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    Boule aux rats

    Le mystère de la boule aux rats où, quand le rat s'infiltre dans nos églises

    Le rat est partout représenté sur nos maisons ou sur nos églises. En cherchant bien, nous en avons débusqué quelques-uns et plus particulièrement ceux représentés sur le motif de la boule au rat.

    Qu'est-ce que la boule-aux-rats ? Il s'agit d'un motif sculpté en pierre ou en bois datant du 15 et 16e siècle que l'on ne rencontre que dans très peu d'églises.

    La boule-aux-rats est une sphère surmontée d'une croix et traversée de part en part par des rats.

     

    Où observer des boules-aux-rats ?

    La boule-aux-rats  du Mans qui se trouve à l'extérieur de la cathédrale sur un contrefort

    Celle de Champeaux en brie qui ne fut pas facile à trouver dans une stalle sur une miséricorde de l'ancienne collégiale. (Une stalle est un endroit réservé au clergé au sein d'une église et une miséricorde est un support placé sous le siège mobile d'une stalle et qui permet de s'asseoir légèrement.

    Boule aux rats

    Boule aux rats de Champeaux. © Clarabellerebelle

    Celle de Carpentras qui se situe au-dessus de la porte juive de la cathédrale St Siffrein

    Les habitants de Carpentras disent qu'il faut avoir vu la boule-aux-rats pour connaître la ville.

    Puis celle de l'église St Germain l’Auxerrois à Paris, au-dessus d'un contrefort, côté nord.

    Rat et chat à Dublin

    Histoire de cette scène: il s'agit d'un chat qui poursuivait un rat et qui sont restés coincés dans les tuyaux de l'orgue de la cathédrale de Dublin en 1850. Ils se sont momifiés dans l'orgue et le chat n'a manifestement jamais mangé le rat . © Philippe Vouzellaud

    Si vous êtes curieux et que vous souhaitez en voir d'autres vous pourrez en trouver une sur une miséricorde des stalles de l'église St Spire à Corbeil Essonne; une autre dans la crypte de l'église St Sernin  à Toulouse, une à l'église St Maurille des Ponts de Cé dans le Maine et Loire ou encore à l'église Gassicourt à Mantes la Jolie dans les Yvelines.

    Interprétation de la boule-aux-rats

     Ce motif demeure un grand mystère malgré plusieurs tentatives d'interprétation. En voici quelques-unes que nous avons trouvées dans le livre de M. Dansel “Notre frère des ténèbres Le Rat” :


    A St Germain l'Auxerrois, les rats qui sortent de la boule sont guettés par un chat. Est ce la représentation des brigands qui, leurs méfaits accomplis, quittent le royaume des ténèbres ? Et qui après avoir dévasté la terre seront punis par le démon, représenté en la personne du chat.

    Boule aux rats

    La boule aux Rats de la cathédrale du Mans. © Clarabellerebelle

    L'abbé Baurit, curé de St Germain l'Auxerrois a avancé cette hypothèse : “Cela pourrait signifier que, bien qu'il ait été sauvé par la croix du Christ, le monde est cependant souvent la proie des méchants, figurés par cinq gros rats à longue queue velue qui, après l'avoir rongé à l'intérieur, par le péché dont ils pourraient être l'emblème, en sortent par les trous qu'ils ont faits. Un chat rappelant le démon est blotti et guette sa proie, attendant le moment favorable pour se jeter dessus.”

     Sur l'interprétation de la boule-aux-rats de Carpentras, certains n'ont pas hésité à y voir les Juifs. Ainsi dans la Médecine et les Juifs (Paris 1940) le Dr Fernand Querrioux écrit que “les Juifs s'étaient déjà montrés si avides, que le sculpteur, soit par ironie soit par vengeance, tailla cette boule qui, dans son imagination, représentait le monde envahi et rongé par les Juifs…”

    Rat sculpté dans une église

    Sculpture de rat sur une église d'Europe. By Traedmawr

    Cette interprétation outrancière ne surprend pas si l'on se replace dans le contexte de l'époque où fleurissent les boules aux rats. En effet la seule vérité spirituelle possible ne pouvait être dictée que par l'Eglise ! Tout le reste était considéré comme du rat ! L'abbé Malbois, un érudit d'origine Vauclusienne a laissé une étude manuscrite dans laquelle il rappelle un massacre d'usuriers juifs à Carpentras, en 1459. D'après lui, il se pourrait que la boule-aux-rats de Carpentras représente ces usuriers rongeant le monde.

