Un week-end gastronomique à Sarlat
Pour réchauffer l'hiver direction le Périgord pour une petite escapade à Sarlat, capitale de la truffe et du foie-gras. Un week-end réconfort sous le signe de la gastronomie et du patrimoine !© Jennifer Durand
Englouties, rasées, désertées... Des villes autrefois prospères se sont vidées de leur population. Pour cause de guerre, de désastre écologique ou encore en raison de mauvaises conditions économiques, des cités sont désormais abandonnées. De Balestrino à Prypiat la ville qui abritait les ouvriers de Tchernobyl, en passant par Oradour-sur-Glane, découvrez leur incroyable histoire.
Située dans la région de Ligurie, au nord-ouest de l'Italie, cette étrange cité médiévale semble endormie. Les volets sont clos, les maisons intactes. Seule la végétation envahissante rappelle que la ville a été désertée. Autrefois capitale économique de toute la vallée avec la culture de l'olive et de légumes, Balestrino possède toujours un château érigé au XVIe siècle en son sommet. Mais à partir de 1962, l'instabilité sismique et les glissements de terrains poussent ses quelques 500 habitants à la fuir. Une nouvelle Balestrino, plus moderne, a été construite à quelques kilomètres sur un terrain plus favorable. Des études sont toujours en cours pour essayer de sauver les bâtiments abandonnés. La partie médiévale reste désespérément vide.
Ensevelie sous des tonnes de sable : c'est l'inexorable destin de la ville de Kolmannskuppe ou Kolmanskop en afrikaans. Lorsqu'en 1908, le premier diamant a été trouvé dans le désert de Namib, en Namibie, des colons allemands fondent une cité qu'ils baptisent Kolmannskuppe. La ruée vers l'or fait grandir la ville qui connaît son apogée en 1920 avec quelques 1000 habitants, une école, un théâtre ou encore un tramway vers la cité voisine de Luderitz. Mais après la première guerre mondiale, le cours du diamant s'effondre et la mine n'est plus rentable. Les habitants délaissent la cité qui sera totalement abandonnée en 1956. Depuis, le sable envahit tous les bâtiments. La ville fantôme, menacée de disparition pure et simple, est devenue une attraction touristique.
Originales et futuristes, ces maisons OVNI de toutes les couleurs sont désormais la proie des bulldozers. En 1978, un promoteur immobilier décide de construire un complexe de loisirs haut de gamme à Shanzhi, en périphérie de Taipei, sur l'île de Taïwan. Les bâtiments, aux allures de soucoupes volantes, sortent de terre. Mais au début des années 1980, le manque d'argent et des accidents sur le chantier provoquent l'arrêt de la construction. Selon une légende, le lieu serait hanté et donc maudit. Quasiment jamais habitées, la cinquantaine de maisons ont été saccagées et sont fortement endommagées. En 2009, les autorités locales ont décidé de raser toute la zone.
De la ville d'Enfield, dans le Massachussets, il ne reste rien. Fondée en 1816 en hommage à l'un de ses premiers colons, Robert Field, la ville était située de part et d'autre de la rivière Swift. Entre 1930 et 1939, un gigantesque réservoir d'eau appelé Quabbin est construit aux limites de la ville. Il alimente en eau potable toute la région et notamment Boston. Malgré les protestations des habitants, la cité doit être évacuée et inondée pour que le réservoir entre en fonction. Le 28 avril 1938, Enfield et plusieurs villes voisines comme Dana, Greenwich et Prescott sont vidées de leur population (2500 personnes), rasées et englouties. Les ruines d'Enfield gisent désormais sous l'un des plus grands réservoirs d'eau du monde.
