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    Le Roi Arthur et les chevaliers de la

    Table ronde

     

    Camelot et Avalon

     

    Héros de la résistance celte à l’invasion anglo-saxonne, le roi Arthur est le personnage qui inspire les plus beaux récits des poètes médiévaux.


    Arthur, Merlin l’enchanteur, Lancelot, les chevaliers de la Table ronde, Tristan ou Perceval évoquent un monde chevaleresque où l’honneur est primordial.


    Mais le grand roi qui aurait tranché des têtes d’un revers de son épée Excalibur n’est-il qu’une légende ?


    Arthur a-t-il réellement existé ? Quel est l’antique secret du Graal ?

     
     
     

     

    La légende d’Arthur

     

    Quelque temps après que les Romains ont quitté la Grande-Bretagne, les Celtes, livrés à eux-mêmes, s’organisent en une multitude de petits royaumes qui, rapidement, se querellent. L’un de ces États est dirigé, nous disent les conteurs, par le roi Uther Pendragon.

     

    Grâce à une ruse de son druide Merlin, Uther parvient à abuser de la femme de l’un de ses ennemis, la belle Igraine.


    L’enfant qui naît, Arthur, est élevé par Merlin.

     

    Adolescent, Arthur révèle son sang royal en parvenant sans peine à dégager d’un rocher l’épée merveilleuse Excalibur.

     

    En effet, Merlin organisa un rassemblement de toute la noblesse. Dans un pré, se trouvait une magnifique épée fichée dans une enclume. Sur la pierre était inscrit : »Celui qui retirera l’épée de cette pierre et de cette enclume sera roi de toute l’Angleterre. »

     

    On cria au miracle quand le jeune Arthur libéra l’épée de l’enclume. L’Angleterre avait trouvé son roi.

     

    Le roi Arthur

    Le roi Arthur écoutant les doléances de l'un de ses sujets (Bibliothèque nationale de France, Paris). © dinosoria.com

     

    Il fédère les royaumes d’Angleterre et repousse l’envahisseur saxon. Il règne, son épouse Guenièvre à ses côtés, dans sa brillante cité de Camelot où il réunit autour d’une immense table ronde de preux chevaliers : Gauvain, Kay, Perceval, Lancelot, Tristan …

     

    Couronnement du roi Arthur

    Couronnement du roi Arthur (Extrait d'un manuscrit du XIVe siècle, Bibliothèque nationale de France, Paris). © dinosoria.com

     

    Mais, Arthur a de nombreux ennemis dont Loth de Lothian. Ce dernier envoie sa femme, Morgane, comme ambassadrice. Arthur la séduit et un enfant est conçu, Mordred. Ce qu’ignore Arthur c’est que Morgane est sa demi-sœur.


    Merlin prédit que Mordred amènera la ruine du royaume.

     

    Le roi Arthur et ses chevaliers

    Le roi Arthur et ses chevaliers (Gravure de Gustave Doré). Licence

     

    En cadeau de mariage, Arthur a reçu une magnifique table ronde. Lorsque les chevaliers prennent placent autour, une place reste vide. Elle est réservée à celui qui ramènera le Saint- Graal, une des reliques les plus sacrées de la chrétienté.

     

    Lancelot

    Lancelot, manuscrit enluminé du XVe siècle. En haut, naissance et éducation de Lancelot par la Dame du Lac; en bas, à gauche, Lancelot participant à un tournoi; à droite, sa vision du Graal. (DP)

     

    L’amour tient une grande place dans la légende arthurienne. Lancelot et Guenièvre s’aiment. Poussé par Mordred, Arthur accuse le couple d’adultère et de trahison. Lancelot s’enfuit alors sur le continent avec sa bien-aimée et de nombreux chevaliers.


    Arthur part à leur poursuite. Le combat mettra fin à l’esprit de la Table ronde. L’honneur perdu et prisonniers de leurs passions, les chevaliers se précipitent vers la catastrophe finale.

     

    Profitant de l’absence d’Arthur, Mordred lève une armée et s’empare du trône. Lors de la bataille de Camlann, Arthur tue Mordred mais est mortellement blessé.

     

    Combat final entre Arthur et Mordred

    Combat final entre Arthur et Mordred (Peinture de W.Hatherall). (DP)

     

    Arthur, agonisant, fait jeter son épée dans un lac : la lame magique est rendue à la fée Viviane, la « Dame du lac », qui éleva Lancelot et envoûta Merlin.

