• Histoire Moderne: Corée du Nord

     

    Corée du Nord

     

     

    Créée à l’issue de la Seconde Guerre mondiale avec le soutien de l’URSS, la Corée du Nord (en coréen Choson) est l’un des pays les plus impénétrables de la planète.


    Il est très difficile d’obtenir des informations fiables. De ce fait, le programme nucléaire de la Corée du Nord et l’essai déjà effectué peuvent inquiéter à juste titre.

     

     

    La création de la Corée du Nord et du Sud

     

    Jusqu’en 1945, la Corée ne formait qu’une seule nation. La Corée est libérée avec la capitulation du Japon, mais elle se trouve aussitôt, du fait de l’entrée sur son territoire des armées soviétiques et américaines, séparée en deux zones de part et d’autre du 38e parallèle.

    C’est le 16 février 1948 qu’est proclamée la République populaire de Corée du Nord.

     

    Coree du Nord

    Paysage de la Corée du Nord. By yeowatzup

     

    D’un côté, la Corée du Sud (en coréen Hanguk) a été dévastée par la guerre de Corée (1950-1953) et livrée à la dictature. Mais, soutenu par les Etats-Unis, le pays est devenu démocratique en 1980. Il a également commencé une importante ascension économique.

     

    De l’autre côté, la Corée du Nord est victime d’une terrible crise économique depuis 10 ans. Après la guerre de Corée (juillet 1953), la reconstruction économique du pays a été facilitée par l’aide de l’URSS et de la Chine.


    Ce pays possède d’abondantes ressources et notamment un sol riche en minerais.

     

    Corée du Nord

    Vue de la Corée du Nord depuis la Corée du Sud. By WanderingSolesPhotography

     

    Le gouvernement a d’abord mis l’accent sur le développement industriel mais s’est entêté sur la voie de la sur-militarisation.
    Depuis 1990, le taux de croissance de la population décline. En proie à la famine, la population lutte au quotidien pour sa survie. Le taux de mortalité infantile est estimé à 25% alors qu’il n’est que de 5% en Corée du Sud.

     

     

    Repères géographiques sur la Corée du Nord

     

    La Corée du Nord est située sur la côte est du continent asiatique. La frontière entre les deux Corées est marquée par le 38e parallèle.
    Collines et montagnes couvrent 80% du territoire. Les forêts couvrent 70% du pays. Le climat est rude avec des étés très chauds et des hivers très froids. La banquise apparaît au fond du golfe de Corée.

     

    Carte de la Coree du Nord

    Carte de la Corée du Nord . By Kokiri

     

    Continent : Asie
    Capitale : Pyongyang
    Superficie : 120 540 km²
    Pays frontaliers : Chine, Corée du Sud, Russie
    Principaux fleuves : Yalu, Tumen et Taedong
    Mers : mer du Japon, mer de Chine et mer Jaune

     

    Le culte de la personnalité en Corée du Nord

     

    Le régime politique est basé sur une République populaire à parti unique. Secrétaire général du parti communiste de Corée en 1945, Kim Il-sung a été élu secrétaire général du parti du Travail en 1946. Ce parti est né de la fusion du parti communiste avec le parti néo-démocratique et constitue une puissante organisation politique de masse.

     

    Kim Il-sung

    Mosaïque en hommage à Kim il-sung . By yeowatzup

     

    Dans ce pays, la vie politique et culturelle repose entièrement sur la personnalité du fondateur de la république populaire, Kim Il-sung et celle de son fils, Kim Jong-il.
    Le culte de la personnalité est poussé à l’extrême.

    D’immenses statues trônent un peu partout.

     

    Kim Il-sung

    Statue de Kim il-sung . By yeowatzup

     

    Véritable despote, au sens classique du terme, Kim Il-sung édifie un gigantesque palais de 240 000 m2 qui célèbre sa gloire et sa pensée. Il organise le culte effarant dont il est l’objet, l’étend à sa famille, dont il forge une biographie exemplaire mais totalement imaginaire.

     

    Dès 1974, Kim Jong-il devient l’homme du terrorisme d’État avec notamment l’attentat de Rangoon, en 1983, contre une délégation sud-coréenne.

     

    La Corée du Nord a fermé officiellement ses frontières par crainte d’une immigration trop forte !

     

    Le pays vit en vase clos. Par exemple, aujourd’hui, en Corée du Nord, nous ne sommes pas en 2006 mais en l’an 94 du Juché, d’après l’idéologie de Kim Il Sung.

