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    Les anniversaires et leurs coutumes

    à travers le monde

     

    Tout n’est pas que gâteaux et bougies dans le monde: découvrez ce survol des coutumes (rigolotes) entourant les anniversaires ailleurs dans le monde!

     

    Illustration de la planète Terre qui célèbre son anniversaireILLUSTRATION DE GRAHAM ROUMIEU

     

    Parmi les anniversaires dans le monde, des États-Unis à l’Espagne, de la France à l’Australie, on chante avec enthousiasme «Joyeux anniversaire» avant de souffler les bougies sur le gâteau et offrir les cadeaux. Mais on va parfois plus loin pour fêter un être cher et souvent de manière originale. Les rédacteurs en chef de nos éditions internationales partagent ici ces traditions particulières qui marquent l’avancée en âge.

     

     

    Illustration de la planète Terre qui célèbre son anniversaire avec une piñataILLUSTRATION DE GRAHAM ROUMIEU

     

    Mexique

    Casser la piñata, qui a fait des émules dans le monde entier, reste la tradition mexicaine emblématique. Les yeux bandés, les participants frappent à coups de bâton un contenant aux couleurs vives suspendu à une corde jusqu’à ce qu’il éclate et répande une pluie de friandises. Traditionnellement d’argile et de forme sphérique piquée de pointes, elle est souvent aujourd’hui en papier mâché et de forme très variable – animal, célébrité, etc.

    Au lieu d’entonner «Joyeux anniversaire», les Mexicains chantent à tue-tête «Las Mañanitas» («Les petits matins»), une chanson venue d’Espagne au XVIe ou XVIIe siècle. «On la chante parfois le matin pour réveiller la personne dont on fête l’anniversaire, explique Carlos Díaz, rédacteur en chef de l’édition mexicaine du Reader’s Digest. Mais elle est le plus souvent chantée autour d’un gâteau juste avant de souffler les bougies.»

     

    Australie et Nouvelle-Zélande

     

    Souvent, les anniversaires réunissent là-bas parents et amis autour d’un barbecue festif et bien arrosé.
    «Pour les tout-petits, le premier anniversaire est généralement célébré avec du fairy bread – “pain de fée” –, une tranche de pain de mie tartinée de beurre et décorée de paillettes colorées, et des ballons », confie la rédactrice en chef Diane Godley.

    Pour le 18e anniversaire, le fairy bread est remplacé par de l’alcool qu’on consomme entre amis, puisque la loi l’autorise à cet âge – il n’y a pas si longtemps, on ne devenait adulte qu’à 21 ans. Pour marquer le nouveau privilège de pouvoir entrer et sortir à sa guise de la maison familiale, certaines familles néo-zélandaises offrent encore une clé souvenir de la porte.

     

    La diaspora chinoise

     

    On fête différemment les anniversaires suivant les régions et les pays qui comptent une population chinoise importante. À Taïwan et dans le Fujian, une province du sud-est de la Chine, c’est à 16 ans qu’on passe à l’âge adulte. Cette norme remonte à la dynastie Qing, quand le manœuvre recevait enfin à cet âge sa paye entière plutôt que la demie.

    À Singapour, les plus jeunes suivent le calendrier occidental pour célébrer le grand jour; les plus âgés préfèrent le calendrier lunaire. Mais tous s’accordent sur un bol de «nouilles de longévité». Ce plat d’anniversaire comprend parfois une seule longue nouille, assure le rédacteur en chef Simon Li.

    «Les nouilles sont gages de santé et de longévité, dit-on, et il est recommandé de les garder aussi intactes que possible le jour de son anniversaire, précise-t-il. Il faut éviter de les couper quand on mange avec des baguettes.»
    Autre règle: hors de question de couper le gâteau en deux. La culture chinoise est très attachée à l’harmonie, rappelle Simon Li. Aussi, on évitera de débiter entièrement un gâteau en pièces individuelles. On coupera plutôt une tranche à la fois.

     

    Pays-Bas

     

    Le traditionnel «cercle d’anniversaire» marque le passage des ans aux Pays-Bas. La famille étendue se réunit en cercle pour bavarder et partager un gâteau, puis se servir à boire et à manger au buffet. Pour ceux qui entrent dans la pièce, le parcours peut être long raconte le rédacteur en chef Paul Robert.

    «Il ne suffit pas de féliciter la personne dont on célèbre l’anniversaire, les invités doivent faire le tour du cercle et serrer la main à chacun, explique-t-il. Pour court-circuiter le processus, certains entrent, saluent le groupe d’un geste de la main: “Félicitations tout le monde !” Mais c’est très mal vu.»

    Quand une personne a 50 ans, ses amis et sa famille mettent une grande poupée dans son jardin ou devant sa porte. Les hommes reçoivent une poupée «Abraham», et les femmes, une «Sarah». C’est une évocation de l’Évangile selon Jean, dans le Nouveau Testament, où il est demandé à Jésus comment il a pu voir Abraham puisqu’il n’est lui-même pas âgé de 50 ans (En vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham existât, Je suis); il rappelle également l’âge de Sarah, épouse d’Abraham, quand elle a donné naissance à leur fils Isaac.

     

    Japon

     

    C’est seulement au siècle dernier que célébrer l’anniversaire à la date de naissance est devenu une tradition au Japon. Jusque-là, tout le monde fêtait son anniversaire à la nouvelle année. Peu importe le jour de la naissance, entre le premier et le soixantième anniversaire, il existe plusieurs dates importantes à célébrer dans le pays.

    À son premier anniversaire, l’enfant est soumis à la tradition de l’erabitori: parmi des objets disposés autour de lui, il choisit celui qui est censé représenter son avenir. Si le bébé prend la calculatrice, on dit qu’il a des chances de réussir en affaires; un stylo? Il pourrait devenir un auteur prolifique.

    Le 15 novembre de l’année des trois, cinq et sept ans de l’enfant, ses parents lui font revêtir un vêtement traditionnel et le conduisent au sanctuaire ou au temple. C’est la fête du Shichi-go-san, qui signifie littéralement 7-5-3 – des chiffres porte-bonheur dans la culture japonaise. Ses parents lui souhaitent santé et longévité et lui offrent un long bonbon effilé et mou, le chitose ame («sucrerie de mille ans») présenté dans un sac en papier décoré d’une tortue, d’une grue et de bambou, autant de symboles de longévité.

    Si les Japonais deviennent officiellement adultes à l’âge de 20 ans (la fête est célébrée le deuxième lundi de janvier), les anniversaires importants ne s’arrêtent pas là. Le soixantième anniversaire marque la fin du cycle complet du zodiaque (qui recommence tous les 60 ans) et c’est un important symbole de renaissance. C’est le kanreki, et la famille organise alors une célébration festive. Un coussin spécial, une veste sans manche et un éventail font souvent partie de l’attirail qui accompagne celui ou celle qui a 60 ans.

     

     

    Anniversaires dans le monde: illustration de la planète Terre qui célèbre son anniversaireILLUSTRATION DE GRAHAM ROUMIEU

     

    Brésil

     

    Dans le plus grand pays d’Amérique du Sud, après avoir soufflé les bougies et fait un vœu, l’invité d’honneur coupe une tranche de gâteau et l’offre à la personne qui lui est la plus chère. Chez les enfants, c’est souvent un parent; dans le cas des adultes, cette tradition comporte ses risques. «Ça met souvent les gens mal à l’aise, puisqu’il faut choisir», reconnaît la rédactrice en chef Raquel Zampil.

    Même ambiguïté dans cette autre coutume qu’on suit lors de l’anniversaire d’une personne célibataire. Avant de souffler les bougies, on chante et joue aux devinettes sur l’éventuel mariage de l’invité d’honneur. «Qui épousera Maria ou Mario», entonnent-ils d’abord, suivi de, «ça dépendra si [nom de la personne qui en pince pour Maria ou Mario] en a envie.»

     

    Canada

     

    Suivant leur nature plus ou moins vindicative, les «bascules» apparaîtront comme un rituel effroyable ou comme une blague sans conséquence. De quoi s’agit-il ? La bascule consiste à saisir par les poignets et par les chevilles la personne célébrée en position couchée, puis, sans la lâcher, à la projeter vers le haut et à la laisser tomber aussi bas que possible sans heurter le sol, autant de fois que son âge.

    Dans une autre version, placé derrière elle, un invité tient par les épaules la personne qu’on fête puis lui donne autant de petits coups de genou aux fesses que son âge… plus un pour la chance. (La tradition vaut surtout pour les enfants – on imagine bien que 40 coups de genou, par exemple, serait épuisant.)

    Ne négligeons pas les particularités régionales. Sur la côte est du pays, les enfants se font parfois badigeonner le bout du nez de beurre ou de graisse, pour, selon la tradition, conjurer la malchance.

    Dans la population francophone du Québec, dit le rédacteur en chef Hervé Juste, on troque souvent le traditionnel «Joyeux anniversaire » contre «Gens du pays…», une chanson du poète Gilles Vigneault, que beaucoup de Québécois considèrent comme l’hymne national non officiel de la province. Les premières paroles sont alors remplacées par «Mon cher…» ou «Ma chère…», suivies du nom de la personne fêtée.

     

    Malaisie

     

    Environ 60% de la population en Malaisie est de confession musulmane, ce qui explique qu’on ne célèbre généralement pas les anniversaires. Mais certains Malaisiens marquent l’événement en réunissant la famille autour d’un déjeuner ou d’un dîner la veille du grand jour et terminent la célébration en faisant le bilan de leur chance et en remerciant Allah de leur avoir donné vie et santé.

     

    Royaume-Uni

     

    Les fêtes d’anniversaire sont très populaires en Grande-Bretagne, et quand on célèbre un enfant, impossible de passer à côté du jeu de «passe le cadeau». Sur fond musical, un cadeau sous plusieurs couches de papier passe de main à main entre les enfants disposés en cercle; quand la musique s’arrête, l’enfant qui tient le cadeau retire la première couche d’emballage et s’acquitte d’un «gage» rédigé sur une carte glissée sous le papier.

    «Il y a toute sorte de gages, comme “exécuter son plus beau mouvement de danse” ou “faire la meilleure imitation de l’enfant fêté”, explique l’ex-rédactrice en chef Anna Walker. L’enfant qui retire le dernier emballage garde le cadeau, il s’agit en général de bonbons ou d’un jouet.

    Les Britanniques qui atteignent un âge vénérable ont droit à un cadeau royal: à 100 ans, le monarque lui envoie une lettre de félicitations.

     

    Lituanie

     

    «Dans mon pays natal, la personne dont on fête l’anniversaire s’assoit sur une chaise décorée que les invités vont soulever, explique la rédactrice en chef Eva Mackevic. On la soulève le nombre de fois qui correspond à son âge.»
    On observe également une autre tradition: la personne fêtée règle la note pour tous ses invités, c’est-à-dire qu’elle paie la boisson, le repas et même la grande soirée.

     

    Finlande

     

    «Le jour de leurs 18 ans, les Finlandais ont enfin droit au permis de conduire et au restaurant sans être accompagnés d’un adulte», explique le rédacteur en chef Ilkka Virtanen. On ne s’étonnera pas que, pour marquer leur entrée dans la vie adulte, les jeunes fêtent l’événement dans un restaurant avec leurs amis ou organisent une soirée bien arrosée à la maison. Ce jour-là, les invités paient de leur poche, mais aux autres anniversaires, c’est la personne fêtée qui règle la note.

    Cinquante ans est un âge important. La personne qui célèbre son anniversaire reçoit alors des amis autour d’un café, de gâteaux et de vin pétillant. De leur côté, les invités offrent des cartes-cadeaux pour une séance de spa, un restaurant ou, pour les intrépides, un saut en parachute.

     

    Philippines

     

    Pour les Philippins, l’anniversaire est plus que la célébration du grand jour – c’est surtout l’occasion de se retrouver en famille. Traditionnellement, il faut inviter ou faire participer à l’organisation de l’événement tous ceux qui vivent à moins d’une journée de distance, et chacun doit apporter un plat. Les incontournables : les «nouilles de longévité», le gâteau idéalement fait de taro ou d’igname mauve, et le karaoké.

    Un an, sept ans, 18 ans et 21 ans sont les anniversaires importants aux Philippines. À partir de sept ans, l’enfant est considéré comme plus responsable de ses actes. Quant à la majorité, elle est célébrée le jour de ses 18 ans pour une femme, de ses 21 ans, pour un homme.

     

     

    Anniversaires dans le monde: illustration de la planète Terre qui célèbre son anniversaireILLUSTRATION DE GRAHAM ROUMIEU

     

    Inde

     

    Pour de nombreux Indiens, qui sont majoritairement hindous, les anniversaires s’accompagnent de rituels religieux. En général, la journée commence par une visite au temple où l’on offre des prières et reçoit des bénédictions. La personne dont c’est l’anniversaire demande la bénédiction aux aînés de la famille en se prosternant devant eux et en touchant leurs pieds.

    «Certains se montrent charitables ou font des dons pour venir en aide aux plus pauvres», note la rédactrice en chef Ishani Nandi.

