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    Traverser le fleuve en train sur la glace!

     
    Par Sylvain Daignault, Initiative de journalisme local

    Gare de Longueuil de la Compagnie du chemin à lisses du Saint-Laurent et de l'Atlantique, 1855. (Photo: Musée McCord – Domaine public)

     

    Au 19e siècle, il était fréquent de voir des traîneaux traverser le fleuve entre Longueuil et Montréal. Mais saviez-vous qu’on a réussi à faire circuler un train sur l’eau gelée? 

    Vers la fin des années 1870, Louis-Adélard Senécal, surintendant général de la Québec, Montréal, Ottawa & Occidental Railway, (Q.M.O. & O.) nouvel acquéreur du chemin de fer de Longueuil, souhaite relancer les installations ferroviaires abandonnées. Sa compagnie désire relier Longueuil à Hochelaga. Mais passer par le pont Victoria, propriété du Grand Tronc, coûte cher. 

     

    La solution : traverser le fleuve sur la glace!

     

    En janvier 1880, des rails sont installés sur le fleuve gelé entre Longueuil et Hochelaga. La première traversée avec passagers a lieu le 31 janvier. Signe de l’importance de l’événement, le premier ministre Joseph-Adolphe Chapleau est du voyage. Poids de la locomotive: un  «modeste» 69 000 livres selon la Minerve du 2 février. Le voyage aller-retour coûte 25 centins.

    L’année suivante, le 5 janvier 1881, une locomotive partie de Hochelaga en direction de Longueuil pour venir y chercher 17 wagons déraille et coule. Les cinq personnes à bord sont saines et sauves. 

     

    La page illustrée du journal L’opinion publique relatant de l’incident du 5 janvier 1881. <@CP>(Photo: Musée McCord – Domaine public)

     

    En 1882, le Canadien Pacifique fait l’acquisition de Q.M.O. & O. et met un terme au train de glace

     

    Histoire Moderne 3:  Traverser le fleuve en train sur la glace!

     

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    Guerres indiennes

    L'impossible «vivre-ensemble»

     

    L'expression « guerres indiennes » est le nom donné aux conflits qui ont opposé les Indiens autochtones aux colons européens venus occuper leurs terres, du XVIIème au XIXème siècles. Si l’expression laisse sous-entendre que les Amérindiens formaient un bloc uni contre les principaux envahisseurs (colons britanniques puis américains), c’est loin d’être le cas ! Sioux, Apaches, Cheyennes, au total environ cinq cents tribus, vivaient alors sur le territoire des actuels États-Unis.

    Estimés entre 6 et 12 millions à la fin du XVème siècle, les Indiens d'Amérique du Nord soufrirent en premier lieu du choc microbien (variole), puis des affrontements avec les colons. Ils ne furent plus que 600 000 environ en 1800 et 250 000 à la fin du XIXème siècle, quand prirent fin lesdites guerres indiennes...

    Charlotte Chaulin

     

    Histoire Moderne 3:  Guerres indiennes  - L'impossible « vivre-ensemble »


    Représentation des différents Amérindiens 1. Aleut 2. Tlingit 3. 4. Inuit (femme et homme) 5. 6. Crow Indian 7. Blackfeet 8. Ojibwa 9. 10. 11. Shoshone 12. Dakota Sioux 13. 14. Mandan 15. Apache 16. Pueblo 17. Mexican Indian 18. 19. Omaguas 20. 21. Botocudo (homme et femme) 22. 23. Ticuna (homme et femme) 24. 25. Peruvian from Cerro de Pasco 26. 27. 28. 29. Moxos people 30. 31. Patagonian 32. Mapuche 33. Fuegians

     

    État des lieux de l’Amérique du nord

    avant l’arrivée des colons


    L’Amérique précolombienne n’a jamais été ce que le puritain William Bradford en disait en 1620 : « de vastes régions vides d’hommes qui, bien que fertiles et propices à l’habitation, sont dépourvues de tout habitant civilisé et occupées seulement par quelques brutes sauvages qui parcourent le pays en tous sens et diffèrent peu des bêtes sauvages qui font de même. » On estime sa population à quatre-vingt millions de personnes environ, du sud au nord, soit un total comparable à celui de l'Europe médiévale.