Maisons quasi détruites, voitures incendiées... Oradour-sur-Glane porte encore les marques de la journée du 10 juin 1944. Ce village du Limousin était une paisible bourgade, prospère et attractive avec ses cafés, ses commerces et son tramway. Mais en pleine débâcle allemande, la division SS "das Reich" décide d'organiser une expédition pour réprimer la Résistance et se venger du débarquement du 6 juin. Quelques 8000 soldats encerclent Oradour le 10 juin. Les hommes sont exécutés au hasard des rues tandis que les femmes et les enfants sont enfermés dans l'église qui sera incendiée. Ce massacre a fait 642 victimes et n'a laissé que des ruines. Dans les années 1960, un nouveau bourg a été construit à quelques centaines de mètres, sur les plans de l'ancienne cité.
Symbole de la ruée vers l'or et du Far West, Bodie a connu un passé glorieux. En Californie, à l'est de la Sierra Nevada, un certains W. S. Bodey découvre dans un champ, en août 1859, une pépite d'or. De camp de fortune, Bodie devient en 1862 une vraie ville avec ses mines, son bureau de poste, son Chinatown, ses banques, ses saloons et ses quelque 6 000 habitants. Mais au début des années 1900, la population commence à décliner au fur et à mesure que le cours de l'or s'effondre. Le gisement s'épuise et son exploitation n'est plus rentable. La ville, ravagée par un incendie en 1932, est peu à peu désertée. Dix ans plus tard, la dernière mine ferme. Bodie prend alors le visage de ville fantôme. Aujourd'hui, deux cents bâtiments sont toujours debout et font la joie de centaines de touristes et la cité figure classée au Patrimoine historique depuis 1961.
Tristement célèbre, Prypiat en Ukraine a le visage d'une ville ravagée par la guerre. Fondée en 1970, elle accueillait les ouvriers qui travaillaient à la construction et à la centrale nucléaire de Tchernobyl, à 2 km de là. Au total, elle abritait environ 50 000 personnes. Lorsque le réacteur n°4 de la centrale explose, dans la nuit du 26 avril 1986, les habitants ne sont pas informés des dangers. La ville, fortement touchée par le souffle et irradiée, ne sera évacuée que le lendemain, 30 heures après la catastrophe. Aujourd'hui, Prypiat se trouve toujours dans la zone interdite et continue à être dangereuse. Si quelques uns de ses bâtiments sont intacts, la ville, abandonnée par ses habitants, est depuis quelques années victime de saccages.
Agdam est elle-aussi une cité fantôme, en Azerbaïdjan. Autrefois, elle abritait 160 000 personnes et possédait son aéroport. La cité calme, entourée par de magnifiques montagnes, a été rayée de la carte en quelques jours. En juillet 1993, suite à un conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, les forces armées arméniennes l'envahissent. Les habitants avaient pris la fuite précédemment sous la menace d'un conflit. Agdam est pillée et saccagée sans aucun affrontement ni échanges de tirs. De la cité, il ne reste que des ruines. Depuis, la végétation envahit peu à peu les bâtiments à moitié détruits.
La Villa Lago Epecuen présente le visage d'une cité engloutie, ravagée par les eaux. Les arbres secs et les maisons vides et toujours debout semblent flotter au milieu des eaux. La cité, construite au bord du lac Epecuen, est une destination touristique prisée pour ses cures thermales. Elle possède près de 250 hôtels et centres de soins. Mais le lac d'eau chaude connaît un problème ancestral : le manque d'eau. En 1978, des travaux de remblais et d'ajout d'eau sont entrepris. Mais le 10 novembre 1985, ils tournent au drame. Un mur de soutènement de 3,5 mètres de haut lâche. La ville est entièrement inondée et en quinze jours, l'eau la recouvre sur près de deux mètres. Les habitants qui ont fuit se sont réfugiés dans la cité voisine de Carhue qui, elle aussi située au bord du lac, possède des activités thermales.
