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    Au néolithique, l'art prend des formes diverses grâce aux sculptures et à la céramique. La civilisation néolithique se définit surtout par l’invention de la pierre polie. L’artiste néolithique se caractérise, lui, par ses talents dans le domaine de la céramique. Cette méthode de fabrication n’est pas nouvelle mais est largement perfectionnée pendant cette période. 

     

    Poterie du néolithique

    Au début du néolithique (vers - 9 000 ans), la technique de la céramique n’en est qu’aux balbutiements. Les formes sont simples et sans aucune décoration.

    Le tour du potier n’a pas encore été inventé et l’on façonne l’argile comme on peut.

     

    Vase du neolithique

    Céramique peinte. IVe millénaire. (Musée d'Israël). © dinosoria.com

     

    Rapidement, la technique s’affine. L’âge d’or de la céramique se situe au néolithique moyen (vers – 5 000 ans).
    Par contre, à partir du néolithique récent (vers – 4 000 ans), la qualité de la céramique se dégrade. Il est probable que l’homme se préoccupe alors davantage de problèmes de production que de l’art.

     

    Sculpture néolithique

    Il semble que les premières sculptures néolithiques soient liées aux pratiques funéraires. L’inhumation se fait dans le sous-sol des maisons.
    Après une période de latence afin que le corps se soit décomposé, la fosse funéraire était rouverte et le crâne en était extrait.
    Certains de ces crânes recevaient alors des traitements particuliers : les traits du visage étaient reconstitués à l’aide de plâtre.

     

    Masque funeraire du Neolithique

    Crâne de Jéricho. VIIe millénaire. Jérusalem. (Musée des Antiquités) . © dinosoria.com

     

    Tous les membres d’une même communauté ne bénéficiaient pas du même respect.
    Par exemple, on constate que les enfants de moins de 15 ans étaient ensevelis dans l’équivalent de nos fosses communes.
    Contrairement à aujourd’hui, l’enfant d’une manière générale ne bénéficiait d’aucun statut privilégié.

     

    Tete de femme. Jericho. Neolithique

    Tête de femme. A Jéricho, les crânes humains font l'objet d'un véritable culte. Ils peuvent être décorés ou servir de support pour un modelage au plâtre. Les coquillages incrustés au niveau des orbites et la peinture rouge soulignent le réalisme. Jérusalem. (Musée des Antiquités) . © dinosoria.com

     

    Toutes les sculptures ne sont pas liées aux rituels funéraires. Les représentations féminines sont très abondantes.
    Au début du néolithique, certaines de ces statuettes sont très proches des Vénus du paléolithique.

     

    Figurines de femmes du Neolithique

    Les figures féminines sont très abondantes au néolithique (Museum of Anatolian Civilization) . By Brewbooks

     

    Peu à peu, la femme est représentée de manière plus stylisée et les formes abstraites apparaissent.

     

    Le Penseur. Statuette en terre cuite

    Le Penseur en terre cuite. IVe millénaire. Roumanie. Cette statuette a été trouvée dans une tombe. On n'a pas encore trouvé d'interprétation satisfaisante sur la position de cet homme. (Bucarest. Musée d'Histoire). © dinosoria.com

     

    Peintures du néolithique en Afrique et en Europe

    Entre 9 000 et 3 000 avant notre ère, le Sahara était un lieu très favorable à la vie. Partout, on retrouve des traces de cette activité humaine.

     

    Peintures de Tassili

    Les chasseurs-pasteurs de l'âge de pierre occupaient le Sahara entre 8 000 et
    3 000 avant notre ère. Peinture rupestre du Tassili. Style des Bouviers. Paris, Musée de l'Homme. © dinosoria.com

     

    Les œuvres les plus anciennes datent du paléolithique supérieur, avant 9 000 ans avant notre ère. Les plus belles œuvres rupestres ont été produites par des populations d’éleveurs entre 6 000 et 2 000 ans avant notre ère.

    Les populations néolithiques ont couvert les rochers de gravures et de peintures vivantes aux couleurs chaudes.
    Dans cette région, 10 000 figures peintes ont été mises au jour en 1944. Cet ensemble, dit du Tassili, couvre une période très longue et raconte le quotidien des populations de cette région.

