• Sur les pas de Jeanne d'Arc dans le Val de Loire

    Par François Silvan
    source : Détours en France n°170, p. 40
    Publié le 02/09/2014

    Il aura suffi de 4 mois, en 1429, pour que Jeanne d’Arc redonne espoir au royaume et devienne un symbole national. En Val de Loire, Chinon, Orléans et Loches résument cet éclair dans l’histoire de France.

    Jeanne d'Arc sur OrléansSur l’immense place du Martroi, la non moins imposante statue équestre de Jeanne d’Arc.

    Le symbole Jeanne d'Arc

    La guerre de Cent Ans durera encore jusqu’en 1453, mais Jeanne aura définitivement fait changer l’espoir de camp durant un court laps de temps en 1429. Les Français n’avaient plus gagné une bataille depuis Du Guesclin, 50 ans avant. Ils libèrent sans coup férir Orléans et déciment à la bataille de Patay le redoutable corps des archers anglais. L’élément décisif fut l’artillerie naissante, habilement utilisée grâce à sa portée supérieure à l’arc gallois, mais l’élan vint de la jeune Jeanne. Le roi semblait seul contre tous dans sa forteresse de Chinon. Avec Jeanne, Charles VII se fait sacrer dans la cathédrale de Reims, se voyant ainsi légitimé. Dieu semblait avoir choisi son camp, signe crucial dans l’esprit du temps... Les vassaux ayant fait allégeance à l’Angleterre reviendront alors vers Charles.

    Étape 1 : Chinon

    Forteresse royale de Chinon
    Le roi est reconnu.
 Vous pouvez toujours voir à Chinon la cheminée monumentale de la salle où Jeanne rencontra le dauphin pour la première fois vers le 25 février 1429, le reconnaissant dans la foule alors qu’il ne portait aucun attribut royal, nous dit la légende. En fait, la pucelle d’Orléans fut d’abord conduite à Poitiers pour un interrogatoire de trois semaines avant que le futur Charles VII prenne le risque de la présenter officiellement à la cour, dans cette fameuse salle dite de « La Rencontre », dans sa forteresse de Chinon, au cœur du conflit franco-anglais depuis trois siècles.

    Étape 2 : Orléans

    Orléans

    Jeanne d'Arc Orléans1. Œuvre du sculpteur Denis Foyatier réalisée en 1855 : 4,40 mètres de hauteur sur un piédestal équivalent. L’épopée de l’icône de la ville est également représentée sur les vitraux de la cathédrale.
    2. Jeanne d'Arc en armure devant Orleans. Peinture par Jules Eugene Lenepveu (1819 - 1898), 1886-1890. Pantheon, Paris.

    L’espoir change de camp. Fin avril-début mai, la jeune fille entre dans Orléans par la porte et la rue de Bourgogne avec son cheval et son étendard blancs. Épisode que la ville commémore chaque année. Assiégée par 5 000 Anglais depuis 6 mois, Orléans, en limite des terres contrôlées par Charles, est stratégique en vue de l’ultime phase du conflit : il n’y a alors qu’un pont entre Orléans et Blois, à Beaugency, que Jeanne délivre juste après Orléans. « Vous Anglais, qui n’avez aucun droit en ce royaume de France, le Roi des Cieux vous ordonne [...] que vous retourniez dans votre pays », lancera-t-elle avant la prise en trois jours des bastilles de Saint-Loup, des Augustins et des Tourelles. Les Anglais répondront à cette missive par des injures et la promesse de la brûler...

    Étape 3 : Loches

    Loches, vue du ciel
    La victoire est en marche
. En mai, Jeanne se rend ensuite à Loches, superbe ville médiévale qui vaut à elle seule une demi-journée de balade. Son objectif : convaincre Charles de se faire sacrer à Reims, alors au cœur de territoires contrôlés par les Anglais... Ce choix décide de la reconquête militaire. « Dissipant la désespérance, le miracle avait renversé le cours des choses humaines [...]. Jeanne avait rassemblé une nation », écrira l’historien Georges Duby. Jeanne était-elle une parente du roi, une bâtarde ? La femme cagoulée puis brûlée vive à Rouen en 1431 était-elle bien Jeanne ou une prostituée, des traces écrites mentionnant jusqu’en 1440 une Jeanne, pucelle de France, mariée à Robert des Armoises ? Nous ne nous hasarderons pas à répondre à ces questions qui opposent encore chercheurs et universitaires. Peut-être les notes de Poitiers de 1429 apporteraient-elles des réponses, mais elles sont sous clé dans les archives du Vatican depuis la canonisation de Jeanne d’Arc en 1920...