Ville minière intacte, figée dans le temps : les touristes qui la visitent chaque année peuvent apercevoir l'intérieur des maisons à travers les fenêtres. Cette cité aujourd'hui norvégienne, a été fondée en 1910 par la Suède puis vendue en 1927 à l'Union soviétique. Elle tient son nom de la montagne voisine en forme de pyramide. Mais la cité est victime à la fois de la crise du charbon et de la chute du régime soviétique. L'Etat russe décide d'abandonner la ville. L'évacuation des 1000 habitants s'opère le 10 janvier 1988. Accessible par bateau ou par motoneige, Pyramiden est devenue une attraction touristique prisée. Seuls quelques gardiens y habitent désormais une partie de l'année.
Pourquoi la partie la plus ancienne du village de Castelnuovo dei Sabbioni est-elle abandonnée ? La cité, située sur la commune de Cavriglia en Italie, a été bâtie au 13e et 14e siècle sur les collines du Chianti et du Valdarno. Au début du 20e siècle, la découverte d'un gisement de lignite fait sa fortune et attire jusqu'à 1000 habitants. Mais l'exploitation de cette mine fragilise les bâtiments situés en hauteur. Dans les années 1970, un glissement de terrain fait de nombreux dégâts et incite les autorités à prendre une décision. La vieille ville, menacée, est totalement évacuée. Les résidents sont relogés dans une nouvelle ville, en contrebas. Aujourd'hui, la municipalité de Cavriglia a racheté les terrains du vieux village et souhaite le réhabiliter.
Si elle n'est pas totalement abandonnée, son centre-ville reste désespérément désert : maisons murées, enseignes de magasins intactes et rues vides. Cairo, installée à la confluence des rivières du fleuve Mississipi et de la rivière Ohio, a été fondée en 1837. La cité a tiré sa prospérité de son port où les bateaux à vapeurs y étaient ravitaillés. Elle atteint son pic de population, 20 000 habitants, en 1907. Mais les avancées technologiques font décliner l'activité de son port. Peu à peu, Cairo se vide. Les usines et les commerces ferment. Lors du dernier recensement de 2000, il ne restait plus que 3632 habitants qui résidaient tous en périphérie.
Ses façades colorées et ses rues bien entretenues entretiennent l'illusion. Sewell ou El Teniente est bel et bien une cité minière abandonnée. En 1904, elle n'était qu'un simple campement de mineurs. Très vite, la richesse du gisement de cuivre a nécessité la construction d'immeubles pour abriter les ouvriers. Son apogée s'est située entre 1930 et 1960 avec près de 15 000 habitants. L'activité de la mine a été fortement réduite à partir de 1967 puis complètement arrêtée en 1971 lorsque le gisement s'est épuisé et Sewell a été abandonnée. Les familles ont été relogées dans la ville voisine de Rancagua. Elle est inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1996 et certains de ses bâtiments ont fait l'objet d'une restauration. L'ancienne cité se visite toute l'année.
Aucun doute : la cité médiévale de Craco reflète bien son état d'abandon. Située dans la région de Basilicata, dans le sud de l'Italie, Craco a été édifiée vers 1060 sur une montagne. En 1891, sa population qui a atteint les 2000 habitants vit de la culture du blé et de l'élevage. Mais les mauvaises récoltes et l'instabilité du terrain, avec des glissements de terrain, provoquent un exode. En 1963, les 1800 habitants qui restaient ont été priés d'évacuer et se sont installés, dans la vallée, 7 km plus bas, au cœur d'une nouvelle cité baptisée Craco Peschiera. Depuis, la vieille ville dépérit.
Dans le désert chilien d'Atacama, Humberstone a été autrefois prospère. Fondée en 1872, elle était une cité minière avec plusieurs usines d'extraction de salpêtre, utilisé dans un engrais, le nitrate de soude. Des ouvriers venus du Chili, du Pérou et de Bolivie y ont travaillé pendant plus de soixante ans. Mais dès 1929, la grande dépression mondiale entraîne la chute de la localité. Au bord de la faillite, la ville-usine est rachetée en 1934 par une société chilienne. Après la modernisation de l'usine et une période de croissance, le gisement s'épuise finalement dans les années 1960 et les ouvriers désertent définitivement la cité. Dix ans plus tard, elle devient officiellement une ville fantôme et reçoit ses premiers touristes. Humberstone est classée par l'Unesco, depuis 2005, sur la liste du Patrimoine mondial en danger.
