• Quel goût la viande de dinosaure avait-elle ?

    David Varricchio, paléontologue à l'Université du Montana, a fait une amusante expérience. Il s'est demandé quel goût pouvait avoir la viande de dinosaure. Existaient-ils des différences de saveur entre la viande d'un carnivore comme le tyrannosaure et celle d'un herbivore ?
    D'après lui, on peut faire des hypothèses en fonction du régime alimentaire et de la morphologie de chaque dinosaure.

     

    Pourquoi existe-t-il de la viande rouge et de la viande blanche ?

    La couleur de la viande dépend essentiellement de la teneur du muscle en myoglobine. Et celle-ci dépend du type du muscle, de l'espèce, de la race et du mode d'alimentation.
    En fonction de leur régime alimentaire et de leur activité, les animaux produisent de la viande blanche ou de la viande rouge.

    La myoglobine est présente uniquement dans les muscles. Plus un muscle est sollicité par un effort prolongé, plus le taux de myoglobine est important. Cette protéine donne sa couleur rouge au sang. Elle permet de faire circuler l'oxygène dans les muscles. Sa structure est très proche de celle de l'hémoglobine qui transporte l'oxygène dans le sang.

    Le poulet, par exemple, a une activité musculaire de courte durée. Sa viande est blanche. Un oiseau migrateur comme le canard sollicite ses muscles sur de longues périodes. Sa viande est rouge.

    La différence de taux de myoglobine est également en partie génétique et propre à chaque espèce. De plus, la couleur de la viande qui est vendue actuellement, et qui provient essentiellement d'élevages industriels, est altérée par la mauvaise alimentation et les affligeantes conditions d'élevage de ces animaux.
    Par exemple, la viande de veau n'est pas blanche si l'animal a un mode de vie normal.

    Quelle serait la meilleure viande de dinosaure ?

    Les ornithomimosaures arriveraient en tête du menu, car ils étaient herbivores et avaient une activité physique importante. La morphologie de ces dinosaures prouve qu'ils étaient d'excellents sprinters.
    L'étude des os a montré que leur croissance était rapide.
    Varricchio en a déduit que leur viande était proche des viandes rouges maigres de certains mammifères actuels.

    Les Ornithomimidés « imitateur d’oiseau » pourraient être qualifiés de « Dinosaures Autruches ».
    En effet, leur bec ressemblait à celui des oiseaux. Ils avaient un corps élancé et de longues pattes. Ils se comportaient comme les grands ratites aux ailes rudimentaires d’aujourd’hui, courant à près de 80 km/h pour fuir le danger.

    Gallimimus

    Zoom sur le bec édenté de Gallimimus, un ornithomimosaure. © dinosoria.com

    Si vous rêvez de déguster un Tyrannosaure en sauce, vous seriez sûrement déçu. Il est très peu probable que notre star avait bon gout. Sa chair avait très certainement un goût faisandé et contenait de nombreux parasites.
    Cela fait immédiatement penser à la viande de sanglier au goût très prononcé ainsi qu'aux précautions à prendre avant d'en manger.

    Sanglier

    Si vous mangez un sanglier fraîchement tué, il est impératif de congeler la viande 3 semaines avant de l'ingérer. © dinosoria.com

    En Europe, la trichine est une maladie qui n’affecte pas le sanglier, mais qui est dangereuse pour l’homme qui le mange.
    Causée par un parasite intestinal se développant chez les rongeurs chassés par le sanglier, la trichine se transmet sous forme de milliers de larves enkystées, restant actives très longtemps dans les chairs de l’animal.

    Mâchoires d'un Tyrannosaurus Rex

    Mâchoires d'un Tyrannosaurus Rex. © dinosoria.com

    Les paléontologues ont remarqué qu'il existait des lésions sur les mâchoires de certains Tyrannosaurus Rex. Elles sont peut-être dues à un protozoaire du type trichomonas gallinae qui parasite les oiseaux.L'importance des lésions sur certains squelettes suggère que ces Tyrannosaures ne pouvaient plus s'alimenter ce qui a entraîné leur mort.
    Il est en tout cas certain que le T-Rex était chasseur, mais également charognard ; le menu du jour n'était donc pas toujours très frais et surtout très parasité.