    Voyager en images 3...Sur les pas de Jeanne d'Arc dans le Val de Loire

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  • Naviguer sur la Loire de Touraine en Anjou

    Par François Silvan
    source : Détours en France n°170, p. 48
    Publié le 03/09/2014

    Naviguer sur le fleuve, c’est avoir le loisir d’observer, d’écouter, de ressentir... de ralentir !  Depuis le fleuve, à la fois nonchalant et puissant, la douceur de vivre du Jardin de la France devient palpable.

    Amboise

    Le château d'Amboise vu du cielOn dit que les châteaux de la Loire ont été conçus pour être vus depuis le niveau de l’eau. Et du ciel, on comprend qu’ils l’ont aussi été pour surveiller le fleuve, ici pour sa confluence avec l’Amasse... Amboise, sur son éperon rocheux triangulaire, ne fait pas exception à la règle. Face à la Loire, le logis du Roi et la tour des Minimes, la tour Louis XI est en pointe. La chapelle Saint-Hubert regarde vers la ville, comme la seconde tour cavalière, la tour Hurtault. Sur la gauche, les jardins et la terrasse du château où Charles VIII souhaitait joindre « ensemble toutes les belles choses dont on lui faisait fête en quelques pays qu’elles eussent été vues, fût en France, en Italie ou en Flandres ».

    « La Loire est donc une rivière / Arrosant un pays favorisé des Cieux ... J'y rencontrai de si charmants appas / Que j'en ai l'âme encore toute émue. ... Je lui veux du mal en une chose : c'est que l'ayant vue, je m'imaginai qu'il n'y avait plus rien à voir ; il ne me resta ni curiosité, ni désir », assurait Jean de la Fontaine dans une lettre à sa femme en 1663.

    Château d'Amboise vu depuis la terrasse. Vue depuis la terrasse, l’aile Renaissance du château d’Amboise. Ses deux niveaux supérieurs ont été ajoutés par François Ier.

    Chaumont-sur-Loire

    Chaumont-sur-Loire
    Chaumont-sur-Loire, entre Blois et Amboise, à
 20 kilomètres entre les deux villes royales. Les parties les plus anciennes datent de 1470, et Diane de Poitiers y vécut à partir de 1560, chassée de Chenonceau par Catherine de Médicis. Voyez les fûtreaux amarrés au pied du château.

    Le bonne idée de la rédaction

    Profitez de votre venue à Chaumont-sur-Loire pour visiter le Festival international des Jardins qui se déroule dans le parc du Château, chaque année, d'avril à fin octobre. Découvrez l'édition 2015.
     

    La chapelle des Ardilliers

    La chapelle des Ardiliers
    À Saumur, prenez le temps de visiter la chapelle des Ardilliers, construite en 1553 pour accueillir les pèlerins venus rendre hommage à une petite pièta en pierre trouvée un siècle plus tôt. La rotonde et son dôme d’ardoise couronné d’un lanternon datent de 1655.

    Montsoreau

    Le château de Montsoreau
    Montsoreau, l’un des premiers châteaux d’Anjou, Sa façade nord a conservé son aspect défensif médiéval.

    Toue cabanée

    embarcations "toue" sur la Loire
    Sur la Loire, on rencontre des adeptes du « toue ou rien ». Longues d’une douzaine de mètres, large de trois et avec un tirant d’eau d’une soixantaine de centimètres, ces embarcations sont idéalement adaptées aux conditions de navigation fluctuantes qu'offre la Loire au courant libre. Sel, denrées alimentaires, étoffes, faïence... rien de ce dont les hommes ont besoin leur échappe. Pas même le transport des meubles du château de Blois expédiés de Paris, au XVIIe siècle.

    Au XVe siècle s'était créée une Communauté de marchands fréquentant la rivière de Loire et fleuves descendant en icelle, pour entretenir le chenal et son balisage en échange d'un droit de péage. Sa passionnante histoire, consultable sur Gallica.bnf.fr dans une édition de 1867, met en évidence l'intensité du trafic dès l'époque romaine.