     

    Art du Sahara

    Chronique de la vie quotidienne. By Gruban

     

    L’une des premières périodes est définie par le style des « hommes à tête ronde ». Les représentations masculines y abondent. Ces hommes ont un corps schématique, une tête ronde et hypertrophiée et sont armés de masses, d’arc et de flèches.
    Certains portent des masques.

    La période suivante, dite des « bouviers », couvre une grande partie du Néolithique. C’est un art narratif. On y voit principalement des troupeaux de bovidés, des scènes de chasse et de la vie quotidienne.

     

    Peinture du Tassili

    Scène de travail. On n'a pas trouvé d'explications à la curieuse position des jambes de ces femmes et enfants. Paris, Musée de l'Homme. © dinosoria.com

     

    La période dite du « cheval » couvre les II et I millénaires (âge des métaux). Ces peintures retracent l’apparition d’envahisseurs montés sur des chars mais c’est également une période où les chevaux étaient utilisés pour le transport. C’est pourquoi de nombreuses peintures représentent des cavaliers.

     

    Faune du Sahara au Neolithique

    La vie animale était foisonnante dans le Sahara. On y trouvait de nombreux animaux sauvages aujourd'hui disparus. By Gruban

     

    La dernière période est celle dite du « chameau ». Elle commence vers environ 100 ans avant notre ère. Le chameau remplace peu à peu le cheval sur les fresques.
    Nous quittons alors la préhistoire pour entrer dans l’histoire avec la présence de l’alphabet touareg.

     

    Peinture du tassili

    Peinture du Tassili. Femmes assises et chasseurs qui rentrent. Paris, Musée de l'Homme. © dinosoria.com

     

    Ces merveilleuses fresques font du Sahara un véritable centre de l’art néolithique. C’est l’un des plus riches au monde.

    En Europe, c’est en 1903 que l’on découvre en Espagne les premières peintures rupestres du néolithique.
    Les peintures sont de petites dimensions. Le thème de prédilection des artistes est la vie au quotidien.

    V.Battaglia (11.2004)

     

    Références principales

    L'histoire de l'art. Editions Larousse 1996
    La révolution néolithique, l’histoire du monde N° 1, éditions Larousse 1993

     

    Archéologie:  Poterie du néolithique

     

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    L’art du paléolithique est connu du grand public grâce aux fresques retrouvées dans les grottes. Mais, cet art ne se limite pas aux peintures.
    C'est également au paléolithique que les Vénus sont nées.

     

    Les plus anciennes sculptures

    Vénus de Berekhat Ram

    Taillée dans du tuf basaltique, cette figurine a été découverte sur le site acheuléen de Berekhat Ram, à la frontière israélo-syrienne.
    Ce serait la plus ancienne sculpture du monde.

    Œuvre probable d’Homo erectus, la statuette a été retrouvée entre deux niveaux de cendres volcaniques datés de 230 000 ans et 800 000 ans.

     

    vénus de Berekhat Ram

    Vénus de Berekhat Ram. © dinosoria.com

     

    Face aux doutes soulevés par cette découverte, les analyses microscopiques effectuées par l’anthropologue américain A.Marchack ont incontestablement démontré que cette figurine a été taillée par l’homme.

    Une autre création d’Homo erectus aux formes humaines plus marquées a été dégagée en 1999, à Tan-Tan, dans le sud du Maroc.
    Son âge se situerait entre 300 000 et 500 000 ans.

     

    Les Vénus d'Homo sapiens

    Homo sapiens a laissé des signes et des images par milliers. Les premières figurations du culte de la fécondité apparaissent entre 35 000 et 30 000 ans.
    Il s’agit de représentations à caractère sexuel dont certaines sont très réalistes. La plupart sont féminins.

    Ce sont des statuettes de femmes aux rondeurs disproportionnées. Elles ont été retrouvées dans toute l’Europe et en Sibérie.

     

    Venus de Willendorf

    Vénus de Willendorf haute de 11 cm en Calcaire. (Musée d'Histoire naturelle de Vienne). © dinosoria.com

     

    Elles partageaient toutes un mode de fabrication commun. Elles sont hautes d’une dizaine de centimètres. Elles sont dotées de seins et de ventres énormes ainsi que d’un visage sans traits.