     

    Selon la légende, Bédivère installe le roi mourant dans une barque qui emmène le roi vers l’île magique d’Avalon.


    Il est également dit que le roi Arthur reviendra car, sur sa tombe, est écrit : »Hic Iacet Arthurus Rex Quondam Rex futurus « (Ici gît le grand roi Arthur, celui qui fut et qui sera).

     

    Voilà le résumé de la vie du roi Arthur. Mais quelle est l’origine de cette belle légende ?

     

     

    La diffusion de la légende arthurienne

     

    L’existence d’Arthur est fixée à la fin du Ve siècle et au début du VIe siècle de notre ère. Le premier auteur à évoquer le roi est l’historien Nennius, dans son histoire des Bretons, rédigée en 826, mais qui s’inspire d’un récit remontant à une époque bien antérieure.

     

    L’histoire d’Arthur est en fait une collection de récits qui ont été ensuite rattachés à un seul héros et à une seule histoire. Cette dernière a été enrichie au cours des siècles.

     

    Roi Arthur

    Le roi Arthur représenté dans une fresque italienne du XIIe siècle. La légende a été rapportée en Italie par l'invasion normande. (DP)

     

    Les exploits d’Arthur ont été vraiment développés par Geoffroi de Monmouth, auteur d’une Histoire des rois de la Grande Bretagne (Historia regum Britanniae), écrite en 1136. C’est lui qui rassembla tous les récits en y mêlant un peu d’histoire vraie et beaucoup de fiction.
    Il fait d’Arthur un roi et créé le personnage de Merlin.

     

    Joute en présence du roi Arthur

    Manuscrit flamand du début du XVe siècle montrant une joute en présence du roi Arthur. (DP)

     

    D’autres auteurs ont écrit des ouvrages sur le roi Arthur dont Sir Thomas Mallory (la Mort d’Arthur), Lord Tennyson (Les Idylles du roi) et T.H White (The once and futur king).

     

    Ce sont deux auteurs français qui ont diffusé la légende arthurienne. Vers 1154, Robert Wace traduit l’Historia en un poème, le Roman de Brut.


    On y voit pour la première fois les chevaliers prendre place autour d’une table ronde.

     

    film Excalibur

    Le film Excalibur (1981) s'attache à l'esprit du mythe

     

    Chrétien de Troyes a écrit plusieurs romans (1170 à 1182) retraçant la légende d’Arthur. On lui doit notamment Tristan et Iseut (poème perdu), Lancelot. C’est lui qui introduit le thème de l’amour passion.

     

    Le thème de la quête du Graal n’apparaît qu’en 1215 avec la parution de poèmes français. L’origine du Graal se perd dans la nuit des temps. Attribut païen, puis chaudron magique des Celtes, il fut transformé au Moyen Age en un symbole chrétien.

     

     

    Les preuves de l’existence du roi Arthur

     

    Les ruines du château de Tintagel où, d’après la légende Arthur est né, existent toujours. Il se dresse sur une pointe de terre fichée dans l’Océan, au nord des Cornouailles. L’édifice date sans aucun doute de la période concernée.

     

    Une table ronde nous est parvenue. C’est un disque de chêne de six mètres de diamètre, exposé au château de Winchester.


    Mais, les analyses ont montré que la table date en fait du XIIIe siècle.

     

    Le roi Arthur et la liste des royaumes conquis

    Le roi Arthur et la liste des royaumes conquis (document de la Chronicle of England, datée de 1300)

     

    En 1191, les moines de l’abbaye de Glastonbury déclarèrent avoir découvert les corps d’Arthur et de Guenièvre.


    Le lieu s’accorde avec la légende qui fait de Glastonbury l’île d’Avalon.


    Le supposé souverain eut droit à de nouvelles funérailles grandioses. Mais, comment les moines ont-ils identifié les ossements du roi, cinq siècles après sa mort ? « A sa noble stature », répondent-ils.


    Cette réponse est loin de garantir l’authenticité des cadavres.

     

    Cependant, nous disposons de quatre récits de cette exhumation. Tous se rejoignent sur deux points
    essentiels :

     

    • La tombe était protégée par deux pyramides de pierre
    • Sous le cercueil, on trouva une croix sur laquelle étaient inscrits les mots suivants : Ici gît le grand roi Arthur, et Guenièvre, sa seconde femme, enterrés dans l’île d’Avalon

     

    Cette croix a été perdue. On en possède une reproduction dans la sixième édition du Britannia de Camden.