     

    Histoire Moderne 3:  Guerres indiennes  - L'impossible « vivre-ensemble »

    Diversité des peuples d'Amérique du Nord (illustration publiée en 1914). En agrandissement : dessin représentant un Sioux en train de chasser un bison à l'aide d'un arc.

     

    Qu'on les appelle Indiens d’Amérique, Amérindiens ou autochtones, les natifs vivent en tribus. Dans les plaines côtières de l’Est et du Sud-est, on rencontre des Indiens sédentaires, agriculteurs comme les Iroquois, Delaware, Cree, Cherokee. À l’ouest des Appalaches, dans la forêt orientale américaine, on rencontre les Potowatomi, Sauk ou Fox qui cultivent des céréales mais sont surtout des chasseurs semi-nomades. Encore plus à l’ouest, il y a les Indiens des plaines comme les Sioux, les Crow, les Cheyennes, les Pawnee ou les Arapaho. De l’autre côté des Montagnes Rocheuses, en Californie, les Yurok, Hupa, Pomo vivent de la pêche et de la chasse. Au sud-ouest entre les prairies du Centre et la Californie vivent des peuples agriculteurs sédentaires, les Hopi, Pueblos.

    Une majorité de tribus a en commun de vivre presque exclusivement du bison. En abondance à travers toute l’Amérique du nord, ces imposants ruminants que les Américains appellent « buffalos », migrent chaque année à travers les Grandes Plaines. Avec la peau du bison, les Indiens font des tentes, des vêtements d’hiver, des pirogues, des coffres, des courroies, des couvertures de lit. Avec leurs os, ils confectionnent des outils, des aiguilles, des pointes de flèches. Avec les tendons et les intestins, ils fabriquent des liens, des lacets et des cordes pour les arcs. La bouse séchée leur fournit un combustible. La cervelle sert à tanner le cuir. Bref, tout est bon dans le bison.

    Les Indiens d’Amérique partagent aussi une spiritualité forte. Ils croient en un être supérieur, le « Grand Esprit » ou Grand Manitou (c'est le nom que lui donne Samuel de Champlain en 1627) auquel ils rendent un culte et dont ils espèrent obtenir des visions. Animistes, ils vénèrent la nature, les saisons, la terre et donnent des noms d’animaux à leurs enfants. Chaque clan a son chaman (dico), un guérisseur dont le statut est aussi important que celui du chef. La monnaie leur est inconnue ; ils pratiquent le troc et le don. Mais peut-être mesurent-ils avec des perles ou des coquillages la valeur des choses.

    Loin d’être pacifistes, les Indiens se livrent des guerres intestines permanentes. Chaque clan a son chef, lui-même fils de chef ou désigné comme tel après s’être distingué au combat. L’étendue du territoire nord-américain fait que certaines tribus ne se rencontrent jamais. À chacune sa culture, sa langue, ses coutumes, malgré les quelques similarités évoquées.

    Le vrai choc des cultures que vont connaître ensemble les Indiens d’Amérique est celui qui résulte de la rencontre avec la culture occidentale des Européens.

     

    Histoire Moderne 3:  Guerres indiennes  - L'impossible « vivre-ensemble »

     

    Histoire Moderne 3:  Guerres indiennes  - L'impossible « vivre-ensemble »

     

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     4 août 1701 -

    La Grande Paix de Montréal

     

    Le 4 août 1701, le gouverneur de la Nouvelle-France Louis-Hector de Callière conclut la paix avec les 39 « nations » iroquoises de la région du Saint-Laurent et des Grands Lacs. Il n'a pas craint pas d'inviter pour cela 1300 Indiens dans la ville de Montréal, à peine peuplée de 1200 colons français !

     

    Histoire moderne 3:  4 août 1701 - La Grande Paix de Montréal

    Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau (1622-1698). Agrandissement : Portrait du chef huron Kondiaronk.

     

    Le rapprochement avec les Indiens, auparavant proches des Anglais, rivaux des Français, avait été amorcé deux ou trois ans plus tôt par le prédécesseur de Callière, le gouverneur de Frontenac. À Montréal, grâce à l'éloquence du chef huron Kondiaronk, il allait se concrétiser par des échanges de cadeaux, le partage du calumet de la paix et des signatures en bonne et due forme au bas d'un texte.