    Reconstitution insolite d'un Tyrannosaurus Rex

    Reconstitution insolite d'un Tyrannosaurus Rex, 1936. The U.S. National Archives

    Les Ankylosaures produisaient probablement de la viande blanche au goût tout à fait acceptable tandis que les Hadrosaures étaient une source de viande rouge.

    D'après ce paléontologue, les théropodes rapides comme Velociraptor produisaient une viande blanche au goût très relevé, comparable à celle d'un rapace.

    Le mets de choix serait le cou des gigantesques sauropodes comme Brachiosaurus ou Diplodocus. On peut comparer ce morceau à de l'araignée ou de la bavette.

    En fait, tout dépend des habitudes alimentaires. En Occident, nous apprécions plus la viande au goût peu relevé, tandis qu'en Asie ou en Afrique, c'est généralement l'inverse.

    V. Battaglia (01.08.2013

     

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    Le nettoyeur des champs

    Vous le verrez souvent tout au bord de la route   
    Ramassant les débris et se gavant de riens.
    Je pourrais me tromper, mais je crois sans nul doute,
    Que s’il n’existait pas, il nous manquerait bien!

    Pesamment il sautille, et son corps noir d’ébène
    Se faufile aisément derrière le talus.
    D’un coup d’aile puissant il s’élève sans peine,
    Car les cieux resteront sa vie et son salut.

    Figure de statue, il règne sur la plaine
    Quand parfois il se pose en haut d’un arbre mort
    Apercevant de loin les meilleures aubaines,
    Il descend lentement, ménageant son effort. 

    Il survole un instant l’attirante charogne,
    Afin de s’assurer que personne alentour
    Ne vise justement identique besogne,
    Et sûr de sa quiétude, il se change en  vautour...

    Arrachant des lambeaux de la pauvre carcasse,
    Il se nourrit très vite, avalant goulûment.
    Il doit se dépêcher car plus tard les rapaces
    Réclameront leur part de ce festin gourmand!

    Mais ce gros passereau n’est pas bien difficile,
    Un grand champ de maïs peut aussi convenir.
    C’est alors tout un vol de ces noirs volatiles
    Qui s’abat sur la manne offerte à leur désir!

    Tels des éclats de jais jetés dans la verdure,
    Ils avancent en ligne au gré des longs sillons.
    Les hommes n’aiment pas les voir dans leurs cultures,
    Et se font prédateurs en vastes rébellions.

    Ils s’échappent soudain, croassant à tue-tête,
    Sachant que chaque jour les cadavres exquis
    Des animaux plus faibles, souffrant de disette,
    Seront là pour combler leur énorme appétit.

    Leur plumage luisant dans l’aurore naissante
    Se couvre de rosée; ils deviennent joyaux,
    Perchés deci-delà, sur des branches cassantes.
    Bientôt va s’allonger l’ombre des grands oiseaux.

    Nicole Bouglouan
     Le 27 Août 1998

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    Le sable gelé prend des formes un peu

    surnaturelles par l'action de l'érosion du

    vent

     

     

    Corentin Vilsalmon 
     

    L'alliance des basses températures et du vent ne donne pas que des rhumes et courbatures fiévreuses. Aux Etats-Unis, près du lac Michigan, l'alliance de ces deux phénomènes de la nature a permi de créer des sculptures totalement naturelles impressionnantes.

     

    C'est Joshua Nowicki, photographe, qui a été le témoin privilégié de ces sculptures. En effet, grâce à l'effet de l'érosion du vent, le sable qui était devenu compact et presque solide grâce au givre a donné naissance à des structures sablonneuses qui ressemblent fortement à des blocs de roches venant de canyons lointains. 

     

     

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    Source :Thisiscolossal.com
     

    Nature en Images 2:  Le sable gelé prend des formes un peu surnaturelles par l'action de l'érosion du vent

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    Douze très bonnes raisons de vous échapper

    en Irlande, pays des Leprechauns

     

    Brice
     
     
     

    Territoire celte, de mythes et de légendes (et de whisky), l'Irlande fait rêver les amoureux de nature brute. Des lacs incroyables, des forêts luxuriantes et autres prairies verdoyantes; pas de doute, l'Irlande est une terre à découvrir de toute urgence.

