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    Légendes de la mer

    Un océan peuplé de légendes

    la légende du bateau fantôme et du hollandais volant.
    La légende du bateau fantôme et du Hollandais volant. © plrang - Fotolia.com

    La mer n'est sûrement pas habitée par des monstres surprenants, des lutins malicieux et des îles mystérieuses. En revanche, elle l'est assurément par les légendes et croyances transmises par les marins, poètes et autres conteurs.

    Le Hollandais volant

    Jusqu'au siècle dernier, les bateaux-fantômes naviguaient encore dans les esprits de quelques marins superstitieux. Le plus célèbre d'entre eux, dirigé par le terrible Hollandais volant, serait un trois-mâts condamné à errer sur les mers du monde jusqu'au Jugement Dernier.

    Son capitaine (Fokke ou Van der Zee, les versions divergent) aurait reçu cette sentence divine en raison de la cruauté avec laquelle il dirigeait son équipage.

    Depuis, il se tient fièrement à la proue de son navire, malgré le vent et les tempêtes qui s'abattent sur lui, détournant les bateaux vers les rochers pour qu'ils fassent naufrage.

    La barque des morts

    la légende de la barque des morts.
    La légende de la barque des morts. © Patrice Plantureux

    En Bretagne, l'influence celte se retrouve dans cette croyance couramment répandue : les marins noyés ne peuvent pas rejoindre les îles Fortunées (ou Bienheureuses) sans aide. Pourquoi ? Parce que leurs âmes sont incapables de franchir les étendues aquatiques, fleuves ou océans.

    Pour gagner ce lieu de repos, les fantômes des marins perdus devaient monter à bord de la Bag Noz, littérallement "barque de nuit". Mais avant cela, leurs corps hantaient les lieux où ils avaient disparu.

    Dans un passé récent, ces légendes étaient toujours tenaces. La preuve : les veuves d'autrefois plaçaient dans la main de leur mari une pièce afin que le batelier de la mort accepte d'emporter l'âme du défunt.

    De même, les marins ont longtemps porté une boucle d'oreille en or en prévision d'un décès éventuel loin de leur foyer. Ils pouvaient ainsi bénéficier de la bénédiction d'un prêtre, qui se remboursait en récupérant l'objet.

    Les coquillages, os des noyés ?

    les coquillages proviennent-ils des os des noyés ?
    Les coquillages proviennent-ils des os des noyés ? © Jean Sauvaget

    Restons dans la thématique de la noyade et dans la région de Bretagne. Un proverbe local voulait que les coquillages soient le résidu des marins noyés : "Un homme de moins, trois coquillages de plus", entendait-on de la bouche des Bretons à chaque tragédie.

    Selon cette croyance, certaines îles dites maudites s'étaient formées à partir du squelette des noyés. C'est la cas du sillon de Talbert, dans les Côtes-d'Armor, par exemple.

    Conséquence directe, d'après les Anglais : ramasser un collier de coquillages sur le rivage protègerait des risques de noyade. Pensez-y la prochaine fois que vous vous promènerez sur la plage !

    Ys, la cité engloutie

    selon les contes bretons, la cité d'ys se trouvait sur la pointe du finistère. 
    Selon les contes bretons, la cité d'Ys se trouvait sur la pointe du Finistère.  © Marie Joupelle

    Ys était une cité celte possédée par le roi Gradlon, maître de la Cornouaille, au Ve siècle. Bâtie légèrement au-dessous du niveau de la mer, elle fut offerte à la fille du souverain, Dahut, qui profitait de ce lieu pour organiser des fêtes somptueuses et rencontrer ses nombreux amants...

    Un soir, à la fin de l'été, un étranger s'introduit dans la cité et séduit la maîtresse des lieux. La nuit, profitant de son sommeil, celui-ci s'empare de la clé attachée autour du cou de la princesse, celle qui permet d'ouvrir et de fermer les écluses protégeant la ville des marées.

