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    À la découverte des villages des Maures

     

     

    Par Florence Donnarel
     
     
     

    Entre Hyères et Fréjus, le massif des Maures déploie maquis et forêts. Perdus dans les bois comme Collobrières ou ouverts vers le large tels Bormes-les-Mimosas, Ramatuelle ou Gassin, ses villages cultivent le goût du beau et bon : fleurs, châtaignes, vins et artisanat.

     

     

     
     
     
    Des guirlandes de figuiers de barbarie courent sur les rochers bordant les lacets qui grimpent vers Bormes-les-Mimosas. 

     

    Le village épouse les premières pentes des Maures, incrustant sur le relief ses maisons saumon, miel et ocre. Au sommet, un château en pierre, veillé par de grands pins. À l’horizon : la mer. Installée sur ces rivages il y a plus de deux millénaires, une tribu ligure faisait commerce du sel d’Hyères et du plomb argentifère du cap Bénat. Le village perché est né au IXe siècle, quand ces « Bormani » se replièrent sur les hauteurs pour s’abriter des pirates et de Sarrazins.

     

     À Bormes-les-Mimosas, Jacaranda et Cuberts

     

     


    Sous le château des seigneurs de Fos, désormais propriété privée, s’étire le quartier médiéval de Bormes-les-Mimosas. Un bouquet de maisons hautes, coiffées de tuiles roses, dans un dédale de rues étroites. Le quartier s’anime près du parvis de l’église Saint-Trophyme, à laquelle sont accrochées les fleurs violettes d’un immense jacaranda. « L’église des présidents », confie avec une pointe de fierté Gérard Daumas, ancien directeur de l’école primaire et mémoire vivante de la commune. « Lors de leurs séjours au fort de Brégançon, Bernadette et Jacques Chirac assistaient aux offices religieux. Et c’est Georges Pompidou qui a offert le cadran solaire de l’église. » 

     

     

     

    En face, les bibis colorés de la boutique d’une modiste annoncent un quartier plus commerçant. « Au sud de la rue Carnot, on bascule sur le quartier du XVIe siècle. À cette époque sont créés des cuberts (passages couverts), pour permettre la circulation entre les rues, dans ce village en étages »,commente notre guide. Des restaurateurs et des artistes ont installé leurs tables et leurs ateliers dans ces oasis de fraîcheur.

     

     

    Bougainvilliers, jacarandas, yuccas... En été, les plantes tropicales criblent de couleurs le paysage. Et le mimosa ? En début d’année, il nappe d’un jaune éclatant les coteaux qui descendent jusqu’à la mer. « Il aime la terre acide des massifs des Maures, de l’Esterel et du Tanneron », explique Julien Cavatore, pépiniériste dans la plaine et collectionneur de mimosas : il détient 180 variétés de cet arbre de la famille des acacias. « Des botanistes anglais ont introduit le mimosa dans les jardins de la Côte d’Azur, au XIXe siècle. Sa croissance rapide, son feuillage persistant dix mois de l’année et sa floraison spectaculaire en hiver expliquent son succès. » 

     

    Collobrières, capitale des Maures et de la châtaigne 
     

    Nous retrouvons l’arbre iconique, escorté de chênes-lièges et d’arbousiers, dans la forêt des Maures traversée par la route tortueuse qui mène à Collobrières. Après un col, les premiers châtaigniers surgissent. Au cœur du massif, blotti dans un méandre du Réal Collobrier (la « rivière aux Couleuvres » en provençal), ce village s’est enrichi grâce au bois.

     

     