    L’anniversaire est aussi l’occasion de porter de nouveaux vêtements et de manger ses plats préférés préparés par les membres de la famille. En retour, il faut offrir la première part de gâteau à la personne la plus âgée. Les écoliers distribuent ce jour-là des gâteaux ou des bonbons à leurs camarades de classe.

     

    Allemagne

     

    Balayer l’escalier est sans doute la tradition d’anniversaire la plus étonnante au pays, explique le rédacteur en chef Michael Kallinger. «À Brême, on a coutume d’envoyer l’homme célibataire qui fête son trentième anniversaire balayer l’escalier de l’église ou de la mairie de son quartier. Les femmes doivent nettoyer la poignée de porte.» Cette séance d’hygiène exécutée en public a pour but de mettre mal à l’aise la personne et à l’encourager à se marier.

    Dans d’autres régions plus au nord, on décore d’une guirlande de chaussettes la porte d’un homme toujours célibataire le jour de son 25e anniversaire. Il devient ainsi une «vieille chaussette». La femme de 25 ans toujours célibataire a droit, elle, à une guirlande de boîtes. C’est une «vieille caisse».

    Les centenaires reçoivent un message du président du pays le jour de leur anniversaire.

     

    Grand Reportage 5:  Les anniversaires et leurs coutumes à travers le monde

     

    Grand Reportage 5:  Les anniversaires et leurs coutumes à travers le monde

     

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    Les bonnes nouvelles à travers

    le monde en 2023

     

    Parce qu’il ne faut pas oublier les belles actions et les actes de bravoure, nous rassemblons ici toutes les bonnes nouvelles qui sont publiées dans le magazine Sélection du Reader’s Digest en 2023. Comme un vent de fraîcheur, voici notre dose de positivité pour l’année à venir!

     

    Kevin Whine Avec La Permission De Global Vision 2020AVEC LA PERMISSION DE GLOBAL VISION 2020

     

    Une bonne vue pour tous

    Dans de nombreux pays, l’accès aux lunettes, ou même à un optométriste, peut être extrêmement compliqué. C’est une réalité qu’a pu observer Kevin Whine, un marine à la retraite, lors d’une mission humanitaire au Maroc en 2005.

    Une clinique d’optométrie installée par les forces aériennes des États-Unis distribuait gratuitement des lunettes à la population. M. White a observé une femme refuser celles qui lui étaient prescrites parce que le style ne lui convenait pas. «Je me suis alors dit qu’il fallait trouver mieux pour encourager les gens à porter des lunettes.»

    Aucun programme ne tenait alors compte à la fois de la nécessité médicale des lunettes et de leur valeur esthétique. Si le style plaît à celui qui a besoin de lunettes, il acceptera plus facilement de les porter.

    Le retraité a donc lancé Global Vision 2020 et, avec le soutien de spécialistes de l’université Johns Hopkins et du New England College of Optometry, il a mis au point le USee Vision Kit, une trousse de diagnostic d’utilisation facile.

    S’aidant du tableau optométrique, le personnel technique détermine si le sujet, adulte ou enfant, a besoin de lunettes. Quand c’est le cas, ils lui posent sur le nez l’appareil USee – qui ressemble à une paire de lunettes – et tournent les molettes jusqu’à ce qu’il voie bien des deux yeux. Le chiffre sur le cran de la molette correspond à la prescription du verre.

    Il n’y a plus qu’à choisir une couleur de monture et d’y installer les bons verres. Pour l’instant, le style de monture est plutôt passe-partout, mais Kevin White entend bien élargir la gamme.

    Plus de 200 000 personnes dans 65 pays ont profité de ce programme et l’homme espère que «tout le monde, peu importe où il vit, pourra un jour bénéficier d’un examen de la vue et, quand ça s’impose, obtenir des lunettes».

    Vous n’avez qu’une paire d’yeux, alors mieux vaut bien s’en occuper.

     

    Young,and,motivated,handicapped,guy,with,a,longboard,in,theBLACKDAY/SHUTTERSTOCK

     

    Un skatepark pour les handicapés – Australie

    Peu importe l’âge ou le talent, tout le monde est invité à goûter les joies du skate et de la trottinette au skatepark intérieur Alley-Oops de Birtinya, au nord de Brisbane, en Australie.

    Ce parc est ouvert à tous et propose des outils d’accessibilité. Il suffit d’enfiler le harnais qui est rattaché à un cadre sur roue spécialement adapté. L’équipement permet d’utiliser les rampes, les sauts et les tuyaux avec un employé qui pousse le cadre à travers le parc.

    C’est parce qu’il se désolait de voir de jeunes handicapés assis au bord des skateparks que l’ancien propriétaire David King a voulu créer un lieu plus inclusif. Ceux qui lui ont succédé, Lauren et Chris Hignett, ne cessent d’en améliorer les cadres. Ils proposent également des «séances silencieuses» pour les personnes affligées d’un trouble du spectre de l’autisme ou d’un handicap sensoriel et que le bruit agresse.

     

    Dolphin,in,jeju,island,,south,koreaDYPRT/SHUTTERSTOCK

     

    Un dauphin en captivité retrouve la liberté – Corée du Sud

    En octobre dernier, après avoir passé 17 ans dans un aquarium de l’île Jeju en Corée du Sud, Bibong, un grand dauphin de l’Indo-Pacifique, a été relâché dans la nature. Il vivait en captivité et se produisait devant les touristes depuis 2005.

    Bibong est le dernier des huit dauphins à avoir été libérés de plusieurs aquariums coréens; les autres l’ont été entre 2013 et 2017. Les dauphins ne s’épanouissent pas en captivité. Maintenu dans un enclos, l’animal peut devenir très anxieux, déprimé, et s’ennuyer ferme.

    Pour bien préparer son retour à la vie sauvage, Bibong a réappris à nager dans l’océan et à interagir avec des dauphins sauvages tout en affrontant des courants violents. L’apprentissage a duré 70 jours. Le dauphin a été équipé d’une balise qui permettra aux employés de l’État de suivre ses déplacements.

     

    Mulhouse, ,france, ,5,july,2018, ,closeup,ofNEYDTSTOCK/SHUTTERSTOCK

     

    Plus de reconnaissance pour les scientifiques sous-représentées

    Il y a plus de 6,5 millions d’entrées en anglais dans Wikipédia, dont 20% traitent de sujets scientifiques. La physicienne britannique Jess Wade a remarqué ce fait troublant: le petit nombre d’entrées sur les femmes – dans la version anglaise, moins d’une biographie de scientifique sur cinq.

    Jess Wade a donc décidé de faire sa part sur la plateforme pour réduire cet écart.

    Depuis 2017, elle a rédigé plus de 1750 entrées qui mettent en lumière des contributions de femmes, en privilégiant les Non-Blanches, les trans et les non-binaires. Jess Wade a fait passer le message à d’autres à qui elle apprend la méthode dans ses «édit-ons» organisés lors de conférences et dans les écoles.

     

    Carie BroeckerAVEC LA PERMISSION DE CARIE BROECKER

    Un coup de main pour les vieux chiens – Californie

    Carie Broecker a toujours aimé les bêtes. Elle siégeait depuis 12 ans au conseil d’administration d’un refuge pour animaux de Pacific Grove, en Californie, quand elle a dû s’occuper du chien d’une dame âgée atteinte d’emphysème et qui s’inquiétait du sort qui serait réservé à son chien Savannah après sa mort. Carie faisait de son mieux pour la réconforter. Au décès de la vieille dame, Carie a adopté l’animal.

    Cette expérience lui a inspiré l’idée d’un refuge pour chiens appartenant à des personnes mourantes ou contraintes de se retirer en CHSLD. L’organisme, sans but lucratif, se chargerait ainsi de proposer des adoptions à court ou à long terme.

    Elle a invité Monica Rua, une ancienne collègue, à se joindre à elle. Monica a accepté et suggéré de prendre aussi en charge des chiens âgés des refuges et souvent laissés pour compte.

    Depuis sa création, Peace of Mind Dog Rescue a aidé des milliers de chiens et de seniors en accueillant provisoirement des bêtes devant subir des soins médicaux, en contribuant financièrement aux soins et en trouvant des familles d’adoption pour les chiens endeuillés de leurs maîtres, entre autres.

    «L’animal de compagnie est parfois pour certains l’unique source d’amour, confie Monica. Il nous semble important de faire l’impossible pour ne pas séparer un chien de son propriétaire.»

    À plumes, à poil ou à écailles, les membres non humains de votre famille vous aident bien plus que vous ne le pensez.

     

    Annette Kruger BikeygeesTANJA SCHNITZLER, AVEC L'AIMABLE AUTORISATION DE BIKEYGEES

     

    Des réfugiées apprennent à faire du vélo – Allemagne

    «C’est comme le vélo» dit-on pour rappeler que les compétences de base ne s’oublient jamais. Et que fait-on de ceux qui n’ont pas appris à faire du vélo? Annette Krüger s’est rendu compte que c’était le cas de nombreuses femmes, notamment des réfugiées, venues s’installer à Berlin. Elles n’avaient pas eu le droit ou l’occasion d’apprendre, restant ainsi privées des bienfaits pour l’autonomie et la santé mentale que procure la bicyclette.

    Pour corriger les choses, Annette Krüger a lancé il y a sept ans l’organisme à but non lucratif Bikeygees. Le groupe se réunit deux heures par mois, mais des séances d’entraînement en plus petit comité ont lieu toutes les semaines. Les participantes plus avancées peuvent emprunter gratuitement une bicyclette et un casque pour s’entraîner de leur côté. À terme, on souhaite que chaque femme ait son propre vélo, ce que les dons ont déjà rendu possible pour 500 d’entre elles. À ce jour, elles sont 1400 à avoir appris à pédaler et le groupe a organisé des rencontres dans une vingtaine de lieux différents en Allemagne – y compris des refuges d’urgence.

    Le vélo donne certes une liberté de mouvement, reconnaissent-elles – certaines l’enfourchent pour déposer leur enfant à la maternelle –, mais il ravive aussi l’espoir en l’avenir. Annette Krüger mesure l’effet sur ces femmes des efforts consentis pour l’acquisition d’une nouvelle compétence. «On ne peut pas remplacer ce qu’une personne a perdu dans la vie, mais on peut lui offrir quelque chose de nouveau», confie-t-elle.

    Repensez votre mobilité et partez à la conquête de notre Belle Province et de ses nombreux lacs… en vélo! 

     

    Mayan RuinsMICHELE WESTMORLAND/GETTY IMAGES

     

    Randonnée historique – Mexique

    Le premier sentier de randonnée longue distance – qui est aussi une piste cyclable – vient d’ouvrir dans la péninsule du Yucatán, au Mexique. Il traverse d’anciennes propriétés espagnoles (récupérées pour raconter l’histoire des Mayas), croise des dolines remplies d’eau fraîche et de nombreux sites archéologiques, y compris les vestiges des premières villes mayas érigées il y a près de 3000 ans.

    Il faut compter environ cinq jours pour parcourir à pied les 100 kilomètres du Camino del Mayab et croiser les 14 communautés mayas qui ont contribué au développement du projet. La faune sauvage y est bien représentée et on peut admirer le motmot à sourcils bleus et de nombreuses espèces d’iguanes. Les restaurants qui ponctuent le parcours proposent une cuisine maya; les randonneurs peuvent se reposer pour la nuit dans un cabane au toit de chaume.

    Le Mexique est un vaste pays abritant plusieurs trésors et plaisirs cachés qui attendent d’être découverts par les voyageurs avertis du monde entier. 

     

     Disabled,child,on,wheelchair,is,play,and,learn,in,theANNGAYSORN/SHUTTERSTOCK

     

    L’autonomie par le fitness – Royaume-Uni

    La salle de sport est déjà un lieu intimidant, mais il l’est d’autant plus si on souffre d’un handicap ou si on est âgé. Pour aider les personnes dans ce cas, l’ancien joueur de cricket Javeno Mclean, a ouvert une salle de sport qui leur est réservée.

    Au J7 Community Health Centre, situé à Manchester, au Royaume-Uni, il accueille 15 enfants physiquement atteints – certains souffrent de paralysie cérébrale, d’autres sont en fauteuil roulant – et une trentaine d’adultes. L’objectif est d’améliorer leur condition physique, de les aider à acquérir une plus grande autonomie dans les tâches quotidiennes et de développer leurs forces physique et mentale.

    Dans un entretien accordé au média numérique LADbible, Javeno Mclean se réjouit de voir que ceux qui s’entraînent dans sa salle de sport maîtrisent un plus grand éventail de mouvements et qu’ils acquièrent une confiance qui se maintient bien après avoir quitté le centre.

     

    Sohutern,right,whale,jumping,,endangered,species,,patagonia,argentina.FOTO 4440/SHUTTERSTOCK

     

    Nouvelle technique pour repérer les baleines – Canada

    Comment repérer une baleine dans une étendue d’eau grande comme l’Italie, sachant que l’espèce est menacée et qu’elle ne compte plus que 336 individus sur la planète? Les scientifiques se posent la question à propos de la baleine noire de l’Atlantique Nord dans le golfe du Saint-Laurent. Ajoutons qu’ils ne connaissent toujours pas avec précision le trajet de la migration de ces baleines en direction et hors des eaux canadiennes.

