• Histoire Moderne: Mao Zedong ou Mao Tsö-tong ou Mao Tsé-toung

     

    Mao Zedong ou Mao Tsö-tong ou
    Mao Tsé-toung
     
     

    Homme d’État chinois (Shaoshan, Hunan, 1893-Pékin 1976)

    La Chine de 1949 à 1976

     

     
     

     

    Les premières années

     

    Fils d’un paysan aisé, Mao Zedong doit se rebeller contre l’autorité paternelle pour continuer ses études. Il grandit dans une Chine humiliée d’avoir dû accorder aux puissances occidentales des concessions qui jouissent d’énormes avantages, les empereurs s’avérant incapables de faire respecter l’indépendance nationale du pays ni de moderniser celui-ci.

     

    Lorsque, en 1911, la révolution du Guomindang de Sun Yat-sen met fin à la monarchie et proclame la république, Mao est, comme de très nombreux jeunes gens de son âge, gagné par l’enthousiasme, et il s’engage durant six mois dans l’armée révolutionnaire. Il revient ensuite à Changsha, capitale du Hunan, poursuivre ses études primaires supérieures jusqu’en 1918.

     

    Nourri de culture chinoise traditionnelle et de culture occidentale, Mao est un admirateur des grands empereurs chinois chefs de guerre. En 1917, dans la revue Nouvelle Jeunesse de Chen Duxiu, il publie son premier article, sur l’éducation physique nécessaire au peuple chinois pour se libérer de la tutelle impérialiste. La même année, le voici à la tête de la Société d’étude du nouveau peuple constituée dans le Hunan parmi les étudiants radicaux.

     

    Mao Zedong

     

    À l’automne 1918, Mao devient aide-bibliothécaire à l’université de Pékin. Le jeune Mao subit l’influence de Chen et de Li, qui, après avoir dirigé le Mouvement du 4 mai, accueillent avec enthousiasme la révolution d’Octobre. C’est à Chen que Mao devra sa conversion au marxisme en 1920.

     

    La Chine, un moment unifiée par la république présidée par Yuan Shikai (1912-1916), est entrée depuis dans une longue période de confusion politique : dans les provinces, les généraux (seigneurs de la guerre) accèdent au pouvoir tandis que Sun Yat-sen prend en 1917 à Canton la tête d’un gouvernement républicain. Cette période d’affrontements internes et de morcellement politique durera en fait jusqu’en 1949.

     

    Mao Zedong et Lin Biao en 1966

     

    Mao, qui a participé au Mouvement du 4 mai à Changsha ou il est revenu s’établir, fonde une section des Jeunesses socialistes. Il publie son premier article marxiste en novembre 1920. Il est alors directeur d’école primaire puis gérant d’une librairie. En juillet 1921, il est un des douze délégués qui créent à Shanghai le parti communiste chinois (P.C.C.), dont Chen devient le premier secrétaire général.

     

     

    Du Ier Congrès du P.C.C. à 1927

     

    Nommé responsable pour le Hunan du secrétariat au travail, Mao organise des syndicats ouvriers. Il approuve la politique d’alliance avec le Guomindang de Sun Yat-sen pratiquée par le P.C.C. sur les conseils de l’Internationale communiste.

     

    En 1923-1924, le voici responsable de l’organisation du P.C.C. mais aussi membre du bureau de Shanghai du Guomindang. Cette stratégie permet au P.C.C. d’élargir son influence. C’est dans son village natal du Hunan, témoin des fortes réactions populaires qui se produisent à la suite des incidents des 30 mai et 23 juin 1925 au cours desquels la police anglaise de Canton a tiré sur la foule, que Mao prend conscience du rôle révolutionnaire de la paysannerie. La mort de Sun Yat-sen en mars 1925 divise le Guomindang. L’aile droite, avec Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek), l’emporte et fait aussitôt la chasse aux éléments de gauche, et en particulier aux communistes (fusillades de Shanghai en avril 1927). Les communistes se replient alors dans les campagnes. Mao est chargé d’organiser le parti sur une base militaire dans son Hunan natal.