Varosia ou Varosha est une cité balnéaire de Famagusta, une ville située sur l'île de Chypre. Dans les années 1970, Varosia était la destination touristique numéro un du pays. De nombreux immeubles modernes ont été construits face au littoral. L'Hôtel Largo, sur le Boulevard JFK, a même accueilli plusieurs vedettes dont Elizabeth Taylor. Mais le 15 août 1974, l'armée turque entre dans Famaguste suite à des échanges de tirs avec l'armée grecque. La cité balnéaire de Varosia est évacuée et tombe aux mains des Turcs. Depuis 35 ans, aucune négociation internationale n'a permis le retrait des troupes. La cité, vidée de ses habitants, dépérit, et reste inaccessible car entourée de barbelés. Les fenêtres tombent et la végétation envahit peu à peu les bâtiments.
Cette ville est l'une des victimes de la chute du régime soviétique. En 1936, un géologue russe découvre un gisement de charbon sur le plateau de Magadan, à l'Est du pays. Dès l'année suivante, trois mines à ciel ouvert voient le jour. La ville de Kadykchan est fondée dans les années 1940. La région devient alors l'une des plus grandes mines de charbon du pays. Au plus fort, Kadykchan accueille 10 000 habitants. Mais la dissolution de l'URSS provoque l'arrêt de l'exploitation des usines. La cité perd petit à petit ses habitants qui choisissent l'exode. La très grande majorité des bâtiments désertés sont fortement endommagés par les intempéries.
On pourrait penser que les villes abandonnées appartiennent à l'Histoire : Atlantide et Pompéi par exemple. Mais encore aujourd'hui, des cités meurent. Autrefois prospères, des villes sont abandonnées par leurs habitants. Cela peut être en raison d'une guerre, d'une catastrophe écologique ou naturelle, des caprices de la météo ou encore à cause de mauvaises conditions économiques. Les exemples de villes fantômes sont nombreux. Aux Etats-Unis, la ruée vers l'or a fait autant d'heureux que de désespérés : c'est le cas de Bodie, ancienne cité minière d'excellence qui est désormais la proie du temps. Les bâtiments s'abiment, les rues sont désertes et la végétation est envahissante. En Europe, le cas typique reste Prypiat. Cette localité accueillait les ouvriers qui travaillaient dans la centrale nucléaire de Tchernobyl, distante de quelques kilomètres. L'explosion du réacteur nucléaire le 26 avril 1986 a endommagé et contaminé la ville pour des centaines d'années. Prypiat est devenue déserte du jour au lendemain. En France, Oradour-sur-Glane est tristement célèbre pour le massacre de sa population en 1945. Ajouté aux destructions matérielles, le village du Limousin a pris le visage d'une cité fantôme.
Le Musée Unterlinden
Si vous passez à Colmar, n'hésitez surtout pas à visiter le Musée Unterlinden qui abrite des collections d'archéologie, de peintures et de sculptures du XIIᵉ au XVIᵉ siècles, d'arts décoratifs et d'arts et traditions populaires.
La collection d'archéologie permet de comprendre le passé de l'Alsace entre le Néolithique et la période mérovingienne, à travers de nombreux objets issus d'habitats et d'ensembles funéraires. Mais le musée est reconnu pour sa remarquable collection de peintures et de sculptures du Moyen-Âge et de la Renaissance : œuvres d'artistes du Rhin supérieur, de Bavière ou d'Allemagne du Nord. Sa réputation internationale est surtout dûe au chef d'œuvre qu'est le Rétable d'Issenheim pièce maitresse du Musée.