    Bouchons de liège, charpente, feuilles et fruits du châtaignier... « Collobrières connaît un âge d’or au XIXe siècle, avec 17 fabriques de bouchons », explique Fabienne Segard, guide de l’association Monts et merveilles des Maures. Une prospérité visible dans les balcons en ferronnerie et les agrafes aux fenêtres des quelques demeures cossues qui se dressent près des maisons rustiques aux murs épais. C’est l’époque où l’on élève l’église Notre-Dame-des-Victoires (1875). De nos jours, elle est masquée par l’imposante voûte végétale tressée par les frondaisons de platanes. L’église originelle de Saint-Pons (XVIe siècle), qui dominait les lieux depuis un affleurement rocheux, est en ruine. Alors que nous faisons le tour de ses façades pour contempler la vallée, nos pas libèrent les effluves de plantes aromatiques sauvages. L’authenticité de Collobrières est touchante : les boutiques de souvenirs sont rares, l’herbe folle perce entre les pavés des calades, les couleuvres se dorent au soleil sur les pierres près de la rivière... Près de la rivière justement, Anneke Lepra tresse des paniers en châtaignier. La castanéicultrice d’origine hollandaise, installée dans les Maures depuis une quarantaine d’années, s’attache à conserver ce savoir-faire vannier. « Le bois de châtaignier est léger, imputrescible, bourré de tanins qui éloignent les insectes. Il ne craint pas l’eau de mer. Les pêcheurs de Port-Cros, les cueilleurs de champignons et de baies l’apprécient », explique-t-elle sans cesser son ouvrage.

     

     

     

    Autour de Collobrières, 900 hectares sont dévolus à la marrouge, une variété sucrée de châtaigne, idéale pour les crèmes et les marrons glacés. Sa culture a été introduite au Xe siècle par les premiers chartreux installés dans les Maures. Tel un vaisseau de pierre, leur monastère émerge d’un océan de verdure sur le site de La Verne. Une étrange vision, alors que nous traversons le massif vers l’est, en direction du golfe de Saint-Tropez.

     

    Gassin, vigie du golfe

     

     

    Le château de Grimaud annonce la frange littorale des Maures et l’adieu à l’épaisse forêt du cœur du massif. Puis Gassin surgit à l’horizon, juché à 200 mètres sur une colline. Depuis la table d’orientation à l’entrée du bourg, le regard s’attarde sur les silhouettes des Maures, de l’Esterel, des Alpes ancrées au large.

     

     

    Gassin ou la vigie du golfe. Le clocher de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption s’est fondu dans une ancienne tour de guet. Les rues pavées semblent de longs tentacules agrippés à la pente. Les maisons prennent même appui sur le rocher. Certaines laissent deviner la richesse de leurs propriétaires passés, avec des portes ornées de serpentine verte des Maures ou de basalte gris. L’année de leur construction est gravée dans la pierre: 1422,1556, 1663... Le rempart du XIIIe siècle n’impressionne plus guère. À l’est, il borde la place deï Barri (soit « place du Rempart »), où tous les restaurants sont regroupés, magnétisés par l’espace et la vue.

     

     

    Un endroit secret, le jardin L’Hardy-Denonain, occupe le coteau en contrebas. Mûriers noirs, grands agaves, caroubiers, buis, plantes aromatiques, iris... foisonnent sur les restanques. Un cabinet de curiosités végétal, avec ses étiquettes d’identification et ses bancs semés partout, comme pour inviter à la contemplation. Marie-Thérèse L’Hardy, chignon gris et sourire bienveillant, cultive depuis près de vingt ans ce conservatoire botanique hérité de sa belle-mère. « Ce jardin participe à la sauvegarde du patrimoine rural de Gassin. Nos aïeux exploitaient les chênes-lièges et les mûriers sur ce ver- sant du village. Ils produisaient aussi des fèves et des pois chiches, et travaillaient la terre à cheval. »

     

    Ramatuelle, l'âme culturelle

     

     

    Depuis Gassin, il faut préférer la route de Paillas à la départementale pour rejoindre Ramatuelle. L’itinéraire, sur une crête, longe cinq moulins, dont un superbement restauré sous la houlette d’une association de passionnés. «À la fin du XVIIIe siècle, il y avait plus de blé que de vigne dans la région. Ramatuelle comptait 20 moulins », rappelle Pierre, l’un des meuniers qui ouvrent l’édifice au public le dimanche. À

     

     

    l’approche du village, on saisit Ramatuelle du regard, sorte de corolle où les pétales sont ces maisons serrées qui déclinent la palette des roses. La forme en escargot, à la vocation défensive, déboussole le visiteur qui arpente les rues du cœur histo- rique, où les murs épais des demeures extérieures servaient de remparts.