     

    Le lac du Connemara attire à lui seul des milliers de touristes chaque année. Mais l'Irlande a d'autres atouts à faire valoir, et plus d'un paysage à son arc. En plus de sa faune luxuriante, l'Irlande peut compter sur une culture faite de traditions à savourer avec ou sans modération. Des "Irish pubs" aux salons de thé, des distilleries de whisky aux châteaux et musées, les raisons de vous rendre en Irlande ne manquent pas. En voici quelques-unes, non exhaustives. Vous reprendrez bien une Guinness ?

     

    Pour fêter la Saint-Patrick, le 17 mars prochain

    En ce jour de fête, la population s’en donne à cœur-joie, chantant, dansant, et buvant, beaucoup. Les Pubs Irlandais ne désemplissent pas, les bières se remplissent et se vident à toute vitesse et la musique irlandaise envahit les rues. Les grandes villes en profitent pour organiser de belles parades, comme à Dublin, où O’Connell Street se retrouve littéralement prise d’assaut par les dublinois.

     

    Parce que les irlandais ont inventé le whisky

    Une raison qui devrait à elle seule vous convaincre. Tout commença en 1608, date à laquelle laOld Bushmills Distillery eut la permission de distiller pour la première fois. Autant vous dire que la première cuite au whisky ne date pas d’hier.

     

    Parce que les Irlandais ont inventé la Guinness

    Bien sûr, nous leurs en sommes reconnaissants pour ce coup de génie. Sa plus grande qualité : vous servir de repas tellement la bière est épaisse (le 2 en 1). Quand on peut gagner du temps...

     

    Parce que les irlandais ont inventé l'Irish coffee

    Barista

    Et là vous vous dites, "mais c'est quoi ce poivrot ?". C'est qu'ils sont forts dans l’invention de boissons ces Irlandais. La recette ? Deux morceaux de sucre, de la crème fraîche, du café et du whisky, le tout dans un verre à pied… que demander de plus ? Une Guinness ? 

     

    Parce qu'il y a Dublin

    WP

    Visiter l’Irlande signifie aussi passer par Dublin, une ville aux charmes innombrables qui témoignent du passé. Vous pourrez visiter de nombreux musées gratuitement, comme le musée des écrivains, le musée National, la Cathédrale du Christ Church et sa crypte ou encore des galeries abritant des trésors merveilleux. N’hésitez pas à arpenter les rues pavées, traverser les ruelles à travers les marchés et goûter aux pintes des 1000 pubs parsemés dans toute la capitale. Une Guinness ?

     

    Parce qu'il y a Galway

    shawnsmallsotries

    Galway est une ville où l’on s’amuse tout le temps. De nombreux artistes y ont d'ailleurs laissé leur joyeuse empreinte. En période estivale, vous pourrez participer à plusieurs festivals et événements artistiques. Pensez à visiter les monuments historiques tels que La Collegiate Church Of St Nicholas ou encore la mythique résidence Lynch’s Castle

     

    Pour contempler les sublimissimes falaises de Moher

    Wikicommons / Przemys?aw Sakrajda

    L’Irlande est connue pour ses lacs, ses paysages merveilleux, ses vieux châteaux et ses plaines verdoyantes. Mais le plus impressionnant reste les falaises abruptes de Moher. Elles culminent à plus de 210 mètres au-dessus de l’océan. Le bruit est assourdissant et le vent balaye tout sur son passage. L'endroit idéal pour les aventurier(e)s amoureux de nature brute.

     

    La péninsule de Dingle

    ktylerconk

    Et ses routes étroites, flaquées de vert. Coincée entre les montagnes et l’océan, Dingle est une ville charmante au centre ville pavé de boutiques plus mignonnes les unes que les autres. Une fois votre visite en ville bouclée et votre Guinness engloutie, rendez vous sur la péninsule. Vous apprécierez les paysages sauvages et la douceur du climat, avec un peu de chance.