Vues du cloître du XIIIᵉ siècle
A droite, Retable de Sainte-Catherine et de Saint-Laurent (Rhin supérieur - vers 1510)
A gauche, Entourage de Martin Schongauer - Huile sur bois autour de 1480
La descente de croix - La mise au tombeau
Le Christ et Marie-Madeleine - L'incrédulité de Saint-Thomas
Rhin supérieur - Colmar - Déploration du Christ - 1510-1520
Haut-relief provenant de l'église des Recollets de Rouffach
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Le Retable d'Issenheim
Polyptique réalisé entre 1512 et 1516 pour la Commanderie des Antonins d'Issenheim
située au Sud de Colmar - Il fête ses 500 ans cette année.
Panneaux peints par Matthias Grünewald et sculptures réalisées par Nicolas de Haguenau
A gauche Saint-Sébastien, à droite Saint-Antoine, au centre la Crucifixion,
en bas la predelle représente la Déposition.
La Résurrection - L'Annonciation
Concert des anges - La Nativité
La tentation de Saint-Antoine - Visite de Saint-Antoine à Saint-Paul
Le Rétable d'Issenheim complété
Au cœur même du Retable, au centre de la deuxième ouverture, encadrant la figure majestueuse de Saint-Antoine trônant, Nicolas de Haguenau a situé deux sculptures en bois de tilleul, un paysan présentant un coq et un gentilhomme campagnard présentant un porcelet. Mais ces deux œuvres exceptionnelles n'avaient jamais pu être présentées au musée d'Unterlinden.
Elles avaient quitté Colmar on ne sait comment, après 1823 et ont été retrouvées en 1912 à Münich, chez l'antiquaire Julius Böhler qui les avait acquises en 1905 dans une collection privée. Elles ont quitté la collection Böhler en 1977 pour être acquises par le Badisches Landesmuseum de Karlsuhe. Grâce à un échange de dépôt avec le Badisches Landesmuseum, les deux sculptures manquantes reviennent enfin à Colmar en décembre 1984.
Ci-dessus, cette maquette permet de mieux imaginer l'œuvre telle qu'elle ornait le maître-autel de l’église du couvent d’Issenheim avant la révolution. Les Deux séries de volets mobiles et la predelle peinte amovible faisaient du Rétable un vaste polyptique à transformations qui offrait trois visions successives sans doute liées aux différents temps de l'année liturgique.
Le Musée s'agrandit (été 2012 - printemps 2014)
Afin d'étendre ses surfaces d'exposition et de moderniser sa muséographie, le Musée Unterlinden est actuellement en travaux réalisés par le cabinet d'Architectes bâlois Herzog & de Meuron. L'ancien couvent et les bains municipaux sont en cours de réaménagement pour recevoir l'Art ancien et les manifestations événementielles parallèlement à la construction d'un bâtiment de briques et de cuivre qui abritera les collections modernes et contemporaines. Une galerie souterraine reliant le couvent au nouvel édifice permettra de présenter l'histoire du Musée et un panorama de l'Art du XIXᵉ et du début du XXᵉ siècle. La collection d'art moderne ne sera visible qu'à partir de l'inauguration du Musée agrandi au printemps 2014.Maquette du projet (crédit photo ©Herzog et de Meuron)
Sous la maison au centre de la place, une galerie souterraine
relie le musée au nouveau bâtiment contemporain
1 Rue Unterlinden
F - 68000 COLMAR
Tél : 03.89.20.15.50.
www.musee-unterlinden.com
Le Musée sur Facebook
En visionnant la vidéo d’un saut, un parachutiste norvégien a repéré le passage d’un corps sombre à très faible distance. Vérifications faites, c’était une pierre, autrement dit une météorite durant sa phase de « vol sombre ». Ces images seraient une première…
Le 04/04/2014 à 17:34 - Par
Un photomontage montrant, sur la vidéo, l'image de la météorite au moment du passage près du parachutiste. La vitesse serait d'environ 300 km/h et sa masse d'à peu près 5 kg. © NRK
La vidéo, diffusée par la chaîne de télévision norvégienne NRK et publiée sur YouTube, a beaucoup de succès et il semble justifié. Anders Helstrup, parachutiste amateur, et une journaliste de la chaîne y présentent les images d’une pierre frôlant cet homme en plein vol.
