. Ni à Noël. Ni jamais.

     

    Société:  Témoignage: grands enfants du divorce

    Photo: iStock

     

    Au cours des mois qui ont suivi, j’ai eu l’impression de traverser une grosse peine d’amour. Je passais mon temps à pleurer. J’avais juste envie que ma mère me prenne dans ses bras pour me dire: «Papa et maman t’aiment, tout va bien aller.»


    Quand j’exprimais ma tristesse à mon entourage, personne n’en saisissait la ­profondeur. Et tous me jouaient la même cassette. «Tu es assez vieille pour comprendre», me répétait-on. Pourtant, c’était la dernière chose que j’avais envie d’entendre. Je répondais que ma situation n’était pas plus facile que celle d’un enfant de cinq ans.


    OK, je n’avais peut-être pas à préparer mon sac tous les vendredis soir pour vivre en garde partagée, mais je venais quand même de perdre ma famille.


    Me sentant aussi incomprise qu’une ado en crise, j’ai alors eu l’idée d’écrire cet article. En interviewant des psychologues et d’autres grands enfants du divorce, j’arriverais peut-être à mieux comprendre la situation et, surtout, je me sentirais sûre­ment moins seule. Ça m’a pris cinq ans avant de trouver la force d’attaquer le sujet de front.


    Pire qu’un deuil?


    J’ai vite réalisé que les effets du divorce sur les enfants d’âge adulte étaient très peu documentés. J’ai eu beau fouiller sur le web et arpenter les couloirs des bibliothèques, je n’ai trouvé qu’un seul travail de recherche. Celui du sociologue de la famille de l’­Université d’Ottawa Christian Bergeron, qui portait sur l’impact des transitions de vie en fonction de l’âge. Tiens donc.


    Selon ses résultats, le divorce des parents est l’événement le plus marquant dans la vie des 20-24 ans. Pire encore que la mort d’un proche. Vraiment? «C’est qu’ils vivent deux crises en même temps: celle de l’âge adulte et celle de la séparation, explique-t-il. Le divorce les force à s’adapter, à faire des choix personnels et même, parfois, à changer de vie. » Ces jeunes franchissent alors les mêmes étapes que pour un deuil. D’une part, ils doivent enterrer un couple qu’ils croyaient uni à la vie à la mort. D’autre part, ils doivent dire adieu à l’image de la belle famille parfaite qu’ils s’étaient bâtie. Ils ressentent alors tout un cocktail d’émotions. Un mélange de doute, de rage, de solitude et de peur. Mais aussi de honte, parce qu’ils craignent que la réputation de leur famille ne soit ternie. «Par contre, à partir du moment où ils ont des enfants, la souffrance n’est plus la même, dit-il. Ils ont moins de peine. Ils se demandent surtout si leur propre couple va durer… »


    Toujours un peu délicat

     

    Mais pourquoi est-ce un phénomène si peu étudié? Simplement parce qu’il est très récent, selon Christian Bergeron. «Autrefois, les personnes âgées ne pensaient pas au divorce. Mais, aujourd’hui, les baby-­boomers n’hésitent pas à se séparer pour refaire leur vie et être plus heureux», dit-il. Il y a 45 ans, le divorce n’existait pas au Québec. «Ça demeure donc un sujet très tabou», précise-t-il.


    Le divorce, un sujet tabou? J’ai pu le constater en lançant un appel à tous sur Facebook. Je voulais trouver des gens ayant vécu la même situation que moi pour les interviewer. Une dizaine de personnes m’ont répondu. De ce nombre, une seule, Yasmina, a accepté de me parler à visage découvert. Autour d’un café latté, la belle aux cheveux d’ébène m’a raconté son histoire sans aucune retenue. Parce que sa maman est aujourd’hui décédée…


    C’est d’ailleurs cette dernière qui lui a annoncé que son père et elle allaient se laisser. Elle a fait d’une pierre deux coups, lui disant, tout sourire, qu’elle avait rencontré un autre homme. «Ma mère nous a lancé la nouvelle comme si on était extérieurs à la situation alors qu’on en faisait partie», se souvient Yasmina, âgée de 25 ans à l’époque. «C’est comme si elle avait oublié qu’on était encore ses enfants. Elle aurait dû attendre un peu pour nous parler de son nouveau conjoint. »


    Elle a reçu la nouvelle comme une tonne de briques – frappée d’étranges maux de ventre persistants. Et ce, même si, enfant, elle savait déjà à quel point ses parents formaient un couple dysfonctionnel. «Pourtant, quand c’est arrivé, c’est la dernière chose que je souhaitais», laisse-t-elle tomber.


    Yasmina a attendu des années avant de rencontrer le nouveau conjoint de sa mère. Pas question de l’appeler son beau-père. Pour elle, c’était Roger, son chum. «J’étais très dure d’approche», reconnaît-elle.


    Quinze ans plus tard, sereine, elle peut affirmer que la séparation est la meilleure décision que ses parents aient jamais prise. Yasmina se rappelle sa mère, au bras de son beau Roger, plus épanouie que jamais. Même chose pour son père, qui s’est mis à triper sur la cuisine.


    Chaque fois que Yasmina ouvrait la bouche, j’avais envie de lui répondre de très égocentriques «moi aussi, moi aussi!». Tout me ramenait à ma propre histoire: à quel point j’aurais aimé que ma mère mette des gants blancs pour m’annoncer sa rupture, la difficulté que j’avais eue à accepter son nouveau compagnon… même mon malaise à l’idée d’avouer aux autres que mes parents étaient maintenant divorcés!


    Tous les grands enfants du divorce que j’ai rencontrés ont connu des émotions similaires: soulagement, tristesse, deuil, acceptation.


    Bien sûr, certaines histoires étaient plus heavy que d’autres.


    Mais quelques-unes avaient aussi des fins heureuses, comme celle de Sophie, dont les parents sont aujourd’hui les meilleurs amis du monde. Ces derniers lui ont épargné les détails de leur mésentente maritale. En l’écoutant parler, je me suis dit que c’était peut-être ça, le secret…


    Consulter pour ça?

     

    Est-il courant que des adultes demandent de l’aide pour traverser le divorce de leurs parents? À l’Ordre des psychologues du Québec, on n’en avait aucune idée. Et sa représentante était plutôt dépourvue quand je lui ai demandé de me diriger vers un psy. Elle pouvait m’en référer une multitude pour parler de l’impact du divorce chez les enfants. Mais des répercussions sur les adultes, bien moins…


    Julie J. Brousseau, directrice et fondatrice du Centre de thérapie pour couples et familles de l’Outaouais, est l’une des rares thérapeutes à avoir abordé le sujet avec ses clients. «Même si, précise-t-elle, ce n’est pas la raison première de la consultation.» Je lui ai demandé si, selon elle, les effets du divorce étaient pires sur une personne de 25 ans que de 5 ans – ce que je croyais ferme. «L’impact n’est pas aussi grand, a-t-elle répondu. La vraie différence, c’est qu’un enfant va vivre la situation de façon égoïste, alors qu’un adulte va davantage penser à l’impact sur les autres.»


    Étrangement, au cours des cinq dernières années, j’ai souvent souhaité que mes parents se réconcilient. Le jour de mes noces, entre autres, j’aurais voulu les voir marcher main dans la main. Une tante m’a déjà dit que, peu importe notre âge, on espère toujours que nos parents reviennent ensemble.


    Elle n’a pas tout à fait tort, je crois…

     

    Société:  Témoignage: grands enfants du divorce

     

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