     

     

    Cette gangue de pierre ne manque pas de charme : portes anciennes et passages voûtés ponctuent la promenade. De plus, Ramatuelle s’est dotée d’une image culturelle, avec un festival de théâtre créé en hommage à Gérard Philipe, lequel repose dans son cimetière. La manifestation, qui a acquis une certaine réputation, fêtera en 2019 sa trente-cinquième édition.

     

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    Patrimoine français - 4:  À la découverte des villages des Maures  

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    Que visiter sur l’île de La Désirade,

    en Guadeloupe?

     

    Par Philippe Bourget
     
     

    Au large de Saint-François, plantée dans l’Atlantique, La Désirade, 1 700 habitants, est la moins connue des îles de Guadeloupe. Raison de plus pour poser le pied à terre et explorer ce « caillou » étrange, moitié peuplé, moitié désert et vigie attentive sur le reste de l’archipel.

     

    Explorer les îles de la Petite-Terre

     

     
    L'archipel de la Petite-Terre, Guadeloupe

    C’est peut-être le secret le mieux gardé de la Guadeloupe. Entre Saint-François, à Grande-Terre, et La Désirade, se tiennent deux micros îles inhabitées : Terre-de-Haut et Terre-de-Bas. Elles forment le minuscule archipel de la Petite-Terre. Lorsqu’ils emmènent leurs clients à La Désirade, certains prestataires de transport maritime le contournent volontiers. Les « voileux » peuvent aussi accoster, à condition de ne pas jeter l’ancre, c’est interdit. Il est également possible de débarquer dans ce territoire classé Réserve naturelle : des excursions, dûment règlementées, sont organisées depuis Saint-François, avec un quota journalier de passagers. Sur place, le paysage est idyllique. On y trouve des plages vierges, des cocotiers, un lagon. Seule éminence sur Petite-Terre : un phare, considéré comme l’un des plus vieux de Guadeloupe. Il date de 1840. Si l’archipel est classé Réserve naturelle, c’est pour sa faune. Petite-Terre héberge deux spécimens de lézards, l’anolis et le scinque, des huitriers, des sucriers à ventre jaune (oiseaux)… et une flopée d’iguanes, absolument pacifiques. On peut les apercevoir en parcourant le sentier tracé sur Terre-de-Bas. Certains oiseaux migrateurs font aussi halte entre novembre et mars et, en mer, tortues vertes, poissons et requins citron semblent cohabiter amicalement. Une sortie à la journée à recommander aux purs amoureux de nature.

     

    Arpenter le relief singulier de La Désirade

     

     
    Pointe sud-ouest de l'île de la Désirade, Guadeloupe

    La Désirade mesure 11 km de long pour 2 km de large. Elle accueille quelque 1 700 habitants, dont une communauté de pêcheurs. Vue depuis Grande-Terre, elle ressemble à un long plateau allongé. A l’est, sa pointe fixe l’Atlantique, elle voit arriver en premier les ondes tropicales et les cyclones. L’île est une épine dorsale calcaire : son versant sud-est accueille le village principal, Beauséjour, les hameaux, les plages… bref, la vie. Au centre s’étire l’échine rocailleuse et arbustive, parcourue par un chemin de crête, culminant à 275 m à La Grande Montagne. Au nord-ouest, les versants, déserts, plongent brusquement vers l’océan, dans un paysage parfois hostile. Ils sont extrêmement peu fréquentés. Ceux qui viennent à La Désirade pour la journée (soit l’essentiel des 80 000 visiteurs annuels) peuvent louer un 4 X 4 ou un scooter en débarquant. La Désirade est à environ 30 mn de bateau de Saint-François (attention, le dernier retour est généralement vers 16h30).

     

    S’alanguir sur la plage

     

     
    La plage de la Désirade, Guadeloupe

    La Désirade n’est pas à proprement parler une « destination plages ». Mais l’île en abrite tout de même quelques-unes. Parlons des deux de Beauséjour : la plage à Fanfan, à l’ouest, et la plage à Fifi, à l’est. La première est plantée de palmiers et les pêcheurs y confectionnent parfois des nasses à poissons. Le sable blanc et les cocotiers de la seconde lui valent une fréquentation constante, d’autant qu’elle accueille deux restaurants de plage. Entre Beauséjour et Baie-Mahault, vous tomberez aussi sur la plage du Souffleur. C’est la plus connue et pour cause : elle étire longuement son sable fin devant des cocotiers bien alignés, prétextes au farniente et à la baignade (nage, snorkelling – nombreux coraux…). Des abris (carbets) permettent de s’installer pour le pique-nique. Il y a même un restaurant (La Roulotte) et des sanitaires. A côté, dans l’Anse du Puits, des barques de pêche colorées sont amarrées. Reste la dernière vraie plage, celle de Petite Rivière, à Baie-Mahault. Un site simple et ombragé, loin, si loin des tourments du monde.