     

     

    Une dictature absolue

     

    Kim Il-sung a organisé la société pour en avoir l’absolu contrôle. Chaque sujet nord-coréen a dû s’inscrire auprès de la sécurité d’État entre 1964 et 1969. Il est recensé dans une des 51 sous-catégories politico-sociales qui divisent les trois grandes classes de la société :

     

    Les « masses du noyau central », formées des héros du peuple et de leurs familles, notamment des pupilles de la nation, qui ont été élevés dans des écoles spéciales. Ces privilégiés vivent à Pyongyang. Ils sont les seuls à avoir droit à une information véritable, le reste de la population devant se contenter de ce que lui fait croire la propagande.

     

    Kim Il-sung

    Mosaïque en hommage à Kim iL-sung . By yeowatzup

     

    La deuxième classe sociale est celle de la « masse extérieure au noyau » : ces paysans, ouvriers et intellectuels n’ont pas d’engagement politique, mais appuient le régime sans réserve.

     

    Le troisième cercle est celui des « masses mélangées » c’est-à-dire de tous ceux qui se sont opposés au régime. Interdite d’université, soumise aux brimades lors des mouvements politiques, cette partie de la population ne peut s’établir dans la capitale, réservée aux bien-pensants.

     

    Coree du Nord. Collégiennes

    Collégiennes en Corée du Nord. By llee_wu

     

    Un réseau de camps de concentration complète le dispositif, ou les détenus ne touchent que des rations alimentaires minimales. L’exécution sommaire des opposants, ou supposés tels, est courante. Comme le dit François Godement dans la Renaissance de l’Asie, « la Corée du Nord apparaît comme la systématisation délirante des pires traits du stalinisme et du maoïsme ».

     

     

    L’échec de l’ostracisme

     

    À la mort de Kim Il-sung, en juillet 1994, Kim Jong-il a pris sa succession sans difficulté véritable. En 1998, il a été déclaré chef d’Etat à vie.

     

    La mort de Kim Il-sung, la famine nord-coréenne et les dissensions qu’elles semblent provoquer au sein du parti amènent les Nord-coréens à assouplir leur position. Ainsi, ils s’engagent dans le processus de réconciliation avec Séoul et cherchent à normaliser leur relation avec le reste du monde.

     

    Mausolée de Kim II-sung

    Mausolée de Kim II-sung. By ninjawil

     

    En 2000, Kim Jong-il intensifie ses efforts diplomatiques. Il tente de resserrer les liens avec ses anciens alliés que sont la Russie et la Chine.
    Des efforts diplomatiques sont aussi menés en direction des pays de l’Union européenne, pour rompre son isolement et attirer des investisseurs.

     

    La plupart des pays de l’U.E. (la France reste l’un des rares pays à ne pas avoir normalisé ses relations avec la Corée du Nord) ont fini par reconnaître le régime de Pyongyang.

     

    Kim Jong-il

    Kim Jong-il . © The Seoul Times

     

    Néanmoins, la situation des Nord-coréens ne s’est guère améliorée et les années de pénurie se succèdent. La Corée du Nord reste un des pays les plus pauvres du monde.

     

     

    La réunification des deux Corées

     

    En juin 2000, la rencontre entre Kim Jong-il et Kim Dae-jung dans la capitale nord-coréenne offre pour la première fois une réelle perspective de réunification de la péninsule.

    La Corée du Sud a adopté la position du Nord qui veut que « le problème coréen soit résolu par les Coréens », ce qui ne peut que déplaire aux États-Unis et à la Chine.

    Afin de souligner leur volonté commune, les deux États conviennent de créer un « téléphone rouge », de favoriser les rencontres entre familles séparées et de défiler côte à côte lors de la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques de Sydney (septembre 2000).

     

    Pyongyang . Coree du Nord

    Pyongyang . By yeowatzup

    Des projets sont mis en route comme le rétablissement de la voie ferrée reliant Séoul à Sinuiju au nord de la Corée du Nord. Mais le coût de la réunification, estimé à 500 milliards de dollars, risque de freiner le processus. De plus la volonté de la Corée du Nord reste sujette à caution.

    Depuis 2001, le projet est au point mort. L’administration Bush a durci le ton vis-à-vis du régime de Pyongyang, dans leurs négociations concernant notamment le gel du programme nucléaire nord-coréen.

     

     

    Le chantage nucléaire de la Corée du Nord

     

    L’armistice, signé en 1953 à Panmunjom, en mettant fin aux hostilités, devait aboutir à la signature de la paix et à la réunification de la péninsule. Elle n’a cependant jamais interrompu l’état de guerre larvée, entretenu par la politique agressive de la Corée du Nord.

    En septembre 1991, cependant, une détente diplomatique relative a permis l’entrée simultanée à l’O.N.U. des deux Corées.

