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    Tableaux-Artistes-Peintres:  Christiane Beaulieu Lahaie

    Balade d'amoureux (2)

     

    Tableaux-Artistes-Peintres:  Christiane Beaulieu Lahaie

    Le Pub vert

     

    Native de Sherbrooke, Christiane Beaulieu Lahaie habite maintenant la région de Québec. Depuis sa rencontre en 1979 avec le célèbre peintre Albert Rousseau, elle s’intéresse de plus en plus à la peinture. Peintre autodidacte, elle poursuit sa pratique dans différents ateliers collaboratifs d’artistes professionnels et prend part à des formations offertes par des artistes de grande renommée dont Olivier Toupin, Yvon Lemieux, Pierre Leclerc, Juan Cristobal et plusieurs autres.

    Ses œuvres vibrantes témoignent de la richesse du patrimoine québécois, alliant des lignes architecturales précises, les chaleureuses tonalités de la terre et de la pierre, une palette diversifiée de quartiers invitants et de sources de quiétude qui recrée un charme de la région. Ses scènes de nuit sont particulièrement recherchées pour l’intensité de ses contrastes et l'atmosphère féérique qui s’en dégage. Les couleurs vives et éclatantes de ses œuvres représentent la signature de l'artiste.

    À ses débuts, il y maintenant plus d’une quinzaine d’années déjà, elle travaille beaucoup à la peinture à l’huile. Maintenant, son médium préféré est l’acrylique mais elle s’adonne aussi aux techniques mixtes. Elle est une artiste passionnée de la vie, des gens et de l’art et tous ses admirateurs sont heureux de la suivre d’année en année sur la voie des symposiums et des différentes expositions.

    Démarche artistique

    La création est toujours présente dans ma vie. Peindre représente un excellent véhicule d’expression. Faire ressortir les vibrations, les émotions captées au moment présent constitue un grand défi.

    Chaque tableau a sa propre personnalité, sa petite histoire, son humeur, son émotion. C’est extraordinaire de faire jaillir une saveur unique à chacun des thèmes abordés. J’adore créer une ambiance festive, un instant magique, un moment unique ou une pause réflexion. Je travaille présentement avec la peinture acrylique, je suis à l’aise avec d’autres médiums. J’explore d’autres produits tels que les mortiers, les vernis, les résines. Je fais exploser les couleurs vives afin de retrouver des lumières magiques. Comme tout artiste peintre, je travaille énormément à découvrir l’unique point lumineux entre l’ombre et la lumière. Dernièrement, je peins des scènes de nuit, une recherche particulière sur la luminosité.

    Le bonheur est de partager ces moments fantastiques avec les gens qui admirent mes œuvres. Faire découvrir la magie d’une scène de ville ou d’un paysage bucolique restera pour moi un merveilleux trésor, la plus belle des gratifications. Ce monde de création est infini et je suis privilégiée d’avoir fait cette merveilleuse rencontre.

    Jour après jour, je retouche les couleurs de ma vie…
    Jour après jour, je retouche les couleurs d’un tableau en évolution

    Affiliations professionnelles

    - Membre de la société artistique et culturelle de Québec
    - Membre de la société artistique et historique de Charlesbourg
    - Membre de la maison Vézina de Boischatel
    - Centre d'Art Saint-Laurent, Ile d'Orléans
    - Membre du C.A. de la Maison Vézina (2014)
    - Membre du C.A. du Centre d'Art St-Laurent (2010)

    Arts et philantropie

    2013 à 2016 - Collège François Bourrin, dons de tableaux pour encan
    2016-2014-2013-2008-2006 - Fondation québécoise du cancer, dons de tableaux pour encan
    2011 à 2013- Bénévoles de la Côte de Beaupré, dons de tableaux pour encan
    2010 - Moulin du Petit pré, dons de tableaux pour encan
    2010 - Municipalité de Boischatel, division Loisirs, don d'un tableau pour encan

    Mérites et mentions

    2010 - Peintre invitée sur le Golf Royal Québec de Boischatel
    2009 - Tableau choisi pour une carte de vœux par la Municipalité de Boischatel
    2003 - Tableau choisi pour une carte de vœux de Noël par la Fondation québécoise du cancer

    Expositions individuelles

    2015-2014 - Golf de Stoneham Scènes de golf
    2013 - Golf de Stoneham Scènes de golf et autres terrains du Québec et des États-Unis
    2003 - Solo à la Fondation québécoise du cancer, tableaux accompagnés de textes

    Expositions collectives

    2017-2016 - Maison Magella Paradis, Charlesbourg, Québec
    2015 - Exposition Pur Blanc Galerie J’Adore, Québec
    2010 - Moulin du Petit Pré, Château Richer, Québec
    2010-2009 - Centre Sportif de Boischatel, Québec
    2004 à 2009 - Château du Domaine Maizerets, Québec
    2008 - Maison Vézina, Boischatel, Québec
    2005 - Bibliothèque Étienne Parent, Québec

    Réalisations professionnelles et artistiques

    2014 - Omnium de golf du journal des chefs d'entreprises de Québec au prestigieux Golf Royal Québec. J’ai organisé une levée de fonds au profit de la Fondation québécoise du cancer. Nous étions 10 artistes peintres de la région à peindre
    sur place et les artistes ont offertsleurs œuvres en soirée.
    2014 - Représentante des artistes sur le C.A. de la Maison Vézina et sur le comité d’organisation
    du symposium de peinture de Boischatel.
    2008 - En tant que présidente d'honneur du tournoi de golf annuel de la Fondation québécoise du cancer (pour une levée de fonds), j’ai invité 15 artistes à s’installer sur le golf de St-Michel de Bellechasse et à peindre sur place et
    ils ont offert leurs œuvres pour la cause.

    Symposiums et autres activités artistiques

    2010 à 2016 - Symposium Arts et Reflets, Château Richer, Québec
    2015-2016 - Symposium L'Éveil en Art, Québec
    2013 à 2016 - Symposium, Exposium, Charlesbourg, Québec
    2011 à 2016 - Symposium du Centre d’art St-Laurent, Ile d’Orléans
    2015-2016 - Symposium Visit’Arts, Promenade Champlain, Québec
    2013-2014 - Boutiques de Noël
    2013-2014 - Galerie Cartier des Arts
    2009 à 2014 - Symposium Plaines en couleurs, Québec
    2009 à 2014 - Symposium Route de la Nouvelle France, Boischatel
    2011-2012 - Symposium Bienvenue en Ville, Québec

    Publications

    2014 - Journal Beauport Express, article de M. Michel Bédard
    2014 - Journal des chefs d’entreprises de Québec, tournoi de Golf Royal Québec
    2014 - Revue Sportive de Québec Photo de M. Gaston Bélanger
    2012 - Dépliant de la soirée Bénéfices Cancerto
    2009 nov - Journal L’autre voix, article de M. Marc Cochrane

     

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    La bande dessinée

     

    Tout un art !

     

    du site herodote.net

     

    Mille millions de mille sabords ! Avouez-le : vous vous êtes empressé d'apprendre à lire pour enfin comprendre les jurons du capitaine Haddock ! Fidèle compagne de notre enfance, la bande dessinée a su elle aussi grandir et s'adapter, au point de jouir d'une popularité toujours grandissante.

    Feuilletez avec nous l'histoire de ces planches pleines de bulles : vous allez découvrir comment quelques dessins sans prétention ont donné naissance à un nouvel art. Et nous invitons les plus férus de BD à parfaire leur érudition en devinant à quels célèbres albums font référence les intertitres qui parsèment l'article !

    Isabelle Grégor
     

    Gaston Lagaffe

    Des ancêtres à gogo

    Pas la peine de se mettre en quête du premier auteur de bande dessinée, celui qui a eu l'idée de raconter une histoire par une succession de dessins : il est introuvable. Mais on peut avoir une pensée reconnaissante pour cet anonyme paléolithique qui, sur les parois de la grotte Chauvet (vers 30 000 av. J.-C.), est parvenu à créer le mouvement dans le Panneau des lions, comme pour nous relater une scène de chasse.

     

    Papyrus d'Hounefer, vers 1300 av. J.-C., Londres, British Museum.

    Certes, il est encore loin de Tintin mais ses descendants vont s'en rapprocher à grands pas, notamment les scribes égyptiens qui comprirent l'intérêt de représenter, sur un seul et même papyrus, les différentes étapes d'une même histoire. On peut ainsi suivre l'arrivée du mort dans l'autre monde avec l'accueil par Anubis, la pesée de l'âme, la présentation à Osiris... Il suffit d'observer la réapparition du personnage, de gauche à droite, déjà !

    On peut d'ailleurs remarquer que nos artistes ont eu la bonne idée d'ajouter quelques commentaires sous forme de hiéroglyphes à leurs images, pour plus de clarté.

     

    Colonne Trajane, 113 ap. J.-C., Rome.