    La Grande Paix allait perdurer pendant un demi-siècle, jusqu'à la guerre de Sept Ans. À ce moment-là, les Iroquois, prenant acte de la supériorité démographique des Anglais, allaient rentrer peu à peu dans leur orbite...

    Matthias Mauvais

     

    Histoire moderne 3:  4 août 1701 - La Grande Paix de Montréal


    Commerçants de fourrures échangeant avec des Amérindiens, William Faden, 1777 et Joseph Drayton, 1841.

     

    Les réseaux d’alliances dans le nord-est américain


    Au début du XVIIème siècle, la Nouvelle-France n’est qu’une petite colonie française établie dans le nord-est américain. Après la fondation de Québec en 1608 par Samuel de Champlain sur le fleuve Saint-Laurent, cette petite colonie se développe vers l’ouest dans une expansion motivée avant tout par le commerce des fourrures.

     

    Histoire moderne 3:  4 août 1701 - La Grande Paix de Montréal

    Chapeau en castor du xviie siècle, musée de Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons.

     

    L’activité des explorateurs, des coureurs de bois, des missionnaires et autres agents de la Nouvelle-France vers les Grands Lacs et le Mississippi, finissent par lui donner, aux alentours de 1700, de fragiles allures d’« empire » d’ailleurs d’essence commerciale bien plus que politique.

    La traite des fourrures est donc au cœur de l’économie de la Nouvelle-France mais elle représente aussi une activité économique majeure pour les nations amérindiennes. Alors qu’il y a en Europe une grande demande de chapeaux de feutre et notamment de feutre de castor, les Amérindiens, eux, en échange des fourrures, obtiennent des objets de fer, de l’alcool, des produits textiles, mais surtout des armes à feu, de la poudre et des munitions.

     

    Histoire moderne 3:  4 août 1701 - La Grande Paix de Montréal

    Image allégorique de 1722 mettant en scène des échanges pacifiques entre Français et Amérindiens.

     

    Très vite, ce commerce donne naissance à des alliances - certes économiques mais également militaires - entre colons et autochtones. D’ailleurs les Français ne sont pas les seuls Européens présents dans la région : la Nouvelle York, une des colonies anglaises installées sur le littoral atlantique nord-américain depuis le XVIIème siècle, commerce également avec les nations amérindiennes.

    Elles comprennent quels avantages elles peuvent tirer de ce commerce et y voient un moyen d’accroître leurs intérêts. Le contact direct avec une puissance européenne leur confère notamment un rôle d’intermédiaire très profitable.

    Les Européens, tant Français qu’Anglais, sont encore en très petit nombre sur le continent nord-américain et doivent ménager leurs relations avec les Amérindiens, d’autant qu’ils se font eux-mêmes la guerre chaque fois que l’occasion leur en est donnée.

     

    Histoire moderne 3:  4 août 1701 - La Grande Paix de Montréal

    Louis Nicolas, Un Outaouais (avec une pipe et un sac à tabac), vers 1700. Agrandissement : Trois chefs hurons-wyandots de la réserve huronne (Lourette) maintenant appelée Wendake au Québec, Canada.

     

    Deux grands réseaux d’alliances se mettent ainsi en place et structurent la scène géopolitique du nord-est américain. Ces réseaux fondés sur le commerce créent des liens d’interdépendances entre les Européens, d’un côté les Français, de l’autre les Anglais, et leurs alliés amérindiens.

    Le premier sur lequel vient se greffer la Nouvelle-France est centré autour des Wyandots (Hurons-Pétuns) et des Outaouais, et regroupe la plupart des nations des Grands Lacs. Ces nations des Grands Lacs constituent pour la Nouvelle-France une force d’appoint indispensable dans le contexte des XVIIème et XVIIIème siècles, par leur « multitude » et leur capacité à mener la guerre dans les bois. C’est grâce à elles que les armées françaises parviennent à mater la confédération iroquoise, alliée des Anglais.

     

    Histoire moderne 3:  4 août 1701 - La Grande Paix de Montréal

     

    Histoire moderne 3:  4 août 1701 - La Grande Paix de Montréal

     

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    XVIe-XXIe siècles

    De la Nouvelle-France au Québec

     

     

    La Nouvelle-France doit son nom à l'explorateur Verrazano qui a découvert la région en 1524.

