• Patrimoine français - 4: À la découverte des villages des Maures

     

     

     

     

    À la découverte des villages des Maures

     

     

    Par Florence Donnarel
     
     
     

    Entre Hyères et Fréjus, le massif des Maures déploie maquis et forêts. Perdus dans les bois comme Collobrières ou ouverts vers le large tels Bormes-les-Mimosas, Ramatuelle ou Gassin, ses villages cultivent le goût du beau et bon : fleurs, châtaignes, vins et artisanat.

     

     

     
     
     
    Des guirlandes de figuiers de barbarie courent sur les rochers bordant les lacets qui grimpent vers Bormes-les-Mimosas. 

     

    Le village épouse les premières pentes des Maures, incrustant sur le relief ses maisons saumon, miel et ocre. Au sommet, un château en pierre, veillé par de grands pins. À l’horizon : la mer. Installée sur ces rivages il y a plus de deux millénaires, une tribu ligure faisait commerce du sel d’Hyères et du plomb argentifère du cap Bénat. Le village perché est né au IXe siècle, quand ces « Bormani » se replièrent sur les hauteurs pour s’abriter des pirates et de Sarrazins.

     

     À Bormes-les-Mimosas, Jacaranda et Cuberts

     

     


    Sous le château des seigneurs de Fos, désormais propriété privée, s’étire le quartier médiéval de Bormes-les-Mimosas. Un bouquet de maisons hautes, coiffées de tuiles roses, dans un dédale de rues étroites. Le quartier s’anime près du parvis de l’église Saint-Trophyme, à laquelle sont accrochées les fleurs violettes d’un immense jacaranda. « L’église des présidents », confie avec une pointe de fierté Gérard Daumas, ancien directeur de l’école primaire et mémoire vivante de la commune. « Lors de leurs séjours au fort de Brégançon, Bernadette et Jacques Chirac assistaient aux offices religieux. Et c’est Georges Pompidou qui a offert le cadran solaire de l’église. » 

     

     

     

    En face, les bibis colorés de la boutique d’une modiste annoncent un quartier plus commerçant. « Au sud de la rue Carnot, on bascule sur le quartier du XVIe siècle. À cette époque sont créés des cuberts (passages couverts), pour permettre la circulation entre les rues, dans ce village en étages »,commente notre guide. Des restaurateurs et des artistes ont installé leurs tables et leurs ateliers dans ces oasis de fraîcheur.

     

     

    Bougainvilliers, jacarandas, yuccas... En été, les plantes tropicales criblent de couleurs le paysage. Et le mimosa ? En début d’année, il nappe d’un jaune éclatant les coteaux qui descendent jusqu’à la mer. « Il aime la terre acide des massifs des Maures, de l’Esterel et du Tanneron », explique Julien Cavatore, pépiniériste dans la plaine et collectionneur de mimosas : il détient 180 variétés de cet arbre de la famille des acacias. « Des botanistes anglais ont introduit le mimosa dans les jardins de la Côte d’Azur, au XIXe siècle. Sa croissance rapide, son feuillage persistant dix mois de l’année et sa floraison spectaculaire en hiver expliquent son succès. » 

     

    Collobrières, capitale des Maures et de la châtaigne 
     

    Nous retrouvons l’arbre iconique, escorté de chênes-lièges et d’arbousiers, dans la forêt des Maures traversée par la route tortueuse qui mène à Collobrières. Après un col, les premiers châtaigniers surgissent. Au cœur du massif, blotti dans un méandre du Réal Collobrier (la « rivière aux Couleuvres » en provençal), ce village s’est enrichi grâce au bois.

     

     

