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    Louis XII (1462 - 1515)

    Le «Père de son Peuple»

     

    Enfant tardif du poète Charles d'Orléans et de Marie de Clèves, petit-fils du duc Louis d'Orléans, assassiné par les Bourguignons, Louis a dû épouser en 1476 Jeanne la Boîteuse, la fille contrefaite de Louis XI. Ce dernier espérait de cette façon que s'éteindrait la branche cousine des Orléans !

    À la mort du roi Louis XI et à l'avènement de son fils Charles VIII, le duc ne se fait donc pas fait prier pour prendre les armes contre la régente Anne de Beaujeu. C'est la «Guerre folle». Mais quand Charles VIII meurt à son tour et que lui-même monte sur le trône, il se hâte de faire annuler son mariage par le pape et d'épouser la veuve du précédent roi, la duchesse Anne de Bretagne, richement dotée et par-dessus le marché jolie, ce qui ne gâte rien !

    Un homme d'État, un vrai !

    À peine monté sur le trône, Louis XII convoque le duc de la Trémoille. Celui-ci l'avait combattu et capturé à Saint-Aubin-du-Cormier du temps qu'il n'était encore que le duc d'Orléans.

    Au soldat qui n'en mène pas large, il adresse en substance ces belles et dignes paroles, en homme d'État qui place le service de la France au-dessus de ses rancunes personnelles : «Le roi de France ne venge pas les injures du duc d'Orléans». Une belle leçon pour tous les chefs d'État, y compris les plus actuels...

    Malheureuses guerres

    Se souvenant que sa grand-mère Valentine Visconti était la sœur de l'ancien duc de Milan, Louis XII ne tarde pas à convoiter le riche duché italien.

    Comme son infortuné prédécesseur, il se croit l'étoffe d'un conquérant et, à son tour, traverse les Alpes. Il occupe Milan en 1499 puis Naples en 1501. Ce mirage ne dure guère et la duplicité de ses alliés lui rend bientôt la vie difficile. Il renonce provisoirement par le traité de Blois de 1506 à ses prétentions italiennes mais revient à la charge sitôt après et remporte la victoire d'Agnadel.

    Las, le pape Jules II fomente contre le roi de France la Sainte Ligue (1510) et bientôt Vénitiens, Aragonais, Anglais et Suisses se jettent sur les armées françaises réduites à la défensive. Louis XII se tire honorablement de ces péripéties et marie sa fille Claude au duc d'Angoulême, futur François Ier, avant de mourir en 1515.

    Un royaume bien administré mais éclaté

    Louis XII, séduisant et plutôt intelligent, gagne le surnom enviable de «Père de son Peuple» lors des états généraux de 1506, en dépit de ses déconvenues italiennes.

    Il est vrai qu'il gère avec modération le royaume et réussit même le tour de force d'alléger la pression fiscale grâce à des conseillers de qualité : le maréchal de Gié, le cardinal d'Amboise, son principal conseiller jusqu'en 1510 et Florimond Robertet, secrétaire chargé des finances, qui servira également son successeur François 1er.

    Le royaume conserve néanmoins une structure médiévale, avec de grandes baronnies semi-indépendantes, en mesure de contester l'autorité royale.

    Ainsi la famille de Bourbon et la famille d'Albret détiennent-elles d'immenses fiefs au centre et au sud-ouest du royaume (les deux familles seront beaucoup plus tard réunies en la personne d'Henri III de Navarre, futur roi Henri IV).

    La Lorraine, le Béarn et la Basse-Navarre sont des seigneuries indépendantes. Calais appartient aux Anglais et Avignon au pape. L'Artois et la Franche-Comté ont été récupérés par l'empereur Maximilien de Habsbourg au traité de Senlis, en 1493. En guise de compensation, toutefois, le duché de Bretagne est en passe d'être réuni au domaine royal...