     

    L’analyse épigraphique a révélé que la croix n’était pas du VIe siècle (siècle de la mort d’Arthur) mais du Xe siècle.

     

    Reproduction de la croix Roi Arthur

    Reproduction de la croix

     

    En 1962, des archéologues firent des fouilles sur l’emplacement présumé de la tombe d’Arthur. Ils trouvèrent un puits, d’où un monument en pierre aurait pu être retiré, ainsi qu’un grand trou qui avait été comblé entre 1180 et 1191.


    La croix a très certainement été rajoutée par l’évêque Dunstan, au cours de travaux, au Xe siècle.

     

    Stonehenge

    Les ruines de Stonehenge. Selon la légende, Merlin en aurait été le bâtisseur. Bien que ce soit faux, Stonehenge joue un rôle non négligeable dans le cycle arthurien. By qalinx. (CC BY-SA 3.0)

     

    Les historiens ont cherché à situer Camelot, la capitale d’Arthur, dont le nom vient probablement de Camulos, dieu celtique de la Guerre.


    Les archéologues ont retrouvé dans le Devonshire, à Cadbury, les vestiges de puissantes fortifications circulaires. Une place forte importante existait là au Ve siècle. Il est logique de penser que si un roi luttait contre les envahisseurs, Cadbury devait être sa capitale.

     

    Il est certain qu’à la fin du Ve et au début du VIe siècle, les envahisseurs saxons, ont été repoussés pour un temps.


    Cette victoire a forcement nécessité une alliance des nombreux rois celtes. Cette alliance devait avoir un chef, sans doute un ancien officier romain, rompu à la stratégie et l’art de la guerre.
    Pourquoi ne se serait-il pas appelé Arthur ?

     

    D’autres historiens pensent que Arthur n’était qu’un chef de clan ordinaire qui guerroyait près de la frontière écossaise. Vers 500, les Bretons remportèrent la bataille de Badon. Cette bataille importante assura la paix pendant 50 ans. L’artisan de cette victoire s’appelait Arthur.

     

    V.Battaglia (08.05.2006)

     

    Références bibliographiques

    La légende du roi Arthur, éditions Atlas. A la découverte du véritable roi Arthur, éditions Atlas. Arthur a t-il existé ?, éditions Larousse

     

     

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    Le cheval de Troie

     

    La Guerre de Troie a-t-elle eu lieu ?

     

    L’Iliade, où Homère fait le récit de la guerre de Troie, est l’une des plus importantes épopées antiques. Des générations d’écoliers ont été captivées par ces héros, des combats sanglants et une ruse historique qui a donné la victoire aux Grecs sur les Troyens.


    C’est une œuvre magistrale, mais se fonde-t-elle sur la réalité ?

     

    Un archéologue amateur a découvert la cité de Troie, mais y a-t-il le moindre indice qu’une bataille ait eu lieu ?


    L’histoire du cheval de Troie appartient à la culture occidentale, mais semble assez éloignée de la réalité historique.


    À partir de 1 450 avant notre ère, en mer Égée, la puissance mycénienne domine celle de la Crète. Les Achéens, héros de l’Iliade et de l’Odyssée, parlent grec, édifient d’imprenables forteresses et vivent une histoire légendaire et mouvementée.


    L’Iliade et l’Odyssée décrivent des événements qui se seraient déroulés en 1 200 avant notre ère.

     
     
     

     

    Les origines de la guerre de Troie

     

    Pâris, fils du roi de Troie, Priam, est à l’origine du conflit. Appelé à juger de la beauté des déesses de l’Olympe, il élit Aphrodite, divinité de l’amour, qui lui a promis la plus belle femme de la Grèce, Hélène, épouse de Ménélas, roi de Sparte.

     

    Pâris conquiert Hélène. Elle abandonne pour le suivre sa cité, son mari et sa fille. Pour venger son frère bafoué, Agamemnon, le puissant roi de Mycènes, organise alors une expédition destinée à détruire Troie.

     

    Vestiges du palais d'Agamemnon à Mycenes

    Mycènes. Vestiges du palais d'Agamemnon. By Arkntina

     

    Cette légende relève plus de la mythologie que de l’histoire. Les historiens grecs du Ve siècle avant notre ère ont apporté à la tradition homérique des explications historiques et politiques.