    L'étranger n'est autre que Taranis, le seigneur des vagues. Son souhait : que la cité d'Ys, engloutie sous les eaux, résiste à jamais à la chrétienté qui se répand partout dans la région.

    Après avoir sauvé sa fille de la noyade, Gradlon la jette à la mer pour apaiser la colère de Dieu. Ys disparait sous la mer tout comme Dahut qui devient sirène et rejoint son amant Taranis.

    Les sirènes, mystérieuses et fascinantes

    les sirènes sont au cœur des légendes marines depuis des siècles.
    Les sirènes sont au cœur des légendes marines depuis des siècles. © Kathy Gold - Fotolia.com

    Si les Celtes font de Dahut la première sirène, c'est qu'ils ignorent (ou feignent d'ignorer) la mythologie grecque et sa fascination pour ces créatures mi-femmes, mi-poissons. Les sirènes sont nées d'un châtiment imposé par la déesse de l'amour Aphrodite, furieuse que certaines femmes aient refusé de s'offrir aux dieux.

    C'est Homère qui les évoque pour la première fois dans son Odyssée. Le héros, Ulysse, s'attache au mât de son navire pour écouter le chant des sirènes sans succomber à leur charme. Désabusées par la malice du roi d'Ithaque, les sirènes se jettent à l'eau où elles se transforment en rochers.

    La légende de ces tentatrices malveillantes a survécu au fil des siècles. Les marins français craignaient d'être possédés par ces êtres hybrides capables de provoquer des naufrages.

    Les licornes de mer

    la légende de la licorne de mer.
    La légende de la Licorne de mer. © s-girly - Fotolia.com

    "Tremblez, marins intrépides, la licorne de mer pourrait surgir à tout moment des eaux profondes pour éperonner vos navires !" Voilà ce que pouvaient croire les contemporains du Moyen Âge fascinés par les récits de marins et géographes peu scrupuleux de déformer la réalité.

    En effet, cette licorne de mer à l'apparence d'un cheval et reconnaissable à sa longue défense en spirale n'a existé que dans l'esprit de quelques marins désireux de détourner leurs concurrents d'une voie maritime judicieuse et inconnue. En imaginant ce que l'on surnommait à l'époque le Vlétif, ces derniers espéraient que leurs collègues, effrayés à l'idée de rencontrer un tel monstre marin, déserteraient les lieux.

    Le mythe de l'Atlantide

    l'atlantide se situerait au large de gibraltar.
    L'Atlantide se situerait au large de Gibraltar. © Jean-Michel Mah

    Face aux "colonnes d'Hercule", comprendre le détroit de Gibraltar, une île-continent "plus grande que la Lybie et l'Asie réunies" aurait existé avant d'être engloutie à la suite de "violents tremblements de terre et des déluges". Cette description de l'Atlantide nous vient du Timée, œuvre de Platon.

    D'après le philosophe, qui tient cette histoire pour vraie d'après le témoignage d'un homme politique grec, "là-bas la mer reste impraticable et inexplorable, encombrée par la boue que, juste sous la surface de l'eau, l'île a déposé en s'abîmant".

    2 500 ans plus tard, l'Atlantide continue de soulever de nombreux fantasmes plus ou moins farfelus. Les expéditions sous-marines ont toutes échoué dans la recherche de cette île disparue car probablement imaginaire.

    Arc-en-ciel maudit

    l'arc-en-ciel, chemin entre deux mondes.
    L'arc-en-ciel, chemin entre deux mondes. © Damien Derouene

    Dans l'univers symbolique et légendaire de la mer, l'arc-en-ciel marque le passage entre le monde des vivants et celui des morts. Mieux vaut, donc, éviter de s'en approcher...

    Si, par malheur, un bateau venait à s'aventurer sous l'arche colorée, il prendrait le risque d'être happé par les profondeurs sous-marines. Car, comme on le croit volontiers en Bretagne, les extrémités de l'arc-en-ciel aspirent les eaux aux alentours. Il est donc dangereux dans la mesure où il provoque des violentes rafales de vent et des tempêtes destructrices.