     

    S’attarder à Beauséjour, la « capitale » de l’île

     

     
    Vue générale de la Désirade, Guadeloupe

    Etre là et ne rien faire, juste observer et s’imprégner. Voilà le programme tout à fait supportable qui attend le visiteur à Beauséjour. Car ne vous attendez pas à découvrir ici un patrimoine virevoltant. Le village vit tranquillement autour de son port et de la rue Philippe Pain. Prenez le temps de vous balader de rues en rues, histoire de vous inoculer le rythme lancinant des tropiques. Vous pourrez visiter la boutique lapidaire (bijoux et objets fabriqués avec de vieilles pierres de l’île) et pousser « l’aventure » jusqu'au Jardin botanique du Désert, qui œuvre notamment à la sauvegarde d’un cactus endémique de La Désirade. Avec sa maquette de goélette, l’église Notre-Dame de l’Assomption vaut aussi une visite.

    Hormis à l’arrivée quotidienne des bateaux de Saint-François, le village ne vibre véritablement qu’en avril, lors de la Fèt A Kabrit. Trois à quatre jours dédiés, à l’origine, aux éleveurs de cabris et devenus au fil du temps un événement culturel, avec des artistes locaux et de tout l’arc caraïbe. Au menu également : des défilés de cabris, des balades en charrettes, des animations pour les enfants, un concours culinaire, des stands de restauration…

     

    Visiter Baie-Mahault et la pointe orientale de l’île

     

     
    Le phare de la Désirade, Guadeloupe

    C’est à Baie-Mahault que Christophe Colomb aurait touché terre aux Caraïbes, lors de son second voyage en 1493. S’il n’y a plus trace de l’événement, l’île conserve d’autres vestiges. Ceux d’une ancienne léproserie ne sont pas les moins étonnants. Ils rappellent que La Désirade a été en partie peuplée, à partir du 18ème s., par des lépreux. Au cimetière du village, les tombes des religieux s’étant occupé d’eux en témoignent. L’Etat enverra également à La Désirade les « fils indignes » de la haute bourgeoisie guadeloupéenne, et même française. Drôle de peuplement… Autre vestiges : ceux d’une cotonnerie, en activité durant l’entre deux-guerres. A l’extrémité est du village, la route s’arrête à l’ancienne station météo de la Pointe Doublé. Au milieu des arbustes et des iguanes des Petites Antilles, hôtes habituels de ce milieu, le bâtiment, abandonné, date des années 1930. Il fut construit par Ali Tur, un architecte français d’origine tunisienne mandaté pour reconstruire des bâtiments publics en Guadeloupe après le passage dévastateur d’un cyclone, en 1928. Il dénote dans ce paysage rocheux, classé, plus au nord, Réserve naturelle géologique.

     

    Grimper à la Chapelle du Calvaire

     

     
    Côte de la Désirade, Guadeloupe

    Amoureux d’espace et de points de vue, cette balade vous est destinée. Certes, depuis Beauséjour, la montée à pied est ultra raide. Mais quelle récompense ! Une fois atteinte la petite chapelle joliment peinte en bleu et blanc, la vue sur le port et le sud de l’île est prodigieuse. Une table d’orientation permet de se repérer. De la chapelle, il est possible de gagner le chemin de crête (de la Montagne) et de rallier Baie-Mahault par les points culminants de La Désirade, qui dépassent la côte 200. C’est enfin l’occasion d’apercevoir, en bas à gauche, la côte nord-ouest de l’île, découpée et vierge, à peine émaillée de quelques criques de galets. L’île sauvage mérite son surnom !

     

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    Patrimoine français - 4:  Que visiter sur l’île de La Désirade, en Guadeloupe?