    Ce n'est plus le cas sur la colonne Trajane (113 ap. J.-C.) qui adopte la forme d'un rouleau ou d'une bande s'enroulant autour du monument de pierre pour rendre compte, à travers plus de 150 scènes, des guerres victorieuses de l'empereur Trajan. L'ensemble apparaît un peu figé et les personnages manquent singulièrement de vie, ce que l'on ne peut reprocher à ceux qui ont fait la gloire de la célèbre tapisserie de Bayeux (XIe s.). 

    Waouh, ici, du mouvement, il y en a ! Sur 70 mètres, les scènes s'enchaînent pour nous faire revivre de façon parfois naïve mais toujours colorée l'épopée de Guillaume le Conquérant.

     

    Tapisserie de Bayeux, entre 1066 et 1082, Bayeux, Musée de la Tapisserie de Bayeux.

     

     

     

     

    Pour les plus ignorants, quelques repères en latin résument l'essentiel de l'histoire puisque cette œuvre était avant tout destinée à l'édification des foules. En cela elle est à classer à côté de nombre de créations religieuses qui reprennent le principe de la narration par étapes dans les triptyques ou sur les murs des églises. De là à voir dans Fra Angelico ou Michel-Ange les précurseurs d'Hergé...

     

    Le Chat botté, image d'Épinal, avant 1820, Épinal, musée de l'Image.

     

     

    On a crayonné sur des feuilles !

    Laissons Rome et les murs de la Chapelle Sixtine pour aller voir du côté de Mayence. C'est en effet grâce à l'imprimerie et à l'invention de la planche reproductible à grande échelle que la bande dessinée a vraiment pu voir le jour.

     

    John Bull faisant des observations sur la comète, Thomas Rowlandson, 1807, Londres, Victoria and Albert Museum.

    Dessinateurs et caricaturistes vont s'en donner à cœur joie et inonder les chaumières de représentations, parfois légendées. C'est un triomphe que vont ainsi connaître, dès la fin du XVIIIe siècle, les images d'Épinal grâce à leur naïveté, leur optimisme et leurs couleurs vives. 

    Mais c'est en Angleterre, sous l'influence de William Hogarth, père de la littérature d'estampes, que Thomas Rowlandson commence à croquer à partir de 1790 les aventures de John Bull, allégorie du Royaume-Uni qu'il fait parler en utilisant pour la première fois ce qui ressemble fort à des bulles.

    Il ne reste plus au Suisse Rodolphe Töpffer qu’à associer des images pour élaborer de véritables histoires, et voici la date officielle de naissance de la bande dessinée : 1827. Tout cela parce que notre maître de pensionnat avait peur que ses élèves s'ennuient...

     

    Les Amours de monsieur Vieux Bois, Rodolphe Töpffer, 1837.

     

     

    Tss, tss ! Avec l'aide de messieurs Jabot, Vieux Bois et autre Cryptogramme, aucun risque ! Enfin publiées en album, leurs histoires séduisent les foules et attirent l'attention des plus grands, comme le médecin genevois Frédéric Soret qui voit dans ces aventures loufoques et rythmées un bon moyen de sortir de la déprime son célèbre patient, Johann Goethe. Et cela marche !

     

    Le Peigne,  Benjamin Rabier, extrait du Journal amusant, 1904.

    Gags visuels, dessins utilisés comme écriture avec un texte secondaire... Tous les ingrédients de notre BD sont là. Voum ! Les directeurs de journaux illustrés, notamment pour enfants, se jettent sur ce nouveau mode de communication et Gustave Doré, Benjamin Rabier et même Nadar rivalisent à coups de crayon dans L'IllustrationLa Revue comique et Le Journal amusant.

    Très vite, les lecteurs se demandent comment ils ont bien pu vivre jusqu'ici en ignorant tout du sapeur Camembert (Christophe, 1890), du canard Gédéon (Benjamin Rabier, 1923) et de la maladroite Bécassine (Émile Pinchon, 1905), l’une des premières à avoir droit à un décor réaliste.

     

    Dans la famille des grands précurseurs, notons que Zig et Puce (Alain Saint-Ogan, 1925) ont ouvert la voie très lucrative des produits dérivés tandis que les affreux Pieds Nickelés (Louis Forton, 1908) sont désormais entourés de reproductions de bruits. Et paf ! Dans le pif de Croquignole !

    « De la littérature en estampes »

    Rodolphe Töpffer ne s'est pas contenté de s'amuser à griffonner les mésaventures de monsieur Jabot, il a aussi rédigé les premières analyses théoriques sur l'art qu'il venait d'inventer :
    « Faire de la littérature en estampes, ce n'est pas se constituer l'ouvrier d'une donnée pour en tirer, et jusqu'à la lie souvent, tout ce qu'elle comporte. Ce n'est pas mettre au service d'une fantaisie uniquement grotesque un crayon naturellement bouffon. Ce n'est pas non plus mettre en scène un proverbe ou en représentation un calembour ; c'est inventer réellement un drame quelconque, dont les parties coordonnées à un dessein aboutissent à faire un tout ; c'est, bon ou mauvais, grave ou léger, fou ou sérieux, avoir fait un livre, et non pas seulement tracé un bon mot ou mis un refrain en couplets. […]
    L'on peut écrire des histoires avec des chapitres, des lignes, des mots : c'est de la littérature proprement dite. L'on peut écrire des histoires avec des successions de scènes représentées graphiquement : c'est de la littérature en estampes. L'on peut aussi ne faire ni l'un ni l'autre, et c'est quelquefois le mieux. […] La littérature en estampes, dont la critique ne s'occupe pas et dont les doctes se doutent peu, est extrêmement agissante, à toutes les époques, et plus peut-être que l'autre car […] il y a bien plus de gens qui regardent que de gens qui lisent »
     (Rodolphe Töpffer, Essai de physiognomonie, 1845).

     

    Les Tuniques Bleues, Willy Lambil et Raoul Cauvin.

     

     

    Les Tuniques Bleues passent à l'attaque

    La France n'est pas le seul pays touché par la fièvre des cases dessinées. Toute l'Europe cède à l'appel des bulles et Italie (Corriere dei Piccoli), Espagne (Charlot) et même Finlande (Pekka puupaa) se lancent rapidement dans la production de fumettitebeos et sarjakuva.

     

    R. F. Outcault, The Yellow Kid, extrait de The New York Journal, 1897 : - Je suis heureux, elle (la plante) n'a pas besoin de bière.

    Mais c'est de l'autre côté de l'Atlantique qu'une révolution est en train de naître sous la houlette des magnats de la presse, William Hearst et Joseph Pulitzer, qui entrent en compétition à la fin du XIXe siècle et se déchirent à coups de vignettes colorées dans leurs éditions du dimanche.

    Hearst tire le premier avec The Yellow Kid, un « gamin jaune » créé par R. F. Outcault (1896), et poursuit sur sa lancée victorieuse en publiant les premiers comics supplements dédiés la bande dessinée.

    Grrr… Pulitzer riposte en prenant à son adversaire Rudolph Dirks et ses Katzenjammer Kids (1897 - rebaptisés Pim Pam Poumen France) qui généralisent l'usage des phylactères ou bulles.

     

    Little Nemo in Slumberland, Windsor Mc Cay, 1905.

    En 1904, Winsor Mc Cay commence à faire parler de lui et de son univers si riche en détails et en imagination que son Little Nemo est considéré comme le premier chef-d’œuvre du genre. On n'est plus là pour seulement s'amuser mais aussi admirer et rêver !

    Mais gardons les pieds sur terre : c'est aussi à cette époque que le nouvel art devient une industrie à part entière qui cherche à séduire le plus large public pour rentabiliser les journaux. On y diffuse donc à qui mieux mieux des family strips mettant en scène les chamailleries conjugales de la classe moyenne.

    Pour relever le niveau, Hearst fait appel en 1910 à une chatte zozoteuse, Krazy Kat(George Herriman, 1910) qui deviendra Félix le Chat sur les écrans, tandis qu'apparaît une petite souris adepte des shorts rouges (Mickey, d'après le dessin animé de Walt Disney, 1928), appelée à une grande destinée !

     

    Batman, Bob Kane, Urban Comics, 1939.

    Les 7 vies des super-héros

    Tout cela est bien mignon, mais le goût de l'aventure commence à prendre le pas sur la pratique des zygomatiques. Boum, crac, bang ! On veut du suspense, du danger, et pourquoi pas de la violence !

     

    Mandrake, Phil Davis, volume 3, 1934.

    Le marin borgne élevé aux épinards (Popeye d'E. C. Segar, 1919) est certes costaud mais il ne permet pas aux lecteurs de s'identifier et de se rêver en héros. Place à l'homme-singe courageux (Tarzan, mis en dessin par Harold Foster à partir de 1929), à l'apprenti cow-boy(Broncho Bill de Harry O'Neill, 1928), au détective privé bagarreur (Dick Tracy de Chester Gould, 1931) et même au magicien hypnotiseur (Mandrake de Phil Davis, 1934)...

