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    Je suis distraite, mais ce n'est pas (entièrement)

    de ma faute

     

    La quantité phénoménale d’informations qui nous assaille chaque jour rend presque impossible toute forme de concentration. Et si nous apprenions à gérer notre attention?


    Carol Toller du magazine Châtelaine

     

    Santé-Psycho 2:  Je suis distraite, mais ce n'est pas (entièrement) de ma faute


    Photo: Getty Images Betsie Van Der Meer

     


    J’ai un aveu à faire, et même mon mari n’est pas au courant. Il y a quelques années, j’ai réservé une chambre d’hôtel à Venise pour notre famille: trois lits, coincés dans une pièce minuscule, mais charmante, donnant directement sur la place Saint-Marc. Les commentaires sur TripAdvisor étaient enthousiastes. Je l’ai payée sur-le-champ, puis je suis passée à autre chose. Complètement.

    Au point où lorsque nous sommes arrivés à Venise et que mon mari m’a demandé où nous logions, je n’en avais pas la moindre idée. J’avais un vague souvenir d’avoir cherché sur le web, sans plus. Avais-je vraiment oublié de nous réserver une chambre?

    Vérification faite, aucune trace de cette réservation dans ma boîte de courriels. Alors, j’ai fait ce que toute personne sensée aurait fait à ma place: j’ai paniqué. Et j’ai trouvé en catastrophe une chambre à un prix ridiculement élevé… Quelques semaines plus tard, lorsque j’ai reçu mon relevé de carte de crédit, la réalité m’est tombée dessus comme une tonne de briques: j’avais bel et bien deux notes d’hôtel à Venise.

    Cette mésaventure, jumelée à des douzaines d’autres – moins désastreuses sur le plan financier – m’a convaincue qu’il me fallait dompter mon esprit -distrait et apprendre à rester concentrée, à «garder le focus» comme on dit. Mais comment y arriver entre les lunchs à préparer, les courriels à traiter, les rendez-vous à prendre pour mes parents vieillissants, la gestion des devoirs, la surveillance des activités des enfants sur le web, etc.? Parlant de web… Ah ben, regarde donc ça, un phoque qui lance une pieuvre au visage d’un kayakiste! Comme c’est drôle!

    Le multitâche, un mythe?
    Bienvenue dans l’ère de la distraction, où nous sommes bombardés d’informations par nos téléphones, nos portables et un nombre croissant de gadgets et d’appareils connectés. Même les électroménagers se mettent de la partie!

    Chaque jour, ce flot incessant de données, de mots et d’images qui nous inonde équivaut au contenu de 174 journaux, selon une étude publiée il y a quelques années. En fait, notre cerveau traite aujourd’hui cinq fois plus de renseignements qu’en 1986. Et le nombre d’échanges – par téléphone, courriel ou autre moyen électronique – augmente de 28 % chaque année.

    Bien des femmes tirent une certaine fierté de leur aptitude à jongler avec plusieurs tâches à la fois. Des études démontrent d’ailleurs que les femmes possèdent plus que les hommes la capacité de reprendre une besogne après avoir été distraites.

    Mais ce n’est pas une raison pour se péter les bretelles, selon Daniel Levitin, spécialiste en neurosciences de l’Université McGill. «Ni les hommes ni les femmes ne sont bons dans le multitâche, parce que ce concept n’existe tout simplement pas, dit-il. Notre cerveau ne fait pas plusieurs choses en même temps. Il saute rapidement d’une chose à l’autre.»

    Et ce processus aura toujours un prix. Quand nous papillonnons d’une occupation à une autre, notre cerveau se fatigue, notre concentration s’étiole et nous finissons par tomber sur le pilote automatique – d’où ma mésaventure hôtelière à Venise.