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    Les plus belles abbayes de France

     

     

    Par Dominique Le Brun, Dominique Roger, Clio Bayle
     
     

    Un peu plus de 800 abbayes sont aujourd’hui recensées sur notre territoire. Ce tour de France des merveilles architecturales monastiques, non exhaustif, est une invitation à découvrir un monde « hors du monde », d’autant plus nimbé de secrets qu’il nous est largement inconnu.

     

    Les abbayes du nord

    Royaumont (Val d'Oise, Île-de-France)

     

     
    Royaumont

    À Royaumont, les bâtiments conventuels et ce qui reste de l’église abbatiale donnent une petite idée de l’abbaye que fonda le futur Saint Louis en 1228. Quoique d'architecture sobre, puisqu' affilié à l'ordre cistercien, l'ensemble avait jadis des dimensions exceptionnelles, comme le montre son cloître, le plus vaste de toutes les abbayes cisterciennes. L’immense dortoir et le sublime réfectoire à deux nefs – aujourd’hui aménagé en salle de concert – indiquent que l’abbaye accueillit jusqu’à 140 moines de choeur. Quant à l’église abbatiale, Louis IX la voulut aussi imposante qu’une cathédrale afin de pouvoir accueillir des foules de fidèles : 105 mètres de long ! Aujourd’hui, il n’en reste qu’un vestige stupéfiant, planté comme un crayon géant dans l’alignement du bâtiment des moines.

     

    Les abbayes de l'ouest

    Fontevraud

     

     
    Fontevraud

    Aujourd’hui oublié, l’ordre créé ici par Robert d’Arbrissel (1045-1116) fut au XVIIe siècle l’un des plus puissants de France. Et le plus original sûrement, puisque, s’il réunissait hommes et femmes, la règle voulait qu’il fût dirigé par une abbesse. Plus qu’une abbaye, Fontevraud était une cité monastique, qui compta jusqu’à cinq quartiers, avant de devenir une prison. Si l'abbaye connut un tel développement, c’est parce qu'elle reçut l’appui de Rome en même temps que le soutien matériel des comtes d’Anjou. Et lorsque ces derniers devinrent rois d’Angleterre, Fontevraud devint une nécropole royale : Richard Cœur de Lion y repose !

     

    Mont-Saint-Michel

     

     
    Mont-Saint-Michel

    Pour ressentir soi-même la fascination que le Mont-Saint-Michel exerce sur ses visiteurs depuis le Moyen Âge, il faut le voir depuis les immensités de sa baie. La Merveille de l’Occident demande à être d’abord contemplée de très loin, posée à l’horizon sur les bancs de sable ou sur l’herbe rase des prés-salés. Mais c'est sous les voûtes de l’abbatiale comme dans le cloître dominant la baie, que le Mont-saint-Michel reste pour tous la merveille des merveilles.

     

    Solesmes

     

     
    Solesmes

    L’imposant édifice qui se reflète dans la Sarthe, quelques kilomètres en amont de Sablé, affiche des airs de monastère médiéval fortifié. Il n’en est pourtant rien. Telle qu’on la voit aujourd’hui, l’abbaye de Solesmes date des dernières années du XIXe siècle. Mais l’architecte tira son inspiration du palais des papes d’Avignon ainsi que de la merveille du Mont-Saint-Michel ! À l’origine, c’était un simple prieuré créé dans les toutes premières années du XIe siècle, agrandi après la guerre de Cent Ans et doté de remarquables sculptures à la fin du XVe et durant le siècle suivant. D’où ces voisinages de style qui, aujourd’hui, décontenancent le visiteur féru d’architecture religieuse.

     

    Les abbayes du centre

    Hautecombe

     

     
    Abbaye de Hautecombe

    Surplombant les eaux sombres du Bourget, face au massif du Revard, l’abbaye bénédictine de Hautecombe, fondée au XIIe siècle, connut des heures grandioses en tant que nécropole de la maison de Savoie. Ce statut valut à l’abbaye de connaître des fastes inimaginables jusqu'au milieu du XVe siècle, puis de péricliter. Une campagne de restauration achevée au moment de la Révolution lui a redonné vie. Après l'abdication définitive de Napoléon Ier, plusieurs communautés monastiques s'y sont succédées. À défaut d’en abriter  aujourd'hui, l'abbaye est désormais connue comme un lieu de rencontres chrétiennes.