     

    Le Connemara

    ireland.com

    Si vous cherchez un endroit magique et enivrant, vous devez vous rendre au Lac du Connemara. Pour y accéder, passez par la N59 direction Clifden, ou longez la côte de l’autre côté. Si le temps le permet, faites un tour dans le parc national du Connemara, vous n'en ressortirez que plus vivant(e).

     

    L’anneau de Kerry (ou Ring of Kerry)

     
    Glen Mcclure

    L’une des plus belles routes en Irlande. Que vous soyez en voiture, à vélo ou à pied, vous trouverez de quoi vous rincer l'oeil. Entre les sentiers montagneux, les balades en pleine nature, ou le défilé des plus beaux paysages, tout y est. Pensez à vous arrêter de temps en temps pour immortaliser la beauté et l’originalité des panoramas tout au long de votre voyage dans le parc national de Killarney. Pureté garantie.

     

    Le plateau de Burren

    Pwerkman - Nat.Geo

    Un site étrange et surprenant où la nature reprend ses droits. Le plateau de Burren s’étend sur plus de 100 km², avec des paysages entièrement rocailleux qui inspirent les plus grands écrivains de fantaisie. Notez que J.R.R Tolkien appréciait tellement le panorama que, selon la légende, le nom d’une des grottes – Pol na Gollum – l’aurait inspiré pour le nom du personnage (Gollum, pour le coup).

     

    Et s'il fallait encore vous convaincre

     

    By Jonathan Haring, on Vimeovimeo.com
     

    BONUS - Observer les Leprechauns d’Irlande à l’aide d’une webcam

    by GiovaniKososki
     

    Personnages de petite taille (75 cm), ils s’habillent avec de vieux vêtements et sont coiffés d’un grand chapeau magique qui leur permet de disparaître en un clin d’œil. Ils sont beau parleurs, farceurs et fument souvent la pipe, ça ne vous dit rien ? Mais si, ils fabriquent les chaussures des fées qui les payent en retour avec des pièces d’or. Les Leprechauns sont d’ailleurs très riches, mais ils sont un peu radins sur les bords. Ils préfèrent cacher leurs trésors dans un chaudron. "Légende" vous dites ?

     

    Les administrateurs du site internet irelandseye.com mettent à votre disposition sur leur site internet une webcam implantée dans un lieu tenu secret de la campagne du comté de Tipperary. La caméra est dirigée vers un lieu enchanté, imprégné de magie, où ont eu lieu des apparitions fréquentes de Leprechauns et de fées. On se tient au courant.

     

    Photos-Pays du monde 2:  Douze très bonnes raisons de vous échapper en Irlande, pays des Leprechauns

    Photos-Pays du monde 2:  Douze très bonnes raisons de vous échapper en Irlande, pays des Leprechauns

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    Grandes entrevues Le Bel Âge:

    Louis Garneau

     

    Le Québécois Louis Garneau est devenu un chef d’industrie de calibre international: l’ancien champion cycliste règne maintenant sur une entreprise de 500 employés et vend ses produits dans 45 pays. Rencontre!

     

    Grandes entrevues Le Bel Âge: Louis Garneau

    Louise Bilodeau

     

    Avec son équipe de jeunes designers, il conçoit et fabrique des vêtements et des articles de sport qui accumulent les trophées d’excellence. Cela le rend-il heureux pour autant? Au-delà de la réussite en affaires, qu’est-ce qui fait encore courir Louis Garneau?

     

    La naissance d’un artiste 

    À l’âge de 12 ans, le petit Louis n’a rien d’un athlète : il est maigrichon et n’en impose guère avec son «frame de chat». Puis ses résultats scolaires sont peu reluisants. Ses parents lui font suivre des cours particuliers, car le jeune adolescent n’arrive pas à se concentrer à l’école. On estimerait aujourd’hui qu’il souffre d’un déficit d’attention, mais à l’époque on le disait «dans la lune». En fait, Louis a une passion: les arts. C’est le seul domaine qui l’allume. Quand son professeur, le père Tougas, téléphone à sa mère pour lui conseiller d’orienter Louis vers les arts plastiques, celle-ci se gratte la tête, comme chaque fois qu’elle est perplexe. «Ma mère était une femme qui avait été élevée dans une ferme de la Beauce, raconte Louis Garneau. Le gros bon sens lui indiquait que son garçon ne pourrait jamais subvenir à ses besoins en vendant des tableaux dans la rue du Trésor. Pour elle, les arts sont un passe-temps agréable, pas une façon de gagner sa vie.» 