    Pour les localiser et les protéger, des chercheurs de l’université d’Ottawa recourent désormais à l’imagerie satellitaire. Grâce à leur apport, on pourra mieux suivre ces mammifères insaisissables qui risquent la collision avec des navires ou l’empêtrement dans des filets de pêche abandonnés. Connaître la trajectoire des baleines noires permettra de tracer de nouvelles et plus sûres routes de navigation.

     

    Infirmiere Yassah LavelahAVEC L'AIMABLE AUTORISATION DE YASSAH NUPOLU LAVELAH

     

    Pour des accouchements plus sûrs – Liberia

    Au Liberia, une femme ne peut accoucher dans un hôpital public que si elle apporte avec elle quelques produits essentiels – eau de Javel, couches, serviettes hygiéniques – afin d’assurer une naissance sans risque pour elle-même, son enfant et le personnel.

    Après plus de 10 années de guerre civile et l’épidémie d’Ebola, qui a sévi entre 2014 et 2016, le système de santé libérien déjà gravement sous-financé est en effet en grande souffrance. Aussi, en dépit d’un taux de mortalité très élevé chez les nouveau-nés et les jeunes mères, quand une femme arrive sans son matériel à l’hôpital, elle est renvoyée à la maison où elle risque des complications.

    Infirmière et chercheuse à Monrovia, la capitale du Liberia, Yassah Lavelah s’est penchée sur ce problème dans le cadre de ses études à l’université Harvard sur les soins de santé mondiaux. «La plupart des femmes disent préférer accoucher à la maison, essentiellement parce qu’elles n’ont pas les moyens de se procurer ce matériel», a-t-elle pu constater.

    En 2021, elle a donc lancé Comfort Closet, un projet chapeauté par Mavee Maternal Empowerment Initiative, qui fournit aux futures parturientes tout le matériel nécessaire à leur admission à l’hôpital. Aujourd’hui, avec l’aide d’une collaboratrice, elle recueille des fonds qui permettront l’ouverture de deux autres Comfort Closet dans le pays. «Un accouchement ne doit pas être une condamnation à mort pour les femmes qui n’ont pas les moyens.»

     

    Drones Pour Sauver Les Baigneurs Adrian PlazasAVEC LA PERMISSION DE GENERAL DRONES
    Les drones peuvent localiser et rejoindre les baigneurs en détresse en quelques secondes.

    Des drones pour sauver les baigneurs – Espagne

    Chaque année, environ 263 000 personnes dans le monde meurent par noyade. Et même si on imagine volontiers qu’un baigneur en train de sombrer se débat dans l’eau et agite les bras pour appeler au secours, en réalité les noyades se produisent souvent rapidement et en silence. Ancien maître-nageur sauveteur, Adrián Plazas ne l’ignore pas. Il y a plusieurs années, malgré leur rapidité, lui et son associé Enrique Fernández ont assisté, impuissants, à la mort d’une femme. Ce drame a bouleversé la vie d’Adrián.

    Cet ingénieur industriel est aujourd’hui le p.-d.g. de General Drones, une entreprise espagnole spécialisée dans la fabrication de drones qu’il a fondée avec Enrique Fernández. Les deux hommes ont mis leurs connaissances ensemble pour créer un drone de recherche et sauvetage dédié à la prévention des noyades.

    Quand un maître-nageur remarque une personne en détresse dans l’eau, il lui suffit d’aviser un pilote de drone, qui, se trouvant également sur la plage, enverra directement et en quelques secondes l’appareil à la rescousse, guidé par une caméra attachée. Le drone largue alors un gilet de sauvetage (qui se gonfle automatiquement en touchant l’eau) pendant que les maîtres-nageurs arrivent. En faisant du sur-place au-dessus de la victime, il permet en même temps aux sauveteurs de la repérer rapidement.

    Le projet a démarré en 2015, mais Adrián Plazas explique qu’il a fallu du temps pour passer du prototype au produit fini. «Le drone doit être conçu spécifiquement pour la plage, en tenant compte de l’humidité du lieu, du soleil, des grands vents», précise-t-il.

    Jusqu’à présent, leurs appareils sont intervenus dans plus de 60 situations d’urgence et ont été déployés sur 22 plages d’Espagne. L’entreprise espère maintenant que de nouveaux investissements et une plus grande visibilité l’aideront à étendre ses services à d’autres pays.

     

    Smart Phone IsolatedISTOCKPHOTO.COM/CESARE FERRARI

     

    Une ligne d’écoute d’urgence en santé mentale – Canada

    Au pays, en cas d’urgence, on compose le 911. Mais que faire en cas de crise de santé mentale? Selon une enquête de la CBC en 2020, 68% des sujets qui ont perdu la vie lors d’un affrontement avec la police au Canada souffraient de problèmes de santé mentale ou de dépendance (ou des deux).

    Voilà qui a contribué à convaincre de la nécessité d’un nouveau numéro d’urgence pour aider les personnes en situation de crise et servir en même temps dans la prévention du suicide. Le 988 entrera en fonction au cours de cette année et il sera accessible dans l’ensemble du pays, par téléphone et par texto.

     

    Yvon Chouinard est le fondateur de Patagonia.TERRY STRAEHLEY/SHUTTERSTOCK

     

    Mettre les profits de l’entreprise au service des défis environnementaux – États-Unis

    Yvon Chouinard, le fondateur milliardaire de la célèbre marque de vêtements de plein air Patagonia, est souvent applaudi pour son approche tournée vers l’avenir et le développement durable. À ce jour, son plus grand geste a consisté, en 2022, à céder ses actions de l’entreprise à une fondation (appelée Patagonia Purpose Trust) et à un organisme à but non lucratif (le Holdfast Collective), qui assureront ensemble que les profits servent à lutter contre les crises environnementales, en matière de biodiversité et de changements climatiques par exemple.

    Yvon Chouinard a retenu cette solution après avoir écarté la possibilité de vendre l’entreprise ou de la rendre publique. «Nous avons donc créé notre propre solution. La Terre est désormais notre seule actionnaire.»

     

    Inscrire ses enfants à la bibliothèqueISTOCK/CONNEL_DESIGN

     

    Raviver l’amour de la lecture – Syrie

    Dans la ville méditerranéenne de Tartous, en Syrie, Mohamed Zaher occupe ses journées à tenir un kiosque appelé Wisdom Seller, qui invite les passants à s’arrêter pour feuilleter les quelque 2000 livres qui tapissent ses murs. Pour encourager les visiteurs à rester, il offre le café à toute personne qui lit plus de 15 pages d’un ouvrage. Ce vétéran de 32 ans appelle ses compatriotes à revenir aux livres imprimés qui, comme s’il s’agissait d’un luxe, sont devenus inaccessibles pour de nombreux habitants en raison de la guerre. Mohamed affirme que la lecture lui a servi de thérapie lorsqu’il était au combat.

    Pour demeurer en activité, le kiosque dépend de la générosité de riches habitants locaux – mais tout le monde est bienvenu. Il estime que plus de 20000 visiteurs de tous âges se sont arrêtés à son kiosque depuis son ouverture.

     

    Anai Green Tel Aviv LumiweaveKFIR SIVAN, AVEC LA PERMISSION DE LUMIWEAVE

     

    Exploiter le pouvoir du design – Israël

    À Tel Aviv, les températures estivales dépassent la barre des 30ºC, et la lumière du soleil éclaire la ville pendant environ 11 heures par jour. Ses habitants sont donc habitués au temps chaud. Et avec le risque de hausse des températures globales, il ne sera pas plus aisé de se protéger de la chaleur. Mais là où les uns redoutent des problèmes, Anai Green a imaginé une solution.

    En 2019, cette femme d’affaires et designer produit a eu l’idée d’associer le besoin d’ombre de sa ville, le jour, à la possibilité d’exploiter le soleil pour éclairer la nuit. Elle a donc créé Lumiweave, un tissu cousu de panneaux solaires capables de bloquer jusqu’à 99,5% des radiations lumineuses tout en stockant la puissance solaire nécessaire à l’éclairage public la nuit. Chaque ville peut personnaliser le tissu selon qu’il doit être tendu sur un cadre, utilisé comme parasol, ou suspendu entre des bâtiments.

    Quand on lui demande ce qui l’a inspirée, Anai Green déclare qu’elle voulait changer la façon dont on perçoit l’environnement. «J’ai pris deux problèmes banals et je les ai combinés.»

     

    Une Occasion De Se Faire Entendre Ronni AbergelELIN TABITHA/HUMAN LIBRARY ORGANIZATION
    Du bavardage naît l’empathie.
     

    Une occasion de se faire entendre – Danemark

    Le Danois Ronni Abergel s’intéresse depuis toujours aux autres et à leurs expériences significatives. En 2000, avec son frère et des amis, il a créé la Bibliothèque humaine et l’a garnie de «livres humains», c’est-à-dire de bénévoles provenant de milieux souvent stigmatisés, auxquels il a donné des titres comme SDF, Musulman, Obèse, Survivant de l’Holocauste et TDAH. «Je voulais créer un lieu protégé où il serait permis d’interroger les autres», explique-t-il.

    La première Bibliothèque humaine a ouvert dans le cadre d’un festival de musique, mais on en trouve désormais régulièrement dans des bibliothèques publiques. Les personnes intéressées peuvent feuilleter son catalogue, emprunter un «livre» pour une demi-heure et lui poser des questions. «C’est l’occasion de se mettre à leur place et de conjurer la peur», dit Ronni Abergel, en précisant que tous les candidats au rôle de livre sont rencontrés et formés pour garantir leur ouverture et leur sincérité.

    L’idée s’est ensuite répandue. Plus de 85 pays ont maintenant des bibliothèques humaines. Ronni Abergel note qu’il faut être quelqu’un de spécial pour se proposer comme livre humain, car on doit être prêt à répondre franchement à n’importe quelle question. Mais le rôle a ses récompenses. «Ils peuvent s’expliquer, dit-il. Qui n’a pas envie d’être compris, surtout quand on ne l’a jamais été auparavant?»

     

    Macon,,georgia,,usa,,mercer,university,,walter,f.,george,school,ofMALACHI JACOBS/SHUTTERSTOCK

     

    Des annuaires en 3D pour finissants aveugles – États–Unis

    Depuis cinq ans, des ingénieurs de l’université Mercer de Macon, en Georgie, créent des «annuaires» pour les élèves de dernière année d’une école voisine pour les aveugles, la Georgia Academy for the Blind, en montant sur des tableaux des images tridimensionnelles grandes comme la main des visages de tous les élèves.

    Un professeur de génie biomédical, Sinjae Hyun, en a eu l’idée au cours d’un atelier en Corée du Sud en 2016. Depuis que la numérisation et l’impression en trois dimensions étaient enseignées à son université, il cherchait des façons de s’en servir pour aider les autres.

    Sinjae Hyun produit ces souvenirs annuels avec l’aide de professeurs et d’étudiants de la faculté de génie. Le visage de chaque élève est lu par un numériseur portatif, puis imprimé en trois dimensions. L’équipe a amélioré sa technique au fil des ans: elle a notamment réduit le délai de production en utilisant des moules de silicone des impressions en 3D pour faire les copies supplémentaires. Elle a aussi commencé à enseigner la technique à une association coréenne de soutien aux aveugles.

     

    Bébé animaux : phoque commun de 2 semaines.TRAER SCOTT

     

    Nounous pour bébés otaries – Nouvelle–Zélande

    Des sept espèces connues d’otaries, une est éteinte et trois autres sont menacées. Parmi elles, le lion de mer de Nouvelle-Zélande, ainsi appelé parce qu’on ne le trouve que le long des côtes de ce pays. Sa population a été réduite par les maladies, les changements climatiques et des techniques de pêche insouciantes.

    D’après le New Zealand Sea Lion Trust, il en resterait environ 12000 à l’état sauvage, dont à peine 300 dans l’île du Sud. Fondée dans la péninsule d’Otago en 2003, cette association de conservation a pour mission de sensibiliser les habitants, de dénombrer les lions de mer et de promouvoir la recherche. Par bonheur, le nombre de ses protégés semble en augmentation dans la région, et l’équipe de «nounous» de l’association y est pour beaucoup. Ses membres bénévoles arpentent la plage durant la saison de reproduction pour vérifier la santé des chiots et s’assurer qu’ils sont en sécurité. La colonie en a élevé 21 cette année, plus que jamais en 200 ans.

     

    Acquario,di,genova.,beautiful,coral,fish,on,the,background,ofADELFRANSOISE/SHUTTERSTOCK

     

    Un parc de sculptures pour protéger les poissons – Italie

    Notoirement destructeur, le chalutage est interdit dans bien des endroits du monde, car le lourd filet que traîne le chalutier arrache au fond marin toutes les formes de vie sans distinction. Pêcheur commercial depuis des décennies au large de la Toscane, Paolo Fanciulli était conscient de ces ravages et de la chute concomitante des populations de poissons. Il avait réussi à convaincre les autorités de déposer au fond de la mer des blocs de béton qui accrocheraient et déchireraient les chaluts. Mais il n’y en avait pas assez pour changer la donne.