    Ne nous faisons pas d’illusion: le multi-tâche est là pour de bon. Reste donc à s’y adapter. Dans son plus récent ouvrage, Hyperfocus, le gourou canadien de la productivité Chris Bailey propose une approche novatrice pour aider les femmes – et les hommes – à atteindre un niveau optimal d’attention. Il suffit de faire alterner les tâches exigeant une grande concentration et celles qui en requièrent peu (faire une brassée de lavage, consacrer quelques minutes aux réseaux sociaux, observer les oiseaux par la fenêtre, etc.). Cela permettra au cerveau de faire ce qui lui est impossible lorsqu’on se concentre: passer en mode moins balisé, plus créatif. Qui sait, on trouvera peut-être ainsi des réponses à des problèmes qui semblaient jusque-là insolubles! «En ne portant attention à rien en particulier, en laissant mon esprit errer, j’ai découvert que je pouvais établir de meilleurs liens entre mes idées, tout en en générant de nouvelles», écrit Chris Bailey.

    Tentant, non? Je me suis récemment lancée dans l’écriture d’un roman, un terrain encore inexploré pour moi. Deux défis se sont présentés: parvenir à rester concentrée et exploiter ma créativité. J’ai essayé la technique de Chris Bailey pendant quelques semaines. Il recommande par exemple de se fixer un maximum de trois tâches importantes à faire au cours d’une journée (aller chez le coiffeur ne compte pas; écrire 1 000 mots d’un futur roman, oui). Voici comment j’ai appliqué ses principes.

    D’abord, mes trois tâches…
    Le premier matin, j’ai pensé à ce que je voulais accomplir ce jour-là. Rédiger 1 000 mots, méditer et organiser une visite chez ma mère, à Ottawa. Ensuite, j’ai ouvert mon ordinateur et j’ai entamé la partie la plus difficile de la technique Bailey: réduire au minimum les distractions.

    En travaillant à l’ordi, la plupart des gens ne peuvent se concentrer plus de 40 secondes sans que quelque chose vienne capter leur attention, selon la chercheuse américaine Gloria Mark, spécialiste des impacts sociaux des médias numériques. Et après chaque interruption, ils mettent en moyenne 23 minutes à retrouver le niveau de concentration d’avant la pause. Conclusion: même si l’on croit que le multi-tâche permet d’être efficace, la réalité est que chacune des tâches accomplies requiert alors 50 % plus de temps.

    Je n’avais donc pas le choix, je devais éteindre mon téléphone, désactiver les notifications de mon courrier électronique, faire taire Twitter… Tout un défi! Qui s’est soldé par un demi-échec, car je n’ai pas réussi à couper le cordon qui me lie à mon cellulaire. J’aimerais pouvoir dire que c’est parce que j’attendais un appel important, mais ce serait mentir. Je voulais simplement garder le contact avec mes proches.

    Trois heures plus tard, j’avais écrit 254 mots, envoyé huit textos, regardé cinq vidéos d’Aretha Franklin et découvert que deux de mes amies trouvaient que les femmes avaient été trop dures envers Harvey Weinstein. La méditation et la planification de ma visite à Ottawa? Pas commencées. Après tout, deux de mes copines avaient besoin qu’on leur remette les pendules à l’heure.

    Meilleure chance… demain
    Le deuxième jour, j’ai pris la chose plus au sérieux. Je me suis fixé trois objectifs (les mêmes que la journée précédente, de toute évidence), puis j’ai fermé ma messagerie électronique, désactivé toutes mes notifications et ajouté deux nouvelles règles qui ont fait une énorme différence. J’ai programmé dans mon ordi une alerte qui sonne une fois l’heure pour me rappeler de revenir à mes tâches importantes, au cas où je me serais laissé aller à la distraction. J’ai aussi implanté la «règle des 20 secondes».

    La plupart d’entre nous cèdent à la tentation si l’objet de leur désir est à portée de main. Mais si on s’efforce de lui résister pendant 20 petites secondes, il devient tout à coup beaucoup moins attirant. Ainsi, en laissant son téléphone dans un tiroir de la commode ou dans une pièce située à l’étage, on sera beaucoup moins porté à le consulter.

