• Médecine: Le piment serait bénéfique contre le cancer colorectal

     

    Le piment serait bénéfique contre le

    cancer colorectal

     

    La capsaïcine, une molécule présente dans les piments, inhiberait la formation de tumeurs colorectales. Cela serait possible grâce à l’activation de TRPV1, une protéine présente sur les cellules de l’épithélium intestinal.

     

     
     

    Les piments contiennent de la capsaïcine, une molécule qui pourrait prévenir les tumeurs intestinales. © Ramesh NG, flickr, cc by sa 2.0

    Les piments contiennent de la capsaïcine, une molécule qui pourrait prévenir les tumeurs intestinales. © Ramesh NG, flickr, cc by sa 2.0

     
     
     

    L’épithélium intestinal a pour caractéristique de se renouveler rapidement. Mais si les voies qui contrôlent cette régénération sont déréglées, des tumeurs peuvent se développer. C’est pourquoi la recherche s’intéresse aux molécules capables d’empêcher ces pertes de contrôle à l’origine des proliférations cellulaires qui causent le cancer colorectal.

     

    Dans un article paru dans le Journal of Clinical Investigation, des chercheurs de l’université de Californie apportent de nouvelles informations dans ce domaine. Ils ont étudié une protéineprésente sur les cellules de l’épithélium intestinal, un canal à ions Ca appelé TRPV1. Ce dernier avait été découvert sur des neurones sensoriels où il semble jouer un rôle dans la détection de la douleur générée par la chaleur, l’acidité et les produits épicés qui sont tous, pour Eyal Raz, professeur de médecine et auteur de l’étude « des stimuli potentiellement néfastes pour la cellule. Ainsi, TRPV1 a été rapidement décrit comme un récepteur de la douleur moléculaire ».

     

    Mais à quoi sert TRPV1 lorsqu’il se trouve sur les cellules de l’épithélium intestinal ? Son action serait liée à celle de l’EGF (epidermal growth factor), un récepteur important dans la prolifération intestinale. Ici, les chercheurs ont utilisé un modèle de souris qui formaient beaucoup de néoplasies intestinales. Leur déficience en TRPV1 augmentait la formation d’adénomes, ce qui permet au principal auteur de l’article Petrus de Jong, d’affirmer que « la molécule TRPV1 épithéliale fonctionne normalement comme suppresseur de tumeur dans les intestins ». Pour les chercheurs, TRPV1 contrôlerait le signal de récepteurs de facteurs de croissance, comme le récepteur de l’EGF.

     

    Des souris qui forment beaucoup de tumeurs intestinales survivent plus longtemps avec de la capsaïcine (en rouge) que sans (en bleu).
    Des souris qui forment beaucoup de tumeurs intestinales survivent plus longtemps avec de la capsaïcine (en rouge) que sans (en bleu). En revanche, si elles n'expriment pas TRPV1 (en noir), elles survivent encore moins bien. © de Jong et al, Journal of Clinical Investigation.

     

     

    La capsaïcine active le récepteur TRPV1

     

    Ces travaux suggèrent également que la capsaïcine, une molécule présente dans les piments, irritante chez les animaux, pourrait supprimer les tumeurs intestinales. Celle-ci provoque une sensation de brûlure lorsqu’elle est en contact avec les tissus. Du point de vue biochimique, c’est en fait un agoniste de TRPV1 : elle se lierait au récepteur et l’activerait comme s’il s’agissait de son ligand habituel.

     

    Les chercheurs ont donc administré par voie orale, 3 mg/kg de capsaïcine aux souris qui développaient beaucoup de tumeurs gastro-intestinales. Résultat : la prise de capsaïcine a inhibé l’activation du récepteur de l’EGF et supprimé la prolifération des cellules épithéliales. Le traitement a aussi permis aux souris de vivre plus longtemps, avec un gain d’environ 30 % dans la durée de vie. Le traitement fut encore plus efficace lorsqu’il était combiné avec du celecoxib, un médicament anti-inflammatoire non stéroïdien, inhibiteur de COX-2, utilisé dans le traitement de la douleur et des symptômes d’arthrose.

     

    Par conséquent, la capsaïcine supprimerait les tumeurs intestinales en stimulant le récepteur TRPV1. Pour Eyal Raz, « nos données suggèrent que les personnes à haut risque de développement de tumeurs intestinales récurrentes pourraient bénéficier de l’activation chronique de TRPV1 ». Les chercheurs proposent donc d’administrer des agonistes de TRPV1 (comme la capsaïcine) avec un inhibiteur de COX-2 pour prévenir la formation de carcinomes intestinaux.

     

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