    En 1929, le voyageur interstellaire Buck Rogers de Dick Calkins entraîne à sa suite Flash Gordon (Alex Raymond, 1934) avant que tous deux soient écartés par un personnage venu tout droit de la planète Krypton, Superman. Il faut dire qu'il a tout pour séduire : une double identité, des super pouvoirs, un costume seyant et la mission de sauver le monde entier à lui seul.

     

    Superman, couverture d'Action Comics, 1938.

    Sorti tout habillé en 1934 de l'imagination de Jerry Siegel, il se fait vite une place de roi dans le nouveau format utilisé pour diffuser de la bande dessinée, et uniquement de la bande dessinée : le comic book. Mais la vie n'est pas facile pour Superman qui doit vite se battre contre la concurrence d'une chauve-souris nommée Batman (Bob Kane, 1939). Arg !

    Avec le début de la Seconde Guerre mondiale en Europe, les héros commencent à proliférer pour mieux appeler au patriotisme et à la victoire du bien contre le mal : Captain America (Jack Kirby, 1940) et Wonder Woman (William Moulton, 1941) portent ainsi fièrement les couleurs de leur pays.

     

    Frank Miller, dessin pour Batman : Dark Knight, 1986.

    Pour ces outils de propagande, la victoire est synonyme de relégation au placard jusqu'à ce que les années 60 et sa guerre froide ne leur permettent de revenir en force. Grâce à l'éditeur Marvel et au scénariste Stan « the Man » Lee, Spider-man, Hulk, Iron Man et la joyeuse bande des X-Men déferlent dans les chambres des adolescents.

    Mais sous leur masque ou leurs cicatrices se cachent des visages plus humains et nos héros doivent désormais se battre également contre leur entourage et eux-mêmes.

    Ce sont donc des êtres particulièrement tourmentés que propose, dans les années 80, le dessinateur Frank Miller qui renouvelle, dans des albums à la tonalité très sombre, l'art du cadrage, influencé par le cinéma. Son Batman : Dark Knight (1986) contribua d'ailleurs à remettre à la mode, sur grand écran, l'immense famille des super-héros qui continuent toujours de coloniser nos salles obscures.

     

    Hergé, couverture du Petit vingtième, 1934.

     

     

    Sur la piste des Belges

    À Bruxelles, ce 10 janvier 1929, un petit reporter est pour la première fois envoyé enquêter à l'autre bout du monde, chez les Soviets. En fait, il se contente de parcourir les planches du Petit Vingtième sous la plume de son créateur Georges Rémi, alias Hergé (d'après ses initiales inversées).

     

    Hergé dessine Tintin. Photo : Elisabeth Bouvet/ RFI, DR.

    Le garçon à la houppette et son fox-terrier bavard deviennent vite des stars de la bande dessinée grâce à la précision du dessin, le réalisme simple des décors et le soin apporté aux scénarios construits à partir d'une rigoureuse documentation géographique, ethnologique et historique.

    Inventeur du style de « la ligne claire »qui consiste à souligner le contour de chaque élément représenté par un trait à l'encre, Hergé rassemble autour de lui tout un groupe d'artistes belges qui vont faire de ce petit pays un des maîtres en la matière. Le Journal de Tintin (à partir de 1946) va servir de support pour faire connaître les personnages de Blake et Mortimer (Edgar P. Jacobs), Michel Vaillant (Jean Graton) ou encore Alix (Jacques Martin).

    Babar (Jean de Brunhoff), le gentil éléphant qui faisait la joie des enfants depuis 1931, prend tout à coup un coup de vieux. Sniff… Il semble même totalement démodé face à la nouvelle génération d'auteurs qui arrive en 1938 pour mettre un peu plus de légèreté dans le monde bien sérieux de Tintin.

     

    Arizona, couverture Lucky Luke, volume 3, Morris, 1950.

     

    La fantaisie avant tout ! Tel est le mot d'ordre de l'École de Marcinelle (ou dite de Charleroi) et, autour de Jijé (Joseph Gillain), les idées fusent : Franquin, Morris ou encore Will se font un plaisir de faire subir des aventures loufoques à Spirou, Lucky Luke et Tif et Tondu.

    M'enfin ! Ces personnages sympathiques, qui seront rejoints après 1950 par les Schtroumpfs (Peyo), Boule et Bill (Roba) et Astérix (Goscinny et Uderzo), ont une particularité qui les distingue de leurs aînés bruxellois : ils parlent dans des bulles rondes et non plus rectangulaires !

    Ce coquin de reporter...

    En janvier 1979, dans Apostrophes, Hergé raconte à Bernard Pivot la naissance de Tintin...

     

     

    Manga, Katsushikai Hokusai, entre 1814 et 1878.

    La ballade des mangas japonais

    Connaissez-vous l'emakimono ? Il ne s'agit pas d'une nouvelle mode vestimentaire mais de bandes racontant une histoire à l'aide de dessins et de sous-titres. Cette définition vous rappelle quelque chose ? Il s'agit bien sûr de celle de la bande dessinée qui trouve du côté du Japon un nouvel ancêtre daté du VIIIe siècle.

     

    Tagosaku et Mokube visitent Tokyo, Kitazawa Rakuten, à partir de 1902.

    On en discerne l'influence dans l’œuvre du génial Hokusai qui griffonna des cahiers entiers de caricatures, donnant ainsi naissance aux mangas (« images dérisoires »), terme repris en 1902 par Rakuten Kitazawa pour désigner ses propres créations originales.

    Inspiré par les modèles venus de l'occident avec l'ouverture du pays, il est à l'origine de nombreux magazines et de tout autant de vocations qui permettent à la bande dessinée japonaise d'exploser.

    La guerre et l'occupation américaine vont bien sûr influencer ces artistes à l'exemple du plus célèbre d'entre eux, l’infatigable Osamu Tezuka, père du petit robot Tetsuwan Atom connu chez nous sous le nom d'Astro Boy. 3 000 dessinateurs, des tirages mensuels de 10 millions d'exemplaires... Waouh !

     

    Cat's eye, Tsukasa Hojo, couverture du volume 1, 1981.

     

     

    Dans les années 60, le Japon peut revendiquer sa place parmi les plus grandes nations créatrices de bandes dessinées ! Et ce n'est pas fini : grâce au succès des dessins animés type Goldorak et Albator, les éditeurs français se lancent dans l'aventure et les mangas envahissent les rayons des librairies.

    Akira (Katsuhiro Ottomo, 1982), Dragon Ball (Akira Toriyama, 1984), Cat's eye(Tsukasa Hojo, 1981) entrent bruyamment dans la culture de nos adolescents qui apprécient ces intrigues au rythme effréné où le personnage est placé au centre de l'histoire.

    Dans des cases influencées par le cinéma, le décor est en effet réduit pour faire la part belle à la psychologie de héros à l'apparence caractéristique puisque leurs yeux sont dessinés tout ronds pour en renforcer l'expressivité.

    Petit format, absence de couleurs, papier souvent recyclé... le manga au Japon est un outil de consommation courante qu'on n'hésite pas à jeter après lecture tandis que les Européens, qui le payent plus cher, aiment à en collectionner les titres.

    Mais malgré la variété infinie des personnages et le renouvellement rapide des collections, le genre connaît actuellement un certain essoufflement expliqué par la concurrence des autres loisirs, internet et jeux vidéos, qui en offrent des versions animées et fragilisent le traditionnel manga de papier.

     

    Wolinski, couverture de Charlie Hebdo, 1979.

    Z comme Zadulte

    « Ça, c'est un journal ! » Le premier numéro de Pilote, en octobre 1959, donne le ton. À sa tête, un trio de choc : Goscinny, Uderzo et Charlier. Les deux premiers y font connaître un petit moustachu gaulois, un grand vizir colérique et un cow-boy solitaire, et le troisième y imagine les aventures des pilotes Tanguy et Laverdure et du pirate Barbe-Rouge.

     

    Le Grand Duduche, (« Passe ton bac d'abord ! »), Cabu, 1980.

     

    La ligne éditoriale fait clairement des appels du pied du côté du public adulte avec des univers plus fouillés comme ceux de Blueberry (Charlier et Giraud, 1963) et Valérian (Jean-Claude Mézières, 1967). L'humour se fait potache dans la Rubrique-à-brac de Gotlib et le Grand Duduche, cousin myope de Gaston, permet à Cabu de se moquer de l'atmosphère pré-soixante-huitarde des lycées et de la société bien-pensante de son époque.

    D'autres préfèrent s'appuyer davantage sur les dialogues et créent des personnages de Français moyens aussi bavards qu'un Achille Talon (Greg, 1963) ou que les Frustrés (Claire Bretécher, 1973), reflet habile de l’époque.