    En 2013, Paolo Fanciulli a trouvé un autre moyen de multiplier les obstacles dans le fond de l’eau et d’attirer l’attention sur sa cause: élaborer un parc de sculptures sous-marines. Avec l’aide d’artistes et un don de blocs de marbre, il a déjà immergé 39 sculptures de formes humaines et autres. Et le travail se poursuit. Les chalutiers ont fini par quitter la zone, et les populations de poissons se redressent. En prime, plongeurs et apnéistes peuvent admirer cette «maison des poissons» à loisir.

     

    Jianyi DongAVEC LA PERMISSION DE JIANYI DONG

     

    Une serre plus verte – Canada

    Le géologue Jianyi Dong est arrivé de Chine en Alberta en 2014. Il a alors noté qu’on y utilisait des combustibles fossiles pour chauffer les serres commerciales. En Chine, on emploie plutôt un chauffage solaire «passif»: les serres sont faites de matériaux comme la glaise, qui absorbent l’énergie solaire durant la journée et la restituent la nuit. «L’agriculture devrait être facile, naturelle et écologique», dit-il.

    Après des mois de recherches, Jianyi Dong a acheté en Chine une serre de 250000$ en kit. Sa femme et lui ont mis un an à monter la structure de 100 mètres de long. En 2019, ils y ont fait pousser leurs premières tomates biologiques; ils en récoltent à présent environ 13600 kilos par an.

    L’entreprise, FreshPal Farms, exploite l’une des plus grandes serres solaires passives de la province; elle vend ses récoltes par l’entremise d’un détaillant local. Jianyi Dong a calculé que les économies d’énergie sur trois ans paieront l’achat de la serre. Il espère que les serres solaires passives deviendront bientôt monnaie courante au Canada et contribueront à réduire les émissions nocives.

     

    Grand Reportage 5:  Les bonnes nouvelles à travers le monde en 2023

     

    Grand Reportage 5:  Les bonnes nouvelles à travers le monde en 2023

     

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    Perdu au milieu de l’océan

     

    Lorsque son bateau a heurté un récif et sombré dans la mer des Caraïbes, Don Cavers a sauté dans un canot de sauvetage, bientôt entraîné à la dérive par l’océan.

     

    à la dérive: illustration d'un bateau sur l'océanILLUSTRATION DE STEVEN P. HUGHES

     

    À première vue, l’affaire semblait bonne: un voilier Ericson 38-200 de 12 mètres pour 50 000$. Le Starlight II mouillait dans la marina de Puerto Velero, près de Barranquilla, sur la côte colombienne. Don Cavers, alors âgé de 76 ans, l’avait acheté au début 2021 et pensait s’envoler de la Colombie-Britannique, où il réside près du lac Shuswap, afin d’aller en faire l’essai. Mais la pandémie a retardé le voyage, et il n’a pu partir qu’en novembre. Il a trouvé un voilier plus érodé et rouillé que prévu, mais cet exploitant agricole, grand aventurier, bon navigateur, était aussi un type capable de réparer presque n’importe quoi, avant de partir à la dérive.

    Lui et son beau-fils, Omar Gaitan-Burns, prévoyaient embarquer à bord du Starlight pour un voyage de 1200 kilomètres jusqu’à Porto Rico. Don y retrouverait d’autres membres de sa famille, et tous navigueraient quelques semaines autour des îles Vierges britanniques, puis les autres rentreraient chez eux et il poursuivrait sa route jusqu’à Miami. Si à ce moment-là il décidait de ne pas garder le bateau, il trouverait facilement à le revendre en Floride avec profit.

    Don et Omar mettent les voiles au départ de la Colombie à la fin du mois de novembre. Tout se déroule bien jusqu’à ce que, deux jours plus tard, à mi-chemin vers Porto Rico, le système électrique du Starlight tombe en panne, les privant de lumière, de GPS, de pilote automatique et de tout moyen de recharger les appareils. Don demeure imperturbable, mais son beau-fils, inquiet, voyant son téléphone presque déchargé, envoie des courriels d’urgence à la fille de Don, Annelise Grube-Cavers, en Colombie-Britannique, pour lui dire qu’ils n’ont plus de courant et ont besoin d’aide. Elle contacte la garde côtière colombienne et lui donne les coordonnées du Starlight. Un vaisseau les trouve bientôt et les raccompagne à la marina pour que le bateau soit réparé.

     

    Nouvel alternateur, nouvel essai

     

    Don prend une semaine pour trouver et installer un nouvel alternateur (qui transforme l’énergie mécanique en électricité). Comme Omar doit se rendre à un mariage, Don reprend la mer sans lui. À la tombée de la nuit, cap au nord, il progresse bien malgré une mer agitée et venteuse. Le lendemain, s’orientant maintenant vers l’est, il remarque que son bateau se traîne dans les lourds rouleaux de quatre mètres.

    Équipé de sa lampe frontale, il jette un œil dans la cabine et comprend très vite: de l’eau salée roule d’avant en arrière sur le sol. Chaque fois qu’une vague s’écrase sur le pont, de l’eau s’infiltre par les écoutilles fermées – les joints auraient dû être changés. Les cartes et les papiers qu’il a étalés dans la cabine sont tout détrempés. La pompe de cale a cessé de fonctionner, l’eau de mer n’a nulle part où s’écouler.

    Un seau à la main, dos appuyé à la coque, Don commence à écoper. Les vagues heurtent sans relâche le voilier, qui se dirige vers le nord en pilote automatique. C’est comme tenter de tenir sur le dos d’un cheval sauvage en train de ruer. Une fois l’eau écopée, les genoux, le bas du dos et les fesses du marin sont sévèrement éraflés.

    Le lendemain, le système électrique tombe de nouveau en panne. Dépité et épuisé, sans pilote automatique, Don comprend qu’il va devoir prendre la barre par grand vent, sur une mer démontée. Après quelque 16 ou 18 heures à la barre, l’épuisement le terrasse, il met le navire en panne – en plaçant la voile de misaine et la grand-voile en positions opposées – pour l’immobiliser. Cette manœuvre lui permet de somnoler un moment avant que sa tête ne se mette à dodeliner, le réveillant en sursaut. Dirige le bateau! S’il chavire, c’est la fin.

    Les creux ne font plus que deux mètres et Don Cavers remarque que sa grand-voile est abîmée. Il descend sous le pont et réussit à relancer le pilote automatique. Tout est recouvert de sel, lui compris. Chaque surface étant conductrice, il ne cesse de recevoir des décharges électriques du système de batterie 12 volts chaque fois qu’il manipule l’appareil. C’est comme toucher une clôture électrique, mais sans savoir quand le choc va se produire.

    Le quatrième jour, la mer redevenue plus calme, Don aperçoit un bateau de pêche. Il agite les bras et l’appelle sur sa radio VHF portable. Son espagnol est assez bon pour expliquer son problème: «Pas de courant, j’ai besoin de ma position!» Selon la loi maritime, chaque capitaine doit porter secours à tout bateau ou navigateur en détresse, mais l’équipage ignore son appel – le navire pratique probablement la pêche illégale et craint de révéler sa position. Une demi-heure plus tard, même scénario avec un autre bateau de pêche. En colère et découragé, Don descend en cabine et sombre dans le sommeil.

    Plus tard dans la nuit, le Starlight heurte un récif. Réveillé en sursaut, Don inspecte rapidement le voilier qui tangue et se soulève pour mieux plonger à nouveau. Pourra-t-il se dégager du récif? Il fait redémarrer le moteur au moyen d’une batterie auxiliaire. Peut-être que s’il parvient à bien synchroniser sa manœuvre, il pourra utiliser la puissance du moteur pour se dégager en profitant d’une vague pour soulever le navire. Il dirige la proue face aux vagues, mais lorsqu’il enclenche le moteur, le gouvernail du bateau, accroché au récif, laboure et déchire la poupe. L’eau s’engouffre à l’intérieur. Il ne reste qu’à abandonner le navire.

    Vêtu de son gilet de sauvetage, l’infortuné dépose à bord du canot qu’il a emporté en cas d’urgence un précieux contenant de 20 litres d’eau, un sac étanche où il avait réuni la radio VHF portable, la balise de localisation d’urgence, son ordinateur, un imperméable, un pistolet lance-fusée et un peu de nourriture – des croustilles de maïs et des biscuits salés. En dernier recours, il gonfle également un radeau de survie– l’embarcation n’est pas plus grande qu’un cercueil – et l’accroche au canot.

    Il distingue au loin un phare, peut-être sur une petite île. Est-il à 10 kilomètres? À 15? Impossible à dire. Il veut rester près de l’épave et attendre que le jour se lève pour aller chercher de l’aide, mais les mouvements du voilier sont imprévisibles et l’ancre, qui se promène librement sur le pont, pourrait endommager le canot. C’est trop dangereux. Lorsque la corde du canot se coince dans le récif, il transfère ses affaires à bord du radeau de survie, y embarque et largue les amarres. Il est désormais à la merci du vent et des courants.

    Sur le radeau ballotté par les flots, le naufragé songe à ce qu’il aurait dû faire différemment – ranger ses appareils électroniques dans le sac étanche, emporter de la nourriture en conserve et placer les rames dans le canot pour pouvoir ramer en direction du phare. Au moins, il a récupéré une bouée parechoc de ponton qui flottait non loin de l’épave, ce qui lui permet d’être un peu plus confortable.

    Don est complètement lessivé. Son short et son tee-shirt sont trempés et empestent. Son dos et ses fesses sont très écorchés, mais il est en sécurité et l’air de la nuit est agréablement doux. En jetant un regard vers l’endroit où il a repéré le phare, il ne distingue plus que des ténèbres, les vagues qui s’enroulent et le vaste ciel étoilé.

    Le radeau dérive dans la direction opposée.

     

    La famille s’inquiète

     

    Dans une ferme biologique près d’Armstrong, en Colombie-Britannique, Annelise Grube-Cavers élève du bétail avec son conjoint. Son père a promis de lui donner des nouvelles tous les matins à 9 h, comme il l’a fait lors de son premier jour seul en mer. Mais depuis, plus rien. Elle sait qu’il possède un Iridium Go, un appareil permettant d’appeler et d’envoyer des données partout dans le monde, mais elle n’est pas certaine qu’il fonctionne correctement et son père n’a jamais été très bon pour communiquer.

    Après quatre jours de silence, elle commence à s’inquiéter. Son père est en bonne forme pour son âge, mais il a une prothèse de hanche, doit subir une opération de remplacement du genou et se trouve seul à bord d’un bateau qu’il connaît mal et qui a déjà connu son lot de problèmes.

    Annelise contacte une organisation appelée Boatwatch.org, tenue par les époux Glenn et Eddie Tuttle, en Floride. Les Tuttle sont des agents du FBI à la retraite qui mettent leurs compétences d’enquêteurs au service de la recherche de bateaux en retard, disparus ou volés. Ce n’est pas vraiment une urgence, déclare Annelise, mais son père aurait déjà dû atteindre sa destination. Les Tuttle demandent à Annelise de prévenir aussitôt la garde côtière de Porto Rico.

    Eddie Tuttle est catégorique: «Vous devez déclarer sa disparition, a-t-elle soutenu. Alertez toutes les autorités possibles» – c’est-à-dire la garde côtière américaine à Miami, les ambassades canadiennes dans les Caraïbes, les services consulaires d’urgence dans les pays voisins, et quiconque pourrait aider.

     

    Illustration d'un homme sur l'océanILLUSTRATION DE STEVEN P. HUGHES

     

    Ainsi guidée, Annelise devient la personne-ressource pour les membres de la famille et les amis inquiets. Les jours suivants, elle passe des heures devant son ordinateur et au téléphone, à explorer les complexités territoriales qui surgissent lorsqu’une personne venue de Colombie-Britannique et qui est censée naviguer depuis la Colombie, une nation souveraine, jusqu’à Porto Rico, un protectorat des États-Unis, à bord d’un bateau enregistré au Canada, est portée disparue – peut-être dans des eaux cubaines.

    Six jours après avoir pris la mer, désormais à la dérive dans la mer des Caraïbes, sous un ciel dégagé et ensoleillé, Don a tout le temps de réfléchir. Il se rappelle qu’il s’est déjà trouvé dans des situations délicates. Il a un jour souffert d’une fracture de compression d’une vertèbre cervicale en tombant d’une échelle. La dysenterie l’a presque tué lors d’un voyage en Afghanistan dans sa jeunesse. Il a tenté d’entrer au Cambodge juste au moment du coup d’État de Pol Pot en 1975 (un jour plus tôt et il n’aurait peut-être pas pu quitter le pays). Il a vogué depuis le Mexique dans un calme inquiétant et évité de peu des vents similaires à ceux d’un ouragan. Il a éprouvé des problèmes en pilotant son petit monoplan Murphy SR 2500 et a terminé dans un fossé, enchevêtré dans du fil barbelé, au cours d’un atterrissage d’urgence.