    La Loire en Radeau
    «Je suis amoureux de Madame. » Madame, c'est la Loire... ses affluents sont "des demoiselles" pour Rachid Djellel, de l'association Loire Plus, basée en face de Montlouis. Un enfant du pays qui a grandi à Joué-lès-Tours. Vingt-deux ans passés sur la Loire en canoë-kayak et une passion intacte du fleuve : « La Loire est une rivière domaniale, elle appartient à tout le monde. Tu peux la descendre en bouée gonflable ou en radeau si tu veux », lance-t-il. De fait, des copains se sont regroupés pour construire un radeau et cela a débouché sur une descente du fleuve. Ledit radeau a repris du service à la rentrée 2013, pour le plus grand bonheur des touristes, cette fois. La Loire, c'est aussi l'occasion de pratiquer un loisir actif tel le kayak, idéal pour profiter pleinement de la tranquillité du fleuve. «Pour les vacances, tu peux prendre l'avion pour Marrakech. Moi, je vais sur la Loire »souffle Rachid.

    Embarcadère à Candes-Saint-Martin
    Embarcadère à Candes-Saint-Martin, là où la Vienne rejoint la Loire, entre Chinon et Saumur. De ce port jadis actif partaient les mariniers
« si vilains sur terre, seigneurs sur l’eau », acteurs d’un commerce florissant et lucratif lorsque, du XVIIe au XIXe siècle, la Loire était le principal axe économique de France. Ici, bancs de sable, épaves d’arbres, seuil rocheux forment depuis deux millénaires des marins experts, connaisseurs de leur environnement et des signaux qui en indiquent les moindres changements. Le Val de Loire faisant partie des sites inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, la navigation sur sa section fait l’objet d’une charte « prenant en compte les atouts exceptionnels du paysage culturel fluvial ».

    Entre manœuvres hardies pour passer les ponts, périodes de chômage et caprices du fleuve, sable d’été, glaces d’hiver et crues de printemps, la vie des mariniers de Loire a toujours été rude, ce qui ne les empêchait pas d’appeler la Loire le « Paradis ».

    Les caprices du fleuve

    La Loire traîne sa réputation dangereuse : tourbillons, sables mouvants... « Or il n’y en a plus depuis que le sable n’y est plus exploité, explique Rachid Djellel, de l’association Loire Plus. Mais il faut respecter le fleuve. » Autrement dit, éviter les sorties au-delà d’un débit de 1 000 m3/s. Pour mémoire, la grande crue de 1856 avait présenté un débit moyen de 3 600 m3/s... Avec 400 m3/s, fin avril, le fleuve paraît puissant, mais il est en fait tranquille. L’eau va encore descendre de 60 cm. Il faut se rappeler que les grandes crues ont lieu en mai-juin, dans la foulée de la fonte des neiges. Certes, les levées veillent sur le fleuve, ces digues dont les premières remontent à Henri II Plantagenêt, en Anjou, avant que la Touraine ne soit également équipée, puis l’Orléanais jusqu’à la fin du Moyen Âge, jusqu’au Berry et au Nivernais aux XVIIIe-XIXe siècles. Mais aucune n’arrêterait une crue d’importance, l’eau s’infiltrerait dessous. « Douce quand il lui plaît, quand il lui plaît si fière. / Qu’à peine arrête-t-on son cours impérieux. / Elle ravagerait mille moissons fertiles, / Engloutirait des bourgs, ferait flotter des villes », commentait La Fontaine.

    Voyager en images 3....Naviguer sur la Loire de Touraine en Anjou

     

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  • Le mont Beuvray et les forêts du Morvan

    Par Hugues Dérouard
    source : Hors série - France sauvage
    Publié le 18/08/2015

    Certaines contrées se jouent de ceux qui cherchent à les explorer. Ainsi le Morvan dont le hasard fait qu’il se trouve là où se chevauchent les cartes, tant de Michelin que de l’Institut géographique national ! La partie la plus intéressante de ce massif forestier et montagneux se trouve dans ses confins méridionaux, entre le Haut-Folin, son point culminant, et le mont Beuvray.

    les forêts du MorvanAvec ses allures de montagne granitique « bosillée », le massif du Morvan est au mitan des quatre départements constituant la Bourgogne. Sur ce vieux massif raboté par l’érosion et affaissé tel un vieillard, la forêt recouvre la majeure partie d’un territoire de 80 km2. Cette « immobile respiration chlorophyllienne » (Julien Gracq) est peuplée de soyeux de mélèzes, de pins, d’épicéas (le Morvan produit nos sapins de Noël), de hêtraies touffues, de breuils, d’étangs et de rivières.