    Oups ! Avec Barbarella (Jean-Claude Forest, 1962), la bande dessinée se lance dans les évocations sensuelles et les scènes se font de plus en plus sexy jusqu'à donner naissance au sous-genre de la BD érotique.

     

    Fluide Glacial, couverture du numéro 1, 1975. Gotlib est l'auteur de la majorité des pages de ce numéro.

    Dans la droite ligne de mai 68 et du mouvement Underground américain, on n'hésite plus en effet à choquer la morale en allant toujours plus loin dans la provocation. « Bête et méchant », le sous-titre du journal Hara-Kiri (1960), reflète bien cet esprit subversif qui s'en donne à cœur joie dans les pages de L'Écho des savanes (1972), Métal hurlant (1975) et Fluide glacial (1975).

    Reiser et son Gros Dégueulasse (1977), Wolinski et son […] Sale phallocrate (1982) repoussent encore les limites en mettant en scène des personnages détestables, bien loin des héros traditionnels ! Certains de ces auteurs choisissent alors de mettre leur talent au service du dessin de presse en limitant en général leur création à une seule vignette.

    Le Canard enchaîné mais aussi Charlie Hebdo s'appuient sur ce type de dessin indépendant qui fait aussi le succès de publications plus familiales, comme les albums de Serre, Voutch et Sempé.

     

    Chroniques de Jérusalem, Guy Delisle, 2011.

    Les aventures extraordinaires de petits héros de papier

    En 1974, hourra ! C'est la consécration ! À Angoulême, le premier festival de la bande dessinée ouvre ses portes et récompense une œuvre ambitieuse, Les Passagers du vent de François Bourgeon. Désormais, plus personne ne remet en cause le qualificatif de 9e art que l'on associe à la BD, accueillie pour une grande exposition au musée des Arts décoratifs de Paris dès 1967 avant la création de son propre musée à Angoulême, en 2009.

     

    Corto Maltese (« Fable de Venise »), Hugo Pratt, 1981.

     

    Des auteurs comme Enki Bilal voient même leurs planches exposées dans des galeries tandis que les dessins de Tardi (Adèle Blanc-Sec, 1976) ou les scénarios de Van Hamme (XIII, 1984) passent désormais pour des classiques, tout comme les œuvres du « maître »Hugo Pratt. Son romantique Corto Maltese, publié d'abord dans Pif Gadget, n'a-t-il pas donné une nouvelle dimension au genre en associant habilité narrative et esthétique poétique ?

    Ce qu'on a baptisé de « roman-BD » devient peu à peu « roman graphique » (de l'anglais américain graphic novel), souvent publié par de petites maisons d'édition. Nombre de pages dépassant les 48 traditionnelles, histoire longue et autonome, noir et blanc privilégié... Ces critères révèlent de nouvelles envies de la part des lecteurs qui aiment se lancer dans des narrations plus longues et sombres.

     

    Maus, Art Spiegelman, volume 1, 1986.

     

    L'exemple le plus frappant est le phénomène Maus (1986) d'Art Spiegelman, seule bande-dessinée à avoir reçu le prix Pulitzer. Dans cet ouvrage de près de 300 pages, l'auteur utilise le vieux procédé consistant à transformer les personnages en animaux pour mieux rendre compte du cauchemar de l'Holocauste vécu par son père.

    Ce travail sur l'expérience personnelle et la mémoire a influencé durablement les auteurs suivants, à l'image de Marjane Satrapi qui, dans Persépolis (2000), raconte son adolescence iranienne, ou encore de Guy Delisle qui nous fait vivre ses expériences d'expatrié (Chroniques de Jérusalem, 2011).

    La couleur est de retour mais l'audace est toujours à l'honneur dans les pages de Joann Sfar qui est capable de passer du Chat du rabbin (2002) à une adaptation du Petit Prince (2008). Les plus jeunes ont aussi droit à des albums plus audacieux et peuvent suivre les facéties d'un Petit Spirou (Tome et Janry, 1990) et d'un Titeuf (Zep, 1992).

    Pô ! Entre innovation et tradition, la bande dessinée a plus d'une flèche à son arc et n'est certainement pas près de lasser son public. Quand on pense que les chamailleries des Tuniques bleues (Cauvin et Lambil) le tiennent en haleine depuis près d'un demi-siècle ! Sans aucun doute, le bédéphile est le lecteur idéal, à la fois fidèle et assoiffé de nouveauté !

     

    Les Pieds Nickelés s'en vont en guerre, Louis Forton, 1917.

     

     

    La bande dessinée, ou comment schtroumpfer l'Histoire...

     

    La BD raconte des histoires... et pourquoi ne servirait-elle pas à raconter la grande Histoire ? L'aspect pédagogique du genre a vite été perçu par les éditeurs et il n'est pas une période qui n'ait trouvé son héros : de la préhistoire (Rahan, Lécureux et Chéret, 1969) à la guerre d'Afghanistan (Le Photographe, Lefèvre et Guibert, 2003), on peut se plonger dans la vie quotidienne de nos ancêtres, minutieusement reconstituée.

     

    Bécassine pendant la Grande Guerre, Caumery et J.P. Pinchon, 1916.

    La fidélité historique est en effet au cœur de ces ouvrages qui s'emploient à utiliser une documentation soignée. C'est le cas des albums que Tardi consacre à la Première Guerre mondiale et pour lesquels le dessinateur s'est adjoint la collaboration d'un spécialiste, l'historien Jean-Pierre Verney. Pas question qu'un bouton d'uniforme soit anachronique !

    On est loin des Belles histoires de l'oncle Paul publiées dans Spirou (Charlier, 1951), voire même du petit « village peuplé d'irréductibles gaulois qui résiste encore et toujours à l'envahisseur »... Si l'on accepte qu'Astérix fasse preuve de quelque fantaisie dans sa description de l'empire romain, on aime aussi aujourd'hui pouvoir faire confiance aux auteurs comme ceux de Murena (Dufaux et Delaby, 1997) qui n'hésitent pas à ajouter des glossaires à leurs albums.

    Le goût des lecteurs pour l'Histoire en vignettes pousse également les éditeurs à multiplier les œuvres retraçant la vie des grands hommes, mettant les biographies à portée du plus grand nombre. Support pédagogique efficace, la BD peut parfois aussi se transformer en outil de propagande pour diffuser une version officielle de l'Histoire. Ce fut le cas par exemple pendant la Première Guerre qui vit les Pieds Nickelés ou Bécassine partir sur le front !

     

    Putain de guerre, Tardi, 2008.

     
    Bande dessinée et vérité historique, une alliance possible ?

    Devenu incontournable dans les manuels scolaires évoquant la Première Guerre mondiale, Tardi s’interroge sur son rôle…
    « La place de l'artiste, c'est probablement de combler les vides laissés par les institutions et les témoignages. Pour Moi, René Tardi, prisonnier au Stalag II B, récit que j'ai publié sur la Seconde Guerre mondiale, j'ai reçu énormément de lettres pour me remercier d'avoir posé des images, un cadre, une atmosphère, sur ces événements que les parents racontaient. La vérité, il ne faut pas la mépriser, mais elle n'a pas la finalité de ces livres. Car de toute manière, les reconstitutions sont par essence inexactes. Donc l'expérience personnelle, la souffrance, importe plus. […] C'est ça, je crois, la place de l'artiste. Retranscrire cette réalité, au plus près, pour la ramener à un niveau humain. Trouver les mots et les images, se confronter à leurs limites, pour mettre en scène nos images mentales. Le dessin, et c'est sa beauté pour l'artiste de bande dessinée, permet de montrer des événements au plus près de leur réalité pour permettre à des gens qui n'ont pas vécu ces expériences de les vivre par procuration, de leur permettre de s'interroger sur la valeur de ces situations, de mesurer ce qui présidait à telle ou telle prise de décision, hier encore incompréhensible. » (Tardi, interview pour Beaux-Arts : La Grande Guerre en bande dessinée, 2014).

     

    Lucky Luke, « Le Hors-la-loi », Morris, 1951. Vignettes censurées.

    Non, je ne m'énerve pas !

    Dangereuse, la bande dessinée ? Ouh là, terriblement, si l'on en croit la suspicion dont elle a été longtemps l'objet. Art mineur, réalisée dans l'urgence pour répondre à la demande des journaux, elle était regardée d'un œil méchant par les instances dirigeantes qui s'inquiétaient du contenu de ces dessins destinés à nos petites têtes blondes.

    Il faut dire qu'en 1945, la criminalité des enfants aux USA explose, jetant le discrédit sur les histoires qu'ils adorent. Si l'URSS a censuré très vite, jugeant le genre anti-soviétique, les Américains attendent 1954 pour refuser à leur tour sang, créatures peu vêtues et obscénités en tous genres.