    Toutes ces statuettes ont été sculptées entre 27 000 et 17 000 ans.

    Façonnées dans différents matériaux (ivoire de mammouth, bois de cervidés, os, pierre, argile), ces Vénus sont nues pour la plupart.
    Beaucoup paraissent enceintes. Leur symbolisme est évident : fécondité, grossesse, reproduction.

     

    Venus de Laussel

    Vénus de Laussel ou « Dame à la Corne ». 44 cm de haut. Bas-relief sur roche. Musée d'Aquitaine. © dinosoria.com

     

    Le plus souvent, les têtes des statuettes ne sont que sommairement esquissées. La Dame de Brassempouy est une exception. Cette tête en ivoire qui ne mesure que 3,8 cm est l'un des rares témoignages de la représentation d'un visage humain. Elle est datée de 22 000 ans.

    La Vénus de Laussel ou « Dame à la corne » est un exemplaire intéressant. C'est l'une des rares figures féminines à tenir un objet. En l'occurrence, il s'agit d'une corne de bison.

     

    La danseuse de Galgenberg

    On l’appelle « Fanny » ou encore « la Danseuse ». Elle a été découverte en 1988 près de Stratzing, en Autriche.
    Haute de 7,2 cm, cette représentation féminine vieille de 32 000 ans a été sculptée dans du schiste vert.

    Elle ne ressemble nullement aux opulentes Vénus ultérieures. Elle s’apparente plus à une jeune danseuse.
    Son sein gauche est déporté par un mouvement que l’artiste a très bien suggéré.

     

    Venus. La Danseuse

    Vénus baptisée « La danseuse ». © dinosoria.com

     

    De même, la Dame à la capuche, trouvée à Brassempouy (Landes, en France) qui date de 29 000 ans, semble trop frêle pour incarner une lourde déesse de la fertilité.

     

    Dame de Brassempouy

    Dame de Brassempouy. (Musée des Antiquités nationales). © dinosoria.com

     

    L’aurignacien n’était peut-être pas plus matriarcal que ne l’est notre époque.

    V. Battaglia (07.2004). M.à.J 07.2012

     

    Bibliographie principale

    La femme des origines, image de la femme dans la préhistoire occidentale, Claudine Cohen, Belin-Herscher, 2003
    Au cœur de la Préhistoire, Chasseurs et Artistes, Denis Vialou, Découverte Gallimard, 1996
    Préhistoire des religions, Marcel Otte, Masson, 1997
    Les premières idoles, Sciences et Avenir, janvier 2004

     

    Archéologie:  Les plus anciennes sculptures

     

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    Égypte: découverte de deux nouvelles

    tombes

     

    Les inscriptions et les dessins sur les murs... (Photo AFP)

     

    Les inscriptions et les dessins sur les murs laissent entendre que la sépulture aurait été construite entre les règnes des rois Amenhotep II et Thoutmosis IV, deux pharaons de la 18e dynastie.

    PHOTO AFP

     
     
    NARIMAN EL-MOFTY
    Agence France-Presse
    LOUXOR, Égypte
     
     

    Deux petites tombes vieilles de 3500 ans ont été découvertes à Louxor, dans le sud de l'Égypte, a annoncé le gouvernement égyptien, samedi.

    Deux tombes avaient été découvertes dans les années 1990 par l'archéologue allemande Frederica Kampp qui avait seulement atteint leurs portes «mais n'y était jamais entrée», a précisé le ministère dans un communiqué.

    Ces tombes pourraient dater de l'époque du Nouvel Empire, qui a duré plusieurs siècles jusqu'à il y a environ 3000 ans. Depuis leur découverte, elles étaient restées «intouchées» jusqu'à ce qu'une nouvelle mission archéologique s'y intéresse, selon le ministère.

    Dans la première tombe, les archéologues ont découvert, outre des objets funéraires, «une momie enveloppée dans un tissu de lin» qui, selon des études, serait «un haut responsable ou une personnalité puissante», a ajouté le ministère.

     

    Il pourrait s'agir d'une personne nommée «Djehouti Mes », dont le nom est inscrit sur l'un des murs.