     

    Pour certains, les Troyens représentent les éternels ennemis de la Grèce. Pour d’autres, le conflit décrit par Homère symbolise la première tentative de rassemblement des Grecs en vue d’une conquête.

     

    Les trouvailles archéologiques ne semblent pas du tout confirmer cette « réalité historique “.

     

     

    La guerre de Troie a-t-elle eu lieu ?

     

    Longtemps, la plupart des auteurs ont affirmé son authenticité. Le grand historien grec Thucydide soutient qu’il y a eu une guerre de Troie, mais il est né en 460 avant notre ère, soit plus de 800 ans après les événements supposés.

     

    Homère demeure donc notre seule véritable source. Le problème c’est que personne ne sait qui il était, d’où il venait, ni par quel biais il connaissait les détails de cette histoire.

     

    Si Homère a vraiment existé, le poète vivait entre 900 et 700 avant notre ère, c’est-à-dire au moins quatre siècles après les faits qu’il relate.


    On sait en fait peu de choses sur le plus grand poète de l’Antiquité. Certains érudits contestent d’ailleurs à Homère la paternité de l’Odyssée, le récit du périple d’Ulysse après la guerre de Troie.

     

    Homere. Buste

    Buste d'Homère exposé à Rome. © dinosoria.com

     

    Les historiens se sont donc demandé si la cité de Troie n’était pas elle-même un mythe. En effet, personne ne savait où elle se trouvait, et beaucoup la soupçonnaient de n’être que le fruit de l’imagination des Grecs, un symbole destiné à glorifier la puissance d’Athènes.

     

     

    La découverte de la cité de Troie

     

    Un homme d’affaires allemand est à l’origine de l’une des plus fabuleuses découvertes archéologiques de tous les temps.


    Après avoir amassé une fortune considérable, Heinrich Schliemann s’emploie à trouver les preuves qui établiraient la véracité de l’épopée homérique. Cet homme rêve de Troie depuis qu’il a reçu pour ses huit ans ‘l’Histoire universelle pour les enfants’, un livre illustré où sont représentés les héros de l’Iliade.

     

    En six semaines seulement, il apprend par cœur les 25 000 vers de l’Iliade et l’Odyssée.

     

    Il recherche d’abord le palais d’Ulysse, puis la cité de Troie.

     

    Ancienne cité de Troie

    Vestiges de la cité de Troie. By myhsu

     

    En 1871, utilisant les textes grecs pour guider ses fouilles et aidé par une centaine d’ouvriers, il commence à dégager la colline d’Hissarlik, sur la côte turque de la mer Égée.


    Il découvre alors les superposées de sept cités, dont la plus ancienne remonte à la fin de l’âge du bronze, vers 2 500 avant notre ère. La seconde est recouverte d’une épaisse couche de cendres.

     

    Le 14 juin 1873, il met au jour près de 8 700 coupes, anneaux, bracelets d’or et pierreries. Il l’appelle le trésor de Priam, du nom du roi de Troie que met en scène l’Iliade. En réalité, la couche dans laquelle le trésor est enfoui correspond à une époque antérieure de près d’un millénaire à celle de Priam.

     

    Cette découverte a cependant montré de manière convaincante qu’une ville a effectivement existé sur le site de Troie.

     

    Ruines de la cité de Troie

    Vestiges de la cité de Troie. By myhsu

     

    Les archéologues ont baptisé la petite bourgade découverte du nom de Troie VII d'après l'ordre des couches archéologiques. Les vestiges la montrent si petite et si pauvre que l’on ne comprend pas pourquoi les Grecs auraient levé une telle armée contre cette ville. Le site date de périodes antérieures à celles supposées de la guerre de Troie.

     

    En 1876, il fouille le site de Mycènes et trouve des trésors qu’il attribue aux Atrides. Donc, à l’inverse, la ville du roi Agamemnon était riche.

     

    Masque d'Agamemnon

    Masque dit "d'Agamemnon". XVIe siècle avant notre ère. Musée archéologique d'Athènes. By Feuillu

     

    Reste que la présence d’une ville ne prouve pas qu’elle ait été en guerre contre les Grecs.

     

    Depuis, les archéologues ont découvert de hautes murailles tout autour de la cité qui suggèrent l’existence d’une société militaire. Mais, il n’y a aucun indice qu’une armée n’ait jamais campé à l’extérieur.