    En 1949, la France passe à l'attaque : inquiète de voir l'arrivée des comics américains soupçonnés de violence et d'immoralité, elle fait passer une loi pour soumettre les publications destinées à la jeunesse au contrôle d'une commission. Les ciseaux entrent en action, et les éditeurs inquiets n'hésitent pas à renvoyer à leurs dessinateurs les œuvres jugées subversives.

     

    Lucky Luke, Spirou n°641, Morris, 1950. L'agrandissement montre Lucky Luke dans Spirou n°2424 en 1983.

     

    En 1964, Morris a la drôle d'idée de faire mourir de façon sanglante un des Dalton : interdit ! Et voilà comment le pauvre malfaiteur finit simplement au fond d'un tonneau. Si la censure permet discrètement de protéger la production nationale, elle est aussi un reflet de l'évolution de la société : dans les années 50, personne ne s'est offusqué de la cigarette fumée en permanence par Lucky Luke, cigarette qui dut être définitivement remplacée dès 1983 par un brin de paille, plus inoffensif. En 1963, c'est au nom de la protection des animaux que la censure refuse un gag où Boule entortille les oreilles de son cher Bill.

    Quant à l'album de Tintin au Congo, il fait régulièrement la « une » des médias lors de procès qui demandent l'interdiction de l’œuvre pour cause de racisme, racisme dont s'était défendu Hergé : « J’étais nourri des préjugés du milieu dans lequel je vivais… C’était en 1930. Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l’époque : 'Les nègres sont de grands enfants, heureusement que nous sommes là !', etc. Et je les ai dessinés, ces Africains, d’après ces critères-là, dans le pur esprit paternaliste qui était celui de l’époque en Belgique. » (Entretien avec Sadoul Numa, 1975).

    Si aujourd'hui les avis de la Commission s'assimilent davantage à des avertissements qu'à des interdictions, il ne fait guère de doute qu'elle incite toujours les éditeurs à s’imposer une forme d'autocensure.

     

    La Grande traversée, Goscinny et Uderzo, 1975.

    Rubrique à chiffres

    C'est une marée montante depuis des décennies : rien ne semble devoir arrêter la hausse des ventes de bandes dessinées ! En 2017, elles représentaient près de 7 % de la production de livres en zone francophone, et on n'a compté pas moins de 5300 titres disponibles sur les étagères des magasins. Youpi !

    Sans surprise, c'est le rayon jeunesse qui profite de cette passion avec le succès des incontournables Astérix et Titeuf mais aussi, pour les plus grands, des mangas qui caracolent en tête. La situation reste cependant fragile pour la majorité des dessinateurs et des petites maisons d'édition, malgré le succès surprise de titres comme L'Arabe du futur de Riad Attouf l'an dernier (2016).

     

    L'Arabe du futur 2, Riad Attouf, 2015.

     

    De plus en plus le secteur devient dépendant du cinéma qui sert de tremplin publicitaire aux œuvres, et d'internet qui aide les nouveaux créateurs à se faire connaître. Cela permettra peut-être aux femmes de se faire une place dans ce milieu très masculin !

    Autre secteur important qui vit de la bande dessinée, les produits dérivés sous forme de jouets, vêtements, papeterie et jeux vidéos génèrent des revenus toujours plus impressionnants, tout comme les parcs à thèmes (Astérix), mais c'est surtout du côté des vieilles planches que le phénomène BD est le plus visible : 1,55 million d'euros pour une page originale de Tintin !

    Les collectionneurs, nourris à la bande dessinée, sont en effet de plus en plus nombreux à se faire plaisir en investissant dans les affiches d'Art et les ventes aux enchères. Les musées et murs peints d'Angoulême et Bruxelles ont certainement encore de beaux jours devant eux !

    Le sémiologue et la BD

    Sémiologue de formation, et donc spécialiste des signes linguistiques, qu'ils soient verbaux ou non, Umberto Eco ne pouvait que se pencher sur le cas de la bande dessinée...
    « Une étude statistique plus précise révélerait six catégories de lecteurs de BD :
    a) les enfants âgés de moins de 9 ans, qui lisent les BD pour enfants ;
    b) les enfants de plus de 9 ans, qui lisent les BD pour adultes ;
    c) les adultes au faible QI, qui lisent les BD pour enfants ;
    d) les intellectuels amateurs de kitsch et les fans, qui ne se contentent pas de lire les BD, mais en discutent et les collectionnent ;
    e) Marshall McLuhan (qui forme une catégorie à part) [Marshall McLuhan a été un des premiers à étudier l'influence des médias]
    f) les spécialistes en sciences des communications, sémiologie, linguistique et histoire de l'art […].
    S'il est vrai que la BD se sert à la fois de l'image (et relève par-là de la critique et de l'histoire de l'art) et du texte (qui relève entre autres de la linguistique), il serait faux d'y voir une simple addition de ces deux formes de communication. [...]
    Le problème consiste plutôt à comprendre comment la fusion de deux modes d'expression distincts produit un langage sui generis aux règles bien distinctes, langage qui a influencé le cinéma, la peinture et jusqu'à la littérature. L'examen de ces questions n'est qu'à ses débuts. »
     (Umberto Eco, L'Art de la BD, 1972).

     

    Avez-vous, à présent, découvert tous les titres des albums ?

    Franquin, série Gaston Lagaffe : Gaffes à gogo,
    Hergé, série Tintin : On a marché sur la lune,
    Willy Lambil et Raoul Cauvin, série Les Tuniques bleues,
    Patrick Cothias et André Julliard, série Les 7 Vies de l'Épervier,
    Morris, série Lucky Luke : Sur la piste des Dalton,
    Roba, série Boule et Bill : Ce coquin de cocker,
    Hugo Pratt, série Corto Maltese : La Ballade de la mer salée,
    Franquin et Greg, Z comme Zorglub,
    Tardi, Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec,
    Peyo, Les Schtroumpfs,
    Franquin, série Modeste et Pompon : Non, je ne m'énerve pas ! ,
    Gotlib, Rubrique à brac.

     

    Bibliographie

    BDGuide. Encyclopédie de la bande dessinée internationale, 2003, éd. Omnibus,
    Claude Moliterni, Philippe Mellot et Michel Denni, Les Aventures de la BD, 1996, éd. Gallimard (« Découvertes »),
    Claude Moliterni, Philippe Mellot et Laurent Turpin, L'ABCdaire de la bande dessinée, 2002, éd. Flammarion.

     

    Divertissement 2:  La bande dessinée - Tout un art !

     

     

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    10 DÉFIS DE GENTILLESSE

     

    Et si vous changiez, pendant 10 jours, votre manière de fonctionner ?
    Et si, comme par magie, votre vie s’améliorait ?
    Voici un article présentant dix défis simples à accomplir au quotidien, qui auront le pouvoir fabuleux de vous transformer profondément. Objectif : changer, évoluer, offrir aux autres et surtout, recueillir un max d’ondes positives !!!
    Serez-vous prêt(e)s à relever le défi ?

     

    IMAGE : Journée de la gentillesse

     

    DÉFI 1 : Transformez-vous en rayon de soleil
    Pour commencer en douceur cette semaine de gentillesse, vous pouvez vous donner comme challenge, durant une journée, de dire bonjour à toutes les personnes que vous rencontrerez : le facteur, la voisine ronchon, le boulanger, les collègues, le chauffeur de bus… Un bonjour franc et mélodieux. Un bonjour qui réveille, qui fait du bien, accompagné d’un grand sourire sincère. Un petit mot simple qui aura le pouvoir d’apporter un peu de fraîcheur et de joie de vivre aux personnes qui ont l’air tristes, froissées, stressés… Sachez qu’un sourire peut redonner de la bonne humeur, apaiser, aider relativiser et à prendre la vie du bon côté. Et si on ne vous répond pas ? Ce n’est pas bien grave. Vous aurez eu le rôle de surprendre, d’interroger et de faire réfléchir les plus grincheux. Une super mission pour propager une vague de sourires autour de vous et transformer, d’un coup de baguette magique, l’état d’esprit de ceux qui ont mal commencé la journée. Alors, pour voir ce que cela fait : dites bonjour haut et fort et observez les réactions !