    Mais la tombe pourrait aussi appartenir au «scribe Maati» dont le nom ainsi que celui de sa femme «Mehi» apparaissent sur des dizaines d'objets funéraires trouvés dans la sépulture, toujours selon la même source.

    Le nom du propriétaire de la seconde tombe n'est pas connu. Celle-ci contient une fresque représentant «une personne, probablement le frère du défunt présentant des offrandes et des fleurs au mort et à sa femme».

    Le ministre des Antiquités Khaled Al-Anani a annoncé ces découvertes à Louxor dans la nécropole de Draa Aboul Naga, non loin de la Vallée des rois, connue pour abriter les tombeaux de nombreux pharaons, dont le célèbre Toutankhamon.

    L'Égypte a récemment donné son feu vert à plusieurs projets archéologiques dans l'espoir de faire de nouvelles découvertes, au moment où le secteur touristique, pilier de l'économie, peine à véritablement décoller, après des attentats meurtriers ces dernières années.

     

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    Deux archéologues et la momie découverte, vieille de 3500 ans. Photo AFP

     

    Archéologie:  Égypte: découverte de deux nouvelles tombes

     

     

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    Mont-Saint-Michel : découverte d'un ancien cimetière et d'une fortification médiévale

     

    Les fouilles se poursuivent toujours sur la commune du Mont-Saint-Michel, à l'histoire longue et complexe, entre édifications, sièges militaires et fortifications. Après une décennie d'études, entre 2005 et 2015, qui ont révélé quelques épisodes méconnus, ce sont des travaux d'intervention sur les réseaux dans la Grande rue, près de l'église, qui ont, par surprise, exhumé une fortification médiévale et un cimetière paroissial. Ils vont être examinés de près.

     

    En 2005, une équipe de l'Inrap avait mis au jour de nombreux moules en schiste destinés à la fabrication d'enseignes de pèlerinage, à l'emplacement d'un atelier de production daté des XIVe et XVe siècles, près de l'entrée de l'abbaye du Mont-Saint-Michel. La variété et la qualité de ces pièces en font aujourd'hui une collection de référence en archéologie médiévale. En 2011, les archéologues ont révélé les vestiges d'une tour des fortifications, la tour Denis, ouvrage édifié vers 1479 et détruit en 1732. En 2015, d'anciennes maisons, donnant sur la grève et détruites en 1368, ont été étudiées.

     

    Dans l'abbaye, l'Inrap a suivi plusieurs chantiers de restauration conduits par l'architecte en chef des Monuments historiques dont les opérations importantes menées sur la Merveille, sur l'ancienne Hôtellerie de Robert de Torigny et sur les Logis abbatiaux. Aujourd'hui, la recherche des fortifications et de la porte du XIIIesiècle a permis la découverte, inattendue, du cimetière paroissial.

     
    Sous les pierres des bâtiments, des restes humains témoignent de la présence d’un cimetière, dont les historiens connaissaient l’existence mais que l’on pensait perdu. © Emmanuelle Collado, Inrap

    D’anciennes fortifications réapparaissent... et révèlent un cimetière médiéval

     

    Dans le cadre des travaux de réfection des réseaux menés par la commune du Mont-Saint-Michel, les archéologues de l'Inrap recherchent aux abords de l'église paroissiale, la fortification du XIIIe siècle et la porte du village, mentionnés dans un texte du XVe siècle : « Ledit d'Estouville et les moynes les firent renforcer l'an 1425, auquel temps la porte de la ville fut changée, estant vis-à-vis de l'église paroissiale, elle fut mise là où elle est à présent » (Le Roy, rééd. Decaëns, 2008). En 1204, les Bretons, alliés de Philippe-Auguste, roi de France, font le siège du Mont-Saint-Michel et mettent le feu au village et à l'abbaye : « le tout fut facile à faire aux Bretons, car la ville n'estoit point close de muraille mais de pallis de bois seulement » (même source).

     

    En 1256, sous l'impulsion de l'abbé Richard Turstin, une nouvelle enceinte en pierre est édifiée. C'est cette enceinte, arasée depuis, que les archéologues pensent avoir décelée sous la forme d'une large tranchée de récupération. Située dans l'axe du rempart conservé au sud de la tour Nord, cette tranchée opère un retour à angle droit vers l'ouest, marquant une chicane qui pourrait indiquer l'emplacement de la porte.