    Le secret, il le sait, est de ne pas paniquer. Une chose à la fois. Rationner les croustilles et les biscuits salés. Ajuster les rabats pour se protéger du vent et de l’eau. Tenter de s’installer confortablement. Quand il commence à avoir faim, il prend une gorgée d’eau. Les plaies sur son postérieur se sont infectées, il garde donc son short baissé. Un petit seau lui sert de toilette.

    Dans son sac étanche, il trouve un manuel de survie en français, et il commence à tenir un journal dans les espaces blancs: quand la seule chose à faire c’est attendre, la journée passe lentement.

    Les soirées glissent doucement dans l’obscurité, les méditations confuses dans l’inconscience, les nuits dans les aurores. Don a perdu le décompte des jours. Les scènes de sauvetage s’enchaînent dans son esprit. Que faire d’autre?

    Il dérive en direction du sud-ouest. Des débris flottant à la surface lui permettent de mesurer sa vitesse. Ils se déplacent à environ trois nœuds, calcule-t-il. Le radeau de sauvetage dérive un peu plus lentement. À ce rythme, estime-t-il, il parcourt environ 25 milles nautiques par jour (environ 46 kilomètres). S’il se trouve plus ou moins là où il l’imagine, il s’échouera peut-être dans le sud du Mexique, ou peut-être au Honduras, dans environ trois semaines.

    Don remarque soudain que l’antenne de sa balise de localisation est cassée. Envoie-t-elle le signal d’urgence? En remplaçant l’antenne brisée par celle de sa radio portable, il découvre un bouton qui indiquait «PRESSER PENDANT 5 SECONDES». Il essaie, mais l’unité ne réagit pas différemment – c’est du moins ce qu’il croit.

    En réalité, neuf jours après la défaillance électrique du Starlight, et trois jours après avoir embarqué sur le radeau, il vient enfin d’activer sa balise d’urgence.

    L’appareil de Don envoie un signal à un satellite SARSAT, qui scanne le pays d’enregistrement de la balise avant de relayer le signal vers un réseau de sauvetage à terre. Comme Don possède une balise canadienne, le personnel du Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage à Trenton, en Ontario, se met en mouvement. Ce centre reçoit environ 4000 alertes d’urgence par an, des incidents maritimes pour la plupart. Là on cherche à établir la position de la balise et de son propriétaire, avant de prévenir les agences de sauvetage appropriées. La tâche est compliquée par le fait que l’enregistrement de la balise n’a pas été modifié depuis le changement de propriétaire du bateau. Il leur faut une journée pour retrouver la famille de Don Cavers en Colombie-Britannique et leur annoncer qu’ils ont reçu son signal – un immense soulagement.

    Comme le signal provient des eaux territoriales cubaines, Trenton relaie la position du bateau à la garde côtière du pays. Les Cubains ne se montrent pas particulièrement obligeants. Ils ont affirmeront plus tard avoir envoyé un navire vers la position indiquée, mais n’avoir rien trouvé et classé le dossier.

    Trenton est également en contact avec la garde côtière américaine à Miami. Toujours sans nouvelles le lendemain, il est temps de lancer une alerte AMVER (système automatique d’entraide pour le sauvetage des navires), qui interrompt les radios des bateaux dans la zone entourant la dernière position de la balise.

    L’alerte redonne espoir à Annelise Grube-Cavers, elle qui avait imaginé le pire. Son père a-t-il été retardé en Colombie avant même de partir? (La marina a confirmé qu’il avait pris la mer.) Existe-t-il une possibilité de piraterie en haute mer? Est-il toujours vivant?

    Le radeau de survie de Don est stabilisé par une ancre flottante conique – de la forme des manches à air dans un aérodrome. Comme elle pourrait déséquilibrer le radeau en cas de mauvais temps, il la remonte à bord chaque soir.

     

    L’aventure continue

     

    Au cours de son cinquième jour à la dérive, de plus en plus faible, Don aperçoit de petits poissons pris dans le filet de l’ancre flottante. Je n’ai jamais été un grand amateur de sashimi, écrit-il dans son journal. Six minuscules poissons sur un biscuit mou constituent son repas, son premier apport de protéines. Pas sûr de vouloir perdre plus de poids, pense-t-il. Il boit une gorgée d’eau et s’assoupit.

     

    Photo de Don CaversAVEC LA PERMISSION DE DON CAVERS
    Don Cavers, secouru et en sécurité à bord du Bulk Pangaea.

     

    En haute mer, le sifflet d’un navire est généralement un avertissement pour signaler aux embarcations plus petites de sortir du passage. Réveillé en sursaut, Don aperçoit un énorme cargo vraquier fonçant sur son radeau. Dans l’incapacité d’échapper au navire, il ouvre un rabat et lance une fusée, puis une autre, et saisit sa radio.
    «Navire cargo! Navire cargo! Ici radeau de sauvetage du bateau de plaisance Starlight. Je suis à la dérive.
    — Ici le Bulk Pangaea, répond quelqu’un. Nous vous voyons.
    — Je ne peux pas sortir de votre route!
    — Ne vous inquiétez pas. Nous sommes là pour vous secourir.»

    Submergé par la gratitude et le soulagement, Don admire les talents de marin du capitaine russe et de son équipage philippin, qui manœuvrent le vaisseau de la longueur de deux terrains de football pour le ranger le long du petit radeau orange. Le Bulk Pangaea, enregistré au Panama, retourne à vide en Jamaïque après avoir livré de la bauxite en Louisiane. Le capitaine, Vladimir Bakhar, a répondu à l’alerte AMVER et changé de cap pour fouiller la zone entourant la balise de Don. Il l’a retrouvé entre Cuba et la Jamaïque.

    En milieu d’après-midi, le 14 décembre, la garde côtière de Miami appelle Annalise Grube-Cavers en Colombie-Britannique pour lui annoncer qu’un cargo a répondu à l’alerte AMVER du Starlight. Le navire se trouve à 16 kilomètres de la dernière position de la balise de son père et progresse maintenant dans sa direction.

    Enfin! Un espoir! Puis, inévitablement, surgissent des questions plus troublantes. La balise se trouve-t-elle toujours sur le bateau? Le voilier a-t-il coulé, et son père avec lui? La balise flotte-t-elle librement dans les Caraïbes?

    Elle n’a pas à attendre longtemps pour obtenir des réponses. Moins de deux heures plus tard, Miami la rappelle. «Votre père s’appelle-t-il Don Cavers? Un navire marchand l’a secouru à bord d’un radeau de sauvetage. Il va bien. Il est en sûreté.»

    Des membres d’équipage déroulent une échelle de corde depuis le pont. Don prend vraiment conscience de sa faiblesse lorsqu’il tente d’y grimper. À bord, il est examiné et déclaré en bonne santé, puis on lui sert un peu de poulet en sauce et donne un peignoir assorti de chaussures Crocs taille 10 pour ses pieds de pointure 13. On panse ses lacérations infectées, puis il s’endort.

    Don passe trois jours à bord du Bulk Pangaea en route pour la Jamaïque, et trois jours de plus au port, confiné dans une chambre en guise de quarantaine de précaution contre la covid-19. Avant de débarquer, l’équipage lui offre un «certificat de renaissance» rédigé à la main. Enfin hors de quarantaine, il passe les douanes et part pour Montego Bay, d’où il prend un vol pour Toronto, puis pour la Colombie-Britannique.

    Annelise et son frère, Tristan, l’accueillent à l’aéroport de Kelowna. Après des retrouvailles pleines d’émotions – leur père a perdu sept kilos, mais il est en bonne santé –, ses enfants le reconduisent à la maison.

    Ce n’est que plus tard que Don prendra conscience d’être passé très près de la mort. Il a été chanceux, la mer des Caraïbes est restée calme. S’il n’avait pas activé la balise d’urgence ni été repéré par le Bulk Pangaea, il aurait aisément pu devenir un cadavre flottant. «Quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, a déclaré le capitaine Jean House du centre de Trenton à CBC, la situation tourne mal.»

    Comparativement à la plupart d’entre nous, Don Cavers est un aventurier héroïque. Aujourd’hui, reconnaissant d’être capable de jouer avec ses petits-enfants et de s’occuper de son jardin, il regrette de ne pas avoir testé correctement les systèmes du voilier, de ne pas avoir eu de GPS portable et étanche avec lui, d’avoir dérangé tant de monde. Il regrette la perte de son bateau, non assuré.

    Mais surtout, il déplore l’inquiétude et le chagrin qu’il a causé à sa famille. «Ce n’était pas le voyage d’un héros, admet-il. C’était le voyage d’un idiot.»

     

    Grand Reportage 5:  Perdu au milieu de l’océan

     

     

     Grand Reportage 5:  Perdu au milieu de l’océan

     

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    Les bonnes nouvelles à travers

    le monde en 2023

     

    Parce qu’il ne faut pas oublier les belles actions et les actes de bravoure, nous rassemblons ici toutes les bonnes nouvelles qui sont publiées dans le magazine Sélection du Reader’s Digest en 2023. Comme un vent de fraîcheur, voici notre dose de positivité pour l’année à venir!

     

    Le President Pendarovski Avec Embla Ademi Et Sa FamilleKRISTIJAN GEORGIEVSKI
     
    Le président Pendarovski (à gauche) avec Embla Ademi et sa famille.
     

    Un président qui donne l’exemple – Macédoine du Nord

    En 2022, des élèves d’une école de Gostivar, en Macédoine du Nord, ont été surpris de voir le président du pays apparaître juste avant l’appel.

    En apprenant qu’Embla Ademi, une jeune fille de 11 ans atteinte de trisomie, subissait la persécution de ses camarades de classe et était isolée par ses enseignants, le président Stevo Pendarovski, élu en 2019, a décidé d’intervenir personnellement. Il a donc rendu visite à la famille et offert des cadeaux à Embla, qu’il a ensuite accompagnée à l’école, parfois main dans la main.

    Dans un pays où, pour plus de la moitié de la population, les enfants en situation de handicap ne peuvent pas vraiment s’intégrer à la société, et que, pour 81% des gens, ces enfants devraient être séparés des autres à l’école, l’action de M. Pendarovski portait un message fort.

    Le bureau du président a publié une déclaration selon laquelle les enfants au développement atypique «devraient non seulement pouvoir jouir des droits qu’ils méritent, mais également se sentir égaux à leurs camarades et bienvenus à l’école, en classe autant que dans la cour de récréation. C’est notre devoir en tant qu’État, mais aussi en tant qu’individus, et l’élément clé de cette mission commune est l’empathie.»

     

    Yasmeen Lari Heritage Foundation Of Pakistan:HERITAGE FOUNDATION OF PAKISTAN

     

    Des abris de secours pour les rescapés – Pakistan

    En 2022, au Pakistan, de graves inondations ont tué plus de 1700 personnes après des pluies de mousson et la fonte des glaciers. Trente-trois millions d’habitants ont été déplacés et beaucoup vivent toujours dans des conditions difficiles, menacés par les maladies, la pauvreté et le manque d’hébergement.

    Pour résoudre ce dernier problème, Yasmeen Lari, de Karachi, la première femme architecte du Pakistan et cofondatrice de l’organisme de défense de la culture et de la justice sociale Heritage Foundation of Pakistan, a procédé à une distribution de huttes de bambou faciles à assembler. Ces structures de quelque 12 m2 peuvent coucher jusqu’à cinq personnes.

    Mme Lari, désormais octogénaire, possède un campus «zéro carbone» dans la ville voisine de Makli, où des artisanes qualifiées travaillent en équipe à fabriquer huit de ces huttes chaque jour. Elle espère en former d’autres, au pays et ailleurs, pour augmenter la portée de ce programme humanitaire.

     

    Réparez immédiatement les fuites pour éviter les parasites dans la maison.A STOCKPHOTO/GETTY IMAGES

     

    Des services de plomberie pour les personnes dans le besoin – Royaume-Uni

    Devant la flambée des prix, au pays et dans le monde entier, un plombier de Burnley, au nord de Manchester, au Royaume-Uni, aide les familles à faibles revenus ou en situation de handicap, ainsi que les seniors à économiser sur les coûts d’énergie.

    En apprenant qu’un client s’était fait escroquer sur le prix d’une chaudière par une entreprise de plomberie, James Anderson a eu l’idée de créer Disability and Elderly Plumbing and Heating Emergency Repair (Depher) afin d’offrir des services gratuits ou à rabais à ceux qui en ont le plus besoin.

    Il a maintenant étendu son action hors de Burnley: Depher a aidé plus de 19 000 habitants dans tout le Royaume-Uni, en fournissant des services gratuits financés par les profits de James Anderson auprès d’autres clients ainsi que par des dons.

    «Quels que soient ses besoins, une personne en situation de vulnérabilité peut se tourner vers nous, déclare-t-il. On ne peut pas rester passif – pour certains, c’est une question de vie ou de mort.»