     

    DÉFI 2 : Les autres d’abord !
    Aujourd’hui, votre défi est de vous faire passer APRES les autres : faire don de votre temps, activer votre patience, soulager les personnes qui vous entourent en faisant preuve d’abnégation et de générosité. Maître ZEN, c’est vous ! Vous pourriez offrir la priorité en voiture, laisser passer un piéton qui attend dans le froid, laisser passer quelqu’un qu’il a l’air pressé à la caisse du supermarché, vous lever pour donner votre place dans le bus ou le métro, tenir la porte à un voisin… et tout cela, avec le sourire ! Vous verrez, l’effet positif est immédiat : vous vous sentirez invincible, et chaque remerciement deviendra la plus belle des récompenses. Et surtout, vous pourrez être très fier de vous :o)

     

    DÉFI 3 : Arrêter le temps pour dire…
    Il y a sûrement des personnes autour de vous qui vous sont indispensables. Des personnes qui vous écoutent, qui vous conseillent, qui vous font rire, qui vous soutiennent, ou tout simplement qui vous aiment. Ceux sans qui vous ne seriez tout simplement pas heureux. Ces anges gardiens, les avez-vous remercié dernièrement ? Leur avez vous dit à quel point ils comptaient pour vous ? Voilà pourquoi votre défi du jour est d’envoyer un message de remerciements à 3 personnes exceptionnelles pour vous. Pas seulement un petit merci par texto, mais plutôt un vrai petit texte exprimant votre votre gratitude. Rappelez à la personne comment elle vous rend heureux, rappelez lui un moment qui vous a particulièrement touché. Osez ouvrir votre coeur et remplissez d’amour celui des personnes qui le méritent. Ces personnes sont celles qui sont le plus importantes dans votre vie : sans eux, vous ne seriez pas vous. Alors, dites leur à quel point ils sont extraordinaires !

     

    DÉFI 4 : Le Super Héros, c’est vous !
    Batman, Superman, Zorro, Spiderman… Aujourd’hui, la famille des super héros va s’agrandir grâce à vous ! Et si vous essayez de prendre une journée entière pour offrir de l’aide autour de vous, sans RIEN attendre en retour. Pas de cadeau, ni de mots gratifiants, juste peut être un merci ou un sourire (et encore). Pour cela, vous pourriez proposer à un proche de le soulager sur une tâche pénible pour lui, comme acheter du pain à une personne âgée, utiliser vos talents de mécano, de bricoleuse, de cuisinier, de psychologue pour les offrir aux personnes qui en ont besoin, comme aider une maman à porter ses courses, rendre service à un voisin, même s’il est souvent grincheux. Vous pourriez aussi vous porter volontaire pour aider lors d’une fête ou d’une compétition par exemple. Sachez que vous avez le pouvoir d’égayer le quotidien de quelqu’un ! Magique ! Même si on vous refuse gentiment votre aide, proposer permet aux autres de se sentir soutenus et considérés, ce qui est déjà un beau cadeau.

     

    DÉFI 5 : Positive attitude
    Monsieur Bonne Humeur, Madame Joie de Vivre, aujourd’hui, c’est VOUS ! Vous allez répandre un max de compliments sincères autour de vous. Les compliments, c’est du bonheur en barre. Mais pour en faire des vrais, qui font vraiment plaisir, il vous faudra observer les personnes que vous côtoyez durant la journée. Regardez leur façon de s’habiller, de chantonner, écoutez-les parler. Sont elles de bonne humeur, souriantes ? Peut être ont elles fait quelque chose dernièrement qui vous a soulagé, touché ou fait rigoler ? Elles ont peut être aussi bien travaillé, fait des sacrifices. Reconnaissons-les, encourageons-les ! Voilà de nombreuses façons de dire des choses positives aux gens. Et si rien n’a l’air positif, ou si un conflit s’annonce, faites simplement preuve de gentillesse en dédramatisant, en conseillant, en rassurant… veillant toujours à placer un petit compliment rappelant à la personne concernée ses qualités : cela l’aidera à se relever. Et bien sûr… les critiques sont formellement IN-TER-DITES !

     

    DÉFI 6 : Faites un don
    « Savoir donner, donner sans attendre, donner sans reprendre… » Aujourd’hui, nous allons donner du sens à ce célèbre refrain. Parce qu’on peut donner de mille et une façon ! Don de sang, donner un bon sandwich à une personne dans la rue, donner les habits et objets qui s’entassent et dont on ne se sert plus, donner quelques euros à une association qui vient en aide aux autres et qui se bouge… Pensez aussi à donner un peu de pourboire à une personne qui sourit et qui transmet du bonheur autour d’elle en faisant son travail (un serveuse souriante qui vous donne la pêche, ça se récompense!). Au bureau, vous pouvez laisser la monnaie dans la machine à café pour la personne suivante ou apporter au bureau quelque chose de bon à manger, à partager. Avec vos amis, vous pouvez envoyer une invitation à dîner, donner 100% de votre temps d’écoute à une copine déprimée. Bref, faites don de vous !

     

    DÉFI 7 : Agir maintenant pour les générations futures
    Depuis des millions d’années, les hommes vivent sur la même planète. Sauf que, depuis quelques temps, les dernières générations sont en train de la détruire, impunément, égoïstement. Alors, au lieu de vivre à l’instant présent, sans se soucier de l’impact de nos mauvaises habitudes sur la vie de nos descendants, nous pourrions réfléchir à ce que nos agissements pourraient provoquer dans le futur. Aujourd’hui, le défi est d’essayer d’agir pour la planète et d’amorcer un changement dans notre quotidien. On peut commencer par ramasser 5 saletés sur le trottoir afin de les mettre à la poubelle. Puis, si vous faites du footing, équipez vous d’un sac plastique et remplissez-le en faisant votre tour habituel. Vous pouvez essayer de limiter les produits sur-emballés, de fermez la lumière lorsque que vous quittez une pièce, de fermer le robinet lorsque vous vous lavez les dents… Rappelez-vous que, dans notre pays, nous allons faire nos besoins dans des toilettes remplie d’eau alors que certains n’ont pas accès à l’eau potable (cette réflexion me recadre toujours, personnellement). Voilà des petites choses simples pour vivre en empathie avec les autres !

     

    DÉFI 8 : Renouez le contact
    Si parfois, vous ressentez un pincement au coeur en pensant à une personne que le temps a éloigné ou qu’une banale dispute à mis à l’écart : un vieux collègue, une amie, un cousin, un contact Facebook à qui vous n’avez jamais parlé… C’est peut être le moment prendre les choses en main pour rouvrir la porte et reconnecter vos vies ! Oser, surprendre le destin, continuer une belle histoire, prendre des nouvelles, faire renaître quelques bons moments, activer des souvenirs… Vous avez plein de belles surprises au programme. La vie passe si vite, faites le premier pas et vivez pleinement chaque instant ! Si pas de réponse ? Pas d’amertume… le fossé s’est raccourci et qui sait, la personne fera peut-être un jour, elle aussi, preuve d’ouverture d’esprit ? Et puis dans l’histoire, l’adulte, la personne mûre qui fait preuve de sagesse, c’est vous ! Bravo !

     

    DÉFI 9 : Chouchoutez quelqu’un
    Faire très plaisir à quelqu’un, lui offrir votre temps, votre amour, votre gentillesse, votre bienveillance, ou ce qu’il aime par dessus tout : ça c’est fort. La personne qui aura la chance de recevoir ces belles choses s’en souviendra très longtemps et cette attention toute particulière lui fera beaucoup de bien… Alors, dorlotez les gens qui le méritent dans votre entourage ! Voici quelques exemples : cuisiner son plat préféré à votre femme, faire une grosse séance câlin à votre animal, laver la voiture de votre conjoint, faire son gâteau préféré à votre enfant, faire un massage des pieds à votre papa… Il y a mille et une façons de faire du bien aux autres, simplement.

    DÉFI 10 : Prévoyez une surprise !
    Faire une surprise, c’est mettre de l’extra dans l’ordinaire !!! Un beau « cadeau » concocté avec attention se transforme en vraie magie pour la personne qui en bénéficie… mais c’est aussi un vrai plaisir à préparer pour celui ou celle qui en aura l’idée. Allez, c’est à vous de jouer ! Pensez très fort à la personne que vous souhaitez gâter. Pensez à son sourire, aux petits choses qui illuminent son visage et… agissez ! Voilà le summum du bonheur :o)

     

    Santé-Psycho 2:  10 DÉFIS DE GENTILLESSE

     

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    1963-1975

    La guerre du Vietnam

     

    www.herodote.net

     

    En bordure de la mer de Chine, le Vietnam est une nation de deux mille ans d'âge. Colonisée par la France à la fin du XIXe siècle, elle a recouvré son indépendance en 1954 au terme de la guerre d'Indochine tout en se divisant en deux États rivaux : le Nord-Vietnam pro-soviétique (20 millions d'habitants, capitale : Hanoï) et le Sud-Vietnam pro-occidental (15 millions d'habitants, capitale : Saigon). 

    Mais au Sud-Vietnam se développe une rébellion communiste activement soutenue par le Nord-Vietnam. Elle va déboucher sur une nouvelle guerre de plus de dix ans dans laquelle vont s'impliquer les États-Unis et leurs alliés d'une part, l'URSS et dans une moindre mesure la Chine populaire d'autre part.

    Bien plus qu'une nouvelle péripétie de la guerre froide entre le camp occidental et le camp soviétique, cette guerre ultra-médiatisée apparaît a posteriori comme le révélateur d'un monde nouveau. Elle met aux prises des Occidentaux las des aventures impériales et un tiers monde qui prend conscience de sa force.