    Bouchons de liège, charpente, feuilles et fruits du châtaignier... « Collobrières connaît un âge d’or au XIXe siècle, avec 17 fabriques de bouchons », explique Fabienne Segard, guide de l’association Monts et merveilles des Maures. Une prospérité visible dans les balcons en ferronnerie et les agrafes aux fenêtres des quelques demeures cossues qui se dressent près des maisons rustiques aux murs épais. C’est l’époque où l’on élève l’église Notre-Dame-des-Victoires (1875). De nos jours, elle est masquée par l’imposante voûte végétale tressée par les frondaisons de platanes. L’église originelle de Saint-Pons (XVIe siècle), qui dominait les lieux depuis un affleurement rocheux, est en ruine. Alors que nous faisons le tour de ses façades pour contempler la vallée, nos pas libèrent les effluves de plantes aromatiques sauvages. L’authenticité de Collobrières est touchante : les boutiques de souvenirs sont rares, l’herbe folle perce entre les pavés des calades, les couleuvres se dorent au soleil sur les pierres près de la rivière... Près de la rivière justement, Anneke Lepra tresse des paniers en châtaignier. La castanéicultrice d’origine hollandaise, installée dans les Maures depuis une quarantaine d’années, s’attache à conserver ce savoir-faire vannier. « Le bois de châtaignier est léger, imputrescible, bourré de tanins qui éloignent les insectes. Il ne craint pas l’eau de mer. Les pêcheurs de Port-Cros, les cueilleurs de champignons et de baies l’apprécient », explique-t-elle sans cesser son ouvrage.

     

     

     

    Autour de Collobrières, 900 hectares sont dévolus à la marrouge, une variété sucrée de châtaigne, idéale pour les crèmes et les marrons glacés. Sa culture a été introduite au Xe siècle par les premiers chartreux installés dans les Maures. Tel un vaisseau de pierre, leur monastère émerge d’un océan de verdure sur le site de La Verne. Une étrange vision, alors que nous traversons le massif vers l’est, en direction du golfe de Saint-Tropez.

     

    Gassin, vigie du golfe

     

     

    Le château de Grimaud annonce la frange littorale des Maures et l’adieu à l’épaisse forêt du cœur du massif. Puis Gassin surgit à l’horizon, juché à 200 mètres sur une colline. Depuis la table d’orientation à l’entrée du bourg, le regard s’attarde sur les silhouettes des Maures, de l’Esterel, des Alpes ancrées au large.

     

     

    Gassin ou la vigie du golfe. Le clocher de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption s’est fondu dans une ancienne tour de guet. Les rues pavées semblent de longs tentacules agrippés à la pente. Les maisons prennent même appui sur le rocher. Certaines laissent deviner la richesse de leurs propriétaires passés, avec des portes ornées de serpentine verte des Maures ou de basalte gris. L’année de leur construction est gravée dans la pierre: 1422,1556, 1663... Le rempart du XIIIe siècle n’impressionne plus guère. À l’est, il borde la place deï Barri (soit « place du Rempart »), où tous les restaurants sont regroupés, magnétisés par l’espace et la vue.

     

     

    Un endroit secret, le jardin L’Hardy-Denonain, occupe le coteau en contrebas. Mûriers noirs, grands agaves, caroubiers, buis, plantes aromatiques, iris... foisonnent sur les restanques. Un cabinet de curiosités végétal, avec ses étiquettes d’identification et ses bancs semés partout, comme pour inviter à la contemplation. Marie-Thérèse L’Hardy, chignon gris et sourire bienveillant, cultive depuis près de vingt ans ce conservatoire botanique hérité de sa belle-mère. « Ce jardin participe à la sauvegarde du patrimoine rural de Gassin. Nos aïeux exploitaient les chênes-lièges et les mûriers sur ce ver- sant du village. Ils produisaient aussi des fèves et des pois chiches, et travaillaient la terre à cheval. »

     

    Ramatuelle, l'âme culturelle

     

     

    Depuis Gassin, il faut préférer la route de Paillas à la départementale pour rejoindre Ramatuelle. L’itinéraire, sur une crête, longe cinq moulins, dont un superbement restauré sous la houlette d’une association de passionnés. «À la fin du XVIIIe siècle, il y avait plus de blé que de vigne dans la région. Ramatuelle comptait 20 moulins », rappelle Pierre, l’un des meuniers qui ouvrent l’édifice au public le dimanche. À

     

     

    l’approche du village, on saisit Ramatuelle du regard, sorte de corolle où les pétales sont ces maisons serrées qui déclinent la palette des roses. La forme en escargot, à la vocation défensive, déboussole le visiteur qui arpente les rues du cœur histo- rique, où les murs épais des demeures extérieures servaient de remparts.

     

     

    Cette gangue de pierre ne manque pas de charme : portes anciennes et passages voûtés ponctuent la promenade. De plus, Ramatuelle s’est dotée d’une image culturelle, avec un festival de théâtre créé en hommage à Gérard Philipe, lequel repose dans son cimetière. La manifestation, qui a acquis une certaine réputation, fêtera en 2019 sa trente-cinquième édition.

     

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