    J’ai suivi ce conseil et le résultat obtenu m’a étonnée. Sans distractions numériques, mes idées se sont succédé de façon régulière et ininterrompue, comme les wagons d’un train. Même quand mon esprit s’égarait, il m’était plus facile de le ramener sur les rails. Avec le soutien occasionnel, je le concède, de l’alerte programmée dans mon ordi.

    Encouragée, j’ai choisi de faire fi d’un autre précepte de Chris Bailey: prendre une pause toutes les 90 minutes, même si on est en train de créer un chef-d’œuvre. Selon lui, ces pauses aident le cerveau à se ressourcer. Travailler sans interruption pendant des heures peut mener à des résultats moins concluants et hypothéquer nos performances intellectuelles.

    Au bout du jour 2, j’avais écrit des heures durant. Incidemment, sur ma production de 680 mots, c’étaient les passages composés en début de journée qui étaient les meilleurs…

    Une femme apprend!
    Troisième jour. Après avoir éteint toute distraction numérique, programmé l’alerte sur mon ordi et réussi à me plonger dans un état d’hyperconcentration, je me suis obligée à prendre une pause après 90 minutes de travail. J’aurais volontiers continué à réfléchir sur la façon de dénouer une impasse dans le cours de mon roman, mais j’ai décidé d’obéir à un autre conseil de Bailey et d’essayer la «fragmentation focale».

    Pendant les pauses, on laisse errer ses pensées. Pour ma part, j’ai enfourché mon vélo et je suis partie en balade. Sans but. Des images de mon roman apparaissaient dans ma tête, en même temps que des idées disparates, comme le rendez-vous chez le coiffeur, la réunion de parents à l’école, etc. Puis, l’éclair de génie est venu. Et si, ai-je pensé, la petite fille n’aimait pas vraiment les éléphants, en fin de compte? Bon, je suis consciente que cette idée ne bousculera pas le cours de l’histoire de l’humanité. Mais pour moi et mon roman, c’était un véritable moment «eurêka»!

    Je suis aussitôt rentrée à la maison pour m’atteler à la tâche pour une autre période de 90 minutes. Pour plus que ça, en fait, je l’avoue, car il m’est très difficile de m’astreindre à cette règle. Quand je suis sur une lancée, j’ai toujours envie de continuer. Bailey, lui, ne déroge pas à ses lois.

    Lorsque je l’ai interviewé, c’était un lundi, jour typiquement fou pour le commun des mortels. Il m’a semblé très détendu. «Aujourd’hui, j’ai planifié regarder des séries sur Netflix, a-t-il laissé tomber. Et d’aller au gym. C’est un jour de relaxation.»

    En entendant ces mots, j’ai décidé de m’en tenir à son programme.

    Plus tard, cette semaine-là, je suis allée voir ma mère à Ottawa. Pendant que nous attendions pour l’un de ses rendez-vous médicaux, j’ai été tentée de sortir mon téléphone cellulaire. Mais j’ai plutôt essayé autre chose: jaser avec maman. Voici ce que j’en ai retenu: ma mère adore la mayonnaise, mais se demande si elle devrait en manger; elle aime prendre les transports en commun; elle s’inquiète pour une amie qu’elle croit prise dans une secte religieuse. Je me rappelle que c’est elle qui a amorcé cette conversation, en s’excusant de l’attente qu’elle m’imposait. «J’imagine qu’on va devoir être à l’ancienne mode et se parler», m’a-t-elle dit.

    Cela paraît peut-être anodin, mais j’ai eu l’impression que, pour la première fois depuis des années, j’ai vraiment écouté ma mère. J’ai aussi senti que je pouvais désormais réserver une chambre d’hôtel à l’autre bout de la planète, et que, cette fois, j’allais me souvenir de l’avoir fait.

    Comment réduire les distractions


    Établir des objectifs précis
    Des tâches comme «aller au gym» peuvent facilement être balayées sous le tapis. Par contre, «aller au gym après le lunch» risque davantage d’être respecté.