    Toujours par superstition, il est déconseillé de montrer du doigt ce phénomène optique dont la beauté n'a d'égale que sa dangerosité.

    L'île de Saint-Brendan

    l'île de saint-brendan a-t-elle jamais existé ?
    L'île de Saint-Brendan a-t-elle jamais existé ? © Bruno Gil

    Saint-Brendan était un moine irlandais du Ve siècle. Au cours d'un de ses voyages en bateau, il aurait fait escale sur une île à proximité des Canaries, avant que celle-ci ne disparaisse bientôt sous la surface de l'eau.

    Son récit, rapporté quelques siècles plus tard dans un ouvrage écrit en latin, suscitera l'intérêt de plusieurs explorateurs désireux de localiser cette île flottante. Car le problème vient du fait que les différentes cartes situant l'île de Saint-Brendan se sont toutes contredites sans qu'un consensus ne soit jamais trouvé.

    Fernand de Magellan, premier navigateur à tenter un tour du monde complet, affirmera au XVIe siècle que que l'île Saint-Brendan s'était détachée du continent américain à l'endroit de la baie de Samborombon située à l'embouchure du Rio de la Plata (Argentine).

    Les îles de Lérins, propriété du diable

    vue depuis le fort royal de l'île marguerite aux lérins.
    Vue depuis le Fort royal de l'île Marguerite aux Lérins. © Rosine Lacampagne

    Les forts courants agitant les environs des îles et archipels seraient dûs à l'œuvre du diable selon la légende. Citons, entre autres, les îles de Ré et de Bréhat.

    Plus au sud de la France, au large de Cannes, Satan aurait fait de Léro (les îles de Lérins) sa demeure. Tapis au fond des forêts de chênes, un temple lui était dédié pour que ses admirateurs s'y rassemblent.

    D'après l'ouvrage "L'histoire de la France secrète", les démons et autres créatures maléfiques n'ayant pas satisfait le diable étaient condamnés à vivre 7 ans durant sur l'île, transformés en animaux terrifiants ou en végétation sauvage.

    Pour purifier Léro et se débarrasser de ses encombrants locataires, Dieu l'aurait plongée sous l'eau avant de la faire émerger à nouveau, cette fois scindée en deux : l'île Sainte-Marguerite et l'île Saint-Honorat seraient nées ainsi. Comme souvent, la légende s'inspire ici d'un événement réel, à savoir le séisme et le raz-de-marée ayant submergé les îles de Lérins au IVe siècle.

    Le lutin Nicole à Saint-Malo

    le lutin nicole sévissait dans la baie de saint-malo.
    Le lutin Nicole sévissait dans la baie de Saint-Malo. © Rodolphe Labarthe

    L'océan, on vient de le voir, était peuplé de toutes sortes d'êtres démoniaques et fantastiques. Les lutins, en particuliers, terrorisaient les pêcheurs.

    Nicole reste sûrement comme l'un des plus célèbres, surtout dans la baie de Saint-Brieuc et celle de Saint-Malo où il avait élu domicile. Sa réputation contraste avec la brièveté de son existence, 3 petits mois seulement dans la première partie du XIXe siècle.

    La spécialité de Nicole consistait à déchirer les mailles des filets de pêcheurs, permettant aux poissons emprisonnés de s'échapper au nez et à la barbe des marins. Il s'amusait également à emmêler les amarres des bateaux ou à déplacer ces derniers pendant le sommeil de leurs occupants.

    D'après la légende, Nicole pourrait être un ancien haut-gradé de l'armée française, réputé pour son intransigeance et ses colères.

    Une légende salée

    marais salant à l'île de ré.
    Marais salant à l'île de Ré. © Isabelle Vullierme

    D'où vient le sel présent dans les océans du monde entier ? Les scientifiques vous répondront qu'il provient des ions nichés dans les rivières. Les marins bretons, eux, vous conteront cette légende où il est question d'une soupe trop fade et d'un capitaine voleur...