     

    L’Inde sort des millions d'habitants de la pauvreté.YAVUZ SARIYILDIZ/SHUTTERSTOCK

     

    L’Inde sort des millions d’habitants de la pauvreté – Inde

    Le taux de pauvreté, dont le seuil, à la fin de l’année 2022, est établi à 2,15$ US par jour, est depuis longtemps élevé en Inde. Mais on peut définir la pauvreté autrement, selon d’autres critères, comme la santé, l’éducation et la qualité de vie. C’est ce qu’ont fait le programme de développement des Nations unies et l’Oxford Poverty and Human Development Initiative.

    Un rapport de 2022 publié par les deux groupes semble encourageant. Il montre que 415 millions de personnes en Inde sont sorties de cette pauvreté multidimensionnelle en 15 ans. Au début de l’étude, en 2005-2006, l’incidence de la pauvreté ainsi définie était de 55,1%. En 2019-2021, elle était retombée à 16,4%.

    Cette baisse s’explique pour une part importante par les efforts déployés en faveur du développement durable, de la formation des femmes et des jeunes, et des services aux populations vulnérables.

     

    Kevin Whine Avec La Permission De Global Vision 2020AVEC LA PERMISSION DE GLOBAL VISION 2020

     

    Une bonne vue pour tous

    Dans de nombreux pays, l’accès aux lunettes, ou même à un optométriste, peut être extrêmement compliqué. C’est une réalité qu’a pu observer Kevin Whine, un marine à la retraite, lors d’une mission humanitaire au Maroc en 2005.

    Une clinique d’optométrie installée par les forces aériennes des États-Unis distribuait gratuitement des lunettes à la population. M. White a observé une femme refuser celles qui lui étaient prescrites parce que le style ne lui convenait pas. «Je me suis alors dit qu’il fallait trouver mieux pour encourager les gens à porter des lunettes.»

    Aucun programme ne tenait alors compte à la fois de la nécessité médicale des lunettes et de leur valeur esthétique. Si le style plaît à celui qui a besoin de lunettes, il acceptera plus facilement de les porter.

    Le retraité a donc lancé Global Vision 2020 et, avec le soutien de spécialistes de l’université Johns Hopkins et du New England College of Optometry, il a mis au point le USee Vision Kit, une trousse de diagnostic d’utilisation facile.

    S’aidant du tableau optométrique, le personnel technique détermine si le sujet, adulte ou enfant, a besoin de lunettes. Quand c’est le cas, ils lui posent sur le nez l’appareil USee – qui ressemble à une paire de lunettes – et tournent les molettes jusqu’à ce qu’il voie bien des deux yeux. Le chiffre sur le cran de la molette correspond à la prescription du verre.

    Il n’y a plus qu’à choisir une couleur de monture et d’y installer les bons verres. Pour l’instant, le style de monture est plutôt passe-partout, mais Kevin White entend bien élargir la gamme.

    Plus de 200 000 personnes dans 65 pays ont profité de ce programme et l’homme espère que «tout le monde, peu importe où il vit, pourra un jour bénéficier d’un examen de la vue et, quand ça s’impose, obtenir des lunettes».

    Vous n’avez qu’une paire d’yeux, alors mieux vaut bien s’en occuper.

     

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    Un skatepark pour les handicapés – Australie

    Peu importe l’âge ou le talent, tout le monde est invité à goûter les joies du skate et de la trottinette au skatepark intérieur Alley-Oops de Birtinya, au nord de Brisbane, en Australie.

    Ce parc est ouvert à tous et propose des outils d’accessibilité. Il suffit d’enfiler le harnais qui est rattaché à un cadre sur roue spécialement adapté. L’équipement permet d’utiliser les rampes, les sauts et les tuyaux avec un employé qui pousse le cadre à travers le parc.

    C’est parce qu’il se désolait de voir de jeunes handicapés assis au bord des skateparks que l’ancien propriétaire David King a voulu créer un lieu plus inclusif. Ceux qui lui ont succédé, Lauren et Chris Hignett, ne cessent d’en améliorer les cadres. Ils proposent également des «séances silencieuses» pour les personnes affligées d’un trouble du spectre de l’autisme ou d’un handicap sensoriel et que le bruit agresse.

     

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    Un dauphin en captivité retrouve la liberté – Corée du Sud

    En octobre dernier, après avoir passé 17 ans dans un aquarium de l’île Jeju en Corée du Sud, Bibong, un grand dauphin de l’Indo-Pacifique, a été relâché dans la nature. Il vivait en captivité et se produisait devant les touristes depuis 2005.

    Bibong est le dernier des huit dauphins à avoir été libérés de plusieurs aquariums coréens; les autres l’ont été entre 2013 et 2017. Les dauphins ne s’épanouissent pas en captivité. Maintenu dans un enclos, l’animal peut devenir très anxieux, déprimé, et s’ennuyer ferme.

    Pour bien préparer son retour à la vie sauvage, Bibong a réappris à nager dans l’océan et à interagir avec des dauphins sauvages tout en affrontant des courants violents. L’apprentissage a duré 70 jours. Le dauphin a été équipé d’une balise qui permettra aux employés de l’État de suivre ses déplacements.

     

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    Plus de reconnaissance pour les scientifiques sous-représentées

    Il y a plus de 6,5 millions d’entrées en anglais dans Wikipédia, dont 20% traitent de sujets scientifiques. La physicienne britannique Jess Wade a remarqué ce fait troublant: le petit nombre d’entrées sur les femmes – dans la version anglaise, moins d’une biographie de scientifique sur cinq.

    Jess Wade a donc décidé de faire sa part sur la plateforme pour réduire cet écart.

    Depuis 2017, elle a rédigé plus de 1750 entrées qui mettent en lumière des contributions de femmes, en privilégiant les Non-Blanches, les trans et les non-binaires. Jess Wade a fait passer le message à d’autres à qui elle apprend la méthode dans ses «édit-ons» organisés lors de conférences et dans les écoles.

     

    Carie BroeckerAVEC LA PERMISSION DE CARIE BROECKER

     

    Un coup de main pour les vieux chiens – Californie

    Carie Broecker a toujours aimé les bêtes. Elle siégeait depuis 12 ans au conseil d’administration d’un refuge pour animaux de Pacific Grove, en Californie, quand elle a dû s’occuper du chien d’une dame âgée atteinte d’emphysème et qui s’inquiétait du sort qui serait réservé à son chien Savannah après sa mort. Carie faisait de son mieux pour la réconforter. Au décès de la vieille dame, Carie a adopté l’animal.

    Cette expérience lui a inspiré l’idée d’un refuge pour chiens appartenant à des personnes mourantes ou contraintes de se retirer en CHSLD. L’organisme, sans but lucratif, se chargerait ainsi de proposer des adoptions à court ou à long terme.

    Elle a invité Monica Rua, une ancienne collègue, à se joindre à elle. Monica a accepté et suggéré de prendre aussi en charge des chiens âgés des refuges et souvent laissés pour compte.

    Depuis sa création, Peace of Mind Dog Rescue a aidé des milliers de chiens et de seniors en accueillant provisoirement des bêtes devant subir des soins médicaux, en contribuant financièrement aux soins et en trouvant des familles d’adoption pour les chiens endeuillés de leurs maîtres, entre autres.

    «L’animal de compagnie est parfois pour certains l’unique source d’amour, confie Monica. Il nous semble important de faire l’impossible pour ne pas séparer un chien de son propriétaire.»

    À plumes, à poil ou à écailles, les membres non humains de votre famille vous aident bien plus que vous ne le pensez. 

     

    Annette Kruger BikeygeesTANJA SCHNITZLER, AVEC L'AIMABLE AUTORISATION DE BIKEYGEES

     

    Des réfugiées apprennent à faire du vélo – Allemagne

    «C’est comme le vélo» dit-on pour rappeler que les compétences de base ne s’oublient jamais. Et que fait-on de ceux qui n’ont pas appris à faire du vélo? Annette Krüger s’est rendu compte que c’était le cas de nombreuses femmes, notamment des réfugiées, venues s’installer à Berlin. Elles n’avaient pas eu le droit ou l’occasion d’apprendre, restant ainsi privées des bienfaits pour l’autonomie et la santé mentale que procure la bicyclette.

    Pour corriger les choses, Annette Krüger a lancé il y a sept ans l’organisme à but non lucratif Bikeygees. Le groupe se réunit deux heures par mois, mais des séances d’entraînement en plus petit comité ont lieu toutes les semaines. Les participantes plus avancées peuvent emprunter gratuitement une bicyclette et un casque pour s’entraîner de leur côté. À terme, on souhaite que chaque femme ait son propre vélo, ce que les dons ont déjà rendu possible pour 500 d’entre elles. À ce jour, elles sont 1400 à avoir appris à pédaler et le groupe a organisé des rencontres dans une vingtaine de lieux différents en Allemagne – y compris des refuges d’urgence.

    Le vélo donne certes une liberté de mouvement, reconnaissent-elles – certaines l’enfourchent pour déposer leur enfant à la maternelle –, mais il ravive aussi l’espoir en l’avenir. Annette Krüger mesure l’effet sur ces femmes des efforts consentis pour l’acquisition d’une nouvelle compétence. «On ne peut pas remplacer ce qu’une personne a perdu dans la vie, mais on peut lui offrir quelque chose de nouveau», confie-t-elle.

    Repensez votre mobilité et partez à la conquête de notre Belle Province et de ses nombreux lacs… en vélo! 

     

    Mayan RuinsMICHELE WESTMORLAND/GETTY IMAGES

     

    Randonnée historique – Mexique

    Le premier sentier de randonnée longue distance – qui est aussi une piste cyclable – vient d’ouvrir dans la péninsule du Yucatán, au Mexique. Il traverse d’anciennes propriétés espagnoles (récupérées pour raconter l’histoire des Mayas), croise des dolines remplies d’eau fraîche et de nombreux sites archéologiques, y compris les vestiges des premières villes mayas érigées il y a près de 3000 ans.

    Il faut compter environ cinq jours pour parcourir à pied les 100 kilomètres du Camino del Mayab et croiser les 14 communautés mayas qui ont contribué au développement du projet. La faune sauvage y est bien représentée et on peut admirer le motmot à sourcils bleus et de nombreuses espèces d’iguanes. Les restaurants qui ponctuent le parcours proposent une cuisine maya; les randonneurs peuvent se reposer pour la nuit dans un cabane au toit de chaume.

    Le Mexique est un vaste pays abritant plusieurs trésors et plaisirs cachés qui attendent d’être découverts par les voyageurs avertis du monde entier. 

     

     Disabled,child,on,wheelchair,is,play,and,learn,in,theANNGAYSORN/SHUTTERSTOCK

     

    L’autonomie par le fitness – Royaume-Uni

    La salle de sport est déjà un lieu intimidant, mais il l’est d’autant plus si on souffre d’un handicap ou si on est âgé. Pour aider les personnes dans ce cas, l’ancien joueur de cricket Javeno Mclean, a ouvert une salle de sport qui leur est réservée.

    Au J7 Community Health Centre, situé à Manchester, au Royaume-Uni, il accueille 15 enfants physiquement atteints – certains souffrent de paralysie cérébrale, d’autres sont en fauteuil roulant – et une trentaine d’adultes. L’objectif est d’améliorer leur condition physique, de les aider à acquérir une plus grande autonomie dans les tâches quotidiennes et de développer leurs forces physique et mentale.

    Dans un entretien accordé au média numérique LADbible, Javeno Mclean se réjouit de voir que ceux qui s’entraînent dans sa salle de sport maîtrisent un plus grand éventail de mouvements et qu’ils acquièrent une confiance qui se maintient bien après avoir quitté le centre.

     

    Sohutern,right,whale,jumping,,endangered,species,,patagonia,argentina.FOTO 4440/SHUTTERSTOCK

     

    Nouvelle technique pour repérer les baleines – Canada

    Comment repérer une baleine dans une étendue d’eau grande comme l’Italie, sachant que l’espèce est menacée et qu’elle ne compte plus que 336 individus sur la planète? Les scientifiques se posent la question à propos de la baleine noire de l’Atlantique Nord dans le golfe du Saint-Laurent. Ajoutons qu’ils ne connaissent toujours pas avec précision le trajet de la migration de ces baleines en direction et hors des eaux canadiennes.

    Pour les localiser et les protéger, des chercheurs de l’université d’Ottawa recourent désormais à l’imagerie satellitaire. Grâce à leur apport, on pourra mieux suivre ces mammifères insaisissables qui risquent la collision avec des navires ou l’empêtrement dans des filets de pêche abandonnés. Connaître la trajectoire des baleines noires permettra de tracer de nouvelles et plus sûres routes de navigation.

     

    Infirmiere Yassah LavelahAVEC L'AIMABLE AUTORISATION DE YASSAH NUPOLU LAVELAH

     

    Pour des accouchements plus sûrs – Liberia

    Au Liberia, une femme ne peut accoucher dans un hôpital public que si elle apporte avec elle quelques produits essentiels – eau de Javel, couches, serviettes hygiéniques – afin d’assurer une naissance sans risque pour elle-même, son enfant et le personnel.