    Pourtant, Homère évoque des forces assiégeantes de près de 110 000 hommes. Mais, les historiens sont persuadés que, s’il y a eu une guerre, elle n’a pas pu durer 10 ans, comme l’affirme l’Iliade.

     

    Vestiges de la cité de Troie

    Vestiges de la cité de Troie. By Britrob

     

    Il s’agirait là des exagérations propres au genre épique, car, à cette époque, les armées comptaient tout au plus quelques milliers d’hommes, et les campagnes ne se prolongeaient pas au-delà de quelques mois.

     

     

    Et le cheval de Troie ?

     

    Il nous reste donc la célèbre légende du cheval de Troie, animal de bois gigantesque à l’intérieur duquel les Grecs s’étaient glissés et grâce auquel ils parvinrent à pénétrer dans la cité.

     

    Croyant qu’il s’agissait d’un don des dieux, les Troyens le firent entrer dans leurs murs.

     

    Reconstitution du Cheval de Troie

    Reconstitution du cheval de Troie. By Go Gap

     

    On n’a trouvé aucun vestige d’un tel engin lors des fouilles, et rien ne prouve que cette histoire se fonde sur un épisode réel.


    Elle peut toutefois s’inspirer de machines de siège monumentales, dont l’usage à l’époque de la guerre de Troie n’est pas exclu.

     

    Le rôle d’Hélène, la belle princesse grecque dont l’enlèvement par le prince troyen Pâris provoqua la guerre de Troie, est lui aussi sujet à caution.

     

    Cheval de Troie. Peinture de Tiepolo

    Le cheval de Troie, détail d'une peinture de Giambattista Tiepolo

     

    Selon Homère, sa beauté a suffi pour que des milliers de navires se lancent à sa recherche, mais aucun document historique de l’Antiquité ne mentionne son nom.

     

     

    Mythe ou réalité ?

     

    Les défenseurs du texte d’Homère estiment que la trame générale est exacte, même si certains évènements, recueillis par le poète au terme de plusieurs siècles de transmission orale, peuvent avoir été transformés.

     

    Les conteurs auraient progressivement modifié l’histoire, en l’adaptant aux thèmes et aux héros traditionnels qu’ils avaient à leur répertoire.

     

    Vestiges de l'amphithéatre de Troie

    Vestiges de l'amphithéatre de Troie. By Britrob

     

    Nous ne pouvons trancher avec certitude. Les découvertes archéologiques n’ont pas permis à ce jour, de confirmer ou d’infirmer, cette épopée.

     

    Il est fort probable que la cité de Troie ait bien existé. Il est également probable qu’une guerre ait eu lieu. Cependant, la bataille a certainement été largement embellie tant dans sa durée que dans les méthodes employées.


    La ruse du cheval de Troie a été très probablement inventée de toutes pièces par les Grecs.
    L’archéologie et les textes confirment l’existence d’un monde dirigé par des princes belliqueux.

     

    Cheval de Troie

    Cheval de Troie. By ccarlstead

     

    Si puissante et guerrière que soit la civilisation mycénienne, elle n’en sera pas moins détruite à son tour.


    Vers 1 200 avant notre ère, elle disparaît brusquement, peut-être sous le coup de nouveaux envahisseurs ou de révoltes intérieures.


    La Grèce a alors été plongée dans trois siècles d’obscurité.

     

    Il n’en reste pas moins, que vraie ou non, nous continuerons, comme les Grecs, d’être fascinés par l’un des plus fascinants récits de tous les temps. En effet, ce sont les Achéens qui ont transmis à la Grèce l’héritage crétois. Leur souvenir est demeuré dans les poèmes homériques et s’est transmis jusqu’à nos jours.

     

    V.Battaglia (8.11.2005)

     

     

     

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    Expression du Jour 2:

     

    Expression du Jour 2:  Avoir le pied marin (2 pages)

     

     

    Expression du Jour 2:

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    Le sac de Nankin
     
     

    Ce qui a été appelé le « sac de Nankin » est sans aucun doute la plus grande tragédie du conflit sino-japonais.


    Pendant six semaines, l’armée nippone va se livrer à d’effroyables massacres sur la population civile. Le bilan, selon les autorités chinoises, s’élève à 250 000 victimes civiles et militaires.


    La prise ou « sac » de Nankin, par sa violence, illustre de la pire façon les solutions extrêmes issues du culte de la supériorité militaire japonaise.