     

    La Grande-Chartreuse

     

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    La grande-Chartreuse

    S’il est un lieu où l’expression "se retirer du monde" prend tout son sens, c’est bien la Grande-Chartreuse. En plein cœur du massif éponyme, au fin fond d’une combe, le monastère déploie ses hauts murs crépis de blanc et ses immenses toitures d’ardoise. Il fascine car il est à la fois visible et impénétrable. Il suffit de suivre la route forestière qui s’élève au-dessus du monastère vers le habert de Chartroussette pour le contempler à loisir. Mais dans cette forteresse du silence, des hommes ont choisi de vivre selon la stricte règle de saint Bruno. Pour chacun des pères chartreux, prière, travail, offices à l’église se succèdent jour et nuit à longueur d’année, toute une vie durant.

     

    Cluny (Citeaux et Clairvaux)

     

     
    Cluny

    À la fin du XIe siècle, moins de deux cents ans après sa fondation, l'abbaye de Cluny commandait 450 monastères et 1 500 prieurés, totalisant 10 000 moines bénédictins répartis dans tout l’Occident. Tel qu’on le voit aujourd’hui, l'ensemble n’a strictement rien à voir avec ce qu’il a été au Moyen Âge. Ses bâtiments abritent l’un des huit campus d’Arts et métiers Paris Tech. Et quel étrange destin… La fabuleuse abbatiale fut démantelée pendant la Révolution, puis elle servit un temps de carrière. Seuls à être restés debout, quelques vestiges permettent de visualiser, au sol, ce qui fut la plus grande église de la chrétienté. Quelques chiffres en illustrent le gigantisme. Longue de 187 mètres pour une largeur de 65 m et une hauteur sous voûtes atteignant 33 m, elle était connue pour accueillir jusqu’à 30 000 fidèles.

     

    Les abbayes du sud

    Moissac

     

     
    Moissac

    La légende veut que l’abbaye de Moissac ait été créée par Clovis en 506, après sa victoire sur les Goths. Mais l’histoire affirme qu’il s’agit de Dagobert et de ses fils, entre 630 et 655. L’âge d’or de Moissac ne trouve cependant pas son origine dans une protection royale, mais dans le mouvement d’expansion de l’ordre de Cluny. À peine affiliée à la prestigieuse abbaye mère, Moissac s’agrandit et s’embellit. On peut rester des heures à admirer le tympan du grand portail de l’abbatiale Saint-Pierre, subjugué par la puissance de cette évocation de L’Apocalypse d’après saint Jean L’ évangéliste. Dans le cloître, on passera de nouveau un long moment dans la contemplation des dizaines de chapiteaux historiés.

     

    Sénanque

     

     

    S’il est une abbaye où l’on ressent avec force la présence de l’esprit cistercien, c’est bien celle de Sénanque, près de Gordes, et pour deux raisons. La première est qu’une communauté de moines y vit et y travaille durement. La seconde est que ce monastère à l’architecture médiévale particulièrement remarquable est ouvert à la visite. Telle qu’on la découvre aujourd’hui, la partie ancienne de Sénanque est en effet identique à ce qu’elle était au XIIe siècle. C’est entre la fin juin et la mi-juillet qu’il faut venir à Sénanque, lorsque le lavandin est en fleurs. Comme les sillons s’allongent jusqu’à  toucher le chevet de l’église, le coup d’œil est tout simplement magnifique.

     

    Abbaye de Lérins

     

     
    Abbaye de Lérins

    L’archipel de Lérins constitue l’un des rendez-vous préférés des plaisanciers qui ont Cannes ou Antibes pour port d’attache : ils y mouillent l’ancre entre les îles sainte-Marguerite et saint-Honorat. Paradoxalement, cette dernière est le domaine d’une congrégation cistercienne, qui y maintient une présence monacale. De nos jours, ce bout de terre long d'à peine 1,5 km appartient à une trentaine de moines cisterciens qui y  produisent  des vins blancs réputés. Leur belle cote s'explique par des cépages rares et délicats (mourvèdre et viognier) portés par des ceps d’âge mûr, un terroir privilégié et surtout une exploitation exemplaire.