    Faire un échange
    Lors d’une sortie entre copines, on peut apporter son téléphone (pour être capable de répondre à un appel urgent, par exemple). Mais on l’échange avec une amie. Ainsi, si on a besoin de faire un appel, ce sera avec le téléphone d’une autre. On y pensera à deux fois…

    Aller au plus court
    On ne consacre pas trop d’énergie à rédiger un courriel. La règle d’or: cinq phrases maximum.

    En garder pour demain
    Si une tâche nous emballe, on ne la termine pas. On sera ainsi plus motivée à se remettre au travail le lendemain.

    Laisser son téléphone de côté
    Ne pas consulter son téléphone – dans une file d’attente, par exemple – libère de la place pour la «fragmentation focale». On laisse son esprit errer plutôt que de l’embourber avec de nouvelles informations.

    Respirer profondément
    La méditation – fermer les yeux et se concentrer sur sa respiration – a un effet tonifiant sur l’esprit et sur la concentration.

     

    Santé-Psycho 2:  Je suis distraite, mais ce n'est pas (entièrement) de ma faute

     

     

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    Naomi Klein: luttons contre la crise climatique!

     

    Naomi Klein, l’activiste altermondialiste des premières heures, parle de l’urgence de la crise climatique, de son rejet d’Instagram et de la responsabilité personnelle de réduire sa consommation.


    Courtney Shea du magazine Châtelaine

     

    Livres à Lire 2:  Naomi Klein: luttons contre la crise climatique!

    Photo: Kourosh-Keshiri


    Il y a quatre ans, le manifeste Un bond vers l’avant, que vous avez cosigné, proposait un plan de lutte contre les changements climatiques au Canada. Un cycle électoral plus tard, qu’avons-nous fait?

    Je dirais que nous n’avons toujours pas commencé à parler franchement des changements climatiques. Jusqu’à maintenant, le Parti libéral actuellement au pouvoir et certains des gouvernements NPD provinciaux se sont contentés de dire: «Nous allons faire certaines choses pour réduire les émissions, mais pas trop et pas trop vite.» Avec pour résultat que les gens ne comprennent pas bien et manquent de motivation, et que le Canada n’atteint même pas les cibles, pourtant inadéquates, qui ont été fixées sous l’administration Harper. Entretemps, les changements climatiques sont devenus une réalité plus visible pour un nombre croissant de Canadiens: pour ceux qui vivent sur la côte ouest, pour qui l’été est devenu la saison des feux de forêt, le changement climatique n’est plus cette abstraction qui inquiète quand on pense aux enfants à naître; le changement est déjà là.


    En quoi le projet de New Deal vert des démocrates américains et votre « bond vers l’avant » diffèrent-ils des précédentes stratégies pour le climat?

    Pour commencer, ils sont tous deux imprégnés d’une mission. Depuis qu’il est question de changement climatique, on estime pouvoir y remédier dans le cadre d’une économie de marché, à l’aide de demi-mesures inspirées du marché comme une taxe sur le carbone ou un système de quotas d’émission. Le New Deal vert envisage un nouveau cadre – un plan d’infrastructures qui va changer le squelette de notre économie [dépendante des émissions de carbone]. Il s’agit de transformer les transports et la façon d’obtenir des sources d’énergie – en fait, de changer notre mode de vie. Les gens s’inquiètent pour certains emplois; mais le New Deal vert permettra aussi la création de nouveaux emplois. Ainsi, le travailleur des sables bitumineux passera du pétrole et du gaz aux énergies renouvelables. Au bout du compte, notre plus gros problème pourrait être une pénurie de main-d’œuvre.


    Qu’est-ce qui est le plus efficace, l’optimisme ou les prédictions apocalyptiques?

    Une combinaison des deux. Si on veut que les gens fassent un bond vers l’avant, il faut leur indiquer où atterrir; sinon, ils ne feront que sauter sur place. Alors, à quoi ressemble l’action? Trop de Canadiens associent l’action climatique à une augmentation du prix de l’électricité ou du carburant. Ils n’y voient que des pertes. Or, les avantages sont réels. Et honnêtement, qui est satisfait du statu quo? Sommes-nous satisfaits du niveau d’inégalité dans le monde? Et que tant de collectivités boivent de l’eau contaminée et voient leurs droits constamment bafoués?