     
     
     

     

     Le conflit sino-japonais

     

    La Seconde Guerre mondiale et le conflit sino-japonais qui a commencé juste auparavant (1937-1945) ont donné lieu à de terrifiantes exactions en Chine et dans toute l’Asie du Sud-Est.

     

    Quand les premiers soldats japonais entrent le 13 décembre 1937 à Nankin, la capitale de la Chine nationaliste a été évacuée le mois précédent par le général Tchang Kaï-chek (surnommé le " Gimo "). Abandonnée par une grande partie de sa population, la métropole a en revanche accueilli des centaines de milliers de réfugiés. Cela fait cinq mois que la guerre sino-japonaise fait rage. Les Japonais, malgré la résistance chinoise, sont entrés en force pour occuper sa capitale historique - Pékin, alors appelée Peiping, la " Paix du Nord " - sa capitale économique, Shanghai, et Canton, la capitale du Sud.

     

    La violence avait déjà régné lors de la longue bataille pour Shanghai, l'armée japonaise écrasant civils et militaires sous un déluge de feu. Mais c'est pendant ce que l'on a appelé le " sac de Nankin " - en anglais, on dit avec plus de réalisme le " viol de Nankin " - que l'horreur a atteint son paroxysme.

     

    Au cours du mois de juillet 1937, les armées japonaises qui envahissent la Chine, obtiennent des victoires foudroyantes : Pékin, la Mongolie et le nord du pays tombent au mois d’août.

     

    L'armée japonaise défile devant l'empereur avant d'envahir la Chine

     

    Quand les Japonais franchirent les hautes murailles construites par les empereurs Ming autour de Nankin, rares étaient ceux qui s'attendaient au pire. Le général Tang Seng Shih, commandant de la place, s'était enfui et son armée avait jeté armes et uniformes dans les rues. Les tracts lancés par avion prêchaient le calme : " Les troupes japonaises s'appliqueront à protéger les bons citoyens et à leur permettre de vivre en paix, dans l'exercice normal de leurs occupations ", assuraient-ils.

     

     

    Des soldats livrés à eux-mêmes



    Ivres de victoire, de fureur, les soldats nippons furent lâchés dans Nankin comme des bêtes fauves, sans contrôle pendant des jours. Ils venaient de perdre 40 000 camarades - contre 450 000 pour les Chinois - face à des adversaires qu'ils méprisaient. Ils s'étaient battus pendant des mois dans des conditions affreuses. Le jour de la revanche était arrivé.

     

    La ville fut mise à sac, incendiée par des soudards ne respectant ni hôpitaux, ni écoles, ni églises, ni locaux couverts par l'immunité diplomatique.

     

    Le 13 décembre 1937, les troupes japonaises entrent dans Nankin

     

    Ce massacre gratuit a été d’autant plus facile que les soldats chinois ont livré à l’ennemi 500 000 personnes sans aucun moyen de défense.

     

    De plus, à aucun moment, leur commandement ne cherche à limiter leurs débordements.

     

     

    Tortures, viols et meurtres

     

    Les témoignages des rares étrangers restés sur place sont terribles : viols, exécutions, massacres en masse... Les femmes étaient violées sur place, écolières dans leurs dortoirs, infirmières dans les hôpitaux, Volonté d'humilier tout un peuple, obsession sexuelle d'hommes soumis à une violence institutionnalisée, qui traumatisèrent toute une ville, tout un peuple.

     

    Enfants et vieillards sont sauvagement massacrés ainsi que les quelques rares soldats restés dans la ville.
    Le nombre des victimes de cette dizaine de jours d'orgie meurtrière n'a jamais été établi avec certitude. Robert Guillain, alors tout jeune envoyé spécial de l'agence Havas en Chine, donne dans ses souvenirs le chiffre de 200 000 victimes.

     

    Après quelques jours de cette tuerie, les artères de la ville sont jonchées de monceaux de cadavres
    (43 000 selon la Croix-Rouge chinoise). Ces corps sont laissés sur place au risque de provoquer des épidémies.

     

    Des témoins ont évoqué le raffinement des supplices que les Japonais faisaient subir à leurs victimes.


    Les meurtres et les viols ne suffisent pas ; les militaires inventent de nouveaux procédés : ils font déshabiller les hommes et les femmes puis les laissent mourir de froid ; ils les enterrent vivants ; les obligent à boire du kérosène ou les éventrent à coup de baïonnette.