     

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    Lourdes, la grotte de Massabielle

    et les pélerins

     

     

    Par Détours en France
     
     

    Lourdes attire 6 millions de visiteurs par an et possède le deuxième parc hôtelier de France après Paris. Mystère ou miracle ? Lourdes, un lieu et un nom qui se sont répandus comme une traînée de poudre à travers le monde. Sa renommée en a fait un prénom populaire auprès des fidèles. Des copies de la grotte de Massabielle ont été reproduites jusqu'au Japon et aux Philippines. 

     
     
     
    Abbatiale

    On trouve aujourd’hui des copies de la célèbre grotte de Massabielle jusqu’aux Philippines et au Japon, et Lourdes est le neuvième prénom féminin le plus populaire au Mexique, après Claudia et avant Monica… Rien ne pouvait évidemment annoncer pareille célébrité. En 1755, la ville compte un ecclésiastique.

     

     
    Sanctuaire

    À la veille de la Révolution, alors que le recensement n’atteint que 2 628 habitants, ils sont trois… mais la petite ville de Bigorre, tapie à l’ombre de son château, continue de vivoter grâce à son marché, à l’élevage de son arrière-pays, à ses ardoisières et à ses carrières de marbre. Elle aurait pu arriver ainsi en plein XXIe siècle en étant, comme tant de bourgades comparables, marquée au sceau de l’exode rural, n’accueillant que quelques résidences de Palois bucoliques et de Parisiens fanatiques de ski.

     

    Historique

     

    Après qu'une jeune fille de 14 ans ait vu appaître la Vierge Marie, des controverses font polémiques. Et c'est après une enquête poussée, l’évêque de Tarbes, Mgr Laurence, publie son mandement le 18 janvier 1862, fête de la Chaire de Saint-Pierre à Rome. Ce document met fin à toutes les polémiques. Après un rappel détaillé des faits et une exhortation – « Habitants de la ville de Lourdes, réjouissez-vous ! L’auguste Marie daigne abaisser sur vous ses regards miséricordieux » –.

     

     
    Abbaye de nuit

    Il contient huit articles dont le premier est sans appel. « Nous jugeons que l'Immaculée Marie Mère de Dieu a réellement apparu à Bernadette Soubirous, le 11 février 1858 et jours suivants, au nombre de dix-huit fois, dans la grotte de Massabielle, près de la ville de Lourdes ; que cette Apparition revêt tous les caractères de la vérité, et que les fidèles sont fondés à la croire certaine. »

     

    Bâtissons le succès !

     

    Une première basilique néogothique est bâtie en 1871. Elle se révélera vite trop petite. Le pèlerinage des Bannières, le 6 octobre 1872, attire 300 000 pèlerins ! Suivront une deuxième basilique, celle du Rosaire, bénie en 1889, qui peut contenir 1 500 personnes, puis au XXe siècle, celle de Saint-Pie-X, quinze fois plus vaste.

     

     
    Lourdes

    Comment expliquer ce succès phénoménal, qui fait de Lourdes le second site de pèlerinage marial au monde derrière Guadalupe au Mexique (environ 15 millions de personnes par an), devant Fatima au Portugal et Lorette en Italie (environ 4 millions de pèlerins) ?

     

    Il y a, certes, la concomitance heureuse avec deux grandes nouveautés techniques qui révolutionnent les moyens de communication :

    • La photographie, inventée en 1839, permet de diffuser le visage de Bernadette Soubirous urbi et orbi.
    • Le chemin de fer multiplie la fréquentation : dès 1859, il arrive à Tarbes en même temps que Napoléon III y séjourne.
    • En 1866, la première locomotive arrive en gare de Lourdes. La ligne achemine les pèlerins et transporte le tabac, cultivé dans les environs, vers l’entrepôt tarbais, véritable cathédrale industrielle que fit élever Achille Fould, président du conseil général. Mais il y a, bien sûr, autre chose.