L’événement a eu lieu en juin 2012, et il a fallu du temps pour le reportage et sa diffusion. Anders Helstrup participait à un saut collectif en « wingsuit », combinaison permettant un vol plané et un contrôle de la direction pendant la chute libre. Tout s’est bien passé pour lui et il ne s’est en fait rendu compte de rien. C’est au visionnage de la vidéo enregistrée par la caméra qu’il portait sur son casque qu’est apparu fugitivement un objet sombre.
Le reportage de NRK. Les commentaires sont en norvégien et sous-titrés en anglais. Les images montrent le parachutiste présenter sa « wingsuit » puis les premières minutes du vol, en chute libre. C’est après l’ouverture du parachute que la pierre l’a frôlé. L’enquête se poursuit auprès d’un géologue qui, au vu des images, estime la masse de la pierre (5 kg), sa vitesse (300 km/h, celle d’un corps de cette taille tombant dans l’atmosphère) et la distance (peut-être 2 m). Selon lui, l’objet est venu de la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter. Les recherches entreprises pour retrouver la pierre n’ont rien donné… © NRK, YouTube
Pouvait-il s’agir d’une pierre ? Anders Helstrup le croit, car à ce moment, il n’avait rien au-dessus de lui, ses compagnons étant à plus faible altitude et l’avion largueur déjà en train d’atterrir. L’enquête s’est poursuivie en compagnie d’un géologue, Hans Erik Foss Amundsen, de l’université d’Oslo, et de Morten Bilet, spécialiste de météorites. Pour eux, aucun doute : l’objet est bien une météorite. La probabilité de filmer une pareille scène est voisine de zéro, mais tout de même non nulle. Un météroïde, c’est-à-dire un corps tombant dans l’atmosphère terrestre, se consume et devient alors visible. Des bolides — corps laissant une trace dans l’atmosphère — ont été filmés à de nombreuses reprises. Le plus récent est celui de Tcheliabinsk, tombé en Oural le 15 février 2013. La combustion peut cesser avant le contact avec le sol, et il reste alors un ou plusieurs fragments poursuivant leur course bien plus discrètement. C’est la « phase sombre », et l’objet est alors déjà une météorite, c’est-à-dire une pierre tombant du ciel.
D’après Hans Erik Foss Amundsen, l’objet serait une brèche (« breccia »dans le commentaire en anglais du film). Il s’appuie sur l’observation de l’image grossie et très pixellisée qui montre une ou plusieurs traces sombres. Il observe aussi des formes anguleuses. Une brèche est une roche dans laquelle des fragments de petite taille sont inclus dans un ciment. Elle se forme par fusion et refroidissement et peut avoir différentes origines. Venant de l’espace, les brèches ne peuvent qu’avoir été formées dans un corps différencié, donc pas une comète ou un petit astéroïde, dont certains ressemblent plutôt à un tas de graviers agglomérés. Suffisamment massif, le corps a connu un jour une température élevée qui a fusionné la roche et structuré l’ensemble en plusieurs couches. Certains grands astéroïdes de la ceinture entre Mars et Jupiter sont ainsi. C’est l’origine que conjecture le géologue norvégien.
En soi, la chute d’un tel objet n’a rien de surprenant. Mais la proximité avec une caméra l’est bien davantage. La multiplication des humains et même, plus récemment, d’Homo sapiens filmeurs, équipés d’un enregistreur sur la tête, voire de Google Glass, rend la rencontre plus facile. Attendons-nous à avoir d’autres surprises dans d’autres domaines…