    Les femmes ont été les principales cibles de cette barbarie ; fillettes, femmes enceintes ou âgées, les viols sont suivis du meurtre ou de mutilations.

     

    Sur cette photo d'archives, des chinois sont enterrés vifs

     

    La boucherie fut bien organisée : au cours du " recensement " de la population, raconte H.J. Timperley, " on annonça à la foule que s'il y avait parmi elle d'anciens soldats et qu'ils sortaient des rangs, ils auraient la vie sauve et on les emploierait comme travailleurs. Deux cent quarante sortirent des rangs... Deux ou trois survécurent pour narrer leur sort... L'un des groupes avait été mitraillé, l'autre, entouré de soldats, fut employé comme objectif pour l'escrime à la baïonnette ". D'autres, ficelés ensemble, furent arrosés d'essence et brûlés vifs, noyés ou utilisés pour l'exercice au sabre par les samouraïs en folie... Soldats, fonctionnaires furent massacrés systématiquement.

     

     

    Le Japon haï

     

    Après la bataille de Shanghai, le " sac de Nankin " a été le révélateur d'un nouveau nationalisme chinois.


    Des épisodes comparables se sont déroulés dans le reste de la Chine occupée entre 1937 et 1945.


    On retrouve partout cette même violence absurde et ce même mépris de l’adversaire.

     

    Illustration. En 1937, un sous-marin japonais coula pour le plaisir des jonques de pêche chinoises, faisant près de 300 victimes

     


    Il faudra plus de vingt ans pour que Pékin, comme d'ailleurs Séoul, acceptent d'absoudre le Japon.


    Si toutes ces horreurs ont été possibles, c’est parce que les ordres venaient du gouvernement japonais. La torture était largement autorisée. Les services secrets japonais avaient rédigé un mode d’emploi de la torture avec notamment cette prescription : « Il est nécessaire de ne pas oublier que les méthodes de torture doivent être telles qu’on puisse facilement les appliquer et il ne faut pas qu’elles suscitent des sentiments de pitié ».

     

    Le procès de Tokyo, institué par MacArthur, pour juger les crimes commis en Asie. Sept condamnations à mort par pendaison ont été prononcées en 1948 dont celle de Hirota, accusé plus particulièrement des atrocités perpétrées en Chine . Library of Congress

     

    Récemment, les jeunes chinois ont exprimé leur colère en constatant à quel point les autorités japonaises minimisaient leurs exactions dans leurs livres d’histoire.


    Encore aujourd’hui, 60 ans après les faits, personne n’a oublié le sac de Nankin.

     

    V.B (Avril 2005)

     

    Références bibliographiques

    Reader's Digest Sélection, Iris Chang Et L'horreur Du Massacre De Nankin "Elle N'oubliera Jamais" N° 626
    Le sac de Nankin. L'Histoire du Monde . Editions Larousse 1994

     

     

     

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    Histoire: Unité 731

     

    Les médecins maudits de

    l’armée japonaise

     

     

    En Mandchourie, à partir de 1931, une unité spéciale des troupes japonaises met sur pied un centre d’expérimentation sur l’utilisation militaire de l’arme bactériologique.


    Dans le plus grand secret, deux ans plus tard, une équipe dirigée par le médecin Shiro Ishii commence à utiliser des cobayes humains pour des expériences.

     

     

    Histoire Moderne:  Unité 731 - Les médecins maudits de l’armée japonaise


    Le secret a été gardé pendant longtemps, y compris par les Etats-Unis. Au total, entre 1933 et 1945, 3 000 personnes environ sont mortes dans ce laboratoire de l’horreur, nommé « unité 731 ».

     
     
     

     

    L’unité 731

     

    C’est récemment seulement que l’ampleur et l’horreur des expériences menées ont été révélées. Les agissements de cette équipe de « savants » pervers n’ont d’égal que ceux des médecins nazis dans les camps de concentration.

     

    Le laboratoire de la mort est installé dans l’Etat du Mandchoukuo, à Pingfan, au sud de Harbin. Son objectif principal est la mise au point d’une arme bactériologique. A cet effet, un énorme complexe de 150 bâtiments est construit.