     

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    Patrimoine français - 4:  Lourdes, la grotte de Massabielle et les pélerins

     

    Patrimoine français - 4:  Lourdes, la grotte de Massabielle et les pélerins

     

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    Les 5 phares de l'île d'Ouessant

     

     

    Par Philippe Bourget
     
     

    Cinq phares éclairent les navires croisant dans les parages redoutés d’Ouessant. Deux sont à terre, le Stiff et Créac’h. Trois en mer, Nividic, La Jument et Kéréon.

     

    Le phare du Stiff, signé « Vauban »

     

     
    Le phare du Stiff, île d'Ouessant, Finistère, Bretagne

    Phare « Vauban » avec ses deux tours rondes accolées à l’est de l’île, le Stiff surveille la Manche depuis 1700. Automatisé en 1993, son dernier gardien, Michel Berthelé, est décédé en 2020. La fin d’une époque... Une fois les 104 marches gravies, la vue s’ouvre sur la côte et la mer d’Iroise. Par beau temps, on voit même le continent. À côté trône un sémaphore militaire et la disgracieuse tour radar. Perchée à 72 mètres de haut, elle a été mise en service en 1982 après le naufrage de l’Amoco Cadiz. Gérée par le Cross (Centre régional opérationnel de Surveillance et de Sauvetage), c’est une vigie d’observation du rail d’Ouessant, couloir emprunté par plus de 50 000 navires par an.

     

    Le phare du Créac'h, l'un des plus puissants au monde

     

     
    Le phare du Créac'h, île d'Ouessant, Finistère, Bretagne

    Cap à l’ouest, vers le phare du Créac’h. Avec sa robe rayée noire et blanche, cette autre sentinelle terrienne est l’un des plus puissants phares d’Europe. À 55 mètres de haut, ses éclats blancs portent à 32 miles (plus de 50 km). Pour tous les bateaux croisant dans le secteur, il marque la frontière entre Manche et Atlantique. Les raisons de cette intensité lumineuse sont expliquées au Musée des Phares et Balises, dans l’ancienne salle des machines. Un espace est entièrement consacré aux optiques et aux lentilles. Le dernier gardien à avoir occupé le Créac’h, Patrick Richard, a tiré le rideau en 2017.

     

    Le phare de Nidivic et le phare de la Jument 

     

     
    Le phare de Nidivic, à l'ouest de l'île d'Ouessant, Finistère, Bretagne
    Le phare de Nidivic doit son nom au rocher sur lequel il est construit : le Leurvaz an Ividig.
     

    Les trois phares marins ne sont pas accessibles. Nividic est le plus occidental de France. Sur un rocher au large de la pointe de Pern, son faisceau balaye l’horizon depuis 1936. Au sud-ouest, celui de la Jument est auréolé d’histoire. Après avoir échappé à un naufrage en 1878, un rentier, M. Potron, finança sa construction, achevée en 1911. Ses trois éclats rouges portant à 30 kilomètres pouvaient dès lors trouer la nuit. Renforcé au fil des ans, il vit au rythme des tempêtes. En 1974, une déferlante brise la lanterne et noie l’escalier dans l’eau – les gardiens s’étaient réfugiés dans la cuisine. En 1989, des images exceptionnelles d’hélicoptère montrent le phare encerclé par des paquets de mer, tandis que le gardien se tient tranquillement sur le pas de la porte... Automatisé en 1991, il est désormais télécommandé depuis le Créac’h.

     

    Le phare de Kéréon, contre le Fromveur

     

     
    Le phare de Kéréon, île d'Ouessant, Finistère, Bretagne

    Reste le phare de Kéréon. Seul à ne pas guider les bateaux sur le rail d’Ouessant, il alerte sur la dangerosité du passage du Fromveur. Un courant très violent peut atteindre ici 16 km/h. Jonché de récifs, ce corridor a vu le naufrage de nombreux navires dont celui, dramatique, du Drummond Castle, en 1896 (lire aussi Molène, p. 24). Fromveur ne signifie-t-il par « grande frayeur », en breton ? Construit à partir de 1907, électrifié grâce à une éolienne et automatisé, ce phare de 41 mètres de haut est le symbole de ces vigies ouessantines qui, depuis des siècles, veillent sur la vie des marins.

     

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    Patrimoine français - 4:  Les 5 phares de l'île d'Ouessant

     

    Patrimoine français - 4:  Les 5 phares de l'île d'Ouessant

     

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