     

    Mais les travaux ont également révélé la présence du cimetière paroissial, pensé détruit par l'installation des réseaux en 1913. À l'origine, ce cimetière s'étendait sur un rayon de 30 m environ autour de l'église. Au moment de l'édification de la muraille de Turstin, le village semble se rétracter et une partie de ce cimetière est abandonnée. Abîmée, tronquée, bouleversée par les aménagements postérieurs, la trentaine de sépultures sauvegardées permet cependant aux anthropologues de recueillir de précieuses informations sur l'organisation des inhumations. Des datations au carbone 14 et des études archéo-anthropologiques permettront une meilleure datation et la détermination de l'âge, du sexe et des éventuelles maladies ou carences des défunts. Ces données offriront ainsi un aperçu de la population du village du Mont-Saint-Michel avant le XIIIe siècle.

     

    Par ailleurs, le cloître de l'abbaye va faire l'objet de travaux visant à retrouver les niveaux d'origine des sols, exhaussés lors d'une phase de restauration. La fouille et l'étude de bâti menées à cette occasion documenteront l'état initial du cloître et ses éventuelles évolutions. Les études archéologiques menées au Mont-Saint-Michel par l'Inrap depuis 2001 abordent des aspects effleurés par les études historiques. Touchant à la fois l'abbaye, le village et les fortifications, elles permettent de renouveler et préciser l'histoire riche et mouvementée du Mont.

     

     
     
    Une vue interactive pour un vol à piloter à la souris, réalisée par Christophe Martinez, d’Altibreizh à partir d’images aériennes. © Altibreizh
     
     
     

    Archéologie : découvrez le passionnant travail de l'anthropologue 

    Lors de recherches archéologiques, il n’est pas rare de trouver d’anciens sites

    d’inhumation. Ces tombes renferment en général de nombreux indices

    et témoignages des civilisations passées que l’anthropologue saura

    interpréter précisément. 

     

    Archéologie:  Mont-Saint-Michel : découverte d'un ancien cimetière et d'une fortification médiévale + vidéo

     

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    Les plus belles grottes ornées du monde

     

    Xavier Demeersman, Futura-Sciences

     

    Nous connaissons plusieurs centaines de sites d’art pariétal dans le monde. Combien en reste-t-il à découvrir ? Combien de chefs-d’œuvre restent encore cachés ? Voici cinq des grottes ornées les plus anciennes et plus belles connues.

     

    Quand débute l'histoire de l'art ? Il y a quelque 18.000 ans à Lascaux ? Non. Alors, il y a près de 40.000 ans dans la grotte Chauvet ? Certainement pas. En effet, et les préhistoriens en sont persuadés, bien d'autres œuvres artistiques qui ont survécu aux injures du temps restent à découvrir, sans doute aussi bouleversantes que celles que nous présentons ici.

    Peut-être les premières traces d'expressions artistiques sont-elles beaucoup plus anciennes et remontent aux origines de Homo sapiens sapiens -- l'Homme qui sait qu'il sait --, il y a environ 200.000 ans (voire plus, avec l'apparition du genre Homovoici trois millions d'années...).

    Mais au fait, l'art est-il uniquement l'apanage de notre espèce ? Pas vraiment, comme le proposent de récentes découvertes suggérant que Néandertal avait des pratiques artistiques (voir notamment « Grotte de Bruniquel : les stupéfiantes constructions de Néandertal »), au contraire de ce qu'on a longtemps pensé.

    On ne connaît pour l'instant que trois centaines de grottes ornées -- ou abris sous roche -- datant du paléolithique. Plus de la moitié (186) se trouvent en France et la majorité du reste se situent en Espagne. Voici un aperçu de cinq d'entre elles, parmi les plus belles et remarquables connues à ce jour.

    Nous ne les comprenons pas bien encore, plusieurs interprétations s'affrontent toujours. Toutefois, cette incompréhension n'interdit pas l'émerveillement. Ce mot revient d'ailleurs sans cesse dans la bouche de ceux qui ont eu la chance de contempler de leurs propres yeux, sur place, les originaux de ces chefs d'œuvres.

