• Histoire Moderne 3: Guerres indiennes - Le choix de l'extermination

     

     

    Guerres indiennes

    Le choix de l'extermination

     


    Avec l’indépendance des États-Unis, les guerres indiennes prennent une tournure plus agressive. Les Treize colonies, devenues autant d'États, ambitionnent de s'étendre vers les territoires de l'Ouest. Mais que faire de leurs premiers occupants ? On négocie d'abord avec eux de simples droits de passage avant de finalement les parquer dans des réserves. Mais les Indiens ne se laissent pas faire et déterrent à l'occasion la hache de guerre. Sioux, Apaches, Cheyennes multiplient raids, pillages et embuscades contre les envahisseurs.

    Après la guerre de Sécession (1861-1865), le major-général Sheridan prend la direction des guerres indiennes. Sa formule apocryphe : « Un bon Indien est un Indien mort » reflète l’état d’esprit dominant chez les Étasuniens en cette fin de siècle. Renonçant à civiliser ou assimiler les Indiens, ils entreprennent de les exterminer. Et ils y sont pratiquement parvenus grâce à trois méthodes : la chasse aux bisons, les épidémies et les massacres. C'est ainsi qu'au cours du XIXe siècle, le nombre d'Indiens sur le territoire actuel des États-Unis a chuté de 600 000 environ à 250 000...

    Charlotte Chaulin

     

    Histoire Moderne 3:  Guerres indiennes  - Le choix de l'extermination


    The Silenced War Whoop, Charles Schreyvogel (1861–1912), 1908, American Museum of Western Art, Denver, Colorado.

     

    Impossible cohabitation entre pionniers et Indiens


    Le « vivre-ensemble » et la volonté d'une cohabitation pacifique avec les Indiens d’Amérique s’incarnent dans les innombrables traités que signent les jeunes États-Unis avec les Amérindiens. Mais les pionniers ont du mal à respecter les promesses de leur gouvernement au point que, comme l’a écrit l’historien Howard Zinn, « les gouvernements américains ont signé plus de quatre cents traités avec les Amérindiens et les ont tous violés, sans exception. » Alexis de Tocqueville ne dit pas autre chose.

     

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    Thayandenagaa (Joseph Brant), chef de guerre des Mohawks, Gilbert Stuart, 1785, Londres, British Museum.

     

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    En agrandissement, portrait de trois indiens de la tribu des Osages (Missouri), Léopold Boilly, 1827, musée du Nouveau Monde, La Rochelle.

     

    En pleine guerre d’Indépendance, en 1779, George Washington, qui commande l’armée des insurgents, ordonne le massacre des Iroquois qui se sont alliés aux loyalistes anglais. Cela fait, plein de bonnes intentions, le futur premier président américain se veut rassurant : « considérant que ce pays est assez grand pour nous contenir tous et que nous sommes disposés à faire commerce et à lier amitié́ avec eux, nous jetons un voile sur le passé et décidons de tracer une frontière entre eux et nous, au-delà̀ de laquelle nous nous efforcerons d’empêcher notre peuple de chasser ou de s’établir, et en deçà de laquelle les Indiens s’abstiendront de pénétrer sauf pour commercer ou signer des traités ».

    Il n'empêche que dans le traité de Paris de 1783 qui reconnaît l'indépendance des Treize colonies, aucune mention n'est faite des droits indiens. Et l'année suivante, le 22 octobre 1784, les Iroquois subissent violemment la loi du vainqueur avec le traité de Fort Stanwix (État de New-York). Les Six Nations iroquoises sont dépossédées d'une immense partie de leurs terres en échange de quoi le Congrès promet de les ravitailler, ce qui créera, en plus de la soumission, une relation de dépendance.