    Du Morvan, on dit parfois qu’elle est la « montagne des Parisiens » , parce qu’on peut voir, sur son point culminant du Haut-Folin (901 mètres), une vieille remontée mécanique de ski, qui fut installée par le Club alpin français en ces temps d’avant le réchaufement climatique, à l’époque où chaque hiver déposait une abondante couche de neige sur le massif. Orienté nord-sud, le Morvan s’étend sur 70 kilomètres de longueur environ, entre Quarré-les-Tombes et Saint-Léger-sous-Beuvray. Sa largeur atteint une quarantaine de kilomètres. Tout au sud se trouve sa partie la plus sauvage, le Haut-Morvan.

    Le lac des SettonsIssu de la construction au XIXe siècle d’un barrage destiné à réguler la navigation des flotteurs de bois sur l’Yonne, le lac des Settons (Nièvre), situé au coeur du parc naturel régional du Morvan, se découvre à pied, à vélo ou à cheval via un faisceau de circuits balisés (GR13, GR de Pays, Boucle de Folie...).

    rivière prenant sa source au pied du Haut-FolinRivière prenant sa source au pied du Haut-Folin, la Canche entame une course folle à travers rochers de granit taillés en escaliers, jaillissant là en cascades, s'encaissant ici en de sombres gorges, irriguant plus loin une hêtraie classée réserve biologique domaniale. Les galets et graviers charriés par le courant impétueux ont creusé dans le roc des "marmites de géant" aux eaux noires.

    Celui-ci commence au sud du lac des Settons, à des altitudes se situant entre 600 et 900 mètres, avec des escarpements rocheux et des forêts profondes qui ont donné leur nom aux lieux. En effet, l’étymologie celte de Morvan serait « Montagne noire ». La justesse du terme se vérife lorsqu’on traverse les futaies de chênes et de hêtres multicentenaires qui couvrent le mont Beuvray. Enfn, il faut le savoir : dans la mesure où le Morvan forme obstacle à la course des dépressions venues de l’Atlantique, les pluies y sont fréquentes. Elles gonfent une multitude de ruisseaux et torrents, lesquels alimentent généreusement des lacs de barrage.

    BibracteC’est sur les terres du « Morven » aux puissantes racines celtiques que l’ancienne Bibracte des Éduens, au sommet du mont Beuvray, développa son inconfortable oppidum.

    Du lac des Settons au mont Beuvray, la traversée du Morvan fait suivre un labyrinthe de routes étroites et sinueuses, la plupart du temps désertes. Comme point de repère pour baliser l’itinéraire, prenez Anost, via l’Huis-Prunelle, qui vous fera passer à côté de la source de la Cure, puis les lieux-dits Athez et Corcelles. Une fois arrivé au niveau de la D 978, prenez la direction d’Autun. Après 4 kilomètres, tournez à droite pour remonter les gorges de la Canche par la D 179. Cette petite route très spectaculaire vous conduira au village de Saint-Prix où, après l’église, vous trouverez la D 260. Deux carrefours plus loin, voici la route qui gravit le mont Beuvray.

    queulehêtres au mont BeuvrayQu’est-ce qu’elle a ma « queule » ? Au mont Beuvray, les queules forment de curieuses clôtures constituées de branches de hêtres entrelacées, qui, jadis, séparaient le parcellaire agricole. Ces haies plessées étaient obtenues en fendant les troncs d’arbres puis en liant leurs tiges entre elles.

    On peut sourire des 900 mètres d’altitude du Morvan, pourtant, les escarpements rocheux, les pentes abruptes, les vallées encaissées, procurent la sensation de se trouver en véritable montagne. Et justement, les randonneurs tout-terrain le savent bien : ce n’est pas l’altitude qui fait la montagne, mais les dénivelés. De ce point de vue, les 821 mètres du mont Beuvray se défendent bien. Pour qui l’a gravi à vélo, la route qui mène au sommet laisse de grands souvenirs. Et l’on songera qu’ils avaient 3 trouvé un site naturellement bien fortifé, ces Gaulois de Vercingétorix qui créèrent ici l’oppidum de Bibracte, épicentre de la résistance aux légions romaines. Aujourd’hui, il n’en reste rien de très visible, mais quelle futaie ! Les dimensions des troncs, couverts de mousse au vert fuorescent, laissent rêveurs. Et de la table d’orientation, quelle vue sur la plaine d’Autun. Il paraît qu’après le passage d’une perturbation atlantique, le vent de nord-ouest nettoyant l’atmosphère, la vue porte jusqu’au Jura, voire jusqu’aux Alpes !