     

    La grotte de Lascaux, « chapelle Sixtine de la préhistoire »

    De toutes les grottes ornées, Lascaux est sans conteste l'une des plus célèbres. Depuis sa découverte en septembre 1940 par quatre adolescents, un chien et un lapin, les peintures et dessins d'animaux, notamment des bovidés, équidés et des cervidés, de celle que l'on surnomme souvent « la chapelle Sixtine de la préhistoire » stupéfient et bouleversent quiconque les admire. Que ce soit les originaux, classés en 1979 au Patrimoine mondial de l'Unesco, ou les copies de Lascaux 2 (et bientôt Lascaux 4 dont l'ouverture est prévue le 15 décembre 2016), à 200 mètres de là.

    « Nous n'avons donc rien inventé ! » avait déclaré à leur sujet Pablo Picasso qui, comme beaucoup de ses contemporains, s'est inspiré de l'art de ces ancêtres du sud-ouest de la France, et aussi de l'Espagne (voir plus bas, Altamira), il y a environ 18.000 ans.

    Pour une visite virtuelle de la grotte  www.grottechauvet2ardeche.com/ 

     
    Pourquoi les peintures et gravures de la grotte de Lascaux nous touchent-elles autant ? Ici, le quatrième taureau visible dans la fameuse « salle des taureaux », sur le panneau de l’ours, près de l’entrée. La peinture de cet auroch noir s’étend sur 5,6 mètres, depuis l’extrémité de ses cornes jusqu’à sa queue. Différentes techniques ont été employées pour exécuter cette œuvre, l’une des plus emblématiques du site. Un signe en forme d'étoile est représenté devant l’animal. Les points alignés devant et aussi au-dessus de son épaule intriguent également et sont sujets à de multiples interprétations. Quel est le sens de ces peintures ? Y a-t-il des allusions à des groupes d’étoiles telles les Pléiades, que l’on peut observer justement dans la constellation du Taureau ? © MCC

    Splendeurs de la caverne du pont d’Arc

    Située à quelques pas du magnifique site géologique du pont d'Arc en Ardèche, la grotte, découverte fin décembre 1994 (son existence sera révélée au grand public en janvier 1995) par Jean-Marie Chauvet, Éliette Brunel-Deschamps et Christian Hillaire, surprend par son ampleur et bien sûr la beauté des nombreuses œuvres qui ont été gravées, peintes ou dessinées au fusain. On n'ose imaginer l'émoi des découvreurs qui venaient de pénétrer dans ce sanctuaire fermé depuis des millénaires. Un choc esthétique et aussi scientifique pour les spécialistes car, en effet, quelque temps après la découverte, ils apprenaient que ces fresques de la préhistoire (que l'on peut voir aussi à certains égards comme l'ancêtre du cinéma, du dessin animé, etc. ; voir à ce sujet « Quand Homo sapiens faisait son cinéma ») sont âgés d'environ 35.000 ans ! Voilà qui bouleversa les conceptions sur l'histoire de l'art. Parmi la grande variété d'animaux représentés, fait assez rare, figurent des rhinocéros (il en existe très peu de représentations en Europe).

    Plusieurs morceaux de charbon de bois et de fusain sont encore présents au sol (parmi des restes d'ours des cavernes qui fréquentaient aussi les lieux), comme si les artistes les avaient laissés hier... Combien étaient-ils d'ailleurs ? Les œuvres se superposent, toutes ne sont pas de la même période. On peut reconnaître deux groupes de styles. La grotte Chauvet-Pont d’Arc regorge de chefs-d'œuvre témoignant d'un sens aigu de l'observation de ceux qui les ont exécutés.