    Jusqu’au milieu du XIXème siècle, la politique américaine oscille entre les trois solutions qui s’offrent à elle : une cohabitation dans le respect mutuel, un partage du territoire entre les deux civilisations ou la réduction des indigènes à un statut subordonné. « Le plus souvent, les gouvernements penchent pour la solution du partage mais ils sont débordés par les populations européennes — colons, fermiers, négociants, spéculateurs, hommes de la milice — qui agissaient directement pour qu'une « solution finale » soit donnée à la question indienne », écrit Élise Marienstras dans La résistance indienne aux États-Unis (Gallimard, 2013).

     

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    Une partie du village d'Oka, le village iroquois, 1872, O. Dieker, Montréal, musée McCord.

     

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    En agrandissement, groupe de Mohawks accompagnés du maire de Montréal, William Workman, Kahnawake, 1869, Montréal, musée McCord.

     

    Le 13 juillet 1787, le Congrès proclame l’ordonnance du Nord-Ouest dont les principes seront réaffirmés dans la Constitution de 1789. Comme son nom l’indique, elle ouvre à la colonisation les territoires du Nord-Ouest, entre les Appalaches, les Grands Lacs, le Mississippi et le Tennessee tout en interdisant aux pionniers de s'installer sur le territoire des tribus : « Une bonne foi sans défaut sera toujours observée envers les Indiens ; leurs terres et leurs propriétés ne leur seront jamais enlevées sans leur consentement et ils ne subiront jamais la moindre atteinte dans leurs propriétés, leurs droits et leurs libertés, sauf en cas de guerres justes et légales autorisées par le Congrès. »

     

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    Plaque commémorant l'ordonnance du Nord-Ouest de 1787 et la création de l'état de l' Ohio sur le Federal Hall à New York (capitale provisoire des États-Unis en 1787).

     

    Aucune guerre ne sera jamais déclarée par le Congrès, pourtant les territoires indiens vont bel et bien être extorqués. En effet, du fait de l’immigration et surtout d'une forte natalité, les colons européens occupent toujours davantage de terres de sorte que, très vite, les États-Unis d'Amérique repoussent leur frontière jusqu’au Mississipi. Grignotant les territoires indiens, ils forment de nouveaux États : Ohio en 1803, Kentucky en 1792, Tennessee en 1796, Vermont en 1791, etc.

     

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    Carte des batailles qui se sont déroulées dans la région de l'Ohio.

     

    En 1803, Bonaparte, qui a besoin d’argent pour mener la guerre en Europe, leur vend la Louisiane. Du coup, l'année suivante, le Congrès autorise le président des États-Unis à négocier avec les tribus autochtones pour échanger leurs territoires contre des réserves situées au-delà vers l'Ouest. Cela ne va pas sans violence. En 1810, la tribu Cherokee refuse d’être évacuée. Mais face aux armes à feu de la cavalerie étasunienne, les arcs et les flèches des Indiens ne font pas le poids. Le soulèvement échoue et se termine par le massacre d’hommes, femmes et enfants aux chutes d’Ywahoo le 10 août 1810.

     

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    Portrait du chef Tecumseh à partir d'une gravure de Benson Lossing, Canada, Toronto Public Library.

     

    Histoire Moderne 3:  Guerres indiennes  - Le choix de l'extermination

    En agrandissement, la confrontation entre Tecumseh et William Henry Harrison à Vincennes au sujet du traité de Fort Wayne, 1810, John Reuben Chapin, New York Public Library.

     

    Lors de la seconde guerre anglo-américaine (1812-1815), Tecumseh, chef d’une tribu des Chaouanons dans l’actuel Ohio, s'allie aux Britanniques. Il tend une embuscade à des soldats étasuniens et en tue vingt, ce qui permet aux Britanniques de s'emparer de Fort Detroit. Tecumseh y gagne le surnom de « Wellington des Indiens ». Mais sa mort en 1813 marque la fin de la résistance dans le Middle-West. Les tribus sont déplacées au-delà du Mississipi, où nomadisent déjà d'autres tribus. Voilà ces Amérindiens qui ne s'étaient jamais rencontrés obligés de cohabiter !...

     

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