     Il se pourrait que la boule-aux-rats de Carpentras, ville particulièrement touchée par la peste, au même titre que l'ensemble de la Provence, figure pour exorciser l'épidémie, considérée comme un châtiment de Dieu. Mais pour souscrire à une telle hypothèse, il faudrait admettre que les sculpteurs du XVe siècle, savaient déjà que le rat, par le biais de sa locataire la plus assidue, la puce, véhiculait l'épidémie.

    Parmi les interprétations les plus générales en voici quelques-unes que nous vous livrons telles des questions sans réponse :

     La prolifération des rats sur le globe terrestre ne représente-t-elle pas la fécondité de l'église?

    Eglise de Carpentras

    Eglise de Carpentras. By Clare and ben. En haut, la boule-aux-rats photographiée par Clarabellerebelle

     Le monde pourrait peut être par ce motif signifier que les rats le ravageront tôt ou tard. Les rats représenteraient ici les hommes rongeurs à l'esprit mauvais qui nous conduiraient vers le chaos?

     L'abbé Paul Arlaud, ancien vicaire de St Siffrein avance l'hypothèse d'un jeu de mots : “il n'y aurait rien d'étonnant qu'au Moyen Age, où l'on goûtait les jeux de mots, on ait pensé à sculpter à l'entrée des églises un jeu de mots en pierre et en latin. Nous aurions dès lors ceci (sens matériel et lapidaire) Ore, mus, domine mundi ; par ta bouche, rat, maître du monde. Ce qui peut être interprété ainsi : le monde, tu en es maître, ô rat, puisque tu le grignotes.

    Rat d'egout

    Rattus norvegicus "rat d'égout". Licence

    Dans son bestiaire sculpté en France, H. Débidour nous propose une autre interprétation : ” les rats creusent une boule sommée de la croix, veulent ils faire penser à la pérennité de la croix dressée sur le monde livré au péché?
    Il est permis d'en douter. Si sagesse il y a, elle est sagesse goguenarde fort salutaire ou parfaitement vaine, comme on voudra la prendre : elle se satisfait dans la saynète malicieuse et saugrenue, avec toute l'inanité pittoresque des proverbes. Et ce sont bien des dictons, littéralement qui sont sculptés sur tant de boiseries françaises, flamandes, allemandes, anglaises, comme Brueghel les peignait dans le même temps…”

    Rat noir

    Rat noir qui joue l'équilibriste. By Piglicker. (CC BY-SA 3.0)

     W. Deonna a publié un article dans la Revue Archéologique (1958), intitulé : “la boule-aux-rats et le monde trompeur”. Par ce motif, nous dit Deonna, “l'Eglise avertit les fidèles qu'ils doivent dès leur naissance songer à la brièveté et à l'incertitude de leur vie, réfréner leurs appétits terrestres, éviter les séductions faciles de ce monde trompeur, qui détruisent leur âme, comme le temps détruit leur corps, comme les rats rongeurs détruisent le monde; qu'ils doivent songer au salut”.

     D'après Pierre Derlon, l'un des grands spécialistes des traditions occultes chez les Gitans, la boule au rat ne serait pas un motif chrétien mais un motif païen. Il s'agirait d'un signe de rassemblement, par analogie avec les rats qui se déplacent en hordes. Ces emblèmes sculptés sur certaines de nos églises, suivant un itinéraire emprunté par les initiés, appartiendraient à une cartographie occulte avec Chartres et Les Saintes Maries de la Mer comme hauts lieux du sacré et comme prétexte à cet itinéraire. Selon ce tziganologue, la boule aux rats serait une réminiscence de la spirale, laquelle, dans la tradition gitane, représente le hiéroglyphe du rat et pourrait aussi symboliser le labyrinthe dont l'importance dans l'hermétisme occidental demeure trop ma connue.