    Dix ans plus tard, Jacques Cartier entame une série de trois expéditions qui lui permet de reconnaître la région et d'en prendre possession au nom du roi François 1er. Il donne au fleuve qui le traverse le nom de Saint-Laurent et au pays le nom de Canada, d'après le mot indien qui désigne un village.

    Colonisée au siècle suivant à l'initiative de Samuel de Champlain, la Nouvelle-France reçoit cependant trop peu de colons pour résister à la pression anglaise. Elle est cédée à l'Angleterre par le traité de Paris en 1763.

    Londres réorganise sa colonie par l'Acte constitutionnel de 1791 qui distingue un Bas-Canada francophone et un Haut-Canada anglophone. Mais il faudra attendre l'Acte de l'Amérique du nord britannique de 1867 et l'émergence de la Fédération canadienne - autonome puis indépendante -, pour que les francophones obtiennent enfin la plénitude de leurs droits au sein de la Province de Québec...

     

    La Nouvelle-France, une illusion française

     

    Histoire Moderne 3:  XVIe-XXIe siècles - De la Nouvelle-France au Québec


    Établissements français et anglais en Amérique du Nord en 1713 (source : Atlas Historica)« La Nouvelle France appelée vulgairement Canada » (vulgairement signifie ici communément) : ainsi sont désignées sur les papiers officiels de l'Ancien régime les colonies françaises d'Amérique du Nord. Au XVIIe siècle, ces colonies s’étendent de la forêt boréale au cercle arctique, sur un territoire immense qui va de l'île de Terre-Neuve à l'Est à la baie d’Hudson au Nord, aux montagnes Rocheuses à l’Ouest et au golfe du Mexique au Sud.

     

    Elles forment quatre entités qui vont s'effilocher dès le début du siècle suivant :
    - le Canada proprement dit, constitué par la vallée du Saint-Laurent ; ses habitants se dénomment eux-mêmes Canadiens ; ils forment depuis 1867 la Province de Québec, officiellement francophone,
    - au sud de l'estuaire, l'Acadie. (...)

     

    Une colonie mal aimée


    En 1663, le roi Louis XIV organise la Nouvelle-France sur le modèle d'une province française avec un évêque, un gouverneur général pour les affaires militaires et un intendant pour la justice, l'intérieur et les finances publiques.

    Le monopole du commerce est concédé à une Compagnie des Indes occidentales. Quant aux terres, elles sont attribuées à des seigneurs, à charge pour eux de les peupler.

    Mais par le traité d'Utrecht qui met fin en 1713 à la guerre de la Succession d'Espagne, le vieux roi Louis XIV cède aux Anglais ses colonies de Terre-Neuve et d'Acadie ainsi que le territoire de la baie d'Hudson pour avoir les mains libres sur le Vieux Continent.

    Il suffit de jeter un oeil sur la carte ci-dessus pour mesurer la portée de ce renoncement : les populations franco-canadiennes et catholiques de la vallée du Saint-Laurent se voient déjà encerclées par des territoires britanniques, avec un débouché très étroit sur l'océan !

    Leur sort est scellé cinquante ans avant le traité de Paris qui les livrera officiellement à la Couronne britannique...

    Dès la mort du Roi-Soleil, les Français se détournent du Canada et ne s'intéressent plus qu'à la Louisiane et aux îles à sucre. Faute d'apport migratoire, le pays se développe très lentement, au contraire des colonies anglaises voisines.

    La rivalité franco-anglaise débouche sur la guerre de Sept Ans (1756-1763), que les Anglais dénomment « French and Indian War » (la guerre contre les Français et les Indiens). C'est le principal conflit du XVIIIe siècle.

    Le marquis de Montcalm, débarqué de France, prend le commandement des opérations mais il ne dispose que de 6 800 soldats. Les Anglo-Américains en viennent à aligner quant à eux 40 000 hommes dont 23 000 soldats de métier et le reste de miliciens.

    Dans la nuit du 12 au 13 septembre 1759, le général anglais Wolfe occupe avec 4 800 hommes les plaines d'Abraham, une prairie qui longe les fortifications de Québec. Montcalm accourt sans attendre les renforts. Il est mortellement blessé (de même que son adversaire) et les Anglais entrent peu après dans la ville de Québec. Un an plus tard, c'est au tour de Montréal de se rendre.