    Après plus de 10 années de guerre civile et l’épidémie d’Ebola, qui a sévi entre 2014 et 2016, le système de santé libérien déjà gravement sous-financé est en effet en grande souffrance. Aussi, en dépit d’un taux de mortalité très élevé chez les nouveau-nés et les jeunes mères, quand une femme arrive sans son matériel à l’hôpital, elle est renvoyée à la maison où elle risque des complications.

    Infirmière et chercheuse à Monrovia, la capitale du Liberia, Yassah Lavelah s’est penchée sur ce problème dans le cadre de ses études à l’université Harvard sur les soins de santé mondiaux. «La plupart des femmes disent préférer accoucher à la maison, essentiellement parce qu’elles n’ont pas les moyens de se procurer ce matériel», a-t-elle pu constater.

    En 2021, elle a donc lancé Comfort Closet, un projet chapeauté par Mavee Maternal Empowerment Initiative, qui fournit aux futures parturientes tout le matériel nécessaire à leur admission à l’hôpital. Aujourd’hui, avec l’aide d’une collaboratrice, elle recueille des fonds qui permettront l’ouverture de deux autres Comfort Closet dans le pays. «Un accouchement ne doit pas être une condamnation à mort pour les femmes qui n’ont pas les moyens.»

     

    Drones Pour Sauver Les Baigneurs Adrian PlazasAVEC LA PERMISSION DE GENERAL DRONES
     
    Les drones peuvent localiser et rejoindre les baigneurs en détresse en quelques secondes.

    Des drones pour sauver les baigneurs – Espagne

    Chaque année, environ 263 000 personnes dans le monde meurent par noyade. Et même si on imagine volontiers qu’un baigneur en train de sombrer se débat dans l’eau et agite les bras pour appeler au secours, en réalité les noyades se produisent souvent rapidement et en silence. Ancien maître-nageur sauveteur, Adrián Plazas ne l’ignore pas. Il y a plusieurs années, malgré leur rapidité, lui et son associé Enrique Fernández ont assisté, impuissants, à la mort d’une femme. Ce drame a bouleversé la vie d’Adrián.

    Cet ingénieur industriel est aujourd’hui le p.-d.g. de General Drones, une entreprise espagnole spécialisée dans la fabrication de drones qu’il a fondée avec Enrique Fernández. Les deux hommes ont mis leurs connaissances ensemble pour créer un drone de recherche et sauvetage dédié à la prévention des noyades.

    Quand un maître-nageur remarque une personne en détresse dans l’eau, il lui suffit d’aviser un pilote de drone, qui, se trouvant également sur la plage, enverra directement et en quelques secondes l’appareil à la rescousse, guidé par une caméra attachée. Le drone largue alors un gilet de sauvetage (qui se gonfle automatiquement en touchant l’eau) pendant que les maîtres-nageurs arrivent. En faisant du sur-place au-dessus de la victime, il permet en même temps aux sauveteurs de la repérer rapidement.

    Le projet a démarré en 2015, mais Adrián Plazas explique qu’il a fallu du temps pour passer du prototype au produit fini. «Le drone doit être conçu spécifiquement pour la plage, en tenant compte de l’humidité du lieu, du soleil, des grands vents», précise-t-il.

    Jusqu’à présent, leurs appareils sont intervenus dans plus de 60 situations d’urgence et ont été déployés sur 22 plages d’Espagne. L’entreprise espère maintenant que de nouveaux investissements et une plus grande visibilité l’aideront à étendre ses services à d’autres pays.

     

    Smart Phone IsolatedISTOCKPHOTO.COM/CESARE FERRARI

     

    Une ligne d’écoute d’urgence en santé mentale – Canada

    Au pays, en cas d’urgence, on compose le 911. Mais que faire en cas de crise de santé mentale? Selon une enquête de la CBC en 2020, 68% des sujets qui ont perdu la vie lors d’un affrontement avec la police au Canada souffraient de problèmes de santé mentale ou de dépendance (ou des deux).

    Voilà qui a contribué à convaincre de la nécessité d’un nouveau numéro d’urgence pour aider les personnes en situation de crise et servir en même temps dans la prévention du suicide. Le 988 entrera en fonction au cours de cette année et il sera accessible dans l’ensemble du pays, par téléphone et par texto.

     

    Yvon Chouinard est le fondateur de Patagonia.TERRY STRAEHLEY/SHUTTERSTOCK

     

    Mettre les profits de l’entreprise au service des défis environnementaux – États-Unis

    Yvon Chouinard, le fondateur milliardaire de la célèbre marque de vêtements de plein air Patagonia, est souvent applaudi pour son approche tournée vers l’avenir et le développement durable. À ce jour, son plus grand geste a consisté, en 2022, à céder ses actions de l’entreprise à une fondation (appelée Patagonia Purpose Trust) et à un organisme à but non lucratif (le Holdfast Collective), qui assureront ensemble que les profits servent à lutter contre les crises environnementales, en matière de biodiversité et de changements climatiques par exemple.

    Yvon Chouinard a retenu cette solution après avoir écarté la possibilité de vendre l’entreprise ou de la rendre publique. «Nous avons donc créé notre propre solution. La Terre est désormais notre seule actionnaire.»

     

    Inscrire ses enfants à la bibliothèqueISTOCK/CONNEL_DESIGN

     

    Raviver l’amour de la lecture – Syrie

    Dans la ville méditerranéenne de Tartous, en Syrie, Mohamed Zaher occupe ses journées à tenir un kiosque appelé Wisdom Seller, qui invite les passants à s’arrêter pour feuilleter les quelque 2000 livres qui tapissent ses murs. Pour encourager les visiteurs à rester, il offre le café à toute personne qui lit plus de 15 pages d’un ouvrage. Ce vétéran de 32 ans appelle ses compatriotes à revenir aux livres imprimés qui, comme s’il s’agissait d’un luxe, sont devenus inaccessibles pour de nombreux habitants en raison de la guerre. Mohamed affirme que la lecture lui a servi de thérapie lorsqu’il était au combat.

    Pour demeurer en activité, le kiosque dépend de la générosité de riches habitants locaux – mais tout le monde est bienvenu. Il estime que plus de 20000 visiteurs de tous âges se sont arrêtés à son kiosque depuis son ouverture.

     

    Anai Green Tel Aviv LumiweaveKFIR SIVAN, AVEC LA PERMISSION DE LUMIWEAVE

     

    Exploiter le pouvoir du design – Israël

    À Tel Aviv, les températures estivales dépassent la barre des 30ºC, et la lumière du soleil éclaire la ville pendant environ 11 heures par jour. Ses habitants sont donc habitués au temps chaud. Et avec le risque de hausse des températures globales, il ne sera pas plus aisé de se protéger de la chaleur. Mais là où les uns redoutent des problèmes, Anai Green a imaginé une solution.

    En 2019, cette femme d’affaires et designer produit a eu l’idée d’associer le besoin d’ombre de sa ville, le jour, à la possibilité d’exploiter le soleil pour éclairer la nuit. Elle a donc créé Lumiweave, un tissu cousu de panneaux solaires capables de bloquer jusqu’à 99,5% des radiations lumineuses tout en stockant la puissance solaire nécessaire à l’éclairage public la nuit. Chaque ville peut personnaliser le tissu selon qu’il doit être tendu sur un cadre, utilisé comme parasol, ou suspendu entre des bâtiments.

    Quand on lui demande ce qui l’a inspirée, Anai Green déclare qu’elle voulait changer la façon dont on perçoit l’environnement. «J’ai pris deux problèmes banals et je les ai combinés.»

     

    Une Occasion De Se Faire Entendre Ronni AbergelELIN TABITHA/HUMAN LIBRARY ORGANIZATION
     
    Du bavardage naît l’empathie.
     

    Une occasion de se faire entendre – Danemark

    Le Danois Ronni Abergel s’intéresse depuis toujours aux autres et à leurs expériences significatives. En 2000, avec son frère et des amis, il a créé la Bibliothèque humaine et l’a garnie de «livres humains», c’est-à-dire de bénévoles provenant de milieux souvent stigmatisés, auxquels il a donné des titres comme SDF, Musulman, Obèse, Survivant de l’Holocauste et TDAH. «Je voulais créer un lieu protégé où il serait permis d’interroger les autres», explique-t-il.

    La première Bibliothèque humaine a ouvert dans le cadre d’un festival de musique, mais on en trouve désormais régulièrement dans des bibliothèques publiques. Les personnes intéressées peuvent feuilleter son catalogue, emprunter un «livre» pour une demi-heure et lui poser des questions. «C’est l’occasion de se mettre à leur place et de conjurer la peur», dit Ronni Abergel, en précisant que tous les candidats au rôle de livre sont rencontrés et formés pour garantir leur ouverture et leur sincérité.

    L’idée s’est ensuite répandue. Plus de 85 pays ont maintenant des bibliothèques humaines. Ronni Abergel note qu’il faut être quelqu’un de spécial pour se proposer comme livre humain, car on doit être prêt à répondre franchement à n’importe quelle question. Mais le rôle a ses récompenses. «Ils peuvent s’expliquer, dit-il. Qui n’a pas envie d’être compris, surtout quand on ne l’a jamais été auparavant?»

     

    Macon,,georgia,,usa,,mercer,university,,walter,f.,george,school,ofMALACHI JACOBS/SHUTTERSTOCK

     

    Des annuaires en 3D pour finissants aveugles – États–Unis

    Depuis cinq ans, des ingénieurs de l’université Mercer de Macon, en Georgie, créent des «annuaires» pour les élèves de dernière année d’une école voisine pour les aveugles, la Georgia Academy for the Blind, en montant sur des tableaux des images tridimensionnelles grandes comme la main des visages de tous les élèves.

    Un professeur de génie biomédical, Sinjae Hyun, en a eu l’idée au cours d’un atelier en Corée du Sud en 2016. Depuis que la numérisation et l’impression en trois dimensions étaient enseignées à son université, il cherchait des façons de s’en servir pour aider les autres.

    Sinjae Hyun produit ces souvenirs annuels avec l’aide de professeurs et d’étudiants de la faculté de génie. Le visage de chaque élève est lu par un numériseur portatif, puis imprimé en trois dimensions. L’équipe a amélioré sa technique au fil des ans: elle a notamment réduit le délai de production en utilisant des moules de silicone des impressions en 3D pour faire les copies supplémentaires. Elle a aussi commencé à enseigner la technique à une association coréenne de soutien aux aveugles.

     

    Bébé animaux : phoque commun de 2 semaines.TRAER SCOTT

     

    Nounous pour bébés otaries – Nouvelle–Zélande

    Des sept espèces connues d’otaries, une est éteinte et trois autres sont menacées. Parmi elles, le lion de mer de Nouvelle-Zélande, ainsi appelé parce qu’on ne le trouve que le long des côtes de ce pays. Sa population a été réduite par les maladies, les changements climatiques et des techniques de pêche insouciantes.

    D’après le New Zealand Sea Lion Trust, il en resterait environ 12000 à l’état sauvage, dont à peine 300 dans l’île du Sud. Fondée dans la péninsule d’Otago en 2003, cette association de conservation a pour mission de sensibiliser les habitants, de dénombrer les lions de mer et de promouvoir la recherche. Par bonheur, le nombre de ses protégés semble en augmentation dans la région, et l’équipe de «nounous» de l’association y est pour beaucoup. Ses membres bénévoles arpentent la plage durant la saison de reproduction pour vérifier la santé des chiots et s’assurer qu’ils sont en sécurité. La colonie en a élevé 21 cette année, plus que jamais en 200 ans.

     

    Acquario,di,genova.,beautiful,coral,fish,on,the,background,ofADELFRANSOISE/SHUTTERSTOCK

     

    Un parc de sculptures pour protéger les poissons – Italie

    Notoirement destructeur, le chalutage est interdit dans bien des endroits du monde, car le lourd filet que traîne le chalutier arrache au fond marin toutes les formes de vie sans distinction. Pêcheur commercial depuis des décennies au large de la Toscane, Paolo Fanciulli était conscient de ces ravages et de la chute concomitante des populations de poissons. Il avait réussi à convaincre les autorités de déposer au fond de la mer des blocs de béton qui accrocheraient et déchireraient les chaluts. Mais il n’y en avait pas assez pour changer la donne.

    En 2013, Paolo Fanciulli a trouvé un autre moyen de multiplier les obstacles dans le fond de l’eau et d’attirer l’attention sur sa cause: élaborer un parc de sculptures sous-marines. Avec l’aide d’artistes et un don de blocs de marbre, il a déjà immergé 39 sculptures de formes humaines et autres. Et le travail se poursuit. Les chalutiers ont fini par quitter la zone, et les populations de poissons se redressent. En prime, plongeurs et apnéistes peuvent admirer cette «maison des poissons» à loisir.

     

    Jianyi DongAVEC LA PERMISSION DE JIANYI DONG

     

    Une serre plus verte – Canada

    Le géologue Jianyi Dong est arrivé de Chine en Alberta en 2014. Il a alors noté qu’on y utilisait des combustibles fossiles pour chauffer les serres commerciales. En Chine, on emploie plutôt un chauffage solaire «passif»: les serres sont faites de matériaux comme la glaise, qui absorbent l’énergie solaire durant la journée et la restituent la nuit. «L’agriculture devrait être facile, naturelle et écologique», dit-il.