      Pour ma part je serais tentée de repenser à l'histoire de l'homme au puits où les rats symbolisent le temps qui passe inexorablement sur le monde.

    Clarabelle Rebelle (Envoyé par e-mail 18.08.2008)

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    Grand Serpent de l’Ohio

     

    Parmi les bâtisseurs de mounds aux États-Unis, la culture d’Adena a laissé un tertre connu sous le nom de Grand Serpent.
    Ce tumulus se situe près de l’actuelle ville de Peebles dans l’Ohio.
    Nous connaissons les trois cultures indiennes qui ont bâti les mounds, mais par contre un mystère demeure. En effet, nous ignorons toujours pourquoi ils ont construit ces sculptures de terre.
    Il n’est d’ailleurs pas certain que le Grand Serpent est l’œuvre de la culture Adena.

     

    Les bâtisseurs de Mounds

    Les archéologues distinguent trois cultures principales chez les bâtisseurs de mounds :

    Culture Adena : cette culture avait son foyer dans le haut centre-ouest de l’Amérique, entre 1000 avant notre ère et 200 de notre ère. C’était un peuple de chasseurs-cueilleurs puis d’agriculteurs.
    Ce peuple a bâti des tertres funéraires et réalisé des sculptures zoomorphes. La culture Adena a bâti beaucoup d’autres sculptures aux formes géométriques. Certaines sont des alignements.

    Culture Hopewell : cette culture est en partie contemporaine avec celle d’Adena et a fini par la remplacer. Elle s’est épanouie entre 200 avant notre ère et 550 de notre ère, soit à peu près à la même période que celle de Nazca.
    Cette culture amérindienne s'est développée le long des cours d'eau du nord-est et du Midwest des États-Unis.
    Artisans et commerçants, les Indiens de Hopewell et leurs successeurs immédiats construisirent la plupart des mounds et des « forts » en terre.

    Tumulus dans l'Ohio

    L'un des nombreux tumulus dans l'Ohio. By Windsors Child

    Culture du Mississippi : c’est la plus grande culture indienne ancienne. Les archéologues parlent actuellement plutôt de période Mississippi. Elle a commencé vers l’an 600 ou 700 de notre ère. Cette civilisation précolombienne s’est développée dans la basse et la moyenne vallée du Mississippi.
    Sa plus grande réalisation est la métropole précolombienne de Cahokia, sur le site actuel d’East St Louis où a été érigée une immense colline artificielle tronquée, ressemblant à la base d’une pyramide d’Égypte.
    C’est elle qui a assisté à l’arrivée des Européens. En 1539, Hernando de Soto et ses conquistadors traversèrent la région et ne laissèrent derrière eux que mort et désolation.
    En une seule génération, toute la population indienne de la région fut décimée par la variole et d’autres maladies.
    La culture du Mississippi disparut.

    Le Grand Serpent

    Il s’agit d’une sculpture en argile jaune qui ressort sur le sol plus sombre. Ce « serpent » ondule sur plus de 400 mètres.
    Comme toutes les autres masses de terre sculptées, celle-ci s’apprécie mieux vue du ciel.

    Le serpent déroule ses sinuosités le long d’une crête. Il possède 7 anneaux et sa queue est enroulée.
    Sa gueule est ouverte et semble avaler un objet ovale.

    Grand Serpent de l'Ohio

    Grand Serpent de l'Ohio. By Billy Liar

    Le psychologue Thaddeus M.Cowan de l’Université du Kansas a remarqué que le Grand Serpent s’inscrit dans une tradition culturelle mondiale selon laquelle le serpent est le symbole d’événements célestes.
    En Asie, par exemple, l’image d’une éclipse de Lune est un serpent qui avale un œuf. C’est exactement ce que fait le serpent de l’Ohio.

    Selon sa théorie, le serpent représente la Petite Ourse (Petit Chariot), dont le timon se termine par l’étoile Polaire.
    En effet, les courbures du serpent correspondent aux étoiles du timon, et la queue de l’animal s’enroule dans le sens des aiguilles d’une montre, qui est aussi celui de la rotation du Petit Chariot autour de l’étoile Polaire.