     

    Histoire Moderne 3:  XVIe-XXIe siècles - De la Nouvelle-France au Québec

     

    Histoire Moderne 3:  XVIe-XXIe siècles - De la Nouvelle-France au Québec

     

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    Guerres indiennes

    Le choix de l'extermination

     


    Avec l’indépendance des États-Unis, les guerres indiennes prennent une tournure plus agressive. Les Treize colonies, devenues autant d'États, ambitionnent de s'étendre vers les territoires de l'Ouest. Mais que faire de leurs premiers occupants ? On négocie d'abord avec eux de simples droits de passage avant de finalement les parquer dans des réserves. Mais les Indiens ne se laissent pas faire et déterrent à l'occasion la hache de guerre. Sioux, Apaches, Cheyennes multiplient raids, pillages et embuscades contre les envahisseurs.

    Après la guerre de Sécession (1861-1865), le major-général Sheridan prend la direction des guerres indiennes. Sa formule apocryphe : « Un bon Indien est un Indien mort » reflète l’état d’esprit dominant chez les Étasuniens en cette fin de siècle. Renonçant à civiliser ou assimiler les Indiens, ils entreprennent de les exterminer. Et ils y sont pratiquement parvenus grâce à trois méthodes : la chasse aux bisons, les épidémies et les massacres. C'est ainsi qu'au cours du XIXe siècle, le nombre d'Indiens sur le territoire actuel des États-Unis a chuté de 600 000 environ à 250 000...

    Charlotte Chaulin

     

    Histoire Moderne 3:  Guerres indiennes  - Le choix de l'extermination


    The Silenced War Whoop, Charles Schreyvogel (1861–1912), 1908, American Museum of Western Art, Denver, Colorado.

     

    Impossible cohabitation entre pionniers et Indiens


    Le « vivre-ensemble » et la volonté d'une cohabitation pacifique avec les Indiens d’Amérique s’incarnent dans les innombrables traités que signent les jeunes États-Unis avec les Amérindiens. Mais les pionniers ont du mal à respecter les promesses de leur gouvernement au point que, comme l’a écrit l’historien Howard Zinn, « les gouvernements américains ont signé plus de quatre cents traités avec les Amérindiens et les ont tous violés, sans exception. » Alexis de Tocqueville ne dit pas autre chose.

     

    Histoire Moderne 3:  Guerres indiennes  - Le choix de l'extermination

    Thayandenagaa (Joseph Brant), chef de guerre des Mohawks, Gilbert Stuart, 1785, Londres, British Museum.

     

    Histoire Moderne 3:  Guerres indiennes  - Le choix de l'extermination

    En agrandissement, portrait de trois indiens de la tribu des Osages (Missouri), Léopold Boilly, 1827, musée du Nouveau Monde, La Rochelle.

     

    En pleine guerre d’Indépendance, en 1779, George Washington, qui commande l’armée des insurgents, ordonne le massacre des Iroquois qui se sont alliés aux loyalistes anglais. Cela fait, plein de bonnes intentions, le futur premier président américain se veut rassurant : « considérant que ce pays est assez grand pour nous contenir tous et que nous sommes disposés à faire commerce et à lier amitié́ avec eux, nous jetons un voile sur le passé et décidons de tracer une frontière entre eux et nous, au-delà̀ de laquelle nous nous efforcerons d’empêcher notre peuple de chasser ou de s’établir, et en deçà de laquelle les Indiens s’abstiendront de pénétrer sauf pour commercer ou signer des traités ».

    Il n'empêche que dans le traité de Paris de 1783 qui reconnaît l'indépendance des Treize colonies, aucune mention n'est faite des droits indiens. Et l'année suivante, le 22 octobre 1784, les Iroquois subissent violemment la loi du vainqueur avec le traité de Fort Stanwix (État de New-York). Les Six Nations iroquoises sont dépossédées d'une immense partie de leurs terres en échange de quoi le Congrès promet de les ravitailler, ce qui créera, en plus de la soumission, une relation de dépendance.

    Jusqu’au milieu du XIXème siècle, la politique américaine oscille entre les trois solutions qui s’offrent à elle : une cohabitation dans le respect mutuel, un partage du territoire entre les deux civilisations ou la réduction des indigènes à un statut subordonné. « Le plus souvent, les gouvernements penchent pour la solution du partage mais ils sont débordés par les populations européennes — colons, fermiers, négociants, spéculateurs, hommes de la milice — qui agissaient directement pour qu'une « solution finale » soit donnée à la question indienne », écrit Élise Marienstras dans La résistance indienne aux États-Unis (Gallimard, 2013).