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  • Château de Cormatin : un trésor en Bourgogne

     

    Comment imaginer que Cormatin cache derrière sa façade sobre, presque militaire, un décor Louis XIII exceptionnel, dans la tradition des hôtels particuliers du Marais aujourd’hui disparus ?

    CormatinImpressionnant : c’est le premier mot qui vient à l’esprit en contemplant les deux ailes aux lignes rigoureuses, montées sur de hauts soubassements et la façade presque austère, qui se mire dans les larges douves.

    Antoine du Blé, marquis d’Huxelles, fait bâtir Cormatin en 1605 pour témoigner du prestige de sa famille au sortir des guerres de religion. Il choisit un plan en « u », à la mode de Paris, et fait disparaître les remparts et le pont-levis du précédent château.

    L'amour du château

    Aujourd’hui, vous emprunterez un simple petit pont de bois pour accéder à la cour d’honneur : les larges douves sont toujours là, mais le plan en « u » a disparu, une aile s’étant effondrée en 1815. Les beaux appartements se situent dans l’aile nord. On y accède par un escalier monumental à volées droites qui tourne autour d’un vide central : directement inspiré de ceux du palais du Luxembourg, c’est une prouesse à l’époque.

    CormatinUn petit pont de bois permet aujourd’hui de traverser les larges douves et de rejoindre la cour d’honneur de cet édifice, jadis en « U », à la façade toute rigoureuse. Au fond à droite, le labyrinthe de buis.

    Jacques du Blé, qui le fit construire, était un proche de Marie de Médicis. C’est aussi lui qui a fait aménager les appartements de Louis XIII dans un style alors très en vogue dans les salons parisiens et aujourd’hui rarissime. Un témoignage d’autant plus précieux qu’il a bien failli ne pas nous parvenir en entier, découvert tout à fait par hasard par les propriétaires actuels (lire encadré en bas d'article).

    Histoire d’une renaissance 

    Cormatin neigeCormatin c’est aussi un pari fou, celui de trois amis qui, par amour du beau et de l’histoire, décident, en 1980, de s’acheter un château pour 1 million de francs de l’époque. Anne-Marie Joly, Pierre Almendros et Marc Simonet-Lenglart vont patiemment redonner vie à Cormatin et à son superbe décor peint.
    « Son existence était connue, mais il avait en grande partie disparu, aime raconter Marc Lenglart. La police croyait même qu’il avait été volé ! » Non, juste disparu sous des couches de moisissure blanche. 60 000 visiteurs par an, c’est une belle réussite. Une autre aventure est venue s’y greffer en 1982, théâtrale celle-là : « Les Rendez-vous de Cormatin ». 

    La chambre de la Marquise est remarquable pour son plafond à la française bleu de lapis-lazuli et or, son antichambre pour les lambris rouge cramoisi. Mais le plus exceptionnel est le cabinet de sainte-cécile, lui aussi voué au bleu et agrémenté de fleurs et de fruits délicatement peints, sans doute par des artistes flamands.

    EscalierUn petit pont de bois permet aujourd’hui de traverser les larges douves et de rejoindre la cour d’honneur de cet édifice, jadis en « U », à la façade toute rigoureuse. Au fond à droite, le labyrinthe de buis.

    Les amateurs d’insolite auront un petit faible pour la salle des Miroirs, un cabinet de curiosités comme on en raffolait au XVIIe siècle : on y trouve pêlemêle coquillages rares, alligators empaillés, bronzes et objets étranges, le tout sous un plafond décoré de symboles alchimiques.

    Salle des mirroirsLa salle des Miroirs renferme l’un de ces cabinets de curiosités prisés au XVIIe siècle. Soit un enchevêtrement d’objets hétéroclites, prélevés aussi bien dans les règnes animal et végétal, que dans la décoration !

    Regardez au centre cet enfant qui effeuille des roses à l’aurore : un clin d’oeil à la rose, représentation de la connaissance des mystères du Grand OEuvre, et à la rosée céleste, indispensable au processus qui mène à la pierre philosophale.

    SAlle

    Des jardins magnifiques

    Il est temps maintenant de découvrir les jardins, superbement redessinés en 1992 dans l’esprit des jardins baroques : 11 hectares de parterres, bosquets et même un labyrinthe de buis qui mène à une charmante volière.

