• Mythologie et Religion: La Franc-maçonnerie

     

     

    La Franc-maçonnerie
     

    Depuis près de trois siècles, la franc-maçonnerie est la société secrète dont on parle le plus. Cette société initiatique suscite beaucoup d’intérêt et pourtant, la franc-maçonnerie est très mal connue.
    En effet, elle masque aussi bien ses origines que ses buts. Malgré tous ces mystères, la franc-maçonnerie s’avère être plus une confrérie élitiste et discrète que réellement secrète.

     

     

    Les origines de la franc-maçonnerie

    Le terme « franc-maçonnerie » est ambigu car il désigne deux choses sensiblement différentes :

    Une société corporative dite « maçonnerie opérative » qui plonge ses racines dans le Moyen Age européen et sans doute bien au-delà. On sait aujourd’hui que la filiation entre francs-maçons et compagnons est très complexe.

    Une société de pensée dite « maçonnerie spéculative » qui est l’héritière directe de la première.

    La maçonnerie, d’abord opérative (bâtisseurs médiévaux), admet (XVIe-XVIIe s.) des membres étrangers à l’art de bâtir, avant de devenir spéculative lorsque est fondée, à Londres, en 1717, une « Grande Loge », dont les Constitutions demeurent la charte de la franc-maçonnerie universelle. Une longue querelle interne, origine d’une scission, prit fin en 1813 avec l’Act of Union, constitutif de l’actuelle Grande Loge unie d’Angleterre, tenue pour la Grande Loge mère de toutes les grandes loges du monde.

    Les Constitutions de James Anderson, fondateur de la Grande Loge de Londres .Edition originale 1723. (Photo © J.L Charmet Bibli. des Arts décoratifs)

     

    La franc-maçonnerie est introduite vers 1725 en France par des jacobites émigrés. Malgré quelques difficultés avec la police, les loges prennent une rapide extension, mais connaissent aussi une scission et des difficultés.

    En 1773 est fondé le Grand Orient, autorité centrale destinée à rétablir l’ordre. Au XIXe s., les deux grandes obédiences sont le Grand Orient et le Suprême Conseil du Rite écossais ancien et accepté, fondé en 1804.

    Tablier maçonnique d'Hélvétius, porté par Voltaire le jour de son initiation (Photo © J-L charmet-Musée du Grand Orient de France)

     

    La Grande Loge de France, fondée en 1894, conserve la formule du Grand Architecte de l’Univers qui n’est plus reconnu par le Grand Orient depuis 1877.

    En 1913, E. de Ribaucourt ressuscite une franc-maçonnerie régulière en France et constitue la Grande Loge nationale indépendante et régulière, qui prend en 1948 le nouveau nom de Grande Loge nationale française (G.L.N.F.), seule obédience française reconnue par la Grande Loge d’Angleterre.

    Ces scissions expliquent la diversité des rites maçonniques et des grades.

     

    L’esprit de la franc-maçonnerie

    Au XVIIe siècle, en Angleterre, les guerres de religion font rage. C’est dans ce contexte que des hommes épris de tolérance créent des espaces de libre échange où toutes les confessions peuvent se réunir.
    Les fondateurs emploient le vocabulaire et les usages des anciennes corporations de maçons. Ces hommes savaient alors tailler la pierre tendre appelée « free stone ».
    On les nommait donc « free stone masons » ou « freemasons » c’est-à-dire francs-maçons.

    Symboles maçonniques italiens, de l'époque des Carbonari (Photo © I.G.D.A Titus)

     

    Mais les nouveaux maçons ne sont pas des ouvriers bâtisseurs mais des « gentlemen ». Ils défendent avant tout des valeurs d’humanisme, de tolérance et de fraternité.

    Parmi les maçons célèbres, on peut citer Benjamin Franklin, Mirabeau, Jules Ferry, Winston Churchill (de 1905 à 1908), Montesquieu, Voltaire, Arthur Conan Doyle, Mozart, Louis Armstrong, Ford ou Citroën.

    Les fondateurs de la franc-maçonnerie moderne revendiquent l’héritage de tous les maçons qui les ont précédés.
    Ils ont ainsi élaboré un parcours initiatique menant du grade d’apprenti à celui de maître, à l’image des ouvriers bâtisseurs d’autrefois.

     

    L’initiation maçonnique

    Lors de l’initiation, le profane devient un initié. Le profane est reçu avec un bandeau sur les yeux et subit les épreuves de la terre, de l’eau, du vent et du feu. Il meurt alors symboliquement pour renaître franc-maçon et devient apprenti.

    Cette première phase peut durer de quelques mois à plusieurs années. Durant tout ce temps, l’apprenti doit garder le silence afin de comprendre les règles de fonctionnement de la loge.