    Ce n’est bien sûr qu’une hypothèse, car les bâtisseurs ne nous ont laissé aucune indication. La plupart des tumulus sont des sépultures. On y a retrouvé de nombreux objets qui accompagnaient les défunts : bijoux, armes, poteries…
    Mais, le Grand Serpent ne rentre pas dans cette catégorie.

    Grand serpent de l'Ohio

    Grand Serpent de l'Ohio. Ancienne carte postale (Domaine Public)

    Comme pour les tracés de Nazca, on se demande comment ces hommes ont réussi à dessiner à même le sol une forme aussi parfaite alors qu’ils ne pouvaient prendre aucun repère en s’élevant au-dessus du sol.

    Le Grand Serpent semble avoir été édifié vers la fin de la période Adena. Cependant, d’après des analyses au carbone, cette thèse communément acceptée pourrait être remise en cause.
    Il se pourrait que le Grand Serpent soit plus récent, vers 1050 de notre ère.
    Ce ne serait donc pas l’œuvre de la culture Adena mais de celle du Mississippi.

    Grand Serpent de l'Ohio vu du ciel

    Grand Serpent de l'Ohio vu du ciel. © Karim

    Des sépultures ont été retrouvées à proximité et datent de la période Adena. C’est pourquoi le Grand Serpent leur a été attribué à l’origine.

    Le débat reste ouvert, car les différentes analyses effectuées sont contradictoires.

    Il est également à souligner que d’après plusieurs études géologiques, cet endroit serait un ancien site d’impact d’une météorite. Elle se serait écrasée sur Terre au Permien.

    Aujourd’hui restauré et protégé, le site est devenu une destination touristique.

    V. Battaglia (08.02.2009)

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    Mystérieux aluminium

    L’aluminium est un métal de faible densité, résistant et inaltérable. C’est le métal le plus employé aujourd’hui, après le fer. On ne le trouve pas à l’état pur dans la nature.
    En effet, dans la nature, on le trouve sous forme d’oxyde. Officiellement, l’aluminium n’a été isolé qu’en 1852 et sa fabrication industrielle n’a commencé qu’en 1886 (métallurgie par électrolyse).
    Le procédé industriel est très complexe. Très schématiquement, la métallurgie de l’aluminium est fondée sur la réduction électrolytique de l’alumine obtenue à partir de la bauxite.

     

    De l’aluminium sous l’empereur Tibère

    On dit qu'un jour, au Ier, siècle de notre ère, un obscur artisan offrit une timbale à l'empereur romain Tibère (14-37 de notre ère). Si la beauté de l'objet n'avait rien de remarquable, ses propriétés étaient réellement extraordinaires.
    Le gobelet paraissait d'argent, mais il était léger et extrêmement résistant : lorsque l'artisan le jeta sur les dalles du sol, il ne se brisa pas. Il se bossela, tout comme du bronze, et un léger martelage suffit à le redresser. L'empereur n'en croyait pas ses yeux.
    L'histoire de cet orfèvre et de son étonnant cadeau fut rapportée quelques années après la mort de Tibère en 37 par Pétrone et le naturaliste Pline l'Ancien.

    Tandis que, selon le premier, la timbale était faite « d'une sorte de verre incassable », pour le second, elle était constituée « d'un mélange vitreux très malléable ».

    Alors de quoi était-elle faite ? Pétrone et Pline semblent eux-mêmes assez perplexes. D'après les conclusions auxquelles ont été amenés les spécialistes, fondées sur les allégations des deux auteurs romains, la timbale aurait été en aluminium. Ce métal a en effet l'apparence de l'argent, mais il est plus léger. Relativement malléable, il se travaille facilement. En outre, l'artisan déclara à Tibère que le métal en question était tiré de l'argile - ce qui est justement le cas de l'aluminium.

    Tibere

    Tibère. By thisisbossi

    Si la timbale était en aluminium, l'orfèvre était en avance de plusieurs siècles sur son temps. Bien que composé de substances courantes, l'aluminium métallique est fabriqué à partir de procédés électriques et chimiques d'une grande complexité, sans aucun rapport avec les méthodes de fabrication utilisées il y a 2 000 ans.

