• Reptiles - 2: Crotales : Prédateurs mais aussi proies

     

    Crotales : Prédateurs mais aussi proies

     

    L’Amérique du Nord est un continent qui héberge de nombreuses espèces de serpents dont principalement des crotales.

    Le désert de Sonora et le désert de Mojave abritent plusieurs espèces de serpents à sonnette dont notamment le crotale diamantin de l’Ouest (Crotalus atrox), le crotale de Mojave (Crotalus scutulatus) et le crotale cornu (Crotalus cerastes).
    Considéré comme une menace, le crotale subit les persécutions de l’homme. Pourtant, dans ces régions arides, ces serpents tiennent une place fondamentale dans l’équilibre de l’écosystème.

     

    Le crotale diamantin

    Début septembre, dans le désert de Sonora, les femelles crotales viennent de mettre au monde leurs petits.
    Une grande partie du désert de Sonora se situe en Arizona et au sud du désert de Mojave. Dans ce désert chaud, des pluies hivernales stimulent la croissance et la floraison de plantes aux couleurs vives.
    Les cactus sont très nombreux et certains peuvent atteindre 12 m de haut.

    Bien à l’abri dans leur terrier, les femelles mettent bas à la fin de l’été. Les jeunes devront se nourrir rapidement avant  l’hiver qui correspond à leur période d’hibernation.
    A la naissance, les serpenteaux sont déjà totalement formés et mesurent environ 30 cm. Dès lors, ils n’ont plus besoin de leur mère et sont totalement autonomes.

    Une femelle peut mettre bas de 4 à 25 jeunes. Elle ne leur apporte ni soins, ni protection. Au bout d’un jour ou deux, les jeunes quittent le terrier et se séparent. Ils se sont nourris du jaune de leur œuf et peuvent rester un mois sans se nourrir.

     

    Ils possèdent déjà toutes les armes pour chasser. Adultes, ils pourront mesurer plus de 2 m. Cependant, peu d’entre eux arriveront à l’âge adulte. En effet, la mortalité des jeunes crotales est supérieure à 50%.
    La faim, le froid et les prédateurs déciment les juvéniles.

    Le désert de Sonora héberge un rongeur appelé rat-kangourou. C’est une proie idéale pour le crotale.
    Le serpent à sonnette est célèbre pour son bruiteur. Mais, en réalité, c’est un chasseur silencieux qui n’utilise son bruiteur qu’en cas de danger.

    Il chasse souvent à l’affût, principalement des rongeurs. Les Crotalinés détectent le rayonnement infrarouge émis par une source chaude. Cette particularité, qu’ils partagent avec les Pythoninés, leur permet un repérage très précis des proies à sang chaud.
    Les Crotalinés possèdent des fossiles loréales qui sont des cavités profondes situées de chaque côté de la tête, entre la narine et l’œil.
    Ces fossiles loréales sont fermées par une mince membrane où se ramifient plus de 7 000 terminaisons sensorielles.

     

    Crotale

    Crotalus atrox. © dinosoria.com

     

    Le récepteur fonctionne comme un appareil photographique sans lentille.

    Un rongeur dissimulé dans un buisson sera mal perçu visuellement  mais bien détecté thermiquement.
    Par contre, un batracien ou un autre serpent (à sang froid) fera l’objet d’une détection visuelle renforcée et d’une mauvaise détection thermique.

    Une fois la proie détectée, le crotale s’approche silencieusement. L’attaque se fait à une vitesse de 20 cm par seconde environ, bien trop rapide pour le regard humain.
    Les enzymes du venin du crotale diamantin commencent à faire leur effet immédiatement, détruisant les tissus nerveux et provoquant le processus de digestion.

     

    Un venin a toujours plusieurs actions. Cependant, la principale action du venin des crotales est une altération des cellules sanguines (hémotoxicité).
    Ce venin agit sur le système vasculaire causant l’hémorragie, la coagulation et la commotion.

    En moins de 20 secondes, un rongeur meurt. La digestion durera plusieurs jours à plusieurs semaines en fonction de la température extérieure.

     

    Le crotale de Mojave

    Le désert de Mojave (ou Mohave) s’étend dans le sud de la Californie et au sud-est de la sierra Nevada.
    Il s’agit d’un désert d’altitude, pour la plus grande partie située au-dessus de 2000 m. Ce désert est célèbre pour la Vallée de la Mort qui est une exception puisque c’est le point le plus bas des Etats-Unis.

    Le crotale de Mojave est un résident permanent de ce désert. Il mesure en moyenne 1,50 m. La coloration de sa robe varie du gris verdâtre  au  brun jaunâtre.