     

    Le père de Louis, policier de métier, ne s’en mêle pas trop, laissant à sa femme les soucis d’éducation des enfants. Inscrit au cégep, Louis décide de s’orienter vers le droit criminel, une façon de suivre les traces de papa, mais avec un plus. Très tôt, l’étudiant se convainc que les matières traditionnelles ne sont pas pour lui. «Que voulez-vous, ma tête voyage partout. Je suis dans mille projets en même temps. Certains peuvent croire que je suis un malade hyperactif, mais c’est ma créativité qui explose, explique-t-il. J’ai de la difficulté à me concentrer, à moins que le sujet ne soit excessivement intéressant. Et les arts m’intéressent beaucoup.» 

     

    Louis Garneau remplace donc les mathématiques par des cours de peinture et de sculpture, puis le voilà plus tard en arts plastiques à l’Université Laval, la période scolaire la plus heureuse de sa vie. «J’ai fait mon coming out artistique à ma mère, dit-il. Elle s’est gratté la tête et s’est résignée, me faisant confiance, car elle savait à quel point je suis persévérant dans ce que j’entreprends.»

     

    Petit retour en arrière. Si, à 12 ans, Louis Garneau n’a pas la carrure d’un sportif, des entraîneurs savent lui communiquer une passion: le cyclisme. «Les bons coureurs cyclistes sont petits, comme les jockeys sur leurs chevaux, explique-t-il. À ma première course, je suis arrivé avant-dernier, mais mes entraîneurs m’ont pris en main. Ils m’ont appris que dans une compétition tout le monde part ensemble, mais un seul arrive en tête. La leçon est restée gravée dans ma tête. Ils m’ont montré comment gagner. J’ai persévéré et commencé à battre les meilleurs. Je me suis rendu compte que gagner, c’est une formule. Je me suis alors entraîné davantage et j’ai appris les bienfaits de la persévérance et de la discipline. J’ai appliqué cette méthode à tous les aspects essentiels de ma vie, et ça m’a réussi. Quand on se lance dans quelque chose, l’important, c’est de gagner!»

     

    Parallèlement à ses études en arts, Louis Garneau pratique donc la course cycliste. Pendant 14 ans, il multiplie les championnats au Canada, puis à l’échelle internationale. Ses performances culminent en 1994 aux Jeux olympiques de Los Angeles. Quand il court, il arrive fréquemment premier, mais il tombe parfois et réalise que l’équipement offert aux participants est souvent déficient. «J’ai eu froid, j’ai eu chaud, explique-t-il, je me suis fait mal en tombant. En 1976, je me suis assommé et j’ai dû rester alité pendant une semaine. Mon casque n’avait pas résisté à la chute. Le reste de mes accessoires faisait pitié. J’ai fait des courses internationales avec des sacs verts en guise d’imperméables et des gants de caoutchouc achetés dans un magasin à un dollar. J’ai compris qu’il fallait améliorer les casques, les vêtements, tout!» À la fin de ses études, l’Université lui offre une bourse de perfectionnement en arts. Avec cet argent, Louis Garneau achète... une machine à coudre!

     

    Le touche-à-tout ne se contente pas d’être peintre et cycliste. Il aime fabriquer de beaux objets qui lui permettent d’arrondir ses fins de mois. Après ses études au cégep, il installe dans le garage de son père un petit atelier où il confectionne des meubles, des tables et des jouets en bois qu’il vend dans un centre commercial. À 22 ans, il achète une demeure ancestrale abandonnée à Saint-Augustin-de-Desmaures, en banlieue de Québec, et entreprend de la rénover de fond en comble. Il y habite toujours. Avec les restants de bois de sa maison, il fabrique des planches à steak et des armoires. Les commandes affluent. Il visite alors des usines spécialisées, à la recherche de matériaux, et tombe en pâmoison devant les ouvriers qui réussissent à y faire des objets en série. «J’ai été fasciné par ces gens et leurs machines, se souvient-il. Je regardais les convoyeurs, les scies, et j’étais comme un enfant dans un magasin de jouets! Tout ce que j’allais devenir était en train de se dessiner tranquillement.»