    Malheureusement, l'empereur veilla à ce que le mystère de la timbale ne fût jamais éclairci. Craignant que ce nouveau métal n'entraînât une dévalorisation de l'or et de l'argent, Tibère usa de grands moyens pour préserver le secret : il fit décapiter le généreux donateur, abandonnant aux divinités la clé de l'énigme.

    De l’aluminium au IIIe siècle en Chine

    L'orfèvre qui fabriqua à l'intention de Tibère une mystérieuse timbale eut peut-être tort de croire que seuls les dieux partageaient son secret.
    En 1956, des archéologues travaillant sur un site funéraire du IIIe siècle, dans la province chinoise de Jiangsu, exhumèrent une vingtaine d'ornements de ceintures : certains étaient composés de 85 % d'aluminium, allié à du manganèse et à du cuivre. L'alliage se révéla d'une pureté exceptionnelle.

    Aluminium

    Aujourd'hui, l'aluminium est entré dans notre vie quotidienne. By Esparta (Site de l'auteur)

    Pour certains spécialistes, cet alliage serait le fruit du hasard, né d'un incident survenu au cours du processus de fonte. Pour d'autres, cependant, les Chinois pourraient avoir découvert un procédé spécial de raffinage de l'aluminium ne nécessitant pas la formidable énergie engloutie par les fonderies modernes.

    V.Battaglia (12.10.2006

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    Mesa Verde . Chaco Canyon

    La culture Anasazi

    Le parc national de Mesa Verde, dans le Colorado, aux Etats-Unis, a abrité pendant des siècles les Indiens Anasazi.
    On ignore le nom qu’ils portaient à l’origine mais dans la langue des Navajos ou Navahos, on les appelle Anasazis.
    Dans cette région, on a retrouvé de nombreux vestiges de ce peuple, notamment une fabuleuse cité de pierres nichée dans le creux d’une falaise.
    Les Anasazis sont cependant très méconnus et nous ne savons pratiquement rien de ceux qui ont édifié ces pueblos.
    A Chaco Canyon, au Nouveau-Mexique, des peintures et des pétroglyphes semblent démontrer que le peuple Anasazi était de bons astronomes.

     

    Mesa Verde : des palais de pierre

    C’est en 1888 que trois éleveurs partis à la recherche de bêtes qui s’étaient échappées découvrirent Sun Point et plusieurs habitations.
    La découverte de Cliff Palace, cette cité en pierres, date de cette époque.

    Les recherches se poursuivirent grâce à un jeune explorateur suédois, Gustav Nordenskjöld, qui souhaita réaliser une véritable étude archéologique.

    Mesa verde

    Vue panoramique de Cliff Palace. © dinosoria

    Il explora les deux collines appelées Wetherill Mesa et Chapin Mesa. En 1906, Mesa Verde « Table verte », reçut le statut de parc national.
    A partir de cette date, les fouilles archéologiques s’intensifièrent.

    En 1959, le professeur J.S Newberry entreprit une expédition pour le compte de l’armée américaine.

    Mesa verde

    La Spruce Tree House doit son nom au grand pin de Douglas planté devant elle. Construite entre 1200 et 1276, elle comprend 140 pièces et 9 kivas ou lieux de culte

    Il fallut encore attendre 15 ans pour qu’un photographe de l’U.S Geological Survey découvre le premier abri troglodytique dissimulé derrière le vaste plateau.

    Dès lors cette région suscita la curiosité. On y découvrit de nombreux vestiges de ceux qu’on baptisa Anasazi, mot qui signifie dans la langue navajo « les anciens ».

    Mesa Verde

    Le Cliff Palace. Les premiers Indiens Pueblos bâtirent ces villages troglodytes complexes (cliff-dwellings) entre le XIe et le XIIIe siècle. © dinosoria

    Cliff Palace est une structure en briques d’argile et de boue, qui compte plus de 200 pièces. On y dénombre 23 lieux de culte ou kivas, des chambres et des magasins pour stocker les récoltes.

    Selon les archéologues, Cliff Palace, construit vers la fin du XIIe siècle, pouvait abriter environ 250 personnes.