     

    Crotale de Mojave

    Crotale de Mojave. © dinosoria.com

     

    Nocturne, ce crotale a une particularité : son venin. En effet, contrairement à la plupart des crotales, son venin est essentiellement neurotoxique.
    Il paralyse les muscles du cœur et arrête toutes les autres fonctions neuromusculaires vitales.
    Les toxines présynaptiques inhibent la libération des neurotransmetteurs. On assiste alors à une paralysie progressive des muscles squelettiques et de la face, conduisant au décès par asphyxie.

    Son venin est très toxique, y compris pour l’homme.

    Cependant, il faut savoir qu’un crotale avale ses proies en entier. L’homme est beaucoup trop grand pour être considéré comme une proie.
    Un crotale n’attaque l’homme que si on le menace avec insistance.

     

    Cette espèce chasse comme les autres crotales. Bien que l’attaque soit très rapide, il doit traquer sa proie de très près.
    Il mord la proie puis la relâche jusqu’à ce que le venin fasse son effet.

    La trachée, située le long de la pointe inférieure de la mâchoire, n’est pas souple. Elle reste donc ouverte lorsque le serpent avale sa proie, ce qui lui permet de respirer.
    Après avoir consommé sa proie, il écarte ses mâchoires et les replace dans leur position normale.

     

    C’est la nuit venue que le crotale de Mojave se met en chasse. Sa langue fourchue capture des particules d’odeur qu’elle transfère aux organes sensitifs du palais qui en identifie la source.

    Même dans l’obscurité, les capteurs de température permettent au prédateur de se diriger vers la source de chaleur en mouvement.

     

    Les prédateurs du crotale

    Les forêts de montagne de la Californie du Sud hébergent le crotale du Pacifique du Sud, une sous-espèce du crotale des prairies (Crotalus viridis).

    Le serpent roi de Californie (Lampropeltis getulus californiae)  partage cet habitat avec le crotale. Le serpent roi est reconnaissable à sa livrée au fond brun-noir ornée d’anneaux brun-crème.
    C’est un grand colubridé qui peut mesurer jusqu’à 2 m. Il ne possède pas de venin, c’est un constricteur.
    C’est un chasseur redoutable qui s’attaque volontiers aux crotales.

     

    Serpent roi de Californie

    Serpent roi de Californie. © dinosoria.com

     

    Il arrive à immobiliser sa proie en serrant ses mâchoires très puissantes sur la tête du crotale. Il s’enroule autour de lui et l’étouffe progressivement.

    Bien que la proie soit très grosse, tout en la maintenant avec ses mâchoires, il arrive à la faire glisser le long de sa gorge et à l’avaler en une seule fois.
    Il lui faudra quand même 40 à 45 minutes pour avaler le crotale.

    Le principal prédateur du crotale reste cependant l’homme. Ce dernier emploie de nombreuses ressources pour l’exterminer au lieu de le protéger.

    Chaque année aux Etats-Unis, des rafles ont lieu et des milliers de crotales sont capturés pour être abattus.

    Les instigateurs de ces campagnes annuelles de destruction se justifient en affirmant que les populations se renouvellent rapidement.

    C’est faux car il est de plus en plus difficile de trouver des crotales. Ces dernières années, 7 espèces ont été mises en danger d’extinction aux Etats-Unis.
    De plus, les méthodes de capture portent atteinte à la faune et à l’écosystème.
    En général, on pulvérise de l’essence dans les terriers pour forcer les crotales à sortir. On cause ainsi des dégâts à long terme dans des zones fréquentées, non seulement par les serpents, mais par le reste de la faune.

     

    Crotale du texas

    Crotalus atrox. © dinosoria.com

     

    Les crotales sont pourtant indispensables car ce sont des régulateurs des populations de rongeurs qui peuvent transmettre de graves maladies aussi bien à l’homme qu’au bétail.

    Un crotale mange en moyenne entre 15 et 20 rongeurs par an. Les éleveurs ont d’ailleurs pu constater que la raréfaction des crotales ne leur est pas bénéfique car ils doivent maintenant lutter contre la prolifération des rongeurs et de toutes les maladies qu’ils transmettent.

    Espérons que les autorités des Etats concernés prennent conscience de l’urgence à protéger les crotales en menant deux actions : une protection contre ces campagnes destructrices et une information du public.
    Apprendre à les connaître, c’est apprendre à les respecter. Ce sont deux conditions essentielles pour les protéger.

    V.Battaglia (20.02.2008)

     

    Références principales

    Serpents. Nigel Marvin et Rob Harvey. Editions Solar 2001
    Grand guide encyclopédique des serpents. Editions Artémis 1999
    Les serpents. Documentaire Safari 2005
    Planète Terre. Encyclopédie Gallimard 2004

     

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