    Voilà l'histoire : pour donner du goût à sa soupe, un marin vole une meule magique capable de moudre du sel à volonté. Après lui avoir commandé de se mettre en route, le capitaine ne parvient pas à l'arrêter, ignorant la formule adéquate.

    Affolé, il jette la meule à l'eau. Celle-ci continue son action, imperturbable, tandis que le navire coule sous le poids du sel qui s'est déversé à son bord.

    Depuis, par superstition, les marins s'interdisent de proposer le mot "sel" lorsqu'ils se trouvent sur un bateau, même si sa présence permet d'éloigner le danger une fois en mer.

    La baie du Mont-Saint-Michel

    l'ombre du mont-saint-michel se répand dans la baie.
    L'ombre du Mont-Saint-Michel se répand dans la baie. © Sophie Lahondès

    De nombreuses légendes se sont formées dans la baie du Mont-Saint-Michel. Parmi elles, celle de l'accouchée des grèves.

    On raconte qu'en 1011, un groupe de pélerins se promenait dans la baie quand il fut surpris par la soudaine montée des eaux. Les marcheurs se précipitèrent pour quitter les lieux, abandonnant une femme enceinte sur place.

    Prisonnière, cette dernière semble vouée à une mort certaine. Mais c'est sans compter sur l'archange Saint-Michel, qui stoppe la montée de la marée grâce à son épée. Une fois la mer repartie, la jeune femme fut retrouvée saine et sauve, son nouveau-né (baptisé du nom de Péril) présent à ses côtés.

    A l'endroit de ce miracle, la "croix des grèves" fut plantée dans le sable, avant que la mer ne la recouvre entièrement.

    Le trésor de Capitaine Kidd

    bateau de pirates surmonté de son terrifiant drapeau noir.
    Bateau de pirates surmonté de son terrifiant drapeau noir. © pandore - Fotolia.com

    La vie de William Kidd, un corsaire du XVIIe siècle devenu pirate, s'est terminée au bout d'une corde raide, au-dessus de la Tamise à Londres, l'Ecossais ayant été pendu pour ses actes de piraterie et ses meurtres.

    Les rumeurs d'alors évoquaient l'existence d'un gigantesque trésor, caché par Capitaine Kidd dans les îles des Caraïbes. Plus étrange encore : on raconte que, là-bas, des navires déposaient chaque nuit des hommes voulant récupérer le précieux butin. Tous les marins ayant pu observer la scène disparaissaient, leurs fantômes revenant plus tard hanter les lieux...

    La légende de Kidd aurait inspirée Robert Louis Stevenson à l'heure de la rédaction de L'île au trésor.

    Poséidon le tout-puissant

    statue de poséidon dans le musée national archéologique d'athènes en grèce.
    Statue de Poséidon dans le Musée national archéologique d'Athènes en Grèce. © Daniel Bracchetti

    Impossible, pour terminer, de ne pas évoquer les premières légendes marines, celles qui nous viennent de l'Antiquité et de la Grèce, un empire tourné tout entier vers la mer et les dieux. Au cœur de sa mythologie figure Poséidon (Neptune chez les Romains), dieu des mers, mais aussi de la navigation et des tempêtes.

    Le dieu au trident a le pouvoir de modeler les côtes à sa guise. Il peut faire autant le bien (en aidant les marins à trouver la bonne voie maritime et à rentrer à bon port) que le mal (en déclenchant des vagues gigantesques, en réveillant des volcans sous-marins), ce qui lui vaut d'être craint et admiré à la fois.

    Un de ses trois fils, Triton, est doté d'un énorme pouvoir : celui de calmer la houle et les vagues qui s'échouent sur le littoral, ou au contraire de les attiser. Son apparence est à la fois humaine et animale, son corps se terminant par une queue de poisson.

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