    Selon vous, le changement climatique est non seulement une crise économique, mais aussi une crise spirituelle. Que voulez-vous dire?

    L’histoire qu’on nous a racontée à propos de notre place sur la planète est un mensonge, une illusion selon laquelle nous serions séparés de la nature. Tous les habitants de Porto Rico vous le diraient: nous ne maîtrisons pas la nature et nous ne sommes pas séparés d’elle. Le charbon nous a faussement fait croire que nous pourrions maîtriser le climat et abolir les distances, mais ce faisant, nous libérons du carbone dans l’atmosphère. Et quelques centaines d’années plus tard, la réaction est violente et nous remet à notre place.


    Les détracteurs du New Deal vert disent que c’est un projet chimérique difficilement applicable. Que leur répondez-vous?

    Je leur dirais: quel projet proposez-vous, alors? Il nous faut une stratégie et elle doit s’appuyer sur nos connaissances scientifiques les plus fiables. Beaucoup des grands patrons en savent plus long sur la politique que sur la science climatique. Ils ont l’air sérieux parce qu’ils portent tous des vestons-cravates, mais ils participent à une vraie farce.


    Dans l’un des essais de votre nouveau livre, La maison brûle, vous dites que l’action climatique est incompatible avec notre culture actuelle de l’« éternel présent ». Pourquoi donc?

    Il semble que la crise climatique ait mal choisi son moment pour apparaître sur le radar de l’humanité, car nous sommes tous en train de nous perdre dans nos écrans. Cette absorption dans le virtuel affecte notre capacité de concentration et d’interaction avec notre milieu. Si on regarde en arrière, le New Deal de Roosevelt, qui venait en réaction à la Grande Dépression, privilégiait d’envoyer les enfants à l’extérieur, pour travailler en forêt et dans les fermes à la conservation du sol et à la plantation d’arbres. Ces enfants ont appris à aimer la nature. Il faut rétablir ce lien.


    Attendez, êtes-vous en train de dire qu’on pourrait profiter de la nature sans en afficher des photos sur Instagram?

    Ce n’est pas possible, d’après vous? Bon, d’accord, on passerait moins de temps à faire des égoportraits, mais on en aurait plus pour reconstituer les milieux humides.


    Vous n’êtes pas sur Instagram. Est-ce pour vous protéger?

    En effet. Twitter est assez nuisible comme ça. J’ai déjà l’algorithme de la haine, je n’ai pas besoin de celui de la jalousie.


    Votre ouvrage phare sorti il y a 20 ans, No Logo, a déclenché certaines des premières conversations sur le développement durable et l’image de marque éthique. Êtes-vous fière?

    Il y a maintenant des marques éthiques et une vraie transparence, ce qui est formidable, mais c’est encore un marché de niche, en fait. Le capitalisme est un système incroyablement résilient. Nous esquivons encore la question fondamentale: notre consommation excessive. Selon moi, le changement le plus important, c’est le développement de la récupération, de la consignation, quel que soit le mot actuellement à la mode. Tout le monde connaît les trois R, mais le recyclage est le seul qui a tenu le coup parce que c’est le seul qui nous permet de continuer à consommer sans fin. Or, nous frappons un mur. Et la Chine nous dit: « Nous ne voulons plus de vos déchets! » Cette consommation effrénée n’est tout simplement plus défendable. Réparer est un autre Rimportant. Et refuser.


    Quelles mesures prenez-vous pour réduire votre propre empreinte carbone?