    Après des mois de recherches, Jianyi Dong a acheté en Chine une serre de 250000$ en kit. Sa femme et lui ont mis un an à monter la structure de 100 mètres de long. En 2019, ils y ont fait pousser leurs premières tomates biologiques; ils en récoltent à présent environ 13600 kilos par an.

    L’entreprise, FreshPal Farms, exploite l’une des plus grandes serres solaires passives de la province; elle vend ses récoltes par l’entremise d’un détaillant local. Jianyi Dong a calculé que les économies d’énergie sur trois ans paieront l’achat de la serre. Il espère que les serres solaires passives deviendront bientôt monnaie courante au Canada et contribueront à réduire les émissions nocives.

    Grand Reportage 5:  Les bonnes nouvelles à travers le monde en 2023

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    Don d’organe: offrir une seconde vie

     

    Donner les organes de son enfant pour que d’autres puissent vivre? Le don d’organes est un choix déchirant pour les parents, mais aussi une façon d’accepter l’inacceptable.

     

    Découvrez l'histoire touchante d'un don d'organesILLUSTRATION DE MYRIAM WARES

     

    Pour Josée Scantland et Patrick Grondin, le soleil qui illumine le CHU Ste-Justine en ce 29 mars 2016 ne leur a jamais paru aussi radieux.

     

    Élissa, leur petite fille de cinq ans, s’apprête à quitter la salle d’opération après avoir reçu un nouveau cœur. Devant l’hôpital montréalais, le couple de Sherbrooke laisse éclater sa joie face à une caméra de télévision. «Notre fille va revivre!» s’exclame Josée. «Merci à la famille du donneur! dit à son tour le père d’Élissa. On ne vous connaît pas, mais vous pouvez être fiers: vous avez sauvé la vie de notre enfant!»

    À 200 kilomètres de là, à Gatineau, l’œil rivé à l’écran de leur téléviseur, Michel Carpentier et Danielle Lafrance sont émus aux larmes en les voyant. Quelques jours auparavant, ils ont pris la décision de donner les organes d’Emmanuelle, leur fille de 23 ans, qui s’est suicidée. Ils ont retrouvé son corps inanimé dans le garage de la maison familiale, en Outaouais. «Elle était d’une grande sensibilité et voulait sauver le monde», se souvient sa mère. C’est pour cela qu’ils ont accepté de donner huit de ses organes. Voir les parents d’Élissa si heureux met un peu de baume sur leur immense douleur: la mort d’Emmanuelle aura elle aussi permis de sauver des vies.

     

    Photo d'Élissa Grondin et Josée ScantlandAVEC LA PERMISSION DE PATRICK GRONDIN
     
     
    Élissa Grondin avec sa mère Josée Scantland à l’hôpital.

     

    Ils sont cependant à mille lieues de se douter que le cœur de leur fille bat désormais dans la poitrine d’Élissa.

    Élissa a subi deux opérations à cœur ouvert durant sa première année de vie à cause de malformations congénitales. Elle a alors pu mener une vie normale, mais à l’âge de quatre ans, un virus a attaqué son cœur. Les sept mois passés à attendre un donneur ont été un cauchemar pour la fillette, qui n’a pas quitté les soins intensifs du CHU Ste-Justine. Elle est demeurée les cinq dernières semaines précédant la greffe clouée dans un lit, branchée à un cœur mécanique sans lequel elle n’aurait pas survécu. Ses parents ont passé leurs journées à son chevet, se reposant quand ils le pouvaient au Manoir Ronald Mcdonald près de l’hôpital, convaincus que seul un miracle pouvait la sauver. «Des caillots sanguins se formaient dans les tubes des appareils et risquaient à tout moment de la tuer», se rappelle sa mère.

    Tout espoir semblait avoir disparu quand un médecin les a convoqués dans un petit salon près de la chambre de leur fille le 28 mars 2016, pour leur annoncer que leurs prières ont été exaucées et qu’un donneur a finalement été trouvé. Un nouveau cœur sera greffé à Élissa dès le lendemain.

    Après leurs cris de joie, l’angoisse les étreints jusqu’au petit matin, quand Élissa est finalement transportée en salle d’opération. «C’était sa dernière chance!» dit avec soulagement Patrick Grondin. Huit heures plus tard, la greffe est un succès.

     

    Photo De La Famille GrondinAVEC LA PERMISSION DE PATRICK GRONDIN
     
     
    Élissa (à droite) avec sa famille, après l’opération.

     

    En 2021 au Québec, 409 patients de tous âges ont été greffés grâce à 144 bienfaiteurs. Mais on ne comptait parmi eux que quatre donneurs pédiatriques. Bon an mal an, une quinzaine de jeunes s’ajoutent à la liste d’attente et sensiblement le même nombre est greffé, car un seul patient décédé peut léguer jusqu’à 8 organes. «Les enfants de moins de cinq ans doivent patienter en moyenne plus d’un an avant de recevoir une greffe cardiaque, et leur état s’aggrave dangereusement», s’inquiète la cardiologue Marie-Josée Raboisson du CHU Ste-Justine. Souvent, la seule façon de les garder en vie est de leur implanter temporairement un cœur de Berlin, mais cette assistance ventriculaire n’est malheureusement pas possible lorsqu’ils ont certaines malformations congénitales, et certains risquent de mourir.

    «Environ la moitié des parents d’enfants décédés refusent le don d’organes, souvent parce qu’ils ne veulent pas que le corps soit charcuté, explique le Dr Matthew Weiss, directeur médical à Transplant Québec et intensiviste pédiatrique au CHU de Québec. En réalité, la chirurgie est pratiquée avec beaucoup de respect.» Tous les hôpitaux pédiatriques disposent d’infirmières spécialisées dont le rôle est d’informer et de rassurer les familles sur le prélèvement et sur la mort cérébrale ou circulatoire qui permet le don. S’ils donnent leur accord, elles leur expliquent que le corps restera branché pendant quelques jours à des appareils aux soins intensifs, le temps de trouver des receveurs compatibles et que les organes soient prélevés dans un centre de prélèvement d’Héma-Québec. «Quelques fois cette attente leur est insupportable, et ils se désistent», ajoute le Dr Weiss. «Les parents sont dévastés et il faut leur laisser le temps de réfléchir, admet le Dr Saleem Razack, directeur médical des soins intensifs à l’Hôpital de Montréal pour enfants. Certains invoquent des motifs religieux ou des croyances pour justifier leur refus.»

    Mais ceux qui consentent semblent unanimes : permettre à d’autres enfants de guérir tout en vivant leur immense chagrin est le plus beau geste qu’ils ont posé, comme en témoignent Maxime Lapointe Bélair et son épouse, dont la fille de quatre ans, Raphaëlle, est décédée au CHU de Sherbrooke le 23 février 2019 des suites d’une infection des voies respiratoires. Alors que leur enfant était en état de mort cérébrale, une infirmière leur a suggéré de rencontrer Marie-Pier Savaria et son époux Benoît Lefebvre, qui ont créé une fondation pour encourager le don d’organes. Le couple a perdu son fils de 8 ans, Justin, qui s’est noyé dans une piscine à Sherbrooke, le 17 juin 2017. «Le don d’organes ne règle pas tout mais donne un sens à la mort», leur confie Marie-Pier Savaria. Maxime Lapointe Bélair s’inspire toujours de ses paroles les jours où la tristesse le submerge. «Plutôt qu’être cinq familles à pleurer la perte d’un enfant, il n’y a que nous. C’est pour cela que le don d’organes vaut la peine!»

     

    Mariepier Savaria Et Benoit Lefebvre PhotoAVEC LA PERMISSION DE MARIE-PIER SAVARIA
     
     
    Marie-Pier Savaria et Benoît Lefebvre ont donné les organes de leur fils, mort de noyade en 2017.

     

    «On pourrait accroître le nombre de transplantations pédiatriques en faisant davantage de sensibilisation auprès des jeunes dans les écoles pour qu’ils en discutent ensuite à la maison avec leurs parents», croit la cardiologue Marie-Josée Raboisson. Pour le Dr Pierre Marsolais, intensiviste à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, il est avant tout fondamental d’identifier les donneurs potentiels. Il aimerait que l’on s’inspire de l’Espagne, qui est depuis 1992 le leader mondial du don d’organes grâce à la création d’une agence qui supervise les équipes de prélèvement et d’accompagnement des familles dans tous les hôpitaux. En trois décennies, ce pays a vu son taux de donneurs en général doubler et le refus des familles chuter à 14%.

    Les enfants qui donnent leurs organes meurent souvent de manière accidentelle et rien n’a préparé leurs parents à prendre une telle décision alors qu’ils vivent le pire moment de leur vie. En septembre 2021, un conducteur en état d’ébriété percute à grande vitesse l’arrière d’une automobile immobilisée à un feu rouge à Québec, tuant sur le coup un grand-père et une mère de famille. Les deux enfants de cette dernière, Emma et Jackson, demi-frère et demi-sœur âgés de 10 et 14 ans, sont transportés dans un centre de traumatologie où leur mort cérébrale est constatée. Le père d’Emma, Jean-Dominic Lemieux, donne sans hésitation les organes de sa fille, cinq au total, jugeant que c’est la seule chose à faire. «Avant qu’elle parte, j’ai enregistré les battements de son cœur avec mon cellulaire, puis je lui ai dit adieu, mon amour. Va sauver des vies!» Le père de Jackson, Daniel Fortin, accepte lui aussi le don permettant de prolonger cinq autres vies. Il ne sent pas le besoin de connaître les receveurs. «Peut-être qu’un jour je voudrai en apprendre plus sur eux, mais pas tout de suite», confie-t-il, encore trop fragile. Mais d’autres veulent savoir.

     

    Photo Emmanuelle CarpentierAVEC LA PERMISSION DE DANIELLE LAFRANCE
     
    Emmanuelle Carpentier

     

    Deux ans après le suicide de leur fille, à l’automne 2018, les parents d’Emmanuelle sont surpris de recevoir une lettre de la famille qui a bénéficié de la transplantation cardiaque. Elle a d’abord été adressée à Transplant Québec, comme le veut la règle, pour s’assurer que rien ne permette d’identifier le receveur. «Nous pensons à vous. Vous nous avez tendu la main pour nous sortir de notre enfer!» peuvent-ils lire. Ils apprennent ainsi que le cœur de leur fille bat dans la poitrine d’une petite fille née avec une malformation cardiaque et qui a été opérée à deux reprises… et constatent avec stupéfaction que toutes les informations concordent avec celles publiées sur la page Facebook «Don d’organe Élissa Grondin», qu’ils consultent régulièrement depuis qu’ils ont découvert son histoire à la télévision. «On s’est dit que ça ne pouvait pas être Élissa, car elle avait 5 ans!» Emmanuelle en avait 23, mais elle était toute menue: 1,47 mètre pour 45 kilos. Ils se renseignent et apprennent que c’est tout à fait possible. «Dans certains cas, le donneur peut avoir 3 à 4 fois le poids du receveur», explique la cardiologue Marie-Josée Raboisson.

     

    Photo Danielle Lafrance Et Michel Carpentier Parents EmmanuelleAVEC LA PERMISSION DE DANIELLE LAFRANCE
     
    Danielle Lafrance et Michel Carpentier, les parents d’Emmanuelle.

     

    Quelques semaines plus tard, Danielle Lafrance, la mère d’Emmanuelle, apprend par hasard que l’animatrice d’une retraite fermée à laquelle elle participe en Outaouais est la tante de Josée Scantland, la mère d’Élissa. Elle s’approche d’elle et lui raconte son invraisemblable histoire. Stupéfaite, la dame promet de remettre son numéro de téléphone aux parents de la fillette.

    «On a été abasourdis d’apprendre que la donneuse avait 23 ans», raconte Josée Scantland. En mai 2019, ils se rencontrent une première fois dans un restaurant en Estrie. «On y allait avec un mélange d’appréhension et de curiosité, car on ne savait pas pourquoi ils voulaient nous connaître», raconte Patrick Grondin. «Ma seule crainte était de leur dire qu’Emmanuelle s’est suicidée et de leur faire de la peine», raconte de son côté sa mère, Danielle Lafrance.

    Lors d’une deuxième rencontre, en août 2019 , cette fois-ci avec Élissa, Josée Scantland a apporté un stéthoscope pour leur faire entendre le cœur de leur fille qui bat désormais dans celui de leur enfant. «On a l’impression qu’une partie d’Emmanuelle est toujours en vie!» se réjouit la mère d’Emmanuelle, les yeux pleins de larmes. Elle le sera toujours pour Élissa, devenue une préadolescente en pleine santé. Elle regarde de temps en temps la photo d’Emmanuelle que lui ont donnée ses parents et qu’elle a rangée précieusement dans sa garde-robe, pour ne jamais oublier celle qui l’a sauvée.

     

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