     

    Histoire Moderne 3:  Guerres indiennes  - Le choix de l'extermination

    Une partie du village d'Oka, le village iroquois, 1872, O. Dieker, Montréal, musée McCord.

     

    Histoire Moderne 3:  Guerres indiennes  - Le choix de l'extermination

    En agrandissement, groupe de Mohawks accompagnés du maire de Montréal, William Workman, Kahnawake, 1869, Montréal, musée McCord.

     

    Le 13 juillet 1787, le Congrès proclame l’ordonnance du Nord-Ouest dont les principes seront réaffirmés dans la Constitution de 1789. Comme son nom l’indique, elle ouvre à la colonisation les territoires du Nord-Ouest, entre les Appalaches, les Grands Lacs, le Mississippi et le Tennessee tout en interdisant aux pionniers de s'installer sur le territoire des tribus : « Une bonne foi sans défaut sera toujours observée envers les Indiens ; leurs terres et leurs propriétés ne leur seront jamais enlevées sans leur consentement et ils ne subiront jamais la moindre atteinte dans leurs propriétés, leurs droits et leurs libertés, sauf en cas de guerres justes et légales autorisées par le Congrès. »

     

    Histoire Moderne 3:  Guerres indiennes  - Le choix de l'extermination

    Plaque commémorant l'ordonnance du Nord-Ouest de 1787 et la création de l'état de l' Ohio sur le Federal Hall à New York (capitale provisoire des États-Unis en 1787).

     

    Aucune guerre ne sera jamais déclarée par le Congrès, pourtant les territoires indiens vont bel et bien être extorqués. En effet, du fait de l’immigration et surtout d'une forte natalité, les colons européens occupent toujours davantage de terres de sorte que, très vite, les États-Unis d'Amérique repoussent leur frontière jusqu’au Mississipi. Grignotant les territoires indiens, ils forment de nouveaux États : Ohio en 1803, Kentucky en 1792, Tennessee en 1796, Vermont en 1791, etc.

     

    Histoire Moderne 3:  Guerres indiennes  - Le choix de l'extermination

    Carte des batailles qui se sont déroulées dans la région de l'Ohio.

     

    En 1803, Bonaparte, qui a besoin d’argent pour mener la guerre en Europe, leur vend la Louisiane. Du coup, l'année suivante, le Congrès autorise le président des États-Unis à négocier avec les tribus autochtones pour échanger leurs territoires contre des réserves situées au-delà vers l'Ouest. Cela ne va pas sans violence. En 1810, la tribu Cherokee refuse d’être évacuée. Mais face aux armes à feu de la cavalerie étasunienne, les arcs et les flèches des Indiens ne font pas le poids. Le soulèvement échoue et se termine par le massacre d’hommes, femmes et enfants aux chutes d’Ywahoo le 10 août 1810.

     

    Histoire Moderne 3:  Guerres indiennes  - Le choix de l'extermination

    Portrait du chef Tecumseh à partir d'une gravure de Benson Lossing, Canada, Toronto Public Library.

     

    Histoire Moderne 3:  Guerres indiennes  - Le choix de l'extermination

    En agrandissement, la confrontation entre Tecumseh et William Henry Harrison à Vincennes au sujet du traité de Fort Wayne, 1810, John Reuben Chapin, New York Public Library.

     

    Lors de la seconde guerre anglo-américaine (1812-1815), Tecumseh, chef d’une tribu des Chaouanons dans l’actuel Ohio, s'allie aux Britanniques. Il tend une embuscade à des soldats étasuniens et en tue vingt, ce qui permet aux Britanniques de s'emparer de Fort Detroit. Tecumseh y gagne le surnom de « Wellington des Indiens ». Mais sa mort en 1813 marque la fin de la résistance dans le Middle-West. Les tribus sont déplacées au-delà du Mississipi, où nomadisent déjà d'autres tribus. Voilà ces Amérindiens qui ne s'étaient jamais rencontrés obligés de cohabiter !...

     

    Histoire Moderne 3:  Guerres indiennes  - Le choix de l'extermination

     

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