    André  Larané
     

     

    D'une guerre à l'autre

    Tout commence avec les accords de Genève du 21 juillet 1954 qui mettent fin à la présence française au Viêt-nam (on écrit aussi Vietnam). Ils ne débouchent pas comme prévu sur la réunification des deux Viêt-nam mais sur une exacerbation des rivalités. Une zone démilitarisée sépare les deux Viêt-nam au niveau du 17e parallèle.

     

    Ngô Dinh Diêm, président de la République du Vietnam (Huế, 3 janvier 1901 ; Saïgon, 2 novembre 1963), devant son frère l'évêque Ngo, sa belle-soeur et son frère Nhu

    Au sud, l'ex-empereur Bao Dai est éliminé par le chef du gouvernement, le catholique Ngô Dinh Diêm. Celui-ci proclame la République le 26 octobre 1955, suite à un référendum truqué, et instaure un régime dictatorial et népotique (*).

    Il obtient l'évacuation des troupes françaises, mène à bien l'installation de 800 000 réfugiés nord-vietnamiens, dont beaucoup de catholiques, réduit les sectes au silence et combat la pègre saïgonnaise.

    Mais Diêm lui-même, étroitement associé à son frère Nhu et à sa belle-soeur, s'engage dans une voie de plus en plus autoritaire et répressive.

     

    Ho Chi Minh et Le Duan, secrétaire général du PC vietnamien (7 avril 1907 - 10 juillet 1986)

    Le 19 décembre 1960 est créé un mouvement insurrectionnel d'opposition, le Front national de libération du Viêt-nam du sud (FNL). Ses combattants sont qualifiés péjorativement par leurs adversaires de Viêt-công  ou Vietcongs (« communistes vietnamiens »). Ils bénéficient du soutien actif des soldats de l'Armée Populaire Vietnamienne(APV). 

    Ces « Bô dôi » viennent du Nord-Vietnam selon un plan de conquête échafaudé par le gouvernement de Hanoi, en l'occurrence le secrétaire général du parti communiste Lê Duan et Lê Duc Tho. Trop vieux, Hô Chi Minh, le père de l'indépendance, se tient en retrait.

    Diêm regroupe les paysans les plus exposés dans des « hameaux stratégiques » pour les soustraire à l'influence des guerilleros. Un millier de villages fortifiés sont au total aménagés. Mais cette politique coercitive n'a d'autre effet que d'amplifier l'opposition populaire au régime.

    À partir de 1961, le président américain John Fitzgerald Kennedy envoie sur place quelques troupes déguisées en conseillers militaires.

    Il veut à tout prix empêcher l'arrivée au pouvoir des communistes à Saigon pour éviter une chute en cascade des derniers régimes pro-occidentaux d'Asie (selon la « théorie des dominos » formulée par l'ancien président Eisenhower).

     

    Hélicoptère américain abattu à Ap Bac, dans le delta du Mékong (2 janvier 1963)

    Dans un premier temps, l'armée sud-vietnamienne, épaulée par les conseillers américains, se flatte de quelques beaux succès et les Vietcongs se tiennent coi, apeurés par les moyens impressionnants mis en oeuvre par les Américains, en particulier les hélicoptères de combat.

    Mais tout bascule le 2 janvier 1963 à Ap Bac, dans le delta du Mékong. Ce jour-là, dans une embuscade, les Vietcongs abattent cinq hélicoptères américains et font de nombreuses victimes avant de se retirer, libérés de la peur que leur inspirait la puissance américaine. La guerre du Vietnam commence pour de bon.

    L'opposition au régime de Diêm et Nhu, de plus en plus répressif, gagne les villes.

     

    Le 11 juin 1963, le moine bouddhiste Thich Quang Duc s'immole par le feu au centre de Saigon (DR)

    Le 11 juin 1963, le moine bouddhiste Thich Quang Duc (73 ans) s'immole par le feu au centre de Saigon pour protester contre la dictature et les « persécutions »à l'égard de sa communauté. D'autres moines suivent son exemple. L'opinion publique occidentale s'émeut.

    Le gouvernement Kennedy demande à Diêm d'écarter au moins son frère mais Diêm fait la sourde oreille car il sait que Washington n'a pas de solution de rechange. 

    S'y croyant autorisés par l'ambassadeur américain Henry Cabot-Lodge, des généraux sud-vietnamiens s'emparent le 2 novembre 1963 des bâtiments gouvernementaux. Diêm se réfugie avec son frère dans une église et réclame et obtient un sauf-conduit. Mais sitôt sortis de l'église, les deux hommes sont sommairement exécutés.  

    Quelques jours plus tard, à Dallas, le président Kennedy est lui-même assassiné. Lyndon Baines Johnson lui succède à la Maison Blanche.

    On recense à ce moment-là plus de quinze mille militaires américains aux côtés des soldats sud-vietnamiens. Il s'agit dans les faits de forces spéciales (« bérets verts ») qui n'hésitent pas à intervenir en appui de leurs alliés et dont une cinquantaine ont déjà été tués.

     

    Forces spéciales américaines au Vietnam (années 1960)

    Fatale escalade

    Entre le 2 août et le 4 août 1964, deux destroyers américains, le Maddox et le Turner Joy, qui se sont aventurés dans les eaux territoriales du Nord-Vietnam, essuient des tirs de la part des Nord-Vietnamiens. C'est du moins ce qu'affirment les services secrets de Washington (les équipages des navires concernés nieront plus tard la réalité de cette agression).

    Cet incident du golfe du Tonkin vient à point pour le successeur de Kennedy, Lyndon Baines Johnson, qui est entré en campagne électorale.

    Il décide de montrer ses muscles pour faire taire son rival républicain Barrry Goldwater qui agite à tout va la menace de subversion communiste. 

     

    Défense civile à Hanoi pendant les bombardements

    Prenant prétexte de l'« agression » du Tonkin, le président lance dès le 4 août les premiers raids américains sur les positions communistes au Sud-Vietnam et, le 7 août 1964, il obtient du Congrès les pleins pouvoirs militaires pour un engagement contre le Nord-Vietnam.

    Cette détermination lui vaut une réélection triomphale le 4 novembre suivant.

    Les Américains commencent à bombarder le Nord-Vietnam le 7 février 1965. Ils espèrent par ces bombardements priver les maquisards communistes du Sud-Vietnam et les troupes d'invasion nord-vietnamiennes de leurs approvisionnements en armes et en carburant. Ils n'arrivent cependant pas à couper les fameuses « pistes Hô Chi Minh » et les navettes maritimes par lesquelles transitent, du nord au sud, hommes et matériels.

    L'escalade atteint son maximum d'intensité avec le bombardement des villes du Nord-Vietnam, à partir du 29 juin 1966. Mais elle est obérée par l'ineptie de l'armée sud-vietnamienne, nombreuse et surarmée mais corrompue et prédatrice. Ses généraux ont tout juste fait élire à la présidence l'un des leurs, Thieu. Comme son Premier ministre Ky, ce militaire n'a d'autre souci que de s'enrichir au plus vite... 

     

    Raid de B52 sur le Nord-Vietnam (années 1960)

    Engagement au sol

     

    Robert S. McNamara (9 juin 1916, San Francisco ; 6 juillet 2009, Washington)

    S'opposant à la prudence du Secrétaire à la Défense Robert McNamara, le général William Westmoreland, commandant du corps expéditionnaire, obtient dès 1965 l'envoi de marines combattants et non plus seulement de conseillers. De plus en plus de soldats traversent l'océan Pacifique pour combattre dans la jungle et les rizières un ennemi insaisissable.

    En 1968, on en arrive à compter plus de 500 000 Américains en uniforme au Sud-Vietnam. Ces soldats et leurs alliés (50 000 Sud-Coréens, 7500 Australiens, 500 Néo-Zélandais, 2000 Philippins, 8000 Thaïlandais) sont néanmoins en minorité à côté du million de soldats et miliciens engagés dans l'armée sud-vietnamienne.

     

    William Westmoreland (26 mars 1914, Spartanburg, Caroline du Sud ; 18 juillet 2005, Charleston, Caroline du Sud)

    Qui plus est, la plupart des soldats américains se tiennent loin des combats, affectés à des tâches logistiques dans des bases géantes et plutôt confortables (Long Binh compte ainsi 12 piscines, trois bibliothèques, une salle de spectacles, trois terrains de foot...). Moins d'un quart combat réellement. Ce sont les « grunts » ou « grognards »(fusiliers, marines...), sollicités à outrance, et dont les exploits ont été largement mis en scène par les plus grands cinéastes d'Hollywood, avec en fond sonore le vrombrissement des hélicoptères, l'engin à tout faire de cette guerre.

    Ils affrontent plus de 300 000 Vietcongs, mobiles et soutenus par une grande partie des paysans, sans compter les unités nord-vietnamiennes qui ont envahi le Sud.