    Signé en décembre 1991, un accord prévoit la réconciliation entre les deux républiques ennemies et la dénucléarisation de la péninsule.

    La Corée du Nord, affaiblie, craint, en cas d’une véritable réunification, de connaître le sort de la R.D.A. Elle multiplie les provocations, cherche à s’entendre directement avec les États-Unis, pour consolider son statut international, et pratique pour y parvenir le chantage nucléaire.

     

    Coree du Nord

    L'armée de la Corée du Nord. © The Seoul Times

     

    Elle menace de se retirer, en mars 1993, du traité de non-prolifération nucléaire, après avoir refusé le contrôle de ses installations et construit un missile de moyenne portée, susceptible de porter une tête nucléaire, qui survole le Japon, en août 1998.

    Pyongyang souffle ainsi alternativement le chaud et le froid, d’autant plus facilement que, sur le plan militaire et diplomatique, la Corée du Sud dépend des Etats-Unis qui entretiennent 37 000 hommes et une artillerie atomique sur son sol.

    En annonçant, en décembre 2002, la reprise de son programme nucléaire gelé depuis 1994 par un accord avec les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud, la Corée du Nord ouvre une nouvelle crise avec Washington.

    Successivement, Pyongyang expulse les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (A.I.E.A.) chargés de contrôler ses installations, se retire du traité de non-prolifération (T.N.P.) et teste divers missiles à faible portée.

     

    Frontière entre la Corée du Sud et la Corée du Nord

    Frontière entre la Corée du Sud et la Corée du Nord. By mroach

     

    Grâce à l’intervention de la Chine, la Corée du Nord accepte finalement une rencontre multilatérale. Ainsi, en août 2003, débutent à Pékin des négociations entre la Chine, la Corée du Sud, la Corée du Nord, les États-Unis, le Japon et la Russie.

    Mais, une fois encore, la Corée du Nord annonce la suspension de sa participation en juin 2004.
    Elle fait ensuite monter d’un cran sa stratégie à haut risque et se proclame puissance atomique en janvier 2005.

     

     

    L'essai nucléaire de la Corée du Nord

     

    La Corée du Nord a procédé à un essai nucléaire le 9 octobre 2006, ignorant les multiples mises en garde internationales et un avertissement du Conseil de sécurité de l'ONU.

    Le régime communiste avait averti, dès le 3 octobre, qu'il procèderait à un essai nucléaire.

    Pyongyang avait alors invoqué «la menace extrême des États-Unis de déclencher une guerre nucléaire» ainsi que «les sanctions vicieuses» imposées par le Trésor américain contre des entités nord-coréennes accusées de blanchiment d'argent.

    Après une condamnation de l’ensemble des pays, y compris la Chine, Pyongyang serait prêt à abandonner son programme nucléaire et à négocier avec les Etats-Unis.

     

    Yalu . Coree du Nord

    Vue du Yalu, l'un des principaux fleuves . By Prince Roy

     

    Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et le Japon se sont réunis le 10 octobre 2006 pour continuer à discuter de la réponse du Conseil à l'essai nucléaire nord-coréen, sur la base de propositions américaines et japonaises de sanctions économiques.

    Le ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov a estimé que la bombe nord-coréenne avait une puissance de «5 à 15 kilotonnes» (5.000 à 15.000 tonnes) d'équivalent en dynamite, soit beaucoup plus que les 800 tonnes évoquées plus tôt par un responsable du Centre de recherche sismique de Daejeon (Corée du Sud).

    Les services de renseignement sud-coréens croient que l'essai a été mené dans un tunnel horizontal creusé dans une colline de la région de Hwadaeri, près de la ville de Kilju, dans la province de Hamgyong, à environ 300 km au nord-est de la capitale Pyongyang.

    Selon l'agence sud-coréenne Yonhap citant les services de renseignement, des activités anormales ont été observées dans une région accidentée de Corée du Nord, laissant à penser qu'un deuxième essai pourrait être en préparation.

    La Corée du Nord disposerait de 30 ou 40 kilos de plutonium, assez pour fabriquer sept bombes atomiques, a déclaré le responsable des services de renseignement sud-coréens.

     

     

    V.Battaglia (11.10.2006)

     

    Références bibliographiques

    Histoire De La Guerre Froide - Tome 2, De La Guerre De Corée À La Crise Des Alliances 1950-1963 Fontaine, André. Editions Seuil 1997
    Les conflits du XXe siècle, Mayer Shermer Heiferman, R.; Le Livre De Paris Odège 1977
    Atlas Géographique, éditions Atlas 2006

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