    Mesa Verde. Cliff Palace

    Cliff Palace. © dinosoria

    A Mesa Verde, on a identifié environ 3 900 sites dont plus de 600 habitations troglodytiques.

    La culture Anasazi

    Pendant de nombreux siècles, les Indiens Anasazi ont vécu sur les plateaux du sud de l’Utah et du Colorado et sur ceux de l’Arizona et du Nouveau-Mexique.

    Petroglyphes Anasazi

    Pétroglyphes Anasazi. By John Harwood . (CC BY-SA 3.0)

    L’histoire du peuplement de Mesa Verde dans les premiers siècles de notre ère reste encore très mystérieuse.
    Au stade actuel de nos connaissances, on dénombre quatre périodes successives d’occupation du site :

    • Environ 450 à 700 de notre ère : période Basket Maker III, l'agriculture se généralise (maïs, courges), associée à la chasse et à la cueillette ; outillage lithique, travail de l'os ; développement de la céramique et de la vannerie ; maisons-fosses avec foyers centraux.
      (Certains ouvrages avancent les dates de 200 avant notre ère à 700 de notre ère)
    • Entre 700 et 900 : période Pueblo I : apparition de villages de maisons rectangulaires aux murs de pierre ; kivas cérémonielles
    • Entre 900 et 1100 : période Pueblo II
    • Entre 1100 et 1300 : période Pueblo III qui correspond à la construction de grands complexes architecturaux comme Mesa Verde et également au travail de l'argent et de la turquoise

    Vivant de l’élevage et de la chasse, les premiers habitants de ces lieux se sédentarisèrent pour pratiquer l’agriculture. Ils maîtrisaient déjà la céramique et fabriquaient des vanneries d’où le nom de Basket Makers « fabricants de paniers ».

    Mesa Verde. Culture Anasazi

    Pétroglyphes Anasazi. By Caitlyn Willows . Licence

    Appelées « jacal », leurs maisons primitives étaient de simples puits étayés par des poteaux en bois. Rapidement, ils formèrent de petits villages, d'abord situés au pied des éperons rocheux, puis en hauteur, sur les « mesas ».

    Vers 500 de notre ère, ils fabriquaient des céramiques, des arcs et des flèches et se mirent à élever des dindes.

    Mesa Verde. Structure Anasazi

    Une des 5 grandes kivas sur le site de Far View House que les Anasazis fondèrent à partir du XIIe siècle. By jennlynndesign . (CC BY-SA 3.0)

    A partir de la phase Pueblo II, le peuple Anasazi a changé ses habitudes en matière d’habitation. Ils commencèrent à construire de véritables habitations à la surface du plateau.

    Les maisons se transformèrent en villages que les Espagnols appelleront « pueblos ».
    Au fil des siècles, les villages se transformèrent en villes et vers 1100, le plateau du Colorado connut une croissance démographique.

    Mesa Verde

    Pueblos de Mesa Verde. © dinosoria

    Les kivas étaient de vastes structures souterraines de plan circulaire réservées aux cérémonies et au culte.
    Dans de nombreux cas, les kivas étaient reliées à des structures analogues à des donjons dont la fonction n’est pas vraiment connue.

    On a également retrouvé un complexe monumental entouré d’un double mur d’enceinte, peut-être un temple, baptisé le « Temple du Soleil ».

    On pense que les Anasazis ont construit ces troglodytes pour se protéger. La difficulté d’accès empêchait tout intrus de les attaquer.

    Mesa Verde

    Kivas de Mesa Verde. By Caitlyn Willows . (CC BY-SA 3.0)

    A partir de 1300 de notre ère, les Anasazis abandonnèrent les lieux. Cet abandon est-il dû à la sécheresse et donc la disette ?

    Plus récemment, les autorités locales ont décidé de substituer au terme Anasazi, une appellation plus générale « les anciens habitants du pueblo ».
    Actuellement, plus de 23 tribus, en plus des Navajos, peuvent prétendre être les descendantes de ceux qui ont édifié les constructions de Mesa Verde.
    Ces tribus ont toutes des ancêtres qui ont habité des pueblos semblables dans le Nouveau-Mexique. Cependant, aucun autre édifice n’a égalé la splendeur de Mesa Verde.