     

     

    De 1927 à la Longue Marche

     

    En septembre 1927, Mao conduit ses troupes dans les montagnes du Hunan puis du Jiangxi. En avril 1928, son armée reçoit le renfort de celle d’un autre dirigeant du P.C.C., Zhu De, puis, en novembre, de l’armée de Peng Dehuai.


    Jusqu’en 1934, le Jiangxi est administré par les communistes : c’est la République soviétique du Jiangxi, dont Mao est le président depuis novembre 1931.

     

    Grâce à l’appui que leur apportent les paysans, les communistes étendent leur influence à un point tel que, durant l’été 1930, la direction du P.C.C. dont le nouveau secrétaire général est Li Lisan, ordonne à l’armée du Jiangxi de sortir de ses bases et de lancer une offensive contre les grandes villes tenues par le Guomindang. C’est l’échec ; Mao propose le repli sur le Jiangxi tandis que Li Lisan est écarté. Mais le P.C.C. ne passe pas pour autant sous le contrôle de Mao mais sous celui de Wang Ming et des « vingt-huit bolcheviques » ainsi appelés par Mao parce qu’ils avaient pour la plupart étudié en U.R.S.S.

     

    Mao, critiqué pour ses conceptions militaires en faveur de la guérilla, doit s’incliner. Désormais, l’armée communiste doit privilégier les batailles rangées et c’est de cette façon qu’elle repousse à quatre reprises, entre 1930 et 1934, les attaques que lance le Guomindang. Mais cette stratégie montre ses limites en 1934 lors de la cinquième offensive, à l’issue de laquelle l’armée communiste n’évite l’encerclement total que par une percée qui lui fait abandonner le Jiangxi.

     

    Ainsi commence la Longue Marche qui conduit au bout d’un an, en octobre 1935, les 30 000 survivants dans le Shanxi. Là, l’armée du Jiangxi est grossie d’autres contingents communistes. Au cours de cette retraite, Mao a pu faire adopter ses méthodes militaires et a beaucoup gagné en autorité dans le parti. En janvier 1935, il devient le chef du parti.

     

     

    De la Longue Marche à la victoire communiste (1949)

     

    À partir d’octobre 1935, Mao installe sa capitale à Yanaan dans le Shaanxi. De là, il proclame que l’ennemi principal du P.C.C. est l’envahisseur japonais installé en Mandchourie depuis septembre 1931 et offre son alliance au Guomindang, qui finit par accepter en septembre 1937.

     

    À plus de 40 ans, Mao est maintenant un dirigeant éprouvé. En avril-juin 1945, le VIIe congrès du P.C.C. l’élit président du Comité central et proclame que le parti est désormais guidé par la « pensée de Mao Zedong ».

     

    Mai 1949, lors du conflit contre Chiang Kai-shek, Mao Zedong passe ses troupes en revue

     

    Le P.C.C. gagne la guerre civile qui l’oppose de 1946 à 1949 au Guomindang, pourtant aidé par les Américains.

     

    Le P.C.C. de Mao réussit à incarner aux yeux des Chinois tout à la fois l’indépendance nationale, les espoirs de révolution sociale et l’honnêteté face à la corruption des nationalistes.

     

    En septembre 1949, dans Pékin conquise, Mao réunit une conférence politique consultative qui désigne un gouvernement de coalition sous sa présidence. Il proclame le 1er octobre 1949 la République populaire de Chine.

     

    En octobre 1949, lors de la proclamation de la République populaire de Chine, Mao fait un discours du haut de la porte de la Paix céleste sur la place Tienanmen :"Que le Monde tremble !"

     

    Mao concentre entre ses mains trois présidences essentielles : celle du parti, celle de la République et celle du conseil militaire révolutionnaire.

     

     

    Le maoïsme

     

    Le maoïsme est une conception particulière du marxisme ou la paysannerie se voit dotée d’un potentiel révolutionnaire supérieur à celui de la classe ouvrière, ou l’armée a un rôle particulier à jouer en temps de paix, ou la grandeur de la Chine est un objectif essentiel, ou le moralisme et le volontarisme doivent permettre l’avènement d’une société égalitaire.