    Quand il devient compagnon, il peut exercer son droit de parole. De là, il peut passer maître et approfondir son engagement.

    Un franc-maçon qui souhaite intervenir en loge place sa main en équerre sous sa george afin de maîtriser symboliquement sa parole (Gravure du XIXe siècle © Rue des Archives)

     

    Au 18e siècle, ces trois grades ont été enrichis d’une pyramide de hauts grades. Ainsi, le Rite Ecossais Ancien et Accepté, qui est le plus pratiqué dans le monde, comprend 33 grades, de l’apprenti au souverain grand inspecteur général.

    Plusieurs titres évoquent les Templiers comme « grand commandeur du temple » mais également les Rose-Croix « chevalier Rose-Croix ».

    Ce sont des emprunts mais il n’y a aucune filiation réelle entre les Templiers ou la Rose-Croix et la franc-maçonnerie.

    Tablier maçonnique de l'écrivain Joseph de Maistre (Photo © Archives Ed. Atlas)

     

    À la tête de chaque loge se trouve un vénérable, assisté d’un collège d’officiers. À la tête de chaque obédience se trouve un grand maître. Le grand maître de la Grande Loge de France est assisté d’un Conseil fédéral, celui du Grand Orient d’un Conseil de l’ordre, qui jouit de la réalité du pouvoir. Une fois l’an se tient la Tenue (ou Assemblée) de Grande Loge, appelée « convent », à la Grande Loge de France et au Grand Orient. Les obédiences féminines ou mixtes qui existent ici ou là ne sont pas reconnues.

     

    Les symboles de la franc-maçonnerie

    Cette société comporte de nombreux symboles qui doivent permettent aux membres de se comprendre au-delà des barrières sociales.
    Certains sont hérités de la kabbale ou de l’hermétisme mais la plupart proviennent des outils des tailleurs de pierre. L’équerre qui symbolise la rectitude morale ou le compas qui symbolise la maîtrise de soi.

    Sceau maçonnique de Pierre-Philippe Baudel, l’actuel président du Suprême Conseil et Grand Conservateur Général du Rite de Misraim (Musée du Grand Orient de France)

     

    L’inspiration biblique est rappelée par les deux colonnes qui ornent l’entrée des loges.

    On trouve également le soleil et la lune car les maçons travaillent de » midi à minuit ».

     

    Les actions de la franc-maçonnerie

    Les relations de la franc-maçonnerie avec l’Église catholique romaine ont toujours été difficiles. Plusieurs fois condamnée par les papes au XVIIIe et au XIXe s., la franc-maçonnerie semble bénéficier, depuis le concile Vatican II, de la part des catholiques, d’un préjugé plus favorable, Rome restant cependant réticente, notamment à l’égard des loges « anticléricales ».

    Il est vrai qu’au XIXe siècle, les francs-maçons français sont majoritairement anticléricaux. Ils participent, en France, activement au débat sur la laïcité à l’école.
    De nombreux hommes politiques sont alors francs-maçons.

    Les frères ont un engagement républicain et seront les victimes d’une « chasse aux sorcières ». En 1922, le parti communiste interdit à ses membres d’être franc-maçon.
    L’Eglise catholique excommunie les membres. Cette mesure ne sera d’ailleurs levée qu’en 1983.

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement de Vichy a lancé une campagne anti-maçonnique et a dissout les obédiences maçonniques françaises.

    Stephan Meyer, grand maître adjoint du Grand Orient de France, lors d'une commémoration de la libération des camps, en 2005 (Photo © Medhi-Fedouach-STF/AFP)

     

    De nombreux francs-maçons ont été déportés et sont morts en camps de concentration. A tel point, qu’à partir de 1945, la franc-maçonnerie décimée, mettra plusieurs dizaines d’années à reconstituer ses rangs.

    Les effectifs sont estimés aujourd’hui à plus de 6 millions, majoritairement aux Etats-Unis.

    Les loges, en France, sont pour la plupart des associations loi 1901 et il n’y a nul secret sur les noms des membres, déposés en Préfecture. Les loges maçonniques rassemblent plus de 120 000 personnes fédérées en différentes obédiences :

    • Le Grand Orient à tendance laïque
    • La Grande Loge plus spiritualiste
    • La Grande Loge féminine
    • Le Droit humain, obédience mixte la plus importante
    • La Grande Loge nationale française plus traditionaliste

    Il est certain que certains francs-maçons ont voulu utiliser leur appartenance à des fins politiques ou économiques. Certains ont eu des rapports houleux avec la justice. Ces écarts de conduite qui ne font que refléter notre société et non la franc-maçonnerie par elle-même sont autant de points négatifs qui jettent la suspicion sur une société profondément humaniste.

    V.B (20.06.2006)

     

     

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