     

    Histoire Moderne:  Unité 731 - Les médecins maudits de l’armée japonaise

     

    Au plus fort de son activité, à partir de 1938, le complexe regroupe des milliers de collaborateurs. Leur objectif principal est de mettre au point les armes bactériologiques les plus meurtrières.

     

    Dans un des bâtiments, le « bloc Rô », les chercheurs font des expériences sur des êtres humains.

     

    Harbin est une ville qui constitue la source de recrutement des victimes. Soldats chinois, intellectuels ou toute personne soupçonnée d’agitation deviennent les victimes des expérimentations japonaises.

     

    Le général Shiro Ishii, bactériologiste et responsable de l'unité 731

     

    Mais, on sait que des soldats Américains, Australiens, Néo-Zélandais et Anglais, incarcérés dans le camp de Moukden, à 500 km de Pingfan ont également été victimes de ces savants fous.


    Des envoyés délégués par les médecins ont soumis les soldats à la contagion de différentes souches bactériennes. Tous les cadavres ont été systématiquement autopsiés et les résultats envoyés à l’unité 731.

     

     

    Les cobayes humains

     

    Lorsque les prisonniers arrivent dans le bloc Rô, c’est pour ne plus en sortir vivants. Dès leur arrivée, ils deviennent des « marutas » c’est-à-dire des « bouts de bois ». Cela signifie que l’on ne leur reconnaît plus aucune humanité. Ce ne sont que des objets à qui l’on peut faire subir les pires atrocités.

     

    Et l’imagination sadique des savants japonais est sans limite. Tout est bon pour améliorer les armes bactériologiques et renforcer la résistance des soldats japonais.

     

    Des souches sélectionnées de maladie, peste, choléra, dysenterie, typhus, sont inoculées sur des individus sains.
    Après quoi, on regarde leurs effets et leur évolution. Quand un patient survit à un premier virus, un deuxième lui est injecté. Et cela continue jusqu’à la mort dans les pires souffrances.

     

    Des bombes à la gangrène, du cyanure, différents gaz sont alternativement essayés, sous prétexte d’étudier la durée et les formes de l’agonie.

     

    Les effets du froid intéressent également beaucoup les japonais. On laisse des prisonniers geler littéralement dans l’hiver mandchou, puis on tente de réchauffer leurs membres en observant la rapidité de la nécrose de ceux-ci.

     

    La résistance humaine est également testée : combien de temps faut-il pour qu’un être humain meurt, privé de sommeil ou de faim ou de déshydratation ?

     

    Certaines expériences ne peuvent être légitimées par aucune rationalité scientifique. Ce sont l’œuvre d’esprits sadiques et malades :

     

    • Greffes d’animaux sur des corps humains
    • Exposition prolongée aux rayons X
    • Exposition à une surpression atmosphérique
    • Vivisection
    • Corps bouillis vifs

     

     

    La fin du cauchemar

     

    En 1944, alors que les troupes américaines avancent dans le Pacifique, l’unité 731 est prête à fournir un grand nombre d’armes bactériologiques. Pourtant, l’état-major nippon ne donne pas l’ordre de les utiliser.

     

    Après la destruction d’Hiroshima, en août 1945, et l’invasion de la Mandchourie par les troupes soviétiques, le laboratoire est déserté.

     

    Mais, auparavant, tous les prisonniers encore vivants sont exécutés. Les cadavres sont incinérés, les bâtiments détruits. Les familles des scientifiques sont déplacées et les savants fuient au Japon.

     

     

    L'unité 731

     

    Ainsi, toute trace compromettante est effacée et le silence est observé pendant de longues années sur la demande même des autorités japonaises.


    Les Etats-Unis acceptent d’oublier cette barbarie en échange de rapports normalisés. Aucun procès n’eut lieu et contrairement aux médecins nazis, ces savants japonais ne durent jamais répondre de leurs actes.

     

    Mais, à l’aube de leur vie, des anciens de l’unité 731, comme le lieutenant-colonel Toshihide, ont décidé de se décharger de leur fardeau.


    Des témoignages ont été recueillis dans « La guerre bactériologique », de P.Williams et D.Wallace, un ouvrage de référence publié aux éditions Albin Michel.

     

    V.B (07.2005)

     

    Bibliographie principale

    La Mémoire de l'humanité. Editions Larousse 1994. La guerre bactériologique P.Williams et D.Wallace. Editions Albin Michel 1990

     

    Histoire Moderne:  Unité 731 - Les médecins maudits de l’armée japonaise

     

     

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