    Le général Westmoreland fait bombarder et brûler les villages avant qu'ils ne soient investis par les marines. Il s'ensuit trois millions de paysans déplacés.

    Malgré ou à cause des pertes humaines, familles décimées, villages détruits, la détermination des Nord-Vietnamiens et des paysans ne faiblit pas et les recrutements tant dans l'armée que chez les rebelles compense régulièrement les pertes.

     

    Attaque d'un village sud-vietnamien (1966), DR

    Laos et Cambodge voisins sont bientôt entraînés dans la guerre malgré eux. Le 30 janvier 1970, l'intervention des Américains et de leurs alliés au Cambodge, pays officiellement neutre mais par lequel transite la « piste Hô Chi Minh », suscite la protestation des parlementaires américains. Ils retirent au président ses pouvoirs spéciaux pour éviter tout nouveau dérapage.

    Au total, sur les trois pays indochinois seront lâchées au cours de la guerre plusieurs millions de tonnes de bombes, trois fois plus que pendant toute la Seconde Guerre mondiale. Le napalm et l'« agent orange » sont aussi utilisés à très grande échelle. L'US Air Force se sert de ces défoliants chimiques, précédemment employés par les Français, pour brûler le couvert végéral, les habitations en bois et les récoltes, avec des effets ravageurs à très long terme sur la santé des populations et sur l'environnement.

     

    Bombardement d'un village vietnamien (années 1960)

    Mi Lay, un massacre impuni

    Dans le village sud-vietnamien de Mi Lay, le 16 mars 1968, la compagnie C a tué entre 300 et 500 civils, dont beaucoup de femmes et d’enfants, au cours d’une opération planifiée sous les ordres du lieutenant William Calley (26 ans). Le drame ayant été ébruité, le lieutenant prétendit avoir obéi aux ordres de son capitaine Ernest Medina.

    Mais la cour martiale ne retint que la responsabilité personnelle. Le 29 mars 1969, elle le condamne à la prison à vie pour le crime de 22 civils. Le président Nixon intervient trois jours plus tard pour commuer sa peine. Il est gracié en 1974 après trois années de prison. Le scandale est grand dans l'opinion publique américaine.

    La désescalade

    Marine américain au Vietnam

    En février 1968, cette deuxième guerre d'Indochine (après celle qui opposa les communistes vietnamiens aux Français) arrive à un tournant avec une contre-offensive massive du Vietcong, l'« offensive du Têt » (du nom de la grande fête du Nouvel An vietnamien). Elle se solde par d'énormes pertes du côté communiste mais a des répercussions décisives sur l'opinion occidentale.

    À Washington, Robert McNamara, qui n'a jamais apprécié l'intervention au Vietnam et ne croit plus en un possible succès, quitte le Secrétariat à la Défense le 29 février 1968 pour la Banque Mondiale. À la tête du corps expéditionnaire américain, le général Creighton Abrams remplace le bouillonnant William Westmoreland.

    Sur les campus de Californie, la contestation monte en flèche.

     

    Manifestation contre la guerre du Vietnam

    Elle témoigne d'une première scission entre la jeunesse éduquée, généralement issue des classes moyennes supérieures et habile à se faire exempter du service militaire, et la jeunesse pauvre issue des milieux ouvriers blancs et noirs, dans laquelle se recrute les soldats du corps expéditionnaire.

    En lien avec la montée du mouvement hippie, qu'illustrent le festival de Woostock et le slogan Make love, not war (« Faites l'amour, pas la guerre »), la jeunesse étudiante et les artistes, telle Jane Fonda, se mobilisent activement contre l'intervention de leur pays de l'autre côté du Pacifique.

    Les désertions se font plus nombreuses... 

    La contestation ne tarde pas à gagner tous les campus du monde occidental.

     

    Manifestation pacifiste devant le Pentagone en 1967 (DR)

    Une Amérique effondrée

    En novembre 1968, le candidat républicain Richard Milhous Nixon est élu par surprise face au vice-président sortant Hubert Humphrey. Celui-ci avait promis d'engager des négociations avec Hanoi mais quelques jours avant le scrutin, le président sud-vietnamien Thieu avait refroidi ses partisans en annonçant son refus d'y participer (peut-être à l'instigation de Nixon !). 

    Élu et réélu quatre ans plus tard, Nixon entame malgré tout en 1970 le retrait des troupes américaines. En 1972, il se rend à Pékin, amorçant une détente avec le camp adverse, et, en janvier 1973, conclut les accords de paix de Paris par lesquels les États-Unis s'engagent à retirer toutes leurs troupes dans les 60 jours et le Nord-Vietnam à libérer tous ses prisonniers américains.

    Entre-temps, du 18 au 29 décembre 1972, il ordonne un bombardement massif de Hanoi et des grandes villes du nord par l'US Air Force pour tenter de rendre ses interlocuteurs à la table des négociations plus accommodants.

     

    Combattants vietcongs (DR)

    La guerre va se poursuivre entre Vietnamiens jusqu'à la chute de Saigon, deux ans plus tard, en laissant un bilan accablant du côté vietnamien. Les Américains déplorent 58 000 morts (environ deux fois moins que pendant les quelques mois de leur intervention dans la Première Guerre mondiale). Les Vietnamiens, quant à eux, auraient perdu un total de 3,8 millions de civils et militaires selon Robert McNamara, soit près de 8 % de leur population. À quoi s'ajoutent les blessés, les mutilés et les victimes du napalm et de l'« agent orange ».

    La guerre du Vietnam a surpris les États-Unis au sommet de leur puissance et de leur prestige. Elle va ternir irrémédiablement leur image. Les Américains ne se remettront de leur humiliation que dans les années 1980, grâce au verbe du président Ronald Reagan.

    De Cimino (Voyage au bout de l'enfer, 1978) et Coppola (Apocalypse Now, 1979) à Stone (Platoon, 1987) et Levinson (Good Morning Vietnam, 1987), les cinéastes d'Hollywood vont puiser dans le traumatisme vietnamien matière à nombre de chefs-d'oeuvre.

    Quant aux militaires, ils veilleront désormais à garder sous contrôle (embedded) les journalistes appelés à suivre leurs opérations extérieures pour ne plus avoir à affronter leur opinion publique en sus de leurs ennemis.

     

    Une image du film Apocalypse Now (Francis Ford Coppola, 1979)

     

    Histoire Moderne 2:  La guerre du Vietnam - 1963-1975

     

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    Votre Voiture Est-Elle Prête

    Pour L’hiver?

     

     

    Chaque année, les mauvaises conditions météorologiques en hiver sont responsables de plus d’un quart des accidents de la route, causant dégâts matériels, blessures, voire décès. C’est pourquoi, avec le retour de pluies diluviennes, de chutes de neige, du grésil, du brouillard, du vent et du verglas, votre famille et votre véhicule doivent être protégés.

     

    Voici donc quelques conseils pour vous préparer à affronter l’hiver :

    Changer vos essuie-glaces : La mauvaise visibilité est la principale cause des accidents de la route, plus particulièrement en hiver. Si vos essuie-glaces laissent des traces ou si les lames sont asséchées, rigides ou fissurées, il est grand temps de les remplacer. Profitez-en pour acheter une paire supplémentaire et laissez-les dans votre coffre, avec un bidon plein de lave-glace antigel.

     

    Utiliser l’air conditionné : Cela peut sembler contre-productif, mais si les vitres sont embuées et gelées à cause du froid qui règne à l’extérieur, le système d’air conditionné de votre véhicule, ajusté à une température chaude, neutralisera l’humidité.

     

    Vérifier les phares : La neige, la gadoue et la saleté peuvent couvrir les phares (et les feux de freinage), réduisant ainsi la visibilité pour vous et les automobilistes qui vous entourent. Nettoyez vos phares régulièrement, plus particulièrement après de longs trajets et lors de mauvaises conditions météorologiques.

     

    Vérifier votre batterie : La batterie de votre voiture est moins efficace lorsqu’il fait froid, et l’huile du moteur s’épaissit, ce qui peut nuire au démarrage de votre véhicule. Faites vérifier votre batterie par des professionnels et faites-la remplacer si elle est en fin de vie. Évitez ainsi que votre batterie meure en pleine tempête de neige.

     

    Réchauffer votre moteur : Si vous vivez dans une région où les températures chutent brutalement et si vous laissez votre véhicule à l’extérieur, envisagez l’installation d’un chauffe-moteur, que vous pourriez brancher sur une prise électrique.

     

    Lubrifier vos serrures : L’humidité qui s’installe dans les portes ou les serrures du coffre peut geler lors de conditions extrêmes et nuire à l’ouverture des portes. Utilisez un vaporisateur de silicone pour lubrifier vos serrures avant qu’il ne fasse très froid. Et si vous êtes bloqué à l’extérieur, un antigel pour serrure peut être utile.

     

     

    Art de Vivre 3:  Votre Voiture Est-Elle Prête Pour L’hiver?

     

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