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    Chantilly : le château et les Grandes Écuries

    Magnificence des ducs de Condé

     

     
    Le château de Chantilly, riche d'une prestigieuse histoire, possède l'une des plus belles collections françaises de peintures anciennes, de manuscrits et de documents divers. Dans un site somptueux, il témoigne de l'art décoratif de l'Ancien Régime.

     Le château de Chantilly reflète mieux qu'aucun autre site l'art de vivre tel qu'il s'est épanoui dans l'aristocratie française aux XVIIe et XVIIIe siècles.

    Dans l'ancien pays de Valois, à une trentaine de kilomètres au nord de Paris, le château trône au milieu d'un parc de 115 hectares dessiné par André Le Nôtre, le jardinier favori de Louis XIV.

    Le Grand Canal dépasse en dimensions celui de Versailles !

    L'ensemble est cerné par les Trois Forêts de Chantilly, Halatte et Ermenonville, où les anciens propriétaires de Chantilly et leurs hôtes pratiquaient la chasse à courre.

    Les Grandes Écuries, qui ont servi de décor à un film de James Bond, témoignent de la passion des aristocrates de l'Ancien Régime pour cette activité.

    À noter que le château, son parc, son hippodrome, ses écuries et bien sûr le musée sont accessibles à pied à partir de la gare ferroviaire de Chantilly, via une allée forestière de quelques centaines de mètres.

      

    Un château au coeur de l'Histoire

    Dès avant l'An Mil, les seigneurs de Senlis font ériger sur le site une forteresse qui est finalement détruite pendant la Grande Jacquerie (1358). Les terres sont léguées en 1484 à l'illustre famille de Montmorency dont le plus célèbre représentant est le connétable Anne de Montmorency.

    Compagnon d'armes de François Ier et de Bayard à Marignan, il meurt un demi-siècle plus tard au combat à... 74 ans. On lui doit la construction en 1527 d'un palais de style Renaissance à l'emplacement de l'ancienne forteresse puis, quelques années plus tard, du Petit Château ou Capitainerie. C'est la partie la plus ancienne des constructions actuelles (voir ci-dessus) si l'on met à part les soubassements et les douves du Moyen Âge.

    Henri II, petit-fils du connétable, a un sort moins heureux que celui-ci. Mécontent de n'être pas nommé connétable (il est «seulement» Maréchal de France), il se révolte contre Richelieu aux côtés de Gaston d'Orléans, le propre frère du roi Louis XIII. Cela lui vaut d'être décapité à Toulouse en 1632.

    Suite au mariage de sa soeur Charlotte, dernière héritière des Montmorency, et de Henri II de Bourbon-Condé, le domaine de Chantilly rentre en 1643 dans le patrimoine des Condé.

    Grandeur et tragédie

    Louis II, fils de Charlotte de Montmorency et Henri II de Bourbon-Condé, s'illustre à 23 ans en remportant la victoire de Rocroi. Devenu le «Grand Condé» et appelé avec déférence «Monsieur le Prince», il engage à son service les plus grands talents de son temps, en particulier Boileau et Racine.

    Le château conserve aussi le souvenir tragique du maître d'hôtel Vatel, qui se suicida par surmenage à l'issue d'une grande réception. Lors de ses précédentes fonctions à Vaux-le-Vicomte, chez le surintendant Fouquet, Vatel avait inventé une crème fouettée. Elle a pris le nom de «crème Chantilly» après son entrée au service du Grand Condé.

    Le dernier rejeton des Condé est fusillé sur ordre du Premier Consul Napoléon Bonaparte le 21 mars 1804. Son père sera quant à lui retrouvé pendu à l'espagnolette d'une fenêtre du château de Saint-Leu le 27 août 1830. La fortune des Condé reviendra dès lors au duc d'Aumale, fils du roi Louis-Philippe 1er.

    Illustration de l'art de vivre français

    Le jardinier André Le Nôtre dessine pour le compte du Grand Condé les jardins et le Grand Canal de Chantilly.

    Au XVIIIe siècle, le duc de Bourbon, descendant du Grand Condé, embellit le château (voir la chambre ci-dessus avec ses boiseries de 1720) et construit les Grandes Écuries, superbes dépendances de style classique, en bordure de l'hippodrome actuel.

    Les Grands Appartements présentent par ailleurs une «Grande Singerie» (1737), pièce aux boiseries décorées de singes savants dans le goût chinois (il reste dans le monde dix décors de ce type en tout et pour tout).

    Le duc d' Aumale, héritier de la fortune des Condé, doit fuir la France lorsque son père Louis-Philippe 1er est chassé du trône en 1848. Il revient à Chantilly en 1871 après avoir accru sa fortune en Angleterre et se consacre dès lors à l'embellissement du domaine. Amateur avisé, il enrichit considérablement les collections de peintures avant de léguer le tout à l'Institut de France, à la seule condition que l'on ne déplace pas les oeuvres.

    L'Institut est le siège de cinq académies, dont la plus célèbre est l' Académie française. Il a ouvert au public les galeries de Chantilly le 17 avril 1898, moins d'un an après la mort du duc d'Aumale.

    Voir aussi Le musée Condé, chefs-d'oeuvre de l'Histoire de France et Les Très Riches Heures du duc de Berry

    André Larané