     

    L’homme qui est maintenant à la tête d’un pays de 600 millions d’habitants a conservé les goûts simples d’un paysan, s’exprimant dans le dialecte du Hunan. Il vit en reclus dans ses diverses résidences de Pékin, Beidaihe, Wuhan, Hangzhou, lit beaucoup et voyage souvent dans le pays.

     

    En 1950, la Chine intervient en Corée. Les troupes américaines se replient devant l'offensive des troupes chinoises

     

    S’il reçoit occasionnellement les dirigeants du parti et de l’État, dont Zhou Enlai, le Premier ministre, il communique en général avec eux par notes écrites. Ce comportement en fait un personnage à part, dont le prestige est immense, mais, l’éloignant de la pratique quotidienne du pouvoir ce qui contribuera à l’isoler.

     

    Dans tous les domaines, c’est lui qui donne le ton. Il s’agit d’abord, de 1949 à 1953, de reconstruire la Chine :

     

    Reconstruction politique par l’élimination, y compris physique, des contre-révolutionnaires, par la reprise en main des intellectuels et par une plus grande discipline dans le parti

     

    Reconstruction économique par la réforme agraire et par le développement de la production industrielle

     

    Reconstruction sociale par un grand effort fait pour l’instruction et par la reconnaissance de l’égalité entre les hommes et les femmes

     

    Reconstruction de la politique extérieure par le traité d’alliance et d’amitié signé avec l’U.R.S.S. en février 1950 et par l’aide en armes apportée aux communistes vietnamiens et en soldats aux communistes coréens

     

    Février 1950, au Kremlin, un accord est signé entre Staline et Mao. Ils ratifient un pacte d'assistance et d'amitié entre les deux pays

     

    De 1953 à 1956, le développement économique se fait sur le modèle soviétique : adoption du premier plan quinquennal, collectivisation des terres par regroupement de plus en plus autoritaire dans des coopératives.

     

    En quelques années, la Chine accroît sa production dans des proportions importantes, bénéficiant d’une aide soviétique.

     

    En 1966, les enfants étudient tous le Petit Livre rouge (Photo © Paris Match)

     

    L’année 1956 marque un tournant dans la vie de Mao comme dans le destin de la Chine populaire. En février, le XXe Congrès du parti communiste de l’Union soviétique condamne le culte de la personnalité de Staline. Craignant que cette attitude n’ouvre la voie à des attaques contre sa propre personne, qui est incontestablement alors l’objet d’un culte du même type, Mao désapprouve le rapport de Nikita Khrouchtchev.

     

    Mais le VIIIe Congrès du P.C.C., en septembre 1956, confirme les pires craintes de Mao. Le numéro deux du parti, Liu Shaoqi, et celui qui devient alors secrétaire général, Deng Xiaoping, attaquent le culte de la personnalité, font l’éloge de la direction collective.

     

    Plus grave, le Congrès fait disparaître des textes du parti toute référence à la pensée de Mao. Certes, ce dernier conserve toutes ses fonctions, mais il est clair que le Congrès s’est fait contre lui.

     

    Toutes les initiatives politiques qu’il prendra de 1957 à 1966 seront autant d’efforts pour contrecarrer la ligne établie par le VIIIe Congrès en court-circuitant au besoin les instances dirigeantes du P.C.C.

     

     

    Le Grand Bond en avant

     

    En février 1957, Mao reprend l’initiative par un discours attaquant la bureaucratie communiste et demandant aux intellectuels comme aux membres des partis alliés de critiquer le P.C.C. (« Que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent »).

     

    Pour la première fois depuis 1949, Mao met en cause un parti dont il est le président. Après quelques hésitations, les critiques fusent de toute part contre le P.C.C. mais aussi contre Mao lui-même.