     

    Puisque Louis Garneau a constaté que les équipements sportifs vendus en magasin étaient plus qu’imparfaits, il décide de se lancer dans la fabrication de cuissards pour cyclistes avec du tissu de maillots de bain. C’est le début des équipements Garneau. Dans son petit atelier, Louis n’est pas seul. Sa copine Monique, une infirmière rencontrée lors d’une course à vélo, lui donne un solide coup de main. Ils se marient en 1984, et vogue la galère. «Nous avions 2 000$ en banque, se souvient-il en riant, et nous sommes entrés dans notre maison sans nous casser la tête avec des questions d’argent. On a travaillé fort pendant cinq ans, sans avoir le temps d’avoir des enfants.» 

     

    Plus tard, ils en auront trois, qui portent tous des prénoms royaux: William, Édouard et Victoria. Un hasard, paraît-il. Louis Garneau parle de son épouse avec tendresse. «Ma mère me disait de trouver une femme belle et gentille; c’est ce que j’ai fait, dit-il en riant. Monique est tout à l’opposé de moi. Elle n’est pas sportive pour deux sous. En fait, elle est exactement le contraire de moi – une combinaison qui forme les couples les plus solides. Moi, je suis dans l’action, le combat, la performance, la compétition extrême. Elle, c’est la douceur de vivre, l’amour familial, l’amitié, l’écoute. Heureusement que c’est comme ça; je ne souhaiterais pas être marié avec moi. Je ne m’endurerais pas. Je suis trop fatigant à vivre, toujours sur les nerfs, grimpé dans les arbres à faire des projets! Monique est aussi «décrinquée» que je suis «crinqué». Ce soir, par exemple, comme j’aurai eu une journée de fou, elle m’attendra près d’un feu avec une bouteille de vin afin que je me détende un peu, à condition que je délaisse mes appareils intelligents.» 

     

    Eh oui, Louis Garneau est devenu accro à ses Iphones et ses Ipads. «Je ne suis pas sur Facebook, c’est trop personnel, dit-il. Mais il y a 2 000 personnes dans le monde qui me suivent sur Twitter. C’est intéressant pour le commerce, mais il faut faire attention à ne pas se laisser avaler. Dire qu’il y a cinq ans je ne répondais même pas à mes courriels!» Internet et ses milliards de possibilités avaient tout pour séduire l’hyperactif Garneau. Il est en contact constant avec la Chine où il a 75 fournisseurs, avec sa nouvelle usine du Vermont et l’autre au Mexique, sans parler de tous ses points de vente au Canada et à l’étranger. L’homme d’affaires croit fermement que les entreprises doivent prendre le virage du Web si elles veulent survivre. «Dans cinq ans, ceux qui auront manqué le bateau vont disparaître», prévoit-il. Déjà le Groupe Louis Garneau effectue une grande partie de ses ventes sur Internet, et cette part de marché augmente constamment.

     

    Louis Garneau a eu une belle surprise il y a quelques années, lorsque ses deux fils ont exprimé le souhait de travailler avec lui au sein de son entreprise. «J’ai été un bon vendeur, précise-t-il, je leur ai toujours parlé de façon positive de mon métier. J’ai convaincu mes enfants que le vélo est une véritable école: j’ai gagné 125 courses dans ma vie, mais j’en ai perdu 500. On ne gagne donc pas toujours, mais on cherche à se dépasser. Il faut aussi rester humble devant le succès: quelqu’un qui n’a jamais perdu est quelqu’un qui peut devenir dangereux. Préparer la relève est très difficile pour des entreprises familiales: 70% d’entre elles ne se rendent pas à la deuxième génération et 90% n’atteignent pas la troisième. Il faut savoir faire confiance aux jeunes, leur inculquer le plaisir de créer, d’innover et d’être les premiers.»