    Chaco Canyon: Le mystère Anasazi

    Les plateaux rocheux aux tons ocrés semblent indiquer que les Anasazis s’intéressaient à l’astronomie. D’après certains archéostronomes, ces roches présenteraient un certain nombre de signes tendant à prouver que ce peuple possédait des connaissances développées en astronomie.

    Chaco Canyon

    Chaco Canyon. © dinosoria

    Sur une saillie, à quelques mètres d’une butte très élevée du Chaco Canyon au Nouveau-Mexique, trois imposants blocs de grès déterminaient une fente à travers laquelle le soleil dardait ses rayons, qui atteignaient deux spirales gravées à même la roche.

    Pendant peut-être 1000 ans, ces rayons de soleil indiquaient précisément les solstices d’été et d’hiver, les équinoxes de mars et de septembre ainsi que les jours de l’année où le jour et la nuit ont la même durée.
    Les spécialistes pensent que cet étrange phénomène, auquel on a donné le nom de Dague Solaire, est un calendrier anasazi.

    La mort d’une étoile

    Les rochers du Chaco Canyon semblent indiquer que les Anasazis assistèrent à la mort d’une étoile. En effet, une falaise comporte un rocher qui est orné de trois peintures : un croissant, un disque nimbé de rayons et une main.

    Juste en dessous, un point entouré de deux cercles représente le Soleil.

    Anasazi. Chaco Canyon

    Hansen Planetarium, Salt Lake City. © G. Rownon

    Découverts en 1972, ces symboles apparaissent en d’autres endroits des territoires indiens. Ils illustrent une conjonction astrale occasionnelle : le rapprochement de Vénus et de la Lune.
    Cependant, certains astronomes pensent que ces peintures commémorent un phénomène céleste. Le disque nimbé de rayons pourrait représenter l’explosion d’une étoile.

    Les symboles du Chaco Canyon datent de l’époque où des astronomes chinois enregistraient sur leurs cartes l’apparition d’une étoile, résultant vraisemblablement de l’explosion d’une supernova.
    Cette étoile hôte est apparue le 5 juillet 1054. Le rémanent de cette étoile forme la nébuleuse du Crabe, dans la constellation du Taureau.
    Les pictogrammes anasazis dépeignent-ils cette explosion cataclysmique ?

    Mesa Verde

    Mesa Verde. By John Harwood . (CC BY-SA 3.0)

    En 1979, un astronome de la NASA a reconstitué la voûte céleste de cette nuit de juillet 1054. Cette nuit-là, la Lune, croissant inversé, se trouvait à deux degrés à peine de la nébuleuse du Crabe.

    Des routes sans issue

    Les routes des Indiens anasazis du Nouveau-Mexique sont loin d’être de simples sentiers. Elles constituaient un réseau de 800 km de chaussées très bien conçues.

    Aujourd’hui, ces routes ont presque totalement disparu. Certaines ont 10 m de large et traversaient le désert, tout droit, quelle que soit la configuration du terrain.

    Les Anasazis ne reculèrent devant rien pour tracer des artères rectilignes, n’hésitant pas à creuser la falaise ou à construire des rampes.

    La plupart de ces routes reliaient Chaco Canyon aux communautés. Mais, le plus mystérieux c’est que certaines routes débouchent en pleine nature. A certains endroits, il y a non pas une mais deux routes strictement parallèles.
    La route dite du Grand Nord aboutit sur une butte. Elle ne mène nulle part et par endroits, est jonchée de débris de poterie.

    Pourquoi se donner autant de mal pour construire une route sans issue ? De nombreuses légendes anasazis mentionnent des pèlerinages rituels vers des montagnes sacrées.
    Ces longues routes rectilignes menaient peut-être à des sipapu, orifices à partir desquels il était possible de communiquer avec l’au-delà.
    Peut-être que ces magnifiques chaussées servaient exclusivement à relier Chaco Canyon à quelque monde invisible.

    V.Battaglia (23.05.2006

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  •  Beaux chatons   

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