    À l'instar de Lascaux, il existe aussi une réplique à visiter à proximité du site original, près de Vallon-Pont d'Arc, et une visite sur le site suivant:   www.grottechauvet2ardeche.com/ 

     
    Depuis le 22 juin 2014, la caverne du pont d’Arc, en Ardèche, est classée au Patrimoine mondial de l’Unesco. On voit ici une grande fresque de la salle du fond. Une scène de chasse ? À droite, plusieurs représentations de lions avec différentes attitudes (aux aguets ?) apportent du dynamisme à la scène. Idem à gauche, où l’artiste semble vouloir animer les rhinocéros. © Jean Clottes, grotte Chauvet-Pont d'Arc

    Altamira, premier ensemble d’art rupestre découvert

    Découverte en 1868, la grotte d'Altamira, située à Santillana del Mar, au nord-ouest de l'Espagne, est le premier site d'art rupestre reconnu (les peintures furent découvertes en 1879). À l'époque, beaucoup n'admettaient pas l'authenticité de cette œuvre peinte pour l'essentiel il y a entre 22.000 et 13.500 ans dans une galerie longue d'environ 270 mètres. Le bison des steppes est le plus présenté des animaux.

    « Quand j'ai visité pour la première fois Altamira, j'ai pensé "c'est comme revenir à l'origine, c'est l'endroit le plus fertile". Croire que l'art a beaucoup avancé d'Altamira à Cézanne est une prétention occidentale vaine » a écrit à son sujet le peintre contemporain Miquel Barceló (l'artiste a supervisé les reproductions de Chauvet), inspiré par cette œuvre des Magdaléniens.

    Le site a été inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité en 1985.

     
    Bisons et biches peints dans la grotte d’Altamira, située au nord de l’Espagne, à quelques kilomètres de Santander. © Yvon Fruneau, Unesco Photobank

    La Cueva de las Manos, l’un des plus anciens sites archéologiques d’Amérique du Sud

    La Cueva de las Manos (la grotte des mains) est un fabuleux ensemble d'abris sous roche comprenant aussi une grotte, surplombant le Río Pinturas, en Argentine, au nord de la Patagonie, couvert de nombreux pictogrammes de plusieurs périodes. Le site doit son nom à la multitude de mains peintes au pochoir (il y a même des empreintes de nandou) dans plusieurs couleurs. Peut-être s'agissait-il d'un rituel initiatique ?

    Trois groupes stylistiques ont été identifiés. Les plus anciens datent de la fin de l'ère glaciaire, il y a environ 11.000 ans. Les archéologues ont trouvé des traces d'occupation sur plusieurs millénaires. Les plus récentes remontent au VIIIe siècle de notre ère et sont liées aux ancêtres des Tehuelche de Patagonie. Outre ces mains polychromes, on y trouve plusieurs scènes de chasse où le guanaco y figure souvent.

     
    Ce sont ces nombreuses mains peintes sur les parois de la roche qui ont donné le nom au site la Cueva de las Manos. Situés dans un environnement exceptionnel, la grotte et les abris sous roche ont été classés au Patrimoine mondial de l’Unesco. © Lisa Weichel, Flickr

    Bhimbetka, immense galerie de peinture sur plusieurs millénaires

    C'est au cœur de l'Inde, au pied des monts Vindhya, dans l'État du Madhya Pradeshque se situe un immense site archéologique de 40 km2 regroupant 760 grottes et abris sous roche sur sept collines (500 d'entre elles présentent des peintures) dominant une épaisse forêt. La colline de Bhimbetka en possède à elle seule 243, couvertes de peintures bien conservées, dont certaines sont datées de 12.000 à 15.000 ans, voire jusqu'à 30.000 ans.

    Des œuvres plus récentes montrant des scènes de chasse ou de vie quotidienne ne remontent qu'au moyen-âge. « Dans les vingt et un villages qui entourent le site vivent des populations dont les traditions culturelles contemporaines rappellent celles dépeintes dans les peintures rupestres » écrit l'Unesco à propos du site classé au Patrimoine mondial.

     
    Découvert 1957, Bhimbetka et ses alentours constitue l’un des plus anciens sites archéologiques d’Asie. Des centaines de peintures réalisées durant les quinze derniers millénaires tapissent les parois de ses nombreuses cavités et abris sous roche. © Wikimedia Commons, Lrburdak, CC BY-SA 3.0
     

    Des cinémas durant la préhistoire ?  Environ 41 % des œuvres pariétales parant

    les grottes ornées représenteraient des animaux en mouvement. Pour ce faire,

    les artistes ont utilisé des techniques graphiques encore exploitées de nos jours. 

     

    Archéologie:  Les plus belles grottes ornées du monde + vidéo

     

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