     

    L’homme d’affaires fait régulièrement du vélo avec ses jeunes designers et leur répète qu’ils doivent rester dignes de leur compétence de classe internationale. «Nous sommes un peuple qui a été colonisé par les Anglais, ajoute-t-il, et ils ont essayé de nous enlever notre langue. Pourtant, nous avons de beaux exemples de réussite en français, comme le Cirque du Soleil. Le Québec est la province canadienne qui entreprend le moins, et ça m’attriste. On devrait valoriser nos talents car nous sommes les plus créatifs au pays. Il faut dire aussi que les gouvernements coupent dans l’aide aux jeunes entreprises, ce qui est néfaste. Il faut investir, relancer le plaisir d’entreprendre. Mais bien des entreprises québécoises à succès ont une déplorable attittude, celle de ne songer qu’à se vendre aux Américains. Nous avons perdu des fleurons comme Bauer et CCM. Il faut arrêter de penser qu‘on a réussi sa vie quand on vend ses actifs. Il faut au contraire exporter notre culture, notre design, il faut qu’on soit un peuple de décideurs et non de sous-traitants ! On manque de confiance en soi et pourtant les exemples sont là: les frères Lemaire chez Cascades, Péladeau père et fils chez Québecor. Ça m’a réussi de garder le nom francophone de mon entreprise; les étrangers nous respectent quand on se tient debout.»

     

    Louis Garneau est un homme qui tient à ses principes. Élevé dans une famille catholique, et toujours croyant, il est persuadé que son rôle est de transmettre les valeurs apprises de ses parents, notamment la générosité. Son entreprise est engagée dans de nombreuses oeuvres caritatives, dont celle des Petits Frères depuis plus de 20 ans. «C’est le comédien Jean Besré qui m’a ouvert les yeux sur la solitude des personnes âgées démunies, dit-il avec émotion. À la mort de Jean, qui était devenu un grand ami, j’ai décidé de prendre la relève. J’organise annuellement une grande course pour venir en aide à ces personnes, et j’ai pu amasser 100 000 $ l’an dernier. J’ai aussi retapé un chalet au lac Saint-Joseph, près de Québec, où les gens âgés vont se détendre et communier avec la nature.» 

     

    Louis Garneau s’occupe aussi d’autres causes, comme la lutte contre le cancer et le Défi Pierre Lavoie, mais celle qui lui tient particulièrement à coeur est située au Rwanda, pays dévasté par le génocide que l’on connaît. Garneau y finance l’équipe nationale de jeunes cyclistes et a même peint une série de grands tableaux pour leur venir en aide. Grâce à la vente de ses oeuvres, il a pu donner 80 000$ à ses amis africains. «Et dire que ma mère craignait que je ne gagne pas ma vie avec mon art», ajoute-t-il en riant. 

     

    Comme tout coureur le sait, les compétitions ont une fin. Celle de Louis Garneau arrivera un jour, mais cela ne l’angoisse pas. «La vie est une aventure, croit-il. On peut prendre de bonnes ou de mauvaises décisions, faire le bien ou faire le mal. J’essaie de mener une bonne vie, et je sais que j’ai une mission à accomplir. On dirait que ma vie est tracée: je n’ai qu’à suivre le bon chemin, avec de bonnes personnes autour de moi. Il y a eu un départ de course et il y aura une fin. Je crois à la vie après la mort. Je prie beaucoup. Je prie mes amis décédés et je sais qu’ils m’aident. Il faut prendre la vie un jour à la fois. Vieillir en couple est magnifique, hélas on meurt rarement en couple. Je n’y pense pas trop. Comme tout le monde, je souhaite mourir un jour sans douleur, sachant que mes enfants vont perpétuer mes efforts.»

     

    Quelques secondes plus tard, il ajoute: «Un jour, le plus tard possible, le guerrier va déposer les armes. Je le dis avec un sourire, car l’Après peut être très intéressant!» 

     

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