Jusqu’à la moitié des années 1960, l’homme ne peut sortir de sa maison sans son chapeau, qui constitue un élément inséparable de la tenue vestimentaire. De plus, le chapeau est une indication de son statut social et de son occupation professionnelle.

Le chapeau de castor entre en scène dans les années 1620, quand on exporte en Europe des peaux de castor en grande quantité. Très vite, la mode se répand, les chapeaux d’hommes sont ornés de plumes d’autruche et sont l’objet d’une grande convoitise, à condition de pouvoir payer les sommes exorbitantes demandées (à vrai dire, on trouvait autrefois des castors en Europe, mais ils ont tous été exterminés, pour faire des chapeaux).

Au XVIIIe et au XIXe siècles, les chapeaux en peau de castor sont souvent légués de père en fils. Les chapeliers modèlent le feutre (processus appelé feutrage) pour obtenir la qualité adéquate des chapeaux de castor. C’est une procédure longue et coûteuse, qui renforce le caractère unique et précieux de ces objets.

De plus, les chapeaux de castor sont imperméables. Par ailleurs, les chapeliers font courir le bruit que porter un chapeau de castor rend plus intelligent, alors les gens (à qui on ne la fait pas, mais…) achètent ces chapeaux en grand nombre. En fait la rumeur disait qu’en massant le cuir chevelu avec de l’huile de castor, on acquérait une mémoire phénoménale.(et on perdait ses cheveux à une vitesse encore plus phénoménale, d’où l’intérêt d’acquérir rapidement un chapeau pour remédier à cette fâcheuse situation !) L’essayer, c’est l’adopter !

En France, l’industrie de la chapellerie était pratiquée principalement par les Huguenots. Cependant, après la révocation de l’édit de Nantes en 1685, plus de 10 000 chapeliers huguenots, interdits de pratiquer leur religion en territoire français, émigrent en Grande-Bretagne et en Nouvelle-Angleterre. L’industrie française de la chapellerie s’effondre alors, au profit du Royaume-Uni et de ses colonies.

Vers le milieu du XIXe siècle, le feutre de castor est remplacé peu à peu par le velours de soie, qui est moins coûteux et encore plus élégant. Dès que le prince Albert, époux de la reine Victoria, se coiffe de chapeaux de soie vers 1840, le chapeau de castor disparaît (l’histoire ne dit pas si le prince Albert a été payé par une compagnie de soie).