    D’abord, je voudrais dire que l’idée selon laquelle nous pourrions rétablir le climat par notre action individuelle fait, en quelque sorte, partie du problème. Il faut une organisation politique pour obtenir des changements majeurs dans la réglementation, dans la législation. Ce qui ne signifie pas que je ne fais aucun effort. L’une des raisons qui m’ont poussée à accepter le poste de première titulaire de la chaire Gloria Steinem à l’université Rutgers (au New Jersey), c’est mon mode de vie incroyablement coûteux en carbone à cause de mes conférences partout dans le monde. À présent, je prends moins l’avion et j’y pense à deux fois avant de le faire. Je ne mange pas de produits laitiers et je suis végétarienne. Je me triture l’esprit pour savoir si j’ai vraiment besoin d’acheter telle chose ou si je suis simplement mal dans ma peau ce jour-là. Et puis, je suis mère: beaucoup des gestes que je pose au quotidien sont dictés par le fait que j’élève un être humain qui aime passionnément la planète.


    Des conseils à donner aux parents qui tentent de faire la même chose?

    Je ne pense pas qu’il faille exposer les très jeunes enfants aux aspects les plus effrayants de la crise environnementale. Oui, je parle de pollution à mon fils. Mais il faut vraiment éviter que les premiers contacts des enfants avec le monde naturel soient traumatisants; je m’inquiète du fait que beaucoup de jeunes personnes découvrent en même temps les animaux et leur extinction, si bien que la nature elle-même devient un lieu de perte et de danger. Selon moi, ce que nous pouvons faire de plus important pour nos enfants, c’est de les aider à entrer en contact avec la nature et à s’émerveiller. Nous ne nous battons pour protéger que ce que nous aimons.

    La maison brûle – Plaidoyer pour un New Deal vert, par Naomi Klein, Lux Éditeur, 312 pages

     

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    Pour sortir de l’humiliation

     

    Je lisais en ne cessant de m’interroger: qu’est-ce qui me fascinait tant dans ce roman cruel qu’est La mort de Roi? Qu’est-ce qui se cache sous la vengeance d’une femme?

     

    de Josée Boileau de la revue Châtelaine

     

     

    Société - 3:  Pour sortir de l’humiliation

    Photo: Unsplash/Miguel Bruna


    La mort de Roi est le premier livre de la journaliste Gabrielle Lisa Collard. Il met en scène une narratrice, Max, pas vraiment sympathique. Adolescente, elle passe des heures à observer les gens et à s’introduire en douce dans les maisons de son quartier. Et elle se tient dans une farouche solitude.

    Il faut dire que son physique même la met à l’écart: elle est grosse, ce qui dès l’enfance vient avec son lot de moqueries, qui ne cesseront pas en vieillissant. De quoi développer une colère vengeresse qui ira jusqu’aux meurtres.

    Et moi, sans sourciller, phrase après phrase, je restais aux côtés de cette jeune femme-là. Pourquoi donc?

    Je me posais la question parce que je n’aime pas la violence, encore moins crûment exposée. Vous dire le nombre de films à la mode que je ne vois pas! Dans les romans, c’est plus facile, je saute les pages. À la télé, je lève les yeux au ciel chaque fois que la violence se fait complaisante: «C’tu vraiment nécessaire?!».

    En plus, je publierai sous peu un ouvrage qui revient sur l’attentat contre les femmes à Polytechnique il y a maintenant 30 ans, et qui me fait encore frémir après toutes ces années. Non, aucune cause, aucune lubie ne peut justifier un assassinat.

    Mais cette Max tueuse du roman venait chercher quelque chose en moi. Que j’ai finalement identifié dans la dernière partie de ce court récit de 133 pages. Quelques lignes qui vont comme suit:

    «Il s’est retourné vers moi et m’a fait signe d’entrer. Son regard innocent de gars qui n’avait jamais eu à se méfier des inconnus m’a donné envie de rire. Je l’enviais. Quel luxe c’était, de ne pas être conscient qu’on peut à tout moment devenir une proie.»

    C’était ça la réponse: la grande coupure entre les hommes et les femmes nettement dessinée. Comme un concentré du Boys Club de Martine Delvaux qui vient de paraître (éd. du Remue-ménage) et qui décortique sans concession un monde dominé par les hommes.