    Jardins

    Des parterres à la française et des topiaires

    Jardins

     

     

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  • Château de Cormatin : un trésor en Bourgogne

    Par Détours en France
    source : Hors Série - Châteaux de légende, 2013, p.56
    Publié le 22/04/2016

    Comment imaginer que Cormatin cache derrière sa façade sobre, presque militaire, un décor Louis XIII exceptionnel, dans la tradition des hôtels particuliers du Marais aujourd’hui disparus ?

    CormatinImpressionnant : c’est le premier mot qui vient à l’esprit en contemplant les deux ailes aux lignes rigoureuses, montées sur de hauts soubassements et la façade presque austère, qui se mire dans les larges douves.

    Antoine du Blé, marquis d’Huxelles, fait bâtir Cormatin en 1605 pour témoigner du prestige de sa famille au sortir des guerres de religion. Il choisit un plan en « u », à la mode de Paris, et fait disparaître les remparts et le pont-levis du précédent château.

    L'amour du château

    Aujourd’hui, vous emprunterez un simple petit pont de bois pour accéder à la cour d’honneur : les larges douves sont toujours là, mais le plan en « u » a disparu, une aile s’étant effondrée en 1815. Les beaux appartements se situent dans l’aile nord. On y accède par un escalier monumental à volées droites qui tourne autour d’un vide central : directement inspiré de ceux du palais du Luxembourg, c’est une prouesse à l’époque.

    CormatinUn petit pont de bois permet aujourd’hui de traverser les larges douves et de rejoindre la cour d’honneur de cet édifice, jadis en « U », à la façade toute rigoureuse. Au fond à droite, le labyrinthe de buis.

    Jacques du Blé, qui le fit construire, était un proche de Marie de Médicis. C’est aussi lui qui a fait aménager les appartements de Louis XIII dans un style alors très en vogue dans les salons parisiens et aujourd’hui rarissime. Un témoignage d’autant plus précieux qu’il a bien failli ne pas nous parvenir en entier, découvert tout à fait par hasard par les propriétaires actuels (lire encadré en bas d'article).

    Histoire d’une renaissance 

    Cormatin neigeCormatin c’est aussi un pari fou, celui de trois amis qui, par amour du beau et de l’histoire, décident, en 1980, de s’acheter un château pour 1 million de francs de l’époque. Anne-Marie Joly, Pierre Almendros et Marc Simonet-Lenglart vont patiemment redonner vie à Cormatin et à son superbe décor peint.
    « Son existence était connue, mais il avait en grande partie disparu, aime raconter Marc Lenglart. La police croyait même qu’il avait été volé ! » Non, juste disparu sous des couches de moisissure blanche. 60 000 visiteurs par an, c’est une belle réussite. Une autre aventure est venue s’y greffer en 1982, théâtrale celle-là : « Les Rendez-vous de Cormatin ». 

    La chambre de la Marquise est remarquable pour son plafond à la française bleu de lapis-lazuli et or, son antichambre pour les lambris rouge cramoisi. Mais le plus exceptionnel est le cabinet de sainte-cécile, lui aussi voué au bleu et agrémenté de fleurs et de fruits délicatement peints, sans doute par des artistes flamands.

    EscalierUn petit pont de bois permet aujourd’hui de traverser les larges douves et de rejoindre la cour d’honneur de cet édifice, jadis en « U », à la façade toute rigoureuse. Au fond à droite, le labyrinthe de buis.

    Les amateurs d’insolite auront un petit faible pour la salle des Miroirs, un cabinet de curiosités comme on en raffolait au XVIIe siècle : on y trouve pêlemêle coquillages rares, alligators empaillés, bronzes et objets étranges, le tout sous un plafond décoré de symboles alchimiques.

    Salle des mirroirsLa salle des Miroirs renferme l’un de ces cabinets de curiosités prisés au XVIIe siècle. Soit un enchevêtrement d’objets hétéroclites, prélevés aussi bien dans les règnes animal et végétal, que dans la décoration !

    Regardez au centre cet enfant qui effeuille des roses à l’aurore : un clin d’oeil à la rose, représentation de la connaissance des mystères du Grand OEuvre, et à la rosée céleste, indispensable au processus qui mène à la pierre philosophale.

    SAlle

    Des jardins magnifiques

    Il est temps maintenant de découvrir les jardins, superbement redessinés en 1992 dans l’esprit des jardins baroques : 11 hectares de parterres, bosquets et même un labyrinthe de buis qui mène à une charmante volière.

    Jardins

    Des parterres à la française et des topiaires

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