     

    Mao fait alors bloc avec le parti et prend la tête d’une campagne contre les « droitistes » : près d’un demi-million de personnes se retrouvent dans des camps de rééducation.

     

    En mai 1958, le moment est venu pour Mao de lancer le Grand Bond en avant. Il s’agit, en réalisant une mobilisation sans précédent des masses, d’accélérer la rupture avec les traditions réactionnaires de la Chine ancestrale et de rattraper économiquement la Grande-Bretagne en quinze ans.

     

    Tandis que le travail manuel est exalté, que des milliers de fonctionnaires du parti sont envoyés aux champs, de grands chantiers s’élèvent un peu partout et des communes populaires sont créées.

     

    De grand journaux muraux, les dazibaos, répercutent vers le peuple les slogans de la révolution (Photo © P.Koch-Rapho)

     

    C’est dans ce contexte qu’apparaît en mai 1958 le concept de « révolution permanente » ou « révolution ininterrompue ».

     

    Dès la fin de 1958, le Grand Bond en avant apparaît comme un énorme gâchis : les récoltes pourrissent dans les champs ; pour fabriquer un acier inutilisable on a fondu des outils agricoles et des ustensiles ménagers dont on manque cruellement ; la disette se répand partout.

     

    Il est difficile d’évaluer le coût humain du Grand Bond en avant, on parle aujourd’hui de millions de morts.

     

    C’est à ce moment que Mao démissionne de la présidence de la République ; retrait volontaire ou injonction du parti ? On ne sait. Il est remplacé en avril 1959 par Liu Shaoqi, dont les vues plus modérées sont connues.

     

    Mandchourie, 2 mars 1969. Les incidents frontaliers se multiplient entre la Chine et l'URSS. Les soldats soviétiques guettent au-dessus de l'Oussouri

     

    C’est justement durant cette période que se distendent les liens entre la Chine et l’U.R.S.S. qui vient, en juin, de dénoncer l’accord sino-soviétique d’octobre 1957 prévoyant la fourniture des secrets de l’arme atomique à la Chine.

     

    La rupture intervient en 1960. Ce n’est qu’en janvier 1962, devant que Mao reconnaît l’échec du Grand Bond en avant.

     

     

    L’après-Mao

     

    Les dernières années de Mao sont dominées par la maladie, aggravée par un genre de vie sédentaire et le refus de se faire soigner. Au Xe Congrès du P.C.C., en août 1973, autour de sa personne apparaissent deux groupes distincts : celui des jeunes radicaux dogmatistes avec Jiang Qing (la Bande des Quatre) et celui des vétérans empiristes du parti avec Zhou Enlai et Deng Xiaoping, revenu au premier plan.

     

    Février 1972, Nixon rencontre Mao . Library of Congress

     

    Mao apporte d’abord son soutien au groupe de Zhou, et Deng est promu vice-président du P.C.C. et premier des vice-Premiers ministres après Zhou.

     

    Puis, tandis que sa santé se détériore, Mao passe en 1975 sous l’influence de son neveu Mao Yuanxin, proche de Jiang Qing.

     

    Après la mort de Zhou Enlai, le 8 janvier 1976, les attributions de Deng lui sont retirées et Mao fait de Hua Guofeng à la fois le Premier ministre et le premier vice-président du P.C.C.

     

    La lutte couve entre le groupe de Hua et la Bande des Quatre lorsque, le 9 septembre 1976, Mao meurt.

     

    9 septembre 1976, Mao Zedong est mort

     

    L’arrestation peu après de la Bande des Quatre, le retour de Deng en 1977 marquent la fin de la période inaugurée par Mao depuis 1958 et préparent l’ouverture future de la Chine à une économie de marché contrôlée.

     

    Dans ce contexte nouveau, le rôle de Mao fait l’objet d’une réévaluation critique (en 1979, le Grand Bond en avant est qualifié de « Grand Bond en arrière »), mais le nom du fondateur de la République populaire demeure toujours une référence en Chine.

     

    V.B (30.04.2006)

     

    Référence

    Encyclopédie Larousse 2005

     

     

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