    Plein de «mais» et de contre-exemples m’étaient pourtant venus en tête en lisant Delvaux, cherchant des brèches pour me laisser respirer face à son implacable démonstration. Tout comme, en repensant à la Max de Collard, je sais aussi qu’il y a des circonstances dans la vie où les hommes ont peur. Dans certains lieux, à certains moments, ne pas avoir la bonne couleur de peau, ne pas avoir le look baraqué, avoir l’air faible ou isolé met en danger face à d’autres hommes.

    Mais pour les femmes, se tenir sur ses gardes est une constante de leur vie et le renversement des rôles ne vient jamais. Elles ne dominent pas, ne suscitent pas la peur, même pas la méfiance.

    Enfin, un peu semble-t-il depuis le mouvement #MoiAussi: dans les milieux de travail, des gars évitent de se retrouver seuls avec elles par crainte que ce soit mal interprété. La comparaison est toutefois boiteuse: les hommes anticipent ce qui pourrait arriver… et ce sont leurs gestes à eux qui sont en cause; les femmes, elles, endurent des situations réelles qu’elles ne contrôlent pas!

    C’est le gars qui te suit dans la rue pour s’amuser à te faire peur, comme l’a dénoncé il y a quelques jours Catherine Éthier, humoriste qui ne l’a vraiment pas trouvé drôle. Ou cet imbécile, pur inconnu, qui, dans un ascenseur bondé, te fait une invitation grossière après une conférence que tu viens de donner et dont tu étais très fière, comme l’a raconté sur Facebook la spécialiste du numérique Nellie Brière.

    Même en dénonçant, ça n’efface pas l’humiliation vécue sur le coup. Et pendant ce temps le Monsieur, lui, ne doute même pas de son droit à la condescendance et à la supériorité de son sexe, qu’avalise souvent le silence de ses pairs.

    Alors Max qui se venge de ceux qui l’ont ridiculisée, tripotée et qui voit la peur qui traverse enfin leur regard, ça nous fait une belle métaphore de la colère retenue des femmes – d’autant que Gabrielle Lisa Collard nous présente ça plus finement qu’un Rambo féminin!

    Oui, il y a un malin plaisir de voir un Monsieur qui plane au-dessus de la gente féminine ramené brutalement sur terre.

    C’est bien pourquoi je garde en tête un incident bien anodin – on n’en ferait pas un roman! – auquel j’ai assisté cet automne dans le centre-ville montréalais: un piéton quinquagénaire qui lance une vulgarité à une cycliste qui passe à ses côtés. La jeune femme ne s’est pas arrêtée pour l’enguirlander, n’a pas non plus filé sans mot dire, n’a même pas répliqué en se moquant. Elle a juste fait un «Ah, ta yeule » d’un ton si las qu’il ramenait la scène à toute son insignifiance. Laissé en plan avec sa provoc’ sans prise, l’autre a paru décontenancé. J’ai largement souri.

    Ç’a ravivé en moi un souvenir d’un tout autre ordre. La fois où, dans un repas d’affaires avec un membre patenté du boys club, la condescendance à mon endroit était si forte que mon orgueil a fini par avoir le dessus: sans égard aux conséquences, je l’ai planté là, au milieu du repas. Et à son air ahuri, j’ai compris que c’était la première fois qu’il vivait un tel renversement de rôle: cet homme fort ne dominait plus la situation. Je l’avoue, ça m’a fait jubiler!

    Et je me dis que ces moments-là de fierté retrouvée, aussi courts soient-ils, sont aussi à recenser.

    ***

    Journaliste depuis plus de 30 ans, Josée Boileau a travaillé dans les plus importants médias du Québec, dont au quotidien Le Devoir où elle a été éditorialiste et rédactrice en chef. Aujourd’hui, elle chronique, commente, anime, et signe des livres. En 2019, elle a publié J’ai refait le plus beau voyage (éd. Somme toute) et sortira sous peu l’ouvrage Ce jour-là, Parce qu’elles étaient des femmes (éd. La Presse) soulignant les 30 ans de la tuerie de Polytechnique.

    Les opinions émises dans cet article n’engagent que l’auteure et ne reflètent pas nécessairement celles de Châtelaine.

     

     

    Société - 3:  Pour sortir de l’humiliation

     

     

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